Paru dans : Atlas de la France de l’an Mil,
avec la collaboration de Benoît Cursente, 1994, 97-102.
L’histoire politique des pays situés entre les Pyrénées, l’Océan et la Garonne – en gros la Gascogne – repose sur des sources peu nombreuses, d’interprétation parfois difficile – notices de cartulaires – ou sur des “histoires” et généalogies rédigées dans un but intéressé et qu’il convient donc d’accueillir avec la plus grande prudence. Au début du Xe siècle le pouvoir était exercé en Gascogne par Garcie Sanche qualifié de “comte et marquis aux confins de l’Océan”. Sans doute faut-il entendre par là qu’il prétendait avoir autorité sur toute la Gascogne. Mais le Bordelais naguère gascon était repassé depuis 886 sous l’autorité de comtes particuliers et la Bigorre de même que le pays d’Aure voisin devaient échapper à sa tutelle. Si l’on en croit les généalogies insérées dans les cartulaires le grand comté gascon aurait été partagé vers 920 entre trois des fils de Garcie Sanche. De ce partage serait issu un comté – réduit – de Gascogne, vaste territoire allant du Lectourois aux Landes en passant par l’Agenais et le Bazadais, reliant les débouchés des cols occidentaux et le Béarn à la vallée de la Garonne ; le comté de Fezensac autour d’Auch et de Vic-Fezensac s’étendant de la Gimone aux confins landais ; le comté d’Astarac, enfin, situé plus au sud, de la Gimone à la Baïse. Dès lors, Gascogne occidentale et orientale vont connaître des destinées différentes.
La fin du Xe et le début du XIe siècle sont en effet marqués en Gascogne orientale par le morcellement des anciens comtés. L’Armagnac est détaché du Fezensac (vers 960) puis, en 1028, l’Astarac, accru entre temps du pays d’Aure, donne naissance aux trois comtés d’Astarac – réduit –, d’Aure et de Pardiac (Monlezun). Au début du XIe siècle le comté de Bigorre est à son tour affaibli par l’apparition de la vicomté de Lavedan et celle de Montaner aux confins de la Bigorre et du Béarn. En Gascogne occidentale, en revanche, Guillaume Sanche et son frère Gombaud, déjà comtes de Gascogne, héritent, au décès de Guillaume le Bon (avant 977) du comté de Bordeaux et du titre de ducs de Gascogne. Mais la lignée directe des comtes de Gascogne s’interrompt après le décès des deux fils de Guillaume Sanche, Bernard (1000-1010) et Sanche (1010-1032). À cette date la partie septentrionale du Bordelais était passée sous l’autorité des ducs d’Angoulême (Blaye, Fronsac) ; mais le fait essentiel est constitué par la mise en place d’un réseau de vicomtés dont les titulaires restent en principe dans la dépendance du comte de Gascogne : vicomtés de Lomagne, de Béarn (vers 980), d’Oloron (qui fut absorbée rapidement par la précédente) (980-1010), de Dax (vers 980), de Marsan (996), de Bezaume enfin au nord de la Garonne. En revanche, le Bordelais, une grande partie de l’Agenais et du Bazadais, la Grande Lande et la Lande maritime restèrent sous l’autorité directe des comtes. Les familles vicomtales appartenaient pour la plupart au groupe des gros alleutiers. Dans la mouvance comtale jusqu’à la fin du Xe siècle, elles s’émancipent dans le premier tiers du XIe siècle : le processus de désintégration est alors irréversible. À cette date, si la Gascogne fait bien partie du regnum, les comtes gascons se conduisent de manière tout à fait indépendante, celui de la Gascogne ne s’intitule-t-il pas “comte par la grâce de Dieu” ? Quant au Périgord, dont l’histoire est liée à celle des comtes d’Angoulême puis de comtes de la Marche, il vit en dehors de l’espace gascon.
Les listes épiscopales qui débutent entre le début du IVe et celui du VIe siècle s’interrompent à deux reprises entre 585 et 1060. Elles s’arrêtent une première fois dès 585 pour Dax, mais seulement en 673-675 pour Bordeaux, Bazas, Aire, Oloron, Lescar, Agen. Elles réapparaissent de manière ponctuelle à la fin du VIIIe siècle (Aire) ou au début du IXe siècle (Bordeaux) pour s’interrompre rapidement.
C’est à Auch que la reprise définitive a été la plus précoce puisqu’elle débute en 979 – Auch est alors métropole –, mais la série demeure incomplète tout au long du Xe siècle. En revanche, dans tous les autres diocèses il faut attendre la fin du Xe siècle ou même la première moitié du XIe pour voir apparaître des listes : ainsi à Bordeaux, à la suite du départ de Frotaire (876), il faut attendre un siècle pour connaître le nom de son successeur immédiat, Aldebert (avant 977). À Périgueux, c’est en 988 que le siège est à nouveau pourvu avec Frotaire ; à Tarbes, seulement au tout début du XIe siècle. Mais c’est sans conteste dans la partie occidentale de la Gascogne, celle qui correspond au duché de Gascogne, que la situation demeure le plus longtemps confuse. Ce n’est, en effet, qu’en 977 que les prémices d’une réorganisation se font jour en la personne de Gombaud “évêque” et “duc de toute la province”, frère et associé de Guillaume Sanche. Le territoire de cet évêché de Gascogne – les successeurs de Sanche sont episcopi Vasconiae – correspond à celui des anciens évêchés d’Agen, Bazas, Aire, Dax, Lescar, Oloron, Lectoure. Son histoire de 977 jusqu’en 1056-1059 est encore obscure puisqu’on ne connaît avec certitude que le nom de deux titulaires, Arsieu et Raimond de Bazas dit le Vieux (avant 1025-1056).
Par ailleurs, les trois anciens sièges les plus septentrionaux ont été restaurés peut-être dès la fin du Xe siècle, de manière définitive à Agen ou temporairement à Bazas et Lectoure. On ignore encore la profondeur de la déchristianisation et sa géographie mais on peut être assuré que les limites des diocèses gascons parfois laborieusement mises en place après 1060 ne reproduisent pas celles des évêchés des Ve et VIe siècles et donc celles des cités antiques.
Le réseau de monastères constitue une réponse originale aux problèmes posés par la vacance des anciens sièges épiscopaux. La dernière fondation comtale, celle de Saint-Pé-de-Générès (v. 1020) aux confins de la Bigorre, constitue avant tout un acte politique de la part de Sanche Guillaume. Des premières décennies du XIe siècle datent plusieurs fondations : Larreule (v. 1009) par les vicomtes de Montaner, Sainte-Dode (av. 1022) par un membre de la famille d’Astarac, Bassouès (v. 1020-1026). Mais un certain nombre d’établissements bazadais (Blasimon), agenais (Eysse et Saint-Maurin), landais (Sorde), ou bigourdans (Saint-Lezer et Saint-Sever-de-Rustan, comme d’ailleurs Saint-Orens de Lavedan) conservent encore le mystère de leurs origines.
L’état de nos connaissances des sites fortifiés fait apparaître de graves lacunes et de vastes territoires totalement dépourvus. Si pour une part la documentation est fautive et si le retard de la prospection archéologique est réel, il n’en reste pas moins qu’il faut sans doute admettre en partie que dans le triangle compris entre Bordeaux, Dax et Buzet, les sites fortifiés devaient être bien médiocres, et ne faisaient pas parler d’eux, si l’on rejette l’idée d’une absence totale.
Mais c’est dans le domaine économique qu’il faut baisser les bras. À la réflexion il est apparu impossible de dresser une carte pour rassembler des éléments économiques et pré-urbains que ne donnent pas les sources disponibles. Ici encore comme en d’autres régions, il y a conjonction entre le silence des sources et la probable faiblesse dans le domaine économique. L’absence de pièces de monnaie frappées dans cette région durant la période considérée, à l’exception attendue de celles de Bordeaux contenues dans le Trésor du Puy, confirme l’impression désastreuse évoquée plus haut. Ainsi s’explique la lacune d’une carte, où l’on aurait dû se contenter de faire figurer pour mémoire les cités épiscopales.
Communautés religieuses
AGEN, Aginnum, st Étienne, évêché, probablement restauré début XIe s. C2
AIRE, Adura, Notre-Dame, évêché, en sommeil jusque vers 1059. B3
AUCH, Auscium, Notre-Dame, archevêché : C3
Saint-Orens, s. Orientius, AH, fondée v. 920 ou 950-955, s. Urientius ad Auscio 961.
BASSOUES (d’Armagnac), Bassona, st Fris /Frix, AH, fondée v. 1020/1026 (Brugeles, Chron. ecclés., Preuves 2e part., p. 37). C3
BAZAS, Vasatium, st Jean-Baptiste, évêché, probablement restauré fin Xe s., définitivement v. 1056-59. B2
BLASIMON, Blandimons, st Maurice, AH, attestée v. 980-1000 (Cart. La Réole, p. 108). B-C2
BORDEAUX, Burdigala, archevêché : B2
Saint-André, chapitre cathédral.
Saint-Seurin, s. Severinus, CH, restauré v 1027-1032 (Cart. St-Seurin n° X).
Sainte-Croix, AH, fondée v. 643, restaurée av. 977-988 (Cart. Ste-Croix, n° I, II, LXXIX).
BRANTÔME, Brantosmium, ss Pierre et Sicaire, AH, restaurée avant le XIe s. C1
BUGUE (LE), Albugia, st Sauveur, AF, fondée début Xe s. C2
CONDOM, Condomium, st Pierre, AH, restaurée v. 1012 (Achery, Spicilegium 2, p. 580 et suiv.) C3
DAX, Aquae, st Vincent, évêché en sommeil jusque vers 1059. B3
EAUZE, Elusa, ss Gervais et Protais, puis st Luperc, AH, fondée v. 950. C3
EXCIDEUIL, Exidolium, st Médard, PH dép. d’Uzerche à partir de 1010 (BN lat. 12759). C-D1
EYSSES, Exiensis, Excisum, de Axiis, ss Gervais et Protais, AH, citée en 961. C2
LARREULE (de Saubestre), Regula (in pago Sylvestrensi), st Pierre, AH, fondée v. 995 (GC 1, instr., p. 199). B3
LARREULE, Regula, st Orens, AH, fondée v. 1009 (GC 1, instr., col. 195-196). C3
LECTOURE, Lactora, ss Gervais et Protais, évêché, en sommeil jusque vers 1059. C3
Saint-Geny, s. Genius de Lactora/Lactorrensis, AH, donnée à St-Sever v. 990 (Buisson, 1, p. 157).
LESCAR, Lascurra, évêché, en sommeil jusque v. 1059. B4
Sainte-Marie, AH, fondée v. 980 (ex Chart. Lascurrense, Marca, Béarn 1, p. 280).
LUCQ, Lucus, st Vincent, AH, fondée v. 970. B4
MADIRAN, Madiranum, AH, fondée début XIe s. (BN, coll. Doat, t. 152, f° 14). B3
OLORON (Sainte-Marie), Oloro, Notre-Dame, évêché, en sommeil jusque vers 1059. B4
PAUNAT, Palnatum, ste Trinité, AH, restaurée fin Xe s. C2
PÉRIGUEUX, Petragorum, st Étienne, évêché : C1
Saint-Front, AH, fondée v. 984 (GC 2, col. 1488).
PESSAN, Pecianum, Paetianum, st Michel, AH, citée 818-819, donnée en 1023 à Simorre (GC 1, instr., p. 167-168). C3
RÉOLE (LA), Regula, st Pierre, PH, fondé ou restauré v. 977 (Chartes St-Benoît, 1, n° 62 ; Higounet, La Réole, p. 8-11). C2
SAINT-LÉZER, s. Licerius ad Aturum, ss Félix et Lizier, AH, abbé Richard cité v. 1026-27 (GC 1, col. 1242-1243). C4
SAINT-MAURIN, s. Maurinus, ss Maurin, Trinité, Croix et Marie, AH, fondée début XIe s. (?) (GC 2, col. 944). C2
SAINT-ORENS (-de-Lavedan), s. Orientius, st Orens, AH, dotée v. 965. C4
SAINT-PÉ-DE-GÉNÉRèS, s. Petrus Generensis, st Pierre, AH, fondée v. 1020 (GC 1, lnstr., p. 194-195). B4
SAINT-SAVIN-DE-LAVEDAN, s. Savinus Levitanensis/in Levitania, st Savin, AH, citée 818-819, restaurée 988 (Mussot, p. 137-138). B4
SAINT-SEVER-DE-RUSTAN, s. Severus de Albiciaco, de Rustano, st Sever, AH, abbé Arsius cité en 1022 (GC 1, col. 1243-1244 et instr., col. 194). C4
SAINT-SEVER, s. Severus, st Pierre, AH, fondée ap. 988 (AD Landes H 14 ; Higounet, Saint-Sever). B3
SAINTE-DODE, s. Doda, st Dode, AH, fondée av. 1022, donnée à Simorre (GC 1, instr., p. 168). C3
SARAMON, cella Modulfi vel Medulfi, ss Pierre et Paul, AH, fondée v. 817, restaurée v. 1025 (GC 1, instr., p. 170-171). C3
SARLAT, Sarlatum, st Sauveur, AH, fondée v. 720, restaurée Xe S. D2
SIMORRE, Simorra/Cimorra, Notre-Dame, AH, citée 818-819. C3
SORDE, Sordua, st Jean, AH, attestée fin Xe s. B3
TARBES, Tarba, Notre-Dame, évêché restauré début XIe s. C4
TERRASSON, Terracinum, Notre-Dame et st Sour, AH, fondée VIe s., restaurée IXe s. D1
TOURTOIRAC, Turturiacum, st Pierre, AH, fondée 1025 (GC 2, instr., p. 489-490). D1
Remarques
À la fin du Xe et au début du XIe siècle l’organisation religieuse de la région considérée est tout à fait originale. Si l’on se réfère à la géographie héritée de l’antiquité et reprise dans la seconde moitié du XIe siècle, cette région était partagée entre deux provinces : l’une dont le chef-lieu était Bordeaux comprenait entre autres les diocèses de Bordeaux, Périgueux et Agen ; de l’autre, dont le siège métropolitain fut transféré avant 879 d’Eauze à Auch, dépendaient Bazas, Dax, Aire, Oloron, Lescar pour la partie occidentale, Eauze-Auch, Lectoure et Tarbes pour la partie orientale. Angoulême, Saintes et Bordeaux pour la province de Bordeaux, Comminges et Couserans (Saint-Lizier) pour celle d’Auch se trouvent en dehors de la carte.
Les établissements monastiques retenus pour la Gascogne, le Bordelais et l’Agenais sont au nombre de vingt-huit, mais vingt-trois sont situés dans la partie méridionale de la Gascogne. Si l’on met à part l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux qui remonte au Vlle siècle, les fondations les plus anciennes ne sont attestées qu’en 818-819, elles figurent sur la liste de monastères de Gascogne qui ne doivent que des prières à l’empereur (Notitia de servitio monasteriorum) : il s’agit de Pessan, Sère, Faget, Simorre, et Saramon dans le diocèse d’Auch, Saint-Savin dans celui de Tarbes. Les deux premières ne sont à nouveau attestées qu’après 1032. Pessan se trouve en Fezensac, Saint-Savin en Lavedan, les quatre autres en Astarac. C’est sous le principat de Guillaume Sanche, sur son initiative et pour des motifs autant politiques que religieux que furent fondés cinq monastères sur le territoire du comté et de l’évêché de Gascogne : La Réole (977), Lucq-en-Béarn (v. 980), Saint-Sever en Chalosse (988), Saint-Geny en Lomagne (vers 990) enfin Larreule en Soubestre (996).
Sites fortifiés
AUBETERRE, castrum cui Albaterra nomen est, 1004 (Aimoin, Abbon, col. 408). C1
AUCH, site fortifié proche du monastère Saint-Orens, à l’emplacement du futur château médiéval des comtes d’Armagnac. C3
BAYONNE, Lapurdum antique devient Baïona, enceinte d’origine antique attestée par l’archéologie. A3
BEAUCENS, villa qui nominatur Belsen, 980 (BN, coll. Duchesne 114, fol. 97r°) donnée au vicomte de Lavedan. C4
BLAVES, Blaviae castrum, 1028-1032 (Historia pontificalis, p. 32). B1
BORDEAUX, civitas Burdigalensis, enceinte du Bas-Empire attestée par l’archéologie. Atelier monétaire. B2
BUZET, curtem que dicitur Busel et castellum quod (comes Sanctio) in eadem curte firmavit, v. 1000 (Cart. Condom, Achery, spicilegium, II, p. 588). C2
CADILLON, Cadelionense castrum, av. 1050 (Cart. St-Pé-de-Générès, dans Marca, Béarn, 1, p. 427). B3
CASTET-GELOS, castellum Ursalicum (Marca, Béarn, II, 286), vestiges archéologiques. B4
DAX, civitas aquensis, enceinte d’origine antique, attestée par l’archéologie, possession des vicomtes de Dax attestée tout début XIe s., sans doute château vicomtal. B3
FRONSAC, castrum qui dicitur Fronciacus, 769 (MGH ss 1, p. 147-148) ; castrum Fronciaci, 1032-1047 (Historia Pontificalis, p. 26). B2
LOURDES, vestiges archéologiques, résidence des vicomtes de Bigorre. C4
LOUVIGNY, Lupiniacensis, 995 (GC 1, instr., p. 189), vestiges archéologiques. B3
MARAMBAT, W.B. dominus de Marambad, v. 1000 (Cart. noir Auch, n° 13). C3
MONLEZUN, vestiges archéologiques, principale forteresse des vicomtes de Pardiac dont la vicomté apparaît vers 1028. C3
MONT-D’ASTARAC, vestiges archéologiques, possession des vicomtes d’Astarac sans doute dès le début du Xe s. C4
MONTANER, castrum Montanerium, v. 1009 (GC 1, instr., p. 195), vestiges archéologiques, résidence des vicomtes de Montaner. C4
PANASSAC, Raimondus de Fure sacco, v. 985 (Cart. noir Auch, n° 41), vestiges archéologiques. C3
PARDEILHAN, castrum Pardelian, XIe s. (Achery, Spicilegium 1, p. 597). C3
PÉRIGUEUX, civitas Petrocoriensis/Petragoriensis, enceinte d’origine antique attestée par l’archéologie. C1
RIBÉRAC, castellum Ribbairac Xe s. (Dusolier, Ribérac, p. 157). C1
SAINTE-AURENCE, nobile oppidum, v. 985 (Cart. noir Auch, n° 41). C3-4
VIC (-Fezensac), possession des vicomtes de Fezensac apparus début XIe s. C3
VILLEBOIS, castro Villaboensi, 988-1028 (Cart. Boixe, n° 1, p. 92). C1
Remarques
L’indigence des sources écrites, l’absence de fouilles ne permettent pas encore – le pourra-t-on un jour ? – de dater même approximativement les centaines de mottes qui recouvrent encore le sol de la Gascogne, du Bordelais et du Périgord. La carte que nous proposons ne constitue donc qu’une toute première approche sur la première génération de forteresses castrales érigées par des comtes : ceux de Fezensac (Vicq et peut-être Auch), de Bigorre (Lourdes), de Gascogne (Buzet) ; des vicomtes, ceux de Béarn (Castetgelos), de Lavedan (Beaucens), de Montaner (Montaner) ou de Pardiac (Monlezun). Mais de gros alleutiers semblent bien eux aussi avoir pris l’initiative de construire des mottes, tels les Tursan (Miramont), les Louvigny, les Marambat ou les Pardaillan. Blaye et Fronsac aux confins du Bordelais et des pays charentais ont en revanche une origine carolingienne.
Éléments économiques et pré-urbains
L’absence de renseignements suffisants touchant ce domaine d’activité interdit de dresser une troisième carte de l’espace aquitain et gascon. Deux mentions toutefois doivent être signalées et ont été portées à la place correspondante sur la carte :
BORDEAUX, atelier monétaire. B2
LOURDES, marché, mercatum Lurdensis, attesté v. 1020-26 (Marca, Béarn 2, p. 629). C4
Bibliographie
- Achery, Spicilegium : Luc d’Achery, Spicilegium, 1723.
- Actes du colloque du millénaire de la fondation du prieuré de La Réole, Bordeaux, Société des Bibliophiles de Guyenne, 1980.
- Aimoin, Abbon : Aimoin, Vie de saint Abbon abbé de Fleury, PL 139, col. 387-414.
- Brugeles, chron. ecclés. : L.C. de Brugeles, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d’Auch, Toulouse, 1746.
- Buisson : P.-D. du Buisson, Historia monasterii Sancti Severi, Libri X (168 1), éd. J.F. Pédegert et A. Lugat, Aire-sur-I’ Adour, 1876.
- Cart. Boixe : Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, publié par André Debord, Poitiers, 1982.
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- Cart. St-Seurin : Cartulaire de l’église collégiale de Saint-Seurin de Bordeaux, éd. A. Brutails, Bordeaux, 1897.
- Cart. La Réole : Cartulaire de la Réole, éd. Ch. Grellet-Balguerie (Archives historiques de la Gironde, V), 1863, p. 99-186.
- Cart. noir Auch : Cartulaire du chapitre de l’église métropolitaine de Sainte Marie d’Auch (cartulaire noir et blanc) (Archives historiques de la Gascogne, 2e série, fasc. 3-4), Paris-Auch, 1887.
- Chartes St-Benoît : Recueil des chartes de l’abbaye de Saint-Benoît sur Loire, éd. M. Prou et A. Vidier, 1, Paris, 1900.
- Cursente Benoît : Les castelnaux de Gascogne médiévale, Bordeaux, 1980.
- Cursente Benoît : L’évêché de Gascogne et ses évêques (977-1059) dans Actes du 104e Congrès nat. des Soc. Sav., Bordeaux, 1979, section phil. et hist., t. II, p. 131-144, Paris, 1981.
- Higounet Charles : Bordeaux pendant le Haut Moyen Âge (Histoire de Bordeaux II), Bordeaux, 1963.
- Higounet, La Réole : Charles Higounet, À propos de la fondation du prieuré de La Réole, Actes du millénaire de la fondation du prieuré de La Réole, 1980, p. 8-11.
- Higounet, Saint-Sever : Charles Higounet et Jean-Bernard Marquette, Les origines de l’abbaye de Saint-Sever. Révision critique, Saint-Sever. Millénaire de l’abbaye, 1986.
- Histoire du Languedoc : C. Devic et J. Vaissette, Histoire générale du Languedoc, Toulouse, 1876-1892.
- Jaugain, Vasconie : J. de Jaurgain, La Vasconie, 2 vol., Pau, 1898-1902.
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- Mussot : Renée Mussot-Goulard, Les Princes de Gascogne (768-1070), 1982.
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