La lettre objet de savoirs
Après avoir souffert de l’indifférence quelque peu teintée de mépris de Croce, la littérature épistolaire fait aujourd’hui l’objet d’un véritable engouement de la part de la critique contemporaine. Dans le domaine de l’italianisme, les initiatives reposant sur l’utilisation des nouvelles technologies1 viennent compléter les essais et travaux notamment de Amedeo Quondam2, Jeanine Basso3 et d’autres encore. Les recherches s’étendent à présent aux croisements entre la lettre et d’autres formes d’expression4. Le travail qui suit s’inscrit dans la lignée de ces recherches et vise à combler une lacune dans l’étude de l’épistolographie du XVIe siècle : les deux recueils de lettres de Bernardo Tasso.
La lettre qui, de tous les écrits en prose, n’est qu’apparemment l’une des compositions les plus libres et les plus spontanées, appartient comme on le sait à une longue tradition rhétorique remontant aux modèles de la culture classique qui offrent leurs références à l’humanisme et à la Renaissance. L’écriture épistolaire, illustrée dans l’Antiquité par les recueils de Cicéron, Pline le Jeune et Sénèque5, se développa au Moyen Âge dans le cadre des artes dictandi, puis amorça son évolution sous la plume de Pétrarque qui jeta les bases de l’épistolographie humaniste, en proposant notamment l’imitation du modèle cicéronien6. Elle fleurit au Quattrocento, avec l’accroissement des chancelleries et l’affirmation d’une diplomatie internationale, puis s’affirma en tant que genre littéraire au Cinquecento et contribua à l’essor des lettres en langue vernaculaire sous l’influence d’humanistes tels que Bembo7. Avec ce dernier, le préjugé de l’infériorité de la langue vulgaire par rapport au latin fut définitivement dépassé et les grands écrivains du XIVe siècle furent désormais considérés comme des classiques, maîtres et modèles de langue et de style autant en poésie qu’en prose à l’égal des auteurs de l’Antiquité. Le déclin de ce préjugé contribua indubitablement à la diffusion croissante des correspondances si bien que la lettre, instrument de communication, initialement considérée comme une simple variante du discours écrit et de ce fait marquée par une forte rhétorique8, devint par la suite une composition moins standardisée et un véritable genre littéraire à l’image de l’épopée ou de la comédie9.
On ne parlera pas ici de toutes les lettres de façon indifférenciée, mais uniquement de celles qui relèvent de l’œuvre d’art et tendent vers des buts, fussent-ils subjectifs, rhétoriques et stylistiques10. Nées d’une conscience littéraire, elles veulent obtenir des résultats eux aussi littéraires ; leur tonalité est donc adaptée à leur contenu, leur vocabulaire est choisi, leur style particulièrement soigné et, tout en s’adressant à une personne bien précise, elles sont en réalité destinées à tous et veulent être connues de tous. Tant et si bien que ces lettres subissent le plus souvent un véritable processus de sélection, qu’elles sont parfois réécrites, parfois amputées d’une partie de leur contenu et/ou de leurs référents et qu’elles sont à maintes reprises présentées dans un certain ordre en fonction de l’objectif que l’auteur ou l’éditeur se fixe. Elles font en bref l’objet de ce que Giacomo Moro a défini comme une « manipulation systématique »11. La génération de l’Arétin fut la première à recourir consciemment, pour ne pas dire consciencieusement, à un moyen de communication moderne – l’imprimerie – non seulement comme un instrument de diffusion des textes, mais aussi pour manipuler l’opinion publique à travers l’imposition d’une représentation de soi. La limite entre la sphère publique et celle de la vie privée étant annulée au profit du scripteur qui élabore ou réélabore un témoignage n’ayant parfois que l’apparence de la vérité, l’attestation fournie par la lettre constitue un efficace moyen de construction d’une image12. Tous les auteurs sont au demeurant conscients qu’il y a une grande différence entre une « vraie » lettre, écrite pour être lue par une seule personne et une lettre rédigée parfois justement pour être publiée13.
Avec l’habitude prise notamment par les épistoliers, les secrétaires et les diplomates de réorganiser leur correspondance afin de la faire apprécier dans un cercle plus ou moins large de lecteurs14, ce sont surtout ces textes reconstruits qui se répandirent dans la Péninsule à partir du XVIe siècle. D’un autre côté, l’intérêt du public poussa plusieurs imprimeurs15, vénitiens pour la plupart, à faire paraître des volumes de lettres d’hommes qui s’étaient illustrés dans la politique, le métier des armes, les arts ou les lettres. Le lectorat visé était essentiellement celui des particuliers qui accédaient à la culture et qui désiraient disposer d’instruments où était condensé le savoir dont ils avaient besoin. Ces recueils épistolaires connurent plusieurs éditions et leur succès entraîna nombre de variations thématiques (les lettres furent familières, morales, amoureuses, spirituelles, divertissantes, et ainsi de suite) de manière sans doute à atteindre un public de plus en plus large. Avec ses nouveaux produits éditoriaux, l’épistolographie en langue vulgaire accéda de la sorte à la dignité de véritable genre littéraire et envahit les librairies de la Péninsule.
Cette diffusion s’amorça avec les livres d’auteurs, suivis assez rapidement par des florilèges de lettres, tandis qu’une troisième étape, plus tardive, prit plutôt la forme de traités sur l’écriture. Le premier exemple de publication en langue vernaculaire, en 1538, fut celui de l’Arétin dont on s’arracha le livre, qui connut plusieurs rééditions en un bref laps de temps16. Il fut d’ailleurs le premier à écrire non pas tant pour un destinataire précis, mais dans l’optique d’être publié et lu. Après lui, plusieurs écrivains se disputèrent les faveurs du public, dont Bembo17 (entre 1548 et 1552), Claudio Tolomei (1547), Bernardo Tasso (1549 puis 1560) et Annibal Caro (1572-1575), pour n’en mentionner que quelques-uns. À la lumière de cet aperçu, la tradition éditoriale en matière de livres de lettres vulgaires apparaît pour lors forte et constante, pour ne pas dire plutôt remarquable18.
La première anthologie quantitativement significative fut imprimée à Venise par Paul, Antoine et Alde Manuce le jeune à partir de 1542 en trois livres : Lettere volgari di diversi nobilissimi uomini, etc. Ainsi s’exprime Paul dans l’épître dédicatoire de son volume :
Mi sono imaginato di raccogliere e fare stampare alcune lettere d’uomini prudenti, scritte con eloquenza in questa lingua volgare italiana […]. Però mi persuado che gli auttori di queste lettere non avranno a male ch’io dimostri al mondo i fiori dell’ingegno loro con utilità comune, perché così porgeranno ardire all’industria di quei che sanno; e quei che non sanno, loro averanno obligo, potendo da questi essempi ritrarre la vera forma del ben scrivere19.
Puis d’autres florilèges, dont le but était de constituer un répertoire de textes capables de transférer en langue vulgaire et plus exactement « nella Toscana eloquenza », leur force normative, directement destinée à « l’utilità degli studiosi » et à produire à la fois « frutto e diletto »20, connurent aussi la gloire. L’un des secrets de ce succès réside vraisemblablement dans la polyvalence de la matière qui pouvait recouvrir aussi bien une fonction modélisante et littéraire par des propositions de normes et de codes d’écritures21, qu’une fonction linguistique par la présentation d’un langage officiel très hiérarchisé, ou qu’une fonction informative grâce à l’ouverture du genre à des événements contemporains et à des personnages connus susceptibles d’intéresser les lecteurs22. De plus, la proposition de la valeur normative d’un parcours exemplaire répondait également à l’attente d’instruction morale, voire religieuse, qui était celle du lectorat des XVIe et XVIIe siècles23. Tous les livres d’auteur (et bien souvent même les anthologies) assument, dès leur titre ou leur frontispice, une fonction d’exemplarité en mettant en avant un modèle indirect, secondaire par rapport à celui qui est clairement énoncé, qui est destiné à persuader le destinataire que dans ces lettres ne se trouve pas seulement la « vera forma del ben scrivere »24, mais qu’on peut y rencontrer aussi et surtout la « vera forma del ben vivere »25. La fonction d’un livre de lettres est donc explicitement déclarée en termes d’utilité.
L’engouement du public de la Renaissance pour ce nouveau produit littéraire s’explique aussi par le caractère presque illimité des sujets qui pouvaient être traités dans les lettres. Nul autant que le genre épistolaire n’offrait à l’écrivain plus de malléabilité, plus de possibilités de faire preuve de virtuosité en matière de style et de proposer à son public une dimension qui se voulait également récréative. Le désordre apparent des lettres du « famoso padre » s’explique ainsi autant par sa volonté de démontrer aux lecteurs sa parfaite maîtrise de toutes les typologies épistolaires que par une évidente recherche de variatio. Au XVIIe siècle en revanche, ce genre se limita à proposer des modèles bien précis à l’usage d’un public ciblé, celui des secrétaires. Le livre de lettres se transforma alors en traité, en code de matières et de formules purement rhétoriques, en répertoire de textes exemplaires rédigés pour montrer comment on écrivait correctement, où les noms propres ne comptaient pas, pas plus que les dates ni les lieux. Vers la fin du XVIe siècle déjà, avec l’émergence et l’affirmation de la trattatistica, on assiste à l’éclosion de ces traités sur l’art d’écrire dont les exemples les plus marquants sont peut-être ceux du livre de Francesco Sansovino, Del Secretario26 et de celui de Torquato Tasso, Il Secretario27.
Ainsi, quelle que fût la forme qu’elle adopta, en fonction des circonstances historiques et sociales28, l’épistolographie en langue vernaculaire jouit en Italie d’une très grande faveur. L’intérêt pour ce type de composition se maintint entre XVIe et XVIIIe siècles à cause de la curiosité de l’époque pour les nouvelles inédites sur des écrivains connus et sur les personnes et les choses parmi lesquelles ils vécurent. Pendant la période romantique, le public se passionna non seulement pour les événements les plus éclatants, mais aussi pour la vie quotidienne des siècles passés, d’où le grand succès du roman historique. Plus tard, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le goût de l’inédit devint un véritable phénomène de mode qui engloba également les recueils épistolaires. Les opuscules de lettres qui n’avaient pas été imprimés précédemment fleurirent et se multiplièrent. On publia grand nombre de lettres inconnues jusque-là et on partit aussi à la recherche des originaux et des copies déjà imprimées dans le but de leur rendre leur forme originale, souvent peu respectée par les éditeurs. Cette dernière exigence se fait aujourd’hui sentir de façon plus impérieuse et sollicite les recherches sur ce qu’il convient d’appeler le genre épistolaire à la Renaissance. L’un de ses promoteurs, après l’Arétin, fut indubitablement Bernardo Tasso, le père du célèbre auteur de la Jérusalem délivrée, dont l’existence tumultueuse se termina en septembre 1569 dans l’obscure bourgade d’Ostiglia.
Bernardo Tasso, biographie
Avec l’homme qui meurt pauvre et oublié de tous entre les bras de son fils dans l’un des territoires régis par les Gonzague, c’est un pan entier de la mémoire des guerres, des traités, des trêves, des paix et des intrigues diplomatiques du XVIe siècle qui s’efface. Celui qui disparaît emporte avec lui le souvenir de toute une existence vécue au sein des cours de la Péninsule et d’Europe. Accoutumé à la fréquentation des plus grands personnages de son temps et de tout ce que l’Italie comptait alors de talents littéraires et de grande noblesse, il consacra sa carrière à négocier pour le compte de ses différents mandants les affaires les plus délicates de la diplomatie européenne. Grand voyageur devant l’Éternel, il parcourut le continent européen de son époque, de l’Italie à l’Espagne en passant par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et participa même à l’expédition de Tunis. À la fois secrétaire-diplomate, chroniqueur de guerre, poète, épistolier, romancier, essayiste, historien et probablement dramaturge, il dut, à l’instar de nombre d’intellectuels de son siècle se plier à bien des servitudes pour vivre et parfois seulement pour survivre. Ses différents changements de protecteurs le conduisirent, sans états d’âme particuliers, à se rallier à un camp ou à un autre. Parfois riche, parfois dans la misère, souvent contraint à quémander, toujours par monts et par vaux, il dut à maintes reprises se confronter avec la rigueur des campements guerriers et s’adapter à toutes les situations, fussent-elles des plus inconfortables. Son existence est à elle seule un véritable roman et son destin hors norme celui d’un aventurier de la plume dont le talent, insuffisamment reconnu, doit être réhabilité sans omettre toutefois l’inévitable part d’ombre de toute personnalité.
Au-delà de sa naissance qu’on s’accorde à situer en 1493, la toute première donnée biographique sur cet auteur, qui concerne son lieu de naissance, est sujette à controverse. Celle-ci s’est développée surtout au XVIIIe siècle dans les opinions contradictoires de certains de ses biographes et notamment de Seghezzi29 et Serassi30. Tandis que l’un – le premier dans l’histoire de la critique sur le « famoso padre » à contester son origine bergamasque31 – affirmait que Bernardo était né à Venise, l’autre penchait pour une naissance à Bergame. Dans sa Vita, l’érudit vénitien qu’était Seghezzi écrivait :
Nacque egli di Gabbriello, figliuolo di Ruggero, e di madre Viniziana della nobilissima casa de’ Cornari, nel MCCCCLXIII, agli XI di novembre. Né perché di famiglia bergamasca sia nato, dee percio fra gli Scrittori di Bergamo annoverarsi; (il che strano forse parrà ad alcuno) perciocché senza alcun fallo egli dee Viniziano chiamarsi, non solamente perché la madre fu de’ Cornari, come s’è detto; ma eziandio perché nacque in Venezia32.
Pour accréditer son hypothèse, Seghezzi s’appuyait essentiellement sur le fait que la grand-mère paternelle de l’auteur appartenait à la famille Cornari et sur certaines affirmations de Bernardo lui- même dans une de ses Odes33 comme dans une lettre du 29 juin 1559 où il affirme sans ambages être né dans la cité des Doges : « Mi son risoluto, qui dove nacqui e dove l’ossa de’ miei carissimi parenti riposano, finir, quando a Dio piacerà la vita mia »34.
Dans d’autres écrits, le Tasse se définit comme « gentiluomo bergamasco » et affirme que Bergame est sa patrie35, ce que Seghezzi ne nie pas mais interprète comme une forme de respect envers la branche vénitienne de sa famille36. Cette opinion est réfutée par Serassi qui démonte ses interprétations et cite les passages dans lesquels notre auteur se dit bergamasque : « La saprà dunque che io son gentiluomo di Bergamo, soggetto e ligio de la eccelsa Republica di Venezia e de la famiglia de’ Tassi, tanto devota e inchinata al servizio de la Serenissima casa d’Austria »37 ; « Saprà dunque, Vostra Signoria Illustrissima, che io sono gentiluomo di Bergamo, vassallo e ligio de la Eccellentissima Republica di Vinegia »38.
Serassi rappelle que ses contemporains l’ont toujours nommé ainsi, de même d’ailleurs que son fils39. Dans sa Vita di Torquato Tasso, écrite bien plus tard, il élude cependant la question. Après la longue période de silence qui suivit le décès de Serassi en 1791, ce fut Campori qui relança le débat en s’appuyant sur une lettre de Bernardo adressée à Luigi Priuli le 15 mars 1556 dans laquelle il déclarait : « Vostra Signoria sa ch’io son gentiluomo di Bergamo, nato in Venezia e ligio della sua Eccellentissima Repubblica »40. La controverse se poursuivit à l’occasion de la commémoration pour le troisième centenaire de la mort de Torquato Tasso. Giuseppe Ravelli41, puis Angelo Solerti42 eux aussi s’emparèrent de la question en l’embrouillant encore davantage par des positions fluctuantes43, des sous-entendus et des références à un mystère qu’il convenait de ne pas dévoiler, pour conclure en fin de compte : « È da ritenere adunque che, sebbene Bernardo dica e ripeta di essere nato a Venezia, egli è nato invece a Bergamo »44. Son biographe le plus récent, Edward Williamson, fait le point sur cette longue et ancienne polémique et penche pour une naissance à Bergame de même que D. Rota dans son étude sur la figure de Serassi. Ce débat a été tranché par Dionisotti quand il déclara que : « Comunque e dovunque fosse nato […] era nato suddito della Repubblica »45.
Recueilli par un oncle46, l’évêque de Recanati et Macerata, lorsqu’il devint orphelin à l’âge de quinze ans, il poursuivit des études vraisemblablement littéraires. Quelques informations sur son éducation sont fournies par une lettre de son fils, Torquato, envoyée de Ferrare à Don Angelo Grillo :
Non le negherò di darle quella informazione ch’io posso del parentado di mio padre; la qual non è compiuta; perch’io fui in Bergamo assai fanciullo, e dimorai pochi mesi in quella città; laonde quel ch’io le scrivo, per la maggior parte, l’intesi da mio padre […]. Sappia dunque, ch’egli fu allevato dal vescovo di Recanati suo zio, (perché così il chiamava) il quale il tenne in un academia e ‘l fece studiare, pagandoli la dozzina: e se’l vescovo non fosse morto di morte violenta, le cose di mio padre sarebbono forse passate meglio47.
Le jeune Bernardo fut l’élève du grammairien Battista Pio da Bologna et, à Padoue, se perfectionna dans les disciplines littéraires et scientifiques, s’attirant ainsi l’estime de plusieurs hommes de lettres qui reparaîtront par la suite dans sa correspondance. Il semble s’être formé à l’école de Bembo auprès duquel il continua à prendre conseil quelques années plus tard48. En 1525, il entra au service du comte Guido Rangone, général en chef des troupes de l’Église, et fut dépêché à Pavie en qualité d’observateur auprès des armées de François Ier49 où il prédit leur défaite50. Il servit ensuite à plusieurs reprises d’intermédiaire entre son protecteur et le souverain pontife avant d’œuvrer de la même manière entre ce dernier et le vice-roi de Naples au moment du sac de Rome. À Sienne, il traita avec Lannoy des conditions de libération du pape, qui était enfermé dans le château Saint-Ange et, toujours après le pillage de la Ville Éternelle, il fut envoyé à Paris, pour négocier avec Lautrec les conditions du passage de Guido Rangone à la solde du roi de France. C’est ainsi qu’en sa qualité de correspondant, Bernardo se trouvait dans la capitale française lors du mariage de la princesse Renée de France avec le duc Hercule II d’Este et qu’il revint avec l’épousée à Ferrare en 1528, sans que les raisons de ce changement de mécène fussent connues51.
Quatre ans plus tard, il quitta la duchesse d’Este et s’établit à Venise où il se lia d’amitié avec Sperone Speroni et Girolamo Molino avant de passer sous la protection de Ferrante Sanseverino, prince de Salerne et neveu de Charles Quint52, qui entretenait une cour somptueuse à l’image de sa libéralité et rivalisait avec les princes de la Péninsule pour attirer comme secrétaires ou courtisans les hommes les plus célèbres de son époque53. Selon ses biographes, le Tasse aurait obtenu cette charge, qu’il partagea avec Vincenzo Martelli, grâce à son Libro I degli Amori. Si, dans un premier temps, il put se consacrer à l’otium poétique au sein du Studium urbis54, dès 1535, il suivit son nouveau protecteur à la guerre de Tunis où ce dernier servait pour l’empereur qui prêtait assistance à Muley Hassan afin de reconquérir la ville tombée entre les mains du corsaire Barberousse. Il est logique d’en déduire qu’il prit la mer avec l’armée des croisés en mai 1535 à Barcelone, assista au siège puis à la conquête de La Goulette et participa à la très pénible marche sur Tunis, avant de rentrer au milieu du mois d’août 1535 avec l’armée impériale55. De ce voyage, il rapporta en souvenir à Salerne un vase que son fils, qui en hérita à sa mort, évoqua plus tard dans ses vers56. Cette expédition lui donna aussi probablement l’occasion de rencontrer auprès de Charles Quint57 le poète Garcilaso de la Vega58, sur lequel il eut par la suite une influence déterminante pour la diffusion de la métrique italienne dans la péninsule Ibérique59.
De retour en Italie, l’année suivante, Bernardo épousa Porzia de’ Rossi, dont la dot de cinq mille ducats ne fut payée qu’en partie, ce qui occasionna bien des années plus tard un procès interminable qui empoisonna même la vie de Torquato60. Selon les apparences, il s’agit d’un mariage heureux et Bernardo laissa de nombreuses traces écrites de l’amour qu’il éprouvait pour son épouse, en particulier au moment de son décès61, mais également dans quelques lettres antérieures, notamment dans celle qu’il écrivit à Vettor de’ Franceschi, peut-être au début de l’été 1543 :
Vi dico che mia moglie sta sana e bella d’animo e di corpo e si conforme al desiderio e al bisogno mio, che d’altra qualità non la saprei desiderare. Amola quanto la luce de gli occhi miei e altrettanto da lei essere amato mi godo sommamente62.
De cette union naquit, entre 1536 et 1537, une fille qui fut nommée Cornelia et que Bernardo évoque parfois dans ses écrits, que ce soit au sujet de son éducation63 ou de son futur mariage64. Quelques années plus tard, dans une lettre remontant peut-être au mois de décembre 1543, il mentionne un garçon nommé Torquato mort peu de temps après sa naissance en même temps qu’il annonce une nouvelle grossesse de Porzia, qui donna le jour au futur auteur de la Jérusalem délivrée, le 11 mars 1544 à Sorrente65.
En novembre 1537, vraisemblablement avec l’accord du prince, à la demande des exilés florentins et en compagnie d’autres membres de la famille Strozzi66, il partit en Espagne où il demeura sans doute jusqu’au mois d’août 1538 pour obtenir la libération de Filippo Strozzi67 de la prison où le duc Cosme de Médicis le maintenait enfermé pour avoir organisé une expédition militaire contre Florence en juillet 153768. Il échoua et le rebelle mourut dans la forteresse de Saint Jean-Baptiste. Il était de retour à Venise en 1538, peut-être en août, puis dut rejoindre en novembre à Sienne le prince qui partait pour les Flandres69 se justifier auprès de l’empereur de l’assassinat du marquis de Polignano, dans lequel il était impliqué70. Sanseverino, et donc son secrétaire, étaient à Anvers en mai 1540 et de retour à Naples en octobre de la même année. Un passage en Espagne en 1539, peut-être même avant le départ pour les Flandres, n’est pas documenté, mais par la suite, tout au long de ses vingt et quelques années aux côtés de son mécène, le Tasse accomplit encore de nombreuses autres missions diplomatiques et, de ce fait, dut beaucoup voyager, à son grand dam : « La mia lunga e quasi continua peregrinazione, la quale a guisa di corriero or questa, ora quell’altra parte del mondo mi faceva andar cercando »71.
Sa correspondance atteste de ce fait un sentiment de fatigue tout à fait justifié mais qui correspond aussi à un topos du discours du courtisan-fonctionnaire tel qu’on le rencontre notamment dans les Satires de l’Arioste72, même si, en l’occurrence, ses lamentations sont cautionnées par le témoignage désobligeant de l’Arétin : « Io senza correr poste senza servir corti, e senza mover passo, ho fatto a la vertù tributario qualunche duce, qualunche principe, e qualunche monarca si sia »73.
En 1542, après une période de brouille avec son protecteur à la suite de fausses accusations74, son innocence fut reconnue e il obtint d’être libéré de toutes ses obligations courtisanes, de manière à se consacrer entièrement à l’activité littéraire. Il put ainsi se retirer avec sa famille à Sorrente75, sans doute au début de l’année 1543, et poursuivre la composition de l’Amadis.
Une ligne de partage des eaux dans son activité de courtisan-secrétaire-diplomate-observateur- négociateur semble se dessiner avec son séjour à Sorrente, lors de cette période de repos gracieusement concédée par le prince. Mais ce répit ne dura pas deux ans et Ferrante Sanseverino, engagé aux côtés de l’empereur dans la quatrième guerre contre François Ier, le rappela auprès de lui dans le Piémont au début de l’année 1544. Le poète le rejoignit avec les forces du marquis del Vasto, sous les ordres duquel Sanseverino commandait l’infanterie italienne.
Si l’on en croit ses comptes rendus, il assista à la bataille de Cérisoles, qui vit les troupes impériales défaites par l’armée française le 11 avril 154476, puis accompagna son protecteur dans les Flandres où se trouvait le gros de l’armée de Charles Quint dans le courant du mois de mai. Sa correspondance témoigne d’un passage à Anvers et à Bruxelles77. Son absence fut cependant de courte durée, car il était de retour à Côme le 28 décembre de cette même année 1544. Son fils naquit en mars alors qu’il se trouvait encore dans le nord de l’Italie, mais il ne put retrouver sa famille à Salerne qu’en 1545. S’ensuivit une période marquée par de nombreux déplacements, notamment à Rome. En 1547, Naples fut secouée par la tentative du vice-roi, Don Pedro de Tolède, d’instaurer l’Inquisition à la manière espagnole. Dans cette conjoncture, le peuple et la classe nobiliaire décidèrent d’envoyer des ambassadeurs auprès de l’empereur. Don Placido di Sangro et Ferrante Sanseverino furent les représentants choisis par la population et par l’aristocratie. Le noble Napolitain partit pour Augsbourg où il n’obtint pas gain de cause et fut retenu à la cour. Il rappela alors son secrétaire qui le rejoignit vers la fin du mois d’octobre de cette même année.
En mai 1548, munis du pardon impérial et d’autres concessions mineures, les deux hommes revinrent à Salerne où le vice-roi n’avait toujours pas accepté la prise de position de Sanseverino. Après plusieurs autres dissensions avec le représentant du pouvoir espagnol, le prince fut victime d’un attentat, contraint en pratique à fuir et à changer de camp. Il emmena son secrétaire avec lui78. Lorsque la nouvelle de son changement d’alliance parvint dans la cité parthénopéenne en mars 1552, il fut déclaré rebelle, condamné à mort et tous ses biens furent saisis. Inclus dans cette condamnation, le Tasse y perdit ses rentes ainsi que sa maison de Salerne et ne conserva que les possessions de son épouse, lesquelles lui étaient de surcroît contestées par sa belle-famille.
Le prince fut bien accueilli à la cour d’Henri II et nommé par celui-ci général de l’entreprise dans le royaume de Naples, sans doute dans l’espoir de se servir de son nom pour rallier la noblesse méridionale à la cause française. Il obtint également du roi deux fiefs, dont celui de Tarascon, et vingt mille écus annuels79. En 1552, il confia à son secrétaire une ambassade à Paris pour finir de convaincre le monarque français de reconquérir le royaume de Naples et Bernardo s’y employa en usant même de sa plume :
Invittissimo Errico, or ch’a l’ardente
Vostra virtù tant’è Fortuna amica,
Che quasi un sol che sorga d’oriente
Sgombra ogni nebbia che la terra implica,
Volgete l’armi e l’animosa mente
Ove pur di chiamarvi s’affatica
Con le bellezza sue languide e spente,
Napoli vostra tributaria antica;
Non vi perdete occasione sì bella
Or che v’arride il Cielo, or che seconda
E destra avete ogni contraria stella;
Sì vedrem poi ne la sua lieta sponda
Andar cantando «Errico» ogni donzella,
E rallegrarsi il ciel, la terra e l’onda80.
Mais deux ans après son départ en exil, il comprit que cette campagne n’aurait pas lieu et décida de rentrer dans la Péninsule. En dépit du bannissement auquel il était condamné, en février 1554 il parvint à se réfugier à Rome où il poursuivit ses efforts pour obtenir la sortie de son épouse du territoire napolitain sans pour autant renoncer à ses biens. Sa belle-famille s’y opposa et il ne parvint qu’à faire accepter Porzia et Cornelia dans un couvent. Le jeune Torquato en revanche, âgé de dix ans, ne put y être accueilli et dut le rejoindre dans la Ville Éternelle. En 1556, le Tasse fut douloureusement éprouvé par la nouvelle de la mort soudaine de Porzia qui, d’après lui, aurait peut-être été empoisonnée :
Piango la qualità de la morte, la qual (per quanto posso conietturare) è stata violente, o di soverchio dolore, o di veleno, essendo morta in vintiquattro ore81.
Il envoya à ses amis et connaissances nombre de lettres qui traduisaient sa douleur, mais aussi son inquiétude quant à l’héritage qui devait échoir à ses enfants car il craignait, à juste titre, que tous deux ne fussent spoliés par sa belle-famille. Torquato, parce qu’il était inclus dans la condamnation qui le frappait pour être parti le retrouver à Rome, et Cornelia parce que ses proches cherchaient à la marier en dessous de sa condition82 pour ne la doter que très peu83. Il s’en explique de façon détaillée auprès de Luigi Priuli :
Saprete dunque Virtuosissimo Signor mio, […] che de’ quattro miei cognati, li tre hanno mosso lite sovra l’eredità materna a’ miei poveri figliuoli e uno d’essi, sotto color di bontà, per meglio ingannarla, mostra di pigliar la protezione de la figliuola femmina […] cercando sotto velame d’amore e di carità, perché essa abbia tutta l’eredità di voler privarne il maschio, allegando che, per averlo io tirato presso di me, sia caduto in pena di ribellione, come se in un figliuolino di dodici anni, innocente, chiamato dal padre per educarlo e indrizzarlo ne la strada de le bone lettere potesse o devesse cader meritamente questa imputazione o questa pena. E perché il fine di questo tale non è altro, se non di privar il maschio de la eredità, per non aver a sborsar la maggior parte de la dote e de gli usufrutti che sono ancora in man sua a’ fratelli se vincessero la lite, o a mio figliuolo […] ha preso la protezione di lei, così contra li zii e suoi fratelli, come contra il proprio fratello di essa e mio figliuolo84.
Cette calamiteuse période de sa vie est marquée par plusieurs lettres de doléances, qui sont adressées à des puissants comme Marguerite de Valois85 ou à des connaissances telles que Girolamo della Rovere, où la misère affective le dispute à la misère tout court :
Son rimasto vecchio, povero, anzi mendico, abbandonato da ogni soccorso umano, in arbitrio della mia nemica fortuna che non si sazia né si stanca di piagarmi di continuo l’animo con acutissime punte; con un figliuolo […] il quale non avendo come onestamente notricare, accresce la miseria mia, e con una figliuola femmina, la quale, per non aver il modo né di maritarla né di farla monaca, mi trafigge di continuo l’animo […] Dura cosa è da prospero e felice stato in tanta miseria cadere che si combatta con la fame86.
Ce fut également à ce moment-là qu’il expédia au prince une des premières requêtes qui ponctuèrent par la suite ses rapports de plus en plus tendus avec lui : « Aspetto con altrettanto bisogno, quanto desiderio, di veder con effetti l’affezione che mi portate »87.
Au cours de cette même année 1556, comme il ne parvenait pas à obtenir la restitution de la dot de Porzia, il songea même à entrer dans les ordres88, puis dut fuir la Ville Éternelle en raison de la guerre entre Paul III et les Espagnols, car condamné comme rebelle par la justice espagnole, il aurait été dangereux pour lui d’être capturé par les troupes que commandait alors le duc d’Albe89 qui avait envahi l’État pontifical. Après avoir mis son fils à l’abri à Bergame auprès de la Cavaliera Pace Grumella de’ Tassi, il se dirigea d’abord vers Ravenne puis, sur l’invitation de Guidobaldo II della Rovere, se fixa à Pesaro et Urbin. Les années 1557-58 coïncidèrent avec son séjour auprès de cette cour où il passa au service du duc en 1558 après sa rupture définitive avec le prince de Salerne. En avril 1557, le jeune Torquato l’y rejoignit, car il avait obtenu de la libéralité de Guidobaldo d’être temporairement logé dans l’enceinte du Barchetto90. C’est au sein de cette compagnie raffinée – parmi laquelle figuraient quelques hommes de lettres de renom dont Girolamo Muzio, Dionigi Atanigi et Bernardo Cappello – et pendant les quelques années de sa permanence qu’il put mettre le point final à son poème, dont il lisait quotidiennement un chant à la duchesse91, et entreprendre sa révision complète et définitive afin de le dédier à Philippe II d’Espagne92.
En janvier 1558, Girolamo Molino lui proposa de faire imprimer son roman par la toute nouvelle Accademia Veneziana93, sous la direction de Paul Manuce :
Or sapendo io che Vostra Signoria è per mandar fuori il suo Amadigi tanto aspettato e desiderato da ciascuno, non ho voluto restare di rappresentarvi e ricordarvi questa occasione di questa nova Academia, per la impressione del suo libro, come cosa che veramente vi può apportare gran satisfazione, dovendo voi ragionevolmente desiderare che alla bellezza de la vostra rara opera sia congiunta rara e vaga stampa sopra ogni altra94.
Fondée en novembre 1557 à l’initiative d’un riche patricien de la Sérénissime, Federico Badoer, cette académie qui était aussi nommée della Fama se fixait les objectifs décrits dans sa lettre :
A’ giorni passati s’è congregata insieme una nobile compagnia, sotto titolo di Academia Veneziana, di alcuni dotti e fioriti ingegni, avendo intenzione di giovare a’ letterati e al mondo col metter le mani così ne i libri di filosofia, come di altre facultà; e non solo purgar quelli de gli infiniti errori e incorrezioni […] ma farli insieme con molte utili annotazioni e discorsi e scolie e tradotti appresso in diverse lingue, uscire in luce nella più bella stampa e carta che si sia ancor veduta. Oltra di ciò, intendono dar fuori opre nove e non più stampate, sì per loro come per altri composte95.
Ce cénacle avait donc pour ambition de jouer dans la vie de la Sérénissime un rôle d’« utilità, dilettatione et ornamento grande »96. Passant très rapidement du statut de simple lieu de rencontre d’un groupe d’amis à celui d’institution « caratterizzata da una complessa articolazione interna, da una forte proiezione verso l’esterno, dal preciso intento di giocare un ruolo prestigioso nella vita della Repubblica »97, l’académie voulait aussi promouvoir à la fois des leçons publiques et une activité éditoriale sous le patronage des Manuce98, ce qui l’amena à se tourner vers les plus grands noms de la littérature contemporaine, dont Bernardo Tasso, qui en devint momentanément le chancelier.
L’insertion de la proposition de Molino dans le recueil semble obéir à une logique autopromotionnelle en raison des nombreux compliments pour le vieux99 courtisan qu’elle comporte. Il ne pouvait être que flatté de la qualité des personnes qui le priaient de lui confier son œuvre, de leur insistance, et des éloges qui parcouraient la lettre. Il opposa toutefois à cette offre un refus que motivaient d’abord l’incomplétude du travail de correction, puis des raisons financières qui le poussaient à faire imprimer lui-même son roman :
Dubito che due cose impediranno questo mio e vostro desiderio, l’una perché il poema, eziandio che sia finito, non è ancor ridotto in quella forma ch’ad alcuni […] miei amici è parso ch’io gli dia […] e […] non è ancor, come desidero, purgato di molti errori […]; l’altra ch’essendo io in questo stato ch’al presente mi ritrovo, perdute senza mia colpa, in mia vecchiezza, tutte quelle facultà che ne la mia giovanezza aveva tanto onoratamente acquistate e avendo questo poema con tante mie fatiche, con tanti disagi e con perdita di tanto tempo condotto a fine, devendo come prudente padre di famiglia pensar al beneficio de la mia posterità, ho deliberato di stamparlo a spese mie100.
Les difficultés économiques dans lesquelles il se débattait depuis sa rupture avec Sanseverino, et même avant, sont donc officiellement en partie à l’origine de cette fin de non-recevoir, ce que confirme une lettre de juin 1557 à Girolamo della Rovere qui est prié d’obtenir du roi (de France ?) les subsides promis pour l’impression du roman101.
À la fin de l’année, sans doute pour les mêmes raisons, mais aussi vraisemblablement parce que le programme de l’Académie correspondait à ses intérêts et à ses aspirations poétiques102, il accepta la charge de chancelier de cette congrégation et s’établit dans un appartement à Venise où, entre avril et mai 1559, Torquato vint demeurer103. Parvenu dans la Sérénissime en décembre 1558 dans l’intention de n’y résider que le temps nécessaire à l’impression de son ouvrage, six mois plus tard, il envisageait d’y passer le reste de ses jours, car :
Stanco omai da l’insopportabili fatiche che l’azioni del mondo seco portano e desideroso di sottrare il collo al difficile, noioso e duro giogo de la servitù de’ prencipi, al quale son stato legato quarant’anni […], mi son risoluto qui, dove nacqui e dove l’ossa de’ miei carissimi parenti si riposano, finir (quando a Dio piacerà) la vita mia e il resto de gli anni miei al servigio di questo celebratissimo tempio di Dio e de le virtù consacrare104.
En juin 1559, dans le cadre des leçons publiques organisées par l’Académie, il lut son Ragionamento sulla poesia dans lequel il théorisait l’idée même de poésie. Si on s’en tient aux dates officielles, il signa son accord avec l’Accademia della Fama au début du mois de janvier 1560105, mais donna son congé le 3 mars de la même année, seulement trois mois plus tard. Les raisons n’en sont pas connues – même si Dionisotti pointe du doigt une incompatibilité entre le programme de l’Académie vénitienne et les choix littéraires du Bergamasque106 – Bernardo se limitant à écrire à Speroni :
Io mi sono licenziato dall’Accademia e mi voglio licenziare ancora da questa casa, perché la vicinità causa che’ l Clarissimo mi dà alcuna volta più fastidio, ch’io non vorrei107.
La date de l’accord ne correspond sans doute pas à celle de la prise de fonction. De fait, Bernardo occupait déjà la maison prêtée par l’Accademia au printemps 1559, tant et si bien que le 19 novembre 1559 il invitait l’érudit padouan à le rejoindre dans la cité des doges en lui vantant les commodités dont il disposait : « Tornerò a dirvi ch’io ho una buona casa ed una camera bonissima ben tapezzata, che sta vacua, comodità per lo servitor vostro, massara che cucina bene ed altre comodità »108. Dans une lettre non datée, mais visiblement postérieure à celle-ci, il lui précisait aussi l’emplacement de ce domicile : « La casa è sull’affondamenta del rio da Ca Dolce presso ai Crocicheri. Io ho quattro camere, ma due buone delle quali n’avrete l’elezione »109. Or, il s’agit sans doute de la maison qui lui avait été prêtée par l’Accademia puisque dès la lettre suivante, datée du 3 mars 1560, il dit avoir quitté cette institution et vouloir déménager. Sachant qu’il était rétribué dès novembre 1559 et que, à ce même moment, il écrivait, toujours à Speroni, qu’il serait occupé jusqu’à la Noël par les travaux de l’Académie110, il en découle que sa participation à l’activité de la nouvelle institution est nettement antérieure au mois de janvier 1560 et remonte plutôt à l’année 1559.
Il n’est pas impossible que la brièveté de ses rapports avec cette dernière soit imputable aux problèmes financiers et vraisemblablement politiques que l’Accademia dut affronter. Officiellement, le 19 août 1561, Badoer et ses neveux furent emprisonnés et leurs biens confisqués111 à la suite d’une action intentée contre eux pour des raisons financières. Au-delà des dettes contractées par le noble vénitien, d’autres facteurs concoururent à la fermeture de cette académie. De fait, outre un népotisme pratiqué ouvertement112, elle s’attira des ennuis avec le pouvoir politique à cause de ses rapports avec des commerçants et des hommes de lettres adhérant à la Réforme113 et des soupçons d’œcuménisme culturel114 qu’elle avait suscités au sein du gouvernement vénitien. À ces motifs s’ajoutait sa volonté de faire paraître des œuvres ambiguës115 – qui furent ensuite mises à l’Index – mais aussi, vraisemblablement, les relations qu’elle entretenait avec des ressortissants d’autres nations, au mépris de l’interdiction qui était faite aux patriciens de la Sérénissime de fréquenter tout ambassadeur ou même tout simple citoyen étranger, quand bien même demeurassent-ils à Venise116.
L’Amadis fut tiré à mille deux cents exemplaires par Giolito pendant l’été 1560 et Bernardo dut partager les recettes avec lui. Quels qu’aient été les revenus dérivés des ventes, ils n’étaient manifestement pas suffisants pour lui permettre de vivre décemment117 puisqu’il se mit assez tôt en quête d’un nouveau protecteur, sans qu’on sache pourquoi il n’accepta pas l’hospitalité qui lui était de nouveau offerte par le duc della Rovere118. Après avoir vécu dans la Sérénissime la seule période de son existence où il n’était pas soumis à un seigneur et aux contraintes de la vie de cour, à l’automne 1561, le Tasse tenta de passer au service de la duchesse de Savoie, mais sans succès119. Toujours au cours de cette même saison, il fut ensuite l’hôte de Claudia Rangone entre Modène et Reggio et arriva enfin à Padoue où il accepta l’offre du cardinal Louis d’Este de venir s’installer à Ferrare. Le 16 janvier suivant, il écrivit à Marcantonio Tasca qu’il quittait définitivement Venise et s’occupait d’embarquer ses bagages pour la ville des Este120. Il ne se fixa cependant que dix mois dans sa nouvelle place et tenta dès novembre 1562 de se faire engager par les Médicis, mais ne parvint à trouver un emploi stable qu’en 1563 à Mantoue auprès des Gonzague. Guillaume Gonzague le nomma secrétaire chargé des affaires juridiques et criminelles, puis ministre de la justice et enfin podestat d’Ostiglia. Bernardo dut ainsi de nouveau voyager pendant de longs mois dans les différentes cours italiennes pour remplir les devoirs de sa charge. Sa première mission eut lieu en avril 1563, lorsqu’on le chargea d’apporter dans les cours de Ferrare, d’Urbin et de Pesaro des lettres de condoléances pour la mort de la princesse Giulia della Rovere, épouse d’Alphonse d’Este. En janvier 1564, il fut envoyé à Rome pour obtenir du pape Pie IV la dignité cardinalice pour Ippolito Capilupi, évêque de Fano et nonce apostolique à Venise, et ne rentra à Mantoue qu’en juillet de la même année121. Il n’y a pas trace de déplacements en 1565. On sait en revanche qu’il fut chargé d’une mission à Venise en 1566122. En janvier 1567, désormais âgé de 70 ans, il dut aller à Ferrare, Urbin, Lucques et Florence pour faire part du décès de la mère du duc de Mantoue, mais ce déplacement s’avéra être un désastre pour sa santé. De fait, le Pô était gelé et l’Apennin infranchissable en certains endroits à cause de la grande quantité de neige qui était tombée cet hiver-là et Bernardo revint le 31 janvier fortement éprouvé :
Con estremo mio dolore [fui costretto a farmi] cavare due denti gelati di modo che non v’era rimedio di darli virtù123.
En 1568, Bernardo, toujours plus vieux et plus fatigué, fut dépêché à Città di Castello et à Urbin. Le duc décida de le nommer podestat d’Ostiglia afin qu’il passât ses dernières années plus tranquillement, sans déplacements, mais son séjour dans cette bourgade ne dura pas plus de sept mois après lesquels il s’éteignit dans les bras de son fils en 1569. La fin de sa vie avait été mouvementée et plutôt malheureuse, marquée dans son ensemble par la nécessité de se démener au sein de pénibles contingences financières et matérielles et par de fréquentes maladies dont témoigne le recueil de 1560 :
Ho tanto soprastato a scrivere a Vostra Signoria sperando di poter in breve liberarmi da una violenza di cattarro, che con continuo dolor di testa mi tiene impedito124.
Il mourut après une existence entière placée sous le signe du voyage et de l’errance, de cour en cour, d’une région et d’un pays à l’autre. Une simple évocation nécessairement désordonnée et non exhaustive des lieux125 – au vu de ses nombreuses pérégrinations – suffit à en rendre compte, car depuis sa naissance à Bergame, il séjourna ou passa simplement, parfois à plusieurs reprises, par Padoue, Modène, Pavie, Chiari, Rome, Gênes, Florence, Sienne, Paris (Saint Denis, Poissy, Saint-Germain, Compiègne, Villers-Cotterêts, Fontainebleau), Ferrare, Venise, Salerne, Naples, Plaisance, Sorrente, Tunis, l’Espagne (Barcelone), les Flandres (Gand, Anvers, Bruxelles), le Piémont (Moncalvi, Asti, Montechiaro, Alessandria, Santo Stefano, La Stradella, Belgioioso), Côme, Salerne, Imola, Augsbourg, Lyon, Amiens, Ravenne, Pesaro (L’Imperiale), Urbin, Correggio, Mantoue, Lucques et Ostiglia. Ses lamentations, dès les années 1542-1544, sur ses trop nombreux voyages apparaissent donc a posteriori tout aussi fondées que prémonitoires et, compte tenu des malheurs qui l’ont frappé, quel que soit son caractère littéraire, son recours à la métaphore du nocher aux prises avec la tempête ou au topos pétrarquiste de l’existence semblable à une nef sur une mer en furie s’avère on ne peut plus justifié :
Io ho gettate nel mare di queste mie tribulazioni molte ancore di ragione, affine che questa nave de l’animo mio, da la tempesta de le mie adversità non sia trasportata in qualche scoglio126.
Dès 1531 et tout au long de son existence127, le Tasse s’est consacré à l’écriture sous de nombreuses formes et, dans le domaine de la poésie où il se forma au moins en partie à l’école de Bembo128, il publia des élégies, des odes, des églogues, des sonnets pastoraux, des poésies sur l’amour conjugal, des sonnets amoureux et des chansons. Pour avoir inséré dans son premier ouvrage en vers une églogue qui célébrait son ami Antonio Brocardo129 sous le pseudonyme d’Alcippo et qui fut interprétée comme une attaque à Pietro Bembo, il fut impliqué dans la célèbre dispute littéraire qui opposa le Vénitien au jeune poète en 1530 et se termina par la mort prématurée de ce dernier en août 1531130. Le premier volume de poésies de cet intellectuel itinérant131 est placé sous son patronage et les affirmations de la préface à Ginevra Malatesta confirment l’estime qu’il lui vouait et l’amitié qui l’unissait au jeune homme :
Né pensate ch’io fosse stato sì prosontuoso che l’avessi publicate [le poesie] giamai, se prima molti letterati uomini e ben intendenti di poesia, non me l’avessero persuaso; e specialmente quella ben nata e felice anima di messer Antonio Brocardo, che in questi dì con universal danno et infinito dispiacere d’ogni spirito gentile immaturamente passò di questa vita; il quale se qualche anno ancora vivuto fosse, avrebbe […] mandato fuori degne scritture del suo altissimo ingegno. Egli non solamente me ne persuase, ma con fortissime ragioni mi dimostrò che io devea al tutto farlo132.
Pareille prise de position, relativement courageuse en un moment où l’écho de la querelle ne s’était pas encore éteint, témoigne du prestige dont jouissait Brocardo en ce début de XVIe siècle133. Non content de le mentionner dès l’introduction de son ouvrage, le Tasse lui dédie au demeurant nombre de compositions. Il apparaît pour lors difficile de le croire quand, dans son premier volume de lettres, il proteste de son innocence auprès de Bembo. De fait, Agreste Iddio a cui più tempi alzaro134, qui figure parmi les rimes pastorales du volume, consacre la victoire poétique du berger Alcippo (pseudonyme de Brocardo) sur Titiro (pseudonyme de Bembo)135 et c’est ainsi qu’il fut généralement compris par les contemporains. Or, au moment de faire paraître son recueil épistolaire, le Tasse se défendit de tout sous-entendu avant de terminer sur une exhortation à son destinataire pour qu’il se portât garant de son innocence :
Il sonetto della dedicazione della sampogna […] non solo ha posto a rumore questo studio, ma tutta l’Europa, perché alcuni volendo interpretarlo, non secondo la sincerità della mia intenzione, ma secondo la malizia della loro volontà, hanno detto che sotto il nome di Titiro ho voluto intendere di Monsignor Bembo, cosa che se pur mi fusse caduta nel pensiero, grandissimo biasimo con ragione mi dovrebbe recare. […] Vivete lieto e predicate la mia innocenza136.
Quelles qu’aient pu être les raisons de cette volte-face, l’analyse du contexte littéraire de l’époque met bien en évidence une dissension poétique entre Bembo et notre auteur, car dans L’orme seguendo del tuo sacro ingegno137, ce dernier dresse un véritable panégyrique de son ami défunt et lui reconnaît une fonction de guide vers un « vero stile »138, notamment dans ces vers :
E per quel calle, ove mi fosti scorta, affretto i passi al desir tardi e lenti, lasciando l’altra via fallace e torta139.
La tentation est pour lors grande d’interpréter le dernier d’entre eux comme une référence au « bembismo » d’autant que, dans son étude sur la poésie du Bergamasque, en s’appuyant sur l’utilisation du mot « mirto », qui évoque le nom de Mirtilla, jeune femme aimée de Brocardo, Pintor démontre que le pseudonyme d’Alcippo se rapporte manifestement à Brocardo et insiste sur son détachement des formes pétrarquistes et sur son souhait de parcourir de nouvelles voies140.
Au moment de la parution de son premier recueil épistolaire et alors que jusque-là les relations entre les deux hommes étaient plutôt bonnes141, Bernardo s’attira également les foudres de l’Arétin142 pour avoir sciemment passé sous silence son auctorictas en matière d’épistolographie dans sa lettre à Annibal Caro :
In questo nostro idioma non si leggono lettere di quegli uomini degni d’imitazione che ci dimostrino la dirita strada per la quale possiamo securamente caminare143.
Son expérience poétique ne se limita cependant pas à des compositions occasionnelles, mais s’étendit sur trois livres de poésies regroupées sous le titre de Amori en dépit de sujets parfois très différents. Le premier fut publié en 1531, le deuxième (qui inclut une réédition du précédent) en 1534 et le troisième en 1537. Suivirent un quatrième (1555) et un cinquième (1560) livres de Rime dans lequel figurent aussi les quatre précédents et ses Salmi. Il est également l’auteur de deux recueils épistolaires édités à Venise en 1549 et en 1560 et d’un roman chevaleresque intitulé l’Amadis de Gaule, qui représente à la fois sa dernière œuvre d’importance (1560) et sa consécration. En 1562, Giolito édita sous forme d’opuscule son bref Ragionamento della poesia, qui avait été lu par Bernardo devant l’Accademia Veneziana au moment où il y était entré en qualité de chancelier144.
Il entreprit la rédaction de son deuxième roman chevaleresque, le Floridant, vers la fin de l’année 1563145, mais mourut en le laissant inachevé et ce fut Torquato qui le termina et le fit paraître en 1587. Il semblerait qu’il ait également fait œuvre de dramaturge en écrivant une et peut-être deux pièces de théâtre. Ne sont parvenus jusqu’à nous que quelques témoignages, dont un de Torquato146 et un de Bernardo lui-même dans sa correspondance avec Vincenzo Laureo :
Io dubito ancor che dal mio canto cerchi di levar ogni difficoltà, che non avremo comedia, perché non sapendo la signora Duchessa della mia, avea mandato a posta a pregar con molta istanza il Caro che le mandasse la sua, e avendogliela mandata, dubita non recitandosi, che se lo rechi a ingiura; dall’altra banda Sua Eccellenza teme di non far torto a me avendo già vista e lodata la mia147.
Ses craintes étaient fondées puisque dans la lettre suivante, il évoque l’approche de François de Guise à la tête d’une expédition française contre Naples et l’impossibilité de représenter la pièce parce que :
Potrebbe facilmente essere che in quel tempo ch’a recitar la comedia fosse destinato, fosse necessitato far nello stato suo [del duca d’Urbino] gli alloggiamenti per li soldati di Sua Maestà, cose molto fra sé contrarie e discordanti148.
Une autre indication concernant son activité d’homme de théâtre est fournie par une lettre écrite à l’abbé Riario dans laquelle on lit : « Reciteremo una bellissima commedia degna che pigliaste fatica di venir di Roma fin qui »149. Locatelli150 en déduit qu’on ne pouvait recommander si chaudement qu’une de ses propres œuvres, mais c’est là un raisonnement subjectif151. On peut donc tout au plus noter que, au cours de sa carrière, comme nombre de ses homologues, le Tasse fut amené à s’occuper aussi des divertissements de cour152. De son côté, Seghezzi fait allusion à d’autres œuvres, notamment historiques, mais il n’en est resté nulle trace à l’exception de quelques encouragements de la part de Lodovico Dolce153 et d’une allusion de Bernardo :
Ho deliberato scrivere un’istoria, incominciando da l’Imperio de la felice memoria di Carlo V, perché eziandio che ‘l Giovio l’abbia scritta, essendo le principali parti de l’istorico […] la prudenza e la verità, de l’una de le quali in molte parti essa manca, sarà la mia cara e già desiderata dal mondo154.
Très apprécié et bien intégré dans le monde des cours européennes du XVIe siècle, le Tasse fréquenta aussi bien des rois et des princes que des papes et l’empereur Charles Quint, ainsi que les plus grands représentants de la noblesse italienne, de la hiérarchie ecclésiastique et du monde littéraire. Les index des destinataires de ses deux volumes de lettres offrent un aperçu de la variété et de la qualité de ses correspondants, attestent par là-même son insertion dans un circuit littéraire et, par conséquent, son statut d’écrivain comptant nombre de relations parmi les plus prestigieuses de l’époque155. En 1562, quelques années avant la mort de son père Torquato écrivait d’ailleurs à Benedetto Varchi :
Nessuna eredità né maggiore, né più onorata mi potrebbe lasciare mio padre che le molte amicizie che egli s’ha in lungo corso d’anni (conversando con virtuosi) acquistato, fra le quali non ne deve esser alcuna più da me stimata di quella di vostra signoria156.
Au-delà de toute flatterie formelle, la référence aux nombreux amis de son père se fait bien l’écho d’une réalité toujours d’actualité au cours des dernières années de vie du secrétaire.
Notes
- Que l’on songe au recensement des lettres du Cinquecento et du Seicento entrepris par Emilio Russo, Paolo Procaccioli et Clizia Carminati sur le site Archilet, autrement dit Archive des correspondances littéraires italiennes de l’époque moderne des XVIe et XVIIe siècles.
- Amedeo Quondam, Le «carte messaggiere». Retorica e modelli di comunicazione epistolare; per un indice dei libri di lettere del Cinquecento, a cura di Amedeo Quondam, Roma, Bulzoni, 1981.
- Jeanine Basso, « Quelques réflexions sur les fonctions des lettres en langue italienne publiées entre 1538 et 1562 », La Correspondance, l’édition des correspondances, correspondance et politique, correspondance et création littéraire, correspondance et vie littéraire, Actes du colloque international d’Aix-en-Provence, 5-6 octobre 1983, 4-6 octobre 1984, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1985, vol. I, p. 37-47 ; « Échos de la vie culturelle dans les lettres en langue italienne publiées entre 1538 et 1662 », La correspondance…, vol. II, p. 222-223 ; « Tra epistolario e diario attraverso il Cinquecento e il Seicento », Quaderni di retorica e di poetica, 1985, 1-2, p. 41-47 ; « La lettera “familiare” nella retorica epistolare del XVI e del XVII secolo in Italia », Quaderni di retorica e poetica, 1985, I, p. 57-65 ; « La représentation de l’homme en société à travers les livres de lettres et d’art épistolaire des XVIe et XVIIe siècles en Italie », Traités de savoir-vivre en Italie, Clermont-Ferrand, Association des publications de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Clermont-Ferrand, 1993.
- Voir notamment le récent ouvrage, La lettre au carrefour des genres et des traditions du Moyen Âge au XVIIe siècle, (dir.) Maria Cristina Panzera et Elvezio Canonica, Paris, Classiques Garnier, 2015.
- Giuseppe Guido Ferrero, Lettere del Cinquecento, Torino, Temporelli, 1967, p. 10 ; Aulo Greco, « Tradizione e vita negli epistolari del Rinascimento », Civiltà dell’Umanesimo, Atti del VI, VII, VIII Convegno internazionale del Centro di Studi Umanistici Montepulciano-Palazzo Tarugi 1969, 1970-1971, a cura di Giovannangiola Tarugi, Firenze, Olschki, 1972, p. 105.
- Maria Cristina Panzera, « L’école de l’épistolier. Modèles et manuels de lettres de Pétrarque à Sansovino », La politique par correspondance. Les usages politiques de la lettre en Italie, sous la direction de Jean Boutier, Sandro Landi et Olivier Rouchon, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 23-41.
- Cf. Carlo Dionisotti, « Pietro Bembo », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. VIII, 1966, p. 133-151.
- Maria Cristina Panzera, « La lettre et ses frontières dans les traités épistolaires entre Moyen Âge et Renaissance », La lettre au carrefour…, p. 29- 50.
- Cet essor s’explique aussi, comme on le sait, à la fois par l’alphabétisation croissante de la société et par le développement des chancelleries et de la correspondance administrative et diplomatique. Sur l’apparition d’une rhétorique épistolaire différente de celle qui se pratiquait au Moyen Âge, voir Marc Fumaroli, « La genèse de l’épistolographie classique ; rhétorique humaniste de la lettre de Pétrarque à Juste Lipse », Revue d’histoire littéraire de la France, LXXVIII, n° 6, p. 886-905.
- Sur la différence entre recueil de lettres et recueil épistolaire à vocation littéraire, voir Mario Marti, « L’epistolario come genere e un problema editoriale », Studi e problemi di critica testuale, Convegno di Studi di Filologia italiana nel Centenario della Commissione per i Testi di Lingua (7-9 aprile 1960), Bologna, Commissione per i testi di lingua, 1961, p. 203-208.
- Giacomo Moro, « Selezione, autocensura e progetto letterario; sulla formazione e la pubblicazione dei libri di lettere familiari nel periodo 1542-1552 », Quaderni di retorica e poetica, 1985, I, p. 67-90 ; p. 67 : « Gli epistolari a stampa del Cinquecento rappresentano nella quasi totalità un caso appunto di manipolazione sistematica operata di solito dal mittente ».
- Gianluca Genovese, La lettera oltre il genere. Il libro di lettere, dall’Aretino al Doni, e le origini dell’autobiografia moderna, Roma-Padova, Antenore, 2009, p. XXVI-XXVIII.
- Lodovica Braida, Libri di lettere. Le raccolte epistolari del Cinquecento tra inquietudini religiose e «buon volgare», Bari, Laterza, 2009, p. 9.
- Chiara Schiavoni, « Una via d’accesso agli epistolari. Le dediche dei libri di lettere d’autore nel Cinquecento », Margini, n° 3, 2009, p. 1-2.
- Lodovica Braida, Libri di lettere…, p. 24.
- Pour un récapitulatif complet des éditions de Lettres de l’Arétin après la princeps publiée par Marcolini en 1538 (De le lettere di M. Pietro Aretino. Libro primo, MDXXXVIII, Con previlegii, impresso in Vinetia per Francesco Marcolini da Forlì, apresso a la Chiesa de la Terneta, Nel Anno del Signore MDXXXVIII. Il mese di Genaro. Con Gratia e Privilegi), cf. Pietro Aretino, Lettere, Tomo I, Libro I, a cura di Paolo Procaccioli, Roma, Salerno Editrice, 1997, Nota al Testo, p. 533-574.
- https://www.wga.hu/art/r/raphael/1early/08bembo.jpg.
- Amedeo Quondam, Le «carte messaggiere»…, p. 159-175 ; p. 36 : « Limitandosi a quelli [i libri di autore] con più di dieci edizioni, si può valutare che soltanto Calmo, Parabosco, Bembo, Bernardo e Torquato Tasso, Tolomei, Aretino, Rao, Caro, Sansovino Guarini, Celia e Pasqualigo mettano in circuito un volume di circa 65000 lettere ». Voir aussi p. 40.
- Lettere volgari di diversi nobilissimi huomini et eccellentissimi ingegni scritte in diverse materie, Libro primo, in Vinegia, in casa de’ figliuoli di Aldo, 1543, p. 2 : « J’ai imaginé de recueillir et de faire imprimer quelques lettres d’hommes avisés, écrites avec éloquence, dans notre langue italienne […]. Je suis convaincu que les auteurs de ces lettres ne m’en voudront pas de montrer au monde la fine fleur de leur pensée pour le bien de tous, parce que de la sorte ils donneront de l’audace à ceux qui savent écrire, et ceux qui ne savent pas leur seront redevables, car grâce à ces exemples, ils pourront étudier comment se forme la belle écriture ».
- Amedeo Quondam, Le «carte messaggiere», p. 41.
- Lodovica Braida, Libri di lettere…, p. 23 : « Molte di queste raccolte sono veri e propri repertori di citabilia, in cui si sintetizzano locuzioni, stili, argomentazioni, norme per scrivere lettere ».
- Cf. Anne Jacobson Schutte, « The “Lettere Volgari” and the Crisis of Evangelism in Italy », Renaissance Quarterly, XXVIII, 1975, p. 662 ; Lodovica Braida, Libri di lettere…, p. 7.
- C’est ainsi que ce même genre épistolaire servit de caisse de résonance aux valdésiens et/ou « spirituels » et/ou réformistes entre 1542 et 1560 environ.
- « La véritable façon de bien écrire ».
- « La véritable façon de bien vivre ».
- Francesco Sansovino, Del secretario di M. Francesco Sansovino. Libri IV, in Venetia, Appresso Francesco Rampazetto, 1564.
- Torquato Tasso, « Il Segretario », Prose diverse, a cura di Cesare Guasti, vol. II, Firenze, Le Monnier, 1875.
- Il y a d’une part l’imprimerie avec ses besoins, ses possibilités, son public qui allaient croissant, de l’autre la diffusion toujours plus large d’une culture fondée sur l’écriture, avec une affirmation toujours plus grande de la langue vulgaire face au latin.
- Lett. Com. 1.
- Lett. Com. 3.
- Paola Baratter, « Una controversia settecentesca: la patria di Bernardo Tasso », Quaderni veneti, 2004, XL, p. 107-120, voir p. 113.
- Lett. Com. 1, p. ii : « Il naquit de Gabriello, fils de Ruggero, et d’une mère vénitienne de la très noble famille des Cornari, en MCCCCLXIII, le XI novembre. Bien que né d’une famille bergamasque, il ne faut pas le compter parmi les écrivains de Bergame ; (ce qui pourra peut-être paraître étrange à certains), car il faut le dire sans aucun doute Vénitien, non seulement parce que sa mère était une Cornari, comme il a été dit, mais aussi parce qu’il naquit à Venise ».
- Cf. Oda nel suo Natale, dans vol. I, LII, p. 351-353 : « Dico il giorno sereno/ Che del santo paese/ Vestita d’umiltà l’alma discese,/ E d’Adria ne l’altero almo terreno/ Aperse gli occhi alla gran Donna in seno ». Seghezzi comprend l’expression « gran donna » comme une référence à la cité lagunaire quand Serassi affirme exactement le contraire : « Chi potrà dir mai che in questi versi non intendesse il Poeta favellar di Bergamo? ». Cf. Lett. Com. 3, p. 14.
- Lettere, II, CXXX, p. 587-90-91-88 (sic) : « J’ai résolu, quand il plaira à Dieu, de finir mes jours ici, où je naquis et où reposent les ossements de mes très chers parents ».
- Lettere, II, CLXXV, p. 567-574.
- Paola Baratter, « Una controversia settecentesca… », p. 114.
- Lettere, II, CLXXIV, p. 558-567 : « Sachez donc que je suis gentilhomme de Bergame, fidèle sujet de l’Excellentissime République de Venise et de la famille des Tassi, si dévouée et soumise au service de la Sérénissime maison d’Autriche ».
- Lettere, II, CLXXV, p. 567-574 : « Votre Seigneurie Illustrissime saura donc que je suis gentilhomme de Bergame, fidèle vassal de l’Excellentissime République de Venise ».
- Lett. Com. 3, p. 28-30 : « Né solamente egli stesso s’è sempre Bergamasco chiamato; ma tutti gli scrittori eziandio che di lui a trattar ebbero, Bergamasco lo nominarono […] Torquato […] dacci su questo punto la sentenza, e dallaci diffinitiva […]. In un’Orazione che nel Dialogo del Piacer onesto leggesi […] fa dir […] a Bernardo suo padre; IN BERGAMO SON NATO CITÀ NOBILE DI LOMBARDIA PIENA DI LETTERE E DI CREANZE ».
- Lett. Camp., XX, p. 119-128 : « Votre Seigneurie sait que je suis gentilhomme de Bergame, né à Venise et fidèle sujet de son Excellentissime République ».
- Lett. B&T.
- Angelo Solerti, « Per il terzo centenario di Torquato Tasso », Giornale Storico della Letteratura Italiana (désormais abrégé en GSLI), 1896, XXVII, p. 397.
- Solerti n’adopte pas la même position dans sa Vita di Torquato Tasso, Torino, Loescher, 1895, p. 2 et dans son article paru sur le GSLI.
- « Il faut retenir donc que, bien que Bernardo dise et répète qu’il est né à Venise, il est en fait né à Bergame ». La question est suffisamment complexe pour citer presque intégralement le texte de Solerti (« Per il terzo centenario… », p. 397) qui se réfère à un article de Fiammazzo publié à l’occasion du troisième centenaire de Torquato : « Questi osserva giustamente al Mazzoleni, il quale in uno scritto recente tentò […] di rivendicare a quella città [Bergamo], l’onore di aver dato i natali a Bernardo, che alla stregua dei documenti che oggi si hanno, è impossibile non affermare essere Bernardo nato a Venezia, poichè così dice, e in più di un luogo, egli medesimo. Ma, osserva ancora il Fiammazzo, mentre il Serassi sostenne quella opinione, e vittoriosamente, nel Parere sopra la patria di Bernardo e di T. Tasso, (Bergamo, 1742), e il Seghezzi mostrò arrendervisi, non ne fece poi più cenno, nella Vita di T. Tasso scritta parecchi anni dopo. E il Fiammazzo prosegue: « io posso infatti aggiunger oggi, di fonte sicura, che quando dettava la Vita di Torquato, l’abate s’era già completamente ricreduto sul luogo di nascita di Bernardo, ma vinto dalla pietosa sollecitudine, ch’Ella gli ascrive a lode, tacque piuttosto che mentire scientemente ». E dichiara che la medesima pietosa sollecitudine d’un erudito bergamasco gli impone di non aggiungere a questo proposito nemmeno una sillaba di più. Il Fiammazzo allude qui al Ravelli il quale infatti, a p. 38 delle Lettere inedite testè citate, accenna a tale questione dicendo che « non mancherebbero nuove e fortissime ragioni » per sostenere essere veramente Bernardo nato in Bergamo; ma anch’egli preferisce « di seguire il sistema adottato più tardi dal Serassi (conoscendone le ragioni), e non dire più parola su questo argomento ». Anch’io ho conosciute per mezzo del Ravelli queste ragioni; ma troppo mi hanno accusato di avere vilipesa la memoria di Torquato, perché sveli io anche questo mistero; pur credendo che, se fosse svelato, nessuna offesa ne potrebbe venire alla memoria di Bernardo e di Torquato. É da ritenere adunque che, sebbene Bernardo dica e ripeta di essere nato a Venezia, egli è nato invece a Bergamo ».
- Carlo Dionisotti, « Amadigi e Rinaldo a Venezia », dans La ragione e l’arte. Torquato Tasso e la Repubblica Veneta, a cura di Giovanni Da Pozzo, Venezia, Il Cardo, 1995, p. 15 : « Quoi qu’il en soit et où qu’il soit né […], il était né sujet de la Sérénissime ».
- Peut-être au sens large du terme si on en croit les dires de Torquato. Voir note suivante.
- Le lettere di Torquato Tasso, disposte per ordine di tempo ed illustrate da Cesare Guasti, Firenze, le Monnier, 1853, II, n. 467, p. 492-493 : « Je ne refuserai pas de vous donner les informations que j’ai sur la famille de mon père, même si elles sont incomplètes, car j’étais encore petit lorsque j’habitai à Bergame et ne demeurai que quelques mois dans cette ville. C’est pourquoi, ce que je vous écris me vient en grande partie de mon père […]. Sachez donc qu’il fut élevé par un oncle (c’est ainsi qu’il l’appelait), l’évêque de Recanati, qui le mit dans une école et lui fit faire des études en payant sa pension ; et si l’évêque n’était pas mort de mort violente, les choses se seraient peut-être mieux passées pour mon père ».
- Cf. Fortunato Pintor, « Delle liriche di Bernardo Tasso », Annali della Reale Scuola Normale di Pisa, 1900, XIV, p. 21.
- https://www.wga.hu/art/c/clouet/francois/king_fra.jpg.
- Voir plus bas le chapitre sur les lettres à caractère historique et les citations dans lesquelles le Tasse exprime ses doutes sur la valeur des soldats français.
- On sait simplement grâce à Campori (Lett. Camp., p. 11) que le prince Hercule Ier d’Este annonçait le fait à son père dans une lettre écrite de Saint Jean de Maurienne et conservée dans l’Archivio Palatino de Modène.
- Né en 1507 et fils unique de Roberto Sanseverino et de Maria d’Aragona, cousine de l’empereur, à la mort de son père alors qu’il n’avait que deux ans, il fut confié à Bernardo Villamarino pour être éduqué dans une famille de vieille noblesse espagnole et ne pas imiter son grand-père qui avait été impliqué dans la conjuration des barons contre le roi Ferdinand Ier. Le jeune Ferrante qui possédait déjà la principauté de Salerne et les seigneuries de Marsico, Tricarico, Corigliano, Melito, Potenza, Saponara, Terlizzi, Nardi, Caiazzo, et Sanseverino, épousa dès 1516 Isabella Villamarino qui lui apporta une dot de 40 000 ducats et le comté de Capaccio. Il fut instruit par des maîtres parmi les plus savants de Naples dont l’humaniste Pomponio Gaurico. Cf. Laura Cosentini, Una dama napoletana del XVI secolo, Isabella Villamarino principessa di Salerno, Trani, Vecchi, 1896, p. 3-20.
- Parmi lesquels l’Arétin, qui ne résida pas auprès de lui mais à qui il versa des émoluments, les deux frères Martelli, Lodovico puis Vincenzo. Cf. Laura Cosentini, Una dama napoletana…, p. 43-44.
- Cf. Nino Cortese, Cultura e politica a Napoli dal Cinquecento al Settecento, Edizioni scientifiche italiane, Napoli, 1965 (II).
- Ludwig Von Pastor, Histoire des Papes depuis la fin du Moyen Âge, Paris, Plon, 1925, t. XI, p. 182-195.
- Opere di Torquato Tasso, vol. V, Pisa, presso Niccolò Capurro, MDCCCXXII, p. 95 : « Quest’arca fu di preziosi odori/ Ch’or è vaso d’inchiostro; e fra le prede/ Ch’egli acquistò nell’Affricana Sede,/ Ancor lui tolse il mio buon padre a’ Mori; E ‘n quest’uso adoprollo, e i vaghi amori/ Per lui fe conti, e la sua stabil fede; Né del gran Carlo, o del felice erede/ Senza lui celebrò l’arme e gli allori. Ed oltra l’Alpe e la famosa Ardenne/ Nell’esiglio portollo, e nella morte./ Lasciollo a me cara memoria acerba./ Galengo, a me fortuna ancora il serba;/ Deh ! Quando io lodo il saggio Alfonso e forte,/ Mai non sia scarso alla mia stanca penna ».
- https://www.wga.hu/art/t/tiziano/10/21/12charle.jpg.
- D’après Pintor (« Delle liriche di Bernardo Tasso », p. 27), il aurait peut-être déjà rencontré le poète espagnol en 1532, lorsque celui-ci était venu à Naples aux côtés du vice-roi, Don Pedro de Tolède.
- Giovanni Caravaggi, « La fortuna di Bernardo Tasso in Spagna », dans Tasso e l’Europa: con documentazione inedita, Atti del Convegno Internazionale (IV Centenario della morte del Poeta), Università di Bergamo, 24-26 Maggio 1995, a cura di Daniele Rota, Lama di S. Giustino, Baroni editore, 1996, p. 337-353 ; Giovanni Caravaggi, « Modelli ariosteschi e tassiani dell’epistola poetica spagnola del Rinascimento », dans La tela de Ariosto: El «Furioso» en España: Traducción y recepción, Málaga, Universidad de Málaga, 2008, p. 37-50.
- Cf. Edward Williamson, Bernardo Tasso, Roma, Edizioni di storia e letteratura, 1951 (ristampata in traduzione italiana a cura di Daniele Rota, Bergamo, Stefanoni, 1993), p. 28 : « La sua dote fu stabilita in cinquemila ducati, ma solo una piccola parte fu pagata. Ad un certo momento il Tasso promosse un’azione legale per obbligare al pagamento di tremila ducati. Ci fu un antifato di millecinquecento ducati, ma anch’esso restò in possesso ed amministrazione dei fratelli di Porzia ».
- Dans le cinquième livre de ses Rime (Rime, vol. II, p. 145-173), le poète ne consacre pas moins de cinquante sonnets et une chanson à l’expression de sa douleur.
- Lettere, I, CXXXVII, p. 251-253, peut-être rédigée au début de l’été 1543 : « Je vous dis que mon épouse est saine et belle d’âme et de corps et si conforme à mon désir et à mon besoin, que je ne saurai la désirer autrement. Je l’aime comme la prunelle de mes yeux et me réjouis d’être tout autant aimé d’elle ». D’autres allusions à Porzia ponctuent les lettres CXXXII (p. 240-242) et CLX (p. 255-258) dans le premier volume, tandis qu’en raison de sa tonalité plus familière, le deuxième laisse davantage de place à l’expression de ses sentiments. Voir Lettere, II, V, p. 26-27 ; VI, p. 28-29 ; XVII, p. 57-60 ; XVIII, p. 61-63 ; XXVI, p. 78-83 ; XXXVI, p. 104-107 ; XXXVII, p. 108-113 ; LIX, p. 159-162.
- Cf. la célèbre lettre à Porzia sur l’éducation des enfants, Lettere, I, CXCIX, p. 352-359.
- Lettere, I, LV, p. 100-103.
- Lettere, II, XXIV, p. 78-83.
- Lettere a Benedetto Varchi (1530-1563), a cura di Vanni Bramanti, Roma, Vecchiarelli, 2012, p. 124, n. 3 : « Nel novembre del 1537, nella speranza di salvare Filippo Strozzi, Bernardo Tasso, insieme a Ruberto Strozzi, Lione Strozzi e Francesco de’ Pazzi, si recò in Spagna alla corte di Carlo V ».
- Pour plus de détails sur cet épisode obscur de la vie du Tasse, voir Edward Williamson, op. cit., p. 29 et n. 46.
- Sur le contexte historique et la position fluctuante de Filippo Strozzi vis-à-vis du pouvoir médicéen, cf. Paola Cosentino et Lucie De Los Santos, « Un nuovo documento sul fuoriuscitismo fiorentino: undici lettere inedite di Luigi Alamanni a Filippo Strozzi (aprile 1536-febbraio 1537) », dans Laboratoire Italien. Politique et société, 2001, I, p. 141-167. La correspondance relative aux différentes interventions du Tasse et d’autres en faveur du Florentin a été exhumée de l’Archivio Uguccioni Gherardi par Giovanni Battista Nicolini, Tragedie nazionali, a cura di Corrado Gargiolli, Milano, Guigoni, 1880, vol. II, p. 458-477.
- Il n’existe pas de témoignage direct de ce voyage, mais le raisonnement de Williamson sur la date de début de composition de l’Amadis corrobore cette hypothèse. Cf. Edward Williamson, op. cit., p. 90-93.
- De fait, alors qu’une des premières dispositions prises par le gouvernant espagnol interdisait les duels sous peine de mort, il arriva que, pour une question de jeu, Vincenzo Torraldo, marquis de Polignano, se crut offensé par le prince de Salerne et le provoqua en duel. L’affaire fit tant de bruit que Don Pedro dut faire emprisonner le marquis, mais des mois passèrent sans que son procès n’aboutisse. Un jour où Torraldo se penchait à la fenêtre pour voir d’où provenait une rixe qui faisait grand bruit sous les murs de la prison, un coup d’arquebuse partit d’une maison abandonnée et le tua sur le coup. Bien que la responsabilité de l’acte n’ait pu être prouvée, celui-ci était manifestement signé et, par ce qu’il supposait d’orgueil seigneurial, accrut la haine du vice-roi qui imposa à Sanseverino une amende de quarante mille ducats et l’obligea à partir présenter sa défense auprès de l’empereur. Voir Raffaele Colapietra, I Sanseverino di Salerno, mito e realtà del barone ribelle, Salerno, Laveglio éd., 1985, p. 175-176.
- Lettere, I, LXXXII, p. 148-153 : « Ma longue et presque continuelle prérégrination qui, tel un courrier, me faisait parcourir tantôt une partie du monde, tantôt une autre ».
- Cf. Ludovico Ariosto, Satire, a cura di Guido Davico Bonino, Rizzoli, Milano, 1990, I, 96-98 et p. 112-114.
- Pietro Aretino, Lettere, lettre 345, p. 267-270 : « Moi sans courir la poste, sans servir les cours et sans même faire un pas, j’ai assujetti à la vertu n’importe quel duc, n’importe quel prince et n’importe quel monarque ».
- Voir le chapitre portant sur les lettres de reproches.
- Lettere, I, LXXXII, p. 148-153 : « Ho eletto per mia abitazione Sorrento, città vicinissima a Napoli, d’aere, di sito, e d’ogni altra qualità, che piacevole e dilettoso possa rendere un luogo, dalla natura dotata ».
- Sur cet épisode en particulier, voir le chapitre sur les lettres à caractère historique.
- Lettere, I, CLXV, p. 301-302 et CLXVI, p. 302-303.
- Pour un compte-rendu plus détaillé des événements qui eurent lieu entre 1547 et 1552, voir le chapitre portant sur la tourmente de l’histoire napolitaine.
- Giovanni Lovito, Bernardo Tasso: lettere scelte, letteratura e storia del Rinascimento italiano, Pozzuoli, Ferrario, 2010, p. 20, n. 18.
- Rime, vol. II, XXX bis, p. 68 : « Invincible Henri, à présent qu’à votre éclatante/ Vertu, la Fortune est si amie/ Qu’elle est tel un soleil se levant à l’orient/ qui dissipe toute brume que la terre retient ;/ Tournez vos armes et votre valeureux esprit/ Là où ne cesse de vous appeler/ De toute sa beauté languissante et éteinte/ Naples, votre ancienne tributaire ;/ Ne perdez pas si belle occasion/ À présent que le ciel vous sourit et qu’alliées/ et favorables vous sont toutes les mauvaises étoiles ;/ De sorte que nous voyions sur ses rivages sereins/ Aller chantant « Henri » toute donzelle/ Et se réjouir le ciel, la terre et l’eau ».
- Lettere, II, LVIII, p. 158-162 : « Je pleure la façon dont elle est morte, car (pour autant que je puisse conjecturer) elle a été violente, que ce soit d’extrême douleur ou de poison, puisqu’elle est morte en vingt-quatre heures ».
- Entre le mois de novembre 1557, où Bernardo refuse de donner son consentement à un projet de mariage avec un jeune homme pauvre de Sorrento, Marzio Sarresale, et le mois de juillet 1558, lorsqu’il s’inquiète du sort du jeune couple après une incursion des Turcs sur la côte sorrentine.
- Cf. Lettere, II, LXVIII, p. 196-199, Al Signore Battista l’Olmo : « Di più, […] desidero che facciate opera che Sua Signoria scriva una lettera al Signore Zappada, stringendolo a pigliar la protezione di questi poveri pupilli, e specialmente di Cornelia, che si trova a Napoli, la qual dubito che li zii, per tener in mano quella parte de la dote de la Madre, […] contra mia voluntà non le diano marito e indegno di lei », ainsi que LXII, p. 168-172 ; LXIV, p. 174- 176 ; LXV, p. 177-180 ; LXIX, p. 200-204 ; LXX, p. 204-207. D’après Lettere, II, LXVI, p. 180-186, Cornelia aurait récupéré le tiers de la dot de sa mère, soit mille cinq cents ducats. Mais cette information est démentie dans LXXVII, p. 241-243, où Bernardo affirme que ses enfants ont perdu tout leur héritage.
- Lettere, II, LXXII, p. 220-223 : « Sachez donc, mon très vertueux seigneur, que de mes quatre beaux-frères, trois ont contesté l’héritage maternel à mes pauvres enfants et que l’un d’eux, sous couleur de bonté, pour mieux la tromper, fait semblant de vouloir protéger la fille […] en tentant, sous prétexte d’amour et de charité, de faire en sorte qu’elle ait tout l’héritage et que le garçon en soit privé. Il prétend que, comme je l’ai pris avec moi, il est en état de rébellion, comme si chez un enfant de douze ans, innocent, appelé par son père pour être éduqué et mis sur le chemin des belles lettres, cette accusation ou cette peine pouvait être justifiée. Et comme le but de cet homme n’est autre que de priver le garçon de son héritage pour ne pas avoir à reverser la plus grande partie de la dot [de Porzia] et de son usufruit, encore entre ses mains, ou à ses frères s’ils gagnaient leur procès, ou à mon fils […] il l’a prise sous sa protection autant contre ses oncles, qui sont aussi ses frères, que contre son propre frère, c’est-à-dire mon fils ».
- Pour laquelle il avait composé de nombreuses odes durant son séjour à la cour de France.
- Lettere, II, LXII, p. 168-172 : « Je me retrouve vieux, pauvre, voire miséreux, abandonné de tout secours humain, à la merci de ma fortune ennemie qui jamais ne se rassasie ni ne se lasse de blesser continuellement mon âme par des pointes acérées ; avec un fils […] aux besoins duquel je ne sais comment subvenir honnêtement, ce qui accroît encore mon malheur, et avec une fille que je n’ai les moyens ni de marier ni de faire rentrer au couvent, et cela me brise le cœur. Il est bien dur de tomber d’une condition prospère et heureuse en une telle misère, qu’il faille lutter contre la faim ». Voir aussi le chapitre concernant les lettres privées ainsi que Lettere, II, LXI, p. 165- 167 ; LXIII, p. 172-173.
- Lettere, II, XLV, p. 126-131 : « J’attends avec autant de besoin que de désir de voir les effets de l’affection que vous me portez ».
- Lett. Com. 3, 14, p. 86-89 : « Io non solamente sono risoluto di stare in Roma, ma poiché è piaciuto a Dio di levarmi la mia consorte, ho deliberato fermamente di farmi prete e tentar con buona occasione questi anni che mi restano di vita per quest’altra strada la fortuna mia ».
- Antonio Brancati, « Bernardo e Torquato Tasso alla corte di Guidobaldo della Rovere », Studia Oliveriana, vol. I, 1953, p. 63-75.
- Angelo Solerti, Vita di…, vol. I, p. 30. Cf. également Antonio Brancati, « Bernardo e Torquato Tasso… », p. 66.
- Lettere, II, CXIX, 349-351.
- Pour plus de détails concernant cette période de sa vie et la composition de l’Amadis, se rapporter au chapitre portant sur les lettres préparatoires de l’Amadis.
- Voir Paul Lawrence Rose, « The Accademia veneziana. Science and culture in Renaissance Venice », Studi veneziani, XI, 1969, p. 192-242.
- Lettere, II, CXL, p. 453-454 : « À présent, sachant que Votre Seigneurie est sur le point de publier son Amadis tant attendu et désiré de chacun, je n’ai pas voulu omettre de vous rappeler l’opportunité de cette nouvelle Académie pour l’impression de votre livre et de revenir là-dessus, car c’est là quelque chose qui peut vous donner grande satisfaction, puisqu’il est probable que, raisonnablement, vous désiriez qu’à la beauté de votre ouvrage exceptionnel corresponde une impression exceptionnelle et d’une élégance supérieure à toute autre ».
- Lettere, II, CXL, p. 451-455 : « Dans les jours derniers, sous le nom d’Académie Vénitienne, s’est regroupée une noble compagnie d’esprits savants et élégants, avec l’intention de profiter aux hommes de lettres et au public en remettant sur le métier aussi bien des livres de philosophie que d’autres disciplines, non seulement pour les émender de leurs infinies erreurs et incorrections […] mais aussi pour les faire paraître dans la plus belle édition avec le plus beau papier qu’on ait jamais vu, tout en leur adjoignant nombre d’annotations fort utiles et autres commentaires et scolies et en les traduisant en plusieurs langues. En outre, ses membres ont l’intention d’éditer de nouvelles œuvres jamais parues, qu’eux-mêmes ou d’autres ont composées ».
- Lodovica Braida, op. cit., p. 106 : « D’utilité, d’agrément et de grande splendeur ».
- Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana: splendore e decadenza di una utopia enciclopedica », Università, Accademie e Società scientifiche in Italia e in Germania dal Cinquecento al Settecento, a cura di Letizia Boehm e Ezio Raimondi, Bologna, il Mulino, 1981, p. 117-168, p. 121 : « Caractérisée par une articulation interne complexe, par un fort rayonnement vers l’extérieur, par son intention affirmée de jouer un rôle prestigieux dans la vie de la République ».
- L’Accademia Veneziana se proposait de prendre part à la vie culturelle de la cité et à la formation de sa future classe dirigeante en menant une activité éditoriale intense par la publication d’œuvres inédites et rares en langue vulgaire et en latin sous la direction de Paul Manuce, en organisant des leçons publiques données par certains de ses membres et en constituant une bibliothèque de l’Académie ouverte au public et inaugurée en 1558. Elle se destinait également à participer aux actions de la Bibliothèque publique, à la divulgation des lois vénitiennes par leur réimpression, à l’accueil des princes et des étrangers en visite ainsi qu’au contrôle de toutes les typographies vénitiennes. Cf. Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana… », p. 152, et Rosanna Morace, Dall’ «Amadigi» al «Rinaldo»…, Bernardo e Torquato Tasso tra epico ed eroico, Alessandria, Dell’Orso, 2012, p. 5.
- En 1560, Bernardo Tasso avait 64 ans et Dionisotti souligne sa vieillesse dans l’introduction de son article « Amadigi e Rinaldo… », p. 13-33.
- Lettere II, CXLI, p. 456-461 : « Je crains que deux choses ne mettent un frein à votre désir et au mien, l’une étant que le poème, bien que terminé, ne se présente pas encore sous la forme que certains […] de mes amis voudraient qu’il ait […] et […] qu’il n’est pas encore, comme je le souhaiterais, émendé de bien des erreurs ; la deuxième raison est que, dans l’état où je me trouve en ce moment, après avoir perdu dans ma vieillesse, sans avoir failli, toutes les richesses que j’avais honorablement acquises pendant ma jeunesse et ayant mené à bien ce poème au prix d’un grand labeur, de nombre de désagréments et en y perdant autant de temps, je dois en père de famille prudent penser au bien de ma postérité et j’ai décidé de l’imprimer à mes frais ».
- Lettere II, CIX, p. 332-324 : « Dal quale n’aspetto grandissima utilità, facendolo stampar a mie spese. E poi che ho vegghiate tante notti, affaticatomi tanti anni, ritrovandomi ne lo stato che mi trovo, è ragione ch’io pensi anco a cavarne utile e beneficio per sostegno di questo innocente figliuolo ».
- Rosanna Morace, Dall’ «Amadigi» al «Rinaldo»…, p. 10, p. 20.
- Cf. Angelo Solerti, Vita di…, p. 39-40.
- Lettere, II, CLXXX, p. 587-90-91-88 (sic) : « Las désormais des insupportables tracas que les affaires du monde comportent et désireux d’ôter de mes épaules le pénible et dur joug que constitue le service des princes auquel j’ai été astreint pendant quarante ans […], j’ai résolu (quand il plaira à Dieu) de finir ici, où je naquis et où reposent les dépouilles de mes parents, ma vie et de consacrer le reste de mes années au service de ce très célèbre temple de Dieu et des vertus ».
- On sait que le Tasse arriva à Venise en décembre 1558 (Lettere, II, CLXVIII, p. 533-535), qu’il était membre de l’Académie en juin et que l’Accordo della Ditta, e Fratelli co’l Tasso remonte au 6 janvier 1560.
- Carlo Dionisotti, « Amadigi e Rinaldo… », p. 17. Son opinion est résumée p. 18 : « Mi pare che i dati bibliografici a me noti dimostrino che quell’Accademia Veneziana non era sede adatta per la pubblicazione di un poema come l’Amadigi né compagnia buona per l’autore ».
- Lett. Com. 3, 45, p. 148-149 : « J’ai quitté l’Académie et je veux quitter cette maison aussi, car le voisinage est cause de ce que le sieur Clarissimo me procure parfois plus de désagréments que je ne le voudrais ».
- Lett. Com. 3, 43, p. 143-147, Al molto eccellente Signor mio Osservandissimo, il Signore Speron Speroni, a Padova. La lettre porte la date du 19 novembre 1559 : « Je vous redis que je dispose d’une belle maison et d’une bonne chambre bien tapissée, qui est inoccupée, de commodités pour votre serviteur, d’une ménagère qui cuisine bien et d’autres commodités ».
- Lett. Com. 3, 44, p. 147-148 : « La maison se trouve sur le rio de la Ca’Dolce, près des Crocicheri. J’ai quatre chambres, mais deux bonnes parmi lesquelles vous aurez le choix ».
- Lett.Com. 3, 43, p. 143-147 : « Né io penso per le occupazioni di questa benedetta Accademia, di poter venir [a Padova] prima che a questo Natale ».
- Rosanna Morace, Dall’«Amadigi» al «Rinaldo»…, p. 19.
- Les conservateurs des quatre conseils étaient des neveux de Badoer et l’abbé Marlopino qui était étroitement lié à la famille. Personne d’autre n’avait accès aux charges honorifiques. Cf. Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana… », p. 118 et p. 149.
- Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana… », p. 132-133.
- Lina Bolzoni, La stanza della memoria. Modelli letterari e iconografici nell’età della stampa, Torino, Einaudi, 1995, p. 20 : « Ecumenismo culturale che, nei rapporti con il mondo germanico, opera una specie di rimozione dei conflitti religiosi ».
- En une période – les années 1559 et 1560 – où l’image de Venise, État neutre, île de liberté, est en train de basculer et où la République suit le mouvement de répression religieuse qui s’est abattu sur le reste de la Péninsule. Voir Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana… », p. 162-163.
- Lina Bolzoni, « L’Accademia veneziana… », p. 160-162, ajoute également que la méfiance de l’appareil d’État vis- à-vis du projet de faire de l’Accademia une institution culturelle publique dut également avoir sa part de responsabilité dans sa fermeture et dans la censure qui s’ensuivit.
- Voir à ce sujet le chapitre sur les lettres privées.
- Cf. Lettere di Giambattista Busini a Benedetto Varchi sopra l’assedio di Firenze, corrette ed accresciute di alcune altre inedite per cura di Gaetano Milanesi, Firenze, Le Monnier, 1860, p. 266.
- Cf. Lettre de Luca Contile à Bernardo du 3 novembre 1561, Lett. Com. 3, p. 189-192.
- Lett. MTasca, IV, p. 16-17.
- Sur les détails de cette mission, voir Lett. Port., p. 8-11.
- Cf. Lett. Port., p. 78, 27 avril 1556, ainsi que Rosanna Morace, Dall’ «Amadigi» al «Rinaldo»…, p. 46.
- Lett. Port., p. 163, 3 février 1567 : « À ma très grande douleur, [je fus contraint de] me faire arracher deux dents gelées de telle sorte qu’il n’était pas possible d’y remédier ».
- Lettere, II, CXXXIII, (1557) p. 434-437 : « J’ai si longuement tardé à écrire à Votre Seigneurie, car j’espérais pouvoir me défaire rapidement d’une violente crise de catarrhe qui me cloue au lit avec un continuel mal de tête ». Voir plus bas le paragraphe consacré à son état de santé.
- Non exhaustive, parce que fondée sur les principales destinations de ses voyages, dont les étapes ne sont le plus souvent pas mentionnées, et parce que j’omets volontairement de citer les petites villes ou villages d’où sont postées certaines des lettres, comme Rons ou encore Torsi, Lonzano et Avellino pour ne donner que quelques noms.
- Lettere, II, LXII, p. 168-172 : « J’ai jeté dans la mer de mes tribulations bien des ancres de raison afin que la nef de mon âme ne soit entraînée sur quelque écueil par la tempête de l’adversité ».
- Vers la fin de sa vie, alors qu’il se trouvait à Mantoue au service des Gonzague, il ne publia plus mais se consacra à la composition du Floridante qu’il laissa inachevé et qui fut plus tard terminé par son fils. Une bibliographie sur ce poème est fournie par Rosanna Morace, Dall’ «Amadigi» al «Rinaldo»…, p. 330-331.
- Fortunato Pintor, « Delle liriche di Bernardo Tasso », p. 21.
- Cf. Rime, vol. I, CIII, p. 263-265.
- Sur les motifs de cette controverse entre le chef de file des littérateurs vénitiens et le jeune poète, voir Storia Letteraria d’Italia, Il Cinquecento, a cura di Giuseppe Toffanin, Milano, Vallardi, 1950, p. 123-125. En bref, après avoir été un émule de Bembo, Antonio Brocardo affirma et soutint qu’il n’existait aucun rapport entre la poésie en langue vulgaire – à savoir le pétrarquisme – et la poésie classique. À cette occasion, peut-être par opportunisme, l’Arétin s’allia à Bembo et expédia au jeune poète quatre sonnets au vitriol dont la réception coïncida avec une maladie qui l’emporta dans la tombe en quelques jours. Le Fléau des princes exploita cette concomitance en faveur de sa réputation de polémiste mordant.
- Libro primo de gli Amori di Bernardo Tasso, in Vinegia, per Giovan Antonio et fratelli da Sabbio, MDXXXI.
- Rime, vol. I, p. 17 : « Ne pensez pas non plus que je pouvais être prétentieux au point de jamais les publier [mes poésies], si plusieurs hommes de lettres s’y connaissant en poésie ne m’en avaient auparavant convaincu et, en particulier, cette noble et bienheureuse nature de Messire Antonio Brocardo qui, ces jours derniers, quitta prématurément ce monde au grand déplaisir de tout esprit distingué et non sans perte pour l’universalité du genre humain. S’il avait vécu quelques années de plus, il aurait écrit des vers dignes de son très grand talent. Non seulement il m’en convainquit, mais avec d’excellentes raisons, il me démontra que je devais vraiment le faire ».
- Caterina Saletti, « Un sodalizio poetico: Bernardo Tasso e Antonio Brocardo », Per Cesare Bozzetti. Studi di letteratura e filologia italiana, Milano, Fondazione Arnoldo e Alberto Mondadori, 1996, p. 409-424.
- Rime, vol. I, CXXVI, p. 105.
- Cf. Giorgio Cerboni Baiardi, « La lirica… », p. 67-68.
- Lettere, I, XXXVI, p. 76-77 : « Le sonnet de dédicace de la musette […] a mis en effervescence non seulement cette académie mais toute l’Europe, parce que certains ont voulu l’interpréter, non pas en se fondant sur la sincérité de mon intention mais sur la malice de leur volonté, et ont dit que, sous le nom de Titiro, j’ai voulu parler de Monseigneur Bembo, ce qui devrait attirer sur moi, et à juste titre, de nombreuses critiques, si la chose n’avait ne serait-ce qu’effleuré ma pensée. […] Soyez heureux et prêchez mon innocence ».
- Rime, vol. I, CXLVI, p. 121 : « L’orme seguendo del tuo sacro ingegno/ Che pellegrino in questa parte e ’n quella/ Ha mercato d’onor salma sì bella/ Che ricco or poggia ove ciascun è indegno,/ Scorgo del vero stil l’antiquo segno,/ Ch’alza la fama altrui sovr’ogni stella/ Non noto ancora a quest’età novella,/ A cui salir quanto posso m’ingegno;/ E per quel calle ove mi fosti scorta/ Affretto i passi al desir tardi e lenti,/ Lasciando l’altra via fallace e torta:/ Quant’io Brocardo e le future genti/ Ti debbo, e Poesia, ch’or si conforta/ D’accender gli onor suoi ch’erano spenti ».
- Cf. Giorgio Cerboni Baiardi, « La lirica… », p. 67-71.
- Rime, vol. I, CXLVI, p. 121 : « Et sur le chemin, où tu m’escortas, je hâte mes pas plus lents et plus traînants que je ne le voudrais/ et j’abandonne l’autre route fausse et tortueuse ».
- Cf. Fortunato Pintor, « Delle liriche di Bernardo Tasso », p. 22-24.
- Cf. Il Quarto libro delle lettere di M. Pietro Aretino, Parigi, MDCIX, p. 259, c. 242.
- Pietro Aretino, Il primo libro delle lettere, in Parigi, appresso Matteo il Maestro, nella strada di S. Giacomo, alla insegna de i quattro Elementi, MDCIX, V, lettre datée du 5 octobre 1549, n° CCCIXIV. Voir l’annexe dédiée à la transcription des lettres.
- Lettere, I, I, Ad Annibal Caro, p. 16-21 : « Dans l’idiome qui est le nôtre, on ne peut lire de lettres d’hommes dignes d’être imités, qui nous montrent le droit chemin sur lequel nous pouvons marcher en toute sécurité ».
- Soit en 1559. Cf. Ragionamento della poesia, Vinegia, Giolito de’ Ferrari, 1562.
- « Nel nome di Dio, ho cominciato il mio Floridante il XXIII di novembre del M.D.LXIII, il mercoredi ». Cf. Bernardo e Torquato Tasso, Floridante, a cura di Vittorio Corsano, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2006, p. V. Il en esquisse les contours dans une lettre à son fils, datée du mois de décembre 1563 et transcrite en Annexe 2.
- Torquato Tasso, Dialoghi, a cura di Ezio Raimondi, Firenze, Sansoni, 1958. Dialogue intitulé : Il Gianluca ovvero delle maschere, Rime e prose, Parte IV, p. 826 : « Veramente la commedia che fu detta nuova, a differenza di quella d’Aristofane e degli antichi, è quasi maestra della vita civile; ed a’nostri tempi il Bibiena, l’Ariosto, il Tasso vostro padre e il Piccolomini hanno acquistata molta laude ».
- Lett. Camp., XXIII, p. 137-140 : « Bien que de mon côté, j’essaye d’aplanir toutes les difficultés, je doute encore que nous jouions une pièce de théâtre, car comme Madame la Duchesse ne savait pas que j’en avais préparé une, elle avait envoyé un courrier prier instamment Caro de lui envoyer la sienne ; et comme il la lui a envoyée, elle craint, si elle n’est pas représentée, qu’il se sente offensé. D’autre part, Son Excellence, qui a déjà vu et loué la mienne, ne veut pas me faire de tort ».
- Ibid., XXIV, p. 141- 144 : « Il pourrait facilement se produire qu’au moment choisi pour jouer la pièce, il y ait besoin dans son État [du seigneur d’Urbin] de pourvoir au logement des soldats de Sa Majesté, et ce sont là des choses fortement contraires et discordantes entre elles ».
- Lett. Com. 1, 189, p. 376-377 : « Nous jouerons une très belle pièce digne que vous preniez la peine de venir de Rome jusqu’ici ».
- Biblioteca civica Angelo Mai. Sala manoscritti. Schedario Locatelli. Scatoloni 81 e 82. Voce «Commedia».
- Il y a d’autant moins lieu d’y prêter foi qu’il confond la lettre à l’abbé Riario, qui date probablement de la période 1532-1542, avec celles exhumées par Campori dans son édition de 1869, qui sont datées respectivement du 1er et du 8 janvier 1557.
- Son activité de metteur en scène pour le compte des Gonzague est évoquée par Alessandro D’Ancona, Origini del teatro italiano, Roma, Bardi éd., vol. II, 1996, p. 401-403, p. 442-443.
- Cf. Fortunato Pintor, « Delle liriche di Bernardo Tasso », p. 12, n. 3.
- Lettere, II, CXXVI, p. 579 : « J’ai décidé d’écrire une histoire en commençant par l’empire de glorieuse mémoire de Charles Quint, car même si Giovio l’a déjà écrite, comme les principales qualités d’un historien sont la prudence et la vérité, et qu’une des deux manque en différentes parties de son histoire, la mienne sera chère au monde par qui elle est déjà désirée ».
- Dont Pietro Bembo, Claudio Tolomei et Giambattista Guarini auxquels il faut ajouter des noms aussi connus que ceux de Lodovico Dolce, Giambattista Giraldi Cinzio, Dionigi Atanigi, Vittoria Colonna, Sperone Speroni et des personnages aussi influents que le marquis de Pescara, Francesco Ferrante d’Avalos, ou encore le duc d’Albe, Fernando Alvarez de Tolède, pour ne citer que les plus célèbres des destinataires de ce deuxième recueil. Voir Lettere, II, p. XXVII et Indice dei destinatari.
- Lettere a Benedetto Varchi…, p. 400 : « Mon père ne pourrait me laisser aucun héritage plus considérable ni plus honorable, que les nombreuses amitiés qu’il a acquises au cours de toutes ces longues années (en conversant avec des hommes vertueux) et parmi elles aucune ne doit être par moi plus prisée que celle de votre seigneurie ».