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Les traducteurs d’Homère et la philologie au XVIe siècle : un conflit d’autorité ?

Lorsqu’en 1353, Pétrarque (1304-1374) obtient un manuscrit grec d’Homère qu’il est incapable de lire, son premier geste est, non d’apprendre le grec, mais de confier le manuscrit à Léonce Pilate (?-1366) afin qu’il le traduise en latin. Ce geste inaugural confère au traducteur une grande responsabilité tout autant qu’il valorise la langue latine au détriment de la langue grecque. De fait, ce sont les traducteurs qui, les premiers, se sont intéressés à Homère. L’intérêt philologique pour le texte grec n’apparaît qu’ensuite, au fur et à mesure que progresse la connaissance du grec ancien dans l’Europe latinophone. En effet, si l’editio princeps de Chalcondyle (1423-1511) paraît en 1488 à Florence et l’édition aldine à Venise en 1504, ce n’est qu’en 1566 que l’imprimeur humaniste Henri II Estienne (1528 ?-1598) propose dans ses Poetae graeci heroici un texte homérique collationné sur les commentaires d’Eustathe et sur un manuscrit qu’il a lui-même découvert, le Genevensis 44. Or Homère est traduit en latin dès le XIVe siècle, on l’a vu, et imprimé en prose latine dès 1474 (Lorenzo Valla [1407-1457] et Francesco Griffolini [1420-14..] pour l’Iliade, Raphaello Maffei [1451-1522] pour l’Odyssée) ; les traductions s’enchaînent tout au long du siècle, ad verbum (Andreas Divus [15..-15..], Franciscus Portus [1511-1581]), en hexamètres dactyliques (Joachim Camerarius [1500-1574], Eobanus Hessus [1488-1540], Floridus Sabinus [1511-1547], Simon Lemnius [1510 ?-1550]), et ce n’est que dans la deuxième moitié du XVIe siècle que se répandent les éditions bilingues latin-grec (Sébastien Castellion [1515-1563], Jean Crespin [1520-1572], Obertus Giphanius [1534-1604], Jean de Sponde [1557-1595])1.

Donner à lire le premier poète est assurément une mission d’importance. Mais quel rôle joue la philologie dans cette mission ? Si pour nous, modernes, la nécessité de traduire à partir d’un texte fiable et la fidélité à ce texte semblent des règles incontournables, il n’en va pas toujours de même à une époque où la transmission est primordiale, au risque de l’approximation, et où le traducteur lui-même se veut tantôt un interpres, tantôt un artifex2. Le projet du traducteur d’Homère n’entre-t-il pas en conflit avec celui du philologue, si l’on entend par philologue l’amoureux de la langue grecque dont le but serait d’établir au mieux le texte d’Homère ? ou, pour le dire encore plus simplement : le traducteur est-il, peut-il être, un philologue ?

J’examinerai ici la manière dont le traducteur conçoit son office en considérant successivement les traductions en prose ou ad verbum du début du siècle (Valla, Divus), les traductions en hexamètres dactyliques (Nicola della Valle [1444-1473], Eobanus Hessus), enfin les éditions gréco-latines de la deuxième moitié du siècle (Crespin, Castellion, Sponde).

Le traducteur et sa mission

Les premiers traducteurs des poèmes homériques mettent l’accent sur leur double mission : transmettre l’œuvre d’Homère à un public qui ne sait pas le grec ; illustrer les « lettres humaines » en introduisant l’Iliade (ou l’Odyssée) dans le champ littéraire et éditorial de manière à conférer à ces poèmes dans la culture de la Renaissance une place analogue à celle qu’ils occupent dans l’Antiquité. Le garant de l’entreprise est souvent Homère lui-même, prince des poètes et père de la philosophie, source et origine de la poésie. Je prendrai pour exemples les deux premières traductions imprimées au XVIsiècle : celle de Valla, qui réécrit l’invocation initiale de l’Iliade et celle d’Andreas Divus, qui reçoit directement son ordre de mission du poète grec.

Lorenzo Valla : Scripturus ego

C’est en 1440 que Valla entreprend sa traduction de l‘Iliade, à la demande du roi Alphonse V d’Aragon3. Il traduit les seize premiers chants et son élève, Francesco Griffolini, les huit derniers ; l’ensemble est imprimé à Brescia en 1474, dix-sept ans après la mort de Valla, avec une épître dédicatoire de l’éditeur, Justinianus Luzagus, qui souligne que cette traduction permet de connaître le poète que Virgile a imité. C’est donc dans la traduction elle-même qu’il faut chercher les traces d’un projet de traducteur, et très précisément dans l’invocation initiale, qui affirme avec force l’enjeu de transmission par une description analytique.

Voici le texte grec d’Homère (Homère 1504) :

Μῆνιν ἄειδε θεὰ Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
οὐλομένην, ἣ μυρί Ἀχαιοῖς ἄλγεʹἔθηκε,
πολλὰς δʹἰφθίμους ψυχὰς Ἄιδι προίαψεν
ἡρώων· αὐτοὺς δ´ ἑλώρια τεῦχε κύνεσσιν
οἰωνοῖσί τε πᾶσι· Διὸς δʹἐτελείετο βουλή·
ἐξ οὗ δὴ τὰ πρῶτα διαστήτην ἐρίσαντε
Ἀτρείδης τε ἄναξ ἀνδρῶν καὶ δῖος Ἀχιλλεύς.
Τίς τάρ σφωε θεῶν ἔριδι ξυνέηκε μάχεσθαι ;
Λητοῦς καὶ Διὸς υἱός4.

Valla en donne la traduction suivante :

Scripturus Ego quantam exercitibus Graiis cladem excitaverit Achillis furens indignatio, ita ut passim aves feraeque cadaveribus heroum ac principum pascerentur : te Calliopa, vosque aliae sorores sacer musarum chorus : quarum hoc munus est proprium : et quae vatibus presidetis : inuoco : oroque : ut haec me edoceatis : quae mox docere ipse alios possim, Primum, quaenam origo indignationis : ac materia fuit. Nempe Achillis controversia cum summo Graecorum principe Agamemnone. Deinde quis inter hos deus controversiam excitavit. Apollo Iouis : et Latonae filius, Postremo quis Graios ipsos eo calamitatis ob hanc indignationem devenire permisit. Iouis deorum summi voluntas atque consilium. Haec igitur : quomodo gesta sunt, latius exequamur5.

Je vais dire le grand désastre que provoqua pour les armées grecques l’indignation furieuse d’Achille, désastre tel que partout les oiseaux et les bêtes sauvages se repaissaient des cadavres de héros et de princes ; toi Calliope, et vous autres, ses sœurs, sacré chœur des Muses, à qui cette fonction appartient en propre et qui protégez les poètes inspirés, je vous invoque et vous prie de m’enseigner ces faits pour que je puisse moi-même ensuite les enseigner à d’autres. En premier lieu, quelle a été l’origine de l’indignation et sa matière : c’est bien sûr la controverse entre Achille et Agamemnon le prince suprême des Grecs. Ensuite, quel dieu a excité entre eux la controverse : c’est Apollon le fils de Jupiter et de Latone. Enfin, qui a permis que les Grecs eux-mêmes en viennent à ce degré de malheur à cause de cette indignation : c’est la volonté et le dessein de Jupiter le dieu suprême. Ces faits, donc, expliquons comment ils ont été accomplis6.

Par rapport au texte homérique, la traduction de Valla introduit trois transformations majeures : elle donne une place prééminente au je auctorial, souligne l’enjeu de transmission, organise logiquement la matière homérique. Totalement absent du texte d’Homère, le je s’affirme chez Valla comme auteur : scripturus ego, invoco oroque, me, possim, à quoi l’on peut ajouter le dernier mot exequamur. Mais qui est ce ego ? Sans doute le poète grec, inclus dans les vates évoqués (quae vatibus presidetis), mais aussi le traducteur qui précise ici les instances énonciatrices du discours : moi le poète/le traducteur, toi la Muse, Calliope, muse de la poésie épique accompagnée par ses sœurs (te Calliope, vosque aliae sorores sacer musarum chorus), dans une contamination possible du texte homérique avec les ouvertures des poèmes hésiodiques, La Théogonie pour l’invocation aux Muses et Les Travaux et les jours pour l’affirmation du je7. Ce dernier est donc présenté comme l’élève des Muses qui l’instruisent pour qu’il puisse à son tour instruire (ut haec me edoceatis quae mox docere ipse alios possim). Une telle formule souligne le rôle majeur du traducteur dans la transmission du texte : il se superpose au poète lui-même, ce qui l’autorise à disposer autrement la matière du poème transmis telle qu’elle est annoncée dans l’invocation initiale.

Le texte homérique, en effet, mentionne d’abord la colère d’Achille et ses funestes conséquences, puis la volonté de Zeus et la querelle entre Achille et Agamemnon, point de départ du poème, avant d’introduire la narration épique avec une question : « Qui, des dieux, déclencha l’affrontement des deux hommes ? ». Valla réordonne la matière en trois points, introduits respectivement par primum, deinde, postremo et formulés de manière identique par une question suivie de sa réponse. On a ainsi : 1) quelle est l’origine de la colère d’Achille et son sujet (Primum, quaenam origo indignationis ac materia fuit) ? La dispute entre Achille et Agamemnon ; 2) lequel des dieux excita la dispute (Deinde qui inter hos deus controuersiam excitauit) ? Apollon ; 3) Qui permit le malheur des Grecs (Postremo quis Graios ipsos eo calamitatis ob hanc indignationem devenire permisit) ? Jupiter. Il s’agit pour Valla d’ordonner hiérarchiquement la matière homérique selon l’ordre des causes : de la plus humaine (la dispute entre deux hommes) à la plus divine (la volonté de Jupiter), donc de la cause matérielle (origo, materia) à la cause formelle (Jupiter) en passant par la cause efficiente, ici Apollon. Valla traducteur chercherait donc à transmettre une matière plutôt qu’un texte. De fait, il choisit la prose, ne tient pas compte des épithètes homériques et supprime souvent des détails poétiques au profit de l’essentiel, le fait : haec [quae] gesta sunt8.

Comment comprendre ce choix chez un philologue reconnu qui maîtrise aussi le grec9 ? Il s’agit sans doute d’adapter l’Iliade à un public de cour, celui qui s’intéresse aux faits, aux prouesses guerrières. Cependant Philip Ford souligne que la traduction de Valla contient plusieurs contresens qui dévoilent soit une incompréhension de la syntaxe homérique soit l’utilisation d’un texte fautif10 : dans ce dernier cas, Valla n’a pas cherché à le corriger. Le traducteur et le philologue, à l’évidence, ne poursuivent pas le même but.

Andreas Divus et l’ombre d’Homère

Quelque soixante ans plus tard, Andreas Divus insiste encore, mais d’une autre manière, sur l’autorité du traducteur et sa mission spécifique. Ses traductions de l’Iliade et de l’Odyssée, traductions ad verbum comme l’indique la page de titre, paraissent d’abord à Venise chez Jacopo Burgofranco en 1537 puis, l’année suivante, à Paris chez Chrétien Wechel et à Lyon chez Vincent de Portonariis11.

La traduction de l’Iliade est accompagnée de trois textes préfaciels. D’une part, une épître du traducteur adressée à Pier Paul Vergerio, l’évêque de sa ville d’origine, Capodistria (Koper), neveu du grand humaniste du même nom ; d’autre part, deux textes adressés aux studiosi graecarum literarum, à ceux qui étudient spécifiquement la langue et la littérature grecques : un poème en vers de Divus lui-même et un avertissement en prose du Calchographus, c’est-à-dire de l’éditeur-imprimeur de l’ouvrage. Au milieu d’un éloge du destinataire, l’épître dit quelques mots du projet de traducteur de Divus qui déclare avoir exprimé le plus fidèlement possible les « traits » (lineamenta) d’Homère en cherchant non des effets de style mais la propriété et la clarté des termes (verborum aut proprietatem aut etiam lucem)12. Le poème confère à ce projet une dimension fabuleuse puisque le traducteur amoureux des belles lettres a vu Homère lui apparaître en songe :

Sed mihi tunc summus vatum diuinus Homerus,
Qualis erat quondam cum bella horrenda canebat,
Obtulit, et talem sacro dedit ore loquelam.
Quid curis animum maceras ? cape robora mentis,
Tolle moras, tibi nempe dabo (si praemia laudis
Exoptas) digni digna argumenta laboris
Fac totum relegar latio sermone per orbem:
Tu vero caelum, magnamque merebere laudem.
Haec dicens abiit, somnus mea membra, meumque
Ingenium liquit. tunc atramenta, papyrum
Arripui, calamum, uatemque (ut iussit) Homerum,
Exposui uobis pariter Iuuenesque Senesque
13.

Mais alors le prince des poètes, le divin Homère,
tel qu’il était lorsqu’il chantait l’horreur des guerres,
se présenta à moi et, de sa bouche sacrée, m’offrit cette parole :
Pourquoi te tourmenter le cœur ? Ressaisis-toi,
ne tarde pas, je vais te donner (si ce sont les récompenses de l’éloge
que tu souhaites) sujets dignes d’un digne labeur.
Fais qu’on puisse me lire en latin par toute la terre.
Toi, tu auras mérité le ciel et un grand éloge.
À ces mots, il disparut ; mes membres et mon
esprit, le sommeil les quitta. Alors l’encre, le papier,
la plume, je les saisis et, le divin poète, Homère (selon son ordre)
je vous l’ai exposé, à vous, jeunes et vieux.

Reproduisant un motif connu des poèmes homériques – le songe d’Agamemnon ou Patrocle apparaissant à Achille dormant – la fiction d’un Homère imposant sa présence au traducteur dans son sommeil garantit la dimension sacrée de sa mission : étendre par toute la terre la renommée du poète (Fac totum relegar latio sermone per orbem). Cependant, pour désigner son travail, Divus n’utilise pas le lexique de la traduction (interpretari, traducere, transferre, vertere), mais le verbe exponere : exposui, « j’ai exposé en détail ». Si Valla privilégiait la transmission d’une matière, Divus semble suggérer un travail minutieux, celui de la traduction ad verbum.

Que devient alors le texte grec ? Il revient au calcographus de l’évoquer en rappelant l’usage que les studiosi sont invités à faire de la traduction. Il déclare en effet avoir commandité la traduction pour l’utilité commune (communi utilitati) et en donne pour preuve la concordance voulue entre le foliotage de la traduction et celui du texte grec de l’édition aldine14. Le partage des tâches est significatif : au traducteur la transmission noble, sous l’impulsion quasi divine du poète grec ; à l’éditeur, les détails pratiques, c’est-à-dire le choix d’une traduction ad verbum et la concordance des folios, de façon à permettre à l’étudiant en grec de déchiffrer le texte d’Homère de l’édition aldine avec l’aide de la traduction ad verbum de Divus. La traduction elle-même ne comporte aucune référence au texte grec susdit et Divus ne discute jamais aucune leçon. La mission du traducteur ne s’embarrasse pas de philologie, comme semble l’attester la traduction elle-même qui contient de réelles négligences : lorsque Divus ne comprend pas le texte grec, il invente une traduction plausible sans chercher plus avant15.

Ainsi des derniers vers du discours de reproche qu’au début du livre III de l’Iliade Hector adresse à son frère Pâris, alors que ce dernier, effrayé par l’air furieux de Ménélas, se replie en hâte dans les rangs des Troyens16.

οὐκ ἄν τοι χραίσμῃ κίθαρις τά τε δῶρ´᾽Αφροδίτης,
ἥ τε κόμη, τό, τε εἶδος, ὅτ´ἐν κονίῃσι μιγείης.
ἀλλὰ μάλα Τρῶες δειδήμονες ̇ ἦ τέ κεν ἤδη
λάινον ἔσσο χιτῶνα κακῶν ἕνεκ´, ὅσσα ἔοργας17.

Non tibi iuuabit Venus, et dona Veneris
Et coma et species quando in pulueribus mistus eris.
Sed ualde Troiani certe timidi nunc
Lapideam indue tunicam malorum gratia quae fecisti.

Venus ne te sera d’aucune aide, ni les dons de Vénus,
ta chevelure et ta belle apparence, quand tu auras roulé dans la poussière.
En vérité, les Troyens sont aujourd’hui bien lâches.
Mets une tunique de pierre pour les maux que tu as causés.

Deux erreurs ici, l’une au v. 54 où la cithare (kitharis) est confondue avec Vénus de Cythère ou Κυθηρίς ; l’autre au v. 57 où le mouvement syntaxique ne semble pas compris. La « tunique de pierre » (lainon khitôna) est traduite littéralement mais sans aucune explication et le plus-que-parfait du verbe ἕννυμι [hennumi], revêtir, est pris pour un impératif, ce qui est loin de donner un sens satisfaisant18. L’enjeu de la traduction est bien de donner le sens général comme le soulignent les manchettes qui guident le lecteur dans le repérage des moments du texte.

On proposera donc une première conclusion : le traducteur assoit son autorité sur une mission, transmettre le texte d’Homère, qui justifie toutes les approximations ou adaptations du texte original, peu présent. Dans la première moitié du XVIe siècle, le traducteur n’est pas philologue et ne se revendique pas comme tel. En revanche, il affirme son autorité dans et par le geste même de traduction.

La rivalité des langues et des publics

Qu’en est-il des traductions en vers ? Assez nombreuses au cours du siècle, dans le monde italien puis dans le monde germanique, elles tendent à confirmer les remarques précédentes. En effet, traduire Homère en vers contraint le traducteur à privilégier à la fois la langue cible, en l’occurrence le latin, et le public lettré susceptible de l’apprécier, au détriment du texte grec d’origine. En outre, l’usage de l’hexamètre dactylique latin, indispensable pour traduire l’épopée, ne peut être séparé de la référence virgilienne, d’autant que Virgile a imité Homère. Les traducteurs trouvent donc en Virgile, comme naturellement, le modèle de leur traduction. Certains cependant travaillent avec des éditeurs plus au fait de la langue grecque et qui cherchent la caution d’hellénistes, alors même que le projet traductologique prend aisément ses distances avec le texte grec.

Nicola della Valle et Josse Bade

La traduction de quelques chants de l’Iliade que le jeune Nicola della Valle a composée avant de mourir subitement a été pieusement recueillie par son père et publiée en 1474 à Rome chez Giovanni Filippo de Lignamine. Elle est introduite par une épître de Théodore Gaza (Theodorus, Graecus), helléniste reconnu, proche du cardinal Bessarion. On serait donc en droit d’attendre que son éloge de la traduction de della Valle accorde une attention toute particulière au texte grec d’Homère et examine la traduction du point de vue de l’exactitude. Or le garant de la valeur de cette traduction n’est pas tant Homère que Virgile.

Non enim id imago quaedam Homeri est : sed ipse Homerus latino eloquio res troianas referre videtur : eadem copia gravitate suauitate et elegantia, qua graece retulerat. Tantum Nicolaus ingenio atque doctrina proficere potuit. Ita cum Virgilio suo auctore certavit : ut quem ille imitatus est, ipse transferret in latinum, suique hominibus patefaceret tanta cum elegantia et grauitate et priscarum rerum demonstratione : ut Hesiodum et Homerum ipsum loquentes latini facile intelligere possint19.

Car ce n’est pas une image d’Homère, c’est Homère lui-même qui rapporte en latin les événements de Troie, avec la même abondance, la même gravité, la même douceur et la même élégance qu’en grec, tant Nicola a su mettre à profit son talent et sa science. C’est avec Virgile, son répondant ici, qu’il a rivalisé, si bien que celui que Virgile a imité, il l’a lui-même transposé en latin et l’a dévoilé à lui-même et aux hommes avec tant d’élégance, de gravité et de précision dans le traitement de l’antiquité que ceux qui parlent latin peuvent aisément comprendre Hésiode et Homère.

Les éloges de Gaza mettent l’accent, on le voit, non sur l’exactitude de la traduction mais sur l’excellence de la transposition stylistique : la mention de l’elegantia, de la suavitas et de la gravitas rappelle qu’Homère, en bon poète épique, excelle dans les trois styles – le simple (elegantia), le moyen (suavitas), le grand (gravitas) – tout comme Virgile dont les virtutes dicendi sont vantées, dans les mêmes termes, par Macrobe au livre V de ses Saturnales20.

En 1510, Josse Bade (1461-1535) reprend les chants traduits par le jeune Italien et réintroduit les éloges de Théodore Gaza, « vir graecae et latinae linguae peritissimus »21, dans l’épître préfacielle qu’il adresse à Lefèvre d’Étaples, autre bon connaisseur de la langue grecque22. Il lui vante une « Iliade traduite et faite latine » (Iliada Homericam ab Nicolao Valla tralatam atque latinam factam), non complète hélas : ce ne sont que des membres disjoints du poète (disiecta membra poetae, d’après Horace), mais ces membres sont « des gorgées de nectar divin » (divini nectaris haustus) et témoignent de « la majesté admirable d’une veine hors du commun » (verum admirabilem non vulgaris venae maiestatem). Théodore Gaza et Lefèvre sont pour Bade des garants supplémentaires. Mais, Gaza le disait déjà, l’Homère latin de De Valle remplace avantageusement l’Homère grec dans une sphère culturelle qui connaît et apprécie Virgile.

De fait, les traducteurs qui veulent rendre Homère en vers latins sont toujours confrontés au modèle virgilien. Elias Eobanus Hessus23 va jusqu’à signaler en marge par la mention Virgilianum les passages d’Homère que Virgile a imités et que le traducteur traduit donc par des vers de Virgile24… À nouveau, le texte d’Homère s’estompe au profit d’autres référents.

L’entreprise de Eobanus Hessus (1540)

Il faut cependant s’attarder sur la belle traduction en vers latins publiée à Bâle par ce disciple et ami de Melanchthon. Eobanus Hessus connaît bien le grec et le lit avec plaisir, nous dit-il, peut-être avec plus de plaisir que le latin. Dans son épître préfacielle en vers, il souligne en effet qu’à la différence de la langue latine, « la langue grecque pénètre davantage en l’âme et charme le cœur » (Graia magis penetrant animos, et pectora mulcent25).

C’est en philologue qu’il abord les problèmes de traduction qu’il a pu rencontrer. Pour pallier « l’indigence de la langue latine » (Latii sermonis egestas), il a eu recours, dit-il toujours dans cette épître préfacielle, à des néologismes, en particulier des mots composés. Cependant, il n’hésite pas à raccourcir ou à supprimer des comparaisons trop longues, privilégiant d’une part la dimension poétique plus que la dimension philologique, d’autre part un public lettré plutôt qu’un public d’érudits ou d’étudiants. Le montre aussi, on l’a dit, le recours au modèle virgilien qui donne à la rudesse homérique un visage connu. En Eobanus Hessus, le philologue et le traducteur se déchirent mais, à l’évidence, le traducteur l’emporte.

Un exemple le montrera : la page de titre de sa traduction affiche un poème latin de l’humaniste Jacobus Micyllus (1503-1558) adressé « au lecteur », rappelant ainsi à l’arrière-plan la présence d’un cercle germanique philhellénique. Micyllus et Camerarius font en effet paraître à Bâle chez Herwagen en 1541 une édition d’Homère en grec dont le texte, revu, est accompagné de notes explicatives qui le rendent plus accessible26. Eobanus Hessus aurait pu bénéficier de ce travail qu’il a certainement connu en partie27. Or, pour les vers 54-57 du chant III de l’Iliade, voici sa traduction :

sed enim tibi bella gerenti
Nec blandi citharae cantus, nec gratia formae,

Nec calamistrati crines, Cythereïa dona,
Profuerint, nunc ecce tua formidine Troës
Perculsi stupuere, timentque, nec obuia in hostem
Arma ferunt, ducis exemplo fera pectora fracti.

Car au combat ne t’auront pas servi
ni les doux sons de ta cithare, ni la grâce de ta beauté,
ni tes cheveux frisés au fer, dons de Cythérée.
Voici maintenant que les Troyens, bouleversés par ta propre frayeur,
sont demeurés interdits, pleins de crainte, et n’attaquent plus
l’ennemi, leurs cœurs farouches abattus à l’exemple de leur chef.

Si l’habile artifex qu’est Eobanus Hessus transforme en paronomase l’erreur antérieure faite sur kitharis, sa lecture des vers 56-57 est pour le moins déroutante. On hésite : est-ce le texte qui est mal compris ? ou le sens refusé comme inconvenant ? Sans doute la deuxième hypothèse. Ce n’est pas tant le texte qui est en question que la capacité du public à accepter l’incongru. L’autorité du traducteur ne se confronte donc pas à celle du philologue – chacun suit sa route de son côté, de manière parallèle mais sans confrontation. C’est avec son public, et surtout avec Virgile, que le traducteur entend mener sa traduction.

Le traducteur peut-il être philologue ?

La deuxième partie du XVIe siècle voit pourtant apparaître de nouvelles éditions du texte homérique, dues à des imprimeurs éditeurs savants en langue grecque. Adrien Turnèbe (1512-1565), lecteur royal pour le grec en 1547, imprimeur royal pour les livres grecs en 1551, publie à Paris en 1554 une Iliade dont le texte grec, celui de l’édition aldine à peine modifié, est accompagné de variae lectiones28. Le travail d’Henri Estienne surtout fait date : en 1566, il publie à Genève une nouvelle édition de l’ensemble des poèmes homériques fondée sur la collation des éditions existantes, du commentaire d’Eustathe et d’un nouveau manuscrit29. Dans sa longue dissertatio liminaire, il vitupère avec force les traducteurs négligents qui « infligent des blessures » (plagas inflictas) à Homère.

Dans quelle mesure les traductions latines d’Homère tiennent-elles compte de ces nouvelles exigences philologiques ? Je m’attarderai sur trois exemples d’éditions qui proposent un texte grec accompagné d’une traduction latine en vis-à-vis : celles de Jean Crespin (Genève, 1559-1570), celle de Sébastien Castellion (Bâle, 1561) et celle de Jean de Sponde (Bâle, 1583).

Avocat exilé à Genève à partir de 1548, Jean Crespin y ouvre une imprimerie. C’est là qu’il édite, en 1559, une Iliade grecque en format de poche (in-16) qui s’inspire du travail d’Adrien Turnèbe (1554) ; la même année, il donne du même texte une édition gréco-latine dont la traduction ad verbum reprend celle de Divus avec quelques corrections qui sont peut-être de sa main30. En 1567, il donne une nouvelle édition qui annonce un texte « pur et propre », sans doute parce qu’établi sur celui d’Henri Estienne de 1566. La chose est à noter : ce sont les imprimeurs-éditeurs qui prennent en charge non seulement la diffusion du texte grec d’Homère mais sa relecture philologique31.

Sébastien Castellion utilise le travail de Crespin dans son édition gréco-latine des œuvres homériques publiée en 1561 chez Nicolaus Brylinger à Bâle – édition qui reprend et corrige une édition antérieure donnée par le même éditeur en 1551. Mais à la différence de Crespin, Castellion est un philologue helléniste reconnu, pionnier de la critique biblique et traducteur émérite (il a traduit la Bible en latin et en français). Aussi son nom apparaît-il en bonne place sur la page de titre :

HOMERI | OPERA GRAECO- | latina, quae quidem nunc | extant, omnia. | HOC EST : ILIAS, ODYSSEA, BATRACHO | MYOMACHIA, ET HYMNI : PRAETEREA HO- | meri uita ex Plutarcho, cum Latina item interpretatione, | locis communibus ubique in margi- | ne notatis. | Omnibus in utriusque linguae tyronum usum Graece et Latine | simul e regione expressis. In haec operam suam contulit SEBASTIANUS CA | STALIO, sicuti in Praefatione uerso mox | folio uidere licet32.

Au début de sa préface (Sebastiani Castellionis de sua in Homerum opera Praefatio), il précise que l’imprimeur Jean Oporin est à l’origine de son travail sur Homère et que ce dernier lui a expressément demandé d’accepter que son nom soit associé à une édition d’Homère (Efflagitavit a me Oporinus. primum ut in Homerum operam aliquam nauarem : deinde, ut eidem meum nomen apponi paterer), assurément une manière d’autoriser l’édition. Castellion précise ensuite que s’il a repris, pour l’Iliade, le texte établi par Crespin, il a en revanche, pour l’Odyssée et les autres poèmes, corrigé le texte grec et retouché la traduction :

In Odyssea uero, et caeteris quae in titulo commemorantur, ego hanc operam praestiti. Graeca infinitis locis depravata, emendavi. Latina vero ita correxi, ut innumeris in locis non tam correctorem, quam interpretem praestiterim, praesertim in tota Odyssea : exceptis paucis libris ultimis, quorum erat translatio aliquanto melior, sicut et caeterorum deinceps operum. Neque tamen (ut verum fatear) tantum praestiti, quantum res ipsa postulare videbatur. Fuisset enim alioquin nova plane cudenda translatio33.

Mais en ce qui concerne l’Odyssée, et tous les autres ouvrages mentionnés dans le titre, c’est moi qui ai fait le travail. J’ai corrigé le texte grec corrompu en divers lieux en nombre infini. Et j’ai aussi retouché la traduction latine si bien qu’en d’innombrables lieux, j’ai fait acte non tant de retoucheur que de traducteur à part entière, surtout dans l’Odyssée, à l’exception des derniers livres : la traduction en était un peu meilleure, de même que celle des autres ouvrages. Et cependant, à dire le vrai, je n’ai pas fait autant que la chose le demandait. Il aurait fallu en effet forger une traduction entièrement nouvelle.

Ce sont les mots d’un philologue : emendare pour l’établissement du texte, corrigere et corrector pour la traduction. Castellion se montre tout aussi soucieux de la traduction que du texte, sans doute pour des raisons pédagogiques comme le suggérait la page de titre. Et pour la première fois, le lecteur peut croire que la traduction a été revue en fonction d’un texte grec lui-même débarrassé de ses fautes. Mais la traduction incriminée, probablement celle de Crespin, c’est-à-dire la traduction ad verbum de Divus déjà remaniée, a-t-elle été entièrement corrigée ? Examinons les vers 54-57 du livre III de l’Iliade. Castellion propose :

non te iuvabit Venus, et dona Veneriset coma et species quando in pulueribus mistus eris :
sed valde Troiani timidi : certe nunc
lapideam induisses tunicam malorum gratia quae fecisti.

Le sens est beaucoup plus clair, le conditionnel passé est respecté. Mais « Vénus » remplace toujours « cithare » (par confusion de κίθαρις avec Κυθηρίς), comme chez Divus, alors que le texte grec donne bien κίθαρις34. Il est vrai que Castellion a surtout retouché l’Odyssée.

L’entreprise philologique est de longue haleine. En 1570, pour une nouvelle édition de l’Iliade, Jean Crespin invite le Crétois Franciscus Portus à revoir la traduction. Cela donne, pour le même passage :

Non tibi profuerit Cithara, et dona Veneris,
Et coma, et species, cum in pulueribus mixtus fueris.
Sed valde Troiani timidi. certe enim iam
Lapideam induisses tunicam malorum gratia, quae patrasti.

La traduction est ici conforme au texte grec placé en vis-à-vis, bien que demeure une curieuse majuscule (Cithara) qui laisse penser que la confusion avec le surnom de Vénus n’est pas totalement dissipée. Elle le sera dans l’édition gréco-latine de Jean de Sponde, qui paraît à Bâle en 1583 accompagnée d’un commentaire continu. Sponde, lui aussi traducteur philologue, propose en effet :

Non tibi profuerit cithara et dona Veneris,
Et coma et species, quando in pulvere mistus eris :
Sed valde Troiani reuerentes : certe nunc
Lapidem induisses tunicam, malorum gratia quae fecisti.

Le texte et la traduction de ce passage difficile sont désormais fixés. Dans son commentaire au vers 54, Sponde précise avoir noté en marge du texte grec une autre leçon rapportée par Eustathe, κίδαρις ἤ κίταρις, leçon qu’il récuse pour non-pertinence : le mot désigne une coiffe perse, non attestée par ailleurs, alors que la cithare ou lyre de Pâris est mentionnée par Plutarque35. En revanche, le sens des vers 56-57 flotte encore. Voici le commentaire de Sponde :

Alludit ad eius bellicas uestes. Male, inquit, conveniunt tibi integumenta bellica, qui tam ignavus sis, ut potius vestimento tumuli lapideo dignus videare. Giphanius in Scholiis putat a Poeta tunicam lapideam appellari propter antiquam adulteriorum poenam, qua adulteri lapidibus obruebantur. Sed ego illa Iudaeis peculiarem fuisse reperio.

Il fait allusion à son habit de guerrier. L’armure du guerrier n’est pas pour toi, dit-il, puisque tu es si lâche ; tu sembles plutôt digne d’un vêtement fait de la pierre du tombeau. Van Giffen dans ses Scholies pense que le Poète parle d’une tunique « de pierre » à cause de l’antique châtiment réservé aux adultères qui consistait à les ensevelir sous les pierres. Mais à mon avis, la chose était propre aux Juifs36.

Hubert Van Giffen (Obertus Giphanius) avait donné en 1572 à Strasbourg chez Theodosius Rihel une édition gréco-latine de l’Iliade accompagnée de scolies. Mais l’interprétation de la « tunique de pierre » vient en réalité du commentaire d’Eustathe.

Les éditions gréco-latines des poèmes homériques qui fleurissent dans la deuxième moitié du XVIsiècle témoignent donc d’une conscience accrue, chez les traducteurs, de la nécessité d’un texte fiable. Le traducteur assume la posture du philologue, la posture et non l’autorité cependant puisque le texte grec d’Homère reste le territoire des imprimeurs, Jean Crespin ou Henri Estienne. Or, si la distance s’atténue entre l’Homère latin et l’Homère grec, entre le philologue et le traducteur, ce dernier, si l’on en juge par l’exemple de Sponde, continue d’affirmer son autorité propre, non par la beauté de sa traduction – ce sera désormais l’apanage des langues vernaculaires – mais par le commentaire qui la complète. La correction du texte (emendatio) et le commentaire (enarratio) marchent de concert, conformément à l’héritage des grammatici de l’Antiquité37.

Au terme de ce rapide parcours, que conclure ? Premièrement, que l’autorité du philologue, en ce qui concerne les poèmes homériques, ne va pas de soi : au cours du XVIsiècle, elle se construit lentement, au fur et à mesure que progresse la connaissance de la langue grecque et l’attention portée au texte d’Homère. Ce qui explique qu’un Valla, excellent philologue par ailleurs, puisse négliger la philologie lorsqu’il s’agit de l’Iliade. Deuxièmement, que le garant du texte d’Homère, c’est le traducteur dont la mission est d’abord de transmettre une matière – les hauts faits accomplis à Troie – plus qu’un texte. Son recours dans cette mission, c’est bien souvent Virgile, qui habille Homère d’un vêtement connu. Le traducteur lui-même, en troisième lieu, tend à affirmer son autorité, contre celle du philologue d’abord, puis avec lui à la toute fin du siècle où les traductions ad verbum des éditions gréco-latines servent le texte au lieu de s’en éloigner. C’est, sans surprise, dans le domaine des traductions en vers que les traducteurs revendiquent leur autorité. Ainsi Amadis Jamyn, complétant en 1577 la traduction française de l’Iliade commencée par Hugues Salel, introduit-il sa partie de traduction par un poème intitulé « Ode de l’auteur au Roi ». En 1580, la deuxième édition transformera, plus modestement, « l’auteur » en « traducteur ». Mais le mot a été prononcé.

Notes

  1. Pour la présentation et la description de ces traductions, voir Ford 2007.
  2. Diu 2012 : 119-137.
  3. Ford 2007 : 26
  4. « Chante, Déesse, l’ire d’Achille Péléiade, / ire funeste, qui fit la douleur de la foule achéenne, / précipita chez Hadès, par milliers, les âmes farouches / des guerriers, et livra leur corps aux chiens en pâture / aux oiseaux en festin – achevant l’idée du Cronide – / depuis le jour où la discorde affronta l’un à l’autre / Agamemnon, le souverain maître, et le divin Achille ! / Qui, des dieux, déclencha l’affrontement des deux hommes ? / L’enfant de Zeus et Létô. » (Homère 2010).
  5. Homère 1474b.
  6. Sauf indication contraire, toutes les traductions sont miennes.
  7. Hésiode 1979 : 32, 86.
  8. Pour une étude plus approfondie du texte de Valla et de ses sources, ainsi que de ses conséquences sur les traductions d’Homère en français, voir Deloince-Louette 2018.
  9. Reynolds et Wilson 2021 : 114 et surtout Regoliosi 2005.
  10. Ford 2007 : 37-38.
  11. Ford 2007 : 32-33.
  12. Homère 1537 : fol. 1v : Andreae Diui Iustinopolitani in Homeri translationem ad Clarissimum uirum Petrum Paulum Vergerium, ciuem Iustinopolitanum, eiusdemque urbis Episcopum honoratissimum, Praefatio.
  13. Homère 1537 : fol. 4v.
  14. Homère 1537 : fol. 5r.
  15. Notons cependant que le souci du mot à mot (la traduction ad verbum) le pousse à ne pas négliger les épithètes comme le faisait Valla.
  16. Iliade, III, 54-57. La traduction de Divus porte en marge « Hectoris reprehensio in Paridem ». Le texte grec est celui de l’édition aldine (Homère 1504).
  17. « La cithare ni les dons d’Aphrodite ne te serviront à rien, / ni la chevelure ni l’apparence, quand tu seras mêlé à la poussière. / Les Troyens sont des pleutres, sinon tu aurais / déjà passé un manteau de pierre pour tout le mal que tu as fait. » (Homère 2019 : 100).
  18. Valla, lui, évitait la difficulté et réécrivait le passage : « At enim in hoc belli puluere nihil ad uictoriam faciunt, citharae cantus, dignitas formae, compti capilli, Veneris dona, caeteraque huiusmodi. Itaque si nescis, ecce omnes Troiani, qui tuorum scelerum defendendorum gratia arma sumpserunt, ex tuo timore et ipsi territi sunt ad pugnandum. » (Homère 1474b : n. p.)
  19. Homère 1474a : fol. a3r. Nicola de Valle avait également traduit Les Travaux et les Jours : voir Hésiode 2020.
  20. Deloince-Louette 2019.
  21. De qua Theodorus Gaza vir graecae et latinae linguae pericissimus sic ad Laelium Nicolae patrem scripsit.
  22. Iodocus Badius Ascensius Iacobo Fabro Stapulen[se] Philosophiae decori et Compatri cum primis obseruando S. D., Homère 1510 : fol. 2r.
  23. Homère 1540.
  24. Ford 2012 ; Deloince-Louette 2017.
  25. « Ad humanissimum atque ornatissimum virum Dn. Casparem Schetum Coruinum patricium Antuerpianum, amicum carissimum suum, Helii Eobani Hessi in Homeri Iliada a se Latino carmine redditam », Homère 1540 : fol. 3v.
  26. Ford 2007 : 110.
  27. Rappelons aussi que son ami Joachim Camerarius avait publié une traduction latine et un commentaire des deux premiers chants de l’Iliade, en 1538 pour le chant I, en 1540 pour le chant II (Ford 2007 : 341-342).
  28. Ford 2007 : 95.
  29. Ford 2007 : 117 et 102. Sur Henri II Estienne, voir Boudou, Cazes et Kecskeméti 2003.
  30. Sur les diverses éditions d’Homère publiées par Jean Crespin, voir Ford 2007 : 95-97, 357-358 et 361-362.
  31. Voir la contribution de Martine Furno dans ce même volume.
  32. La troisième édition (1567) de cet ouvrage est disponible sur le site numelyo de la Bibliothèque municipale de Lyon [https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001102525701#].
  33. Homère 1561 : n. p.
  34. Homère 1561 : 30.
  35. Homère 1583 : 30.
  36. Homère 2018 : 496-497.
  37. Morantin 2017 : 150-157.
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EAN html : 9791030010848
ISBN html : 979-10-300-1084-8
ISBN pdf : 979-10-300-1083-1
ISSN : 2743-7639
Posté le 25/10/2024
13 p.
Code CLIL : 3387; 4024 ; 3345
licence CC by SA

Comment citer

Deloince-Louette, Christiane, « Les traducteurs d’Homère et la philologie au XVIe siècle : un conflit d’autorité ? », in : Barrière, Florian, Bastin-Hammou, Malika, Ferrand, Mathieu, Paré-Rey, Pascale, dir., Princeps philologorum. L’autorité du philologue dans les éditions de textes anciens à la Renaissance, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, collection S@voirs humanistes 4, 2024, 135-147, [en ligne] https://una-editions.fr/les-traducteurs-dhomere-et-la-philologie-au-xvie-siecle [consulté le 25/10/2024].
10.46608/savoirshumanistes4.9791030010848.14
Illustration de couverture • Tragoediae Senecae cum duobus commentariis, Filippo Pinzi, Venise, 1510 (montage : S.V.).
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