Sommaire •••
1• Début de l’histoire …
2• La question de l’emprisonnement
3• Création du pénitencier Saint-Jean, maison de correction pour jeunes détenus, 1837
3.1• Le traité
3.2• 6 mars 1837 : ouverture du pénitencier Saint Jean
3.3• Un financement difficile
4• Le fonctionnement du pénitencier Saint-Jean, « maison de correction de jeunes détenus »
4.1• D’un point de vue judiciaire
4.2• Régime intérieur du Pénitencier
4.3• Surveillance et évasions
5• Les garçons prévenus
5.1• Origine des garçons prévenus
5.2• Les motifs de l’incarcération
5.3• La personnalité du jeune
5.4• L’école et la formation
5.5• La santé
6• Les garçons détenus
6.1• L’emploi du temps
6.2• Les punitions
6.3• L’avis du Conseil général en 1848
6.4• Les jeunes libérés
7• L’abbé Buchou créateur de la colonie agricole Saint-Louis
7.1• Action de l’abbé Buchou
7.2• Du pénitencier industriel à la colonie agricole pénitentiaire de Saint-Louis
8• La mise en cause de la gestion de l’abbé Buchou
9• La fermeture de la maison d’éducation correctionnelle
10• Le pénitencier Sainte Philomène pour les filles 1838
10.1• Création du pénitencier Sainte Philomène pour les filles 1838
10.2• Le fonctionnement
10.3• Les filles prévenues
11• Quelles sont les raisons de l’échec de la maison d’éducation correctionnelle de Bordeaux ?
11.1• Une première cause de l’échec : le problème financier
11.2• Une deuxième cause : les difficultés de la gestion éducative des garçons détenus
11.3• Une troisième cause : le leurre politique de la solution agricole
11.4• La cause principale : bouc émissaire d’un conflit de pouvoir
12• Conclusion
13• Annexes
14• Bibliographie
Résumé •••
Auteur de deux monographies sur la prise en charge des enfants abandonnés à Bordeaux parues à la MSHA, Bernard Allemandou, pédopsychiatre, s’intéresse ici au sort réservé aux enfants pauvres auteurs de délits. Le pénitencier de Saint-Jean créé en 1837 pour les garçons mineurs, et celui de Sainte-Philomène l’année suivante pour les filles, étaient nés du défaut du système d’incarcération pratiqué à l’époque où les enfants n’étaient pas séparés des détenus adultes.
En s’appuyant sur les documents conservés aux archives municipales de Bordeaux et aux archives départementales de la Gironde, l’auteur décrit le fonctionnement de ces deux institutions qui fonctionneront jusqu’en 1870. Devant l’échec de l’État à créer des établissement spéciaux, l’initiative privée est avantageusement encouragée, laissant cette prise en charge aux ecclésiastiques qui, faisant « œuvre de charité » entendent donner une instruction aux mineurs où « ils apprendraient à connaître, à servir, à craindre et surtout, à aimer Dieu ».
Des pénitenciers aux colonies agricoles, Bernard Allemandou dresse ainsi le portrait d’une société bordelaise partagée entre la nécessaire et salvatrice charité chrétienne de l’époque et la peur de ces enfants délinquants qui doivent vivre dans des bâtiments inconfortables au financement aléatoire, avec une éducation sommaire, une alimentation incomplète.
Abstract •••
Author of two monographs on the care of abandoned children in Bordeaux published by the MSHA, Bernard Allemandou, child psychiatrist, focuses here on the fate of poor children who commit crimes. The Saint-Jean penitentiary, created in 1837 for minor boys, and the Sainte-Philomène penitentiary the following year for girls, were born of the flaw in the incarceration system practised at the time, where children were not separated from adult prisoners.
Based on documents kept in the municipal archives of Bordeaux and the departmental archives of the Gironde, the author describes the functioning of these two institutions, which operated until 1870. Given the failure of the State to create special establishments, private initiative was encouraged, leaving this task to the clergy, who, as a “work of charity”, intended to give instruction to minors where “they would learn to know, to serve, to fear and above all, to love God”.
From the penitentiaries to the agricultural colonies, Bernard Allemandou thus paints a portrait of a Bordeaux society torn between the necessary and saving Christian charity of the time and the fear of these delinquent children who had to live in uncomfortable buildings with uncertain financing, with a summary education and incomplete food.