Introduction
L’état actuel de notre connaissance des monuments grecs allié aux techniques d’imagerie 3D nous permet de reconstituer de nombreux édifices dans leur intégralité en ne laissant que peu de place à la spéculation. Toutefois leur fréquentation, leur mode de fonctionnement et les réseaux de circulation qui les animaient échappent encore pour beaucoup à notre compréhension. L’un des éléments nous livrant quelques indices sur ces questionnements, largement oublié dans l’étude de l’architecture grecque, a été la clôture d’entrecolonnement. Détectable uniquement grâce aux traces qu’elle a laissées, elle s’avère être néanmoins une composante importante, si ce n’est essentielle, de l’édifice. Bien connues dans les études du XIXe siècle et souvent représentées, les clôtures furent plus souvent ignorées au XXe siècle. Il en résulte une vision faussée de monuments grecs aux colonnades intégralement et systématiquement ouvertes. Or, dans un certain nombre de cas, il s’avère que le stylobate et les colonnes de certains de ces bâtiments présentent des traces d’installation de ces clôtures. Celles-ci avaient déjà été relevées et correctement interprétées par les archéologues, mais non exploitées. Elles sont par ailleurs attestées par des sources épigraphiques, en particulier les comptes de construction.
Cet article a pour objectif de proposer une réflexion sur les formes que prennent ces clôtures et l’accessibilité tant visuelle que physique qu’elles conditionnent dans le temple1. Pour cela, il nous faudra définir au préalable le vocabulaire technique français et grec associé à ces dispositifs. Nous avons identifié, parmi les temples grecs connus de Grèce continentale et des Cyclades2, dix-huit sites (fig. 1)3 dont les vestiges archéologiques nous ont permis de déterminer la présence de clôtures extérieures (fermant une partie de la péristasis, le pronaos et/ou l’opisthodome)4. Ce recensement a donné lieu à une typologie et nous a permis de constater une grande disparité des plans et dates de construction des bâtiments concernés, preuve que la clôture d’entrecolonnement n’est caractéristique ni d’une époque ni d’un type de temple. Leur existence semble donc avoir été liée à l’emploi que l’on faisait de l’édifice et aux cultes qui s’y pratiquaient.
Vocabulaire technique et typologie
Vocabulaire
Aucune synthèse sur les clôtures d’entrecolonnement n’ayant été réalisée5, il en résulte un flottement dans la terminologie. De plus, le vocabulaire français ne correspond pas aux réalités architecturales grecques. Nous proposons donc une redéfinition des termes français afin de les adapter aux structures identifiées6. Dans un second temps nous présenterons les termes grecs qui y afférent.
Le terme de clôture est extrêmement général et s’applique à tout type d’objet ou dispositif visant à fermer un espace, mais traduit également l’action de clore cet espace. En revanche l’expression “clôture d’entrecolonnement” désigne spécifiquement une structure fixe ou mobile7, pleine ou ajourée8, reliant deux supports verticaux de l’édifice (colonnes, antes, parastades, etc.). Une clôture d’entrecolonnement fixe et pleine peut aussi être appelée cloison9. Il existe également un type de clôture mixte, à la fois pleine et ajourée : le mur bahut. Il s’agit d’un muret – qui par définition se trouve à hauteur d’appui – surmonté d’une structure ajourée. Quand elles sont de hauteur supérieure à la taille humaine, les clôtures d’entrecolonnement peuvent comporter une imposte qui clôt alors l’entrecolonnement jusqu’au soffite.
La clôture d’entrecolonnement est à distinguer de la barrière qui est une structure possédant au moins un support intermédiaire n’appartenant pas à l’édifice. La barrière peut également être une structure indépendante refermée sur elle-même qui ne prend pas appui sur une partie verticale de l’édifice.
Il ne semble pas avoir existé de terme unique pour désigner la clôture d’entrecolonnement. Le vocabulaire varie d’un site à un autre – voire d’un monument du même site à un autre – empêchant toute certitude quant au type de clôture désigné. Ainsi le verbe diaphrassô est-il employé à plusieurs reprises à propos du Grand Temple d’Apollon de Délos pour renvoyer de manière indirecte aux clôtures10. On traduit littéralement ce verbe par “dresser une barrière en travers”11. Des noms de la même famille ont également été employés : le terme diaphragma pour le temple d’Artémis à Délos12 et le terme de phragmos à Delphes13, entre autres variations. Phragmos véhicule l’idée de clore et le préfixe dia- renforce l’idée d’une liaison entre deux supports verticaux. Au Grand Temple d’Apollon, les clôtures dont la mise en place est désignée par le terme diaphrassô furent remplacées cinq ans plus tard par des proénémides turai dont la localisation est parfois précisée14. La raison quant au changement de terme demeure incertaine : différence morphologique, évolution du vocabulaire, auteur du texte différent ? Ce dont on peut être sûr concernant les proénémides turai, c’est qu’elles étaient mobiles puisqu’il s’agit de turai, de “portes”. Le terme “proénémides” signifie “contre-vent”, ce qui confirme que ces clôtures étaient bien extérieures et l’on peut supposer que, leur fonction étant de bloquer le vent, elles étaient probablement pleines. Le terme est donc plus précis que phragmos et ses dérivés, mais ne se rencontre que pour ce monument.
On rencontre à Épidaure une autre expression renvoyant à des clôtures d’entrecolon-nement : dia stylon thuromata15. Elle indique qu’il s’agit de clôtures mobiles placées entre des supports verticaux, mais ne renseigne pas sur le caractère plein ou ajouré.
À Délos se trouve un autre terme employé fréquemment désignant des clôtures d’entrecolonnement : kigklis, et sa variante attique kinklis16 Ce mot est employé tant pour des clôtures d’entrecolonnement que pour des barrières intérieures. Dans ce dernier cas, il est souvent associé à truphaktos qui désigne également une barrière. La présence des deux termes indique vraisemblablement que l’un était fixe et l’autre mobile. Or, plusieurs occurrences font état d’un truphaktos en pierre et d’une kigklis en bois. En outre, la kigklis étant toujours consi-dérée comme une partie du truphaktos17 il est fort probable que le terme serve alors à désigner la portion mobile, que l’on peut également qualifier de “portillon”, de la barrière. À l’Héraion B de Délos, il est fait mention dans les inventaires de deux kigklides dans le prodomos18, mais l’on ignore s’il s’agit de clôtures d’entrecolonnement19 ou de la grille d’avant-porte à deux battants du naos20. Les clôtures d’entrecolonnement n’étant habituellement pas citées dans les inventaires et le caractère exceptionnel de la grille d’avant-porte nous incitent à privilégier la deuxième interprétation. Les clôtures d’avant-porte étaient très certainement des grilles, puisqu’un tel dispositif n’aurait pas de sens avec des panneaux pleins21. Cette supposition est confortée par un terme éleusinien : les thurokinklides22. Dans ce mot, thura indiquant déjà le caractère mobile de l’objet, kinklis doit apporter une information supplémentaire, sans doute le caractère ajouré de la porte. Le dispositif peut alors être qualifié de “porte grillagée”. Kigklis est traduit de manière quasi systématique par “grille”. Or, excepté ces deux exemples, aucune indication, dans les textes épigraphiques comme littéraires, n’apporte la confirmation du caractère ajouré.
Matériaux
L’absence de vestige de clôture – en dehors de la partie inférieure des murs bahuts et des seuils rapportés en pierre – a conduit à diverses interprétations quant aux matériaux utilisés. Les deux hypothèses envisagées ont été des clôtures en métal – uniquement des grilles dans ce cas là – ou en bois. La première s’appuie uniquement sur des vestiges et représentations romaines (fig. 2) dont la connaissance, antérieure aux découvertes des monuments grecs, semble avoir beaucoup influencé les restitutions de ces éléments23. Toutefois, aucun vestige de barreau métallique n’a été retrouvé dans un temple ou à proximité et les mortaises pour les fixations de ces clôtures ne présentent pas de trace d’oxydation. Cette absence tend donc à supposer un système de fixation et un châssis en bois.
A contrario, l’utilisation du bois est attestée par un certain nombre de documents épigraphiques. En effet, les comptes de construction mentionnent les clôtures dans la liste des réalisations des mêmes artisans qui fabriquent les vantaux de la porte principale ou d’autres éléments en bois et qui sont donc spécialisés dans la menuiserie24. Enfin, le poissage récurent qu’elles subissent semble également indiquer qu’elles étaient en bois25.
Typologie
Les clôtures d’entrecolonnement peuvent être réparties en deux grandes catégories : les fixes et les mobiles. Elles se distinguent par leur mode de fixation26.
Parmi les clôtures fixes, le mur bahut des entrecolonnements latéraux du pronaos de l’Héraion B de Délos27 (fig. 3a) reste à ce jour un hapax. Il est identifié grâce à des fragments retrouvés in situ (fig. 3b) et aux traces présentes au stylobate et sur les colonnes de l’édifice28.
Le stylobate présente une bande lisse en avant de l’axe des colonnes indiquant l’emplacement du muret. Les colonnes, quant à elles, comportent plusieurs traitements (fig. 3c) : la surface, en poros non cannelé29, alternent zones piquetées en saillie et zones lisses. Le muret s’appliquait contre la zone lisse la plus large des tambours inférieurs. Au-dessus, une bande en saillie piquetée correspond au châssis en bois de la clôture qui reposait sur le mur. Elle est également dotée de mortaises carrées destinées à la fixation du cadre. Enfin, au sommet des colonnes, toujours dans cette bande en saillie, des mortaises circulaires, plus petites, ont dû servir à la fixation d’une imposte.
Les autres clôtures fixes recensées étaient intégralement en bois et placées directement sur le stylobate ou sur une base rapportée en pierre insérée entre les supports verticaux. Le seul exemple avéré de ce dernier cas de figure se trouve dans le temple d’Athéna Nikè30. La présence d’une base rapportée – qui n’a pas ailleurs pas été retrouvée – entre les colonnes extérieures de la prostasis et les antes est attestée par une zone dépourvue de moulure sur la base des deux supports. Au-dessus prenait place la clôture, fixée aux parois latérales par des tenons insérées dans des mortaises toujours visibles. Les clôtures sans base rapportée étaient fixées uniquement aux support verticaux. C’est d’ailleurs l’absence de trace au stylobate qui, sur un même site, permet de distinguer les entrecolonnements pourvus de clôtures fixes de ceux à clôtures mobiles.
En effet, si une clôture fixe peut être seulement maintenue latéralement, une clôture mobile nécessite une fixation au sol, que ce soit directement dans le stylobate qui sert alors de seuil ou dans un seuil rapporté.
Une clôture mobile fonctionne comme une porte. Elle comporte un chambranle en bois fixe – appelé aussi bâti dormant –, composé de trois ou quatre éléments : deux montants, un linteau et éventuellement un seuil. Les montants s’encastrent dans le support inférieur, qu’il s’agisse du stylobate ou du seuil. Les battants, toujours doubles, pivotent en bas dans une crapaudine et en haut dans un bourdonneau et viennent souvent buter contre une feuillure. La crapaudine peut être directement taillée dans le seuil ou le stylobate et prend une forme circulaire (fig. 5)31. Elle peut également être en bronze rapporté et s’insère alors dans une mortaise quadrangulaire. Le bourdonneau était, lui, toujours fixé au linteau32.
Sur le plan inférieur se trouvent nécessairement cinq mortaises minimum33. Deux correspondent à la fixation des montants, deux autres aux crapaudines et la dernière pour la gâche. Le stylobate peut faire office de seuil et comporter toutes ces mortaises. S’il en comporte une à trois seulement, cela signifie qu’un demi-seuil, en bois ou en pierre, était inséré entre les supports verticaux. Le demi-seuil en pierre est détectable grâce au traitement de surface du stylobate, sous la forme d’une bande travaillée différemment, et parfois sur les supports verticaux par une bande d’anathyrose34 ou une cavité d’encastrement, comme c’est le cas à l’Héraion de Délos (fig. 3d) ou dans deux temples de Messène35 (fig. 6a et 6b). La seule mortaise sur le stylobate est alors celle de la gâche. Dans les cas où se rencontrent trois mortaises, les deux mortaises quadrangulaires proches des supports verticaux sont à interpréter différemment selon leur position par rapport à l’axe de ces derniers. Des mortaises dans l’axe, et le cas échéant alignées dans l’alignement des mortaises des supports, serviraient à la fixation d’un demi-seuil en bois36. Si en revanche ces mortaises sont désaxées vers l’arrière, elles correspondent plutôt à des mortaises de crapaudines37. La partie inférieure du chambranle aurait alors consisté en une simple traverse dans laquelle s’inséraient les montants. La mortaise centrale peut être interprétée comme une mortaise de gâche dans les cas où elle est désaxée par rapport aux supports et comme une fixation supplémentaire pour le seuil rapporté si elle est alignée. Enfin, l’absence de mortaise au stylobate indique un seuil rapporté complet.
Selon les cas, les seuils et demi-seuils rapportés sont apposés ou encastrés dans les structures verticales attenantes. Dans le premier cas, ils s’adaptent alors à la forme du support voisin (fig. 3d). Le seuil entre la colonne et l’ante d’un pronaos se retrouve ainsi avec un côté droit et un autre creusé en arc de cercle38.
Les montants étaient fixés au seuil et aux supports verticaux au moyen d’un système de tenons, chevilles et mortaises. Généralement, les mortaises des supports verticaux prennent la forme de petites incisions rectangulaires verticales, auxquelles s’ajoutent parfois des mortaises circulaires. Ces mortaises nous renseignent sur la hauteur des clôtures, qui montaient au minimum jusqu’au collier du chapiteau (fig. 9b).
Il est fort probable que les battants n’atteignaient pas la hauteur totale de la clôture, mais étaient complétés par une imposte. La transition entre ces deux éléments est parfois repérable par un changement de taille des mortaises correspondant à la fixation du linteau des portes.
Clôture et circulation
La clôture est un niveau de fermeture qui s’ajoute à celui de la porte. Il est à noter qu’il s’accole à une structure, la colonnade, qui est à l’origine conçue pour être ouverte.
Néanmoins, plusieurs éléments semblent indiquer que les clôtures étaient prévues dès la construction du bâtiment, ce qui signifie que la colonnade dans ces monuments n’a jamais été destinée à être libre.
Ainsi, le temple d’Athéna Nikè (fig. 4), dont la cella distyle in antis est fermée par une clôture d’entrecolonnement, présente pour les entrecolonnements latéraux des blocs constituant à la fois la base des parastades et le seuil des clôtures. Le seuil médian39, quant à lui, s’encastrait dans les bases de parastades, ce qui impliquait qu’une de ces deux bases fût mise en place après lui. À Bassae40 (fig. 7), la forme des seuils rapportés dont les côtés s’adaptaient aux colonnes cannelées41 rend indispensable la mise en place successive des seuils et des supports. Il aurait été en effet hasardeux d’intégrer le seuil une fois les colonnes placées sans les abîmer. Une preuve supplémentaire est apportée au niveau de l’entrecolonnement central où deux mortaises de goujons ont été retrouvées42. Seule celle de l’ouest présente un canal de coulée tandis que l’autre comportait un goujon scellé à jour. La logique de construction veut donc que les blocs de seuil et les bases des antes et colonnes aient été disposés d’ouest en est.
Nous avons vu que nous pouvions distinguer deux types de clôtures, qu’elles soient à panneaux pleins ou ajourés : les fixes et les mobiles. Les fixes empêchent tout passage de manière définitive, tandis que les mobiles permettent de contrôler l’accès, que ce soit pour des évènements particuliers ou une catégorie de population spécifique.
Les données archéologiques et épigraphiques ne nous permettent pas toujours de déterminer le caractère plein ou ajouré des clôtures. C’est l’interprétation de l’utilisation des espaces qui permet d’émettre des hypothèses. Nous en présenterons quelques-unes au cours de notre développement. Celui-ci se fera selon les parties du temple où se rencontrent les clôtures.
L’espace le plus couramment doté de clôtures était le pronaos. Ainsi quatorze édifices sur les dix-huit recensés présentant des clôtures en avaient au moins au pronaos (fig. 1).
Les traces retrouvées indiquent que, à l’exception de celles de l’Héraion de Délos, les clôtures du pronaos étaient toutes mobiles. Ce système polyvalent, rendant l’espace tantôt ouvert, tantôt fermé, pouvait s’adapter aux besoins et occasions. En effet, plusieurs configurations d’ouverture étaient alors possibles : pronaos et cella fermés, pronaos ouvert et cella fermée, pronaos fermé et cella ouverte ou encore pronaos et cella ouverts. Cette possibilité de variation montre que le temple devait vraisemblablement avoir plusieurs usages.
Puisqu’il semble que les clôtures étaient prévues dès le départ, l’idée qu’elles aient été construites pour palier un trop plein d’offrandes dans la cella est fausse. Ceci ne signifie pas que l’on n’y plaçait pas d’offrande. Au contraire, il pouvait s’agir d’un moyen de rendre visibles certains objets si les clôtures étaient ajourées — bien qu’aucune preuve archéologique ne le corrobore. L’intérêt de fermer le pronaos aurait alors été d’en faire un espace d’exposition plus lumineux que la cella et accessible au regard même lorsque cette dernière était fermée.
Cette utilisation est attestée à l’Héraion B de Délos (fig. 3a). La présence des murs bahut dans les entrecolonnements latéraux imposait le passage par la travée médiane dotée d’une clôture mobile, octroyant ainsi un gain de place dans le pronaos. Ceci rendit possible l’installation de banquettes en pierre à l’arrière des murs bahuts43. Les inventaires de ce temple indiquent que le pronaos comportait des offrandes qui étaient vraisemblablement exposées sur ces banquettes44. Pour des raisons de visibilité, on suppose que la clôture mobile était grillagée et qu’au-dessus des murs bahuts se trouvaient des grilles en bois sur châssis fixe. Cependant, on devait pouvoir parfois pénétrer dans le pronaos puisque la porte de la cella était doublée d’une grille à l’avant. Ce double système aurait été inutile si le pronaos n’avait jamais été accessible. On ignore en revanche à quelle fréquence la porte du pronaos était ouverte.
Quatre édifices possèdent un opisthodome clôturé. Trois d’entre eux ont avec certitude un pronaos également clôturé. Les vestiges du pronaos du dernier, l’Héraion d’Olympie45, ne sont pas suffisamment bien conservés pour attester de la présence d’une clôture. Cela n’exclut pas la possibilité qu’il en ait eu une.
Ces quatre cas présentent chacun des spécificités.
L’Héphaïstéion d’Athènes46 (fig. 8) présente un opisthodome mieux conservé que le pronaos et c’est la similarité des éléments restant qui nous a permis de restituer le type de clôture, à l’avant comme à l’arrière. Il s’agit de trois paires de clôtures mobiles, assimilées à des portes. Au dispositif de clôture s’ajoutait un système permettant de maintenir les battants ouverts ou de butée permettant de protéger les arrêtes des colonnes, dont il ne reste que les mortaises. On observe un dispositif similaire au Parthénon47. Il semble indiquer que toutes les portes pouvaient être ouvertes en grand. La fermeture de l’opisthodome et la présence de mortaise d’encastrement rendent fort probable l’existence d’objets exposés que l’on voulait protéger. La possibilité d’ouvrir en grand les portes, indique toutefois qu’en certaines occasions on avait besoin d’un accès total à cet espace. On peut imaginer un cérémonial lié à la dédicace d’offrandes. Les enjeux sont probablement les mêmes pour le pronaos, auxquels s’ajoute la problématique de l’accès tant physique que visuel au naos.
Le temple d’Apollon à Délos (fig. 9a) était également pourvu de clôtures mobiles au pronaos comme à l’opisthodome. Nous disposons pour ce site de données archéologiques et épigraphiques48 qui se complètent, ce qui nous permet de mieux cerner la nature des clôtures. En effet, comme nous l’avons mentionné plus haut, une partie au moins de celles-ci est appelée proénémides turai ce qui signifie qu’elles jouaient un rôle de protection face aux vents. Il s’agissait donc vraisemblablement de clôtures pleines. L’utilisation du pluriel et l’absence de mention d’un autre type de clôture dans les comptes et inventaire donne à penser que toutes les clôtures étaient mobiles. Un élément irrégulier a toutefois posé un problème d’interprétation aux chercheurs l’ayant étudié49. Il s’agit d’un tambour de base de colonne attribué au pronaos ou à l’opisthodome dont deux des plans verticaux opposés présentent un refouillement, mais de largeur différente (fig. 9c). À cela s’ajoute des mortaises de tailles différentes et placées de chaque côté de manière non symétrique. Ces éléments indiquent que les clôtures latérales et centrales n’étaient pas les mêmes. Cela peut signifier que l’une des clôtures, vraisemblablement celle du centre, était plus massive.
Le caractère plein que l’on prête à ces clôtures empêche l’accessibilité visuelle au pronaos et aux objets qu’il pouvait contenir lorsque les battants étaient fermés.
L’opisthodome du temple II d’Aphaia (fig. 10a) est un autre cas particulier50. Il présente en effet un ensemble de mortaises différent de ceux du pronaos, laissant supposer deux types distincts de clôtures. Le pronaos possèdent au stylobate des mortaises qui permettent de restituer des portes. Celles-ci sont absentes de l’opisthodome et les premières mortaises des colonnes ne sont pas les mêmes (fig. 10b). L’ensemble incite à y restituer des clôtures fixes. Cette idée est corroborée par la présence d’une porte dans le mur arrière de l’opisthodome qui permettait la communication avec le naos et dont l’existence n’a de sens que si l’opisthodome n’est pas accessible depuis l’extérieur. Le plan du sèkos auquel on aboutit rappelle alors celui du temple I (fig. 11) qui possédait à l’arrière du naos un adyton complètement fermé. Nous pensons pour cette même raison que la clôture de l’opisthodome avait été prévue dès le départ et indique une perpétuation d’une pratique, probablement en lien avec le culte51.
L’adyton du temple 1 était un espace fermé, la clôture de l’opisthodome qui le reproduit était donc très probablement pleine, constituant ainsi un obstacle à la fois physique et visuel.
L’interprétation des traces archéologiques de l’Héraion III d’Olympie peuvent conduire à la même hypothèse. En effet, les fondations des temples précédents semblent indiquer la présence d’un adyton là où prendra place l’opisthodome du temple III52.
Le dernier espace où se rencontrent des clôtures d’entrecolonnement est la péristasis. Ce cas est rare, il n’est attesté que sur trois édifices : le temple II d’Aphaia à Égine, le temple sud de Kalapodi et le temple de Callipolis (Étolie). Par ailleurs, cette fermeture peut concerner l’intégralité du péristyle ou seulement une partie. La différence de traitement du stylobate indique dans les trois cas que certains entrecolonnements étaient pourvus de clôtures mobiles et d’autres fixes.
Ainsi, à Égine (fig. 10a), les clôtures étaient placées sur les trois entrecolonnements médians de la façade hexastyle nord-est (fig. 10c) et entre les antes du pronaos et la deuxième et la cinquième colonne. Les clôtures entre antes et colonnes n’ont pas de mortaise au sol, ce qui les différencient des clôtures de façade où l’on recense des mortaises de crapaudines et de gâche. L’existence des premières est néanmoins attestée par la présence de mortaises dans les colonnes pour la fixation d’un bâti dormant (fig. 10d). On peut en déduire qu’il y avait deux types de clôtures : mobiles en façade et fixes sur les retours. Ces dernières interrompent l’aspect déambulatoire de la péristasis. Les longs murs du sèkos se trouvent prolongés, rendant cet espace accessible uniquement par l’avant.
La clôture de la péristasis créé un espace fermé supplémentaire, mais qui est inadapté au stockage d’offrandes qui encombreraient le passage.
Comme pour son opisthodome, la raison de la clôture de la péristasis est peut-être à chercher dans le plan du premier temple d’Aphaia53 (fig. 11). Dans celui-ci, la clôture intégrale de la prostasis, formant en plan un Π est reprise par la du péristyle du temple II. Ce schéma n’étant pas le seul possible pour une colonnade de péristasis, ce rappel paraît donc volontaire et réfléchi.
L’autre caractéristique de la clôture du premier temple est sa position en façade, qui la rend visible depuis l’extérieur. Cette qualité ne pouvait être remplie par les clôtures du pronaos du temple II. En effet, ces dernières n’étaient pas clairement visibles depuis l’extérieur du temple à cause de leur position en retrait et de la présence de la colonnade de façade, au contraire des clôtures de la péristasis. On peut en déduire que les portes de façade avaient probablement un rôle dans la mise en scène du culte, déjà joué par la façade prostyle du temple I.
Dans ce cas-là, pourquoi clôturer le pronaos ? On peut y voir une emphase de la mise en scène, mais aussi peut-être un espace d’exposition des offrandes comme dans les autres cas de pronaos clôturés. De la même manière, nous y restituons donc des clôtures ajourées. Les mortaises étant les mêmes en façade de la péristasis, on suppose que ces clôtures étaient identiques.
Le temple Sud archaïque de Kalapodi54 comportait également des clôtures au péristyle (fig. 12). On y restitue des clôtures mobiles en façade et fixes sur les longs côtés selon un système mixte similaire à celui d’Égine. En effet, les stylobates des façades est et ouest comportent (le stylobate comporte aux extrémités est et ouest) trois mortaises par entrecolonnement, alignées dans l’axe des colonnes. Pour cette raison, on peut exclure leur identification comme mortaises de crapaudines et de gâche comme c’était le cas à Égine. On aurait plutôt affaire à un bâti dormant dont la partie inférieure fixée au stylobate jouait le rôle de seuil et accueillait mortaises de crapaudines et de gâche. Les mortaises de l’entrecolonnement central des deux façades sont de plus grande taille, sans doute pour l’installation d’une porte plus massive, comme on le suppose au Temple d’Apollon de Délos. Les longs côtés du péristyle ne présentent pas de mortaises au stylobate55 qui indiquerait une installation similaire. Cependant, une fermeture du péristyle seulement sur deux côtés semblerait curieuse et peu utile. On suppose donc, sur le modèle d’Égine, un autre type de clôture, fixe cette fois, l’absence de mouvement ne nécessitant pas une fixation aussi importante que pour les clôtures mobiles. Toutefois, l’absence de vestige de colonne ne permet pas de corroborer cette hypothèse.
Le temple de Callipolis (fig. 13) est dans une configuration semblable56. L’édifice, périptère pentastyle, comportait en outre une colonnade axiale dans le sèkos selon un plan semblable à celui du temple C de Thermos. La largeur du sèkos correspondait à deux entrecolonnements de façade. Seule la moitié ouest du stylobate de la façade principale sud est conservée. Or, le stylobate de l’entrecolonnement central conservé est travaillé à la manière d’un seuil. Par symétrie, nous restituons un arrangement identique au deuxième entrecolonnement central. Les colonnes étaient en bois, elles n’ont donc pas été conservées, mais comme à Kalapodi, il aurait été étonnant de placer des portes en façade du péristyle si les autres entrecolonnements n’étaient pas fermés. Nous restituons donc des clôtures fixes, en l’absence de toute autre trace au stylobate, sur le reste de la péristasis.
Pour en revenir à Kalapodi, la raison de l’existence des clôtures peut être imputée à la faible taille du naos qui aurait nécessité un espace d’exposition supplémentaire pour les offrandes. Pour que celles-ci soient visibles depuis l’extérieur et suffisamment éclairées, on peut supposer que les clôtures étaient ajourées.
Une autre caractéristique du temple qui en fait un cas unique est que ses deux façades disposaient d’une rampe. À l’est, la présence d’un autel, de la rampe la plus large et de la porte du naos semble indiquer que cette façade était la principale. Or, plusieurs éléments laissent penser que les fidèles arrivaient de l’ouest57, mais le temple est très proche du Temple Nord et borde une déclivité sur le long côté sud, rendant la façade est difficilement accessible. Par conséquent, lors des manifestations, la foule n’aurait eu d’autre choix pour atteindre la face est que de passer par la péristasis. Celle-ci aurait alors été ouverte à tous.
Il existe un cas au moins où les clôtures n’ont aucun rôle restrictif quant à l’accès physique, mais sont liées uniquement au contrôle de la visibilité de certains espaces. Il s’agit du temple d’Athéna Nikè à Athènes (fig. 4). Là, les colonnes d’angle sont reliées aux antes par une clôture fixe. On ignore si elle était pleine ou grillagée, mais dans tous les cas elle servait vraisemblablement à obstruer la vue de l’intérieur du naos depuis l’extérieur du sanctuaire, notamment depuis les propylées. Il fallait être dans l’axe du temple et donc dans le sanctuaire, pour en voir l’intérieur. Il est possible que le même effet ait été recherché à Égine avec les clôtures entre colonnes et antes.
Le temple d’Athéna Nikè est par ailleurs l’un des deux édifices dont la cella était fermée par des clôtures d’entrecolonnement, l’autre étant le Temple de Calcaire de Marmaria à Delphes58. Nous ignorons si les clôtures latérales étaient mobiles ou fixes, les vestiges n’étant pas suffisamment clairs. Quoi qu’il en soit, il s’agit dans les deux cas de temples ioniques-attiques. La raison de cette installation particulière est donc peut-être à chercher dans un souci esthétique propre à ce style architectural59. Par ailleurs, elle permettait de faire entrer une plus grande quantité de lumière qu’un mur percé d’une porte, si tant est que les clôtures étaient ajourées.
Conclusion
Les clôtures d’entrecolonnement sont une partie intégrante du plan de nombreux temples grecs. Bien qu’étant mentionnées dans les analyses des temples concernés par ces installations, elles font peu l’objet d’études comparatives et pâtissent de visions faussées quant à leur apparence. Il en résulte qu’elles ne sont que très rarement indiquées sur les plans. Dans les restitutions elles sont ou ignorées, ou mal représentées60.
Deux problèmes se posent alors dans ces restitutions. D’une part, dans le cas de clôtures mobiles, la solution représentée rend impossible la rotation des vantaux ou ne montre jamais les battants ouverts, donnant ainsi l’impression de clôtures exclusivement fixes61. D’autre part, au moins la moitié d’entre elles sont pensées – et de fait représentées – comme des clôtures en métal. Ceci est notamment dû à l’idée très répandue que le métal et la pierre étaient des matériaux plus nobles que le bois dans l’architecture et à la comparaison un peu trop hâtive avec le monde romain.
Ce manque d’intérêt pour les clôtures, alors même que leur rôle était primordial dans la maîtrise de l’espace du temple et très probablement dans la mise en scène du culte, présente le risque d’une lecture erronée des bâtiments62.
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- Yasui, N., et Ito, J. (2016) : Architectural Study of the Temple of Messene at Ancient Messene, Kyushu.
Notes
- Des clôtures d’entrecolonnement ont aussi été identifiées dans de nombreuses stoai d’agorai. Cela ne sera cependant pas l’objet de notre étude puisque leur contexte d’utilisation est différent. Des recherches sur ce sujet ont été menées par M. Dromain dans sa thèse de doctorat (Dromain 2016).
- Inventaire mené par A. Dubernet dans le cadre de sa thèse de doctorat (Dubernet 2017, fig. 1).
- La littérature et l’épigraphie attestent la présence de clôtures dans des temples supplémentaires, mais dont il ne reste aucune trace. Nous ne les mentionnerons donc pas dans cet article, mais il faut garder à l’esprit que ces clôtures étaient encore plus courantes que ce que les vestiges ne le laissent penser aujourd’hui.
- Elle pouvait se rencontrer entre les colonnes du péristyle, au pronaos ou à l’opisthodome. Leur emplacement sur chaque site connu sera précisé dans le tableau de la fig. 1.
- Les seuls articles traitant spécifiquement de ce sujet ont été rédigés par F. Courby (Courby 1910) et G. P. Stevens (Stevens 1942 et 1950). M. C. Hellmann (Hellmann 1992) s’attache quant à elle à comprendre les termes grecs sans normer le vocabulaire français qui le traduit.
- Cette normalisation a pour vocation à créer un consensus et une compréhension claire du sujet présent, ce qui n’invalide pas les terminologies précédemment utilisées.
- Nous entendons par clôture mobile une clôture dotée de battants fonctionnant comme une porte.
- Un modèle possible de clôture ajouré peut être déduit des exemplaires en marbre qui seraient des imitations pétrifiées des clôtures en bois et qui s’assimile à un treillage. Un exemple a été retrouvé à l’Isthme de Corinthe (Broneer 1971, fig. 144-147), un autre à l’abattons d’Épidaure (visible sur le site) et un aux parapets de l’étage de la stoa d’Attale II sur l’agora d’Athènes.
- Pour les clôtures maçonnées on parlera de mur-écran à partir d’une certaine épaisseur (Dromain 2016, 37 n. 120), mais ce type de dispositif ne se rencontre pas dans le corpus envisagé pour
cette étude. - IG XI 2, 159 A, l. 151. Le terme se rencontre dans le syngraphè de l’arsenal de Philon à Athènes (IG II2 1668, l. 63-64). Une variation autour de pharxis se rencontre pour la façade ouest de l’Érechthéion (IG I3 475, l. 256-257) et à plusieurs reprises pour l’Asklépiéion d’Épidaure : pharxin (IG IV2, 1, 102, col. B.I., l. 75-76), pharkhmata (IG IV2, 1, 102, col. B.II., l. 252-253).
- Hellmann 1992, 107.
- Hellmann 1992, 107. Le terme se rencontre également dans un autre type d’édifice : la salle hypostyle.
- CID II. 49 B, col. II, l. 89.
- Αἱ θύραι αἱ προηνεμίδες (IG XI 2, 165, l. 4, l. 13-14, l. 27-29) vaut pour les clôtures mobiles sans précision de l’emplacement exact, αἱ προηνεμίδες θύραι αἱ ἐν τῆι εἰσόδωι τοῦ ναοῦ (IG XI 2, 165, l. 29-30 ; ID 290, l. 144-146) vaut pour les clôtures mobiles du pronaos seul et τοῦ νεὼ τοῦ Ἀπολλωνος αἱ ὂπισθε θύραι (ID 290, l. 146-147) pour celles de l’opisthodome seul.
- IG IV2, 1, 102, col. A.I, l. 45-48, 62-64 ; col. B.II, l. 261-263.
- Que l’on rencontre sporadiquement en Attique : IG II² 4771, l. 2 et IG II² 1668, l. 65.
- Par exemple ID 1403, Bb II, l. 19-20 : τρύφακτος λίθινο[ς ἔχων ὀβελίσκους] σιδηροῦς ἕξ, ἐν ὧι ξυλίνη κιγκλὶς καὶ ἥλους σιδηροῦς ἐπὶ τοῦ τρυφά[κτου δέκα] τέτταρας.
- ID 1403, B, b, II.1, l. 6-9 ; ID 1417, A, II, l. 25 ; ID 1442, B, l. 44-46.
- Les entrecolonnements latéraux étaient clos de murs bahut, l’entrecolonnement central par une clôture mobile.
- Nous commenterons ce cas plus tard et voir fig. 3a pour le plan du monument.
- Nous détaillerons ce point ci-après pour l’Héraion de Délos.
- IG II2, 1672 (= I.Eleusis 177), col. II, a, l. 168-174, 192, 202.
- A. Fürtwängler mentionnait déjà cette tendance de ses prédécesseurs et contemporains à s’inspirer de monuments postérieurs, majoritairement romains (comme l’exemple de Prima Porta, fig. 2) et restitue des clôtures en bois au temple d’Égine (Fürtwängler 1906, 34-35).
- C’est le cas notamment du menuisier Thrasymédès à Épidaure : IG IV2, 1, 102, col. A.1, l. 45-48, qui fut chargé de la réalisation du plafond, de la porte et des clôtures ; voir également à Délos le cas du menuisier Phanéas : IG XI, 2, 165, l. 14-15 et 24-25, qui a travaillé sur les portes contre-vent et les impostes du Grand Temple d’Apollon ainsi que les plafonds du prodomos du Pôrinos Naos.
- À Délos par exemple, pour les portes contre-vent du pronaos et de l’opisthodome du Grand Temple d’Apollon : ID 290, l. 145-146 : Νεογένει ἐργολαβήσαντι το[ῦ Ἀπόλλωνος] | [νεὼ τ]ὰς προηνεμίδας θύρας ἐγ[κ]αῦσαι δραχμῶν […] Εὐέλθοντι ἐγλαβόντι το[ῦ] νεὼ τοῦ Ἀ[πό]λλωνος τὰς ὄπισθε θύρα̣[ς…
- Voir le tableau de la fig. 1 qui référence tous les exemples.
- Plassart 1928 ; Büsing 1970 ; Vallois 1978, 422 ; Fraisse & Llinas 1995, plus précisément 482-485 et fig. 712-716 ; Dromain, 2016, vol. I 267-268 et vol.II 222-223 ; Dubernet, 2017, vol. III 285-291 pour un commentaire général sur les systèmes de fermeture.
- Il faut préciser que l’anastylose des colonnes est fausse, donnant l’impression qu’elles n’ont pas la même taille. A. Plassart (Plassart 1928, 191 fig. 158-159), bien qu’ayant inversé les deux colonnes, avait su donner une appartenance aux tambours. La place des colonnes fut réajustée par R. Vallois en 1978 (Vallois 1978, 422-423) et leur orientation fut correctement établie par P. Fraisse et C. Llinas en 1995 (Fraisse & Llinas 1995, 484 fig. 6).
- Les colonnes étaient sans aucun doute stuquées à l’origine.
- Orlandos 1915 et 1947 ; Büsing 1970 ; Mark 1993 et Dubernet 2017, vol. III, 65-75.
- Sur le temple de Némésis à Rhamonte, voir Miles 1989 ; Petrakos 1991 et Dubernet 2017, vol. III, 151-158.
- Le linteau des clôtures étant en bois, cette partie n’est jamais retrouvée.
- Six lorsqu’il y avait deux gâches.
- Par exemple à l’Héphaïstéion d’Athènes. Stevens 1950, pl. 81.1 et 81.2.
- Sur le temple de Messéné : Yasuis et al. 2010 ; Yasui et Ito, 2016 et Dubernet 2017, vol. III, 531-538. Sur le temple d’Artémis Limnatis : Le Bas 1888 ; Themelis 2004 ; Themelis 2008 ; Mattern 2015 et Dubernet 2017, vol. III, 561-567.
- C’est notre hypothèse pour le temple sud de Kalapodi. Voir plan de N. Hellner pour le relevé des mortaises (Hellner 2014, fig. 10).
- C’est le cas par exemple au temple II d’Aphaia à Égine. Voir relevé dans Bankel 1993, pl. 54.
- Ce qui semble être le cas des seuils du pronaos du temple d’Apollon de Bassae, d’après les dessins de K. Haller von Hallerstein (Roux 1976, 14-16).
- Voir Orlandos 1947, 13, fig. 9.
- Roux 1976, 14-16.
- Le seuil épousait plus d’un quart du périmètre de la colonne. Ainsi, les pas des seuils étaient continus à l’arrière des colonnes. Ce type de seuil avec pas à l’arrière des portes est d’ailleurs connus uniquement à cet endroit.
- G. Roux (Roux 1961) et K. H. von Hallerstein (dans Roux 1976) attestent la présence des deux mortaises bien qu’aujourd’hui seule la mortaise ouest soit encore intacte.
- Plassart 1928, 204 ; Fraisse & Llinas 1995, 486.
- Voir notamment ID 1417 A, col. II et ID 1442 B.
- Dörpfeld, 1935 et Dubernet 2017, vol. III, 511-518.
- Stevens 1950 et Dubernet 2017, vol. III, 109-120.
- Stevens 1942.
- IG XI, 2, 159 (Courby 1910 : Arch. XVIII) ; IG XI, 165 (Courby 1910 : Arch. XXV) ; ID 290 (Courby 1910 : Arch. XLVIII).
- Pour une étude approfondie des blocs portant les traces de clôture et sur leur restitution dans le temple, voir Courby 1931, 145-168, Fraisse & Llinas 1995, 466-469 ; Dromain 2016, vol. II, 240-248 et Dubernet 2017, vol. III, 275-283.
- Fiechter 1905, Furtwängler et al. 1906 ; Bankel 1993 ; Dromain, 2016, vol. II, 194-208 ; Dubernet 2017, vol. III, 127-146.
- H. Thiersch (Thiersch 1928), H. Walter (Walter 1993), G. Gruben (Gruben 1986) et H. Bankel (Bankel 1993) justifient le désaxement de la porte par sa mise en place postérieure. Nous n’adhérons donc pas à cette théorie, d’autant que cela aurait impliqué un démontage total du mur et d’une partie au moins de la charpente. Nous pensons plutôt que des raisons pratiques en lien avec les scellements sont à l’origine de ce désaxement.
- Dubernet 2017, vol. III, 513.
- Schwandner 1985 ; Dromain, 2016, vol. II, 191-194 ; Dubernet, 2017, vol. III, 127-146.
- Voir principalement Niemeier 2013 et Hellner 2014. Dubernet 2017, vol. III, 251-261.
- À l’exception du premier entrecolonnement ouest du long côté nord qui comporte deux mortaises contre les colonnes. Cette différence ne s’explique pas à l’heure actuelle.
- Themelis 1983, pl. II.
- L’orientation des temples géométriques et la présence de la rampe à l’ouest iraient dans ce sens.
- Michaud et al. 1977 : voir un essai de restitution pl. 95 et 96 ; Bommelaer 1997 ; Dubernet 2017, vol. I. p. et vol. III, 219-227.
- Les clôtures reposaient d’ailleurs sur un demi-seuil rapporté en pierre dont les moulures prolongeaient celles des supports.
- Sur les restitutions des clôtures, voir Dubernet 2017, vol. I, 283-285.
- C’est le cas des restitutions du Temple de Calcaire à Marmaria (Michaud 1977) et du temple II d’Aphaia (Fürtwängler 1906 et Bankel 1993).
- Notamment dans le cas de l’opisthodome du temple II d’Aphaia.