Nous souhaitons dédier cet ouvrage compilant divers travaux sur l’étude des relations Hommes-Canidés sur le temps long à notre amie et collègue Émilie Campmas. Émilie s’est éteinte en mars 2019 après plusieurs années de combat contre le cancer. Nous avons eu la chance de la rencontrer il y a 15 ans, lors de son cursus universitaire à Bordeaux, alors que nous étions tous les trois étudiants et qu’elle témoignait déjà d’un appétit sans limite pour l’archéozoologie. À ce titre, son premier travail sur les traces de consommation laissées par les loups sur les ossements de bovidés demeure une référence1. Émilie avait “mordu à pleines dents” dans l’étude des ossements animaux. Nombreux sont les chantiers de fouille, les expériences, les colloques et plus simplement les moments de vie partagés, qui nous rappellent Émilie. Ne reculant devant aucune tâche, aucune difficulté ni même devant la maladie, elle restera pour nous un exemple de courage, de joie de vivre et de réussite.
Jeune chercheuse en archéozoologie recrutée au CNRS en 2018 au laboratoire TRACES de l’Université de Toulouse Jean Jaurès, ses travaux ont considérablement marqué la discipline et ont permis de documenter une problématique jusqu’alors peu explorée : celle de l’adaptation des chasseurs-cueilleurs paléolithiques au milieu côtier. Elle avait brillamment soutenu sa thèse en 2012 à l’Université de Bordeaux et remporté plusieurs bourses et prix saluant la rigueur et la qualité de son travail : Bourse de thèse L’Oréal France en 2010, Prix Jeune chercheur de la SAMRA en 2016 puis prix Jeune chercheur de la Fondation des Treilles en 2018. Spécialiste de la grande faune mais également de la malacofaune, elle multipliait les travaux de terrains, les expérimentations et les publications.
Lorsque nous avons débuté le projet TeHoTeCa nous souhaitions profiter de cette opportunité pour travailler avec Émilie sur l’impact des canidés sur les restes osseux et confronter ses observations faites dans le Nord de l’Afrique avec des référentiels nouvellement constitués. Son investissement sur le terrain, dans sa recherche et dans l’enseignement était incroyable mais hélas les premières manifestations de sa maladie ont freiné notre enthousiasme et repoussé cette collaboration.
Quelques années plus tard, alors que nous planifiions le colloque venant clore le projet et mettant en réseau les travaux des collègues travaillant sur cette problématique vaste des relations Hommes-Canidés à travers le temps long, il semblait évident qu’Emilie fasse partie de l’aventure en tant que membre du Comité Scientifique. Elle n’a hélas pas pu assister à cette rencontre mais avait, malgré sa santé, travaillé d’arrache pied pour partager, via une présentation préenregistrée, le fruit de ses travaux menés au Maghreb en collaboration avec Camille Daujeard (ce volume).
Émilie, ta bonne humeur sans faille, ton sourire, ton professionnalisme et ton courage resteront à tout jamais gravés dans notre esprit. Tu étais vraiment précieuse ! Tu nous manques beaucoup trop.
Myriam & Jean-Baptiste
Lien vers la thèse d’Émilie :
http://ori-oai.u-bordeaux1.fr/pdf/2012/CAMPMAS_EMILIE_2012.pdf
Lien vers l’association créée en hommage à Émilie (AssEmCa) :
https://sites.google.com/view/assemca
Profils de recherche d’Émilie :
https://www.researchgate.net/profile/Emilie_Campmas3
https://univ-tlse2.academia.edu/EmilieCampmas