La préparation d’un terrain implique de reformuler les intentions de recherche en vue d’une réalisation. Il s’agit d’organiser la rencontre avec la « matière » du terrain : cadrer la méthodologie de recherche, choisir ses outils et planifier les interactions. Pour Quinton, le « terrain construit est confronté à un environnement réel » (op. cit., p.2). Cette première prise de « contact » avec le terrain implique de matérialiser les idées, de projeter dans le réel les objectifs précédemment formulés… Ce sont les premières rencontres de l’artisan-chercheur avec son matériau, qui est prêt à « écouter le chant de la scie, le rythme des coups de maillet [parce qu’] ouvrir les sens aiguise l’observation, éveille la curiosité […] » (Marshall, 2017, p. 62).
En exposant un conflit entre correct et fonctionnel, Sennett (2010) suggère qu’il faut renoncer à la perfection de l’idée que l’on se fait d’un travail pour pouvoir pratiquer. Cela implique, pour le chercheur, de réduire son champ d’investigation, de raboter quelques méthodes pour s’adapter aux contraintes des acteurs du terrain et de modifier ses échéances. Cela ne nuira pas pour autant à sa pratique de la recherche – cela ne le rendra pas négligent. Sennett commente à ce propos : « Il semblerait que plus on s’exerce et pratique son métier, plus on acquiert un esprit pratique – les deux mots ont la même racine – au point de se focaliser sur le possible et le particulier. » (ibid., p. 45). Les deux terrains de Fabcom se faisant écho, cette double « pratique » du terrain nous a permis d’acquérir l’« esprit pratique » évoqué par Sennett, nous apprenant tantôt à entretenir (ou nouer) les relations au terrain, tantôt à évaluer les distances (physiques et symboliques) pour enfin planifier notre pratique.