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Chapitre 13. Fabrication hors des ateliers
côtiers et commercialisation

par

L’essentiel de la production de pourpre se faisait au sein de l’officina purpurariae ou d’ateliers producteurs côtiers que nous avons évoqués dans notre troisième partie. Les récentes découvertes sur l’existence d’une teinture pourpre de longue conservation montrent qu’il était possible de teindre à l’intérieur des terres et un circuit de production de pourpre parallèle à celui des ateliers côtiers est désormais envisageable. L’étude des sources textuelles, épigraphiques, iconographiques ainsi que la publication de vestiges archéologiques récemment fouillés nous permettent de mieux appréhender le rôle et la place de chaque métier dans la production et la commercialisation de la pourpre fabriquée hors des ateliers côtiers.

Nous traiterons dans une première partie de la fabrication et de la vente de la pourpre par les purpurarii. Notre deuxième partie sera exclusivement consacrée à la vente de la pourpre par les negotiatores, les mercatores et les πορφυροπώλαι.

Purpurarii et tabernae purpurariae

Au total, nous disposons de vingt-huit inscriptions mentionnant le métier de purpurarius et nous connaissons l’existence de trente-six purpurarii. Sur les vingt-huit inscriptions recensées jusqu’à maintenant, deux sont datées du Ier siècle a.C., trois du Ier siècle a.C. ou du Ier siècle p.C., la plupart se situent sous l’Empire, entre le Ier et le IIe siècle p.C., et neuf ne sont pas datées (voir tableaux ci-après). La grande majorité des inscriptions a été retrouvée en Italie et notamment, à Rome : on compte dix inscriptions pour Rome et onze pour l’Italie. Ainsi, seulement sept inscriptions faisant mention de ce métier ont été retrouvées dans les provinces.

Les purpurarii : des fabricants
et des commerçants de pourpre

Aucune source littéraire ne faisant allusion aux purpurarii, il était difficile de comprendre en quoi consistait ce métier. Que pouvaient bien faire les trente-six purpurarii attestés par l’épigraphie ?

Deux stèles funéraires nous permettent d’en savoir un peu plus sur le métier de purpurarius. L’une a été retrouvée à Mevaniola et l’autre à Parme. Toutes les deux représentent en effet les outils symbolisant l’activité qui fut exercée par Caius Pupius Amicus à Parme1 (fig. 31) et par Marcus Satellius Marcellus à Mevaniola2 (fig. 32).

Stèle de C. Pupius Amicus, Musée Archéologique de Parme.
Fig. 31. Stèle de C. Pupius Amicus, Musée Archéologique de Parme.
Stèle de M. Satellius Marcellus (Fontini 1959, 31).
Fig. 32. Stèle de M. Satellius Marcellus (Fontini 1959, 31).

Sur la stèle de Mevaniola sont représentés, en haut, à gauche, une balance avec deux plateaux et un poids en son milieu ainsi qu’une bouteille de forme arrondie fermée par un bouchon. Sur la stèle de Parme, une balance est immédiatement reconnaissable en haut et au centre de la stèle. Elle comporte deux plateaux, dont l’un n’est pas visible, car il est mutilé. À droite et au centre de la stèle sont représentés deux lots de deux et trois écheveaux de laine munis d’anneaux de préhension. L’instrument long qui se trouve à gauche de la balance pourrait être une regula3 c’est-à-dire une règle correspondant à l’unité de mesure linéaire romaine d’un pied (29,57 cm) (fig. 33). En principe, cette dernière comportait des graduations, mais, par souci de simplification, le sculpteur ne les aura pas représentées. Au-dessous de la balance se côtoient deux bouteilles de forme commune et une bouteille ou un flacon de forme plus recherchée4. Mais que révèlent tous ces objets sur l’activité des purpurarii ?

Une regula semblable à celle représentée sur la stèle de Parme (Pompéi, nature sciences et techniques, Milan, 2001, fig. 380).
Fig. 33. Une regula semblable à celle représentée sur la stèle de Parme
(Pompéi, nature sciences et techniques, Milan, 2001, fig. 380).

Étudions tout d’abord les objets que ces deux stèles ont en commun, et qui sont donc les objets les plus représentatifs du métier de purpurarius, à savoir les bouteilles et la balance. Nous avons vu que les bouteilles représentées sur les deux stèles pouvaient contenir du suc tinctorial qui permettait de teindre en pourpre loin des ateliers côtiers. La balance, quant à elle, est formée de deux petits plateaux qui étaient réservés à la pesée de produits légers5 qui avaient forcément un rapport avec la pourpre (fig. 34). Pourquoi avoir choisi de faire représenter ces deux objets ?

Une balance romaine semblable à celles représentées sur la stèle de Parme et sur la stèle de Mevaniola (Pompéi, nature sciences et techniques, Milan, 2001, fig. 371).
Fig. 34. Une balance romaine semblable à celles représentées sur la stèle de Parme
et sur la stèle de Mevaniola (Pompéi, nature sciences et techniques, Milan, 2001, fig. 371).

Selon nous, chacun d’eux symbolise l’un des deux aspects de ce métier : les bouteilles contenant le suc tinctorial symbolisent la fabrication de la teinture pourpre et donc la fonction de teinturier du purpurarius tandis que la balance représente la pesée et donc la vente des produits, autrement dit la fonction de commerçant du purpurarius.

Le purpurarius de Mevaniola qui a également fait représenter les instruments symbolisant son sévirat a réduit au minimum les symboles de son métier de purpurarius par une bouteille et une balance. En revanche, C. Pupius Amicus a choisi de les représenter de manière détaillée et c’est ainsi que figurent également sur sa stèle des écheveaux ainsi qu’une regula. Il est impossible de savoir avec certitude en quelle matière étaient censés être ces écheveaux, mais la laine étant la matière la mieux adaptée à la teinture, on peut penser sans trop de risque que sont ici représentés des écheveaux de laine filée. Mais étaient-ils teints en pourpre ou s’agissait-il de laine écrue destinée à être teinte ?

La présence de la balance et de la regula nous apporte la réponse : elles étaient probablement destinées à mesurer et à peser avec précision la laine filée pourpre vendue au détail par le purpurarius6 en raison de son prix élevé.

Ainsi, le purpurarius était un fabricant et un commerçant en pourpre marine7. Mais où pratiquait-il son activité ?

La taberna purpuraria :
un lieu de production et de vente

La taberna purpuraria, un lieu de vente

La taberna était à la fois un lieu de production et un lieu de vente8. C’est grâce à un texte du Digeste que nous connaissons l’existence des boutiques de pourpre :

Le père légua à son fils la boutique de pourpre (tabernam purpurariam) avec les gérants esclaves et les pourpres (purpuris) qui s’y trouvaient le jour de sa mort. Et on décida que ni l’argent monnayé de la pourpre, ni les dettes, ni les arrérages ne seraient compris dans ce legs9 (32.91.2).

Mais que vendait exactement le propriétaire de la taberna, qui avait apparemment légué les murs et le fonds à son fils ?

La réponse est donnée par Ulpien :

Personne ne doute que sous le nom de pourpre, on ne comprenne aussi ce qui est passé dans les mains du tisserand. On ne comprendra pas sous le nom de pourpre la laine qui était destinée à être teinte en pourpre10 (Dig., 32.70.12).

Ainsi, les tabernae purpurariae étaient des lieux où les consommateurs pouvaient acheter de la laine tissée et teinte en pourpre dans l’atelier attenant à la boutique.

Dans les tabernae purpurariae, les tissus étaient sans doute présentés aux clients sous forme de coupons ou d’étoffes pliées, que les acheteurs pouvaient déployer afin de mieux pouvoir observer les reflets comme le suggère un passage de Macrobe : “Comme il se plaignait du peu d’éclat d’une pourpre de Tyr qu’il avait fait acheter, le vendeur lui dit : ‘lève-la contre la lumière et regarde-la de bas en haut’”11 (Sat., 2.4.14).

Il est tentant de faire des tabernae purpurariae mentionnées chez ces auteurs, les lieux d’activité des purpurarii. Nous ne disposons cependant d’aucun indice archéologique nous permettant de savoir à quoi ressemblaient ces tabernae. Nous connaissons juste la localisation de quatre tabernae purpurariae dans la ville de Rome. La première12 se trouve dans le quartier des Monumenta Mariana qui se situaient apparemment entre le Palatin et la Velia13 ; la seconde14 dans le vicus Iugarius qui mène au Forum en passant entre le temple de Saturne et la basilique Julia ; la troisième15 dans le vicus Tuscus qui mène au Forum en passant entre la basilique Julia et le temple de Castor et Pollux ; la quatrième16 dans le Trastevere, sur l’autre rive du Tibre. Que pouvons-nous déduire de cette répartition ?

Le vicus Tuscus et le Trastevere sont des zones qualifiées de “particulièrement industrieuses” par J.-P. Morel17, tandis que le vicus Iugarius est une zone plus commerçante18. La localisation de ces tabernae dans des quartiers très denses amène à penser que la superficie de celles-ci était plutôt limitée. Essayons d’estimer les dimensions d’une taberna purpuraria en nous inspirant, pour la partie réservée à la production, de la fouille de l’établissement V, 1, 4 à Pompéi que P. Borgard a interprété comme une “officina infectoria” c’est-à-dire un établissement spécialisé dans la teinture de grand teint comme le kermès, l’indigo ou encore la pourpre.

Fabrication de la teinture pourpre
dans les tabernae purpurariae

La technique de fabrication de la teinture pourpre dans ces ateliers dépendait bien sûr de leur localisation géographique. En effet, des ateliers situés sur le littoral pouvaient produire de la pourpre à partir des glandes fraîches : il était simple d’acheter les coquillages à pourpre au marché ou directement aux pêcheurs et d’en prélever les glandes tinctoriales. Le prix des coquillages à pourpre sur les marchés pouvait être variable et devait se négocier19. Les cuves n’étant pas de grande capacité20, la quantité de coquillages à concasser restait raisonnable. Si le concassage se faisait sur deux jours, il était toujours possible de conserver, dans du sel, les glandes déjà prélevées, comme l’indique Pline21. Dans les tabernae situées à l’intérieur des terres, il n’y avait, en revanche, pas d’autre choix que de fabriquer la teinture à base de glandes tinctoriales conservées dans le miel ou dans le sel22.

La fabrication de la teinture était la même dans les deux cas : les glandes fraîches ou conservées étaient mélangées à de l’eau dans la cuve de plomb23 qui était encastrée dans la chaudière*. Ce mélange était chauffé pendant environ une dizaine de jours24 jusqu’à l’obtention du processus de fermentation.

Le purpurarius devait, comme nous l’avons montré, fabriquer de la teinture pourpre et la vendre et la taberna purpuraria était donc à la fois un lieu de production et de vente qui devait former un ensemble de deux pièces, l’une étant réservée à la fabrication de la teinture et l’autre à la vente.

Pour estimer les dimensions de la pièce destinée à la fabrication de la teinture, nous pouvons nous inspirer des structures de chauffage et de rinçage de “l’officina infectoria” V, 1, 4 de Pompéi. En effet, la chaudière S18 se présente comme un cylindre maçonné à cuve de plomb encastrée (cf. fig. 24). La cuve en plomb était de forme tronconique et reposait directement à même le sol, sur une dalle de terre cuite située au centre de la chambre de chauffe. Cette cuve pouvait être chauffée par des braises disposées tout autour d’elle, ce qui aurait facilité l’obtention d’un chauffage modéré25. De ce fait, cette chaudière était peut-être destinée à la fabrication des teintures de cuve et P. Borgard souligne d’ailleurs sa ressemblance avec certaines cuves encore utilisées en Afrique pour la teinture à l’indigo26. Cette chaudière est la plus petite de l’atelier : son diamètre interne fait 0,95 m et sa hauteur interne27 0,88 m. La pièce réservait à la production devait contenir au moins deux chaudières, car certaines couleurs nécessitaient des bains différents et successifs, comme la pourpre de Tyr par exemple, et un bassin pour le rinçage des matières venant d’être teintes. Si l’on reprend les dimensions de la chaudière destinée à la teinture de cuve, ainsi que celle du plus petit des bassins de “l’officina infectoria” V, 1, 4 de Pompéi, la pièce devait être assez grande pour contenir deux chaudières d’environ 1 m de diamètre interne ainsi qu’un bassin d’environ 1 m de long sur 0,50 m de large. En plaçant les chaudières et le bassin contre les murs et en laissant un espace d’un mètre entre les différentes structures afin que le purpurarius et son ouvrier puissent circuler, nous sommes arrivée à dessiner une pièce mesurant 3 m de côté. Une pièce adjacente, probablement de même largeur que la précédente, devait être réservée à la vente. Il faut compter une profondeur d’environ 3 m afin que les produits puissent être présentés sur un petit comptoir et que les consommateurs aient de la place pour entrer éventuellement dans l’espace de la boutique. Cela nous donne, au total, une taberna purpuraria de 3 m de largeur sur 6 m de profondeur. Il est intéressant de comparer ces dimensions avec celles des tabernae du centre de Rome : celles de la basilica Aemilia font en moyenne 5 m de largeur sur 5 m de profondeur28, tandis que les plus grandes tabernae situées sur le marché de Trajan29 font environ 6,5 m sur 3 m. Ainsi, une taberna purpuraria pouvait tout à fait être installée dans les quartiers centraux de la capitale et l’on peut penser que les purpurarii ayant exercé leur métier dans le vicus Iugarius, dans le vicus Tuscus, dans le quartier des Monumenta Mariana et dans le Trastevere travaillaient dans des tabernae purpurariae de dimensions analogues à celles que nous venons de proposer.

Pourquoi se rendre chez le purpurarius ?

Les consommateurs se rendaient chez le purpurarius pour deux raisons : acheter des produits dérivés de la pourpre30 (purpurissum, indicum purpurissum, ostrum, base tinctoriale) et acheter de la laine déjà teinte.

La stèle de Parme ne nous éclaire que sur la vente probable de laine filée pourpre. La pourpre étant un produit de luxe, on peut penser que beaucoup d’articles étaient fabriqués à la demande. De cette façon, les commanditaires étaient assurés d’avoir la couleur ou la nuance qu’ils souhaitaient. Ainsi, c’était peut-être chez un purpurarius que Caton le Jeune se rendait afin d’avoir des vêtements d’une couleur pourpre différente de celle qui était à la mode :

En général, Caton pensait qu’il devait prendre le contre-pied des mœurs et des habitudes de son temps, qui, selon lui, étaient mauvaises et exigeaient un grand changement : voyant que la pourpre saturée de rouge vif était à la mode, il portait lui-même de la pourpre foncée (Plut., Cat. Min., 6.5).

Le purpurarius, grâce aux sucs tinctoriaux conservés en bouteille, pouvait reproduire les dernières nuances à la mode ou aussi bien créer des nuances originales qui ne l’étaient pas encore. Chacun pouvait donc se rendre à la taberna avec une commande précise à faire réaliser ou dans l’intention d’acheter des articles déjà exposés. La plupart des ventes devait se faire au détail, comme le montre la présence de la regula et de la balance : cela permettait aux moins riches d’acquérir deux ou trois mètres de laine pourpre destinée à être brodée sur un vêtement, ou à être tissée, sous forme de vitta, pour orner, par exemple, l’autel des dieux Mânes, ou sous forme de fascia, pour se protéger du froid31. Les fouilles archéologiques d’une décharge de Didymoi en Égypte ont révélé plusieurs restes de vêtements contenant de la laine pourpre32. Des reconstitutions ont permis de calculer la longueur de laine pourpre nécessaire pour tisser un clavus sur une tunique courte et une tunique longue. Elle est estimée entre 100 et 125 cm33, ce qui reste une quantité très raisonnable et, de ce fait, abordable par des catégories sociales moyennes.

Quel était le statut social des purpurarii ?

Six purpurarii ont un statut inconnu en raison du mauvais état de conservation des inscriptions. L’étude des inscriptions fait cependant apparaître que ce métier était exercé par des liberti et des ingenui. Seule une inscription fait mention d’une esclave purpuraria34. Les liberti, qui sont sûrement au nombre de vingt et probablement au nombre de vingt-deux sont quatre fois plus nombreux que les ingenui assurés ou probables (voir tableau ci-dessous). Certains purpurarii ont exercé une charge, comme M. Satellius Marcellus, sevir, dont l’épitaphe a été retrouvée à Mevaniola35 et comme C.Haius Doryphorus, augustal, d’après son épitaphe retrouvée à Pouzzoles36. C’est sans doute aussi le cas pour C. Marcilius Eros qui occupe la charge de quinquevir à Truentum37. Cela signifie que ce métier était compatible avec des fonctions religieuses municipales, supposant un certain niveau de richesse. Ces derniers faisaient donc partie de l’élite qui se situait dans l’échelle sociale, juste en dessous de l’aristocratie décurionale et au-dessus de la plèbe38.

Parmi les sept inscriptions qui concernent les purpurarii ayant exercé leur profession à Rome, on remarque que trois inscriptions mentionnent le gentilice Veturius. D’après les Fastes consulaires, cette gens compte plusieurs consuls au Ve siècle a.C. et le dernier Veturius à avoir brigué cette charge fut Lucius Veturius Philo qui fut consul en 206 a.C.

La première de ces trois inscriptions est censée dater du Ier siècle a.C. :

V(ivus) D(ecimus) Veturius D(ecimi) l(ibertus) Diog(enes)/(obitus) D(ecimus) [Veturius] D(ecimi) l(ibertus) Nicepor/v(iva) Veturia D(ecimi) l(iberta) Fedra de sua pecunia faciund(um) coir(avit)/sibi et patrono et conlibert(o)/et liberto/Nicepor conlibertus v(ixit) mecum annos XX/purpurari(i) a Marianeis/viv(us) D(ecimus) Veturius D(ecimi) G(aiae) l(ibertus) Philarcur(us)39.

Cette inscription est faite par Veturia Fedra, affranchie de Decimus, qui y associe son patron, Decimus Veturius Diogène, affranchi de son statut, son compagnon d’affranchissement, Decimus [Veturius] Nicépor, et son affranchi dont le nom est probablement celui mentionné à la fin de l’inscription : Decimus Veturius Philarcurus. La deuxième inscription n’est pas datée :

D(ecimus) Veturius D(ecimi) l(ibertus) Atticus/purpur(arius) de vico Iugar(io)/Veturia D(ecimi) l(iberta) Tryphera/arbitratu)40.

Elle mentionne Decimus Veturius Atticus, affranchi de Decimus et par Veturia Tryphera. D. Atticus est purpurarius dans le vicus Iugarius. Dans l’hypothèse où la première et la deuxième inscription seraient contemporaines, il serait tentant de mettre en relation les quatre purpurarii des Monumenta Mariana et le purpurarius du vicus Iugarius qui tous portent le nomen Veturius. Ils pourraient être des affranchis d’un même patron qui aurait investi dans la pourpre et qui aurait placé deux de ses affranchis, Decimus Veturius Diogène et Decimus Veturius Atticus, à la tête de deux officinae se trouvant respectivement dans le quartier des Monumenta Mariana et dans le vicus Iugarius. Ce patron aurait pu déléguer à un groupe de purpurarii la gestion de ses officinae purpurariae41. Il se pourrait tout aussi bien que ces affranchis aient travaillé pour leur propre compte, à des périodes différentes. La troisième inscription est datée du Ier ou du IIe siècle p.C.42 :

L(ucio) Plutio L(ucii) l(iberto) Eroti/purpurario de vico Tusco/Plutia L(ucii) l(iberta) Auge/fecit sibi et/Veturiae C(aii) C(aii) l(ibertae) Atticae).

Cette inscription n’est pas contemporaine des deux précédentes. Cependant, il faut tout de même souligner qu’une affranchie de la famille des Veturii est de nouveau associée à la pourpre, même si cette dernière n’était pas elle-même purpuraria. Une branche des Veturii aurait-elle été encore versée dans l’ars purpuraria au Ier ou IIe siècle p.C ?

Parmi les purpurarii dont les inscriptions ont été retrouvées en province, trois auraient exercé leur métier dans des villes littorales ayant sans doute abrité un atelier producteur côtier : Narbonne43, Philippes44 et Der-el-qual’a45 près de Beyrouth. Une autre inscription a été retrouvée à Gadès qui était un grand carrefour commercial. Les trois restantes ont été mises au jour dans des villes intérieures : Cordoba en Bétique, Pollentia en Gaule Cisalpine et Enchir-Fegousia en Numidie. Ces inscriptions sont soit mutilées, soit trop laconiques, de sorte que nous ne pouvons pas juger du statut des purpurarii ayant exercé leur métier dans les provinces.

Ainsi, la fabrication de la pourpre à l’intérieur des terres était assurée par les purpurarii. Ces derniers assuraient aussi la vente au détail des articles de pourpre qu’ils produisaient dans leurs tabernae purpurariae. Voyons maintenant les métiers et les lieux uniquement consacrés à la vente de la pourpre.

Tableaux récapitulatifs des purpurarii.
Tableaux récapitulatifs des purpurarii.

Les mercatores et
les negotiatores purpurarii

Nous connaissons l’existence de mercatores et de negotiatores spécialisés dans la pourpre grâce à des sources littéraires et épigraphiques. Les mercatores et les negotiatores sont des commerçants qu’il n’est pas toujours aisé de distinguer l’un de l’autre. Ils ont fait l’objet d’un certain nombre d’études dont nous présenterons tout d’abord les résultats et les hypothèses.

Activités des mercatores et
des negotiatores purpurarii 

La signification des termes “mercator” et “negotiator” a quelque peu évolué au cours du temps46.

Pour la République, nous devons l’essentiel des témoignages sur les mercatores à Cicéron47. Si l’on en croit ce dernier, le mercator était alors un commerçant qui parcourait une certaine distance pour aller chercher ses marchandises : il pratiquait essentiellement un commerce d’importation et d’exportation qui passait le plus souvent par la voie maritime48. La plupart des mercatores étaient d’origine italienne et généralement issus de couches sociales inférieures. Cependant, selon l’étude récente de K. Verboven, on ne peut exclure que ces derniers aient eu des fonctions similaires à ceux des negotiatores, c’est-à-dire des manieurs d’argent49.

Sous l’Empire, cette situation change : les mercatores viennent désormais de toutes les provinces de l’Empire et il semble que leur importance économique se soit accrue, comme ce fut le cas pour bien des gens qui profitèrent de la prospérité économique50. La diversité d’origine s’accompagne d’une diversité de condition : des esclaves, des liberti et des chevaliers exercent désormais ce métier dont la définition exacte oppose encore les chercheurs. En effet, pour certains, le mercator est un petit commerçant51, tandis que pour d’autres, ce métier regroupe en fait de nombreux commerçants spécialisés dont les affaires se font à différentes échelles, sur de courtes ou sur de grandes distances, et qui peuvent aller jusqu’à importer ou exporter des marchandises par mer52. Les sources textuelles53 corroborent plutôt cette dernière hypothèse : le mercator est sur la mer par tout temps et n’hésite pas à se rendre jusqu’aux frontières de l’Empire : “Tu cours, marchand (mercator) infatigable, au bout du monde, jusqu’aux Indes, fuyant la gêne à travers la mer, les rochers, les flammes”54 (Hor., Epist., 1.1.45-46).

Le negotiator ou negotians est, quant à lui, une personne qui s’occupe des negotia55. Sous la République, le negotiator est un banquier56, tandis que sous l’Empire, c’est un homme d’affaires57 qui est également versé dans une entreprise de transport terrestre ou maritime, dans l’industrie, dans les affaires immobilières ou dans l’exploitation agricole. Il peut être présent aussi dans le petit commerce en tant que propriétaire de tabernae qu’il fait gérer par une tierce personne58. C’est le fait d’avoir investi de l’argent dans une entreprise dont ils commercialisaient les produits qui leur conférait le titre de negotiator59.

Sous l’Empire, la différence entre ces deux métiers repose essentiellement sur l’ampleur des affaires menées : les affaires du negotiator sont d’une plus grande importance, tandis que le mercator restait juste un marchand et non un producteur ou un investisseur60 ; celles du mercator sont de moindre importance et se pratiquent à une échelle plus réduite61. Pour les voyages maritimes, le negotiator frète peut-être un navire entier62, tandis que le mercator s’entend probablement avec d’autres mercatores pour en faire autant63, à moins qu’il ne loue qu’une place pour lui et sa marchandise sur le navire. Mais qu’en est-il dans le domaine de la pourpre ? Que peut-on déduire des inscriptions faisant mention d’un mercator purpurarius, d’un negotiator artis purpurariae, d’un negotiator purpurarius et d’un negotians purpurarius ?

Les mercatores purpurarii

Une inscription, non datée, retrouvée à Aquinum, évoque avec beaucoup de lyrisme l’existence trop vite abrégée d’un mercator purpurarius :

[P(ublius) M]urrius P(ubliorum duorum) l(ibertus) Zetus/[Plac]entinus mercator/[pur]purarius, hic situs est/[uiator] consiste et casus hominum cogita/annorum natu(s) XXXV arbitror fuissem/[quom] plurimi fui et florebam maxume,/[et ce]cidi longe ab domo et meis amantib[us]/P(ublius) Murrius P(ubliorum duorum) li(bertus) Eros/[con]libertus et socius uiuus/hoc monumentum fecit ossaque [tran]stulit Placentiam64.

Le mercator purpurarius Publius Murrius Zetus était un affranchi qui était originaire de la ville de Plaisance. Il avait un associé (socius) dénommé Publius Murrius Eros qui était son compagnon d’affranchissement. Rien ne dit que sa société était à Aquinum, mais c’est probable : cette ville était remarquablement bien située sur la via Latina et également bien placée entre les ports de Pouzzoles et d’Ostie. Il lui était facile de se rendre dans l’un des deux ports et d’embarquer sur un navire pour aller acheter sa pourpre. La présence de pourpre végétale dans cette ville65 n’implique pas pour autant que ce mercator n’ait pas vendu de la pourpre marine. Le métier de mercator purpurarius semble avoir permis à Publius Murrius Zetus de mener une vie confortable sur le plan financier, mais a priori pas toujours heureuse, puisqu’il se plaint d’être mort loin des siens. Cette inscription semble faire écho aux vers d’Horace qui évoquent aussi la nostalgie des mercatores :

Quand l’Africus lutte avec les flots icariens, le marchand (mercator) effrayé vante le séjour paisible et la campagne de sa petite ville : mais bientôt il répare les avaries de ses embarcations, indocile à souffrir la gêne66 (O., 1.1.9-18).

Chaque voyage était apparemment source d’angoisse pour le mercator et plus particulièrement pour le mercator qui transportait des marchandises précieuses, dont la pourpre faisait partie :

Toutefois, comme entre voyageurs, que le beau temps en mer a favorisés, celui-là estime devoir plus à Neptune, dont la cargaison était alors plus importante et plus précieuse ; comme le marchand (mercator) acquitte son vœu de meilleur cœur que le simple passager ; comme, parmi les marchands (mercatores) mêmes, la gratitude se traduit avec plus d’effusion chez celui qui rapportait des parfums, de la pourpre (purpura), des produits valant leur pesant d’or, que chez celui dont le gros chargement se composait de denrées du plus bas prix, bonnes à servir de lest : ainsi le bienfait de la paix, encore qu’il s’étende à tous, touche plus profondément ceux qui en savent bien user67 (Sen, Ep., 8.73.5).

En cas de naufrage, les mercatores spécialisés dans les articles de luxe, dont le mercator purpurarius, perdaient beaucoup d’argent et ce genre d’incident pouvait peut-être même les ruiner. En revanche, en cas de tempête, ce sont les mercatores spécialisés justement dans la vente des produits de luxe, et donc de la pourpre, qui avaient le plus de chance de voir leurs marchandises sauvées. En effet, celles-ci étaient légères et elles ne faisaient probablement pas partie des marchandises dont il fallait délester le navire, comme le suggère ce passage de la Loi Rhodienne sur le jet :

Dans ce même navire, alors que plusieurs marchands (mercatores) ont chargé diverses sortes de marchandises et qu’en outre y voyagent de nombreux passagers (…) on procède au jet par nécessité du fait de la grande tempête qui se lève. On a alors posé ces questions : savoir s’il faut que tous réparent le jet, notamment ceux qui ont de ces marchandises qui ne chargent point le navire, comme des pierres précieuses, des perles (…)68 (Dig., 14.2.2).

La pourpre, qui n’est pas nommée ici, faisait bien évidemment partie de cette dernière catégorie de marchandises.

Les negotiatores purpurarii

Trois inscriptions révèlent l’existence d’un negotiator artis purpurariae, d’un negotiator purpurarius et d’un negotians purpurarius.

La première épitaphe, datée de la seconde moitié du IIe siècle p.C.69 et retrouvée à Augusta Vindelicum en Rétie concerne un dénommé Tiberius Cl(audius) Euphrates :

[D(iis) M(anibus) et]/perpetuae securit(ati)/Tib(erius) Cl(euphas) Euph[r]a[tes]/IIIIII vir aug(ustalis) nego[t(iator)] artis purpurariae/qui vixit annos LXXVI/Seniliae Lascivae coniugi/et Clau[d(ii)] Fortunensi et Antigono/[et] Apro filiis vivos vivis fecit70.

Nous ne connaissons pas le statut de Tiberius Cleuphas Euphrates, mais le port d’un cognomen grec et le fait qu’il ait exercé la charge de sévir augustal laissent penser qu’il était libertus71. La ville d’Augusta Vindelicum, située à environ 50 km du Danube, se trouve sur une voie commerciale reliant l’Italie du Nord à la Rhétie72.

La deuxième épitaphe est datée du IIIe siècle p.C. Elle a été retrouvée à Lyon :

D(iis) M(anibus) / et memoriae / aetern(ae) Vic/torio Regulo civi Nemeti et / neg(otiatori) Duro(cortoro) purpu/rario Vic(to)rius / Tetricus ve(teranus) leg(ionis) XX(II) / Pr(imigeniae) p(iae) f(idelis) fratri carriss(imo) / p(onendum) c(uravit) (et) s(ub) (ascia) ded(icavit)73.

Le negotiator purpurarius Victorius Regulus était citoyen Némète : il appartenait donc au peuple des Némètes qui était situé en Germanie Supérieure à proximité de la frontière provinciale de la Gaule Belgique, non loin des Rèmes dont il était séparé par le territoire des Mediomatrici. Il a pratiqué son métier dans la ville de Durocortorum74, l’actuelle ville de Reims, qui fut non seulement la capitale des Rèmes, mais aussi celle de la Gaule Belgique puis de la Belgique Seconde. Cette ville, qui était un grand carrefour routier comme l’attestent l’itinéraire d’Antonin (356, 362, 365, 379, 381) et la Table de Peutinger, était traversée par de grands axes dont l’un menait directement vers le sud de la Gaule en passant par Lyon. Or c’est justement dans cette dernière ville que l’inscription a été retrouvée. On peut donc penser que Victorius Regulus se rendait à Lyon par voie de terre, puis qu’il continuait son voyage par la voie fluviale que constituait le Rhône et qui le menait directement sur la côte méditerranéenne à mi-chemin entre Narbonne et Toulon qui étaient deux villes productrices de pourpre75.

La troisième inscription n’est pas datée et elle est de plus mutilée. Elle a été retrouvée à Rome :

 —— / [—]eius, ci[vis ? —], / [- ne]gotias (!) pur[purarius, —] / [—] AV + [—] / ——?76.

Nous sommes ici en présence d’un negotians purpurarius et non d’un negotiator purpurarius. Mais les deux termes étaient synonymes77.

Le quatrième témoignage est celui de Suétone qui rapporte que Néron “fit fermer les étalages de tous les negotiatores78 présents sur le marché (nundina), car ils avaient vendu les deux couleurs concernées par le premier monopole sur la pourpre79 (Ner., 32.4-6). Ce passage est important, car il révèle que les negotiatores vendaient sur les marchés la pourpre qu’ils avaient achetée.

Tableau récapitulatif des mercatores et des negotiatores purpurarii.
Tableau récapitulatif des mercatores et des negotiatores purpurarii.

Les mercatores purpurarii
et les negotiatores purpurarii : quelle conclusion ?

Les inscriptions dont nous disposons sont certes trop peu nombreuses et dans l’ensemble trop peu évocatrices. Nous pouvons néanmoins supposer que la spécialité de ces commerçants ne faisait pas d’eux des détaillants, mais plutôt des importateurs, c’est-à-dire des marchands en gros. Cependant nous n’avons aucune indication explicite sur les volumes d’affaires et, de ce fait, nous ne pouvons savoir ce qui différenciait les mercatores des negotiatores purpurarii. Nous pouvons noter que les trois negotiatores purpurarii étaient installés dans des villes importantes situées à proximité d’axes routiers ou fluviaux (Durocortorum, Augusta Vindelicum et Rome) tandis que le mercator purpurarii d’Aquinum était installé dans une ville riche, mais d’importance régionale.

Sur les quatre inscriptions qui nous sont parvenues, trois confirment le rôle de commerçant voyageur des mercatores et des negotiatores purpurarii. Même si leur lien avec la mer n’est pas directement visible, nous avons constaté qu’ils pouvaient la rejoindre par voie fluviale. L’exemple de Victorius Regulus est, à ce propos, tout à fait significatif : il était Némète et il avait choisi de travailler à Durocortorum qui était un grand carrefour commercial. La situation de cette ville lui permettait de voyager par route jusqu’à Lyon et d’emprunter le Rhône, comme le faisait beaucoup d’autres negotiatores80, pour atteindre le sud de la Gaule et les ateliers côtiers de Narbonne et Toulon.

Regardons à présent les lieux dans lesquels se faisait la vente de la pourpre.

Les lieux de vente : les marchés

La vente de la pourpre par les negotiatores et les mercatores avait lieu au marché (nundina). Le texte de Suétone (Ner., 32.4-6) qui évoque la mise en place de la première loi de monopole sur la pourpre nous indique un des lieux de vente des negotiatores : le marché (nundinae)81. À Rome, où se déroule l’action du texte de Suétone, ce marché avait lieu tous les huit jours82. Dans la deuxième moitié du IVe siècle, les negotiatores en général vendent encore leurs marchandises sur les marchés, comme le montre un article du Code Justinien83 qui vise à empêcher toute exaction sur les marchandises des negotiatores attachés à la maison impériale.

Au début du Ve siècle les mercatores étaient eux aussi présents sur les nundinae. Un article du Code Justinien met également les mercatores84 en relation avec ces marchés périodiques, de même qu’un passage de Sidoine Apollinaire, dans lequel l’auteur critique ceux de ses contemporains qui tirent profit de leur collaboration avec les barbares :

Ce sont euxqui envient aux gens tranquilles leur paix, au soldat sa solde, au courrier ses provisions, au mercator son marché (mercatoribus nundinas)85 (Epist., 5.7.3).

Ainsi, on peut supposer que les mercatores purpurarii et les negotiatores purpurarii, comme les autres commerçants, vendaient leurs marchandises sur les nundinae.

Les πορφυροπώλαι et les πορφυρας

Les sources épigraphiques grecques ont révélé l’existence de vendeurs de pourpre nommés πορφυροπώλαι et d’un métier dont il est encore impossible de donner une interprétation exacte : le πορφυρας.

Les πορφυροπώλαι

Le mot πορφυροπώλης est formé du mot πορφύρα et du mot πώλης qui signifie vendeur. Le πορφυροπώλης était donc littéralement un vendeur de pourpre. Ainsi, contrairement au purpurarius qui était un fabricant et un commerçant86, le πορφυροπώλης n’était logiquement qu’un commerçant. Au total, nous possédons sept témoignages87 faisant référence à huit πορφυροπώλαι : Marcus Spedius Naso et Elpis Spedia à Cos, Marcus Aurelius Alexandros Moschianos et un πορφυροπώλης de nom inconnu à Hiérapolis, Euschemôn à Miletopolis, Leontia à Parion, Lydia à Thyatire et une πορφυροπώλης de nom inconnu à Abaecaenum. Mais que nous apprennent ces inscriptions ?

Trois des πορφυροπώλαι précités avaient un statut social assez élevé pour jouer un rôle non négligeable au sein de leur cité : Marcus Aurelius Alexandros Moschianos qui était bouleute à Hiérapolis88, Euschemôn qui fit construire un temple à ses frais à Miletopolis89 et Antiochos qui fut honoré comme évergète à Philippes. Cela suggère assez clairement que cette profession pouvait être lucrative.

Les autres inscriptions nous donnent quelques indications sur l’activité des πορφυροπώλαι. Trois πορφυροπώλαι ont exercé leur profession dans des villes côtières : Marcus Spedius Naso et Elpis Spedia à Cos90, où la production de soie teinte en pourpre est attestée au Ier siècle a.C., et Leontia à Parion. La localisation littorale de ces villes laisse penser que tous les trois vendaient de la pourpre marine.

En revanche, nous devons émettre une réserve pour les πορφυροπώλαι ayant exercé leur profession à l’intérieur des terres. Il en est ainsi à Hiérapolis où ont été mises au jour sept inscriptions faisant mention d’un collège de πορφυροβάφοι (teinturiers). Selon Strabon, l’eau de Hiérapolis est “remarquablement adaptée à la teinture de laine, si bien que la laine teinte avec les racines (de garance) rivalise avec celle teinte avec le coccum ou celle faite avec de la pourpre marine”91 (13.4.14-15). Ainsi, si l’on rapproche ce texte des inscriptions, on peut en déduire que les πορφυροβάφοι vendaient de la pourpre végétale. Par conséquent nous voyons que le terme grec “πορφύρα” peut désigner aussi bien la pourpre végétale que la pourpre marine.

Mais les deux πορφυροπώλαι ayant exercé leur profession à Abaecaenum en Sicile et à Miletopolis en Asie, deux villes intérieures, vendaient peut-êtrede la pourpre marine. Quant à la “jeune femme nommée Lydia, une marchande de pourpre de la ville de Thyatire” (γυνὴ ονόματι Λυδία, πορφυρόπωλις πόλεως Ξυατίρων)92, il est très probable qu’elle ait vendu, elle aussi, de la pourpre marine. Nous savons d’après le récit de l’apôtre Paul que c’est à Philippes, en Macédoine, que cette vendeuse de pourpre de Thyatire, en Lydie, se convertit au christianisme. La raison pour laquelle Lydia se trouvait dans cette ville n’est pas mentionnée, mais il se pourrait qu’il y ait eu une production de pourpre à Philippes. L’épigraphie nous apporte, à ce propos, un élément de réponse.

En effet, une dédicace retrouvée à Philippes93, datée du Ier siècle p.C., nous dit :

Τὸν πρῶτον έκ τῶν πορφυροβάφ[ων ̓Αν]τίοχον Λύκου Θυατειρ[ην]ὸν εύεργέτ[ην] καί — ἡ πόλις έτ̅[ίμησε]
(Le premier des teinturiers en pourpre, Antiochos fils de Lycos, de Thyatire, la cité l’honore comme évergète).

Nous pouvons noter également la présence, au Ier siècle p.C., d’un collège de πορφυροβάφοι dans la ville voisine de Thessalonique :

 ̔Η συνήθεια τῶν πορφυροβάφων Μένιππον ̓ Αμ[μ]ίου τὸν καί Σεβῆρον Θυατειρηνὸν, μνήμης χάριν
(le collège des teinturiers en pourpre (…) en mémoire de Ménippe, fils d’Ammius, surnommé Severus, de Thyatire).

Que pouvons-nous déduire de ces inscriptions ? Il est curieux de constater que trois personnes originaires de la même ville (Thyatire en Lydie) et ayant chacune un lien avec la pourpre se retrouvent à Philippes ou à Thessalonique en Macédoine. Il ne peut s’agir ici d’une coïncidence : ces trois personnes étaient peut-être unies par des intérêts communs. On peut penser qu’Antiochos, le teinturier en pourpre de Philippes, s’était installé dans cette ville afin d’y produire de la pourpre marine et qu’il fournissait les marchands de Thyatire dont Lydia faisait partie. Si Menippe fut honoré par le collège des teinturiers en pourpre de Thessalonique, c’est soit comme membre du même collège et donc comme teinturier de Thessalonique, comme Antiochos à Philippes, soit comme marchand de pourpre en affaires avec les teinturiers de Thessalonique, venu de Thyatire, comme Lydia, pour se ravitailler auprès d’eux.

Quoi qu’il en soit, c’est un petit circuit commercial qui se dessine ici au travers des témoignages épigraphiques : la pourpre marine vendue dans la ville de Thyatire venait de Macédoine : de Philippes où l’on a retrouvé également – ce n’est pas un hasard – un purpurarius94 et peut-être aussi de Thessalonique.

Les πορφυρας : des teinturiers
ou des marchands ?

Trois inscriptions faisant allusion à une même personne habitant à Tyr95 et une inscription d’Aphrodisias96 ont révélé que deux hommes avaient pratiqué le métier de πορφυρας. Alors que les mots grecs qui désignent les pêcheurs de murex, les teinturiers ou les marchands de pourpre sont très explicites, nous sommes en présence ici d’un mot qui n’a pas de signification précise.

La présence d’un πορφυρας à Aphrodisias, ville très à l’intérieur des terres, permet déjà d’éliminer l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’un pêcheur. Il reste donc trois possibilités : le πορφυρας était un teinturier en pourpre au même titre que le πορφυροβάφος ou un commerçant en pourpre au même titre que le πορφυροπώλης, à moins qu’il n’ait pratiqué les deux métiers en concomitance, comme le faisaient en Occident les purpurarii.    Dans l’état actuel des recherches, il nous est impossible de trancher en faveur de l’une ou l’autre de ces hypothèses, mais le fait qu’Hypéréchios, le πορφυρας de Tyr, ait possédé trois sarcophages en marbre à son nom dans la nécropole pourrait laisser penser qu’il avait une situation confortable et qu’il faisait plutôt commerce de la pourpre.

Malgré le manque de sources, nous pouvons dire qu’en Occident, les negotiatores purpurarii et très probablement les mercatores purpurarii, au retour de leur long voyage, vendaient de la pourpre sur le marché (nundina) de Rome. En Orient, il semblerait que la vente de la pourpre ait été aux mains des πορφυροπώλαι dont certains, comme Lydia, n’hésitaient pas à parcourir 600 km pour aller se ravitailler dans des villes côtières et revendre la pourpre marine en faisant sans doute de substantiels bénéfices.

Tableau récapitulatif des πορφυροπώλαι.
Tableau récapitulatif des πορφυροπώλαι.
Tableau récapitulatif des métiers ayant un rapport avec la fabrication et la commercialisation de la pourpre hors des ateliers côtiers.
Tableau récapitulatif des métiers ayant un rapport avec la fabrication
et la commercialisation de la pourpre hors des ateliers côtiers.

Grâce aux témoignages textuels, épigraphiques, iconographiques et archéologiques, nous avons pu mettre en évidence l’existence d’une organisation assez précise de la fabrication et de la commercialisation de la pourpre en dehors des ateliers côtiers. Les infectores qui étaient des teinturiers spécialisés dans la fabrication des teintures de qualité, produisaient la pourpre dans les ateliers de grand teint, mais aussi dans les tabernae purpurariae qui étaient tenues par les purpurarii. Ces derniers étaient des teinturiers et des commerçants en pourpre, spécialisés dans la vente au détail. Les mercatores purpurarii et les negotiatores purpurarii importaient de la pourpre des ateliers côtiers et la revendaient sur les nundinae et sans doute dans les tabernae purpurariae. Les πορφυροπώλαι vendaient eux aussi de la pourpre et la distance parcourue par Lydia tendrait à nous faire penser que ce métier se rapprochait de celui des negotiatores ou des mercatores purpurarii. C’était aussi peut-être le cas du πορφυρας à moins que celui-ci ait été l’homologue du purpurarius.


Conclusion de la quatrième partie

La gamme des articles proposés était suffisamment étendue pour satisfaire les clients les plus exigeants. Cependant, c’est de la laine teinte filée ou tissée qui était sans doute le plus souvent achetée, car elle constituait la base de nombreux ouvrages : vêtements entiers, broderies, confection de vittae et de fasciae.

Grâce à l’existence de la teinture de longue conservation, nous avons pu mettre en évidence une production de pourpre à petite échelle qui nous a permis de découvrir d’une part, le rôle joué par les purpurarii en tant que teinturiers et commerçants, par les mercatores et les negotiatores purpurarii, les πορφυροπώλαι et peut-être les πορφυρας en tant que commerçants et, d’autre part, les lieux de vente qu’étaient les tabernae purpurariae et les nundinae.

La pourpre reste bien entendu un produit de luxe, mais la vente au détail a pu contribuer à sa “démocratisation”.

Notes

  1. CIL, XI, 1069a ; catalogue, p., 238.
  2. CIL, XI, 6604 ; catalogue, p., 238.
  3. Catalogue d’exposition Pompéi, nature, sciences et techniques 2001, Encyclopédie Universalis ; Macheboeuf 2004, 30-31.
  4. Supra, p.128.
  5. Catalogue d’exposition Pompéi, nature, sciences et techniques 2001, Encyclopédie Universalis, fig. 371.
  6. Infra, p. 135.
  7. Les purpurarii pouvaient peut-être vendre de la pourpre végétale, mais nous n’en avons aucune attestation.
  8. Monteix 2006, 15 ; Tran 2011, 257.
  9. Pater filio tabernam purpurariam cum servis institoribus et purpuris, quae in diem mortis eius ibi fuerunt, legavit, neque pretia purpurae condita neque debita neque reliqua legato contineri placuit.
  10. Purpurae appellatione etiam subtemen factum contineri nemo dubitat : lana tinguendae purpurae causa destinata non continebitur.
  11. Cum de Tyriae purpurae quam emi iusserat obscuritate quereretur, dicente venditore.
  12. CIL, I, 1413.
  13. Kardos 2000, 320-321.
  14. AE, 1923, 59.
  15. CIL, XIV, 2433.
  16. CIL, VI, 9847.
  17. Morel 1987, 141.
  18. Ibid., p. 151.
  19. Plin., HN, 9.138, souligne à ce propos le prix normalement bas des coquillages à pourpres : “Les prix du produit sont d’autant plus bas que les rivages sont plus féconds <en coquillages> ; cependant le quintal de pourpre pélagienne ne coûte nulle part plus de cinquante sesterces, ni le quintal de buccin plus de cent ; avis à ceux qui les paient des prix exorbitants.” (Pretia medicamento sunt quidem pro fertilitate litorum uiliora, non tamen usquam pelagii centenas libras quinquagenos nummos excedere et bucini centenos sciant qui ista mercantur inmenso).
  20. La chaudière destinée certainement à la teinture de cuve mesure 0,95 m de diamètre interne et 0,88 m de hauteur interne.
  21. Supra, p. 31.
  22. Supra, p. 39.
  23. Supra, p. 32.
  24. Plin., HN, 9.133-135.
  25. Borgard & Puybaret 2004, 55.
  26. Borgard & Puybaret 2003, 313.
  27. La hauteur interne est la distance verticale qui sépare le centre du foyer du plan horizontal défini par le rebord supérieur de la chaudière.
  28. Coarelli 2001, 56-57 ; 66.
  29. Ibid., p. 140.
  30. Supra, p. 123.
  31. Supra, p. 120.
  32. Cardon et al. 2011, 273.
  33. Cardon et al. 2011, 209.
  34. CIL, VI, 9848 ; catalogue p. 237.
  35. CIL, XI, 6604 ; catalogue p. 238.
  36. CIL, X, 1, 540 ; catalogue p. 238.
  37. Cristofori 2004, 506-507 ; Šašel Kos, 2016.
  38. Duthoy 1974 ; Abramenko 2013.
  39. CIL, I, 1413 = ILS, 9428 : “Du vivant de Decimus Veturius Diogène affranchi de Decimus, à la mort de Decimus [Veturius] Nicépor, affranchi de Decimus. De son vivant Veturia Fedra, affranchie de Decimus a pris soin de faire cela sur ses ressources, pour elle, son patron, son compagnon d’affranchissement et son affranchi. Nicépor mon compagnon d’affranchissement a vécu 20 ans avec moi. Les purpuraires [du quartier des Monumenta] Mariana. Du vivant de Decimus Veturius Philarcurus, affranchi de Decimus et de Gaia”. Gregori 1994, 741, n. 10 ; Vicari 2001, 95 ; catalogue, p. 235.
  40. AE, 1923, 59 ; catalogue, p. 238 : “Decimus Veturius Atticus, affranchi de Decimus, purpurarius du quartier Iugarius. Veturia Tryphera, affranchie de Decimus, selon leur volonté”.
  41. Fabre 1981, 339.
  42. CIL, XIV, 2433 : “À Lucius Plutius Eros affranchi de Lucius, purpuraire du quartier Tuscus. Plutia Auge affranchie de Lucius a fait cela pour eux et pour Veturia Attica affranchie des deux Caius” ; Vicari 2001, 96 ; catalogue, p. 239.
  43. Not. Dign., XI, 73.
  44. CIL., III, 664 ; catalogue, p. 240 ; infra, p. 137.
  45. CIL, III, 6685 ; catalogue, p. 236. Der-el-qual’a est une ville voisine de Beyrouth dans laquelle a été retrouvée une nécropole importante où se faisaient enterrer les habitants de Beyrouth. Des traces de production de pourpre ont été mises au jour à Beyrouth : catalogue, p. 236.
  46. Entre autres : Cagnat DA, s.v. Negotiator ; Cagnat DA, s.v. Mercator ; Rougé 1966, 274-291 ; Moschetti 1969, 374-410 ; Feuvrier-Prevotat 2001, 367-405 ; D’Arms 1981 ; De Salvo 1987, 9-32 ; Garcia Brosa, 173-190.
  47. Entre autres : Cic, Att, 7.7.5 ; 9.9.2 ; 9.10.3 ; Verr., 2.2.55, 137 ; 2.5.58.149.
  48. Rougé 1966, 287.
  49. Verboven 2007, 19.
  50. Ibid., p. 302-316.
  51. Höbenreich 1996, 249.
  52. Rougé 1966, 287 ; Thébert 1980, 900.
  53. Hor., O., 1.31.10-15 ; 3.24.35-41 ; Epist., 1.16.69-72 ; Sen., Ben., 6.14.4 ; Aug., Serm., 70.2.
  54. impiger extremos curris mercator ad Indos, per mare pauperiem fugiens, par saxa, per ignes.
  55. Valencia-Hernandez 1989-1990, 205 ; Valencia-Hernandez 1992, 101.
  56. Cagnat DA, s.v. Negotiator ; Rougé 1966, 277 ; D’Arms 1980, 24 ; De Salvo 1987, 234.
  57. Garcia Brosa 1999, 184 ; Rougé 1966, 277.
  58. Rougé 1966, 275 ; Nicolet 1993, 360 ; D’Arms 1980, 24 ; Narducci 1984, 232.
  59. Verboven 2007, 26.
  60. Verboven 2007, 63.
  61. Rougé 1966, 290 ; Höbenreich 1997, 296.
  62. Tac., Ann., 13.51 : “Les provinces d’au-delà des mers, chargées du transport des grains, reçurent sur ce point, quelques adoucissements, et l’on établit que les navires des négociants ne seraient point compris dans le cens de leurs biens, ni assujettis au tribut.” (Temperata apud transmarinas provincias frumenti subvectio. Et ne censibus negotiatorum naves adscriberentur, tributumque pro illis penderent, constitutum) ; SHA, Vie de Firmus, 3.3 : “Il avait contracté une solide alliance avec les Blemmyes et les Sarrazins et avait également envoyé à plusieurs reprises des navires marchands jusqu’aux Indes” (Idem et cum Blemyis societatem maximam tenuit et cum Saracenis : naves quoque ad Indos negotiatorias saepe misit) Trad. A. Chastagnol.
  63. Dig., 14.2.2.2 ; Macrob., Sat., 2.6 : Un marchand lui demandait comment il devait partager un vaisseau avec son associé : on rapporte qu’il lui répondit : “Si vous le partagez, vous ne l’aurez ni l’un ni l’autre” (Navem si dividis, nec tu nec socius habebitis).
  64. AE, 1972, 74 ; catalogue, p. 239 : “Ici se trouve Publius Murrius Zetus de Plaisance, affranchi des deux Publius, mercator purpurarius ; voyageur, arrête-toi et pense au sort malheureux des hommes : je devais avoir 35 ans quand j’étais dans la fleur de l’âge et que je prospérais au mieux, et je suis mort loin de chez moi et des miens qui m’aimaient. Publius Murrius Eros, affranchi des deux Publius, son compagnon d’affranchissement et associé survivant a fait construire ce monument de son vivant et a transféré ses ossements à Plaisance”.
  65. Hor., Epist., 1.26-30.
  66. Luctantem Icariis fluctibus Africum mercator metuens otium et oppidi laudat rura sui ; mox reficit rates quassas, indocilis pauperiem pati. Mais aussi : Hor., O., 1.31.10-15 ; Sat., 1.1.6.
  67. Sed quemadmodum neptuno plus debere se iudicat ex is, qui eadem tranquillitate usi sunt, qui plura et pretiosiora illo mari vexit, animosius a mercatore quam a vectore solvitur votum, et ex ipsis mercatoribus effusius gratus est, qui odores ac purpuras et auro pensanda portabat quam qui vilissima quaeque et saburrae loco futura congesserat : sic huius pacis beneficium ad omnes pertinentis altius ad eos pervenit, qui illa bene utuntur.
  68. Cum in eadem nave varia mercium genera complures mercatores coegissent praetereaque multi vectores servi liberique in ea navigarent, tempestate gravi orta necessario iactura facta erat : quaesita deinde sunt haec : an omnes iacturam praestare oporteat et si qui tales merces imposuissent, quibus navis non oneraretur, velut gemmas margaritas ?
  69. Vicari 2001, 110.
  70. CIL, III, 5824 ; D, 7598 : “Aux Dieux Mânes et à la sécurité perpétuelle. Tiberius Cleuphas Euphrates sevir augustal, negotiator artis purpurariae, qui a vécu 76 ans. À Senilia Lasciva, son épouse, et à ses fils Fortunatus, Antigonus et Aprus Claudius. Il a fait (cela) de son vivant et pour eux de leur vivant”. Nous suivons Dessau qui développe Tib Cl Euph[…]a[…] en Tib(erius) Cl(audius) Euph[r]a[tes].
  71. Lassere 2005, 165 : un libertus n’était pas obligé d’indiquer sa libertinatio. Infra, p. 239
  72. Tassaux 2004 : c’est l’une des routes du vin d’Italie du Nord et de l’huile d’Istrie.
  73. AE, 1982, n° 709 ; catalogue, p. 239 : “Aux Dieux Mânes et à la mémoire éternelle de Victorius Regulus, citoyen Némète et negotiator purpurarius de Durocortorum. Victorius Tetricus, vétéran de la 22e légion Primigenia, pieuse, fidèle, a pris soin de placer (cela) pour son très cher frère et a dédié ce monument avant qu’il ne soit achevé”.
  74. Interprétation de l’AE, 1982, 709.
  75. Catalogue, p. 223 et p. 238.
  76. CIL, VI, 33888 ; catalogue, p. 239.
  77. Mais on peut plutôt voir dans [—]eius la fin d’un nomen et dans Ci[—] le début d’un cognomen ; cf. Cristofori 2004, 502, n° 11.
  78. Et cum interdixisset usum amthystini ac Tyrili coloris summisissetque qui nundinarum die pauculas uncias uenderet, praeclusit cunctos negotiatores.
  79. Supra, p. 109.
  80. Rougé 1966, 283.
  81. “Après avoir interdit l’usage des couleurs améthyste et tyrienne, il aposta quelqu’un pour en vendre quelques onces un jour de marché et fit fermer les étalages de tous les negotiatores.” (Et cum interdixisset usum amethystini ac Tyrili coloris summisissetque qui nundinarum die pauculas uncias uenderet, praeclusit cunctos negotiatores).
  82. Andreau 1999, 89.
  83. CJ, 4.60.1 : “Que les negotiatores à qui il a été permis de tenir des foires ou des marchés par un privilège de nos prédécesseurs ou de nos majestés, ne puissent, dans les foires et les marchés, être assignés à l’effet de céder leurs marchandises” (entre 364 et 375). (Qui exercendorum mercatuum aut nundinarum licentiam vel veterum indulto vel nostra auctoritate meruerunt, ita beneficio rescripti potiantur, ut nullum in mercatibus atque nundinis ex negotiatorum mercibus conveniant).
  84. CJ, 4.63.4 : “Il faut que les mercatores soumis aussi bien à notre autorité souveraine qu’au roi des Perses, n’exercent sur aucun nundina au-delà des territoires dont nous avons convenu lors du traité avec la nation citée afin que des royaumes étrangers ne fouillent des secrets, ce qui n’est pas acceptable” (en 408 ou 409). (Imperatores Honorius, Theodosius. Mercatores tam imperio nostro quam persarum regi subiectos ultra ea loca, in quibus foederis tempore cum memorata natione nobis convenit, nundinas exercere minime oportet, ne alieni regni, quod non convenit, scrutentur arcana).
  85. hi sunt, qui invident tunicatis otia stipendia paludatis, viatica veredariis mercatoribus nundinas, munuscula legatis (…).
  86. Supra, p. 131.
  87. Pour le détail de ces inscriptions, on se reférera au catalogue, p. 240.
  88. Ritti 1985.
  89. Catalogue, p. 240.
  90. “Ni les tissus pourprés de Cos (Coae purpurae) ni les pierres coûteuses ne te rendent les moments qu’une fois la durée, de ses ailes, a déposés et consignés en des fastes trop connus” (Hor., O., 4.13.13-16).
  91. ἔστι δὲ καὶ πρὸς βαφὴν ἐρίων θαυμαστῶς σύμμετρον τὸ κατὰ τὴν Ἱεράπολιν ὕδωρ, ὥστε τὰ ἐκ τῶν ῥιζῶν βαπτόμενα ἐνάμιλλα εἶναι τοῖς ἐκ τῆς κόκκου καὶ τοῖς ἁλουργέσιν·.
  92. Catalogue, p. 240.
  93. Catalogue, p. 234.
  94. Supra, p. 235.
  95. Catalogue, p. 241. Ins. 118b, 119, 120.
  96. Catalogue, p. 241.
ISBN html : 978-2-38149-008-3
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Livre
Posté le 16/12/2022
EAN html : 9782381490083
ISBN html : 978-2-38149-008-3
ISBN pdf : 978-2-38149-015-1
ISSN : 2741-1508
16 p.
Code CLIL : 4117 ; 3385
licence CC by SA

Comment citer

Macheboeuf, Christine, “Fabrication hors des ateliers côtiers et commercialisation”, in : Macheboeuf, Christine, Exploitation et commercialisation de la pourpre dans l’Empire romain, Pessac, Ausonius éditions, collection DAN@ 4, 2022, 131-146 [en ligne] https://una-editions.fr/fabrication-hors-des-ateliers-cotiers-et-commercialisation/ [consulté le 13/12/2022].
doi.org/10.46608/DANA4.9782381490083.17
Accès au livre Exploitation et commercialisation de la pourpre dans l'Empire romain
Illustration de couverture • Hexaplex trunculus
(cl. C. Macheboeuf).
Publié le 16/12/2022
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