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Catalogue des lieux
1. Catalogue des sites

par

Le catalogue des lieux est divisé en deux parties qui sont constituées, d’une part, des sites et, d’autre part, des centres producteurs de pourpre. Il convient de définir ces deux termes avec précision.

Les sites producteurs de pourpre sont des lieux sur lesquels ont été mis au jour des vestiges archéologiques ayant un rapport avec la production de pourpre. Nous pouvons distinguer deux sortes de sites : ceux qui sont composés de structures et de dépôts de coquilles de murex et ceux qui sont uniquement composés de dépôts de coquilles de murex.

Les sites sur lesquels des structures ont été mises au jour sont minoritaires. Nous n’en comptons en effet au total que 16 : ce sont ceux de Sidon, Tyr ; de Meninx ; de l’île de Mogador ; de Carteia ; d’Aguilas ; d’Ibiza ; de Tarente ; d’Érétrie, de Délos et d’Aperlae. Les autres sites ne sont composés que de dépôts de coquilles de murex brisées ou, plus rarement, de coquilles cassées sur le côté à l’endroit où était localisée la glande tinctoriale.

Parfois, des sites ne sont distants que de quelques dizaines de mètres comme c’est le cas pour les trois sites du Monte Circeo, les quatre sites de la commune de Fontanella près de Tarente et les sites 4 et 5 d’Ibiza. Nous aurions pu les réunir respectivement en un seul site, mais nous avons fait le choix de les séparer pour une simple raison : des ateliers producteurs pouvaient être installés les uns à côté des autres à seulement quelques dizaines de mètres de distance et les espaces signalés entre les dépôts de coquilles sont peut-être ceux qui séparaient autrefois les ateliers.

Dans ce catalogue, la terminologie des structures est toujours empruntée aux auteurs eux-mêmes. Elle ne correspond pas forcément à celle que nous avons utilisée dans la synthèse et que nous avons définie dans le glossaire. La rubrique datation ne figure pas dans nos fiches quand nous n’avons pas de renseignement à ce sujet.

Les centres producteurs de pourpre sont, quant à eux, des villes dans lesquelles une production de pourpre est attestée par des sources littéraires ou épigraphiques. Pour certains centres, l’archéologie a corroboré les sources textuelles. C’est le cas de Tyr, de Sidon, de Meninx, des Îles Purpuraires, de la Gétulie, d’Ibiza, de Toulon, de Tarente, de la Laconie et de Milet.

Nous commencerons ce catalogue par les sites producteurs et nous traiterons ensuite des centres. Dans les deux cas, notre étude commencera par le Liban et suivra le sens des aiguilles d’une montre jusqu’en Turquie.

Sites du Liban

Sidon

Structure et dépôts

La pourpre de Sidon est aussi connue que celle de Tyr. Les textes littéraires foisonnent à son sujet1 et, contrairement à la ville de Tyr, nous possédons un vestige archéologique de choix – la falaise aux murex – qui nous signale par ses grandes dimensions combien la production de pourpre a été importante dans cette ville. Nous possédons pour le décrire trois témoignages d’érudits du XIXe siècle ainsi qu’un rapport de fouille de l’archéologue G. Conteneau datant de 1920. Ce dernier, dans son rapport, signala que l’élévation du prix de la main d’œuvre et l’insuffisance du personnel technique l’avaient conduit à ne faire que deux sondages.

Localisation

La localisation des coquilles de murex ayant servi à la fabrication de la pourpre est très précise. Ces vestiges qui représentaient, il y a encore quelques années, un lieu touristique incontournable tant ils étaient impressionnants ont, aujourd’hui, presque disparu. Ils se situent immédiatement au sud de la nouvelle ville, à quelques mètres en dehors des remparts en face des murailles sud du Château où s’étend aujourd’hui un cimetière musulman qui se prolonge jusqu’au bord de la falaise aux murex (fig. 1).

Sidon, localisation de la falaise aux murex.
Fig. 1. Sidon, localisation de la falaise aux murex.
Description

Les structures

Un fragment de cuve brisée en diagonale qui devait être à l’origine quadrangulaire2 a été découvert en 1920 sur le sommet de la partie nord de la falaise. Cette cuve reposait directement sur le sol et était formée d’un béton dans lequel étaient noyés des galets. Les bords n’étaient pas élevés : de 0,25 m à 0,30 m.

Les dépôts de murex (fig. 2-3)

Sidon, vue générale de la falaise aux murex (cl. R. Haubrichs, vers 1980).
Fig. 2. Sidon, vue générale de la falaise aux murex
(cl. R. Haubrichs, vers 1980).
Sidon, détail de la falaise aux murex. Les coquilles de murex sont brisées (cl. R. Haubrichs, vers 1980).
Fig. 3. Sidon, détail de la falaise aux murex. Les coquilles de murex sont brisées (cl. R. Haubrichs, vers 1980).

En 1864, L. F. de Saulcy3 décrit une falaise de remblais sur le flanc de laquelle apparaît un amas énorme de coquilles. Le voyageur fut très impressionné par les dimensions de cet amas qui mesurait, selon lui, au moins cent mètres de longueur, sur six à huit mètres de hauteur. La largeur était impossible à estimer en raison du terreau végétal garni d’herbe qui la recouvrait.

En 1880, le Dr. L. Lortet4 mentionna des amas mesurant quelques centaines de mètres de longueur sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur sur une falaise s’élevant au total à une hauteur de vingt-cinq mètres.

En 1909, A. H. Cook5 décrit une falaise composée de terre meuble qui couvrait en certains endroits tous les dépôts de coquilles de murex. Un étroit sentier latéral servait aux randonneurs et coupait la partie uniquement composée de coquilles de murex en son milieu. La partie de la falaise où les coquilles de murex étaient les plus visibles était celle qui faisait face à la mer. Elle faisait six mètres de hauteur sur dix-huit mètres de longueur.

En 1920 G. Conteneau effectue deux sondages infructueux à l’extrémité sud de la falaise aux murex.

Nous pouvons constater malheureusement que les dimensions ne sont pas concordantes.

Dimensions de la falaise aux murex.
Dimensions de la falaise aux murex.
Interprétation

D’après G. Conteneau6, il existe des cuves assez comparables à celle qui a été retrouvée sur la falaise aux murex à Ras-el-Aïn près de Tyr : il s’agirait peut-être de structures en rapport avec la fabrication de la pourpre.

Les trois voyageurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ont examiné avec beaucoup de minutie les amas de coquilles et en ont tiré les mêmes conclusions : il ne s’agit que de coquilles appartenant à l’espèce Hexaplex trunculus qui ont été brisées entre la première et la deuxième spire, c’est-à-dire à l’endroit de la glande tinctoriale. Il ne fait donc aucun doute que ces amas sont bien des rejets de l’industrie de la pourpre (fig. 3).

Datation

Le morceau de cuve retrouvé par G. Conteneau n’a permis aucune datation. Pourtant, la mention du terme “béton” nous permet d’affirmer que la structure retrouvée est soit d’époque romaine, soit d’une époque postérieure.

Aucune datation n’a malheureusement été donnée pour la falaise aux murex, mais nous savons que la pourpre de Sidon était très réputée sous l’Empire romain et qu’elle fut produite au moins du dernier siècle de la République au IVe siècle p.C.7.

Bibliographie

  • Conteneau, G. (1924) : “Deuxième mission archéologique à Sidon”, Syria, 5, 2, 123-134, [en ligne] www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1924_num_5_2_3037 [consulté le 06/12/2022].
  • Cook, A. H. (1909) : “On the Shell mound of Sidon”, Proceedings of the Malacological society of London, 8, 341-342.
  • De Saulcy, F. (1864) : “Lettre sur la pourpre phénicienne”, RA, 9, 216-218.
  • Lortet, L. (1884) : La Syrie d’aujourd’hui. Voyages dans la Phénicie, le Liban et la Judée, 1875-1880, Paris, 100-105.

Tyr

Site 1
Structures

Nous ne disposons que de comptes-rendus de voyages effectués par des scientifiques érudits du XIXe siècle pour apporter la preuve archéologique de l’existence d’une production de pourpre dans la ville de Tyr. Leurs témoignages nous sont très précieux, car ils nous permettent d’en savoir un peu plus sur les techniques de fabrication de la pourpre la plus célèbre de l’Empire et complètent ainsi les nombreuses sources littéraires dont nous disposons8.

Localisation

En 1840, lors d’un voyage, W. R. Wilde9 décrivit les restes d’un lieu de production de pourpre au sud de la péninsule, non loin d’une grande jetée et de maisons romaines dont les sols étaient recouverts de mosaïques (fig. 4).

Tyr, plan du site antique (Renan 1864, 569).
Fig. 4. Tyr, plan du site antique (Renan 1864, 569).
Description

W. R. Wilde10 nota la présence d’un certain nombre de “trous” circulaires creusés dans du grès. Ces structures avaient une forme de “marmite en fer moderne” : l’intérieur était parfaitement lisse, elles étaient larges et aplaties dans le fond et leur forme allait en se resserrant vers le haut. Deux ou trois de ces structures étaient reliées entre elles par un canal étroit creusé dans la pierre à environ 30 cm de profondeur (fig. 5).

Tyr, reconstitution des structures du site 1 d’après la description de W. R. Wilde (dessin M. Lambin).
Fig. 5. Tyr, reconstitution des structures du site 1 d’après la description de W. R. Wilde (dessin M. Lambin).

Ces structures étaient soit regroupées et remplies de couches de coquillages, soit vides, et, dans ce cas, entourées de coquilles de murex qui jonchaient le sol. W. R. Wilde a tenu à représenter ces amas de coquilles de murex et à les intégrer à son ouvrage (fig. 6-7).

Tyr, amas de murex retrouvés dans les structures du site 1 (Wilde 1840).
Fig. 6. Tyr, amas de murex retrouvés dans les structures du site 1 (Wilde 1840).
Hexaplex trunculus avec perforation de la coquille au niveau de la glande tinctoriale (Jidejian 1969).
Fig. 7. Hexaplex trunculus avec perforation de la coquille au niveau de la glande tinctoriale (Jidejian 1969).

Ces trous circulaires mesuraient pour la plupart environ 225 cm de diamètre et 245 cm de profondeur. Les autres structures étaient de dimensions variables allant “des dimensions d’une marmite de métal ordinaire à celles d’un grand chaudron11”.

Interprétation

Selon W. R. Wilde12, ces structures servaient sans aucun doute à la fabrication de la pourpre de Tyr. Il les rapproche des cuves à indigo encore en fonction à l’époque en Afrique.

Bibliographie

  • Wilde W. R, éd. (1840) : Wilde, W. R. (1840) : Narrative of a voyage in the Mediterranean sea, Dublin, 148-153 ; 468-488.

Tyr

Site 2
Dépôts

Localisation

Des dépôts de murex jonchaient le sol tout le long de la côte dans le quartier sud de l’autre côté de l’isthme13. Ces dépôts étaient également présents près des structures décrites dans le précédent site14.

Description

Des dépôts constitués exclusivement de débris de coquilles d’Hexaplex trunculus étaient encore visibles en 1840 le long de la côte sud de la péninsule.

Interprétation

Les dépôts de coquilles de murex étaient toutes brisées et ne comprenaient qu’un seul type de murex : l’Hexaplex trunculus. D’après ces observations, il est certain que nous sommes ici en présence de débris d’un ou plusieurs lieux producteur(s) de pourpre.

Bibliographie

  • Wilde, W. R. (1840) : Narrative of a voyage in the Mediterranean sea, Dublin, 148-153 ; 468-488.

Tyr

Site 3
Structures

Localisation

Ce troisième lieu de production est malheureusement impossible à localiser. En effet, A. H. Cook15 précise seulement qu’il existait encore en 1909 des restes de structures “au pied de la falaise” qui est impossible à situer en raison du manque de précision.

Description

Des restes de pièces étroites, de forme oblongue renforcées par du “ciment très dur” étaient encore visibles16 en 1909. Nous ne savons pas ce que l’auteur entend exactement par le terme de “pièce”, mais on peut penser qu’il s’agit de bâtiments et non de bassins ou de cuves, car il aurait très certainement employé l’un ou l’autre de ces termes.

Interprétation

Des renseignements oraux ont révélé à A. H. Cook17 que ces structures étaient en fait les restes d’un atelier producteur de pourpre. Il trouva cette information intéressante et la mentionna dans son article, mais il se garda bien d’émettre son propre jugement sur la question.

Bibliographie

  • Cook, A. H. (1909) : “On the Shell mound of Sidon”, Proceedings of the Malacological society of London, 8, 341-342.

Sites de Libye
et de Tunisie

Bérénice

Site 1
Dépôts

La ville de Bérénice en Cyrénaïque a connu une expansion économique importante sous l’Empire. Jusqu’à la fin de la période hellénistique, c’est la ville de Sabratha qui produisait la pourpre18. Le déclin de cette ville profita à Bérénice dont la pourpre s’exporta jusqu’en Égypte au IIIe siècle p.C.19.

Localisation

Dans l’insula II, dans le complexe J2, pièce 7 (fig. 8).

Bérénice, localisation des sites 1 et 2 (Reese 1980, 88).
Fig. 8. Bérénice, localisation des sites 1 et 2 (Reese 1980, 88).
Description

Une couche de coquilles d’Hexaplex trunculus concassés de 15 cm d’épaisseur a été mise au jour au cours des fouilles. Dans la pièce 1 de ce même complexe, une couche de coquillages dont nous ne connaissons pas le type est également visible.

Interprétation

Selon D. Reese, la présence de 4 fours à proximité des dépôts de coquilles de murex signifie qu’il s’agissait d’un lieu producteur de chaux : les coquilles qui avaient, à l’origine, servi à produire de la pourpre étaient réutilisées pour fabriquer de la chaux.

L’épaisseur du dépôt de murex est assez importante et nous ne pouvons exclure la possibilité d’une production de pourpre à cet endroit. La localisation de ce dépôt dans une salle n’est pas en contradiction avec une production de pourpre.

Datation

Le dépôt de coquilles de murex de la pièce 7 serait peut-être en relation avec le dépôt de coquillages de la pièce 1 qui a recouvert un sol ayant servi à la production de poterie daté du IIIe siècle p.C.20.

Bibliographie

  • Reese, D. (1980) : “Industrial Exploitation of Murex Shells Purple Dye and Lime Production at Sidi Krebish Benghazi (Berenice)”, LybStud, 79-93.

Bérénice

Site 2
Dépôts

Localisation

Une grande quantité de coquilles de murex est encore visible près du phare moderne, au nord de l’église byzantine (fig. 8).

Description

Lors d’un sondage au niveau des murs de fortification de la ville, des dépôts d’Hexaplex trucunlus ont été découverts.

D. Reese hésite quant à l’origine de ces dépôts et il propose trois hypothèses21 :

  • – Le remblai de terre contenant les murex a pu servir de remplissage pour le mur de construction. Dans ce cas, les murex auraient été importés d’un autre endroit de la ville.
  • – C’est une accumulation de détritus.
  • – Ce sont des débris provenant d’un déblai de la fouille du rempart fait par le Département de l’Antiquité en 197122

Selon A. Wilson23, ces dépôts n’ont pas été apportés d’un autre endroit et n’ont pas fait, non plus, l’objet d’un déblaiement. Ces dépôts seraient certainement beaucoup plus importants que ne le laisse penser la description de D. Reese24.

Interprétation

La surface recouverte par les débris d’Hexaplex trunculus est, selon A. Wilson, considérable. Il ne fait aucun doute qu’une production de pourpre a eu lieu à proximité.

Datation

Il est impossible de dater ces dépôts. Nous savons juste, grâce au témoignage de Procope (Aed., 6.2.5), que le mur d’enceinte a probablement été construit au IIIe siècle p.C. Un papyrus d’Oxyrhincos25 du IIIe siècle p.C. fait référence à la pourpre de Bérénice : la production datait peut-être de cette époque.

Bibliographie

  • Reese, D. (1980) : “Industrial Exploitation of Murex Shells Purple Dye and Lime Production at Sidi Krebish Benghazi (Berenice)”, LybStud, 79-93.
  • Wilson A. (2004) : “Archeological Evidence for Textile Production and Dyeing in Roman North Africa”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2004, 155-164.
  • Wilson, A. (2001) : “Urban economies of late antique Cyrenaica”, in : Kingsley & Decker, dir. 2001, 28-43.
  • Wilson, A. (2002) : “Urban Production in the Roman World”, PBSR, 70, 231-273.

Tobrouck

Dépôt

Lors d’une prospection dans la ville de Tobrouck en Libye actuelle, un dépôt de murex a été mis au jour.

Localisation

Le dépôt a été découvert dans la péninsule qui ferme la rade de Tobrouck, à environ 2 km de la ville, à côté d’un groupe de maisons.

Description et interprétation

Selon W. Parri26, il s’agit uniquement de coquilles à pourpre mais il n’en donne pas le nom scientifique. Ces coquilles étaient brisées en morceaux très fins.

Nous ne disposons que de cette description qui est très succincte. L’auteur ne donne aucune dimension.

Bibliographie

  • Parri, W. (1932) : “Relitti di Manifatture di Porpora a Tobruk”, Rivista della Colonie Italiane, 720-723.

Leptis Magna

Mortier fait à base de
coquilles de murex

Une mission archéologique italienne a été mise en place en Libye en 1958 sous la direction du Professeur A. Zanelli pour étudier la topographie antique de la côte27. Andrew Wilson a effectué une prospection, il y a quelques années, dans le cadre d’une étude sur les ressources maritimes des villes antiques de la côte Tripolitaine28.

À Leptis Magna, les deux archéologues ont repéré différents endroits dans lesquels des coquilles de murex brisées avaient servi de liant au mortier de construction (fig. 9).

Leptis Magna, plan de la ville avec localisation du mortier contenant les coquilles de murex (Wilson 2000, 434).
Fig. 9. Leptis Magna, plan de la ville avec localisation du mortier contenant les coquilles de murex
(Wilson 2000, 434).
Localisation et description

  • Dans le mur byzantin29 qui s’étend sur les côtés est et sud du port, et dans des constructions situées près du Chalcidicum et des Bains d’Hadrien (fig. 10). Le parement est fait de blocs arénifères, de blocs de calcaire et de blocs de travertin qui appartenaient auparavant à d’autres structures. Ces blocs ont été liés avec du mortier gras mêlé de coquilles de murex broyées. L’intérieur du mur est fait de blocs informes noyés dans le même mortier riche en coquilles de murex brisées.

    Une analyse plus poussée de ce mortier d’époque byzantine montre que celui-ci ne contient que des fragments de coquilles d’Hexaplex trunculus.

  • Une citerne a été érigée afin d’alimenter en eau les alentours du Chalcidicum. Elle a été construite en briques reliées entre elles par du mortier comportant des fragments de murex. A. Wilson souligne qu’un seul type de murex a été utilisé pour fabriquer le mortier de construction30 (fig. 13).
  • L’enduit externe des citernes situées derrière les grandes latrines des bains d’Hadrien laisse apparaître des coquilles de murex brisées dont nous ne connaissons pas le type (fig. 11).
  • L’érosion a fait apparaître des murex brisés dans un dépôt non fouillé au coin sud-est de l’insula du macellum et de l’arc de Tibère ainsi que dans les bains “impériaux” près de la côte.
Leptis Magna, mortier fait avec des coquilles de murex à l’extérieur de la citerne à l’est des grandes latrines des Bains d’Hadrien (Wilson 2000, tav. 4).
Fig. 10. Leptis Magna, mortier fait avec des coquilles de murex à l’extérieur de la citerne à l’est des grandes latrines des Bains d’Hadrien (Wilson 2000, tav. 4).
Leptis Magna, détail du mortier du mur byzantin qui contient les débris de coquilles de murex (Blanc 1958, 205).
Fig. 11. Leptis Magna, détail du mortier du mur byzantin qui contient les débris de coquilles de murex (Blanc 1958, 205).
Datation

Selon A. C. Blanc31, une production de pourpre à Leptis Magna a certainement eu lieu à l’époque romaine. Selon lui, les Byzantins se seraient servis dans les dépôts d’un atelier “récent”, car des résidus d’époque punique n’auraient peut-être pas étaient aussi nombreux.

Selon A. Wilson32, la citerne du Chalcidium aurait été édifiée après la construction de l’aqueduc en 119-120. Cette citerne a été construite avant une autre grande citerne, datant de la fin du IIIe siècle ou du IVe siècle, insérée dans le site de l’ancien portique, entre le Chalcidicium et le théâtre qui lui est contigu (fig. 12). Ces constatations fournissent une fourchette de datation allant des années 120 p.C. au début du IIIe siècle p.C. La production de pourpre serait contemporaine de la date de construction de la citerne, c’est-à-dire des années 120 p.C., si la citerne appartient bien au plan initial du système urbain de distribution de l’eau.

Leptis Magna, vue de la façade du Chalcidium avec citerne de distribution d’eau à gauche et bassin de la fontaine au centre (Wilson 2000, tav. 3).
Fig. 12. Leptis Magna, vue de la façade du Chalcidium avec citerne de distribution d’eau à gauche et bassin de la fontaine au centre (Wilson 2000, tav. 3).
Leptis Magna, détail du mortier fait avec des coquilles de murex dans la citerne de distribution du Chalcidium (Wilson 2000, tav. 4).
Fig. 13. Leptis Magna, détail du mortier fait avec des coquilles de murex dans la citerne de distribution du Chalcidium (Wilson 2000, tav. 4).

Le prolongement vers les Bains d’Hadrien a été construit en “brick-banded, maçonnerie qui est une méthode de construction propre à l’époque sévérienne. Si cette construction était contemporaine de la production de pourpre33, cette dernière daterait du IIIe siècle p.C.

En conclusion, pour A. Wilson34, la ville de Leptis Magna a été un centre producteur de pourpre pendant le IIe siècle p.C. et sous la dynastie sévérienne.

Bibliographie

  • Blanc, A. C. (1958) : “Residui di manufatture di porpora a Leptis Magna e al Monte Circeo”, Bolletino del Centro di Studi per la Storia dell’Architettura, 12, 187-210.
  • Di Vita, A. (1998) : “Leptis Magna”, Rivista di topografia antica, 8, 121-128.
  • Laronde, A. (1988) : “Le port de Leptis Magna”, CRAI, 132-2, 337-353, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1988_num_132_2_14612 [consulté le 24/08/2022].
  • Wilson, A. (2000) : “Marine Ressource Exploitation in the Cities of Coastal Tripolitania”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 430-436.
  • Wilson, A. (2002) : “Urban Production in the Roman World”, PBSR, 70, 231-273.

Sabratha

Coquilles de murex
dans le mortier de construction

Des fouilles ont été effectuées à Sabratha par des archéologues italiens de 1925 à 1942, mais aucun rapport archéologique complet n’a été publié. Des prospections sporadiques ont lieu depuis quelques décennies et, depuis 1998, Andrew Wilson y étudie les activités maritimes.

Localisation

Autour du Forum, plus particulièrement au sud et à l’est, dans le quartier résidentiel et commerçant (fig. 14).

Sabratha, localisation des sols faits avec du mortier fabriqué avec des murex (Wilson 1999, fig. 1).
Fig. 14. Sabratha, localisation des sols faits avec du mortier fabriqué avec des murex (Wilson 1999, fig. 1).
Présence de coquilles de murex
dans le mortier de construction

Au total A. Wilson a dénombré 4 lieux dont les sols sont faits de mortier fabriqué uniquement avec des coquilles d’Hexaplex trunculus brisées (fig. 14) :

  • Immédiatement au sud du mur byzantin et au nord des citernes et des bains qui sont à l’opposé du Musée Punique se trouve, dans un bâtiment, une pièce de forme allongée contenant un groupe de trois bassins et un dolium. L’extrémité ouest de cette pièce a un sol fait en béton fabriqué avec des coquilles de murex brisées (fig. 14 : murex floor 1 ; fig. 15).
  • Le sol près de la Maison de Leda et de Swan est recouvert d’un mortier de construction fabriqué avec des coquilles de murex brisées (fig. 14 : murex floor 2).
  • Un sol fait en mortier fabriqué avec des coquilles de murex brisées est encore visible près des bains maritimes, à la jonction de la rue qui longe l’Insula II.10 et de la rue prenant la direction du quartier est le long de la côte (fig. 14 : murex floor 3 ; fig. 16).
  • Le sol au nord du théâtre laisse également apparaître un mortier fait à base de coquilles de murex brisées (fig. 14 : murex floor 4).
Sabratha, sol fait avec du mortier fabriqué avec des coquilles de murex (Wilson 1999, fig. 16).
Fig. 15. Sabratha, sol fait avec du mortier fabriqué avec des coquilles de murex
(Wilson 1999, fig. 16).
Sabratha, sol fait avec du mortier fabriqué avec des coquilles de murex (Wilson 1999, fig. 17).
Fig. 16. Sabratha, sol fait avec du mortier fabriqué avec des coquilles de murex
(Wilson 1999, fig. 17).

Dans d’autres lieux, du mortier de construction comprend non seulement des débris de coquilles d’Hexaplex trunculus, mais également des tessons de céramique et des fragments d’autres coquillages. Ainsi, les sols de la “Maison des pressoirs à olives”, le revêtement en opussignitum des baquets de l’Insula II.10 et le sol de la pièce contenant ces baquets sont faits en mortier de construction fabriqué en partie avec des coquilles de murex brisées (fig. 14 : floor with some murex shells).

Datation

Le sol situé au nord du théâtre appartient à un quartier daté de la dernière moitié du IIe ou du IIIe siècle de notre ère et un puits du IIIe siècle au nord du Mausolée A est rempli de murex (probablement brandaris d’après les photos)35. Ces indices font penser que la production de pourpre à Sabratha a eu lieu vers la fin du IIe siècle et au IIIe siècle p.C.36.

Bibliographie

  • Joly, E. (1998) : “Sabratha”, Rivista di topografia antica, 8, 129-150.
  • Mattingly, D. J., éd. (1995) : Tripolitania, Londres.
  • Wilson, A. (1999) : “Commerce and Industry in Roman Sabratha”, LibStud, 30, 1999, 29-52.
  • Wilson, A. (2000) : “Marine Ressource Exploitation in the Cities of Coastal Tripolitania”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 430-436.
  • Wilson, A. (2002) : “Urban Production in the Roman World”, PBSR, 70, 231-273.

Zuchis

Dépôts

La ville d’El Mdeina, se situe au sud-est de la Tunisie à une centaine de kilomètres de la ville de Gabes et non loin de l’île de Djerba. Cette ville est fouillée depuis seulement quelques années et les découvertes ont fait penser à A. Drine37 qu’il s’agissait en fait de l’ancien site de Zuchis mentionné par Strabon au sujet de la qualité de sa pourpre.

Localisation

Le site antique de Zuchis est localisé sur la rive sud du lac El Bibèn, à 20 km au nord-est d’un village plus connu, nommé Ben Guerdan. Les vestiges encore visibles s’étendent sur environ 600 m le long du rivage. Les indices prouvant la présence d’un atelier producteur de pourpre se trouvent au sein d’un complexe industriel, près de batteries de cuves destinées au garum et aux salaisons de poissons.

Description

Dans un bâtiment de forme rectangulaire de 45 m de long sur 22 m de large et en particulier dans trois salles contiguës disposées perpendiculairement au rivage, ont été mis au jour des débris de coquilles de murex ainsi que de la terre noire.

Interprétation

Les dépôts de coquilles de murex sont des déchets issus d’un atelier producteur de pourpre38. La présence de terre noire sur une profondeur de 17 cm corrobore cette théorie : en effet, il fallait chauffer la substance tinctoriale pour obtenir la couleur pourpre.

Datation des vestiges

Aucune datation n’est proposée, mais grâce à un texte du géographe Strabon, nous savons que la ville de Zuchis produisait de la pourpre dans le dernier quart du Ier siècle a.C.

Bibliographie

  • Drine, A. (2002) : “Autour du lac El Bibèn : les sites d’El Mdeina et de Bou Garnin”, in : Khanoussi et al., dir. 2002, 2001-2014.

Djerba

“Ensemble 1”
Structures et dépôts

Le site de Meninx se trouve à l’extrême sud-est de l’île de Djerba, au lieu dit El Kantara (fig. 17). À quelques kilomètres de ce lieu se trouve le départ de la chaussée romaine qui mène au continent (Zarzis).

Meninx, localisation du site archéologique de Meninx (Drine 2000, fig. 2).
Fig. 17. Meninx, localisation du site archéologique de Meninx (Drine 2000, fig. 2).

Ce site a été fouillé dans le cadre d’un programme de coopération archéologique tuniso-américaine relatif à l’étude du patrimoine de l’île de Djerba.

Localisation

Les structures mises au jour longent le rivage sud du site de Meninx jusqu’à l’esplanade du forum qui se trouve à environ 400 m des vestiges que les archéologues nomment ensemble 1.

Description

Dans cet ensemble 1, une cuve et un bassin ont été exhumés (fig. 18).

Meninx, plan de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 4).
Fig. 18. Meninx, plan de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 4).

La cuve fait 5,80 m de longueur sur 1,45 m de largeur et 1,45 m de profondeur. Elle est inscrite dans un massif de maçonnerie de forme extérieure rectangulaire (fig. 19). L’épaisseur des murs de la cuve est variable : 55 cm pour les murs nord et est et 1 m pour les murs sud et ouest.

Les murs sont construits en petit appareil de grès marin tendre dont les moellons sont jointoyés au “ciment grisâtre”. Le sol est fait “de béton avec du mortier de ciment et du granulat de plage”39.

Meninx, la cuve de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 6).
Fig. 19. Meninx, la cuve de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 6).

À l’intérieur, les parois sont recouvertes de deux couches de mortier de 3 cm d’épaisseur : la première couche est composée d’un mélange de “ciment” et de petits coquillages et la deuxième couche d’un mélange de “chaux, de granulat de plage et de coquillages”. L’ensemble est enduit de “ciment grisâtre”.

Un sondage40 a été effectué au pied du mur sud, à l’extérieur de la cuve, sur un carré de 80 cm de côté et d’une profondeur de 70 cm.

  • De 0 à 40 cm de profondeur les strates sont composées essentiellement de restes de constructions effondrées (pavements, ciment, chaux) entre lesquelles s’intercalent des poches remplies de terre noire mêlée à des murex “concassés”.
  • Au-delà de 40 cm on trouve beaucoup de murex “pilés” mêlés à la terre noire.

Le bassin, de forme rectangulaire, mesure 9,55 m de longueur sur 3,15 m de largeur et 65 cm de profondeur (fig. 20). Il est séparé de la cuve par un mur plus ancien contre lequel sont construits les murs nord de la cuve et sud du bassin. Les murs sont construits en petit appareil régulier lié avec un “mortier de ciment grisâtre” et ont une épaisseur variable : 55 cm pour les murs sud et ouest, 1 m pour le mur nord. Leur surface est couverte d’une seule couche “d’enduit de ciment”. Au milieu du mur est du bassin, on note la trace d’un “déversoir de puisage” qui a été obstrué. Le bassin possède également un dispositif d’évacuation qui a été “destrué”.

Meninx, le bassin de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 10).
Fig. 20. Meninx, le bassin de l’ensemble 1 (Drine 2000, fig. 10).

Un sondage41 a été effectué dans les environs immédiats des structures sur un rectangle de 25 m sur 20 m : toutes les couches contiennent des débris de murex.

Au nord de l’ensemble 1 se trouve une structure de granit ressemblant à un tronçon de colonne (fig. 21). Elle a été interprétée comme un billot de concassage42. La partie apparente de ce billot est de 25 cm et son diamètre est de 44 cm. On ne sait s’il appartenait à l’ensemble 1 ou à l’ensemble 243 ou, peut-être, aux deux ensembles à la fois.

Meninx, billots de concassage (Drine 2000, fig. 15).
Fig. 21. Meninx, billots de concassage (Drine 2000, fig. 15).

Des millions de coquilles de murex brisées ou présentant une fracture au niveau de la première et de la seconde spire à l’endroit de la glande tinctoriale recouvrent le sol de l’ensemble 1 (fig. 22).

Meninx, les débris de coquilles de murex jonchant le sol des ensembles 1 et 2 (cl. C. Macheboeuf, 2003).
Fig. 22. Meninx, les débris de coquilles de murex jonchant le sol des ensembles 1 et 2 (cl. C. Macheboeuf, 2003).
Interprétation

A. Drine n’est pas encore sûr de la fonction du bassin et de la cuve. Selon lui, les structures solides et étanches que sont les cuves et les bassins correspondent tout à fait à des installations qui seraient consacrées à la salaison des poissons ou au traitement des murex, car le sel rentrait dans la fabrication de la pourpre et, de ce fait, des structures renforcées étaient nécessaires afin d’éviter la fissuration due à cette substance.

Selon A. Drine, la présence de terre “noire” indique l’utilisation du feu qui servait peut-être à chauffer la substance tinctoriale.

Les tonnes de coquilles de murex qui couvrent le sol de ce site sont bien sûr le témoignage de la présence ancienne d’un site producteur de pourpre.

Datation

L’étude du matériel retrouvé en cours de fouilles44 et les indices d’abandon de ce quartier industriel montrent que la production a duré jusqu’au milieu du VIe siècle p.C. Selon E. Fentress, les murex retrouvés en dessous des structures dateraient du Ier siècle p.C., mais elle n’en précise pas la raison45.

Bibliographie

  • Drine, A. (2000) : “Les fouilles de Méninx. Résultats des campagnes de 1997 et 1998”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 73-94.
  • Fentress, E. (2000) : “The Djerba Survey: Settlement in the Punic and Roman Periods”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 86-94.
  • Fontana, S. (2000) : “Un ‘immondezziao’ di VI secolo da Meninx: la fine della produzione di porpora e la cultura materiale a Gerba nella prima èta bizantina”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 95-114.

Djerba

“Ensemble 2”
Structures et dépôts

Localisation

Les structures mises au jour longent le rivage sud du site jusqu’à l’esplanade du forum. L’ensemble 2 se trouve au nord-est de l’ensemble 1 dont il est distant d’une vingtaine de mètres environ. Son dégagement a été commencé en juillet 1998.

Description

L’ensemble 2 est constitué, comme l’ensemble 1, d’une cuve et d’un bassin (fig. 23).

Meninx, la cuve et le bassin de l’ensemble 2 (Drine 2000, fig. 3).
Fig. 23. Meninx, la cuve et le bassin de l’ensemble 2 (Drine 2000, fig. 3).

La cuve, de forme rectangulaire mesure 7,20 m de long et 2,24 m de large. Les murs font environ 50 cm de largeur et sont en petit appareil liaisonné au mortier de chaux. Les murs nord et sud de la cuve s’appuient sur des structures qui appartiennent à un bâtiment plus ancien et, de plus, le mur sud est renforcé par un contrefort constitué d’un massif de maçonnerie en saillie à l’intérieur.

Les parois de la cuve sont revêtues de deux couches de mortier. La première comporte un mélange de chaux et de granulat de plage et la deuxième un mélange de “ciment” et de murex “pilés”. La totalité est recouverte par un “enduit de ciment”.

Le bassin, de forme rectangulaire, mesure 11,20 m de longueur et 2,90 m de largeur. L’épaisseur des murets est importante : elle peut atteindre 1 m. Les parois du bassin sont revêtues de deux couches de mortier. La première comporte un mélange de chaux et de granulat de plage et la deuxième est composée d’un mélange de “ciment” et de murex “pilés”. La totalité est recouverte par un “enduit de ciment”.

Un sondage effectué certainement à proximité de la cuve et du bassin, sur un carré de 10 m de côté a permis la découverte d’un grand nombre de murex. Nous n’en connaissons pas le type.

À l’ouest de l’ensemble 2, un billot de concassage a été découvert. Sa description se trouve dans la fiche concernant l’ensemble 146.

Comme pour l’ensemble 1, des tonnes de coquilles de murex brisées ou présentant une fracture au niveau de la première et de la seconde spire à l’endroit de la glande tinctoriale recouvrent le sol (fig. 22).

Interprétation

Les fouilles n’étant pas terminées, A. Drine réserve son interprétation sur les structures de l’ensemble 2.

Les millions de coquilles de murex qui couvrent le sol de ce site sont bien sûr la preuve d’une fabrication de teinture pourpre.

Datation

La datation de l’ensemble 2 est la même que celle de l’ensemble 147.

Bibliographie

  • Drine, A. (2000) : “Les fouilles de Méninx. Résultats des campagnes de 1997 et 1998”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 73-94.
  • Fentress, E. (2000) : “The Djerba Survey: Settlement in the Punic and Roman Periods”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 86-94.
  • Fontana, S. (2000) : “Un ‘immondezziao’ di VI secolo da Meninx: la fine della produzione di porpora e la cultura materiale a Gerba nella prima èta bizantina”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 95-114.

Djerba

Structures et dépôts
Site 3

Localisation

Près de la route actuelle menant à la voie romaine, à une centaine de mètres à l’ouest des ensembles 1 et 2, se trouve une énorme étendue de coquilles de murex brisées et des vestiges (fig. 24).

Meninx, localisation du site 3 (Drine 2000, fig. 2).
Fig. 24. Meninx, localisation du site 3 (Drine 2000, fig. 2).
Description

Un “murex dump” de 540 m de longueur, 340 m de largeur et 3 m d’épaisseur est encore visible de nos jours (fig. 25). Cette falaise est entièrement formée de coquilles de murex dont le type dominant est l’Hexaplex trunculus. Il est parfois difficile d’identifier les débris de coquilles tant elles ont subi l’érosion. Aux débris de coquilles se mêlent un grand nombre de tessons d’amphores Mau 35 qui servaient de contenant au vin de l’île.

Meninx, détail d’une partie du Murex Dump (cl. J. Zaouali).
Fig. 25. Meninx, détail d’une partie du Murex Dump (cl. J. Zaouali).

Dans cette grande étendue recouverte de coquilles de murex, on rencontre des zones de sols cendreux où s’accumulent de la poterie et des tessons d’amphores, des briques de four, des supports et des “saggars”48. Ces vestiges indiqueraient l’emplacement de fours49.

Interprétation

Ces fours servaient peut-être au chauffage de la substance tinctoriale qui était obligatoire pour l’élaboration de la teinture pourpre.

Comme pour la ville de Sidon50, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’accumulations de débris de sites producteurs de pourpre voisins. Ce sont les amphores Mau 35 qui auraient servi à transporter les coquilles de murex loin de ces sites51.

Datation

La présence de nombreux tessons d’amphore Mau 35 laisse penser que la production de pourpre a été particulièrement intensive aux Ier et IIe siècles de notre ère52.

Bibliographie

  • Wilson, A. (2000) : “Marine Ressource Exploitation in the Cities of Coastal Tripolitania”, in : Khanoussi et al., dir. 2000, 430-436.
  • Wilson, A. (2002) : “Urban Production in the Roman World”, PBSR, 70, 231-273.

Carthage

Murex en stratigraphie

Selon la légende, Carthage fut fondée en 814 a.C. par la reine Didon. Les historiens et les archéologues ont toujours été fascinés par la description de Polybe, reprise par Appien, des ports de Carthage au IIe siècle a.C. Ces derniers ont fait l’objet de fouilles intensives il y a une dizaine d’années et de nombreuses découvertes y ont été faites : la capitale punique aurait apparemment produit de la pourpre du VIIIe siècle a.C. jusqu’à la période byzantine53.

Description

Il ne s’agit pas de vestiges à proprement parler, mais des résultats d’une étude malacologique menée par le Dr. J. Zaouali sur des échantillons provenant des différentes strates des ports antiques de Carthage. Les résultats obtenus laisseraient penser que des ateliers producteurs de pourpre se situaient peut-être à proximité des ports antiques.

Dans la strate correspondant à la période comprise entre la fin de la 3e guerre punique et le début des travaux romains (146 a.C.-début du principat d’Auguste) J. Zaouali a retrouvé quelques coquilles de murex, mais en nombre beaucoup moins important que dans la strate correspondant à l’époque punique.

Dans la strate correspondant au IIe siècle p.C., ont été retrouvées 56 coquilles d’Hexaplex trunculus.

Dans la strate correspondant au IVe siècle p.C., ont été retrouvées 39 coquilles d’Hexaplex trunculus.

Interprétation

Les coquilles de murex retrouvées dans les différentes strates du port sont en fait des dépôts de décharges urbaines. Le Dr. J. Zaouali pense que ces débris viennent d’ateliers producteurs de pourpre des environs, puisque, d’une part, le murex ne fait pas partie de la faune vivant in situ et que, d’autre part, les coquilles étaient broyées.

Datation

Selon les indices archéologiques, il y a eu production de pourpre à Carthage dès le VIIIe siècle a.C. et celle-ci aurait perduré jusqu’au Ve siècle a.C. Il faut noter un ralentissement de la production entre 146 et 20 a.C. et un manque d’indice archéologique pour le IIIe siècle p.C.54 (fig. 26).

Location of the Laecanius and Emperor amphora production (Fažana).
Fig. 26. Carthage, fouilles du port, proportion des différentes espèces malacologiques utilisées pour la fabrication de la pourpre depuis l’époque punique jusqu’à l’époque byzantine (Zaouali, Apport des études malacologiques à la connaissance historique des activités halieutiques dans la région de Carthage).
Bibliographie

  • Zaouali, J. (1990) : “Carthage… Les coquillages racontent”, Oceanorama, 14, 32-38.

Sites du Maroc

Oued Massa

Dépôts

La pourpre de Gétulie n’aurait pas été uniquement produite sur les Îles Purpuraires du roi Juba II si l’on en croit les débris de coquillages à pourpre retrouvés également plus au sud, au niveau de l’Oued Massa.

Localisation

À l’embouchure de l’Oued Massa. Nous ne possédons pas plus d’indication.

Description

Des “monceaux” de coquilles de Stramonita haemastoma et de murex étaient encore visibles dans les années 1960.

Interprétation

Ces dépôts seraient liés à l’industrie de la pourpre55. Nous supposons qu’A. Jodin s’est fondé sur la grande quantité de débris de Stramonita haemastoma et de murex – dont le type n’est pas signalé – pour faire une telle interprétation, car il ne mentionne pas la présence de trou dans les coquilles au niveau de la glande tinctoriale.

Bibliographie

  • Jodin, A. (1967) : Les établissements du roi Juba II aux Îles Purpuraires, Tanger.

Les Îles Purpuraires

Île de Mogador
Structures et dépôts

Les Îles Purpuraires (Insulae Purpurariae) doivent leur nom au roi de Maurétanie Juba II qui, selon les auteurs anciens, y fit produire la célèbre pourpre de Gétulie. Depuis 1902, leur localisation à proximité de la ville d’Essaouira56 (ex Mogador) est assurée, mais seule une île subsiste encore. La seconde s’est rattachée au continent, il y a quelques siècles, en raison de l’ensablement, et elle forme désormais l’assise de la ville actuelle d’Essaouira57.

Localisation

La ville d’Essaouira se situe au sud-ouest du Maroc. L’île de Mogador se trouve à environ 900 m de l’actuel port d’Essaouira58 (fig. 27).

Îles Purpuraires, l’île de Mogador et le littoral actuel (Jodin 1967, 14).
Fig. 27. Îles Purpuraires, l’île de Mogador et le littoral actuel
(Jodin 1967, 14).
Description

L’île de Mogador présente un relief escarpé. La zone fouillée est située sur la côte est de l’île et elle s’étend sur une superficie de deux hectares, au bord d’une falaise rocheuse (fig. 28).

Îles Purpuraires, le secteur archéologique de l’île de Mogador (Jodin 1966, 16).
Fig. 28. Îles Purpuraires, le secteur archéologique de l’île de Mogador (Jodin 1966, 16).

À quelques mètres de la petite falaise rocheuse au sud-est de l’île et sur une étendue de 100 m, on note la présence d’un ensemble de constructions maurétaniennes et romaines comprenant au total vingt et une pièces réparties en trois blocs (fig. 29).

Îles Purpuraires, plan général des établissements antiques de l’île de Mogador (Jodin 1967, 30-31).
Fig. 29. Îles Purpuraires, plan général des établissements antiques de l’île de Mogador (Jodin 1967, 30-31).

– Le bloc nord

Les pièces du bloc nord sont les plus anciennes. Elles datent de l’époque de Juba II (pièces I à VIII). La pièce I donne directement dans le bassin VIII dont la nature n’est pas précisée59.

– Le bloc central

Dans le bloc central, un bassin rectangulaire, dont la fonction n’est pas connue, a été mis au jour. Il est accoté à la pièce XII et ses dimensions intérieures sont de 1 m sur 2,20 m.

À 9,30 m de l’ensemble central, on note la présence d’une “bâtisse” isolée de 4,30 m sur 3,60 m (pièce XVII). Les murs sont larges, peu élevés, et cette dernière est remplie d’amas de cendre. A. Jodin ne sait pas à quoi était destinée cette structure, mais il lui donne tout de même le nom de four60.

– Le bloc sud

À 10,60 m de ce four, dans le bloc sud, 4 pièces et un canal d’évacuation ont été exhumés. Le tout mesure 7,85 m du nord au sud et 11,50 m de l’est à l’ouest.

Dans la pièce XVIII, A. Jodin signale la présence d’une sorte de “bassin” de 3,20 m de long et d’une canalisation qui s’étend sur 6,50 m. Il ne sait pas si cette dernière était reliée au bassin61.

À 9,30 m de la chambre XVI, une structure rectangulaire de 3,50 m de long sur 0,70 m de large est remplie d’une masse de cendre d’environ 3 m³.

Un tertre ou “Shell-Mound”62 d’une cinquantaine de mètres de diamètre s’étend à proximité de la villa romaine (fig. 28). Selon A. Jodin : “des murex y ont été découverts en grand nombre”63. Le détail de la coupe est-ouest réalisée dans le tertre révèle que des “coquilles” ont été uniquement retrouvées dans la couche II qui correspond à la couche d’époque romaine.

Interprétation

Selon A. Jodin, les installations mises au jour dans la villa romaine ont certainement servi à la production de la pourpre : des bassins de salaisons également retrouvés sur l’île auraient servi à la macération des glandes tinctoriales dans le sel, l’eau nécessaire à la fabrication de la teinture était stockée dans les citernes ou les bassins qui sont associés à des canalisations et les structures de chauffage de la villa romaine auraient servi au chauffage de la teinture64.

Datation

La découverte de deux deniers d’argent frappés à l’effigie de Juba II ainsi que des tessons de vases d’Arezzo sur la petite plage sud-est ont permis d’apprendre que l’île de Mogador était occupée en 19-18 a.C.65.

La partie la plus ancienne de la villa date de l’époque de Juba II, comme en témoignent les tessons de céramique d’Arrezzo66 et la découverte d’un vase de type Dragendorff 11. Le reste de la villa a été construite dans la première moitié du Ier siècle p.C. et l’occupation de l’île a continué jusqu’à l’époque byzantine67.

Bibliographie

  • Jodin, A. (1967) : Les établissements du roi Juba II aux Îles Purpuraires, Tanger.
  • Jodin, A. (1966) : Mogador, comptoir phénicien du Maroc atlantique, Tanger.
  • Jodin, A. (1957) : “Note préliminaire sur l’établissement préromain de Mogador, Campagnes de 1956-1957”, Bulletin d’Archéologie Marocaine, 2, 9-40.

Essaouira

Îles Purpuraires
Dépôts

Les Îles Purpuraires étaient au nombre de deux. La première, l’île de Mogador, fait encore face à l’actuelle ville d’Essaouira, tandis que la seconde est rattachée au continent et constitue aujourd’hui l’assise de la ville actuelle d’Essaouira68.

Localisation

Le littoral de la ville d’Essaouira est caractérisé par de grandes plages qui s’étendent à perte de vue. Il faut noter que le vent souffle toujours fort dans cette région où la mer est généralement assez agitée.

Des dépôts de murex étaient encore présents en 1955 au lieu-dit de la plage de Safi au nord de la ville d’Essaouira.

Description

Selon J.-P. Desjacques et P. Koeberlé69, on peut dénombrer des coquilles de Stramonita haemastoma par milliers au nord de la ville de Mogador, actuelle Essaouira. Ces coquilles sont, selon ces auteurs, presque toutes percées à l’endroit où se trouvait la glande tinctoriale. Des fragments de céramique antique et des morceaux d’amphores (cols et anses non identifiés) ont été retrouvés à côté de ces coquillages.

Interprétation

La fracture caractéristique sur les coquilles des Stramonita haemastoma à l’endroit de la glande tinctoriale est la preuve indéniable d’une production de pourpre.

Datation des structures

Nous ne possédons aucun élément de datation, mais ces débris sont peut-être les vestiges de la production de pourpre qui avait lieu sur la seconde Île Purpuraire. Si tel est le cas, la production de pourpre sur ce site daterait au moins du règne de Juba II.

Bibliographie

  • Desjacques, J.-P. et Koeberlé P. (1955) : “Mogador et les Îles Purpuraires”, Hespéris, 42, 193-202.
  • Jodin, A. (1967) : Les établissements du roi Juba II aux Îles Purpuraires, Tanger.
  • Jodin, A. (1966) : Mogador, comptoir phénicien du Maroc atlantique, Tanger.
  • Jodin, A. (1957) : “Note préliminaire sur l’établissement préromain de Mogador, Campagnes de 1956-1957”, Bulletin d’Archéologie Marocaine, 2, 9-40.

Thamusida

Dépôts

Le site de Thamusida au Maroc est fouillé depuis déjà quelques décennies. Ces dernières années, une équipe d’archéologues italiens sous la direction d’E. Papi, a mis au jour une zone commerciale en dehors du castrum militaire. Cette dernière se compose de boutiques, d’horrea, mais aussi de structures pour la salaison de poissons ainsi que de dépôts de murex.

Localisation

Le long de la rive de l’Oued Sebou, à l’ouest des constructions destinées peut-être à la salaison de poissons70.

Description

Une zone, dont nous ne connaissons pas les dimensions, est entièrement recouverte de coquilles de murex. Selon E. Papi, certaines coquilles de murex étaient cassées sur le côtéV71. Des traces de foyers sont également visibles en ce lieu.

Interprétation

Selon A. Wilson72, l’étendue des dépôts signale bien évidemment l’industrie de la pourpre. Mais malheureusement, nous n’en connaissons pas les dimensions.

Le fait que les coquilles présentent une fracture au niveau de la glande tinctoriale est la preuve que les murex ont servi à la production de pourpre. Les traces de foyers en sont une preuve supplémentaire : il fallait chauffer la substance tinctoriale pour obtenir la couleur.

Bibliographie

  • Papi, E., Cerri, L. et Passalacqua, L. (2000) : “Prima dello scavo”, Archeo, 184, 96-99.
  • Rebuffat R. et Marion, J. (1977) : Thamusida. Fouilles du Service des Antiquités du Maroc. III, Rome.
  • Wilson A. (2004) : “Archeological Evidence for Textile Production and Dyeing in Roman North Africa”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2004, 155-164.
  • Wilson, A. (2002) : “Urban Production in the Roman World”, PBSR, 70, 231-273.

Metrouna

Dépôts

Localisation

Ce site a été découvert lors de la réalisation de la carte archéologique du Maroc du nord en 2008. Il est situé sur la rive droite de l’oued Martil, près de l’embouchure du fleuve, à 500 m au nord-ouest de Sidi Abslam du Behar.

Description

Des dépôts de coquillages composés d’Hexaplex trunculus, de Bolinus brandaris, de patelles et d’autres bivalves ont été mis au jour ainsi que de la céramique d’époque romaine (fig. 30).

Metrouna, plan général et localisation des dépôts de coquillages (Bernal Casasola et al. 2014, 179).
Fig. 30. Metrouna, plan général et localisation des dépôts de coquillages
(Bernal Casasola et al. 2014, 179).
Interprétation

Les Hexaplex trunculus composent plus de 60 % de l’échantillonnage pratiqué. Ils présentent des fractures au niveau de la glande tinctoriale ou alors les coquilles sont réduites en petits fragments. Ces traces sont significatives d’une exploitation pour la teinture pourpre73.

Datation

La datation du site s’étend du Ier au IIe siècle p.C.

Bibliographie

  • Bernal Casasola, D., El Khayari, A., Raissouni, B., Díaz, J. J., Bustamante, M., Sáez, A.-M., Lara, M., Vargas, J.-M. et Escalón, D. (2011) : “Del poblamiento litoral romano en la Tingitana mediterránea. Excavaciones preventivas en Metrouna y Sidi Bou Hayel”, in : Bernal Casasola, dir. 2011, 405-462.
  • Bernal Casasola, D., Raissouni, B., El Kharari, A., Diaz, J.J., Bustamante, M., Saez, A.M., Cantillo, J.J., Lara, M. et Vargas, J.M. (2014) : “De la produccion de purpura getulica arqueomalacologa en la cetaria altoimperial de Metrouna”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2014, 175-233.

Septem

Dépôts

Localisation

Le site a été mis au jour à Ceuta, au Maroc, au 3 Place d’Afrique.

Description

Dans l’unité stratigraphique 4018, l’analyse malacologique a révélé que les Hexaplex trunculus étaient très majoritaires avec un MNI de 63,3 %.

Interprétation

Les coquilles sont fragmentées et seules les coquilles d’Hexaplex trunculus présentaient une couleur grisâtre synonyme de combustion. Selon D. Bernal, les glandes tinctoriales étaient par la suite chauffées afin d’obtenir la teinture pourpre et cela explique donc les traces de combustion sur les coquilles74.

Datation

La datation est tardive : fin du Ve-début du VIe siècle p.C., entre 495 et 525, juste avant l’invasion vandale.

Bibliographie

  • Bernal Casasola, D., Saez, A.-M., Bustamante, M., Cantillo, J.-J, Soriguer, M., Zabala, C. et Hernando, J.A. (2014) : “Un taller tardorromano de produccion de purpura getulica en Septem” in : Cantillo et al., éd. 2014, 339-354.

Sites d’Espagne

Cadix

Dépôts

Localisation

Une fouille d’urgence a eu lieu en 1996 au numéro de la Calle Sagasta à Cadix. Dans le cadre du projet SAGENA sur la pêche en Bétique dans l’Antiquité, les restes malacologiques ont été analysés en 2009.

Description

Des coquilles d’Hexaplex trunculus cassées en petits morceaux dont il ne reste que le sommet ont été mises au jour. L’Hexaplex trunculus représente 97 % des restes collectés et 82 % du nombre minimum d’individus.

Interprétation

Dans les sites producteurs de pourpre d’Espagne ou du nord du Maroc déjà fouillés, le nombre minimum d’individus étaient moins élevé, même s’il était majoritaire75. L’analyse a révélé des traces de combustions sur certaines coquilles d’Hexaplex trunculus.

La présence majoritaire des coquilles d’Hexaplex trunculus ainsi que leur fragmentation volontaire indique un usage pour la production de la teinture pourpre. Ce site se trouve dans un quartier industriel spécialisé dans le traitement des produits de la mer. La production de pourpre faisait donc partie de ces spécialités. Les traces de combustion tendraient à prouver que la production de la teinture avait lieu dans le même secteur.

Datation

La datation de la production de pourpre est comprise entre l’époque de Caligula/Claude jusqu’à l’époque flavienne.

Bibliographie

  • Bernal Casasola, D., Alarcón, F., Cantillo, J.-J., Marlasca, R., Vargas, J.-M. et Lara, M. (2014) : “La púrpura en la Gades altoimperial. Descargas heterogéneas de artesanías en la calle Sagasta 28” in : Cantillo et al., éd. 2014, 299-318.

Carteia

Dépôts et structures

Localisation

La ville actuelle de Carteia se trouve dans la baie d’Algésiras au sud de l’Espagne. La zone fouillée se trouve sur le site nommé Villa Victoria. Il s’agit du premier quartier industriel périurbain de Bétique fouillé en majeure partie.

Description

Plusieurs éléments en rapport avec la production de pourpre ont été mis au jour :

  • Des dépôts d’Hexaplex trunculus dont les coquilles sont fragmentées et qui représentent 63,12 % du total des coquillages retrouvés (fig. 31, E).
  • Des traces de combustion et des cendres.
  • Une plateforme en opus signinum dégagée sur 25 m comportant une petite fosse de 60 cm de diamètre dans le coin sud-ouest ainsi qu’une dépression circulaire de 1,1 m de diamètre à l’extrémité nord (fig. 31, F et fig. 32).
Carteia, plan général des résultats de la fouille de la Villa Victoria (Bernal Casasola et al. 2008, 212).
Fig. 31. Carteia, plan général des résultats de la fouille de la Villa Victoria
(Bernal Casasola et al. 2008, 212).
Carteia, l’aire de travail en opus signinum (Bernal Casasola et al. 2008, 217).
Fig. 32. Carteia, l’aire de travail en opus signinum
(Bernal Casasola et al. 2008, 217).
Interprétation

La prédominance des Hexaplex trunculus dont les coquilles ont été fracturées ne laisse aucun doute quant à leur utilisation pour la production de pourpre. L’alternance de couches de coquilles et de couches de cendres montre que les activités se sont succédé de manière rapide et pratiquement simultanée76.

La plateforme en opus signinum a été interprétée comme une aire de travail à l’air libre77. Une aire plus grande a été également mise au jour au-delà de l’embarcadère. La petite fosse aurait permis d’accueillir des récipients en plomb portatifs contenant peut être les glandes tinctoriales.

Datation

La céramique retrouvée (Hayes 61 A et céramique de cuisine africaine Hayes 23B) permet de dater la production de pourpre durant la deuxième moitié du IVe siècle p.C. et plus précisément entre 375 et 400 p.C.

Bibliographie

  • Bernal Casasola, D., Roldan, L., Blanquez, J., Diaz, J. J. et Prados, F. (2008) : “Un taller de purpura tardorromano en Carteia (Baetica, Hispania). Avance de las excavaciones preventivas en el conchero de Villa Victoria (2005)”, in : Alfaro Giner & Karali, dir. 2008, 209-232.

Aguilas

Structures et dépôts

La ville d’Aguilas est située sur la côte méditerranéenne de l’Espagne, en Murcie, à environ 50 km de Carthagène. C’est lors d’une fouille d’urgence que les vestiges d’un atelier de pourpre ont été découverts. Une parcelle de 9 m sur 3 m a été fouillée (fig. 33).

Aguilas, plan de l’atelier (Hernandez Garcia 2005, 171).
Fig. 33. Aguilas, plan de l’atelier (Hernandez Garcia 2005, 171).
Localisation

Les vestiges ont été mis au jour au n° 5 de la rue Francisco Rabal, à côté de la rue Severo Montalvo, à environ 200 m de la mer.

Description

Une canalisation, d’un diamètre interne de 16 cm, recouverte d’une couche de mortier hydraulique d’un centimètre d’épaisseur a été mise au jour. Elle a été découverte sur une longueur de 5 m. Deux petits murets faits de pierres liées avec du mortier d’une largeur allant de 16 à 17 cm entourent cette dernière.

Un bassin a été partiellement découvert. Le pavement est fait d’un mortier jaunâtre. Dans le coin du mur ouest, on note le point de départ d’une rainure en forme de berceau de 5 cm de largeur. À l’intérieur de ce bassin, sont présentes deux cavités de forme circulaire avec une légère saillie marquée vers le nord.

Un morceau de plomb de 14 cm sur 14 cm et de 1 cm d’épaisseur a été retrouvé dans la cavité 1. L’archéologue y a noté la présence d’une “anse d’appendice”.

“Aux alentours” des structures, des coquilles d’Hexaplex trunculus cassées ont été retrouvées, mais nous n’en connaissons pas le nombre exact.

Des petits amalgames de terre argileuse de couleur violette et des traces de combustion ont été relevés dans le petit bassin.

Interprétation

La canalisation et le bassin ne sont pas connectés entre eux. Il s’agit de deux structures différentes.

Le bassin n’est pas étanche et il n’était donc pas question d’y conserver un liquide. En revanche, les traces de combustion retrouvées à l’intérieur font penser qu’il y avait peut-être un four à proximité. J. Hernandez Garcia pense que les contenants de plomb qui étaient présents dans les cavités du bassin accueillaient les glandes de murex macérées dans le sel. Par la suite cette préparation était mise à chauffer pour obtenir la teinture. La présence de la rainure dans le coin ouest du bassin fait penser que le bassin communiquait avec une autre structure.

La canalisation aurait servi à acheminer de l’eau vers une station de lavage et de triage des coquillages.

Datation

Des fragments d’amphores néo-puniques Mana C2 et Dressel IA retrouvées au niveau du pavement permettent de dater la fondation de l’atelier à l’époque Augustéenne.

La présence de fragments de sigillée de forme Mayet XXXVIII situe la fin de la production dans cet atelier au milieu du IIe siècle p.C.

Bibliographie

  • Hernandez Garcia, J. (2004) : “Un Posible Taller de Purpura del S. I d.C. localizado en Aguilas, Murcia (Espana)”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2004, 215-218.
  • Hernandez Garcia, J. (2005) : “Un taller de purpura del S. I. d.C. localizado a Aguilas. Excavacion en calle Fransisco Rabal 5”, Verdolay, 9, 165-176.

Ibiza

Site 1
Structure et dépôts

Localisation

L’atelier de Pou des Lleo est situé sur la côte nord-ouest de l’île, au creux d’une crique, dans les environs de Sainte Eulalie (fig. 34, site 4).

Baléares, localisation des sites où des débris de coquilles de murex ont été mis au jour (Costa Riba & Sergi Moreno 2004, 177).
Fig. 34. Baléares, localisation des sites où des débris de coquilles de murex ont été mis au jour (Costa Riba & Sergi Moreno 2004, 177).
Description

Une structure a été mise au jour dans un talus, d’une inclinaison sud-nord (fig. 35-36). Elle est située à une dizaine de mètres de la mer. Elle est formée de deux “cuves”, creusées dans la terre argileuse, qui communiquent entre elles grâce à une canalisation d’environ 11 cm. La “cuve” située le plus au sud est de forme circulaire et mesure 2,50 m de diamètre et 0,90 m de profondeur. La seconde cuve est de forme elliptique. Nous n’en connaissons pas les dimensions. Des traces de combustion intense ont été observées dans la première des deux cuves78.

Ibiza, le site 1 
(cl. C. Macheboeuf, 2002).
Fig. 35. Ibiza, le site 1 (cl. C. Macheboeuf, 2002).
Ibiza, en haut : la canalisation reliant les deux cuves ; en bas : le talus dans lequel sont creusées les structures. Des débris de murex sont visibles 
(cl. C. Macheboeuf, 2002).
Fig. 36. Ibiza, en haut : la canalisation reliant les deux cuves ; en bas : le talus dans lequel sont creusées les structures. Des débris de murex sont visibles (cl. C. Macheboeuf, 2002).

À quelques mètres à l’ouest de ce four, mais au niveau de la mer, une structure rectangulaire de 6 m de long et de 2,5 m de large a été découverte après une violente tempête, mais elle n’a pas encore été fouillée79.

Deux dépôts de murex ont été recensés sur ce site. Seul le dépôt du secteur 1 de la fouille a été analysé. Il se trouve très près de la ligne de côte et a donc subi l’érosion. Des coquilles d’Hexaplex trunculus y ont été trouvées en abondance et également, en moindre nombre, des coquilles de Stramonita haemastoma.

Interprétation

Lors d’un colloque organisé en novembre 2001 à Ibiza80, nous avons pu visiter ce site. Le four retrouvé à Pou des Lleo a fait l’objet de nombreuses discussions : ce dernier avait alors été interprété comme un four à poix.

La publication des actes du colloque a été l’occasion pour les archéologues de donner une nouvelle interprétation : les cuves communiquant entre elles auraient certainement servi à la production de la pourpre. Les archéologues font un rapprochement avec les structures de Délos et pensent qu’un liquide devait passer d’une cuve à l’autre par l’intermédiaire du canal. La cuve circulaire aurait servi à obtenir du charbon et de la chaux vive qui entraient dans la fabrication de liquide alcalin nécessaire à l’élaboration de la teinture pourpre81.

L’abondance des dépôts de coquilles de murex ne laisse néanmoins aucun doute quant à une production de pourpre en ce lieu. Les coquilles sont le plus souvent brisées et nous n’avons pas retrouvé de coquilles trouées latéralement à l’endroit de la glande tinctoriale. Deux espèces de coquillages à pourpre ont été retrouvées sur ce site : des Hexaplex trunculus en très grand nombre et des Stramonita haemastoma en moindre quantité.

Datation

Une petite pièce de bronze datée du IVe siècle p.C. a été trouvée à l’intérieur d’une coquille de murex.

Le matériel trouvé lors de la fouille du four (amphores, céramique commune locale et poteries du nord de l’Afrique) a été produit entre le IIe siècle p.C. et le IVe siècle p.C.82.

Bibliographie

  • Alfaro Giner, C. (2002) : “Ebusus y la produccion de purura en el Imperio romano”, in : Khanoussi et al., dir. 2002, 681-696.
  • Alfaro Giner, C. et Costa Riba, B. (2002) : “Report on the 2001 Season of Excavations at Pou des Lleo/Canal d’en Marti (Ibiza)”, Datatextil, 7, 45-53.
  • Costa Riba, B. et Sergi Moreno, I. (2004) : “La produccio de porpra en epoca romana a Ebusus. Excavacions al jaciment arqueologic de Pou des Lleo/Canal D’En Marti (Eivissa, Illes Balears)”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2004, 175-193.

Ibiza

Site 2
Structures et dépôts

Localisation

Le site de S’Argamassa est situé sur la côte nord-ouest de l’île, à environ 6 km au sud du site 1 (fig. 34, site 7). Il est à l’intérieur des terres sur une élévation.

Description

Des bassins, dont le nombre n’est pas défini, contenaient des débris de coquilles de murex dont le type n’est pas précisé.

Interprétation

Selon C. Alfaro83, ces bassins sont similaires à ceux de Djerba.

Nous ne connaissons pas l’espèce ou les espèces des coquillages à pourpre retrouvés dans ces bassins, ni leur quantité. Nous savons juste que ces coquilles étaient brisées.

Datation

L’ensemble des structures peut être daté entre le IIIe et le VIIe siècle de notre ère84, mais nous ne savons pas quels indices ont conduit à une telle datation.

Bibliographie

  • Alfaro Giner, C. (2002) : “Ebusus y la produccion de purura en el Imperio romano”, in : Khanoussi et al., dir. 2002, 681-696.

Ibiza

Sites 3 à 42
Dépôts

Depuis 2001, les prospections se sont multipliées sur les îles Baléares sous la direction de Carmen Alfaro Giner et de Benjamí Costa Riba. Les recherches se sont révélées si fructueuses qu’en 2005 une prospection systématique des côtes de l’île d’Ibiza et de l’île de Formentera a été financée pour faire progresser plus rapidement les résultats.

Localisation

Au total ce sont 40 sites qui ont été dénombrés sur les îles d’Ibiza et de Formentera (fig. 34).

Description et interprétation

Sur l’ensemble de ces sites, des amoncellements de débris de coquillages jonchent les plages. Ils sont composés en très grande majorité d’Hexaplex trunculus dont la coquille est soit brisée en plusieurs morceaux, soit porteuse d’une fracture significative au niveau de la glande tinctoriale. Ils sont très souvent accompagnés en moindre quantité de Stramonita haemastoma et d’autres coquillages n’entrant pas dans la composition de la teinture.

Datation

L’ensemble de ces 40 sites ne sont pas datés.

Bibliographie

  • Costa Riba, B. et Alfaro Giner, C. (2012) : “Algunes Consieracions sobre l’Extensio I Cronologia de l’Ars Purpuraria a Ebusus”, in : Actes de les IV Jornades d’Arqueologia de les Illes Balears, Eivissa 2010, 169-178.
  • Costa Riba, B. (2011) : “Mapa de los yacimientos purpurigenos de la islas pitiusas. Resultatdos de la prospecciones costeras realizadas en Ibiza y Formentera (2005-2007)”, in : Alfaro Giner et al., dir. 2011, 261-268.

Site de France

Toulon

Dépôts

La mention dans la Notitia Dignitatum d’un procurateur de la pourpre à Toulon85 a toujours piqué la curiosité des archéologues et des chercheurs de cette région. Ce n’est qu’en 1998, lors d’une fouille d’urgence réalisée par le Service Régional d’Archéologie, que des indices archéologiques ont confirmé le témoignage de la Notitia Dignitatum (XI.72).

Nous remercions M. Borréani, Directeur du Centre Archéologique du Var, pour ses précieuses indications.

Localisation

Le dépôt de coquilles de murex a été découvert dans la vieille ville de Toulon, dans un quartier appelé “îlot Magnaque” (fig. 37), à cinq mètres au nord de l’îlot antique D (fig. 38).

Toulon, localisation de l’îlot Magnaque (Borréani 2003, fig. 1).
Fig. 37. Toulon, localisation de l’îlot Magnaque (Borréani 2003, fig. 1).
Toulon, îlot Magnaque, plan du site (plan F. Laurier, Bilan Sc. Région, 150).
Fig. 38. Toulon, îlot Magnaque, plan du site
(plan F. Laurier, Bilan Sc. Région, 150).
Les vestiges

La fouille a mis au jour un remblai composé de coquilles de murex concassées (fig. 39). Le dépôt semble mesurer 3,5 m de longueur sur 2,3 m de largeur. L’extrait du rapport archéologique mentionne dans la même couche (fig. 40, coupe 5) des fosses dépotoirs remplies de terre noire86. Aucune structure, cuve ou bassin, n’a été mise au jour. Seules les traces de combustions pourraient faire penser qu’il y a eu production de pourpre à cet endroit.

Toulon, détail du sondage (Borréani 2003, fig. 26).
Fig. 39. Toulon, détail du sondage (Borréani 2003, fig. 26).
Toulon, coupe stratigraphique. Les coquilles de murex ont été retrouvées dans la couche 1502 (Borréani 2003, fig. 28).
Fig. 40. Toulon, coupe stratigraphique. Les coquilles de murex ont été retrouvées dans la couche 1502 (Borréani 2003, fig. 28).

Il est malheureusement impossible d’identifier le(s) genre(s) de murex retrouvé(s) d’après la photographie (fig. 41).

Toulon, le dépôt de murex (Borréani 2003, fig. 31).
Fig. 41. Toulon, le dépôt de murex (Borréani 2003, fig. 31).
Datation

Selon le rapport de fouille, le dépôt de coquilles de murex brisées appartient à une couche datée du Ve-VIe siècle p.C.87.

Bibliographie

  • Borréani, M. (1999) : “Toulon, îlot Magnaque”, Bilan Scientifique Regional, 149-150.
  • Brun, J.-P. (1999) : Le Var, CAG 83/2, 778-779 et 806.
  • Borréani, M. (2003) : Rapport de fouille de l’îlot Magnaque, p.  16, inédit.

Sites d’Italie

Monte Circeo

Site 1
Dépôts

Le Monte Circeo se situe sur la côte tyrrhénienne, le long du littoral Pontin. Il culmine à une altitude de 541 m. L’État italien a fait de cette région un parc national, ce qui a sans aucun doute contribué à la conservation des débris de coquilles de murex qui sont encore visibles à différents endroits.

En 1952, des fouilles ont été effectuées par des géologues dans le canal néronien de Torre Paola. Des débris de murex ayant été mis au jour, A. C. Blanc a été contacté afin de faire des prospections archéologiques.

Localisation

Des Hexaplex trunculus sont visibles sur le flanc du sentier de Sig. Luigi Agnet au sommet de la route et sur l’autre versant du Mont à peu près à 20-25 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 42, couche n° 1). Nous ne possédons malheureusement pas de carte nous permettant de localiser ce lieu avec plus de précision.

Monte Circeo, localisation de la ville de Torre Paola près de S. Felice Circeo. Les couches de murex sont notées par les numéros 1, 2, 3 (Blanc 1958, 188).
Fig. 42. Monte Circeo, localisation de la ville de Torre Paola près de S. Felice Circeo. Les couches de murex sont notées par les numéros 1, 2, 3 (Blanc 1958, 188).
Description

Des couches d’Hexaplex trunculus affleurent et sont visibles en deux endroits peu éloignés l’un de l’autre.

A. C. Blanc ne donne pas de dimension exacte pour ces affleurements.

Interprétation

A. C. Blanc88 a prélevé un échantillon de coquilles de murex dans le talus de la route. Cet examen a prouvé que seul l’Hexaplex trunculus avait été exploité dans le(s) atelier(s) du Monte Circeo. Des fragments de bivalves, nourriture favorite des murex, dont les pêcheurs se servent pour les appâter, ont été également retrouvés.

La présence d’Hexaplex trunculus encore entiers, mais troués au niveau de la dernière spire, c’est-à-dire à l’endroit même de la glande tinctoriale est une preuve certaine qu’une production de pourpre a eu lieu dans les environs, sur le flanc sud-ouest du canal néronien de Paola (fig. 43).

Monte Circeo, débris de coquilles de murex jonchant le côté de la route. On remarque une coquille cassée sur le côté à l’endroit où était localisée la glande tinctoriale (Blanc 1958, 210).
Fig. 43. Monte Circeo, débris de coquilles de murex jonchant le côté de la route. On remarque une coquille cassée sur le côté à l’endroit où était localisée la glande tinctoriale (Blanc 1958, 210).
Datation

Selon A. C. Blanc89, la superposition des couches de fragments d’Hexaplex trunculus ainsi que l’observation des déblais de fouilles archéologiques du canal néronien indiquent clairement que cet atelier a produit de la pourpre pendant plusieurs années.

L’échantillon de coquilles de murex prélevé a donné lieu à une tentative de datation au radiocarbone : les résultats donnent une fourchette comprise entre 321 et 111 a.C. Cependant, la découverte d’un fragment de céramique sigillée claire dans la couche de coquilles brisées amène A. C. Blanc90 à penser que le résultat donné par l’analyse au radiocarbone a pêché par excès d’un siècle. Cela ferait commencer la production de pourpre sur le site 1 au Ier siècle p.C.

Bibliographie

  • Blanc, A. C. (1958) : “Residui di manufatture di porpora a Leptis Magna e al Monte Circeo”, Bolletino del Centro di Studi per la Storia dell’Architettura, 12, 187-210.

Monte Circeo

Site 2
Dépôts

Localisation

Le site 2 est localisé à environ 20 m au nord du site 1 (fig. 42).

Des débris de coquilles de murex se situent à environ 12 m au-dessus du niveau de la mer. Ils sont visibles entre les ruines d’un colombarium que nous n’avons pas pu localiser et s’étalent jusqu’à la courbe de la route qui précède l’accès au pont du canal de Paolo (fig. 42, couche n° 2). On peut également les voir sur le côté ouest de la route91 (fig. 44).

Monte Circeo, débris de coquilles de murex visibles sur le côté gauche de la route de Torre Paola (Blanc 1958, 209).
Fig. 44. Monte Circeo, débris de coquilles de murex visibles sur le côté gauche de la route de Torre Paola (Blanc 1958, 209).
Description

Un dépôt très important de coquilles d’Hexaplex trunculus mélangé à de la céramique romaine est visible sur une longueur de 60 m et une épaisseur de 50 cm (fig. 42, couche n° 2).

Interprétation

Cf. site 1.

Datation

Aucune datation n’a été donnée, mais la proximité du site 1 laisse penser qu’il pourrait s’agir du même site et donc de la même datation.

Bibliographie

  • Blanc, A. C. (1958) : “Residui di manufatture di porpora a Leptis Magna e al Monte Circeo”, Bolletino del Centro di Studi per la Storia dell’Architettura, 12, 187-210.

Monte Circeo

Site 3
Dépôts

Localisation

Un dépôt de coquilles d’Hexaplex trunculus est visible immédiatement au sud-ouest d’un colombarium que nous n’avons pas pu localiser (fig. 42, n° 3).

Description

Une couche de coquilles d’Hexaplex trunculus d’environ 10 m de longueur est visible à 100 m à l’est du dépôt du site 2. Selon A. C. Blanc92, ce dépôt est très certainement le prolongement du dépôt du site 2.

Interprétation

Cf. site 1.

Datation

Cf. site 1.

Bibliographie

  • Blanc, A. C. (1958) : “Residui di manufatture di porpora a Leptis Magna e al Monte Circeo”, Bolletino del Centro di Studi per la Storia dell’Architettura, 12, 187-210.

Tarente

Fontanella
Site 1
Dépôts

Les premiers dépôts de coquillages à pourpre de Tarente sont signalés pour la première fois en 1781 par A. Carducci dans une petite commune voisine de Tarente du nom de Fontanella. Au total quatre sites sont localisés à cet endroit.

Localisation

Les dépôts de coquilles de murex sont signalés le long du rivage du Mare Piccolo, dans la commune de Fontanella93 (fig. 45) au sud de la ville.

Tarente, la commune de Fontanella. Localisation des sites 1 à 4 (plan Wuillemier 1939).
Fig. 45. Tarente, la commune de Fontanella. Localisation des sites 1 à 4 (plan Wuillemier 1939).
Description

Des débris de coquilles de murex étaient encore visibles au XVIIIe siècle le long du Mare Piccolo. Nous ne possédons pas plus d’information : A. Carducci ne décrit pas de quelle façon les coquilles étaient brisées ni à quel type de murex elles appartenaient.

Interprétation

Connaissant la célèbre pourpre de Tarente par les textes antiques, A. Carducci interprète ces débris comme les restes d’un site producteur de pourpre94.

Bibliographie

  • Carducci, A., éd. (1771) : Delle delizie Tarantine. Libri IV. Opera postuma di Tommaso Niccolo d’Aquino patrizio dellà città di Taranto. Primi edizione di Cataldantonio Atenisio Carducci, nobile fiorentino ed anche patrizio di quella, con sua versione in ottova rima, e commento pubblicata, Naples.

Tarente

Fontanella
Site 2
Dépôts

Localisation

Dans la commune de Fontanella, en face du couvent dei Padri Alcanterini. Nous ne pouvons pas situer avec précision cet endroit, car le couvent a disparu.

Description

Un mont artificiel, appelé “monte dei coccioli”, constitué de coquilles de murex s’élevait dans le paysage. Lors de la construction du couvent au XVIIIe siècle, une grande quantité de fragments d’amphores ainsi que des puits d’eau de source ont été mis au jour.

Interprétation

A. Carducci ne fournit aucune interprétation, mais il semble que ce dernier soit distinct du précédent site.

Bibliographie

  • Carducci, A., éd. (1771) : Delle delizie Tarantine. Libri IV. Opera postuma di Tommaso Niccolo d’Aquino patrizio dellà città di Taranto. Primi edizione di Cataldantonio Atenisio Carducci, nobile fiorentino ed anche patrizio di quella, con sua versione in ottova rima, e commento pubblicata, Naples.

Tarente

Fontanella
Site 3
Structures

Localisation

Les vestiges sont situés dans la commune de Fontanella, près du couvent du Père Alcanterini, peut-être à proximité du Monte Coccioli95. A. Carducci ne nous donne pas plus de détail et nous n’avons pas pu localiser l’endroit précis où se trouvait ce couvent qui n’existe plus de nos jours (fig. 45).

Description

Carducci décrit une cuve d’un diamètre de 3,75 m équipée d’un couvercle en pierre troué “ressemblant à une claie”. Cette cuve était reliée à un chaudron de plomb grâce à un canal. Des traces de couleurs pourpres étaient encore visibles dans les fissures de la pierre creuse et dans le fond de la cuve.

Interprétation

A. Carducci pense que ces deux structures étaient utilisées pour l’activité de la pourpre. Il ajoute que la cuve en pierre contenait certainement auparavant un chaudron en plomb.

Bibliographie

  • Carducci, A., éd. (1771) : Delle delizie Tarantine. Libri IV. Opera postuma di Tommaso Niccolo d’Aquino patrizio dellà città di Taranto. Primi edizione di Cataldantonio Atenisio Carducci, nobile fiorentino ed anche patrizio di quella, con sua versione in ottova rima, e commento pubblicata, Naples.

Tarente

Fontanella
Site 4
Structures et dépôts

C’est le célèbre archéologue français F. Lenormant qui a effectué les premières prospections et fouilles en Grande-Grèce. En 1881, sur le site de Tarente, il note la présence de vestiges ayant servi à la fabrication de la pourpre.

Localisation

En 1881, F. Lenormant96 localise ses découvertes “un peu au-delà de Collepazzo, en dehors de la muraille d’enceinte hellénique, au lieu nommé Fontanella, sur le Mare Piccolo” (fig. 45).

Description

Des restes de bâtiments97 comprenant encore des fragments d’enduits “portant les traces indélébiles de la couleur qu’on y mettait en œuvre” étaient encore visibles.

D’énormes amas de coquilles98 de murex entouraient les restes de bâtiments. Un examen des coquilles a permis de conclure que, d’une part, la plupart de ces dernières présentaient une cassure à l’endroit où se trouvait la glande tinctoriale et, d’autre part, que ces amas étaient constitués à part égale d’Hexaplex trunculus et de Bolinus brandaris.

Interprétation

F. Lenormant99 interprète les restes de bâtiments comme les ruines d’un lieu producteur de pourpre, mais il n’en précise pas les raisons : a-t-il vu des restes de bassins, de cuves, d’échoppes ? Peut-être s’agit-il des mêmes structures que celles décrites par A. Carducci (site 3) un siècle auparavant : la présence de couleur sur les structures est notifiée par les deux auteurs et A. Carducci a décrit apparemment des installations destinées à préparer la teinture100.

F. Lenormant a visité plusieurs sites producteurs de pourpre et a acquis une bonne connaissance des coquillages à pourpre. La présence d’un trou dans la coquille au niveau de la glande tinctoriale est pour lui la preuve qu’il s’agit bien de dépôts de coquilles de murex ayant servi à la fabrication de la pourpre.

Le qualificatif “énorme” employé par F. Lenormant pour décrire les dépôts de murex ainsi que leur localisation géographique dans la commune de Fontanella nous amène à faire un parallèle avec les descriptions faites par A. Carducci plus d’un siècle avant101. Cependant, il est impossible de savoir si F. Lenormant décrit les dépôts de murex vu par A. Carducci le long du Mare Piccolo102, ou alors le fameux “Monte coccioli”103. Le fait qu’il mentionne la présence de plusieurs amas de coquilles nous amène à penser que F. Lenormant ne fait pas référence au Monte coccioli.

Bibliographie

  • Carducci, A., éd. (1771) : Delle delizie Tarantine. Libri IV. Opera postuma di Tommaso Niccolo d’Aquino patrizio dellà città di Taranto. Primi edizione di Cataldantonio Atenisio Carducci, nobile fiorentino ed anche patrizio di quella, con sua versione in ottova rima, e commento pubblicata, Naples.
  • Lenormant, F. (1881) : La Grande-Grèce. Paysages et histoire, Paris.

Tarente

Site 5
Dépôts

Un an après les découvertes de F. Lenormant c’est un archéologue italien, L. Viola, qui mentionna à son tour la présence de dépôts de coquilles de murex. Ceux-ci se trouvaient dans les jardins de la Villa Beaumont qui deviendra au début du siècle la villa Peripato dont les jardins s’étendent encore de nos jours près du rivage du Mare Piccolo. La découverte de L. Viola fut confirmée lors de travaux destinés à illuminer la villa, qui nécessitèrent le creusement de tranchées.

Localisation

La villa Peripato se trouve au nord-ouest de l’actuelle ville de Tarente (fig. 45) à environ 100 m du Mare piccolo. Des dépôts de coquilles de murex sont signalés à droite et au nord de la villa Peripato selon L. Viola et les archives de la Soprintendenza archeologica della Puglia104.

Description

D’énormes dépôts de coquilles de murex étaient encore visibles en 1881. Le creusement de tranchées lors de travaux a permis de découvrir que d’autres dépôts étaient présents sous terre.

Interprétation

Il s’agirait, selon L. Viola105, de déchets ayant servi à la fabrication de la pourpre. Nous ne savons pas à quel type appartiennent ces murex, ni si les coquilles étaient trouées au niveau de l’avant dernière spire. Nous n’avons pas pu avoir accès aux archives de la Soprintendenza archeologica della Puglia, mais il semble, selon A. Dell’Aglio106, que ni le type de murex ni les dimensions des dépôts retrouvés n’aient été notifiés.

Bibliographie

  • Lippolis, E. (2002) : “Taranto: forma e sviluppo della topografia urbana”, in : Convegno di studi sulla Magna Grecia 2002, 119-193.
  • Viola, L. (1881) : “Taranto”, NSA, 376-436.

Tarente

Site 6
Dépôts

Un an après les découvertes de F. Lenormant107, l’archéologue italien L. Viola mentionne à son tour la présence de dépôts de coquilles de murex, mais dans un endroit à l’opposé du site précédent.

Localisation

Ces dépôts se trouvent “à droite du couvent St Antonio” qui existe encore de nos jours et dont nous connaissons la localisation précise (fig. 45).

Description

Aux dires de L. Viola, d’énormes dépôts de coquilles de murex étaient encore visibles près du couvent Saint Antonio.

Interprétation

Les conclusions de L. Viola sur les différents dépôts de murex situés à droite de la villa Beaumont108 valent pour ceux qui sont situés à droite du couvent St Antonio.

Bibliographie

  • Viola, L. (1881) : “Taranto”, NSA, 376-436.

Tarente

Site 7
Dépôt

Localisation

En 1898, des travaux réalisés dans l’Arsenal militaire ont mis au jour des dépôts de coquilles de murex (fig. 45). Nous ne connaissons pas la localisation exacte de ces dépôts, car nous n’avons pas pu avoir accès au rapport faisant état de cette découverte109.

Description

Lors de la construction d’une cuve à chaux, fut retrouvé un dépôt de coquilles de murex brisées d’une épaisseur de 60 cm. La cuve à chaux mesurait 26 m sur 6 m.

Le dépôt fait au moins toute la surface de la cuve, mais il était probablement beaucoup plus grand. Les autorités de l’époque n’ont pas souhaité pousser les investigations plus en avant et se sont contentées de noter les dimensions de la cuve à chaux.

Interprétation

Selon A. Dell’Aglio110 qui a pu étudier les archives de la Soprintendenza archeologica della Puglia, il s’agit de débris de coquillages ayant servi à la fabrication de pourpre.

Les dimensions de ce dépôt qui était peut-être beaucoup plus important, ainsi que les coquilles brisées, font en effet penser aux débris d’une production de pourpre. Nous ne disposons pas de plus de renseignement sur le(s) type(s) de murex retrouvés.

Bibliographie

  • Lippolis, E. (2002) : “Taranto: forma e sviluppo della topografia urbana”, in : Convegno di studi sulla Magna Grecia 2002, 119-193.

Sites d’Istrie

Zambratija

Murex en sondage

Localisation

La villa maritime de Zambratija se trouve à 5 km au nord de la ville d’Umag en Istrie (fig. 46).

Istrie, localisation des sites producteurs de pourpre (Macheboeuf et al. 2013, 3).
Fig. 46. Istrie, localisation des sites producteurs de pourpre
(Macheboeuf et al. 2013, 3).
Description et interprétation

La villa maritime de Zambratija a fait l’objet d’une fouille préventive en 1994. Des dépôts de murex avaient alors été mis au jour. En 2009, deux sondages ont été effectués afin de proposer une interprétation plus poussée de la production
de pourpre en Istrie. L’analyse de la malacofaune permet de faire deux constatations : les Hexaplex trunculus sont l’espèce dominante et les coquilles sont soit entierement fragmentées, soit brisées sur le côté au niveau de la glande tinctoriale.

Datation

Un vase en sigillée de production augusto-tibérienne locale et de forme Ritt. 9A-Consp. 26, un vase globulaire à paroi fine (probable forme Loron I, 53-57) produit entre le règne d’Auguste et la seconde moitié du Ier siècle p.C. et une coupe hémisphérique à pâte grise et dégraissant de quartz (production augusto-tibérienne) permettent de dater le début de la production à la période augustéenne.

Bibliographie

  • Machebœuf, C., Bolšec Ferri, N., Hanry, A. et Katunarić, T. (2013) : “La pourpre en Istrie”, MEFRA, 125.1, 259-271 = MEFRA, [en ligne] http://mefra.revues.org/1389 [consulté le 25/08/2022].

La baie de Tiola

Dépôts

Localisation

La baie de Tiola se situe juste au nord de la villa maritime de Katoro, au sud de la ville d’Umag (fig. 46).

Description et interprétation

Un grana de coquilles d’Hexaplex trunculus avaient été repérés dans la baie et en 2005, lors d’une fouille subaquatique, un vase rempli de murex a été trouvé. L’analyse a montré qu’il s’agissait de cinq coquilles d’Hexaplex trunculus et d’une coquille et deux columelles de Bolinus brandaris ainsi que des fragments des deux espèces. Les coquilles portent des marques significatives d’exploitation pour la production de pourpre.

Datation

En l’absence de fouille, il est impossible de dater la production de pourpre, ni même d’en localiser le lieu exact.

Bibliographie

  • Machebœuf, C., Bolšec Ferri, N., Hanry, A. et Katunarić, T. (2013) : “La pourpre en Istrie”, MEFRA, 125.1, 259-271 = MEFRA, [en ligne] http://mefra.revues.org/1389 [consulté le 25/08/2022].

Sveti Ivan

Dépôts

Localisation

Au cours de l’été 2008, une fouille dans la villa maritime de Sveti Ivan (fig. 46) a laissé apparaitre des dépôts de coquillages.

Description et interprétation

En dessous des vestiges de la période augustéenne, des dépôts de coquillages ont été mis au jour. L’analyse malacologique a révélé la présence majoritaire d’Hexaplex trunculus et, en moindre quantité, des Cerythium vulgatum et des Bolinus brandaris. Les fractures sur les coquilles sont la preuve d’une exploitation pour la production de pourpre.

Datation

De la vaisselle de table à verni noir d’Italie méridionale a permis de dater la production à partir du Ier siècle a.C.

Bibliographie

  • Machebœuf, C., Bolšec Ferri, N., Hanry, A. et Katunarić, T. (2013) : “La pourpre en Istrie”, MEFRA, 125.1, 259-271 = MEFRA, [en ligne] http://mefra.revues.org/1389 [consulté le 25/08/2022].

Santa Marina

Dépôts

Localisation

Les dépôts se situent dans la baie de Santa Marina qui appartient à la villa maritime de Santa Marina (fig. 46).

Description et interprétation

Un dépotoir (fig. 47) contenant en majorité des Monodonta articulata et des Cerithium vulgatum, mais également des Hexaplex trunculus et des Bolinus brandaris a fait l’objet d’une étude. Même si les deux espèces produisant de la pourpre sont minoritaires (19 %), l’analyse des coquilles a montré qu’elles comportaient des traces significatives de l’extraction de la glande tinctoriale. Ainsi, même s’il s’agit d’un dépotoir, nous pensons que la production de pourpre a pu se faire dans les environs.

Istrie, coupe stratigraphique du sondage de Santa Marina (Macheboeuf et al. 2013, 13).
Fig. 47. Istrie, coupe stratigraphique du sondage de Santa Marina
(Macheboeuf et al. 2013, 13).
Datation

Le mobilier céramique permet de dater ce dépotoir du Ier siècle p.C.

Bibliographie

  • Machebœuf, C., Bolšec Ferri, N., Hanry, A. et Katunarić, T. (2013) : “La pourpre en Istrie”, MEFRA, 125.1, 259-271 = MEFRA, [en ligne] http://mefra.revues.org/1389 [consulté le 25/08/2022].

Sites de Grèce

Gytheio

Dépôts

Une fois de plus, c’est grâce à la curiosité des voyageurs du XIXe siècle que nous pouvons ajouter un site producteur de pourpre à notre catalogue : Gytheio.

Localisation

Le site de Gytheio se situe sur la côte nord-ouest du golfe de Laconie dans le sud du Péloponnèse.

Description

L’archéologue F. Lenormant111 a noté la présence d’amas de coquilles de murex, mais il ne les localise malheureusement pas avec précision sur le site.

Interprétation

L’archéologue a procédé à un examen minutieux des coquilles de murex. Ces dernières appartenaient uniquement au type brandaris et étaient brisées sur le côté à l’endroit où se trouvait la glande tinctoriale. Ces constatations permettent d’affirmer que ces coquillages ont bien servi à produire de la pourpre.

Bibliographie

  • Lenormant, F. (1881) : La Grande-Grèce. Paysages et histoire, Paris.

Salamine

Dépôts

Les îles grecques ont été prospectées de nombreuses fois durant tout le XIXe siècle. C’est ainsi que nous savons que de la pourpre a été produite sur l’île de Salamine.

Localisation

Salamine, île de l’Attique la plus proche d’Athènes, dans le golfe d’Égine. Nous ne possédons qu’une brève information qui nous empêche de localiser le site producteur de pourpre sur cette île.

Description

Des dépôts considérables de Bolinus brandaris étaient encore visibles en 1873.

Interprétation

L’auteur précise qu’il s’agit de murex de type brandaris, mais nous ne savons pas si les coquilles étaient fendues au niveau de la glande tinctoriale. Cependant, l’importance des dépôts évoque sans aucun doute une production de pourpre112.

Bibliographie

  • Lortet, L. (1884) : La Syrie d’aujourd’hui. Voyages dans la Phénicie, le Liban et la Judée, 1875-1880, Paris.

Érétrie

Site 1
Structures et dépôts

L’Eubée a été un centre producteur de pourpre113 sous la période romaine. La ville d’Érétrie a participé activement à cette production, si l’on en croit les vestiges encore en place de nos jours.

Les fouilles sont effectuées sur ce site par l’École Suisse d’Archéologie en Grèce depuis 1964. La ville antique est actuellement menacée par l’extension de la ville moderne qui risque de recouvrir de nombreuses structures encore non fouillées.

Localisation

Le sondage effectué par l’École Suisse d’Archéologie en Grèce se situe au sud de l’île (E/600 NW, voir fig. 48). Il se situe au croisement de l’artère principale est-ouest avec deux petites rues.

Érétrie, plan des structures romaines sur le talus sud de l’Acropole (Schmid 1999, 274).
Fig. 48. Érétrie, plan des structures romaines sur le talus sud de l’Acropole
(Schmid 1999, 274).

Les structures de l’atelier 1 sont représentées sur la figure 49, en F/G 2-3, pièce ST23.

Description

Les structures

Dans la salle ST23 (fig. 49) se trouvent deux bassins ainsi qu’un puits rectangulaire qui sont difficiles à distinguer sur la figure 49. La salle qui datait à l’origine de la période hellénistique tardive a été réutilisée à l’époque romaine : un nouveau sol en brique ainsi que de nouveaux murs s’appuient sur les anciens murs, pourtant encore en bon état. La totalité de cette pièce (murs et sol) a été ensuite recouverte de grosses couches de mortier hydraulique. Le bassin relié au puits mesure environ 0,50 m de largeur et 1 m de longueur.

Érétrie, localisation des sites 1 et 2 en F/G 2-3, pièce ST23 (plan Schmid 1999, 276).
Fig. 49. Érétrie, localisation des sites 1 et 2 en F/G 2-3, pièce ST23 (plan Schmid 1999, 276).

Les dépôts de murex

De grandes quantités de murex ont été trouvées dans les pièces adjacentes à celle contenant les deux bassins. Malheureusement nous ignorons quelles pièces étaient remplies de coquilles. Des “empreintes” de couches de murex recouvrent le sol d’une des pièces, mais nous ne savons pas de laquelle. La plupart de ces débris sont des morceaux de coquilles de Bolinus brandaris (fig. 50).

Érétrie, Bolinus brandaris et pesons retrouvés sur le site 1 (Schmid 1998, 31).
Fig. 50. Érétrie, Bolinus brandaris et pesons retrouvés sur le site 1 (Schmid 1998, 31).
Interprétation

Les structures

S. Schmid ne donne aucune interprétation des structures (bassins et puits) mises au jour. Il pense uniquement que les bassins devaient contenir un liquide114 et il les compare aux fullonicae de Pompéi. Il met également en relation la présence de murex dans les pièces adjacentes et la découverte de pesons et d’une ancre115 : il en conclut que ces bassins servaient certainement à l’industrie de la pourpre.

Les pesons retrouvés à proximité des bassins sont l’indice de la présence d’un atelier de tissage qui transformait les tissus fraîchement teints en pourpre116.

La présence d’une ancre fait penser à S. G. Schmid117 que les ouvriers qui travaillaient dans les installations de teinture participaient également à la pêche ou à la collecte des murex.

Les dépôts de murex

La présence de grandes quantités de murex, dont la grande majorité appartenait au type brandaris, est en tout cas la preuve indiscutable d’une production de pourpre.

Selon S. Schmid, les “empreintes” de couches de murex correspondent à un sol de décharge de l’industrie de la pourpre.

Datation

S. G. Schmid118 s’est fondé sur la technique de construction du sol de la pièce contenant les bassins pour dater les structures : la technique de construction employée pour les sols est l’opus spicatum qui ne peut être, selon l’archéologue, antérieure à la période augustéenne. D’après le matériel retrouvé en cours de fouille, les installations auraient au moins servi jusqu’au IIe siècle p.C., mais nous n’avons pas plus de précision119.

Bibliographie

  • Érétrie (1985) : Érétrie cité de la Grèce Antique, Histoire et Archéologie, Dossiers d’archéologie 94, mai 1985.
  • Schmid, S. G. (1999) : “Decline or Prosperity at Roman Eretria? Industry, Purple Dye Work, Public Buildings and Gravestones”, JRA, 12, 272-293.
  • Schmid, S. G. (1998) : “Recent Excavations at Eretria (Euboea) in Greece”, Minerva, 9.5, 29-31.

Érétrie

Site 2
Dépôts

Les fouilles effectuées par l’École Suisse d’Archéologie en Grèce ont mis au jour un second site localisé à environ 20 m du site 1.

Localisation

Le site 2 se trouve au nord de la maison des mosaïques (fig. 48), dans la pièce ST12 en B/2-3 (fig. 49).

Description

Le sol de la pièce ST12 est entièrement recouvert d’une épaisse couche de murex concassés.

Interprétation

Le type de murex contenu dans la pièce ST12 n’est pas précisé : un parallèle avec les dépôts trouvés dans l’atelier 1, qui étaient constitués de Bolinus brandaris, est donc impossible120.

Datation

Aucun élément de datation n’est donné par l’archéologue. Nous savons que le premier atelier est d’époque romaine, mais cela ne signifie pas forcément que le deuxième le soit, car la maison aux mosaïques date tout de même du premier quart du IVe siècle a.C.121.

Bibliographie

  • Érétrie (1985) : Érétrie cité de la Grèce Antique, Histoire et Archéologie, Dossiers d’archéologie 94, mai 1985.
  • Schmid, S. G. (1999) : “Decline or Prosperity at Roman Eretria? Industry, Purple Dye Work, Public Buildings and Gravestones”, JRA, 12, 272-293.

Chersonisos

Dépôts

Limani Chersonisos est un petit village de pêcheurs situé à 30 km à l’est d’Eraklion en Crète. C’est lors d’une prospection faite en ces lieux que des dépôts de murex furent découverts de façon fortuite.

Localisation

Le site est sur une baie entre les deux promontoires de Ay. Georgios et de Ay. Paraskevi. À la suite d’une forte érosion, des fondations de maisons romaines ont été mises au jour. Des constructions de plus grande importance sont également présentes et on peut observer trois vestiges de colonnes construites en pierres noires sur la plage.

Description

Beaucoup de terreau rouge contenant des tessons de céramique a été retrouvé dans les fondations des maisons romaines. D’après G. J. Boekschoten122 le sol d’une de ces maisons était entièrement recouvert de débris de coquilles d’Hexaplex trunculus. Il n’a noté la présence que d’un spécimen de Columbella rustica123.

Interprétation

Un examen minutieux des coquilles de murex a révélé que certaines étaient trouées sur le côté au niveau de la glande tinctoriale124. Cette particularité, ajoutée au fait qu’un seul type de coquillage, l’Hexaplex trunculus, jonchait le sol, prouve qu’il y a eu production de pourpre à cet endroit ou à proximité.

Datation

Cette production de pourpre daterait de l’époque romaine, car les couches de coquilles de murex concassées ont été retrouvées sur le sol d’une maison romaine125. Comme la conquête de l’île de Crète par les Romains date du milieu du Ier siècle a.C.126, la production de pourpre ne pourrait pas remonter en deçà du milieu du Ier siècle a.C.

Bibliographie

  • Boekschoten, G. J. (1962) : “Note on Roman purple winning at Chersonisos, Crete”, Basteria, 26, 59-60.
  • Sanders, I. F. (1982) : Roman Crete, An Archaeological Survey and Gazetteer of Late Hellenistic, Roman and Early Byzantine Crete, Warminster.

Délos

Site 1
Dépôts et structures

De nombreuses prospections et fouilles archéologiques ont lieu sur l’île de Délos depuis la fin du XIXe siècle. L’École Française d’Athènes dirige encore actuellement de nombreuses campagnes de fouilles tant le patrimoine historique et archéologique de cette île est important. C’est P. Bruneau qui s’est véritablement intéressé le premier à la fabrication de la pourpre sur cette île où il a répertorié au total cinq sites. Il a mis au jour un premier site producteur de pourpre en 1969 (fig. 51).

Délos, localisation des sites producteurs de pourpre (Bruneau 1970, planche A).
Fig. 51. Délos, localisation des sites producteurs de pourpre (Bruneau 1970, planche A).
Localisation

Le premier site est sur le rivage oriental de Délos à environ 550 m en ligne droite au sud de la “Synagogue”, immédiatement après une petite plage de sable et tout à fait en bordure de mer.

Description

Les structures

P. Bruneau a mis au jour deux cuves rectangulaires en granit127 (cuve D et cuve E) ainsi qu’un bassin et trois billots. Les longs côtés des cuves sont respectivement sur un axe est-ouest et sur un axe nord-sud (fig. 52).

Délos, le site 1, coupe nord-sud et est-ouest (Bruneau 1969, 769).
Fig. 52. Délos, le site 1, coupe nord-sud et est-ouest (Bruneau 1969, 769).

– La cuve D

La cuve D est de forme rectangulaire. Il existe une différence de largeur très faible entre la base et le sommet de cette structure qui présente une pente vers l’est de façon à diriger un liquide vers un trou d’écoulement qui se trouve sur l’axe du petit côté est, à environ 20 cm de la base (fig. 53). On note la présence de deux longues encoches situées sur les côtés nord et sud à 0,96 m de l’extrémité est. Elles sont longues de 0,35 m et hautes de 0,18 m (fig. 54). Le côté nord de la cuve est contigu à un mur (fig. 55, mur b).

Délos, cuve D, face ouest (cl. Bruneau 1969, 776).
Fig. 53. Délos, cuve D, face ouest (cl. Bruneau 1969, 776).
Délos, la cuve D : vue prise du sud-est avant sondage. La flèche indique l’une des encoches (Bruneau 1969, 771).
Fig. 54. Délos, la cuve D : vue prise du sud-est avant sondage. La flèche indique l’une des encoches (Bruneau 1969, 771).
Délos, sondage de la cuve D, face ouest (Bruneau 1969, 776).
Fig. 55. Délos, sondage de la cuve D, face ouest (Bruneau 1969, 776).

Un sondage a été exécuté le long des faces est et sud de la cuve D (fig. 57). Ce dernier a révélé, d’une part, dans la couche 2, la présence de minuscules fragments de murex mêlés à des tessons d’amphores, des pierres, quelques charbons et, d’autre part, dans la couche 4, des couches très épaisses et très homogènes de murex concassés dans la partie sud et des coquillages mêlés à des tessons et à de la terre noire dans la partie nord. Toujours dans la même couche, à environ 20 cm en dessous du trou d’écoulement de la cuve, une amphore brisée a été découverte. Sous cette amphore, se trouve une couche homogène de coquillages concassés comme dans la partie sud du sondage (fig. 56).

Délos, amphore brisée retrouvée sous le trou d’écoulement de la cuve D, en dessous, couche homogène de coquillages (Bruneau 1969, 777).
Fig. 56. Délos, amphore brisée retrouvée sous le trou d’écoulement de la cuve D, en dessous, couche homogène de coquillages (Bruneau 1969, 777).
Délos, la cuve E vue du sud après l’exécution du sondage III (Bruneau 1969, 782).
Fig. 57. Délos, la cuve E vue du sud après l’exécution du sondage III (Bruneau 1969, 782).

– La cuve E

Contrairement à la cuve D, il existe une différence de largeur entre la base et le sommet de la cuve E (environ 0,20 m). Les petites faces sont nettement trapézoïdales. Cette structure est inclinée vers le sud de façon à diriger un liquide vers un trou d’écoulement présent sur le petit côté sud (fig. 58).

Le côté est de la cuve E paraît contigu à un mur qui est arasé au niveau du déversoir de la cuve (fig. 58, mur c).

Délos, la cuve E (Bruneau 1969, 780).
Fig. 58. Délos, la cuve E (Bruneau 1969, 780).

On note la présence de deux encoches sur le côté est de la cuve. La première encoche est à 0,63 m de l’extrémité nord et elle mesure 0,33 m de longueur ; sa limite inférieure est située à 0,05 m sous le rebord de la cuve ; la seconde encoche est d’une longueur de 0,33 m dont la limite inférieure est située à 0,15 m sous le niveau du rebord de la cuve. Sur la paroi ouest, un bourrelet en saillie est de même longueur que l’encoche précédente et ses limites supérieures et inférieures sont respectivement à 0,15 m et 0,29 m sous le bord de la cuve.

Un sondage a été pratiqué au sud de la cuve E (fig. 59). Il se distingue du précédent par la quantité minime de coquilles de murex retrouvées128 : quelques-unes étaient présentes dans la couche 3-est ainsi que dans la couche 4. Nous pouvons noter également la présence, dans la couche 3-est, d’un foyer aménagé entre le mur (c) d’un refend est-ouest très grossier et d’une terre très charbonneuse qui recouvre directement le rocher. Des pluies ont fait apparaître que, immédiatement au nord du sondage, la cuve repose sur une feuille de plomb irrégulièrement recourbée (longueur est-ouest : environ 60 cm) et que cette feuille recouvre elle-même un lit de murex concassés, épais de 5 cm environ.

Dimensions des cuves.
Dimensions des cuves.
Délos, sondage de la cuve E, face ouest (Bruneau 1969, 781).
Fig. 59. Délos, sondage de la cuve E, face ouest (Bruneau 1969, 781).

– Le bassin

Le bassin129, creusé dans le roc, a une forme ronde et fait 1,15 m de diamètre à la partie supérieure (fig. 60). Il est situé sous le déversoir de la cuve E et s’engage partiellement sous la cuve au nord (environ 0,15 m). Il s’appuie à l’est sur le mur c qui est recouvert de ciment hydraulique. On retrouve le même ciment sur les arrondis qui ménagent la transition entre le tracé rectiligne du mur et le tracé circulaire du bassin.

Délos, le bassin à la fin du sondage. Vue prise de l’ouest (Bruneau 1969, 783).
Fig. 60. Délos, le bassin à la fin du sondage. Vue prise de l’ouest (Bruneau 1969, 783).

Le sondage (fig. 61, couche 4) a montré que cette structure était remplie de terre noire. Vers le fond gisaient plusieurs tessons d’amphores, dont un col qui contenait quelques fragments de murex et des morceaux de ciment hydraulique provenant vraisemblablement du mur (fig. 62).

Délos, plan du sondage du bassin (Bruneau 1969, 779).
Fig. 61. Délos, plan du sondage du bassin (Bruneau 1969, 779).
Délos, sondage du bassin : les fragments d’amphores (Bruneau 1969, 783).
Fig. 62. Délos, sondage du bassin : les fragments d’amphores (Bruneau 1969, 783).

– Les billots

Trois billots de granit130 nommés A, B et C ont été mis au jour à quelques mètres des cuves (fig. 64). Ils sont de section grossièrement circulaire et irrégulièrement alignés d’ouest en est. La distance entre eux est de 1,10 m entre A et B et de 1,50 m entre B et C. La hauteur maximum est de 0,40 m au-dessus du sol actuel.

Délos, le site 1 : croquis de situation des installations et des sondages (Bruneau 1969, 768).
Fig. 63. Délos, le site 1 : croquis de situation des installations
et des sondages (Bruneau 1969, 768).
Délos, les billots de granit. Vue prise du nord avant sondage (Bruneau 1969, 770).
Fig. 64. Délos, les billots de granit. Vue prise du nord avant sondage (Bruneau 1969, 770).

Un sondage131 a été effectué au sud des billots de granit A et B (fig. 65). En voici les principaux résultats :

– Les billots reposent sur un lit de murex concassés qui s’interrompt à environ 0,30 m au sud des billots (couche 2) ;

– La couche 3 est constituée d’une terre noire à laquelle sont mêlées de petites pierres, des tessons d’amphores et des fragments de murex ;

– La couche 4 contient un second lit très dense de murex concassés mêlés à une terre noirâtre ;

– Le niveau de la couche 6 est empli de sable mêlé à des murex concassés.

Dimensions des billots.
Dimensions des billots.
Délos, sondage effectué entre les billots A et B (Bruneau 1969, 772).
Fig. 65. Délos, sondage effectué entre les billots A et B (Bruneau 1969, 772).

Les dépôts de coquilles

De nombreux dépôts de murex recouvrent les rochers voisins du site 1 (fig. 66).

Délos, débris de coquilles de murex sur les rochers du rivage (Bruneau 1969, 771).
Fig. 66. Délos, débris de coquilles de murex sur les rochers du rivage (Bruneau 1969, 771).
Interprétation

Selon P. Bruneau, le bassin et la cuve E ont une fonction commune132. La position du bassin qui s’engage légèrement vers la cuve facilitait l’évacuation du liquide qui était contenu dans la cuve. Il propose deux hypothèses quant à l’utilisation des cuves : soit elles servaient à la préparation de la teinture, soit elles servaient de récipients dans lesquelles on teignait les étoffes.

Les billots sont interprétés comme des sortes de tables de concassage pour les coquilles de murex133.

Les nombreux dépôts de coquillages sont l’indice certain d’une production de pourpre.

Datation des structures

Le sondage de la cuve D a montré que les tessons recueillis n’étaient pas postérieurs au Ier siècle a.C. : la cuve D n’a donc probablement pas été utilisée après cette date134.

Le sondage de la cuve E et la mise au jour du bassin adjacent ne donne malheureusement pas d’élément de datation : le bassin peut être antérieur, contemporain ou postérieur à la cuve135.

Le sondage effectué dans le voisinage des billots a révélé la présence d’un bec triangulaire d’amphore d’Éphèse dans la couche 4 qui ne peut être antérieur au début du Ier siècle a.C. Les tessons retrouvés dans la couche 1 prouvent que les billots n’ont pas été utilisés après le Ier siècle a.C.136.

Bibliographie

Délos

Site 2
Structures et dépôts

En 1968, P. Bruneau a mis au jour un site producteur de pourpre sur le rivage oriental de Délos. En 1976, lors d’une prospection, il identifia l’emplacement de ce deuxième site qui se révéla être moins riche en indices archéologiques.

Localisation

Sur le rivage est, au nord du Quartier du stade. Présence d’une rue à colonnes est-ouest qui limite le quartier exploré par A. Plassart. Les billots se trouvent à environ 5 m à l’est du tronçon dégagé de cette rue, à 15 m à l’est des restes de la colonnade, à 45 m à l’est de l’angle nord-est de l’Insula I (fig. 67). Ce deuxième site se situe près d’une plage facilement accostable, à proximité d’une petite crique.

Délos, situation des structures et des dépôts de murex du site 2 ; a : emplacement des billots ; b et c : emplacements des dépôts de murex (Bruneau 1969, 112).
Fig. 67. Délos, situation des structures et des dépôts de murex du site 2 ; a : emplacement des billots ; b et c : emplacements des dépôts de murex (Bruneau 1969, 112).
Description

Les billots

Lors d’un sondage ont été découverts trois billots de granit (fig. 68) : billot ouest, billot médian, billot est137. Ils sont renversés sur le côté et plus ou moins enterrés (fig. 67, point a) et sont distants entre eux de 8 et 49 cm (fig. 67).

Dimensions des billots.
Dimensions des billots.
Délos, les trois billots du site 2 (Bruneau 1978, 112).
Fig. 68. Délos, les trois billots du site 2 (Bruneau 1978, 112).

Les dépôts de murex

Un premier dépôt de coquilles de murex est signalé à 28 m à l’est du billot est, en bordure de mer (fig. 67, point b). Il s’agit d’un rocher portant une couche de murex concassés identique à celle qu’on observe sur le site 1138 (fig. 69).

Délos, le site 2 : le dépôt de murex b (Bruneau 1978, 113).
Fig. 69. Délos, le site 2 : le dépôt de murex b (Bruneau 1978, 113).

Un second dépôt de coquilles de murex se situe à 30 m au nord du premier (fig. 67, point c), parmi des décombres amoncelés au-dessus d’un mur de gros blocs de granit (fig. 70).

Délos, le site 2 : le dépôt de murex c (Bruneau 1978, 113).
Fig. 70. Délos, le site 2 : le dépôt de murex c (Bruneau 1978, 113).
Interprétation

P. Bruneau avait déjà interprété les billots de granit trouvés sur le site 1 comme des sortes de tables de concassages des murex139. La découverte de trois nouveaux billots entourés de coquilles de murex brisées confirme cette hypothèse et représente, selon lui, un équipement professionnel normal140.

Le grand nombre de coquilles de murex brisées est l’indice d’une production de pourpre.

Datation des structures

P. Bruneau ne date pas ce deuxième site, car ce dernier a juste fait l’objet d’une prospection.

Bibliographie

Délos

Site 3
Dépôts

Localisation

Dans la rue longeant la façade ouest de l’îlot de la Maison des Comédiens ainsi qu’en vis-à-vis de l’angle sud-est de la maison de l’îlot de la Maison des Comédiens (fig. 71).

Délos, localisation des dépôts de murex situés dans l’îlot des Comédiens (Bruneau 1968, 668).
Fig. 71. Délos, localisation des dépôts de murex situés dans l’îlot des Comédiens (Bruneau 1968, 668).
Description

D’énormes couches homogènes de murex concassés atteignant une épaisseur de 1 m s’étendent sur toute la façade ouest de l’îlot des Comédiens, sur 44 m de longueur et sur toute la largeur de la rue ouest qui mesure environ de 3 à 5 m141. Ces couches passent par-dessus les murs de l’îlot bâti le long de la rue de l’ouest en vis-à-vis de l’îlot de Comédiens, mais elles ne recouvrent ni le mur de la façade nord de l’îlot des Bronzes, ni le mur de la façade ouest de l’îlot des Comédiens142.

Une amphore brisée remplie de murex concassés (fig. 72) a été retrouvée dans l’angle sud-ouest de la pièce D et dans la cour proche de la Maison des Comédiens143.

Délos, Maison des Comédiens, pièce D : amphore contenant des murex concassés (Bruneau 1969, 764).
Fig. 72. Délos, Maison des Comédiens, pièce D : amphore contenant des murex concassés
(Bruneau 1969, 764).
Interprétation

L’analyse des coquilles a montré qu’il s’agissait d’Hexaplex trunculus.

P. Bruneau144 pense qu’un atelier producteur de pourpre était installé dans des habitations abandonnées de l’îlot E ou, plus probablement, dans l’îlot de la Maison des Comédiens qui a été abandonné en 88 ou 69 a.C.

Datation

L’îlot des Comédiens a probablement été abandonné en 88 a.C., car le matériel antérieur à 69 a.C., c’est-à-dire antérieur au sac des pirates, fait pratiquement défaut145.

La production de pourpre à cet endroit aurait donc débuté après 88 a.C. et a sans aucun doute été interrompue à la suite du sac des pirates en 69 a.C.

Bibliographie

  • Bruneau, P., Vatin, C., Bezerra de Meneses, U., Donnay, G., Lévy, E., Bovon, A., Siebert, G., Grace, V., Petropoulakou, M., Lyding Will, E. et Hackens, T. (1970) : L’Îlot de la Maison des Comédiens, Exploration archéologique de Délos 27, Paris.
  • Bruneau, P. (1969) : “Documents sur l’industrie délienne de la pourpre”, BCH, 93-2, 759-791, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1969_num_93_2_4895 [consulté le 24/08/2022].

Délos

Site 4
Dépôts

Localisation

Dans le chemin qui conduit aujourd’hui du Dôdékathéon au Musée, entre l’angle sud-est de l’Agora des Italiens et l’angle sud-ouest du péribole du Sanctuaire du bastion (fig. 51).

Description

De nombreux murex concassés sont encore visibles sur toute la longueur allant du Dôdékathéon au Musée.

Interprétation

Ces dépôts seraient peut-être aussi importants et aussi épais146 que ceux présents sur le site 3. Il s’agit donc ici sans doute de débris ayant servi à la production de la pourpre.

Bibliographie

Délos

Site 5
Dépôts

Localisation et description

Les dépôts de coquilles de murex se trouvent au sud du Dioscourion, dans un établissement qui semble avoir un caractère commercial ou artisanal147, le long de la paroi sud de la pièce I148.

Bibliographie

Sites de Turquie

Milet

Dépôts

La ville de Milet était connue pour la qualité de ses laines, mais aussi pour sa production de pourpre qui était considérée comme l’une des plus belles à la fin du Ier siècle p.C. Cette production perdurera jusqu’au IVe siècle, s’il l’on en croit l’Édit du Maximum149.

La production de pourpre n’a malheureusement laissé que très peu d’indices qui ne sont pas très évocateurs.

Localisation et interprétation

L’archéologue T. Wiegand150 a signalé, au début du siècle, la présence de dépôts de murex dans un lieu qu’il ne mentionne pas. Il les a fait examiner par un zoologue, le professeur Vosseler. Ce dernier151 déclara qu’il s’agissait bien de dépôts de murex ayant servi pour la teinture en pourpre, mais le type de coquillage utilisé n’a pas été précisé.

Bibliographie

  • Herrman, P. (1975) : “Milesischer Purpur”, Istambuler Mitteilungen, 25, 141-147.

Aperlae

Site 1
Structures

Le site d’Aperlae en Lycie est véritablement étudié depuis les années 1970 par deux archéologues amateurs, R. et C. Carter, qui ont ouvert la voie à des recherches archéologiques plus poussées. Malheureusement, le gouvernement turc n’autorise pas la fouille du site et les archéologues doivent se contenter de simples prospections qui ont lieu chaque année depuis 1997.

Localisation

Trois bassins, aujourd’hui recouverts par la mer, ont été repérés par les archéologues. Ils se trouvent à l’intérieur des fortifications de la ville, près du port antique d’Aperlae, dans une baie qui pouvait accueillir facilement des bateaux, contrairement au reste de la côte qui est bordée de falaises.

Les 3 bassins sont éloignés de 10 à 20 m de la côte actuelle. Le bassin 1 se trouve à environ 20 m d’une jetée immergée, à environ 45 m de la côte actuelle et à 20 m à l’ouest du bassin 2 ; le bassin 3 est à 15 m environ au sud d’un complexe de bâtiments publics (fig. 73).

Aperlae, localisation du site 1 (Hohlfelder et al. 2000, 132).
Fig. 73. Aperlae, localisation du site 1 (Hohlfelder et al. 2000, 132).
Description

Les 3 bassins ont été construits directement sur le sol. Ils ont été fabriqués en briques “romaines” et en mortier hydraulique. Les bassins sont numérotés dans l’ordre de gauche à droite.

R. L. Hohlfelder et R. L. Vann152 n’en donnent pas les dimensions, mais nous les avons établies en fonction de l’échelle donnée sur la figure 73.

Interprétation

Les bassins sont interprétés comme des vivaria dans lesquels les Romains stockaient les murex vivants153.

Datation

Les bassins sont faits en “briques romaines” : ils auraient été construits sous la période d’occupation romaine qui commence avec la dynastie Julio-Claudienne154. R. L. Hohlfelder et R. L. Vann155 n’excluent pas l’idée de l’existence de structures similaires datant de l’époque hellénistique.

Bibliographie

  • Carter, R. (1978) : “The submerged seaport of Aperlae, Turkey”, IJNA, 7, 177-185, [en ligne] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1095-9270.1978.tb01062.x [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (2000) : “Cabotage at Aperlae in Ancient Lycia”, International Journal of Nautical Archaeology, 29, 1, 126-135, [en ligne] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1057241400800102 [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (1998) : “Uncovering the Secrets of Aperlae: a coastal settlement of Ancient Lycia”, Near Eastern Archaeology, 61, 26-37.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1998) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1996 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 15, 423-435.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1999) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1997 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 16, 443-459.

Aperlae

Site 2
Dépôts

Localisation

Deux dépôts d’Hexaplex trunculus et des débris de coquillages ont été retrouvés à l’ouest des fortifications de la ville156. Ils bordent les deux côtés d’un ravin qui pénètre dans la mer et que l’on peut encore traverser grâce à un pont d’époque romaine (fig. 74). À cet endroit, la côte est bordée de falaise et le paysage est très escarpé.

Aperlae, localisation du site 2 (Hohlfelder et al. 1998, 29).
Fig. 74. Aperlae, localisation du site 2 (Hohlfelder et al. 1998, 29).
Description

Les deux dépôts sont composés uniquement de murex de type trunculus ainsi que de quelques débris d’autres coquillages mêlés à des tessons de poterie. Les coquilles des murex sont brisées en petits morceaux. Une prospection sous-marine157 a révélé que ces dépôts continuaient dans la mer sur une surface d’environ 100 m².

Le gouvernement turc ne permet pas d’effectuer de fouille et les archéologues n’ont donc pas pu examiner les dépôts comme ils le désiraient. Pourtant, un trou fait par des pilleurs dans un de ces deux dépôts a permis de constater que des coquilles de murex étaient encore présentes à 50 cm en dessous de la surface du dépôt158.

L’absence de végétation sur les dépôts qui ont plus de 1 500 ans est interprétée par les archéologues comme un élément permettant d’affirmer que l’épaisseur des coquilles de murex est importante159.

Nous ne connaissons pas la superficie exacte de ces deux dépôts, car les archéologues donnent une superficie globale de 1 644 m² qui intègre un troisième dépôt ne se trouvant pas dans le même secteur géographique.

Interprétation

La quantité importante de dépôts de coquilles de murex est la preuve d’une production de pourpre à proximité.

Les dépôts sont faits de coquilles de murex brisées mélangées à des tessons de poteries. Les archéologues proposent deux explications à cela : soit la teinture pourpre était conditionnée, sous une forme qu’ils ne connaissent pas, dans des récipients en poterie, soit les Aperlites se débarrassaient de leurs poteries sur ces dépôts de murex afin de les recouvrir et d’en réduire l’odeur nauséabonde160.

Datation

Nous savons que l’occupation d’Aperlae par les Romains date de l’époque Julio-Claudienne161. Les tessons retrouvés mêlés aux coquilles de murex sont datés de 330 à 650 p.C.162.

Bibliographie

  • Carter, R. (1978) : “The submerged seaport of Aperlae, Turkey”, IJNA, 7, 177-185, [en ligne] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1095-9270.1978.tb01062.x [consulté le 24/08/2022].
  • Foss, C. (1994) : “The Lycian Coast in the Byzantine Age”, Dumbarton Oaks Papers, 48, 1-52.
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (2000) : “Cabotage at Aperlae in Ancient Lycia”, International Journal of Nautical Archaeology, 29, 1, 126-135, [en ligne] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1057241400800102 [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (1998) : “Uncovering the Secrets of Aperlae: a coastal settlement of Ancient Lycia”, Near Eastern Archaeology, 61, 26-37.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1998) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1996 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 15, 423-435.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1999) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1997 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 16, 443-459.

Aperlae

Site 3
Dépôts

Localisation

Un dépôt constitué de coquilles d’Hexaplex trunculus a été découvert près des fortifications sud, à l’extérieur de la ville, du côté de la mer. Nous ne possédons pas plus de renseignement quant à sa localisation précise.

Description

Un dépôt de coquilles d’Hexaplex trunculus mélangées à des tessons de poterie est présent dans le sud de la ville. Il est similaire en tous points aux dépôts du site 2163 (fig. 75 et 76).

Aperlae, débris de coquilles de murex et de poterie retrouvés dans les dépôts des sites 1-3 (Hohlfelder et al. 1998, 29).
Fig. 75. Aperlae, débris de coquilles de murex et de poterie retrouvés dans les dépôts des sites 1-3 (Hohlfelder et al. 1998, 29).
Aperlae, Hexaplex trunculus retrouvés à Aperlae (Hohlfelder et al. 1998, 29).
Fig. 76. Aperlae, Hexaplex trunculus retrouvés à Aperlae
(Hohlfelder et al. 1998, 29).

Comme pour le site 2, il nous est impossible de savoir quelles sont les dimensions de ce dépôt. Nous savons uniquement que la superficie des trois dépôts réunis164 (site 2 et site 3) mesure 1 644 m².

Interprétation

Ce dépôt de coquilles de murex est semblable à ceux du site 2165 : c’est un dépôt d’une importance certaine, ne comprenant (à quelques exceptions près) que des coquilles de murex brisées. Il n’y a aucun doute quant à son interprétation en tant que dépotoir d’un ou plusieurs ateliers producteurs de pourpre.

Datation

Nous reprenons les conclusions faites pour le site 2 qui datent le site entre330 à 650 p.C.166.

Bibliographie

  • Carter, R. (1978) : “The submerged seaport of Aperlae, Turkey”, IJNA, 7, 177-185, [en ligne] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1095-9270.1978.tb01062.x [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (2000) : “Cabotage at Aperlae in Ancient Lycia”, International Journal of Nautical Archaeology, 29, 1, 126-135, [en ligne] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1057241400800102 [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (1998) : “Uncovering the Secrets of Aperlae: a coastal settlement of Ancient Lycia”, Near Eastern Archaeology, 61, 26-37.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1998) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1996 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 15, 423-435.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1999) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1997 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 16, 443-459.

Aperlae

Site 4
Dépôts

Localisation

Nous ne possédons aucun élément de localisation pour ces sites qui ne sont pas considérés comme tels par les archéologues167.

Description

R. L. Hohlfelder signale des tas “piles” de coquilles de murex non brisées en plusieurs lieux. Malheureusement l’archéologue n’indique pas si les coquilles étaient trouées sur le côté à l’endroit de la glande tinctoriale. Nous ne connaissons ni leur importance, ni leur localisation.

R. L. Hohlfelder n’a pas pris la peine de mesurer ces tas. Étaient-ils plus petits168 ?

Interprétation

Pour R. L. Hohlfelder169, ces tas de coquilles de murex devaient certainement être stockés dans l’attente d’en faire de la chaux ou du mortier de construction. En effet, toutes les constructions d’Aperlae d’époque romaine ou byzantine ont été construites à base de mortier fait de coquilles de murex brisées en tous petits morceaux170. L’archéologue pense que les Aperlites n’ont pas eu le temps de se servir de ces tas qui ont subsisté jusqu’à nos jours.

En l’absence de renseignements plus précis et d’éléments de localisation, une interprétation reste délicate. Pourtant, nous pensons qu’il ne faut pas exclure, comme l’a fait R. L. Hohlfelder, le fait que ces tas puissent être des résidus d’ateliers producteurs de pourpre.

Bibliographie

  • Carter, R. (1978) : “The submerged seaport of Aperlae, Turkey”, IJNA, 7, 177-185, [en ligne] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1095-9270.1978.tb01062.x [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (2000) : “Cabotage at Aperlae in Ancient Lycia”, International Journal of Nautical Archaeology, 29, 1, 126-135, [en ligne] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1057241400800102 [consulté le 24/08/2022].
  • Hohlfelder, R. L. et Vann, R. L. (1998) : “Uncovering the Secrets of Aperlae: a coastal settlement of Ancient Lycia”, Near Eastern Archaeology, 61, 26-37.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1998) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1996 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 15, 423-435.
  • Vann, R. L. et Hohlfelder, R. L. (1999) : “Survey of classical harbors in Turkey, the 1997 season at Aperlae in Lycia”, Arastirma Sonuclari Toplantisi II. Cilt, 16, 443-459.

Andriake

Dépôts

Localisation

Andriake se situe en Turquie, dans la région d’Antalya, autour d’une baie maintenant complètement envasée où se jette le fleuve Andriakos (fig. 77). La cité antique de Myra se situe à 5 km au sud-ouest.

 Andriake, le plan du site d’Andriake (Forstenpointner et al. 2007, 202).
Fig. 77. Andriake, le plan du site d’Andriake (Forstenpointner et al. 2007, 202).
Description

Des dépôts de coquillages à pourpre ont été découverts à l’ouest, au sud et à l’ouest de la citerne située dans la partie appelée Plakoma, qui était l’agora commerciale de la ville (fig. 78). Ces dépôts font environ 1 400 m2. Les coquilles sont très fragmentées et, après calculs, les dépôts sont estimés à 300 m3 soit environ 60 millions d’individus.

L’empreinte d’un récipient circulaire est encore visible près des dépôts (fig. 79).

Andriake, le plan de la zone appelée Plakoma avec les dépôts de coquilles de murex (Forstenpointner et al. 2007, 204).
Fig. 78. Andriake, le plan de la zone appelée Plakoma avec les dépôts de coquilles de murex (Forstenpointner et al. 2007, 204).
Andriake, l’empreinte laissée par le récipient (Forstenpointner et al. 2007, 211).
Fig. 79. Andriake, l’empreinte laissée par le récipient (Forstenpointner et al. 2007, 211).
Interprétation

Les dépôts sont constitués presque uniquement de coquilles d’Hexaplex trunculus fragmentées. Il s’agit d’un site producteur de pourpre.

Le récipient ayant laissé une empreinte est interprété par les archéologues comme ayant servi à la production de pourpre. Cependant aucun morceau de plomb n’a été retrouvé171.

Datation

Des morceaux d’amphores romaines tardives et des fragments de poterie LRD Hayes forme 8 permettent de dater la production de pourpre pendant la dernière phase d’utilisation du Plakoma, c’est-à-dire durant le VIe siècle p.C.

Bibliographie

  • Forstenpointner, G., Quatember, U., Galik, A., Weiddengruber G. et Konecny, A. (2007) : “Purple-Dye Production in Lycia. Results of an Archaeozoological Field Survey in Andriake (South-West Turkey)”, OJA, 26/2, 201-214.

Notes

  1. Infra, p. 266.
  2. Conteneau 1924.
  3. De Saulcy 1864.
  4. Lortet 1884, 102.
  5. Cook 1909, 342.
  6. Conteneau 1924.
  7. Infra, p. 266.
  8. Infra, p. 267.
  9. Wilde 1840, 149.
  10. Ibid., p. 149.
  11. Ibid., p. 149.
  12. Ibid., p. 151.
  13. Wilde 1840, 149.
  14. Supra, p. 157.
  15. Cook 1909, 342.
  16. Ibid., p. 342.
  17. Ibid., p. 342.
  18. Infra, p. 163.
  19. POxy., 2273.
  20. Reese 1980, 89.
  21. Reese 1980, 89.
  22. Ibid., p. 89.
  23. Wilson 2004, 31.
  24. Ibid., p. 31.
  25. POxy., 2273.
  26. Parri 1932, 721.
  27. Blanc 1958, 187-188.
  28. Wilson 2000, 433-434.
  29. Blanc 1958, 187.
  30. Wilson 2000, 434.
  31. Blanc 1958, 188.
  32. Wilson 2000, 435.
  33. Ibid., p. 435.
  34. Ibid., p. 435.
  35. Di Vita et al. 1974-1975, 104, tav. XXIII, 5-6.
  36. Wilson 2002, 249.
  37. Drine 2002, 2001-2014.
  38. Ibid., p. 2006.
  39. Drine 2000, 89.
  40. Ibid., p. 89.
  41. Ibid., p. 90.
  42. Ibid., p. 93.
  43. Infra, p. 169.
  44. Fontana 2000, 95-114.
  45. Fentress 2000, 81.
  46. Supra, p. 167.
  47. Supra, p. 167.
  48. Nous ne savons pas ce qu’A. Wilson a voulu dire par ce terme.
  49. Wilson 2002, 251.
  50. Supra, p. 156.
  51. Wilson 2002, 251.
  52. Ibid., p. 251.
  53. Zaouali 1990, 36 : une équipe d’archéologues allemands aurait retrouvé des restes d’ateliers de pourpre datant du VIIIe siècle a.C. “au niveau du quai à la mer dans une zone située au nord des ports”.
  54. Ibid., p. 36-37.
  55. Jodin 1967, 12.
  56. Vidal de la Blache 1903, 325-329.
  57. Jodin 1966, 5.
  58. Jodin 1967, 5.
  59. Ibid., p. 52.
  60. Jodin 1967, 49.
  61. Ibid., p. 61.
  62. Jodin 1966, 27.
  63. Ibid., p. 27.
  64. Jodin 1967, 257.
  65. Ibid., p. 13.
  66. Ibid., p. 32.
  67. Ibid., p. 256.
  68. Jodin 1967, 5.
  69. Desjacques & Koeberlé 1955, 199.
  70. Rebuffat & Marion 1977.
  71. Nous remercions E. Papi, Professeur à l’Université de Sienne, pour ce renseignement.
  72. Wilson 2002, 253.
  73. Bernal Casasola et al. 2011, 201-202.
  74. Bernal Casasola et al. 2014, 226.
  75. Supra, p. 176 (Septem, Ceuta).
  76. Bernal Casasola et al. 2008, 214.
  77. Bernal Casasola et al. 2008, 222.
  78. Costa Riba & Sergi Moreno 2004, 182-183.
  79. Ibid., p. 178.
  80. Colloque international Textiles and Dyes in the Roman World organisé à Ibiza du 8 au 10 novembre 2001 par l’Université de Valencia.
  81. Costa Riba & Sergi Moreno 2004, 188.
  82. Alfaro Giner & Costa Riba 2002, 51.
  83. Alfaro Giner 2002, 685.
  84. Ibid., p. 686.
  85. Infra, p. 223.
  86. Borréani et al. 2004, 16.
  87. Ibid., p. 16 ; Borréani 1999, 150.
  88. Blanc 1958, 190.
  89. Ibid., p. 193.
  90. Ibid., p. 193.
  91. Blanc 1958, 192.
  92. Blanc 1958, 192.
  93. Carducci, éd. 1771, 226.
  94. Ibid., p. 226.
  95. Supra, p. 187.
  96. Lenormant 1881, 107.
  97. Ibid., p. 107.
  98. Ibid., p. 107.
  99. Ibid., p. 107.
  100. Supra, p. 87.
  101. Supra, p. 187.
  102. Supra, p. 186.
  103. Supra, p. 187.
  104. Viola 1881, 408 ; nous ne connaissons le contenu de ces archives que par l’intermédiaire de Lippolis 2002, 191.
  105. Ibid., p. 191.
  106. Ibid., p. 191.
  107. Supra, p. 188.
  108. Supra, p. 187.
  109. Arsenale Militare, rinvenimento del 26 aprile 1898, Archivio Soprintendenza archeologica della Puglia.
  110. Lippolis 2002, 191.
  111. Lenormant 1881, 107.
  112. Lortet 1884, 102.
  113. Infra, p. 226.
  114. Schmid 1999, 278.
  115. Une ancre en pierre de forme pyramidale (aire F/2) a été trouvée immédiatement en dehors du grand bassin (fig. 5). Beaucoup de pesons ont également été retrouvés sur ce site.
  116. Schmid 1999, 278.
  117. Ibid., p. 278.
  118. Schmid 1998, 30.
  119. Schmid 1999, 275.
  120. Supra, p. 192.
  121. Érétrie 1985, 66.
  122. Boekschoten 1962, 59-60.
  123. Ibid, p. 59.
  124. Ibid, p. 59.
  125. Ibid, p. 60.
  126. Sanders 1982, 4-5.
  127. Bruneau 1969, 775-776 et 778-784.
  128. Ibid., p. 785 : présence sporadique de murex dans la couche 4-ouest.
  129. Ibid., p. 781-784.
  130. Ibid., p. 768-775.
  131. Ibid., p. 769-773.
  132. Ibid., p. 789.
  133. Ibid., p. 789.
  134. Ibid., p. 778.
  135. Ibid., p. 784-785.
  136. Ibid., p. 775.
  137. Bruneau 1978, 111.
  138. Ibid., p. 111.
  139. Supra, p. 202.
  140. Ibid., p. 168.
  141. Bruneau et al. 1970, 8.
  142. Ibid., p. 426.
  143. Bruneau 1969, 765.
  144. Ibid., p. 766.
  145. Bruneau et al. 1970, 426.
  146. Bruneau 1969, 766.
  147. Bruneau 1969, 766.
  148. Bruneau 1968, 661.
  149. Infra, p. 265.
  150. Herrman 1975, 141.
  151. Ibid., p. 141.
  152. Hohlfelder & Vann 2000, 132.
  153. Ibid., p. 132.
  154. Hohlfelder & Vann 2000, 129 : datation de l’occupation certaine à partir des Julio-Claudiens grâce à des témoignages épigraphiques.
  155. Ibid., p. 129.
  156. Hohlfelder & Vann 2000, 132.
  157. Hohlfelder & Vann 1998, 30.
  158. Ibid., p. 30.
  159. Ibid., p. 30.
  160. Hohlfelder & Vann 1998, 30.
  161. Hohlfelder & Vann 2000, 129 : témoignages épigraphiques.
  162. Foss 1994, 17.
  163. Supra, p. 207.
  164. Hohlfelder &Vann 1998, 30.
  165. Supra, p. 207.
  166. Foss 1994, 17.
  167. Hohlfelder & Vann 1998, 29.
  168. Supra, p. 208.
  169. Hohlfelder & Vann 1998, 29.
  170. Ibid., p. 29.
  171. Voir Aguilas.
ISBN html : 978-2-38149-008-3
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Livre
Posté le 16/12/2022
EAN html : 9782381490083
ISBN html : 978-2-38149-008-3
ISBN pdf : 978-2-38149-015-1
ISSN : 2741-1508
59 p.
Code CLIL : 4117 ; 3385
licence CC by SA

Comment citer

Macheboeuf, Christine, “Catalogue des sites”, in : Macheboeuf, Christine, Exploitation et commercialisation de la pourpre dans l’Empire romain, Pessac, Ausonius éditions, collection DAN@ 4, 2022, 153-211 [en ligne] https://una-editions.fr/catalogue-des-sites/ [consulté le 13/12/2022].
doi.org/10.46608/DANA4.9782381490083.20
Accès au livre Exploitation et commercialisation de la pourpre dans l'Empire romain
Illustration de couverture • Hexaplex trunculus
(cl. C. Macheboeuf).
Publié le 16/12/2022
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