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Mémoire retrouvée de l’archéologie francilienne : la carte archéologique de Paul Guégan (1863-1892)

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Introduction

L’apport des archives est aujourd’hui une dimension essentielle de la recherche archéologique. Indispensable à la compréhension des mécanismes de construction et des modes de transmission des savoirs, elles ont notamment permis de mettre en évidence les réseaux savants et la construction d’une archéologie nationale qui se conçoit non seulement à l’échelle locale, mais aussi régionale1, nationale et européenne2. L’étude des fonds d’archives des grands noms de l’archéologie de la seconde moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, tels que Joseph Déchelette3, Émile Cartailhac4, Émile Espérandieu5 ou encore Gabriel de Mortillet6, ou d’institutions publiques comme la Commission de Topographie des Gaules et le musée d’Archéologie nationale7, offrent un regard renouvelé sur l’histoire de l’archéologie, à une époque où celle-ci connaît une profonde mutation, avec l’institutionnalisation grandissante de cette discipline dans un mouvement centralisateur qui prend progressivement le contrôle des initiatives privées8. Encore récemment, Christian Landes et Bertrand Triboulot soulignaient l’intérêt du fonds d’archives du Comité des travaux historiques et scientifiques aux Archives nationales, pour les données contextuelles d’identification de sites et de découvertes archéologiques, pas toujours publiées, auxquelles on pourrait ajouter l’utilité pour les recherches de provenance de mobilier9. Il en est de même des fonds d’archives du musée d’Archéologie nationale qui avait, dès l’origine, un rôle de centre de recherche et la volonté de centraliser la connaissance archéologique10. L’abondance des fonds d’archives privées prouve la dimension symbolique de l’institution pour les archéologues bénévoles et amateurs qui ont été, avant 1941, les principaux acteurs de terrain. Précieuse et fragile en raison de sa dispersion extrême et de sa propension à disparaître, la production documentaire de ces inventeurs ou observateurs directs est une source de première main pour les recherches actuelles. La multiplication des travaux universitaires et des projets collectifs de recherche sur ces fonds donne de beaux exemples d’exploitation de données primaires, comme pour Henri Corot en Côte-d’Or11 et Arthur Stieber en Alsace12. C’est dans cet objectif que se place cette étude. Si le fonds Paul Guégan du musée d’Archéologie nationale n’est pas totalement inconnu des chercheurs et spécialistes13, son traitement archivistique réalisé en 2019-2020 et la mise à disposition de l’instrument de recherche sur le site internet des archives du MAN donnent l’occasion de réévaluer son potentiel global d’autant que le contenu dépasse largement le titre donné par l’auteur14. Elle révèle également les liens très forts entre cet archéologue amateur de l’Ouest parisien et le musée d’Archéologie nationale, et tout particulièrement avec Gabriel de Mortillet. 

Paul Guégan (1819-1892) et Gabriel de Mortillet

Issu d’un milieu bourgeois aisé, d’une famille disposant d’un certain capital social, intellectuel et financier15, P. Guégan est préposé à l’octroi de Saint-Germain-en-Laye. Habitant au 26 rue de la Salle, à quelques pas du château choisi par Napoléon III pour être le Musée gallo-romain, futur musée des Antiquités nationales (MAN), il est durablement marqué par cette institution. Formé aux sciences préhistoriques par Philibert Beaune, attaché de conservation au musée, il s’adonne à cette nouvelle passion sur son temps libre en explorant les vestiges des environs (les sablières du Pecq, le menhir de Gency, le plateau de Marly, etc.), sites sur lesquels il collecte des objets pour sa collection personnelle ou pour le musée16. Après le décès de son mentor en 1867, qui l’affecte énormément, P. Guégan renoue avec le musée en 1872 à l’occasion du sauvetage de l’allée couverte de Conflans-Sainte-Honorine17. Cet événement majeur constitue une prise de position en faveur du patrimoine monumental archéologique bien en amont de la loi du 30 mars 188718 et marque un tournant dans l’activité archéologique de P. Guégan, en lui ouvrant les portes des sociétés savantes. Il est nommé membre correspondant de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise en 1873, de la Société archéologique de Rambouillet en 1874 et du Comité archéologique de Senlis en 1876. À ce titre, il y diffuse ses recherches et publie deux articles de synthèse dans les Mémoires de la Société des Sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise19. Sa nomination comme membre titulaire de la nouvelle Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise en 1881 assoit encore davantage sa légitimité : le dépouillement des comptes rendus de séances révèle la position active du Saint-Germanois, sa présence régulière ou sa participation indirecte, son engagement dans des commissions chargées d’observer sur le terrain les informations relayées par les correspondants ou dans des projets de synthèse, comme la carte archéologique réalisée pour l’Exposition universelle de Paris de 188920.

Les lettres de P. Guégan conservées dans le fonds de correspondance ancienne du musée témoignent de sa proximité avec le personnel scientifique de l’institution. La plupart sont adressées à G. de Mortillet, qui exerce une véritable influence méthodologique sur cet “humble pionnier de la science21”, relation hiérarchique qui s’inscrit aussi dans le cadre de la Commission de Topographie des Gaules, commission créée en 1858 par Napoléon III et chargée de dresser un dictionnaire et des cartes archéologiques du territoire. Dans l’ombre d’Alexandre Bertrand, secrétaire de la CTG et directeur du Musée gallo-romain, G. de Mortillet semble être aux manœuvres pour faire le lien avec le réseau de correspondants nommés sur tout le territoire, collecter les informations et documents et diffuser les instructions. P. Guégan est nommé membre correspondant de la CTG pour la Seine-et-Oise, probablement en 1875. Ce cadre lui donne une méthodologie d’investigation sur le terrain et de restitution des données archéologiques qu’il va appliquer à ses propres recherches : aux dessins d’après nature s’ajoutent des rapports détaillés sur les découvertes locales. Car, indépendamment de son rôle de relayeur d’information pour le compte de la CTG, il conçoit un objectif plus personnel : être le premier à écrire une monographie sur les vestiges archéologiques du département, à l’image des publications d’Edouard Fleury pour l’Aisne et de Louis Graves sur l’Oise. Le titre initial Monographie des Monuments mégalithiques et des objets travaillés par l’homme aux temps préhistoriques dans le département de Seine-et-Oise22 rappelle les orientations que P. Beaune avait données à P. Guégan, mais la structure de la monographie repose quant à elle sur la méthodologie propre à la CTG que l’on retrouve dans les fonds d’archives préparatoires à la rédaction du Dictionnaire archéologique de la Gaule23. L’inventaire est structuré par arrondissement, chacun ouvert par un tableau récapitulatif précisant le type de découverte par commune, l’inventeur, le numéro du fascicule et le nombre de planches pour chaque commune. À l’intérieur du fascicule de commune, la description des vestiges peut être accompagnée de planches aquarellées (dessins de mobilier, vues de sites, coupes et relevés, coupes stratigraphiques, vues imaginaires)24. L’auteur justifie ainsi sa démarche :

“L’archéologie. C’est par la description et le dessin que l’archéologue conserve la trace des anciens monuments qui disparaissent, et que nos arrières neveux trouveront dans ses archives. L’édifice qui perd sa première pierre est un édifice condamné ; une autre suit bientôt, puis une autre encore, et ce qui paraissait indestructible s’effrite et se dissout avec une rapidité extraordinaire.25

P. Guégan consacre à cette œuvre le reste de sa vie, mais malgré plusieurs tentatives, elle ne sera jamais publiée. C’est le musée des Antiquités nationales qui acquiert auprès des descendants de P. Guégan les fascicules manuscrits et illustrés grand format26, dont des versions réduites, partielles et de synthèse, se trouvent dans les fonds des Archives départementales des Yvelines, du Val-d’Oise et au MAN27.

Aspects méthodologiques

Le fonds P. Guégan concernant l’ancien département de Seine-et-Oise a été intégralement dépouillé, couvrant de ce fait les arrondissements de Versailles, de Mantes, de Pontoise, de Rambouillet, de Corbeil et d’Étampes28. En premier lieu ont été extraites les informations de localisation, de chronologie et de nature des sites ou indices de sites en reprenant les interprétations proposées par l’auteur de la Monographie. Il s’agissait ainsi de voir l’ensemble des découvertes recensées pour mesurer l’ampleur et les limites du travail engagé par l’auteur. Les types de documents graphiques disponibles ont été ensuite indiqués, permettant de différencier des sites plus ou moins documentés. Enfin, les éléments sur le contexte de découverte incluant le type d’activité et l’identité de l’informateur de P. Guégan, et les références bibliographiques utilisées dans la notice du site ont également été répertoriés. Ces dernières sont en effet des éléments précieux non seulement pour comprendre la démarche de l’auteur et les modalités de collecte des informations, mais aussi pour juger de la pertinence des données.

Par le nombre des sites et indices de sites décrits, 311 au total, la Monographie de P. Guégan revêt un intérêt majeur pour la connaissance archéologique du territoire francilien. Afin d’apprécier à la fois la postérité de l’œuvre de P. Guégan et son utilité pour la recherche actuelle, un travail de correspondance a été mené : chaque site identifié a fait l’objet de recherches dans la littérature actuelle et dans les cartes archéologiques existantes. Pour ce faire, plusieurs inventaires de la région parisienne ont été mis à contribution : ceux de John Peek et de Gérard Bailloud pour les monuments mégalithiques du Néolithique, ceux de Gilles Gaucher et de Jean-Pierre Mohen pour l’âge du Bronze ainsi que ceux de Maurice Toussaint et de Michel Roblin pour les périodes historiques29. Une seconde évaluation, partielle à cette heure, a été engagée à la Carte archéologique du Service Régional de l’Archéologie d’Île-de-France. 

Le panorama proposé ci-dessous présente le contexte de production de la Monographie de P. Guégan ainsi qu’un premier état des lieux de son contenu, dans l’objectif de poursuivre son exploitation scientifique.

Comprendre la construction
du savoir archéologique en Seine-et-Oise

Les notes prises par P. Guégan révèlent la pluralité des contextes de découverte, identifiés pour 98 sites ou indices de site. Confirmant les données avancées par John Peek dans son inventaire des mégalithes de la région parisienne30, elles montrent l’importance prise par les travaux publics engagés pour le développement des villes (construction ou réfection de routes, d’aqueducs ou de voies de chemin de fer), par les opérations de dragages et par les activités industrielles (exploitation des gravières ou des carrières), agricoles (défrichements, labours, plantations) ou privées (constructions immobilières) comme sources de découvertes fortuites31. Ils constituent les trois-quarts des circonstances de découvertes connues. En revanche, un quart des sites ou indices de sites documentés est dû à la curiosité d’un archéologue amateur ou d’un propriétaire, typique d’une époque qui voit dans le dernier tiers du XIXe siècle l’émergence d’une communauté de savants amateurs qui s’intéresse à l’histoire locale. P. Guégan en fait partie et, encouragé par P. Beaune, prend pour habitude de consacrer ses promenades dominicales à la prospection des environs de Saint-Germain-en-Laye32.

Néanmoins, les modalités de découverte ont tendance à varier entre les différents secteurs topographiques de la Seine-et-Oise (fig. 1a et 1b)33. Ainsi, les découvertes réalisées sur le plateau de la Beauce, entre le sud des Yvelines et de l’Essonne actuelles, relèvent principalement de travaux publics divers alors que celles faites dans les plateaux occidentaux, entre le Mantois et le Vexin34, sont surtout dues à des investigations individuelles. La mise au jour de vestiges lors de travaux agricoles est largement minoritaire et n’est attestée que sur les plateaux de la Brie et du Vexin, et plus occasionnellement encore dans quelques contextes de vallées comme à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). La mention de constructions immobilières est principalement liée au développement urbain en grande vallée, le long de la Seine et de l’Oise. Ces observations reflètent à la fois les dynamiques d’aménagement de la banlieue de Paris, mais sont aussi liées aux caractéristiques du réseau d’informateurs de P. Guégan (cf. infra). Toutefois, étant donné la faiblesse des effectifs de sites dont le contexte de découverte est précisé, les conclusions énoncées sont à considérer avec prudence.

Sites et indices de sites recensés par Paul Guégan en fonction des modalités de découverte et des contextes topographiques © Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.
Fig. 1.a-b. Sites et indices de sites recensés par Paul Guégan en fonction des modalités de découverte et des contextes topographiques © Carole Quatrelivre, avec la collaboration
de Soline Morinière, 2022.

La compréhension des conditions de découverte permet également d’aborder les discontinuités spatiales constatées entre des sites de nature et de chronologie différentes. En effet, certains contextes sont plus ou moins propices à la détection de restes préhistoriques ou historiques. Entre autres, l’exploitation des carrières de sable dans les terrasses alluviales des grandes rivières joue un rôle important dans l’inventaire des locii paléolithiques depuis le XIXe siècle35. Les restes des campements, piégés dans les dépôts successifs de sédiments lors des inondations, apparaissent à nouveau dans les fronts de taille des sablières. Aux côtés d’exemples plus connus comme Abbeville et Saint-Acheul, les sablières d’Éragny (Val-d’Oise) sur un versant de la vallée de l’Oise ou du Pecq (Yvelines) sur la rive droite de la Seine ont également livré des bifaces et des lames en silex, rattachés à l’Acheuléen et au Moustérien par P. Guégan (fig. 2).

Guégan, P. (s.d.) : Silex taillés des sablières d’Éragny, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/7, fasc. Eragny.
Fig. 2. Guégan, P. (s.d.) : Silex taillés des sablières d’Éragny, planche de dessins à l’aquarelle.
MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/7, fasc. Eragny.

L’importance des artefacts datés de l’âge du Bronze dans l’arrondissement de Corbeil peut être imputée aux dragages extensifs dans le lit de la Seine, particulièrement nombreux en amont de Paris. Si l’on a pu s’interroger sur les potentiels biais de ce contexte de découverte favorisant les grands objets, il révèle plutôt un phénomène caractérisé, spécifique : le dépôt volontaire d’armes et de haches en milieu aquatique36. La Monographie l’illustre grâce à plusieurs mentions de lames d’épée, de poignards, de haches et plus occasionnellement d’épingles issus de dragages à Coudray-Monceau, à Athis-Mons et à  Draveil dans l’Essonne, ou encore à Ablon (Val-de-Marne) (fig. 3).

Guégan, P. (s.d.) : Objets en bronze retirés de la Seine lors des dragages, commune d’Ablon-sur-Seine, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/5, fasc. Ablon-sur-Seine.
Fig. 3. Guégan, P. (s.d.) : Objets en bronze retirés de la Seine lors des dragages, commune d’Ablon-sur-Seine, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/5, fasc. Ablon-sur-Seine.

Certains effets linéaires dans la distribution des sites permettent de suivre le tracé de voies de chemin de fer, comme celui de la Grande Ceinture dans le secteur de Versailles. Ce type d’aménagement, et les travaux publics en règle générale, prennent place dans ou à proximité d’occupations contemporaines, dont les origines remontent fréquemment à l’époque médiévale, voire aux latifundi d’époque romaine37. Ainsi, la construction de chemins de fer expose à nouveau ces racines historiques, gallo-romaine et mérovingienne. Il s’agit principalement d’ensembles funéraires, dont sont issus par exemple les sarcophages de Bernes-sur-Oise (Val-d’Oise), d’Andrésy (Yvelines) et de Vaux-sur-Seine (Yvelines) (fig. 4). Il est également probable que le déficit de sites préhistoriques dans le cadre des travaux publics soit lié à la profondeur limitée des creusements.

Guégan, P. (c. 1890) : Sépultures mérovingiennes d’Andrésy, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/3, fasc. Andrésy.
Fig. 4. Guégan, P. (c. 1890) : Sépultures mérovingiennes d’Andrésy,
planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives,
fonds Paul Guégan, 2019004/3, fasc. Andrésy.

À partir des modalités de découverte, il devient évident que les données archéologiques compilées par P. Guégan s’inscrivent dans des contextes de recherche microrégionaux particuliers, plus ou moins favorables à la mise au jour de tel ou tel type de site. Il est possible de caractériser plus précisément la construction de la Monographie en analysant l’archéologie pratiquée par son auteur, son insertion dans le contexte scientifique contemporain et sa recherche d’information grâce à son réseau.

La démarche du préhistorien : Paul Guégan
dans le contexte de création de l’archéologie nationale

Le réseau de Paul Guégan

Le travail de P. Guégan repose sur un réseau d’informateurs. Cet aspect est particulièrement visible dans sa Monographie par le nombre important de personnes mentionnées comme informateurs directs (38 personnes pour 71 sites ou indices de sites) ou citées (127 personnes pour 168 sites ou indices de sites) (fig. 5). Au total, 151 personnes sont mentionnées par P. Guégan : elles ne sont souvent signalées qu’une ou deux fois (121 personnes) et ont des profils socioprofessionnels variés. Leur bagage intellectuel et/ou leur présence permanente ou ponctuelle sur le terrain en fait des personnes-ressources de premier plan. L’analyse de ce réseau révèle un mode de fonctionnement où l’oralité est encore très importante et permet de dresser quelques constats.

Réseau relationnel de Paul Guégan par catégories socio-professionnelles et par secteurs géographiques © Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.
Fig. 5. Réseau relationnel de Paul Guégan par catégories socio-professionnelles et par secteurs géographiques © Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.

Plusieurs acteurs se démarquent tout particulièrement et représentent un appui important aux recherches de P. Guégan. Au sein de la catégorie “Administration et fonction publique”, il s’agit d’une part du personnel scientifique du Musée gallo-romain, devenu en 1879 musée des Antiquités nationales, cité 28 fois (Philibert Beaune, Gabriel de Mortillet, Alexandre Bertrand, le bibliothécaire Mazard et le chef de l’atelier de moulage et de restauration Abel Maître). Les agents du MAN sont pour P. Guégan des interlocuteurs de proximité et une référence dans le domaine de l’archéologie. D’autre part l’implication des agents-voyers et conducteurs des ponts et chaussées, cités 19 fois, pour la connaissance archéologique a été démontrée lors des travaux récents menés sur les correspondants de la CTG38, qui se voient confirmés par leur représentativité au sein du réseau de P. Guégan. 

Les professions intermédiaires de l’enseignement, de la santé et du clergé sont également bien représentées (professions médicales citées 8 fois, enseignants cités 7 fois, clergé cité 7 fois), car leur implantation locale et leur proximité avec les habitants favorisent les échanges tandis que leur niveau de formation leur permet de reconnaître l’intérêt des vestiges découverts. Les propriétaires terriens et exploitants (agriculteurs, industriels) sont également des indicateurs précieux, car les premiers impactés par les découvertes : ils sont 24 à être mentionnés par P. Guégan. Les ouvriers des sablières et carrières s’intègrent également dans le réseau de P. Guégan qui, grâce à P. Beaune, avait noué des liens avec eux afin d’être averti immédiatement des découvertes de fossiles, de silex ou d’ossements. Il en est de même des ingénieurs et employés à la construction des chemins de fer, inventeurs de nombreux sites archéologiques, et dont les relations ont pu être facilitées par le fait que le gendre de P. Guégan, Henri Jules Juclier, était employé du chemin de fer de l’ouest. La présence de ces personnes dans le réseau de P. Guégan est probablement due également à la réputation de P. Guégan et à sa réactivité à se déplacer sur le terrain pour constater les découvertes fortuites réalisées au cours de travaux publics, industriels ou agricoles. 

À côté de ces informateurs et personnalités locales, l’analyse du fonds P. Guégan met en évidence l’importance des réseaux de sociabilité savante qui structurent désormais le territoire. Au moins 35 personnes ont été identifiées comme membre d’une société savante, en particulier de la CAASO et/ou de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles et elles représentent au total 29,3 % des références de P. Guégan (99 occurrences sur 337). Trois membres de la CAASO se démarquent en tant que collaborateurs actifs de l’auteur de la Monographie : Alexandre Fournez, entrepreneur de travaux à Saint-Germain-en-Laye, que Guégan forme à l’archéologie et qui devient son ami et son coéquipier sur le terrain (cité 25 fois) et deux autres membres qui deviennent ses relais et informateurs privilégiés pour les arrondissements éloignés de Rambouillet (Auguste Moutié, également président de la Société archéologique de Rambouillet, cité 19 fois) et de Corbeil (le commissaire de police Tomasi, cité 21 fois). L’intégration de P. Guégan dans les milieux savants qui diffusent et relaient les informations lors des séances auxquelles il est très souvent présent lui permet d’être averti rapidement et avant publication des nouvelles découvertes (fig. 6). Des visites de terrain sont également attestées pour la CAASO et immortalisées par la Société versaillaise de photographie, comme à Andrésy le 6 août 1890, site abondamment décrit et dessiné par P. Guégan dans sa Monographie (fig. 7). 

Bucquet, M. (1890) : Les membres de la Commission des Antiquités et des Arts lors de leur excursion à Andrésy, tirage photographique sur papier albuminé, montage sur carton 19 x 23 cm par l’auteur. Sont présents : MM. Laurent, président ; Agnès, Bart, Bournon, Coüard-Luys, Depoin, Dufour, Dutilleux, Duval, Fourdrignier, Gavin, Guégan, Hennet, Léonardon, Roussel, membres de la commission ; MM. Bucquet, Ottenheim, Bouvet, capitaine Fourtier et de la Villestreux, membres de la société versaillaise de photographie. AD 78, fonds de la CAASO, 2F 108/23.
Fig. 6. Bucquet, M. (1890) : Les membres de la Commission des Antiquités et des Arts lors de leur excursion à Andrésy, tirage photographique sur papier albuminé, montage sur carton 19 x 23 cm par l’auteur. Sont présents : MM. Laurent, président ; Agnès, Bart, Bournon, Coüard-Luys, Depoin, Dufour, Dutilleux, Duval, Fourdrignier, Gavin, Guégan, Hennet, Léonardon, Roussel, membres de la commission ; MM. Bucquet, Ottenheim, Bouvet, capitaine Fourtier
et de la Villestreux, membres de la société versaillaise de photographie.
AD 78, fonds de la CAASO, 2F 108/23.
Excursion de la CAASO à Conflans-Andrésy le 6 août 1890, tirage photographique sur papier albuminé, montage sur carton. AD 78, fonds de la CAASO, 2F 108/18.
Fig. 7. Excursion de la CAASO à Conflans-Andrésy le 6 août 1890, tirage photographique sur papier albuminé, montage sur carton. AD 78, fonds de la CAASO, 2F 108/18.

La répartition à l’échelle des arrondissements (fig. 5) permet également d’émettre quelques observations. Le réseau de P. Guégan est plus important et plus diversifié dans l’arrondissement où il habite et dans les arrondissements proches de Pontoise et de Mantes. Pour lui qui fonde son travail avant tout comme une enquête de terrain, les contacts sont en effet plus nombreux et plus faciles dans un rayon d’action rapproché, tandis qu’il s’appuie sur quelques relais ciblés pour les arrondissements plus éloignés.

La place des sources bibliographiques

Moins d’un tiers du corpus, soit 95 sites ou indices de sites, possède au moins une référence bibliographique associée. Ce faible nombre s’explique en partie par le fait que beaucoup des découvertes mentionnées sont contemporaines de la rédaction des fiches et ne bénéficient pas d’une large publicité. P. Guégan s’appuie sur les publications des sociétés savantes locales, où ces nouvelles découvertes sont relayées, en particulier des trois sociétés auxquelles il appartient. Les bulletins et des mémoires de la Société des Sciences morales et des arts de Seine-et-Oise, ceux de la CAASO sont cités respectivement 12 et 13 fois, ceux de la Société archéologique de Rambouillet 7 fois. On notera également la présence de documents administratifs comme l’Annuaire du département de Seine-et-Oise (cité 7 fois) et de la presse locale (La Ville de Mantes, Le Progrès de Seine-et-Oise).

Deux monographies locales tiennent une place de choix dans le répertoire de P. Guégan et montrent sa volonté de compléter son répertoire par la compilation de données éparses : l’ouvrage sur les voies anciennes du département de Seine-et-Oise par Adolphe Dutilleux publié en 1881 est cité 19 fois tandis que le recueil de référence sur les antiquités de la région de Mantes par Armand Cassan daté de 1835, apparaît 9 fois. D’autres études locales sont mentionnées, comme l’ouvrage de la marquise de Maule-Plainval édité en 1874 et les travaux d’Amédée Caix-de-Saint-Aymour parus dans la Revue d’Anthropologie. La bibliographie de P. Guégan a donc une tournure résolument locale, nourrie par l’adhésion de l’auteur aux sociétés savantes de Seine-et-Oise. Les monographies extrarégionales sont rares et citées à titre de comparaison, notamment La Normandie souterraine de l’abbé Cochet, que P. Guégan commande auprès de l’auteur et avec lequel il est en contact pour les découvertes majeures de sites mérovingiens.

Deux ouvrages du XVIIIe siècle, iconiques mais largement dépassés par les nouvelles découvertes, sont aussi présents : il s’agit des Monuments de la monarchie françoise par Bernard de Montfaucon, daté de 1729-1733, et du Recueil des antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises publié par le comte de Caylus en 1762. La littérature archéologique contemporaine est en revanche très limitée : Le Préhistorique de Gabriel de Mortillet, édité en 1883 n’est cité qu’une fois. P. Guégan ne consulte pas la Revue archéologique, ni le bulletin du CTHS, ni les rapports des congrès internationaux. Certaines découvertes échappent donc totalement à son enquête, comme le disque d’Auvers-sur-Oise, pourtant mis au jour en 188339. La proximité du MAN, dont la bibliothèque contient tous ces périodiques d’information savante et nombre de monographies, et que P. Guégan affirme fréquenter, explique difficilement cette sélection restreinte. Il est manifeste que la part la plus importante du travail de P. Guégan repose sur des sources orales ou des déplacements de l’auteur sur le terrain. La bibliographie ne vient que compléter, difficilement et très partiellement, une collecte d’informations qui emprunte d’autres chemins et contribue à donner ce caractère hétérogène et lacunaire à l’Œuvre dans son ensemble.

Au temps de la construction des chronologies

Au travers de la datation qu’il propose des sites de sa Monographie, P. Guégan livre un certain nombre d’indices sur sa formation et sur sa sensibilité aux débats contemporains qui secouent l’archéologie et l’anthropologie européennes. Les terminologies employées reflètent sa formation, ses lectures et dans quelques cas ses prises de position.

Adoptant la démarche d’“archéogéologie” de Jacques Boucher de Perthes, dont la collection vient de rejoindre le musée de Saint-Germain, et que P. Guégan rencontre à l’occasion lors d’une visite des sablières du Pecq (fig. 8), ce dernier est tout à la fois sensible au contexte géologique et aux nombreux vestiges des occupations humaines40. L’idée d’une “étude de la géologie appliquée à l’histoire de l’enfance de l’homme et de ses premiers pas dans les arts et l’industrie41” est en effet perceptible dans la Monographie où l’auteur reprend le concept d’association stratigraphique développé par les géologues et la dimension historique que lui ajoute J. Boucher de Perthes. P. Guégan donne à cet effet de nombreux renseignements sur la nature du terrain, avec stratigraphies à l’appui, en plus des informations liées aux structures et artéfacts découverts. 

Comte d’Acy (1889) : Sablière quaternaire du Pecq, tirage photographique sur papier albuminé collé sur planche. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 
2019004/2, fasc. Le Pecq.
Fig. 8. Comte d’Acy (1889) : Sablière quaternaire du Pecq, tirage photographique sur papier albuminé collé sur planche. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/2, fasc. Le Pecq.

Ces considérations restent toutefois marginales par rapport à l’ensemble de son Œuvre et sont principalement réservées au territoire de prédilection de P. Guégan, c’est-à-dire aux alentours de Saint-Germain-en-Laye dans l’arrondissement de Versailles, avec une attention particulièrement soutenue pour les zones de carrières et de gravières où il a ses contacts. Il signale ainsi un dépôt du Crétacé supérieur dans la crayère de M. Lemée à Port-Marly et de l’Éocène parisien dans la propriété de M. Cerf à Saint-Germain-en-Laye grâce aux coquillages fossiles. Il recense également plusieurs découvertes dans des strates d’époque quaternaire (Le Vésinet, Rueil et Achères dans le canton de Saint-Germain-en-Laye ; Corbeil et Grigny dans l’arrondissement de Corbeil) associant silex taillés et éléments de faune auxquels il applique la nomenclature des animaux d’espèces éteintes affichées dans les salles du Musée gallo-romain42. P. Guégan adhère entièrement à la haute antiquité de l’homme défendue par J. Boucher de Perthes, sujet auquel il consacre de longs développements dans son guide Visite au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye publié en 1878. Pour autant, il refuse de croire en l’existence de l’homme tertiaire avancée par l’abbé Bourgeois43 alors même que G. de Mortillet y semblait favorable dès 187344.

La Monographie livre 68 indices de sites livrant des silex taillés, dont 39 sont attribués au Paléolithique. Or, ce terme n’apparaît jamais directement, bien que son emploi soit attesté dès 186545. La nomenclature utilisée par P. Guégan est celle publiée en 1872 par G. de Mortillet dans la Revue d’anthropologie46. On y trouve “Acheuléen”, se référant au site du Paléolithique inférieur de Saint-Acheul, et “Moustérien”, en lien avec l’abri du Moustier pour le Paléolithique moyen, mais les cultures plus récentes sont exclues (“Solutréen”, “Magdalénien”). Toutefois, le Paléolithique supérieur n’est pas représenté dans le corpus, parce qu’aucune expression dans le texte de P. Guégan ne s’y réfère. Une seule occurrence de “l’âge de la pierre taillée”, selon une expression tout à fait courante dans les ouvrages synthétiques et spécialisés de l’époque, peut se rapporter à l’ensemble du Paléolithique.

Pour l’identification des restes préhistoriques non paléolithiques, P. Guégan fait usage de l’époque “celtique”, “celto-gauloise”, voire “gauloise”. Sur les 35 sites ou indices de sites concernés, une douzaine sont des monuments mégalithiques, trois sont des dépôts d’objets en bronze et dans quatre cas, renvoient à des monnaies, dont un statère attribué aux Parisii. Occasionnellement, l’auteur de la Monographie utilise les expressions “âge de la pierre polie” et “époque des dolmens”, renvoyant aux dénominations des salles du Musée gallo-romain, et ne se réfère à l’âge du Bronze que quatre fois. Le Néolithique et l’âge du Fer ne sont en revanche jamais mentionnés en ces termes (ni le “Marnien” proposé par G. de Mortillet). De fait, l’ensemble des sites archéologiques préhistoriques postérieurs au Paléolithique est regroupé au sein d’une même période chronologique, dite celtique.

Le cas des monuments mégalithiques d’Épône (Yvelines) est représentatif de la position de P. Guégan au sujet de ce type de vestiges. Plusieurs sont d’abord décrits par Armand Cassan, qui en fait des espaces religieux celtiques selon l’image d’Épinal du druide sur sa table de sacrifices (Cassan 1835). D’autres sont mis au jour par E. Grave, pharmacien de Mantes, qui les interprète comme lieux sépulcraux et les date d’une époque antérieure aux Celtes et aux Gaulois (Grave 1881). Pourtant, dans sa notice d’Épône, P. Guégan prend le parti du premier auteur :

“M. Cassan, serait-il plus près de la vérité que ne le pense M. Grave ? Nous serions assez disposé à le croire ; Pourquoi ce monument en forme de table, et qui, quoique en dise cet auteur, aurait bien pu servir d’autel religieux même de table de sacrifices, attendu qu’il est presque juxtaposé auprès d’autres dont le mode de construction est si différent ? …On m’objectera que ces deux monuments se nomment des dolmen ; oui, mais au moins il faudrait établir une différence, car on ne peut nier, c’est qu’il y a des dolmens souterrains et d’autres à l’air libre, et qui n’ont jamais été recouverts par un tertre.”

Confus face aux conditions taphonomiques différentielles, P. Guégan fait le choix de suivre les interprétations traditionnelles, ce qui va à l’encontre des travaux les plus récents du personnel scientifique du Musée gallo-romain – que l’auteur connaît pourtant personnellement. Dans les années 1860, la multiplication des fouilles de sépultures en Champagne, dont certaines sont réalisées à la demande du musée, permet de constituer un dossier conséquent sur les pratiques funéraires gauloises et de jeter les fondements d’une typochronologie des vestiges du premier millénaire avant notre ère47. Parmi ceux-ci, les monuments mégalithiques n’ont plus leur place. Ainsi, A. Bertrand critique l’appellation “monument celtique” dès 186248. Dans Le Préhistorique, G. de Mortillet rejette également cette expression au profit de “monument mégalithique49” :

“Tous ces monuments primitifs portaient autrefois le nom collectif de Monuments celtiques ou Monuments druidiques. On supposait qu’ils étaient propres aux Celtes et élevés par leur prêtre. C’est une grande erreur.”

L’emploi de “monument celtique” par P. Guégan dans la rédaction de sa Monographie, alors qu’elle tombe en désuétude au sein de la communauté académique, ne serait pas dû à une limitation de ses ressources. De fait, l’auteur de la Monographie consulte librement la bibliothèque du Musée gallo-romain et échange avec ses conservateurs au sujet des travaux qu’il mène dans la région. Ce décalage pourrait alors relever d’une rupture entre les initiatives privées et les institutions, qui naît d’un encadrement de plus en plus strict des activités de recherche en dehors de ces dernières. On peut citer à titre d’exemple la récupération de la réunion annuelle des sociétés savantes par le CTHS en 1861, qui réduit l’autonomie des entreprises de ce type50. À l’échelle de la région parisienne, cet antagonisme s’exprime par articles interposés dans la presse à l’occasion de la fouille de la nécropole celtique de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) en 1887 par Abel Maître, mandaté par le Musée gallo-romain, dont l’action est qualifiée de “piraterie scientifique” par un auteur anonyme51. Les institutions sont alors accusées de priver les inventeurs de leur découverte, et par extension d’entraver la liberté individuelle et de ne pas respecter le principe de la propriété privée. Ces mêmes arguments nourrissent vingt-cinq ans plus tard la vive opposition que rencontre le projet de loi de 1910 sur les fouilles archéologiques52.

P. Guégan apparaît comme un homme de terrain avant tout, inséré dans un réseau régional d’informateurs. Il se place en marge des discussions menées sur la construction des référentiels chronologiques pour les périodes préhistoriques. Pourtant, la richesse de son inventaire est indéniable, comme le montre le premier état des lieux présenté ci-dessous.

La Monographie : une ressource
pour les archéologues d’aujourd’hui

L’inventaire par domaine fonctionnel

Le dépouillement de l’ensemble de la Monographie a livré 311 sites ou indices de sites, attribués à un domaine fonctionnel d’après la description faite par P. Guégan (tabl. 1)53. Toutefois, 194 d’entre eux concernent du mobilier isolé et n’ont pu faire l’objet d’une interprétation fonctionnelle, soit 62 % du corpus. Loin de constituer un obstacle, ces éléments ont un rôle à jouer dans l’étude de l’ancrage spatial des communautés humaines, par le biais de l’intensité de la fréquentation des espaces au cours du temps – à la manière des données issues de la prospection aujourd’hui.

FonctionNombre
de sites
Nombre
de phases
Datation
indéterminée
PaléolithiqueNéolithiqueÂge
du Bronze
Âge du FerGallo-RomainHaut
Moyen-Âge
Médiéval
Moderne
Indéterminée1942305338802942132
Funéraire748013 251 7295
Habitat282815 2  11  
Voirie996    3  
Défensive331    2  
Rituelle22   1 1  
Artisanale12 11     
Total311354883910831445327
Tabl. 1. Décompte des sites et phases d’occupation par domaine fonctionnel et par période chronologique
© Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.

Avec 74 occurrences, les ensembles funéraires constituent un quart des sites répertoriés : ils sont facilement identifiables par la présence d’ossements humains, mais aussi grâce aux contenants comme les sarcophages en plâtre. Leur prééminence marque une certaine sensibilité de la part du prospecteur à ce type de contexte, et s’inscrit pleinement dans la mouvance de la seconde moitié du XIXe siècle54. D’ailleurs, les descriptions par P. Guégan se démarquent par leur qualité, comme en témoigne la prise en compte d’éléments taphonomiques. Il en va ainsi de la position des clous dans les sépultures de la nécropole des Gargansà Houdan (Yvelines), permettant de restituer l’emboîtement des planches du cercueil en bois.

L’identification de sites d’habitat est moins fréquente, puisque seuls 28 indices de ce type sont inventoriés. Elle repose souvent sur des marqueurs matériels d’époque historique (structures maçonnées, fragments de terres cuites architecturales de type tegula). De fait, la villa antique de Souzy-la-Briche La Cave Sarrazine (Essonne), réputée pour sa mosaïque bichrome, est l’un des rares exemples univoques du corpus. Par comparaison, l’interprétation des pieux immergés dans la Seine à Carrières-sous-Poissy comme les restes d’habitats sur pilotis paraît sujette à caution. P. Guégan avait-il en tête les cités lacustres suisses ?55 De même, le caractère troglodytique du site de Villeneuve-le-Roi La Croix Noire (Val-de-Marne) est à relativiser : les descriptions de la source primaire évoquent davantage des structures semi-excavées56.

La topographie et la toponymie ont été mises à profit par P. Guégan pour enregistrer neuf indices de voirie, principalement datés de l’époque romaine, ainsi que trois sites de nature défensive dont le Camp de César de Nucourt (Val-d’Oise) fait partie. Les indices relevant de la sphère rituelle se limitent à un dépôt d’armes de l’âge du Bronze à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) et à une statuette à Étampes (Essonne). Ces derniers pourraient être plus nombreux, mais le mobilier métallique issu des dragages des cours d’eau a été exclu étant donné la difficulté à interpréter leur destination57. Enfin, un atelier de débitage lithique a été identifié entre Étampes et Saint-Hilaire (Essonne), au lieu-dit L’Enclos du Temple, et constitue le seul site à caractère purement artisanal.

L’inventaire par domaine fonctionnel révèle un ensemble déséquilibré, dominé par les découvertes de mobilier isolé. Les différentes catégories d’occupation déterminées rendent compte dans leurs proportions des intérêts de P. Guégan, en particulier pour la documentation funéraire, mais aussi des outils d’interprétation à sa disposition (comme la toponymie) et de sa perception des sociétés anciennes, comme l’illustrent ses interprétations d’habitats lacustres et troglodytiques.

La révision chronologique du corpus

Ce bilan sur la représentativité fonctionnelle est complété par la révision chronologique du corpus (fig. 9)58. Elle concerne les 311 sites ou indices de sites, dont 43 ont révélé plusieurs phases potentielles d’occupation, soit 354 phases. Ce travail a permis de réduire considérablement le nombre de sites non datés. Initialement 140 sites ne présentaient pas de datation, soit 45 % des mentions de la Monographie ; ce chiffre est descendu à 88 (29 %), améliorant considérablement son potentiel d’exploitation. Ce travail de détermination est à poursuivre, notamment pour l’industrie lithique paléolithique et néolithique abondamment illustrée dans la Monographie.

Distribution des périodes chronologiques par arrondissement (attribution revue) © Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.
Fig. 9. Distribution des périodes chronologiques par arrondissement (attribution revue) © Carole Quatrelivre, avec la collaboration de Soline Morinière, 2022.

Les 108 phases datées du Néolithique dominent le corpus, parmi lesquelles les monuments mégalithiques du Néolithique récent tiennent une place de choix. Des 78 occurrences originales de sites gallo-romains, la révision chronologique n’en a retenu que 45. En effet, le caractère elliptique des descriptions les concernant et le manque de planches de mobilier n’ont pas toujours permis de confirmer la datation proposée par P. Guégan. Les périodes du Paléolithique, de l’âge du Bronze et l’époque mérovingienne sont représentées à parts à peu près égales, avec environ une trentaine d’indices59. Les déterminations réalisées par L. Dumont montrent que la totalité de l’âge du Bronze est représentée, mais que la période de l’âge du Bronze moyen est largement plus fréquente (50 % des indices de l’âge du Bronze). Enfin, quatre indices ténus de l’âge du Fer ont été inventoriés. Les périodes postérieures à l’époque mérovingienne sont marginales au sein du corpus.

Le potentiel de la Monographie pour la recherche actuelle

Le travail de reprise des données de la Monographie en a montré tout le potentiel pour la recherche actuelle. Le dépouillement bibliographique opéré avec les inventaires régionaux révèle à ce jour que 45 % des indices (soit 142 indices de site) sont absents des publications postérieures. Par conséquent, le corpus établi par P. Guégan reste sous-exploité, en particulier pour le secteur de Saint-Germain-en-Laye et pour le département de l’Essonne. En parallèle, la consultation des dossiers d’entités à la carte archéologique du SRA a permis de passer en revue la moitié du corpus, soit 154 indices de site issus des arrondissements de Versailles, de Rambouillet et de Mantes60. Ainsi, 60 correspondances avec des notices de la Monographie ont été trouvées, dont 27 mentionnent en bibliographie une publication de P. Guégan. Malgré leur caractère provisoire et incomplet, ces premiers chiffres rendent compte de l’intérêt de ce type de travaux pour l’enrichissement de la carte archéologique. Des découvertes anciennes restent en effet à répertorier dans ces entreprises collectives. 

À titre d’exemple, nous évoquons l’illustration aquarellée d’une barre en fer perforée et à extrémité enroulée, découverte à Saint-Forget (Yvelines) (fig. 10). Cette découverte peut être rapprochée d’un certain type de demi-produits de fer du second âge du Fer (-475 à -30). Ces derniers constituent un maillon intermédiaire de la chaîne de production d’objets en fer. Il s’agit de pièces standardisées réalisées à l’issue de l’étape de réduction du fer, afin de faciliter le transport de la matière destinée à être transformée par les forgerons celtiques61. Il faut noter que le nord de l’Essonne a livré ces dix dernières années plusieurs demi-produits de fer d’excellente qualité62. Le plateau de Saclay (Essonne) révèle l’existence d’un artisanat hautement spécialisé, potentiellement lié à une activité d’extraction du fer et inséré dans un circuit qui longe la vallée de l’Yvette – comme l’indique le demi-produit de Saint-Forget (Yvelines). La Monographie peut donc encore éclairer et permettre d’élargir les questionnements qui naissent des découvertes de l’archéologie préventive. 

Guégan, P. (s.d.) : Instruments en fer de Saint-Forget, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/8, fasc. Saint-Forget.
Fig. 10. Guégan, P. (s.d.) : Instruments en fer de Saint-Forget, planche de dessins à l’aquarelle. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/8, fasc. Saint-Forget.

L’inventaire illustré de P. Guégan n’est pas une ressource totalement inconnue des archéologues franciliens, mais il demeure sous-exploité. L’amélioration de la visibilité de la Monographie est prévue grâce à l’informatisation des données qu’elle contient. Un tableau permettant la formulation de requêtes a été mis en ligne sur le site internet des archives du Musée d’Archéologie nationale63. L’intégration des coordonnées géographiques des sites et indices de sites permet également l’extraction des données en vue d’analyses spatiales. Cet outil de recherche reste cependant à parfaire et nous encourageons les contributions de futurs chercheurs pour en améliorer la structure ou encore les révisions chronologiques et fonctionnelles.

Conclusion

La reprise du fonds Guégan explore une entreprise individuelle de recherche archéologique dans la seconde moitié du XIXe siècle, du type le plus courant à cette époque. En l’absence d’enseignements en préhistoire et d’un dispositif d’action de fouille par l’État, la recherche archéologique repose essentiellement sur les initiatives privées qui commencent à se structurer au sein des sociétés savantes. À travers l’étude de la Monographie se profile la construction du savoir préhistorique, ce qui mène à s’interroger sur la percolation de nouvelles idées de l’échelle internationale à l’échelle locale. Il conviendra de poursuivre cet axe de recherche à l’avenir, en approfondissant l’analyse de la démarche préhistorienne de P. Guégan.

La valorisation de ce fonds ancien n’éclaire pas seulement le contexte de sa production, mais met aussi en relief son apport pour la connaissance actuelle de la région. De fait, la confrontation entre les données de la Monographie et la littérature postérieure sur l’Île-de-France montre le caractère inédit d’un certain nombre d’indices de sites et d’objets, pour certains disparus aujourd’hui. Le résultat de ce travail d’informatisation des données, librement accessible, devient un véritable outil de recherche et d’exploitation du fonds. Il reste cependant perfectible puisque le travail de réattribution chronologique et fonctionnelle est à poursuivre, que nous souhaitons participatif.


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Notes

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  2. Péré-Noguès, éd. 2019.
  3. Binetruy 1994, Péré-Noguès 2014.
  4. Projet collectif de recherche Émile Cartailhac (1845-1921) : “jalons d’une carrière au service de l’archéologie” sous la direction de Sandra Péré-Noguès et Sébastien Dubois.
  5. Altit-Morvillez 2021.
  6. Roux 2008. Voir également les présents actes du colloque pour le bicentenaire de Gabriel de Mortillet.
  7. Cuzel & Jouys Barbelin 2017, Jouys Barbelin et al. 2020.
  8. Sur l’institutionnalisation de l’archéologie et ses acteurs, voir Gran-Aymerich 2007, Demoule & Landes 2009, 34-89 et Hurel 2007, 53 et 89.
  9. Landes & Triboulot 2022, 14.
  10. Sur les archives du MAN, voir Jouys Barbelin 2016-2017.
  11. Joly 2014.
  12. Courtaud et al. 2015.
  13. Son apport essentiel pour la connaissance des mégalithes de la région a été exploité par John Peek dans son inventaire des monuments mégalithiques d’Île-de-France : Peek 1975.
  14. Monographie des Monuments mégalithiques et des objets travaillés par l’homme aux temps préhistoriques dans le département de Seine-et-Oise. Lien vers l’instrument de recherches : https://archives.musee-archeologienationale.fr/index.php/fonds-paul-gu-gan [consulté le 03/08/2023].
  15. Son père, Joseph Guégan (1778-1845), est professeur de latin et de grec puis instituteur communal à Versailles. À la naissance de Paul Guégan, Joseph et sa femme, Louise Élisabeth née De Lisle, habitent 9 rue Royale à Versailles.
  16. Sur la formation et l’œuvre archéologique de P. Guégan, voir Morinière 2022.
  17. Guégan 1874, 386 et 392.
  18. Sur la mobilisation des sociétés savantes pour la protection des monuments préhistoriques et historiques et la lente gestation de la loi de 1887, voir Hurel 2007, 87-108.
  19. Guégan 1874 ; Guégan 1880.
  20. Morinière 2022, 104-106.
  21. Tel que Paul Guégan se définit, dans sa lettre du 12 juin 1875. MAN, centre des archives, fonds de correspondance ancienne, dossier P. Guégan.
  22. Elle sera abrégée en Monographie dans la suite de cet article.
  23. Rafowicz 2016-2017, 178-179.
  24. Au total, 177 sites ou indices de site bénéficient d’une documentation graphique. Celle-ci concerne en premier lieu les objets. Les vues de sites sont assez fréquentes, tandis que les cartes donnent un aperçu micro-régional qui permet de dépasser le cloisonnement communal des fascicules. Les relevés en plan sont généralement accompagnés de coupes. Les rares coupes géologiques concernent essentiellement l’arrondissement de Versailles, et révèlent l’attention particulière de P. Guégan à l’environnement de son terrain d’exploration. Seulement six vues restituent l’utilisation historique du site et permettent d’entrer dans l’imaginaire de l’auteur, empreint des principales idées reçues sur la Préhistoire au XIXe siècle.
  25. Guégan, P. [s.d.] : Antiquités du département de la Seine et ses environs immédiats,fascicule manuscrit. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/10.
  26. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/1 à 2019004/11.
  27. Guégan, P. [1891] : Les Antiquités du département de Seine-et-Oise, deux volumes manuscrits reliés. Archives départementales des Yvelines, J 3875 (1 et 2). Guégan, P. (1890) : L’arrondissement de Pontoise depuis les temps géologiques jusques et y compris l’époque Mérovingienne, volume manuscrit relié. Archives départementales du Val-d’Oise, 1F158. Guégan, P. (1889) : Les environs de Paris depuis les temps Géologiques jusques et y compris l’époque Mérovingienne. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/11.
  28. MAN, centre des archives, fonds Paul Guégan, 2019004/1-2019004/9. Le fonds comprend également quelques fascicules transversaux sur le département de la Seine et ses environs immédiats, qui n’ont pas été intégrés dans cette étude.
  29. Peek 1975, Bailloud 1979, Gaucher 1981, Toussaint 1951, Roblin 1971.
  30. Peek 1975, 10-11.
  31. Hurel 2007, 89. A. Hurel y voit une des raisons majeures pour le développement des sociétés savantes et l’augmentation du nombre d’archéologues amateurs.
  32. Guégan 1874, 393-394.
  33. Il convient d’exclure du propos les dragages des cours d’eau, qui se concentrent logiquement dans le fond de la vallée de la Seine.
  34. Contrairement à l’Atlas des unités paysagères de l’Institut Paris Région, les plateformes du Vexin et de la Plaine de France ont été distinguées, tout comme celles de la Brie et du Mantois, afin de percevoir les différences entre l’est et l’ouest du département de la Seine-et-Oise.
  35. Locht et al. 2006.
  36. Mohen 1977.
  37. Roblin 1971.
  38. Jouys Barbelin et al. 2020.
  39. La découverte est relayée dans la Revue archéologique et dans le Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France.
  40. Sur la proximité des géologues et archéologues dans l’émergence des sciences préhistoriques, voir Hurel & Coye 2011 et plus particulièrement, sur la démarche de J. Boucher de Perthes, Hurel & Coye 2011, 22-28.
  41. Boucher de Perthes 1864 (vol. 3), 96.
  42. Guégan 1878, 12.
  43. Guégan 1878, 5.
  44. Mortillet 1873. P. Guégan prend position contre G. de Mortillet dans la séance de la Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise du 18 janvier 1883. Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise (1883), 25.
  45. Lubbock 1867, 3.
  46. Mortillet 1872.
  47. Lejars 2015, Olivier 2016.
  48. Bertrand 1863, 220.
  49. Mortillet 1883, 584.
  50. Chaline 1998. Il est possible de mentionner également le débat qui oppose les tenants d’une intervention de l’État dans la recherche de vestiges archéologiques et les défenseurs des archéologues amateurs au Congrès international d’archéologie et d’anthropologie de 1889, Hurel 2009, 73.
  51. Anonyme 1887.
  52. Montel 2009.
  53. Sans revenir sur les objets et le site archéologique, il reste difficile de proposer une révision de l’interprétation fonctionnelle des indices de la Monographie. Elle n’est possible qu’au cas par cas, en comparaison avec la documentation archéologique actuelle.
  54. Abert 2006, 119.
  55. Kaeser 2006.
  56. Barranger 1864.
  57. Testart 2013.
  58. La révision chronologique et fonctionnelle de chaque site mentionné dans le fonds P. Guégan a été réalisée en collaboration avec Léonard Dumont, Kévin Charrier, Chloé Chaigneau et Héloïse Frébault – que nous remercions chaleureusement ici. Quand la documentation le permettait, une nouvelle datation a été proposée à partir de la description des vestiges et des planches aquarellées de mobilier archéologique. Ce travail se heurte néanmoins au caractère lacunaire d’un certain nombre de notices.
  59. Aucun site attribué au Mésolithique n’a pour l’instant été identifié.
  60. Nous remercions Béatrice Bouet-Langlois (SRA Île-de-France) qui nous a aidées dans cette démarche.
  61. Berranger 2014.
  62. Bauvais et al. 2016, 419.
  63. [en ligne] https://archives.musee-archeologienationale.fr/index.php/monographie-des-monuments-megalithiques-et-des-objets-travailles-par-lhomme-aux-temps-prehistoriques-dans-le-departement-de-seine-et-oise [consulté le 22/04/2024].
ISBN html : 978-2-35613-552-0
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EAN html : 9782356135520
ISBN html : 978-2-35613-552-0
ISBN pdf : 978-2-35613-554-4
ISSN : 2741-1508
20 p.
Code CLIL : 4117; 3494;
licence CC by SA

Comment citer

Morinière, Soline, Quatrelivre, Carole, “Mémoire retrouvée de l’archéologie francilienne : la carte archéologique de Paul Guégan (1863-1892)”, in : Cicolani, Veronica, Lorre, Christine, Hurel, Arnaud, dir., Le printemps de l’archéologie préhistorique. Autour de Gabriel de Mortillet, Pessac, Ausonius Éditions, collection DAN@ 11, 2024, 197-216 [en ligne] https://una-editions.fr/memoire-retrouvee-de-larcheologie-francilienne [consulté le 17/07/2024]
doi.org/10.46608/DANA11.9782356135520.15
Illustration de couverture • • Gabriel de Mortillet, excursion aux carrières de Chelles (Seine-et-Marne) en 1884 (Fonds photographique ancien, fondation Institut de paléontologie humaine, Paris)
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