La présentation de l’ensemble des sites miniers et métallurgiques anciens connus sur la région correspond avant tout à un état de la recherche, par ailleurs inégal selon les secteurs. Les mines du Pays basque et de l’Ariège sont les mieux connues, avec le plus grand nombre de fouilles dans les chantiers (et donc de datations absolues) et de nombreux secteurs prospectés. Les Pyrénées Orientales et les Corbières sont bien connues par des prospections de secteurs étendus, prenant en compte principalement les crassiers* pour l’exploitation du fer et les mines pour les non ferreux. Les fouilles et donc les datations sont toutefois rares et beaucoup de sites sont datés uniquement par du mobilier de surface ou par analogie avec des sites proches ou du même type. Ce type de données limite la portée de l’analyse de l’activité et de son évolution, en ne restituant qu’une image partielle des phases d’exploitation. La Montagne noire se distingue par les moyens importants qui ont été investis dans des sites qui s’avèrent exceptionnels : le domaine des Forges des Martys pour la sidérurgie et la mines des Barrencs de Lastours pour le cuivre argentifère. Dans les deux cas, il s’agit de sites dont l’ampleur révèle une production de métal particulièrement élevée. Elle n’a à ce jour pas d’équivalent avéré pour les non ferreux, mais elle pourrait être comparée à celle du district du Canigou pour la sidérurgie. Les recherches menées dans la durée sur ces sites permettent également de bien connaître leur évolution et de proposer des analyses plus fines de leur fonctionnement. Enfin, la zone centrale des Pyrénées a fait l’objet de moins de recherches, ce que le relief élevé de la zone explique en grande partie. Les secteurs étudiés, autour du massif du Montaigu pour le plomb et dans les Baronnies pour le fer, montrent tout de même des zones de productions anciennes non négligeables et on dispose de datations absolues en plus des données de prospections.
Malgré ces différences d’abordages d’un secteur à l’autre, les recherches menées depuis le début des années 2000 reposent sur un socle méthodologique commun qui fournit des données permettant les comparaisons entre les sites d’exploitation. Pour les mines en particulier, les techniques employées sont indiquées et des relevés mêmes simplifiés des travaux donnent une idée du volume préservé et accessible. La chronologie est précisée par le mobilier ou grâce à des datations absolues. Dans le cas des ateliers métallurgiques, les données concernent presque exclusivement le fer. Les cartes de répartition des sites et des estimations de leurs volumes donnent une idée de l’intensité des productions, mais les chronologies sont souvent imprécises. Pour les quelques sites de métallurgie des non ferreux connus, les données sont très lacunaires et isolées, mettant avant tout en exergue le besoin de nouvelles recherches sur ce sujet.
L’analyse des sites et de leur fonctionnement sera approfondie dans la troisième partie de ce livre, dans une perspective historique. On soulignera tout de même ici que la variété des ressources minières présentes sur ce vaste territoire du sud-ouest de la Gaule a été perçue et mise à profit au fil des périodes anciennes. Les premières exploitations concernent le cuivre dès l’âge du Bronze (mines de Causiat, Pays basque et Saint-Lary, Pyrénées ariégeoises). Les données pour le premier âge du Fer sont presque inexistantes et posent des problèmes d’interprétation (boisage daté lors de recherches minières récentes à Séras, secteur du Montaigu, et charbon dans des déblais remaniés dans la mine de Mas Bourras, secteur du Canigou). À partir du second âge du Fer et jusqu’à la période romaine, l’ensemble des métaux disponibles sont exploités : fer, cuivre, plomb, argent, or. Le polymétallisme des minéralisations, qui suppose une plus grande maîtrise des procédés métallurgiques, n’a pas été un obstacle. L’exploitation des cuivres argentifères notamment représente une source complémentaire pour le métal précieux, en parallèle à la galène argentifère. Dans le détail, des divergences sont à noter en fonction des secteurs et des métaux dans les zones d’exploitations actives à travers cette grande région, un aspect qui sera développé dans la troisième partie.
Comme dans d’autres secteurs du monde romain, les exploitations du sud-ouest de la Gaule actives à cette période semblent s’arrêter au IIe ou au IIIe siècle de n. è. Les sites ariégeois de Lercoul (fer) et de l’Assaladou (or), avec une chronologie centrée sur le IIIe siècle, font figure d’exception.
Ils correspondent d’ailleurs à une activité peu intensive. Il faut attendre ensuite près de dix siècles pour retrouver des indices d’exploitations d’une certaine envergure. Le contexte médiéval est alors totalement différent et restera hors de notre propos.