Jeux et métiers
C’est bien beau tout ça, dit Clémence, qui remue sur sa chaise et a envie d’aller jouer. Au fait, les petits Pompéiens n’allaient pas toujours en classe, ils jouaient bien, et à quoi ils s’amusaient ?
Les jeux des enfants étaient variés. On en voit qui jouent à cache-cache, ou bien accroupis jouer aux osselets ou aux noix en guise de billes. Ailleurs, c’est un jeu de balles, et il devait y en avoir bien d’autres, comme la toupie et la marelle.
Louise intéressée : Et les filles, elles n’avaient pas de poupées ?
Bien sûr, on a retrouvé des poupées en terre cuite, avec des bras et des jambes articulés dans les tombes de petits enfants, et même en bois et en tissu en Égypte où le climat très sec les a conservées. On jouait aussi aux dés, mais c’étaient surtout les grandes personnes et on en voit qui se disputent sur une peinture murale d’un cabaret de Pompéi, parce qu’il y en a une qui a triché.
À gauche, les deux buveurs sont assis sur des tabourets et réclament à boire à la servante qui approche. Le premier à gauche dit HOG (c’est à moi), l’autre répond NON MIA EST (non c’est à moi).
À la scène suivante, ils tiennent sur les genoux un jeu sur lequel on distingue des jetons. Le joueur dit EXCI (c’est à moi), l’autre répond, doigt tendu NON TRIA DUA (ce n’est pas trois mais deux). À l’image suivante, ils se battent et sont mis à la porte par l’aubergiste. Il vaut mieux que je ne vous la montre pas et que je ne vous traduise pas les injures qu’ils se disent….
Nicolas soucieux : Et quand on tombait malade, qui est-ce qui nous soignait ? Il n’y avait pas de médecins ?
Mais si, Nicolas. Il y avait des gens qui avaient appris à connaître toutes les plantes pour en faire des sortes de médicaments que l’on donnait aux malades ; par exemple, pour soigner le mal au ventre. On a même retrouvé une bouteille de médicaments avec son étiquette. C’est une amphore en terre cuite sur laquelle est écrit, en lettres peintes, ce qu’elle contenait : du vin avec de l’amidon, une sorte de fortifiant inventé par un médecin qui s’appelait Musa.
Clémence : Et pour soigner les yeux, est-ce qu’il y avait aussi des médicaments ?
Absolument Clémence ! On avait inventé des collyres.
Ysatis : Ah bon ! Mais il n’y avait pas de chirurgiens pour faire des opérations comme l’appendicite ?
Mais si, il y avait des chirurgiens et crois-moi, on en avait besoin ! Il y avait des soldats qui recevaient des flèches ; il fallait bien les enlever avec des pinces spéciales. Il fallait réduire les fractures des os par des sortes d’attelles. Un médecin, appelé Celse, a écrit tout un ouvrage sur les meilleures manières de soigner les gens. On a même retrouvé des trousses de médecin et de chirurgien à Pompéi et à Herculanum, avec pleins d’instruments.
Louise qui vient de perdre une dent de lait : Et lorsqu’on avait mal aux dents ?
On savait arracher les dents ; là aussi, on a retrouvé des pinces spéciales. Vous savez les Pompéiens ne se lavaient pas toujours les dents et elles étaient souvent cariées comme on le voit sur les squelettes retrouvés. Et pourtant, le dentifrice avait déjà été inventé ! Vous avez l’air d’être étonnés qu’il y ait eu des médecins et des chirurgiens, mais presque tous les arts et les métiers que nous connaissons existaient alors. Il y avait même des ingénieurs, des architectes, des avocats, des mathématiciens, qui étaient souvent des philosophes. Savez-vous qui sont les philosophes ?
Les petits se regardent entre eux et restent muets.
Ce sont des gens très savants qui pensent beaucoup. Par exemple, ils se posent la question de savoir comment est fait l’univers, quel est l’avenir de l’homme ; ils ont fait faire de grands progrès dans beaucoup de domaines, et comme nous l’avons dit déjà en mathématiques, surtout grâce à des recherches menées par les Grecs. Connaissez-vous Cicéron, un avocat célèbre du temps de César, qui avait une villa à Pompéi et dont on a gardé beaucoup de lettres (900 !) ? ; Il défendait avec courage et talent ses amis et mourut victime d’un complot politique.
Ysatis : Et qu’est-ce qu’il raconte dans ses lettres ?
Plein de choses sur la vie bruyante de Rome où il vivait le plus souvent. Par exemple, il a écrit :
“Il est plus facile d’être sénateur à Rome que décurion à Pompéi”. Cela veut dire que dans une petite ville comme Pompéi, il est difficile d’être un personnage important et d’en devenir le maire par exemple, tandis qu’à Rome, où Cicéron était très connu comme brillant avocat, il est devenu sénateur. Savez-vous qu’un grand architecte et ingénieur Vitruve, qui avait écrit un gros livre sur l’architecture, était encore lu en France à l’époque de Louis XIV ? Mais c’est une autre aventure.
• collyres : médicaments liquides pour les yeux
• attelles : planchettes pour maintenir immobile un membre fracturé
• ingénieurs : ils construisaient des machines
• sénateur : ancien magistrat qui siégeait au Sénat, conseil des Anciens qui dirigeait la vie politique à l’époque de César
• décurion : l’équivalent de nos maires dans nos villes
• Académie : réunion de philosophes
• Platon : grand philosophe grec
• sphère : boule
• astronomie : études des astres, c’est-à-dire des étoiles, des planètes, etc.
Dernier jour de notre aventure,
mais profitons-en
jusqu'au bout !
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