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Cette section prend en compte tous les documents édités :

  • le bullaire de Valier et les autres parties du registre G/C 1 avec le catalogue des documents de l’évêché paraphé le 18 novembre 1790 ;
  • le registre G/G 17 ;
  • les divers documents originaux qui leur sont associés, à l’exception des bulles originales, sauf pour noter quelques détails significatifs car la présente étude ne porte pas du tout sur la chancellerie apostolique.

Elle analyse les documents de façon à la fois typologique et chronologique : 
– A. Originaux médiévaux isolés ; – B. Bulles originales ; – C. Copies c. 1500-1520 ; – D. Copies des XVIIe et XVIIIe siècles ;
– E. Annotations au dos des documents et catalogue de 1790. Le bullaire lui-même est dans la partie CA. 

1 A. Originaux médiévaux isolés

Cette partie comprend l’analyse paléographique des originaux des cessions et d’un autre document concernant les dîmes. On y trouve une très grande variété de notaires locaux.

A1 : G/G 4 (31), article (350-2) 

Gothique droite partiellement cursive, régulière et vigoureusement appuyée d’un type courant au milieu du XIIIe siècle en Agenais. Le notaire P. Escriva de Tournon a écrit un acte de formulaire encore sommaire sur un parchemin de petites dimensions (27×6,5 cm), comme souvent à cette époque.

Parchemin entier et extrait :

A2 : G/D 34, article (252-2) 

Main gothique proche dans le temps des bulles de Clément V et de type voisin mais moins fluide et moins régulière que celle des clercs de la cour apostolique.

A3 : Arch. dép. du Gers, I 404, article (152-2)

Écriture beaucoup plus habile et soignée que A1 dont elle est strictement contemporaine.

A4 : G/D 34 (ancien G 7 bis), article (1303) 

L’écriture du notaire Pierre Achard en 1308, sur un parchemin de 34,5 cm de haut sur 36,5 de large, semble sortie de la chancellerie apostolique, de même les ornements de l’initiale (cf. section suivante). Ce clerc a pu y intervenir comme scripteur.

2 B. Bulles originales

Nos observations ont porté sur les trois seuls originaux conservés de façon à peu près satisfaisante : BN, EO et S ou AS.  BJ n’existe plus qu’à l’état de lambeaux peu lisibles qui ne se prêtent pas à la différenciation des mains dans le cadre d’une écriture de chancellerie strictement normée.

En effet, dans la liasse G/G 4 ont été rassemblés trois fragments de parchemin trouvés en 1952 dans la reliure des registres de recrutement de 1811. Un premier morceau de 62,8 cm (+ un repli de 5 cm) sur 24 à 26 cm correspond au début de la bulle BJ, mais très dégradé et amputé de bien 6 cm à gauche. Le second fait 57,3 cm (+ 3 cm de repli à gauche et 5 cm à droite) sur 24, il s’agit du bas du document mal dégagé  du papier encollé, tête et fin de ligne étant détruites. L’élément le plus notable est la mention de “BJ” au dos. Le troisième fragment pris cette fois dans le sens vertical n’est pas l’épave d’une bulle mais de quelque grande charte concernant le chapitre Saint-Étienne.

B1 : BN et probablement aussi EO

B1a. E suppl., Arch. mun. d’Agen, ii 46, bulle BN, articles (522) à (538)

Le scripteur a marqué son nom au verso : Johannes Çancat’.

B1b. G/D 34, bulle EO

On ne retrouve pas la marque du scripteur au dos mais il pourrait s’agir de Johannes Çancat’.

B2 : 1 J 1475 bulle S ou AS, articles (188) à (204)

Le contraste entre pleins et déliés est moins net que sur B1 et les formes très rondes ; on ne rencontre guère les becs discrets que traçait le calame de B1 à la fin des “a” ou des “n”. Cette écriture fluide au tracé léger n’est pas de la même main que B1.

On remarque aussi au verso le nom du scripteur, Johannes Lincolnensis, dont l’écriture est beaucoup ronde que celle du précédent.

La mise au net de l’important travail effectué sous la direction d’Arnaud de Canteloup a forcément mobilisé plusieurs scripteurs, deux sont clairement identifiables par leur signature au dos et leur graphie, mais il y a dû en avoir d’autres. 

3 C : Copies c. 1500-1520

Les registres G/C 1 et G/G 17 présentent toute une palette d’écritures cursives de même type mais de diverses mains assez faciles à distinguer les unes des autres.

CA : G/C 1

CA1 : l’écriture de Jean Valier lui-même, article (2)

Cette cursive gothique présente certains traits de la cancelleresca, elle est peu cursive en fait, faiblement penchée, très régulière, bien justifiée à droite. Les “f”, “p” et “s” ont un retour vers la gauche très caractéristique au bout de leur longue canne ou de leur longue haste plongeante.

On remarquera le “æ” de “patriæ”. Il s’agit sans doute de l’écriture de Valier lui-même.

G/C 1 f. 1.

Le texte se termine par une signature accompagnée d’un paraphe spectaculaire ; le style raide et très orné de cette graphie droite ne coïncide pas avec celui de la cursive du texte, d’où un doute.

La cancelleresca serait-elle due à un autre clerc italien venu avec Valier ? En fait, il s’agit peut-être d’une graphie d’une raideur volontairement solennelle.

On garde une autre signature paraphée de Jean Valier, apposé à la fin du registre des visites qu’il effectue en 1551 comme vicaire général de l’évêque. L’âge a sans doute rendu sa main moins ferme mais il y a une indiscutable convergence entre ces quelques éléments et le texte introductif du bullaire : “E”, “g” dans “Agennensis et “gnral’”, forme des tildes, etc. On remarquera l’orthographe phonétique “viquere” qui surprendrait la part d’un homme instruit, n’était son origine italienne. Valier n’a peut-être jamais intégré les complications embarrassantes du français écrit qui, depuis le XIVe siècle, s’est considérablement éloigné de la prononciation. 

G/C 1 bis, non folioté

“1520” a peut-être été porté de la même main (cf. la forme de l’œil du “o”) au-dessus du f. 2r de G/C 1 ; le seul exemplaire de chiffres arabes dans le registre, en dehors bien sûr de la foliotation ajoutée plus tard. 

CA2 : pouillé (G/C 1, f. 7-26) et liste de dîmes (f. 27-29r)

Cet ensemble a été écrit d’une main différente, avec une plume plus nettement biseautée donnant un contraste fort entre pleins et déliés. Il s’agit d’un travail soigné, très lisible, de présentation aérée et homogène.

f. 7r

Quelques “s” pourraient trahir un essai d’imitation d’une écriture “italienne” mais l’ensemble reste dans les voies d’une cursive gothique locale.

CA3 : Bullaire (G/C 1, f. 32-250)

Ce long document a été copié de façon plus cursive, rapide, mais il ne s’agit de la main précédente, même moins calligraphique car tout un ensemble de traits distinctifs interdisent de penser que le même a poursuivi dans une manière moins soignée. La première lettre des mots est souvent très largement détachée de la suite, les cannes sont longues et fines. Cette main se distingue par : – des pleins horizontaux particulièrement appuyés et longs au bas des “l”, sur la barre des abréviations “per”, le haut des “C” et nombre de tildes.Cette main amorce par un délié oblique beaucoup de mots commençant par “e”, “m”, “n” ou “v/u”. Un autre trait de même type lancé vers le haut laisse l’œil des “a” et des “q” largement ouvert. La forme des “g” et des “l”, entres autres, diffère profondément de celle CA2

Le bullaire ne devient pas négligé au fil des pages mais il n’a pas la lisibilité du pouillé, il comporte des ratures.

f. 32r
f. 54v, rature
f. 55r, une notice très soignée

La fin, à partir de la section GB (voir GC f. 232v ci-contre), comporte de nombreuses notices longues écrites plus serré, d’une encre assez pâle, avec un calame moins fin et fortement biseauté. Les “l” qui aéraient le texte sont moins larges. Cette séquence évoque des pages de registres notariaux ou capitulaires d’aspect compact, tout en restant bien lisible.

CA3x L’onglet inséré entre les folios 232 et 233 semble de la même main.

Les titres portés en marges, avec le nom des paroisses facilitent les recherches mais ce document n’a pas été indexé, ce qui aurait pourtant contribué à le rendre plus facilement utilisable.

CA4 : Introduction de l’inventaire des meubles (f. 257r)

Le paragraphe introductif dans une gothique très droite et soignée diffère et du pouillé et du bullaire. Il commence par une jolie lettrine avec un décor de feuillage. Le trait distinctif de cette main est dans la façon de séparer très nettement les doubles “f”. Les éléments obliques saillants sont des pleins déversés vers la gauche (“v” à l’initiale, “d”). 

f. 232v.
f. 257r

CA5 : signature et paraphe de Jacques d’Antonne à l’introduction de l’inventaire des meubles

Jacques d’Antonne, secrétaire de l’évêché, y a ajouté deux lignes et sa signature paraphée.  Il est resté en poste jusqu’à sa mort (avant mai 1542) et son fils François a procédé alors à la collation de ses registres, qui correspond au début du Liber collationum (Bib. mun. Agen, ms. 9, f. 5).

f. 257r

CA6 : Texte de l’inventaire titres et meubles c. 1490 : bulles, f. 258-263r – cf. articles (239) à (244) ; autres titres, f. 263v-266r ; livres f. 267r-268r ; meubles meublants f. 268v-275v)

Le texte de l’inventaire a été copié d’une autre main encore. Cette écriture, droite pour l’essentiel sur les petites lettres, montre un hérissement de hautes obliques vers la droite comme vers la gauche, et de longues cannes penchées à droite. Elle allie des becs et des jambages anguleux à des tracés arrondis. Des tildes très longs, des boucles et des hastes très hautes colonisent les interlignes, ce qui lui donne un aspect touffu, lorsqu’au fil des pages, le soin du clerc se relâche un peu et que le tracé se fait de plus en plus cursif, mais elle reste assez lisible et sépare bien les mots. 

f. 258r
f. 259v

CB : G/G 17

Ce petit cahier de 32 pages présente une écriture vigoureuse et régulière d’un type très proche de CA4 et CA5 mais pas de la même main : les hastes obliques des “f” et des “s” sont plus penchées, le calame trace de petits becs aigus sur les “e” et pointe l’œil des majuscules.

4 D : Copies des XVII e et XVIIIe siècles

Comme ces mains des XVIIe et XVIIIe siècles ne présentent pas d’intérêt sur le plan paléographique, dans l’économie du moins de cette étude, par rapport à la tradition des textes sur les cessions de dîmes, nous n’en faisons pas ici de description. 

D 1 Dossier “Savignac” (G/D 21)

Le mémoire adressé à l’évêque par Guiral du Colombier, explicitement après 1737, est de la main d’un contemporain d’Argenton (EB6) ou de l’auteur du catalogue de 1790 (EB5), avec tous un luxe d’accents et d’apostrophes, mais différant par des détails orthographiques (“dismes”) ou graphiques (comme un fort espace après l’apostrophe ou la forme des doubles “s” etc.) (ci-dessous p. 2 du mémoire). 

Les documents de travail correspondant à ce mémoire ont été copiés de mains de même type :

Aucun code “D1” n’a été reporté sur l’édition comme de peu d’intérêt.

D 2 : Copies d’Henri Argenton

Dans le registre conservé sous la cote 91 J 3, dit les Preuves, Henri Argenton a copié jusqu’à la page 51 de nombreux documents d’une main régulière et très lisible ; il pointe les “i” et les “j”, ponctue, utilise les apostrophes, met des majuscules aux noms propres. Rien que son écriture dénote le fossé culturel entre lui et les employés ayant annoté ou recopié les annotations portées au dos des documents. La qualité de ses copies montre sa familiarité avec l’occitan médiéval et on reconnaît sa formation de latiniste aux “ā” dont il gratifie les ablatifs de la première déclinaison. 

91 J 3 n° 51, p. 33-34, article (60-2) 

On retrouve les mêmes caractéristiques dans un autre document qu’il a transcrit en signant de son nom : 

Coll. privée, article (1106-2)

Pour les articles de l’édition explicitement désignés comme issus de la série 91 J 3, donc des Preuves d’Henri Argenton, le code “D2” n’a pas été indiqué.

5 E. Annotations au dos des originaux et catalogue de 1790

Du XIVe au XVIIIe siècle, les documents du fonds épiscopal ont été annotés sous forme de brèves analyses et de cotes, d’une lecture parfois difficile vu la dégradation de ces parchemins ; une des mains ayant porté ces annotations n’est autre que celle qui a écrit le catalogue paraphé par le maire et le substitut du procureur de la commune le 8 novembre 1790. En revanche, on ne trouve pas trace de celle d’Henri Argenton sur ce lot très restreint d’originaux. Nous distinguerons les annotations gothiques (EA), les annotations modernes (EB) et les simples cotes (EC).

EA. : annotations en gothique (de plus de 10 mains), la plupart au dos des documents

Diverses mains ont noté, probablement jusque vers 1500, le nom des paroisses concernées, ou abjuratio decimarum N… Elles sont de types très différents et plus ou moins cursives.

EA1 : G/D 34, bulle EO, article (580) 

Gothique droite, avec des tracés souples.

EA2 : G/D 34, bulle EO, article (580)

Ajout à la troisième ligne de la mention précédente d’une écriture habile, avec un net contraste entre pleins et déliés et l’usage d’abréviations pour tenir dans un espace restreint.

D’autres mentions allient des petits jambages anguleux à quelques boucles : 

EA3 : Arch. dép. du Gers, I 404v article (152-2) 

EA4 : G/D 34. article (252-2) 

EA5 : G/G 4 (31) article (350-2) 

Écriture de même type que la précédente (cf. “abjuratio decimarum”) ?

EA6 : G/G 4, bulle BJ, article, (491)

EA7 et EA8 : G/D 34 (G 7 bis), article (1303)

EA7 aux premières lignes du pavé, écrites de façon dansante, EA8 aux deux suivantes. EA8 est moins cursive que EA7 et d’un type voisin de EA3 à EA6, alliant des petites lettres anguleuses et des éléments plus souples.

EA9 : G/D 34 (G 7 bis), article (1303) 

EA10 et EA11 : 1 J 1475, bulle S ou AS, article (204)

Mentions ajoutées de deux mains gothiques tardives après le protocole final de l’acte. 

EA/A : 1 J 1475, bulle S ou AS, article (188) 

La mention au dos de la bulle 1 J 1475 (main B2) s’apparente à l’écriture des scripteurs apostoliques mais elle comporte des éléments horizontaux plus rectilignes que dans B2 et ne se confond pas avec elle, mais du temps de Bertrand de Got, des clercs au service du pape ont pu aussi travailler pour son parent l’évêque d’Agen mais elle évoque surtout d’assez près A4 qui est du type en usage à la chancellerie pontificale, mais peut-être pas seulement.

Toutes ces mentions sont impossibles à situer de façon précise sur le plan chronologique, mais EA1, EA2 pourraient remonter à la première moitié voire parfois au début du XIVe siècle, comme EA/A, tandis que EA9, EA10 et EA11 se rattachent à une période beaucoup plus tardive. Elles ne découlent pas d’une entreprise systématique d’inventaire, car elles ont été faites au coup par coup et il faut signaler qu’une mention de même nature a été portée au dos du parchemin concernant de la dîme de Boicholas de la main A1, celle même du notaire ayant rédigé l’acte (350-2).

EB. Annotations modernes sur divers pièces des archives épiscopales d’Agen

Elles ont été écrites au dos des bulles manifestement dans le courant du XVIIIe siècle : celles inscrites dans les marges sont trop peu lisibles pour faire l’objet d’une étude et présentent moins d’intérêt quant au classement des textes, elles sont simplement indiquées “EBX”.

EB1 : G/D 34 (ancien G 7 bis), article (1303), etc.

Un clerc écrivant très soigneusement a annoté à l’encre ocre le dos de divers parchemins dans une écriture de type “classique” avec un titre écrit droit, suivi d’une analyse en italique ; il ne sait pas bien utiliser les apostrophes, ne met pas de majuscules aux noms propres et ignore l’usage des accents, mais il travaille avec beaucoup de soin et présente son texte en une colonne bien justifiée. On le situerait bien comme un employé aux écritures apprécié pour sa belle main et recopiant des analyses très concises préparées par d’autres, il pourrait s’agir de quelqu’un travaillant sous les ordres de d’Argenton. Une quasi répétition au dos de G/D 34 a été biffée d’une encre plus foncée.

On la rencontre aussi au dos de G/G 4 (31), article (350-2).

EB2 : 1 1475, bulle S ou AS, article (188), etc.

Analyses sommaires. Le tracé est très cursif et penché, on ne trouve pratiquement pas de majuscules aux noms propres ni d’accent ni d’apostrophes. Il y a un trait horizontal sous la notice.

1 J 1475, article (188). – G/D 34, article (252-2)

On la rencontre aussi au dos de G/D 34, (ancien G 7 bis) article (1303).

EB3 et EB4 : Arch. dép. du Gers, I 404 verso, article (152-2)

EB3, d’une encre pâle de même type que EB2 mais s’en distinguant par le paraphe terminant la cote ajoutée en dessous (élément étranger à l’annotation par EB2), a été reprise dans une encre noire par EB4, une main probablement différente, qui a tracé des accolades et un paraphe. EB4ne met pas de majuscules aux noms propres, emploie accent aigu et apostrophe et lie un “t” avec un“J”.

EB5 : main du catalogue de 1790 et diverses annotations sur des titres de l’évêché d’Agen

On la reconnaît au dos de plusieurs originaux [(252-2)(350-2)(522)(580)(1106-2)] provenant de l’évêché d’Agen où elle a reporté à l’identique les analyses qu’elle a consignées sur le cahier de papier en grand format contenant le catalogue des titres de l’évêché d’Agen. Ce dernier comporte aussi en marge une numérotation continue en chiffres arabes rajoutée au crayon en marge – probablement de la même main– mais elle n’a pas été inscrite au verso des originaux, du moins sur les quatre qui subsistent. 

Cette main régulière accentue parfois les “e” et sait placer des apostrophes mais ne fait pas un emploi systématique des majuscules pour les noms propres. Les textes forment des pavés étroits de plusieurs lignes, comme la plupart de ceux de l’ensemble EB, mais ils ont la particularité de comporter un trait en fin de ligne si le dernier mot est en retrait de l’alignement à droite. Les analyses produites sont dans l’ensemble très satisfaisantes, quoique laconiques, mais leur auteur se montre trop succinct à propos de textes complexes comme GQ. Il maîtrise bien le latin médiéval et l’occitan. 

G/D 34 (ancien G 4 bis) article (252-2).
Coll. Privée, article (1106-2)

L’écriture de Labrunie est de même type que celle du catalogue mais elle a une graphie anguleuse plus ferme quoique rapide, utilise l’accent circonflexe, ponctue beaucoup mieux, trace différemment les “x”, les “4”, les “6”, “et”, comme l’attestent ces échantillons de l’écriture de Joseph Labrunie sur la page où il prend le relais du défunt abbé Argenton pour la transcription d’un acte :

91 J 3 p. 51, échantillons d’écriture de Joseph Labrunie.

EB6 : article (1106-2)

Mention marginale du receveur de l’enregistrement :

Coll. Privée, article (1106-2)

EC : cotes inscrites de c. 1500 (?) au XVIIIe siècle

Nous n’avons repéré aucune “cote” qui puisse être antérieure à cette période.

EC1 : au verso de la bulle G/G 4, article (491)

Le “B” est de même type que ceux de CA3 (bullaire), de même tracé et de proportions voisines.

EC2 : au verso de la bulle ii 46, article (522)

Le tracé du “B” est de même type que dans EC1 mais avec des formes étroites et très verticales, ses proportions ne sont pas du tout celles de CA3. Leur auteur a fait un jeu de mot en ajoutant “Dei” pour “Benedictio Dei). La couleur de l’encre et un fort contraste entre pleins et déliés suggèrent une autre main que celle de EC4/EB1.

EC3/CA5 : au verso de la bulle G/D 34, article (580)

Le “E” est d’un type voisin de celui tracé par Jacques d’Antonne, cf. CA5.

EC4/EB1 : au verso de la bulle G/D 34, article (580)

Une main très tardive a ajouté EO juste au-dessus ces petites capitales classiques, sans doute dans un souci de lisibilité. Ce tracé fait penser à EB1

EF : chiffres au dos des originaux du XIIIe siècle

Ces repères pourraient renvoyer à un essai de classement, nous n’avons retenu que ceux qui sont au dos de petits originaux, nous ne les avons pas portés sur l’édition car un doute peut subsister quant à leur antériorité par rapport aux numéros correspondant à des classements de la fin de l’époque moderne que nous avons totalement laissés de côté.

Au verso de I 404 (Arch. dép. du Gers), article (152-2).

Au verso de l’ancien G4 bis, aujourd’hui dans la liasse G/D34, article (252-2), main assez proche de EB3.

On trouve le chiffre 29 de la même main et placé au même endroit sur le verso de l’acte de l’article (1303) (soit G/D 34, anciennement coté G 7bis) qui n’est ni une restitution ni copié dans le bullaire mais concerne le droit sur les dîmes. 

EG : lettres au dos des originaux du XIIIe siècle de deux mains différentes

Au dos de I 404 (Arch. dép. du Gers), article (152-2)

“CC” (cf. EF, 3e ligne de la photo) n’est pas une cote car ce texte correspond soit à la bulle M soit à la bulle CY

Au dos de G/D 34 (ancien G 7 bis) article (1303)

On ne sait s’il s’agit d’une cote.

Conclusion de l’étude paléographique

On peut dégager deux conclusions au terme de cette analyse : l’une sur la longue durée concerne les pratiques de l’écrit en Agenais, du XIIIe au XVIIIe siècle, l’autre sur la mise en forme du bullaire et  la qualité du travail réalisé.

Pratique de l’écrit et registre des langues

L’ensemble des documents et des écritures présentés fait parcourir différents niveaux de la pragmatic literacy vers 1250-1310. Les bulles originales suggèrent l’allongement des formulaires notariaux en une soixantaine d’années et nos actes notariés originaux ou copiés que nous avons pu faire correspondre à des analyses du bullaire vont dans le même sens. Mais des écrits des laïcs qui utilisent essentiellement l’occitan ou le gascon à ceux des clercs et surtout de la chancellerie apostolique, il y a un gouffre tant dans la qualité graphique des écritures que dans la sophistication juridique des textes et le recours au latin. Il faut aussi compter avec des différences individuelles importantes : là où l’écrivain communal de Tournon écrit en occitan d’un main “rustique” en 1257, le notaire de Lavardac a une écriture presque élégante et n’écorche pratiquement pas le latin (sauf “liquem” pour “aliquem”) ; tous deux usent néanmoins d’un formulaire bref dépourvu d’une longue suite de renonciations : les sophistications du droit romain sont encore inconnues dans ces bourgades. Il n’en va plus de même pour Arnaldus Dulcis, notaire des environs de Pujols en 1294, dont l’acte occupe un parchemin de 19*26 cm et non plus une étroite bande, toutefois son formulaire reste relativement rudimentaire pour un acte de la fin du XIIIe siècle. 

Au milieu du XIIIe siècle, l’occitan peut servir pour des actes longs et pointilleux tel en 1262 l’accord avec Arnaud de Durfort seigneur de Frespech, établi par l’abbé de Saint-Maurin mandaté par l’évêque (1100) ; il découlait d’une négociation certainement âpre et, si Arnaud de Durfort ignorait le latin, il savait peut-être lire ou tenait à ce qu’on puisse lui lire tel quel le texte du compromis. On ne saurait dire si l’Abjuratio domine d’Albreto, retenue par un notaire d’Agen puis mise en forme publique par les consuls d’Agen, était en latin ou en vernaculaire en dehors de son protocole initial ou final (444). Vers 1300, l’évêque d’Agen, proche personnellement de la curie, a un entourage de clercs au diapason de la chancellerie du pape. Le latin s’impose naturellement chez les ecclésiastiques, mais l’emploi très fréquent de la langue vernaculaire signale un large accès à l’écrit de la part des laïcs, plus qu’il ne dénoncerait l’ignorance du latin.

Les annotations consignées de mains assez sûres au dos des parchemins par les clercs de l’évêque aux XIVe-XVe siècles mêlent latin et occitan. Tout le travail d’analyse mené à l’évêché vers 1480-1520 montre une bonne pratique d’un latin fort éloigné des standards du classicisme et une honorable capacité à lire des gothiques anciennes, du moins les belles écritures régulières de la chancellerie pontificale. Il convient toutefois d’émettre quelques réserves sur le copiste de G/G 17 qui a été mis en difficulté par des actes princiers du XIIe siècle et des bulles du XIIIe siècle. 

Au milieu ou dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les secrétaires ou archivistes qui écrivent ou font copier au dos des parchemins de l’évêque des analyses détaillées ont certainement une solide formation en latin et seraient capables de les composer dans cette langue mais ces gens qui vivent la plume à la main ont systématiquement recours au français qui est devenue la langue de l’administration, même en milieu ecclésiastique. L’occitan qu’ils comprennent certainement fort bien n’est plus guère alors du domaine de l’écrit. Les notes portées au dos des parchemins anciens témoignent d’une révolution linguistique dans l’écrit.

Une réalisation rapide du pouillé et du bullaire après 1520 ?

Jean Valier a conçu et supervisé la confection du recueil G/C 1 qui substitue à des pouillés anciens et des brassées de lettres apostoliques déjà rassemblées mais peu maniables, un volume qui n’est ni lourd ni encombrant ; sa réalisation a été le fait de clercs de l’évêché ou de notaires d’Agen recrutés pour l’occasion, familiers des noms locaux, capables de comprendre l’occitan ou le gascon du XIIIe siècle, langues peu accessibles à un Piémontais même après un passage dans les bureaux de l’évêché de Mende. Le mérite de Valier est d’avoir donné et fait appliquer des consignes claires pour les analyses et ensuite d’avoir obtenu des copies de bonne qualité. Il a fait travailler des clercs aux écritures aisées et sans doute rapides. Les trois ou quatre principales mains du recueil G/C 1 sont celles de professionnels du travail administratif, sachant produire assez vite un document de présentation claire et d’une lisibilité plutôt satisfaisante, les noms de paroisses portés en marge pour chaque article du bullaire facilitent sa consultation. 

On ne sait combien de temps il a mis pour compiler son pouillé, quelques mois s’il avait à sa disposition des pouillés antérieurs. Le travail opéré sous sa direction pour composer le bullaire a dû mobiliser plusieurs clercs locaux pour l’aider à résumer quelque 90 bulles  pontificales de grand format, dont certaines comportaient des actes en occitan ou en gascon, et prendre des mois et des mois. La copie finale a été un travail d’autant plus long qu’il n’a été confié qu’à un seul copiste qui, à vrai dire, a écrit de façon parfois manifestement rapide, d’où des pages d’une tenue moindre que celles du pouillé, surtout sur la fin. Évaluer le temps que cela a pris relèverait de la gageure ; la seule date affichée “1520″ correspond au mandat de Valier, le 20 novembre de cette année, le temps de réalisation de l’ensemble pouillé-bullaire reste indéterminé, on peut supposer jusqu’à un an ou deux. En tout cas, Valier qui était totalement étranger au pays a réussi à dresser des documents de références lui permettant d’avoir une vue complète du diocèse et du fondement juridique des revenus essentiels de l’évêque : les dîmes.

D’autres travaux sur les épaves du fonds épiscopal remontant à cette période apporteront peut-être un jour des éléments d’appréciation sur la qualité et les méthodes du travail administratif à l’évêché d’Agen. On peut aussi espérer que des recherches sur la saisie des biens nationaux permettraient incidemment d’identifier l’auteur du catalogue des archives épiscopales de 1790.

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Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356135063
ISBN html : 978-2-35613-506-3
ISBN pdf : 978-2-35613-508-7
ISSN : en cours
30 p.
Code CLIL : 3377; 3438
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Comment citer

Lainé, Françoise, Simon, Pierre, “Étude paléographique”, in : Lainé, Françoise, Simon, Pierre, avec la collaboration d’Ézéchiel Jean-Courret, Bullaire de l’évêché d’Agen, compilé par Jean Valier vers 1520. Les cessions de dîmes à l’évêque d’Agen, c. 1240-1290, Pessac, Ausonius éditions, collection Textes @quitains 1, 2023, 103-132, [en ligne] https://una-editions.fr/etude-paleographique [consulté le 06/11/2023].
10.46608/textesaquitains1.9782356135063.6
Illustration de couverture • Dos du bullaire de Valier ; signature de Jean Valier 1520 ©Archives départementales du Lot-et-Garonne.
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