LUNDI
Histoire du Vésuve.
De la mort à la résurrection de la ville de Pompéi
Aujourd’hui mes quatre petits-enfants sont en vacances ensemble à la campagne et ils me demandent une histoire. Mais, pour changer, ils veulent une histoire vraie. J’ai alors l’idée de leur raconter Pompéi.
Voulez-vous que je vous raconte comment Pompéi a été détruite par un volcan et comment on l’a retrouvée sous plusieurs mètres de terre ?
Devant leurs yeux brillants, je décide de commencer par la lettre que Pline le Jeune a adressé à l’historien Tacite sur l’éruption du Vésuve au cours de laquelle son oncle, Pline l’Ancien, est mort.
Cet homme s’est accroupi et a essayé de se protéger la bouche et le nez de ses deux mains contre les gaz qui l’ont sans doute asphyxié. On a pu mouler son corps qui avait été pris dans les cendres devenues très dures. Cette cendre a pris l’empreinte exacte de tout son corps et un vide s’est créé après la disparition des chairs.
Au moment de la fouille, on remplit de plâtre ou de ciment, l’espace entre le squelette et le moule constitué par la cendre et on garde ainsi non seulement le squelette mais aussi le volume du corps, après avoir cassé le moule de cendres.Cet homme s’est accroupi et a essayé de se protéger la bouche et le nez de ses deux mains contre les gaz qui l’ont sans doute asphyxié. On a pu mouler son corps qui avait été pris dans les cendres devenues très dures. Cette cendre a pris l’empreinte exacte de tout son corps et un vide s’est créé après la disparition des chairs.
Au moment de la fouille, on remplit de plâtre ou de ciment, l’espace entre le squelette et le moule constitué par la cendre et on garde ainsi non seulement le squelette mais aussi le volume du corps, après avoir cassé le moule de cendres.
Après cette lecture qui les a impressionnées, la première à poser une question est Louise, la plus petite.
Louise inquiète : Pourquoi les pompiers n’ont pas éteint le feu du Vésuve pour que ces pauvres gens ne meurent pas brûlés ou étouffés ?
La question fait sourire Nicolas le plus grand et je réponds :
Ce n’est pas possible d’arrêter un volcan qui crache des lapilli poussés par des gaz qui les envoient à des kilomètres dans le ciel.
Ysatis avec bon sens : Mais pourquoi alors, quand les gens ont entendu des grondements dans la terre, ne se sont-ils pas sauvés tout de suite ?
Parce qu’ils avaient l’habitude d’entendre gronder ce volcan sans que rien ne se passe. En effet, cela faisait des centaines d’années qu’il semblait s’être endormi.
Clémence s’exclame : Mais ils sont tous morts alors ?
Non, sinon on aurait retrouvé beaucoup plus de gens dans les maisons et dans les rues, mais on ignore combien, parmi ceux qui ont fui la ville, dans la campagne ou sur le bord de la mer, ont été rattrapés par les cendres ou les gaz. Pour l’instant, on compte 1400 morts environ dans la ville pour 14 000 habitants, ce qui fait quand même un habitant sur dix.
Ce n’est pas Pompéi qu’on a découvert en premier mais Herculanum, la ville voisine, car longtemps après cette catastrophe, au début du XVIIIe siècle, en creusant un puits, on tomba pile sur les statues du théâtre romain de cette ville. Alors, le roi de Naples, qui voulait trouver des trésors, fit creuser des galeries pour atteindre l’ancienne ville d’Herculanum, à 20 m sous terre, puis à Pompéi et à Stabies. Il découvrit tellement de statues, de mosaïques, d’objets précieux, que son palais en fut rempli. Il dut engager des peintres pour copier les œuvres et des architectes pour s’occuper de toutes ces trouvailles. C’est ainsi que commence la grande aventure de l’archéologie qui dure depuis plus de 250 ans. Toutes ces constructions, tous ces objets nous permettent de comprendre comment vivaient les Romains il y a près de deux mille ans.
CAVE CANEM
À l’entrée d’une maison, le chien de garde est figuré, attaché à la chaîne, sur la porte même entr’ouverte ; il montre des crocs redoutables. Le passant malhonnête est ainsi averti que la maison est bien gardée.
Nicolas : Mais, toi alors, comment tu connais Pompéi et comment c’est ?
La première fois que je suis allée à Pompéi, j’étais encore une petite étudiante et j’ai été très impressionnée par sa grandeur. C’est une vraie ville et il faut du temps pour la traverser d’un bout à l’autre. Je me suis même perdue parce que je n’avais pas repéré que le nord était du côté du Vésuve. Tout d’abord on franchit une grande porte, puis on tombe tout de suite sur le forum, une immense place de 200 m de long autour de laquelle il y a des temples, des édifices publics où on rendait la justice, un marché, bref le centre des affaires.
J’ai eu très chaud car c’était l’été et les portiques qui entourent la place ont perdu leur toiture, il ne reste que les colonnes qui les soutenaient. Et puis j’ai continué à marcher, à marcher le long des rues. Il y a de vrais trottoirs, de vraies maisons, des boutiques, et heureusement des fontaines antiques, aux grands carrefours, où on a remis l’eau en service et où j’ai pu boire et me rafraîchir.
Regardez, ici c'est le forum de Pompéi, une grande place bordée de colonnades, le centre de la cité. On y trouve tous les bâtiments publics : la basilique pour traiter les affaires administratives et rendre la justice, le marché de la laine, les temples aux empereurs et aux dieux protecteurs de la cité.
• lapilli : pierres brûlantes
• mosaïque : surface décorée par des petits cubes de couleur
• architectes : ceux qui dessinent des maisons et des architectures
• archéologie : étude des civilisations au moyen des fouilles
• cave canem : attention au chien
• forum : place principale d'une ville où se trouvent les temples et les édifices publics. Des statues et des inscriptions rappellent les grands hommes de la cité. On vient écouter des discours et y discuter.
• basilique : grand bâtiment où les affaires étaient discutées, ventes de terrains ou de commerces, procès, etc.
Clémence qui s’étonne : Les gens avaient des maisons à eux ?
À Pompéi, les gens habitaient des maisons qui avaient parfois des étages souvent loués à d’autres familles. Mais les grands immeubles n’existaient pas comme c’était le cas à Rome où la place manquait pour loger tout le monde. Il faut que vous sachiez que chaque pièce avait son rôle comme maintenant : une pièce pour dormir, une pièce pour manger, une autre pour recevoir du monde et aussi une pour lire. Il y avait également des cuisines, des cabinets appelés “latrines”. Il était interdit de faire ses besoins dans les rues. Il y avait plusieurs cours : à l’entrée un atrium et au fond un péristyle. Dans les maisons les plus anciennes et les plus riches, il avait des salles de bains, sans oublier un endroit réservé pour les esclaves. Dans la cave, on gardait au frais le vin et les victuailles car on n’avait pas de réfrigérateur.
Je souhaitais vous montrer cette peinture qui représente un jardin, exposée dans une salle à manger de Pompéi. Ce jardin, planté d’arbres et d’arbustes, où beaucoup d’oiseaux viennent se poser, est sûrement la copie d’un vrai jardin. Au centre, on reconnaît bien une pie à longue queue ; juste au-dessus d’un bassin à jet d’eau est posé un pigeon et, plus haut, une colombe. Des sculptures décorent ce jardin, comme celles de nos grands châteaux royaux, afin d’animer les lieux. Rappelons que le jardin romain est une pièce à vivre à part entière.
Ysatis : Qu’est-ce que c’est un esclave ?
Un esclave est une personne qui n’est pas libre, que l’on achète et que l’on vend, comme on le fait d’un animal, pour le faire travailler. Les premiers esclaves étaient des prisonniers de guerre. Les enfants des esclaves sont également soumis. Bien entendu, comme ils coûtent de l’argent, les maîtres en prennent soin, car ce sont eux qui font la plupart des travaux.
Louise : Ils font même la cuisine alors ?
Certains font bien la cuisine, mais il y a surtout ceux qui travaillent la terre, qui servent les artisans. Il y a les serviteurs des riches propriétaires et même les maîtres d’école, qu’on appelle des précepteurs. Il y en a également pour combattre dans l’amphithéâtre, comme gladiateurs. Parfois les maîtres leur rendent la liberté, on dit qu’ils les affranchissent. Nous en parlerons un autre jour.
Nicolas qui poursuit son idée : Alors, s’il y avait des bains, les gens de Pompéi avaient l’eau courante ! Et comment arrivait-elle chez eux ?
D’une part, ils avaient su capter ingénieusement l’eau de la montagne pour l’amener partout en construisant des aqueducs, des châteaux d’eau pour la stocker, et des canalisations pour la distribuer. Des tuyaux de plomb parcouraient les rues pour alimenter les maisons riches et leurs fontaines, et les thermes qui sont des bains publics. À Pompéi, Nicolas, nous avons retrouvé beaucoup de tuyaux et nous avons même le nom de ceux qui les ont fabriqués imprimé dessus.
Louise stupéfaite : Mais tout le monde avait l’eau courante !
Bien sûr que non. Cela explique la présence de fontaines publiques à tous les coins de rues. Tu sais peut-être que l’eau jouait un rôle très important chez les Romains : dans leur vie quotidienne, ils consommaient beaucoup d’eau, que ce soit pour leur alimentation, leur hygiène ou leur plaisir, sans compter tous les artisans qui en avaient besoin dans leur métier. D’autre part, ils récupéraient l’eau de pluie dans les bassins situés sous les toitures à pans inclinés des cours à ciel ouvert. Celle-ci était conduite par des tuyaux en dessous du sol où elle était stockée dans des citernes.
Clémence, fronçant les sourcils : Je ne comprends plus rien, tu nous parles d’abord des gens de Pompéi, puis ensuite des Romains. Ce ne sont pas les mêmes ?
C’est une très bonne question, Clémence. En effet, un siècle à peu près avant l’éruption du Vésuve, les Pompéiens étaient des gens libres qui ont été conquis alors par les soldats romains. Devenue une colonie, Pompéi est entrée dans ce qui est devenu ensuite l’Empire romain et a adopté totalement la façon de vivre et les lois imposées par Rome, la capitale.
Ysatis qui revient à son ancienne question : En ce temps-là, à Pompéi, tu nous as expliqué ce que faisaient les esclaves, mais où dormaient-ils ?
Les esclaves dormaient dans les pièces à l’étage. Ces pièces étaient souvent surchauffées l’été et froides l’hiver. Mais certains esclaves, attachés au service de leur maître, dormaient devant leur porte pour les garder des voleurs.
Nicolas hilare : Ah bon ! Les Romains avaient peur des voleurs !
Eh oui ! Nicolas, on se protégeait par de gros cadenas et des chiens féroces. On mettait des grilles aux fenêtres et on plaçait un gardien à l’entrée des maisons. On n’avait pas l’électricité et on s’éclairait avec des lampes à huile. Mais dans les rues sombres, les jours sans lune, il n’était pas rare d’être attaqué par des rôdeurs. Aux carrefours de rues, on plaçait des statues de dieux censés protéger les gens, notamment le dieu Mercure à la fois dieu protecteur des marchands et… des voleurs.
• atrium : petite cour à l’entrée avec bassin pour recueillir les eaux de pluie par les toitures inclinées vers l’intérieur
• péristyle : grande cour en plein air entourée de colonnades et servant de jardin
• victuailles : provisions alimentaires
• artisans : personnes qui travaillent de leurs mains
• propriétaires : ceux qui possèdent des biens, maisons, terrains, etc.
• amphithéâtre : grand stade ovale à gradins pour s’asseoir au cours des spectacles
• gladiateurs : combattants contre d’autres hommes armés ou des bêtes, dans l’amphithéâtre
• aqueducs : canaux pour conduire l’eau d’une source à un lieu habité
• châteaux d'eau : grands réservoirs d’eau qui la reçoivent et la redistribuent par des canalisations
• canalisations : tuyaux pour amener ou évacuer l’eau
• citernes : réservoirs d’eau de pluie
• lampes à huile : récipients contenant de l’huile et une mèche que l’on allumait et qui éclairait en brûlant.
Juste à côté se trouve une porte barricadée située à Pompéi. Dans la cendre, les empreintes de la porte et des barres de fermeture qui s’étaient bien imprimées, ont été moulées avec du ciment et, si le bois a disparu, sa forme a survécu, grâce à ce moulage. Cette porte de jardin est bien fermée par peur des voleurs et des rôdeurs.
Notre première journée s'achève...
Mais demain mardi
s'annonce tout aussi enrichissant !
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