La Celtique méditerranéenne est durant l’âge du Fer un espace de contacts et d’échanges protéiformes où vont se côtoyer différentes populations, et donc différentes langues, tout au long des six siècles qui succèdent aux premières rencontres entre les populations habitants ces rivages et les Grecs, ou d’autres marchands méditerranéens (phéniciens, étrusques) venus également fréquenter ces parages. Chez les populations locales, sont parlés le gaulois et l’ibère ; les autres langues attestées dans cet espace, de différentes manières et à des degrés bien divers, sont le grec, le phénicien, l’étrusque et le latin. Nous allons présenter successivement les différentes attestations de chacune de ces langues dans le Midi de la Gaule, avant de nous interroger sur les situations de multilinguisme que nous pouvons restituer à partir des données dont nous disposons. “Les documents sont rares, mais ils témoignent de situations d’échange où le bilinguisme apparaît comme une nécessité”1. Notre propos ne sera pas de traiter de la question de l’usage de l’écriture en Gaule – qui est un sujet déjà largement traité –, mais bien de tenter de restituer les langues parlées et/ou comprises en Celtique méditerranéenne à travers les attestations épigraphiques, prises comme reflet des langues parlées, et les sources littéraires, qui évoquent parfois les langues utilisées dans telle ou telle circonstance. L’ensemble de ces données, certes très lacunaires, permet toutefois de dresser le tableau d’une Gaule méridionale où s’est développé un multilinguisme certain2, à l’exemple d’autres contextes historiques ou ethnographiques mieux documentés.
Les langues locales en Gaule méditerranéenne
Le gaulois
Le gaulois est la langue que l’on peut considérer comme native dans cet espace. Si l’usage de cette langue n’est attesté archéologiquement par des inscriptions utilisant l’alphabet grec pour écrire le gaulois (gallo-grec) qu’à partir du IIe siècle a.C., on ne peut en déduire – comme cela a parfois été fait – qu’il n’apparaît qu’à ce moment-là, mais simplement qu’il est écrit seulement à partir de cette date3. Il est présent à travers plusieurs anthroponymes dès le Ve siècle a.C. et jusqu’à l’époque romaine dans toute la région4, transcrits grâce à des alphabets étrangers (grec, ibère, étrusque). Certains linguistes ont voulu marquer la distinction entre une langue gauloise qui n’apparaîtrait qu’au second siècle, à la suite de l’arrivée de nouvelles populations au cours du IIIe siècle a.C. et une langue ligure plus ancienne qui serait la véritable langue native de la Gaule méditerranéenne, dans le cadre d’un schéma historique où les Ligures seraient la population autochtone occupant tout cet espace géographique5, tandis que les Gaulois, celtophones, n’arriveraient que dans le cadre des invasions du second âge du Fer. Ce schéma est totalement obsolète, depuis les travaux des archéologues en Gaule méditerranéenne dans les années 806 et les travaux convergent désormais pour affirmer que la côte méditerranéenne de la Gaule fait partie intégrante du monde celtique durant l’âge du Fer7. C’est dans tous les cas comme cela que les Grecs caractérisent cet espace lorsqu’ils l’abordent au début du VIe siècle a.C. et le nomment à la fin de ce siècle et au début du Ve siècle : Hécatée cite plusieurs villes comme celtiques dans cette région et Hérodote mentionne conjointement le pays des Celtes et la ville de Pyrénée. Si la question suscite encore un certain nombre de débats, en raison du poids historiographique des Celtes, le fait qu’une langue celtique était parlée dans cet espace ne fait aucun doute8.
Plusieurs noms gaulois sont écrits en grec, sur des fragments de céramique que l’on peut dater du Ve ou du IVe siècle a.C. : à Peyriac-de-Mer (Aude), un graffite écrit en grec, daté du IVe siècle a.C., donne le nom Kanikône, qui a été interprété au départ comme un nom ibère, gravé par un personnage bilingue, mais pour lequel Michel Bats a proposé l’hypothèse d’un “nom gaulois composé can-ik-on (voir Canicus/os) à désinence ibérisée par contact et transcrit en alphabet grec”9. À Martigues, dans une couche de destruction de la fin du IIIe siècle a.C., a été découverte une coupe portant le nom gaulois inscrit en grec Orbônos (ou Orbôlios)10. À cette liste vient s’ajouter un nouvel anthroponyme découvert récemment sur le site du Cailar (Gard) que nous présenterons en détail un peu plus loin dans cet article.
Concernant les noms gaulois écrits en étrusque, seules deux attestations sont connues. En relisant un graffite découvert à Ensérune, interprété à l’origine comme de l’écriture ibère, Javier de Hoz a identifié le mot Smeraz, nom d’origine celtique, écrit en alphabet étrusque11. À Lattes, parmi les noms déchiffrés sur les graffites en langue étrusque, sur céramique étrusque, dans les niveaux du premier quart du Ve siècle a.C., ucial pourrait être selon G. Colonna12 et Javier de Hoz un nom de femme d’origine celtique13. D’autres exemples existent ailleurs de nom de femme locale écrit en étrusque14.
Enfin, d’autres noms de consonance celtique sont écrits en ibère, dans le secteur de la Gaule méridionale où cette langue est employée : à Ensérune (Hérault), c’est une soixantaine de noms gaulois écrits en ibère qui sont référencés15.
Enfin, quand les populations du Midi de la France se décident à employer l’écriture de manière un peu plus fréquente, pour laisser des dédicaces aux dieux, pour graver des stèles funéraires, ou pour laisser des marques de propriétés sur des céramiques, toutes ces inscriptions témoignent d’une langue gauloise appartenant à la famille des langues celtiques. Parmi les exemples les plus intéressants, citons les dédicaces aux mères de Nîmes et de Glanum, utilisant le même formulaire bratou dekanten ; les stèles funéraires découvertes dans les environs de Glanum ; la coupe en campanienne A découverte à La Cloche (Bouches-du-Rhône) portant le graffite “Je suis la propriété inaliénable d’Eskengolatis” (ECKEGGOLATI ANIATEIOC IMMI, RIG I, G-13 (RIIG BDR-06-01).
L’ibère
La question de l’ibère est un peu différente et se mêle aux travaux concernant le faciès ibéro-languedocien présent dans l’ouest de la Gaule méditerranéenne et la présence des populations ibériques dans cette région16. Certains considèrent que des populations ibériques sont présentes en Roussillon et en Languedoc occidental depuis une date haute et que l’ibère est donc une langue native pour ces régions17 ; d’autres chercheurs estiment qu’il s’agit d’une langue véhiculaire utilisée par des courtiers installés dans les places de commerce de ce secteur18. L’appartenance du Roussillon et du Languedoc occidental à la sphère du monde ibérique est soulignée par de nombreux éléments19 : l’architecture, les céramiques, le monnayage, et bien-sûr la présence de l’écriture ibère, dont les plus anciennes attestations dans cette région remontent au IVe siècle a.C. – soulignons à nouveau cependant que les attestations écrites ne peuvent pas (ne doivent pas) être utilisées pour déterminer la présence d’une langue, ce qui rend bien entendu éminemment difficile pour l’archéologie de les pister dans le cas des périodes protohistoriques où les langues ne sont pas forcément écrites.
La langue ibérique est présente à la fois par des graffites sur céramiques et des lettres gravées sur des feuilles de plomb, a priori à vocation commerciale très peu appartiennent à la catégorie des inscriptions lapidaires. En Gaule, on en connaît des attestations à Ruscino, Pech Maho, Peyriac-de-Mer, Ensérune. Ensérune est l’un des sites de Celtique méditerranéenne qui a livré le plus grand nombre d’inscriptions en langue ibère20.
On peut souligner que la présence de plusieurs noms gaulois écrits en caractères ibériques, comme nous l’avons signalé plus haut, est un signe du bilinguisme qui devait exister dans cette région. Ce bilinguisme pouvait être le fait d’une activité commerciale intense, mais aussi de la présence d’une population mixte, coexistant dans cet habitat, à l’instar de ce que Stéphane Bourdin a pu mettre en évidence pour les ports ligures où la documentation – quoique faible – est toutefois plus abondante que pour la Gaule21.
La présence des langues étrangères en Gaule
Les témoignages concernant la pratique de l’étrusque en Gaule
La présence étrusque en Gaule méditerranéenne est perçue essentiellement à travers la diffusion des productions issues de cette région – vin transporté dans les amphores, vaisselle à boire. La perception de ces échanges a connu un singulier renouvellement au cours de ces dernières années, à tel point que certains discours sont quasiment devenus obsolètes. Deux sujets ont particulièrement fait débat : la date des premières arrivées d’importations étrusques d’une part – avant ou après la fondation de Marseille – et les vecteurs de leur diffusion de l’autre – Étrusques seuls, ou Phocéens et Étrusques dans le même mouvement –, ces deux questions étant largement entremêlées22. Ces travaux ont conduit vers une appréhension plus nuancée car plus complexe des dynamiques d’échanges qui se sont développées en Gaule méditerranéenne au cours de l’âge du Fer, en liaison avec la diversité des pratiques de l’emporia entre les VIe et Ve siècles avant notre ère en Méditerranée23. Dans ces débats, les populations gauloises apparaissent le plus souvent au second plan, et généralement comme des acteurs passifs de ces échanges, dans le meilleur des cas comme de simples intermédiaires24. Pourtant l’analyse des données archéologiques relativement importantes dont on dispose désormais, couplée au rejet de l’idée préconçue de la supériorité grecque25 qui s’inscrit dans le mouvement des études post-coloniales, permettent de proposer un autre schéma historique au sein duquel les populations de la Celtique méditerranéenne jouent le rôle d’un véritable partenaire. Le site de Lattes a livré un témoignage exceptionnel de cette interaction entre les Étrusques et les Gaulois, puisque les fouilles des années 2000 ont permis de mettre en évidence une maison-entrepôt étrusque au sein de la ville même de Lattara, à proximité du port26, et à un kilomètre seulement de la vaste agglomération de La Cougourlude27. La présence de marchands étrusques installés au sein du comptoir de Lattara ne fait donc aucun doute28, quotidiennement au contact des populations gauloises habitant dans le reste de l’agglomération.
Le bilinguisme étrusque-gaulois, voire le trilinguisme pour certains (étrusque, grec et gaulois), apparaît comme une conséquence logique et naturelle de ces trafics commerciaux, à l’instar des situations rencontrées dans la plupart des ports, dans l’Antiquité21 comme à d’autres époques29. Ainsi, la langue étrusque était certainement parlée – pour le moins comprise – à Marseille aux VIe et Ve siècles a.C. On ne connaît pourtant que quelques graffites étrusques dans la cité phocéenne même30, mais les relations entre les Massaliètes et les Étrusques sont avérées par d’autres éléments. Les sources littéraires rapportent que lors de la fondation de Marseille, les Phocéens firent escale à Rome, alors que Tarquin l’Ancien était roi – personnage très probablement bilingue étant donné qu’il est le fils du grec Démarate, artisan céramiste originaire de Corinthe, qui s’était installé à Tarquinia, où il avait épousé une femme d’origine étrusque dont il eut deux enfants31, élevé d’après Tite-Live à la fois selon les coutumes grecques et les traditions étrusques ; personnage qui témoigne donc de l’usage de l’étrusque dans les premiers temps de la ville du Latium. Par ailleurs, l’archéologie a montré combien les Phocéens étaient impliqués à Gravisca, le port de la cité étrusque de Tarquinia32. Enfin, certaines des épaves découvertes le long du littoral méditerranéen entre l’Italie et l’Espagne semblent témoigner de la présence à leur bord de personnes d’origines diverses : ainsi le bateau chargé d’amphores étrusques retrouvé au large de l’îlot du Grand Ribaud possédait un matériel de bord d’origine massaliète et une technique de construction a priori grecque33.
Les indices archéologiques de la pratique de l’étrusque ailleurs en Gaule sont encore plus ténus mais ils existent : à Saint-Blaise, on a retrouvé des graffites étrusques portant des noms connus à Véies et à Vulci ; à Béziers, deux graffites en étrusque sont signalés13 ; à Lattes enfin, où s’installent des commerçants étrusques comme nous l’avons déjà mentionné, plusieurs graffites en étrusque ont été découverts, correspondant à des noms étrusques34, et dans un cas au nom d’une femme gauloise comme nous l’avons mentionné ci-dessus ; à Ensérune, le graffiti Smeraz en alphabet étrusque correspondrait aussi au nom d’une femme35. Il est envisageable que ces deux graffites puissent être liés à des mariages mixtes, entre des marchands étrusques et des femmes locales.
Dernier marqueur de l’usage de l’étrusque en Gaule : la lettre commerciale écrite sur une feuille de plomb découverte à Pech Maho (Sigean, Aude), au verso d’un contrat rédigé en grec pour Héronoiios36. On ne comprend pas le sens du texte mais l’on sait qu’il ne s’agit pas de la traduction du texte grec écrit sur l’autre face de la feuille de plomb ; deux noms étrusques y ont été repérés ainsi que ce qui est interprété comme le nom étrusque de Marseille (Matalia).
En dépit de ces faibles témoignages archéologiques directs concernant l’usage de l’étrusque en Gaule méditerranéenne, il ne fait pas de doute – nous semble-il – que cette langue était parlée dans un certain nombre de ports du littoral gaulois, ne serait-ce que par les intermédiaires qui acquéraient les amphores et la vaisselle arrivant dans ces comptoirs de commerce.
Les Gaulois et le phénicien
Parmi les langues extérieures à la Gaule, il faut mentionner également le phénicien. On n’en connaît pas d’attestations écrites en Gaule (en dehors de quelques timbres sur amphores qui relèvent des échanges économiques) ; en revanche sa connaissance par certains Gaulois transparaît dans les textes antiques. Ainsi, Polybe mentionne explicitement le fait qu’un Gaulois parlait le phénicien :
“Cet homme (Autarite le Galate) était très influent dans les assemblées parce que beaucoup comprenaient son langage ; en effet, au cours de ses longues campagnes, il avait appris à parler le phénicien, et cette langue touchait leur sensibilité à la plupart car les longs services antérieurs la leur rendaient familière” (Polybe, Histoires, 1.80.5-7).
Ce passage s’inscrit dans le contexte du mercenariat, auquel les Celtes ont largement participé37. Polybe évoque ici l’épisode d’une révolte de mercenaires vers 237 a.C. – à l’issue de la première guerre punique – dont l’un des chefs de file fut un Gaulois nommé Autarite. Il n’est pas précisé de quelle région de la Gaule il était originaire. Il est intéressant de souligner que Polybe indique non seulement qu’Autarite parlait le phénicien, mais aussi que de nombreuses personnes comprenaient cette langue parmi les mercenaires, au sein desquels figuraient probablement nombre de Gaulois37. Le phénicien semble donc avoir été une sorte de langue commune véhiculaire en Méditerranée au milieu du IIIe siècle a.C. dont l’usage s’était répandu à travers le mercenariat. Carthage a été l’une des principales cités faisant appel à des mercenaires depuis au moins le Ve siècle a.C. et plusieurs textes indiquent que des Gaulois faisaient partie des hommes régulièrement employés par la cité phénicienne. Parallèlement, il ne faut pas non plus écarter la possibilité que des marchands phéniciens aient fréquenté les rivages de la Gaule, même si les traces archéologiques de leur passage sont extrêmement ténues. On peut mentionner des vases d’inspiration phénicienne découverts en Languedoc occidental (dans l’Aude) : dans la nécropole de Mailhac38 et dans la nécropole du Pontil à Bize-Minervois39. Il s’agit de céramiques produites localement, dans la même pâte que les céramiques non tournées traditionnelles, mais qui reprennent des codes étrangers, clairement phéniciens : soit au niveau des formes, avec un vase imitant des amphores en sac, comportant de petites anses verticales près du bord ; soit au niveau du décor, avec des couvertures rouges cherchant vraisemblablement à imiter la couleur des argiles utilisées dans les productions phéniciennes. Ces productions locales s’insèrent dans le courant commercial phénicien qui a entrainé l’importation sur le littoral de la Gaule méditerranéenne des amphores originaires de ce secteur40. L’imitation de formes phéniciennes en céramique locale est peut-être également liée à une certaine connaissance de ces vases à travers les déplacements de personnes, dans le cadre des échanges ou du mercenariat.
Un autre épisode de la seconde guerre punique nous conduit à nous interroger sur les langues qui étaient parlées en Celtique méditerranéenne à cette époque : la rencontre entre Hannibal et les chefs gaulois réunis à Ruscino. Tite-Live narre cet épisode qui se place juste après la traversée des Pyrénées par le chef carthaginois :
“Hannibal (…) envoie aux chefs une députation, pour leur demander un entretien : qu’ils s’approchent donc d’Iliberris, ou bien il s’avancera jusqu’à Ruscino ; la proximité rendra l’entretien plus facile. Il les recevra avec plaisir dans son camp ; avec plaisir aussi il se rendra près d’eux. C’est comme hôte, et non comme ennemi de la Gaule, qu’il se présente ; s’ils le veulent, il ne tirera point le glaive avant d’être arrivé en Italie. Après ces négociations, les petits rois de ces contrées vinrent aussitôt asseoir leur camp près d’Iliberris, et entrèrent sans crainte dans celui des Carthaginois. Gagnés par des présents, ils laissèrent l’armée traverser tranquillement leur pays, le long des murs de Ruscino” (Tite Live 21.24).
L’historien romain n’apporte aucun élément concernant la manière dont s’est déroulée l’échange et quelle langue a été utilisée mais l’on peut remarquer que quelques phrases plus loin, juste après le passage des Alpes, Tite-Live prend soin de préciser qu’Hannibal a fait appel à un interprète :
“il place dans l’enceinte des montagnards enchainés ; puis jetant à leurs pieds des armes gauloises, il dit à un interprète de leur demander, si, pour prix de la liberté, d’une armure et d’un cheval destinés au vainqueur, ils veulent entrer en lice” (Tite Live 21.42).
Pour l’entretien d’Hannibal avec les chefs gaulois en revanche, rien n’est précisé ; il est possible évidemment qu’il y ait eu néanmoins des interprètes, mais il me semble également possible d’envisager que Tite-Live considérait (ou savait) que les deux partis pouvaient s’exprimer dans une langue commune. L’hypothèse qui semble la plus probable est alors que cette langue commune était le phénicien, appris par les Gaulois dans le cadre du mercenariat ainsi que du commerce. Toutefois, il pourrait également s’agir de l’ibère, langue parlée dans la région de Ruscino, comme en attestent de nombreux témoignages épigraphiques, et peut-être comprise par Hannibal, ou au moins par certains de ses proches. Enfin, une dernière hypothèse ne doit pas être négligée : il est possible que l’échange ait eu lieu en grec, parlé par les Gaulois qui commerçaient avec les Grecs de Massalia et d’Emporion depuis plusieurs siècles, et parlé également par Hannibal, qui avait eu un précepteur grec, le spartiate Sosilos41.
Le grec, langue parlée sur tout le littoral gaulois ?
Le grec constitue bien entendu la langue principale du bilinguisme des Gaulois du Sud, puisque l’essentiel des échanges économiques qui ont eu lieu dans cette région au cours de l’âge du Fer sont liés à la présence des Phocéens installés à Marseille et à Emporion.
Les inscriptions à caractère commercial
Plusieurs documents archéologiques attestent de l’usage du grec et de sa compréhension par les populations locales. Les plombs commerciaux sont l’un des meilleurs témoignages de cette connaissance du grec, et de la présence de gens bilingues, voire très probablement multilingues, capable de parler le gaulois, le grec et l’ibère en Languedoc occidental ; la connaissance de l’ibère disparaissant avant la vallée de l’Orb, étant donné qu’Ensérune est le site le plus oriental ayant livré des graffites ibériques. Pendant longtemps le plomb de Pech Maho fut le principal document attestant de cet usage du grec dans les transactions économiques. Plus récemment, en 2005 et 2006, deux plombs gravés en grec ont été découverts à Lattara (Hérault).
L’un des textes les plus importants est de fait celui gravé sur un plomb découvert à Pech Maho (Aude), au verso du texte étrusque mentionné précédemment. Michel Bats le considère comme “le compte-rendu d’une transaction, faite à Emporion, à destination de (et archivée par) un certain Heronoiios, un Grec résident à Pech Maho”42. Des témoins portant des noms notamment ibères sont cités à la fin du texte qui relate l’achat d’un bateau (peut-être de ses marchandises ou avec elles). Au-delà de la compréhension de la langue grecque, ce document illustre la connaissance des règles économiques et financières ayant cours dans le monde commercial grec à cette époque, auquel le littoral de la Gaule était donc intégré.
Le site de Lattes a livré deux documents écrits en grec lors des fouilles des niveaux du Ve siècle a.C. à proximité du port2. Comme tous les documents en grec de cette époque, ils sont rédigés en langue ionienne. L’un des deux plombs43 est très fragmentaire et sa lecture extrêmement malaisée : s’il ne fait aucun doute qu’il s’agisse d’un document rédigé en grec, sa compréhension est délicate et son étude est en cours. En revanche, le plomb découvert en 2005 est beaucoup plus lisible même si l’une des faces est tronquée. Le plomb a en effet été utilisé à deux reprises et il est gravé sur ses deux faces. Il a été découvert replié en deux, peut-être afin de protéger la phrase écrite à l’intérieur : parfaitement lisible, elle s’apparente à un “pense-bête” ou à une liste de course ; il pourrait s’agir plus vraisemblablement d’une sorte de reconnaissance de dette, ou d’un paiement différé : “Réclamer là deux octains de garos aux olives”. Le dernier mot est un hapax mais sa signification ne pose pas de problème. Ce texte renvoie aux marchandises présentes sur le port de Lattes, produites localement ou importées par un des navires accostant sur ce site. Il nous semble qu’il s’agit encore une fois d’un témoignage du bilinguisme qui devait exister dans le port de Lattes, et qui permettait aux marchands et aux habitants de commercer. Dans un premier temps, le plomb avait été utilisé pour un texte plus long, écrit dans l’autre sens, et se déroulant sur trois volets à l’origine ; le dernier volet ayant disparu avant sa réutilisation, le texte ne peut être totalement compris mais plusieurs éléments sont parfaitement clairs. Deux personnes portant des noms grecs sont mentionnées : Kléosthénès et Kléanax. Le sujet du texte apparaît également : il s’agit d’huile d’olive, et il semble être question d’une transaction puisqu’un autre terme parfaitement lisible est présent au début et à la fin du texte : le mot statère, renvoyant à la monnaie grecque en usage chez les Phocéens2. Les neuf lignes sont parfaitement écrites, le texte est quasi-stoichedon. Ces deux textes possèdent une graphie identique et pourraient être en rapport l’un avec l’autre puisqu’ils parlent tous deux de transactions commerciales relatives à des produits liés à l’huile d’olive ; ils reflètent l’utilisation de la langue grecque dans les échanges économiques.
Les documents non commerciaux : un graffite grec inédit découvert au Cailar (M. Bats)
Sur le site du Cailar (Gard), un comptoir lagunaire protohistorique situé entre Arles et Lattes44, un graffite a été découvert lors de la campagne de fouille 2015 (fig. 1).
Deux lignes sont finement gravées, après cuisson, sur le fond externe d’un vase attique à vernis noir. Le forme du pied et le départ de la panse orientent vers une forme de skyphos de type attique B (Agora XII, 361), daté entre 480 et 450. Le mobilier céramique retrouvé avec le graffite donne une datation dans la seconde moitié du Ve siècle a.C., que la stratigraphie permet de resserrer dans le troisième quart de ce siècle. Deux mots sont inscrits, l’un sous l’autre, en caractères grecs : Subrito(u) dôron, que l’on peut traduire aisément “don de Soubritos”. Subrito est le génitif pour Subritou, avec omicron seul, ce qui est utilisé fréquemment pour omicron-upsilon jusque dans le courant du IVesiècle a.C. L’écriture est en alphabet ionien du Ve siècle comme le montrent plusieurs formes de lettres : en particulier le sigma à 4 branches et la forme aplatie de l’omega.
Le terme dôron, qui désigne en grec une offrande à une divinité, et non un simple cadeau d’hospitalité, oriente clairement vers une dédicace votive.
Le vase est désigné comme don de Soubritos à une divinité ou à une personne non nommée. L’inscription semble complète, l’éventuelle divinité aurait dû figurer en tête, interpellée au datif ; mais rien n’interdit de l’imaginer dans la partie manquante, où l’espace est parfaitement disponible. Une autre hypothèse est possible : les positions de l’omicron final de Subrito et le nu final de dôron semblent suivre la cassure, comme si le tesson était, en fait, un ostrakon utilisé alors comme une espèce d’étiquette accompagnant le don.
Le nom Soubritos n’existe ni dans le stock des anthroponymes du monde grec (aujourd’hui largement connu dans l’édition du Lexicon of Greek Personal Names), ni dans le stock des noms celtes. L’upsilon est phonétiquement /u/, c’est-à-dire /ou/, aussi bien pour le grec d’avant le IVe siècle que pour le celte/gaulois où le son /ü/ n’existe pas. Dans le monde grec, le mot est cependant connu, mais comme nom d’habitat en Crète, sous la forme Soubritos chez Hiéroclès (IVe siècle p.C.), Subrita chez le Pseudo-Scylax, Ptolémée et la Table de Peutinger, Siburtos, avec ethnonyme Siburtios chez Stéphane de Byzance d’après Polybe. Toutefois, puisque nous sommes en pays celte, il est relativement facile d’imaginer un nom composé celte, en le décomposant en deux éléments bien connus : su- et brito-. su- est un préfixe courant de noms composés (plusieurs dizaines sont connus) puisqu’il signifie “bon, bien”, et qualifie donc la bonne qualité ou l’excellence de l’élément suivant. Celui-ci, brito-, est bien plus discret, mais se retrouve dans quelques noms : Britomaris ou Britomarus, Britomartos, ou simplement Brito ou Britus à l’époque romaine comme cognomen. Le sens de brito- est mal connu, peut-être “jugement, pensée” selon P.-Y. Lambert et X. Delamarre. On peut d’ailleurs aussi être frappé par la proximité de Soubrito avec le mot SVEBRETO de l’inscription gauloise, en alphabet gallo-latin, connue sous le nom de “plat de Lezoux”45. Soubritos, “bon penseur”, serait, en somme, un parallèle à Britomarus, “grand penseur”.
Cette inscription est écrite en grec puisque le terme dôron appartient assurément à cette langue, et elle paraît avoir été faite par un Celte du nom Soubritos connaissant le grec, une personne donc bilingue, a minima. Le Celte Soubritos a également pu demander à un Grec d’écrire le texte à sa place, mais dans ce cas aussi, c’est un témoignage de bilinguisme puisqu’il y a eu au moins échange d’informations pour la rédaction de ce graffite.
Les exemples de graffites non commerciaux en grec sont rares à une date aussi haute46, ce qui fait de celui du Cailar une découverte particulière et pour l’instant un des rares graffites appartenant au domaine religieux. D’Elne provient une inscription gravée sur le fond interne d’une grande coupe attique à figures rouges (première moitié du IVe siècle), inscrite ]ΑΙΗΣΜΕΑ̣ [. Michel Bats avait proposé47 une possible restitution ]αιης µε ἀνέ[δωκε], “Un Tel (Une Telle) m’a offert”, (c’est le vase qui parle). Une nouvelle photographie de l’objet permet d’assurer que la dernière lettre visible est un delta et non un alpha. Une autre restitution s’impose qui ne change pas la destination du vase, comme offrande : ]αιης µ’ἔδ[ωκε], “Un Tel (Une Telle) m’a dédié48. On ignore, bien sûr, l’identité du dédicant et de la divinité destinataire. On pourrait rajouter à cette courte liste un graffite découvert à Montlaurès (Aude), portant le terme ]O∆AIMON[49, renvoyant potentiellement donc à un vase adressé à un bon génie ou à une divinité.
En dehors des plombs commerciaux, on peut citer un autre unicum : une main de bronze, à laquelle il manque l’index et le majeur, portant sur la paume un texte gravé en grec : “passeport pour les Velaunii” (Symbolon pro Ouelaunious). Ce nom désigne un peuple gaulois mentionné par Strabon50 et qui figure également sur la dédicace du Trophée de la Turbie, parmi les tribus alpines vaincues par Pompée51. La provenance de cet objet conservé au Cabinet des Médailles est malheureusement inconnue : il pourrait s’agir d’un document permettant à des Grecs de circuler librement dans le secteur contrôlé par les Velaunii, dans le cadre d’échanges économiques, ou alors il pourrait s’agir du signe d’une alliance politique, même si cette dernière avait probablement des fins essentiellement commerciales.
Enfin, dans cette catégorie des documents non commerciaux, il faut ranger les légendes monétaires en grec qui se développent en Gaule méditerranéenne à partir de la première moitié du IIe siècle a.C. : il s’agit soit d’ethniques désignant des peuples (Glanikôn, Loggostatletôn, …), soit de nom de chefs gaulois, désignés par leur nom en grec accompagné du terme grec pour roi “basileus”52.
Les situations de bilinguisme ou de multilinguisme en Gaule méditerranéenne
Les populations gauloises pratiquaient sans doute déjà plusieurs langues avant l’arrivée des Grecs : il est probable que certains des Gaulois habitant en Languedoc occidental ou en Roussillon comprenaient et parlaient l’ibère. À partir de la deuxième moitié du VIIe siècle a.C., lors des premiers contacts entre les populations méditerranéennes et celles du littoral gaulois53, d’autres langues commencèrent à être pratiquées : les échanges économiques nécessitent un minimum de compréhension, et quelques individus ont dû rapidement développer un bilinguisme permettant de communiquer avec les marchands venus de Méditerranée. L’analyse de la situation dans les ports ligures et étrusques montre que l’installation pérenne d’étrangers est avérée et que ces populations conservent leur langage, tout en adoptant l’écriture et donc probablement la langue locales21.
La fondation de Marseille va entrainer la multiplication des contacts linguistiques, corollaires de l’augmentation des échanges économiques. La célèbre légende de la fondation de la cité phocéenne, qui débouche sur le mariage de Gyptis et Protis, est un contexte supplémentaire de rencontre où la langue de l’échange n’est pas précisée. Certes, on pourrait supposer qu’il n’y a pas vraiment besoin de communiquer pour inviter des étrangers à sa table, puis pour donner une coupe à boire à l’un des hôtes en lui offrant la main de sa fille ; en revanche la fondation d’une cité sur une portion de territoire accordée dans le cadre de ce mariage nécessite des échanges plus poussés, et surtout la présence de cette nouvelle cité va favoriser la multiplication de personnes bilingues, ne serait-ce que dans le cadre de ces mariages mixtes qu’illustrent précisément la légende de la fondation de Marseille. Ce type de diglossie est également évoqué par Hérodote à propos d’un Scythe dont la mère était grecque54.
L’autre exemple, bien connu, de cette pratique du grec en Gaule est la découverte de deux abécédaires découverts dans le comptoir de Lattara55. Datés du début du IIe siècle a.C., ils témoignent de l’apprentissage de la langue et de l’écriture grecques dans ce port de commerce. Découverts dans des pièces d’habitations du centre de la ville, ils peuvent être liés aussi bien à des Grecs installés à Lattara qu’à des Lattarenses désirant que leurs enfants apprennent le grec. Étant donné que l’un de ces tessons porte un exercice d’écriture utilisé par les pédagogues56, dont on sait qu’ils pouvaient se déplacer pour aller à la recherche de nouveaux élèves, on pourrait aussi supposer que l’un de ces maîtres soit venu s’installer dans cette ville portuaire susceptible de lui fournir de nouveaux élèves, ainsi que potentiellement du travail de traduction et d’interprétariat. D’autres abécédaires sont connus, à Athènes (fouilles de l’agora), mais aussi en contexte colonial, soit en Italie du Sud, à Cumes57 ou autour de la mer Noire.
Un exemple de la pratique du grec par des Gaulois a été mis en évidence grâce aux fouilles du sanctuaire d’Aristée à La Capte (Hyères, Var), puisque plusieurs Gaulois font partie des dédicants, au milieu des centaines de dédicants grecs ayant fait un vœu auprès du dieu Aristée58. Plusieurs milliers de fragments de coupes inscrites ont été découverts au pied d’un imposant rocher émergeant sur le tombolo est, au pied de la presqu’île de Giens, à quelques kilomètres seulement de la colonie massaliète d’Olbia de Provence. La grande majorité des noms des dédicants appartient à l’onomastique grecque, et plus précisément ionienne et phocéenne59, mais sont présentes aussi une vingtaine de dédicaces portant des noms de Gaulois comme Oueninos, fils de Kongenoalos ; Adretillos, fils de Solimaros ; Regolaos, fils de Ouelaunos60. Il est intéressant de constater que les dédicaces laissées par ces Gaulois sont rédigées en grec, et non en gallo-grec, à une époque où celui-ci était pourtant développé, et que le formulaire employé est strictement le même que celui des dédicants grecs. Certes les coupes laissées par les Gaulois ont pu être gravées par un scripteur grec (de même que celles de Grecs analphabètes), mais cela témoigne tout de même en creux de la présence de Gaulois bilingues, habitant potentiellement la colonie massaliète d’Olbia de Provence, où plusieurs personnes bilingues parlant le grec et le gaulois devaient probablement exister.
Les fouilles menées récemment à Toulouse, sur le site de la caserne Niel, ont apporté de nouveaux témoignages de la diversité des langues pratiquées dans le dernier quart du Ier siècle a.C. dans cette étape de l’axe commercial représenté par la vallée de la Garonne61. Des indices d’une forte activité artisanale ont été mis en évidence (métallurgie des alliages cuivreux et boucherie à grande échelle notamment), ainsi que l’attestation d’échanges économiques intenses à travers la présence de monnaies venant à la fois de la côte méditerranéenne et de l’aire atlantique. Huit tessons inscrits ont été retrouvés, confirmant la présence de trois langues : le grec, le latin et l’ibère. Un possible exercice d’écriture semi-syllabaire ibérique constitue la pièce la plus exceptionnelle de cet ensemble. Un nom en ERM- correspond vraisemblablement à un anthroponyme grec, potentiellement massaliète ; l’abréviation POS (en alphabet latin) renverrait au nom latin Postumus ou Postumius mais pourrait aussi correspondre à un nom grec du type Posidonios. Les inscriptions en ibère correspondraient plutôt à des graffites commerciaux (indication numérique, marque de propriété, brouillon ?). L’un des graffites en ibère pourrait être soit une partie d’un nom celte écrit en écriture ibérique, soit une suite de voyelles correspondant à “l’exercice d’un individu latin s’essayant à la graphie paléohispanique, tout en conservant ses méthodes d’apprentissage romaines. Dans ce cas de figure, le scripteur serait latin et chercherait à s’initier à une écriture non alphabétique, telle que le semi-syllabaire levantin, en commençant par l’apprentissage des signes des voyelles”62. Quelles que soient les interprétations retenues pour ces graffites, ils témoignent d’un degré de multilinguisme important, caractéristiques des interfaces commerciales.
Certains témoignages épigraphiques indiquent implicitement un trilinguisme courant chez certains Gaulois qui semblent de fait avoir maitrisé le grec et le latin en plus de leur langue gauloise maternelle. Ainsi, quelques inscriptions renvoient à des références conjointement grecques et latines, que ce soit par les noms, comme dans l’épitaphe de Noves63 ou par le formulaire, comme sur la stèle de Velleron (Vaucluse), magnifique exemple d’emmêlement de langue, qui présente non seulement un praenomen latin écrit en gallo-grec (Caius écrit Kaeios) mais également, à la dernière ligne, la salutation latine valete translittérée en gallo-grec sous la forme inédite oualete64. Elle illustre parfaitement le caractère trilingue de certains habitants de la Gaule vers la fin du Ier siècle a.C., que souligne également Varron à propos de Marseille, en indiquant que de son temps les Massaliètes étaient trilingues : “pratiquant outre le grec, le gaulois et le latin”65.
Des locuteurs de langue latine arrivent en Gaule dès la fin du IVe siècle et surtout à partir du IIIe siècle a.C. par le biais du commerce, puisque des céramiques à vernis noir arrivent du Latium puis de la Campanie romaine à cette époque. Certes les premiers marchands ne furent sans doute pas très nombreux, et une grande partie du trafic devait être le fait des navigateurs massaliètes, mais dans le cadre des échanges économiques qui se développent avec les Romains au cours du IIe siècle a.C., le latin commença à se diffuser en Gaule méditerranéenne. Après la conquête de la Gaule transalpine, de nombreux habitants de ces régions, en particulier au sein des élites, durent devenir bilingues, voire trilingues pour ceux qui maîtrisaient déjà le grec.
Ce multilinguisme, courant probablement dès le Ier siècle a.C., sera utilisé par César dans ses campagnes en Gaule puisqu’il est indiqué à plusieurs reprises dans ses écrits qu’il fait appel à des interprètes gaulois, parlant donc soit le latin, soit éventuellement le grec que César maîtrisait parfaitement comme tout romain de bonne famille.
“Aussi, avant de rien entreprendre, il fait appeler Diviciacos, et, renvoyant les interprètes habituels, c’est par l’organe de C. Valérius Troucillus, le premier personnage de la province romaine, son ami et son confident le plus intime, qu’il s’entretient avec lui” (César, Guerre des Gaules, 1.19).
Ce passage pose question cependant, quand on sait que Diviciacos a séjourné à Rome, chez Cicéron lui-même, avec qui il a discuté des connaissances et des croyances des Gaulois et qu’il a défendu la cause des Éduens en tenant un discours devant le Sénat : il semble qu’il devait donc parler sinon latin du moins grec66, avec son hôte romain, et pendant son plaidoyer. On peut alors se demander pourquoi César a dû faire appel à un interprète. Le contexte de l’entretien a pu jouer : on sait que dans le cadre des ambassades et des échanges diplomatiques, le fait d’utiliser un interprète et de ne pas montrer qu’on parle la langue de celui avec qui on négocie fait partie des usages, chacun des deux partis s’exprimant dans sa propre langue afin de ne pas se mettre en position d’infériorité en utilisant la langue de l’autre67.
Conclusion
Le multilinguisme s’est épanouit en Gaule méditerranéenne à travers différents contextes qui en ont favorisé l’émergence :
- le commerce,
- le mercenariat,
- les mariages mixtes,
- peut-être les lieux de culte.
Les indices de bilinguisme ou de multilinguisme sont donc finalement relativement nombreux en Gaule méditerranéenne – presqu’autant que pour l’Italie du Nord ou l’Espagne – à travers l’épigraphie, l’archéologie et les sources littéraires. Toutefois, on ne connaît aucune inscription bilingue grec / gaulois (grec / gallo-grec en fait), ni aucune inscription latin / gaulois (latin / gallo-grec), comme on peut en connaître dans le cas des bilinguismes grec-latin, ou grec-phénicien, probablement car nous n’avons pas affaire à du bilinguisme politique, officiel, mais simplement à du bilinguisme opportuniste, d’ordre économique essentiellement, comme nous l’avons vu, et également social, c’est-à-dire lié à des mariages entre les différentes communautés. Il s’agit d’un multilinguisme de circonstance, qui se rencontre essentiellement en contexte portuaire (graffites étrusques et grecs seulement sur le littoral), dans le cadre des échanges commerciaux, avec éventuellement quelques documents d’ordre administratif, quand il s’agit de contrats de vente devant témoins. Cet usage a d’ailleurs été relevé par Strabon, qui souligne que Marseille était devenue une école pour les Gaulois “au point qu’ils écrivaient en grec jusqu’à leurs contrats”68. Strabon semble de plus sous-entendre que les Gaulois écrivaient bien d’autres choses mais aussi ces documents officiels qu’étaient des contrats.
Quelques indices montrent aussi que les Gaulois pouvaient fréquenter des lieux de culte grecs (sanctuaire d’Aristée), ou participer à des fêtes religieuses, comme le montre l’épisode de Comanus, qui projetait d’attaquer Marseille lors de la fête des Anthestéries69. Certes cela ne veut pas dire que les Gaulois qui s’y rendaient étaient forcément bilingues, mais qu’il y avait tout de même une réelle communication entre les deux sociétés.
Combien de personne cela concernait-il ? Le bilinguisme, voire le multilinguisme, était peut-être plus répandu qu’on ne le pense, notamment dans les ports, car la diglossie est finalement assez naturelle du moment que les échanges sont réguliers ou que des personnes étrangères s’installent pour un temps long (or le temps entre les différents voyages des commerçants pouvait être très probablement assez long …). L’apprentissage de ces nouvelles langues (grec puis latin) fut peut-être également voulu et promu par une certaine élite voulant faire jeu égal avec les marchands étrangers venus s’installer en Gaule, et désireux de s’accaparer les profits qui pouvaient être tirés de ces nouveaux échanges économiques ; pour la fin de l’âge du Fer, la maîtrise du latin permettait aussi de se rapprocher du nouveau pouvoir en place.
C’est dans ce contexte de multilinguisme ancien, et divers, qu’est née au début du IIe siècle l’écriture gallo-grecque, qu’a émergé de façon très éphémère le gallo-latin, et que se développera finalement le bilinguisme gaulois-latin dont Emmanuel Dupraz a montré la vitalité70.
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- Colonna 1980, Belfiore 2015.
- De Hoz 2008.
- Lejeune et al. 1988, Bats 2011a, 201.
- Péré-Noguès 2007.
- Janin 2000, Gailledrat 2014, 57.
- Ropiot 2013.
- Gailledrat 1997, Gailledrat 2014.
- Cornelius Nepos, Vie des Grands capitaines, Hannibal, 13.
- Bats 2011a, 201.
- Celui découvert en 2006.
- Roure 2019.
- Lambert 1995, 146.
- Ils se développeront en gallo-grec à la fin de l’âge du Fer.
- Bats 2011a, 210-212 et fig. 19.
- M. Bats in Dunyach 2018, 440.
- Bats 2013, 138.
- Géographie, 4.2.
- Barruol 1969, 372.
- Bats 2013, 140-141.
- Verger & Pernet 2013.
- Hartog 2001, 139.
- Bats 2011a, 215 en dernier lieu.
- Bats 2013, 143 ou Bats 1988, 127-128.
- Biville 2008, 43.
- Bats 2011b.
- Coupry & Giffault 1982 ; Sarrazanas 2015.
- Bats 2013, 141.
- Moret et al. 2015.
- Moret et al. 2015, 413.
- Bats 2011a, 220.
- Bats 2011a, 222 sq.
- Isidore, Orig., 15.1.63.
- Pailler 2008.
- Grenet 2016.
- Géographie, 4.1.5.
- Bats 1986, 39, n. 51.
- Dupraz dans ce volume.