Les fouilles opérées par Pierre-Martial Tauziac ont permis de recueillir un nombreux matériel. Il s’agit soit d’un petit matériel lié à la vie quotidienne de cette résidence (céramique, monnaie…), soit de matériel de construction ou de décoration. Mais il convient de se souvenir que les couches supérieures de la fouille intéressaient le cimetière médiéval et qu’un important matériel de cette époque fut également découvert à l’occasion des dix-sept années de fouilles réalisées.
Comme nous l’avons dit en introduction, la collection Tauziac n’est pas constituée de ces seules découvertes et nombre d’entre elles ont été l’objet d’acquisitions ou de dons, voire d’échanges. Il a donc fallu aux différents auteurs des chapitres sur le mobilier tenir compte de cet état de fait et déterminer parmi les pièces de la collection, celles qui pouvaient provenir du site et celles, exogènes, qu’il convenait par conséquent d’écarter.
Il faut enfin ajouter que des objets découverts dans les fouilles et signalés par Conil n’ont pas été retrouvés.
Lorsque le matériel est attribué au site avec certitude, il éclaire les contextes socio-économiques dans lesquels se trouvait la villa pendant l’Antiquité. Il apporte également des datations absolues dont nous nous sommes servis pour situer chronologiquement les structures. Il est, certes, hors contexte et ne nous autorise pas à dater les constructions dans le détail, mais il permet de définir des terminus post quem pour l’ensemble des périodes que l’édifice a connues. La céramique commune du Haut-Empire, les monnaies et la céramique sigillée montrent, par exemple, que c’est autour du milieu du Ier siècle p.C. que se situe la construction des premiers bâtiments en pierre de l’ensemble. La céramique dérivée de la sigillée d’époque paléochrétienne (DSP) et les amphores tardives permettent d’arrêter le terminus qui fixe la fin de la splendeur de la villa dans le courant du Ve siècle.
Mais il a été nécessaire au préalable de réaliser les inventaires des mobiliers, qui n’avaient pas été effectués, comme c’est pratiquement toujours le cas pour une collection privée. Pour ce faire, nous avons déterminé chaque pièce par deux groupes de lettres suivis d’un numéro. La première lettre (T) indique que la pièce appartient à la collection Tauziac. La seconde lettre ou groupe de lettres renseigne sur la nature du mobilier inventorié (ex. : P : Préhistoire ; MA : Monnaies Antiques ; CMe : Céramique Médiévale). Les numéros de 1 à n qui suivent, désignent la place de l’objet dans l’inventaire du mobilier concerné. Bien évidemment, les auteurs des notices ont donné aux pièces dans celles-ci des numéros de catalogue, qui correspondaient pour eux à un classement raisonné sur une base scientifique (chronologique, typologique ou autre) qui n’a aucun rapport avec le numéro d’inventaire, qui constitue la carte d’identité de l’objet.
Cela a donné lieu à la création de 12 inventaires.
- T-P : Inventaire préhistoire lithique ;
- T-Bz : Objets du Bronze ;
- T-CA : Céramique commune gallo-romaine ;
- T-Sig. : Céramique sigillée ;
- T-A : Amphores ;
- T-DSP : Dérivées de sigillée paléochrétienne ;
- T-AOA : Autres objets antiques ;
- T-LapA : Lapidaire antique ;
- T-MA : Monnaies antiques ;
- T-CMe : Céramique médiévale ;
- T-AOM : Autres objets médiévaux ;
- T-MMe : Monnaies médiévales.
Des objets n’ont été, malheureusement, ni inventoriés, ni étudiés quand nous n’avons pas trouvé de spécialistes pour prendre en charge l’étude de ceux-ci. Il s’agit par exemple du mobilier lapidaire médiéval constitué en particulier de colonnettes, de chapiteaux, d’une clé de voute, qui ont peut-être appartenu à la partie de l’édifice religieux détruite lors des guerres de Religion. Il nous a fallu étudier personnellement les objets d’époque médiévale les plus importants comme la croix reliquaire et le sceau du prieur de Montravel, retrouvés dans le cimetière médiéval. Nous avons en revanche délibérément laissé de côté les objets de la collection qui n’avaient aucun rapport avec la villa, le site ou leur environnement.
En toute logique, il aurait été intéressant de relier l’étude des mobiliers médiévaux à une étude de l’édifice religieux qui se dresse toujours sur le site. Cela dépassait, d’une part, le travail qui nous était demandé et il faut, par ailleurs, convenir que l’église actuelle a été fortement endommagée. Les ternes reconstructions du XIXe siècle n’offrent pas d’intérêt et il ne reste aujourd’hui que le chœur et le transept d’époque romane. Ces derniers ne présentent pas pour autant une importance particulière qui pourrait les distinguer des autres monuments de la même époque.
Fallait-il donc ne pas procéder à l’étude du matériel non antique ? Nous aurions alors laissé de côté le matériel lithique et les haches de l’âge du Bronze qui nous informent de l’occupation du territoire aux périodes pré- et protohistoriques. Nous n’aurions pas non plus considéré l’important matériel numismatique, céramique et les formes des sépultures du Moyen Âge qui apportent pourtant un éclairage particulier sur le médailler de ce secteur du Périgord, le vaisselier particulièrement bien conservé, puisque retrouvé dans les tombes, et les types de sépultures qui se sont succédé dans le temps. Nous n’aurions pas non plus mentionné le sceau du prieur de Montravel et l’unique exemplaire de croix-reliquaire byzantine retrouvé en France, trouvés, eux aussi, sur le site.
C’est pourquoi, nous avons jugé qu’il pouvait être intéressant de publier ces matériels qui font partie de la collection et de les sauver ainsi de l’oubli dans lequel ils se trouvaient.
Enfin, pour des raisons de retard pris pour la publication, il convient de noter que les bibliographies utilisées pour les études de ces matériels s’arrêtent en 2012.