Sommaire
Présentation,
par Paul Claval
Note sur la traduction,
par Paul Claval
Introduction
Les bases de la discipline remises en cause
Les trois niveaux de l’approche
L’articulation de l’ouvrage
Partie I. La chute de la géographie
Chapitre 1. La nature de la géographie du XVIIIe siècle :
la description cartographique et textuelle
La géographie décrit la terre
Les structures de la géographie du XVIIIe siècle
Une communauté géographique
La nature des textes géographiques produits par les géographes
La carte au XVIIIe siècle : mesure et érudition
Les grandes préoccupations de la géographie au XVIIIe siècle
Conclusion
Chapitre 2. La perte d’orientation et de statut de la géographie
Le sentiment de perte de sens chez les géographes de cabinet : Buache de la Neuville, Mentelle et l’École normale
Cassini IV et le déclin de la géographie de terrain
Conclusion
Partie II. Réactions et continuités
Chapitre 3. La description universelle
La nature fondamentale de la géographie universelle : l’approche de Strabon
La dégénérescence du genre
Malte-Brun ressuscite le genre
Une géographie universelle riche de théorie était-elle possible ?
Conclusion
Chapitre 4. La puissante métaphore cartographique
La nature de l’imagination géographique de Jomard
En déchiffrant l’Égypte
Cartographie et « exploration et découverte »
L’ethnographie cartographique
Les monuments de la géographie
Une bataille monumentale
Conclusion
Chapitre 5. La géographie comme servante du pouvoir
Les sources de la nouvelle relation entre la géographie et l’État
Le rôle de servante : la géographie militaire
Conclusion
Partie III. Innovation sur les marges
Chapitre 6. Expliquer le social
Introduction
Volney et sa géographie sociale et scientifique
Suggestions d’une géographie scientifique dans l’œuvre de Chabrol de Volvic
Adrien Balbi : le point de vue du géographe sur les statistiques sociales et l’ethnographie
Conclusion
Chapitre 7. Innovation dans la géographie naturelle
Introduction : géographie, géographie naturelle et histoire naturelle
Les innovations de Humboldt dans la recherche géographique
Conclusion
Chapitre 8. Une géographie historique rigoureuse
Le courant principal de la géographie historique
Lueurs d’innovation : le travail oublié et l’imagination de Jean-Antoine Letronne
Conclusion
Conclusion
Bibliographie
Résumé
Ce livre met en évidence le profond changement que subit la nature de la géographie entre le XVIIIe siècle tardif et le milieu du XXe. Ceux qui se qualifient de géographes dans les années 1760 se consacrent presqu’exclusivement à la manière de décrire le monde et à ses fondements intellectuels. Au XVIIIe siècle, les publications géographiques représentent ce qui peut se voir et mesurer, et se caractérisent surtout par des géographies universelles, des manuels de lever de terrain et de cartographie et des cartes établies en comparaison de sources écrites ou graphiques. Mais le débat sur la dimension et la forme de la terre, entre les Cassini et les partisans de Newton, montre les limites de la représentation. La transition vers des préoccupations plus modernes est difficile, comme le prouvent la mauvaise réception du cours de géographie à l’École normale et le rejet du dernier rejeton de la famille Cassini par la science révolutionnaire et post-révolutionnaire. De cette phase date sans doute le courant hostile à toute théorie qui perdure plus d’un siècle dans la géographie française. Les guerres mobilisent la discipline durant une génération, la favorisent mais pèsent sur ses orientations. Les géographes de ce temps luttent pour donner un sens à leur monde à un moment où l’intérêt public s’oriente vers l’étude de la société et la planification spatiale, vers les interactions et interconnexions dynamiques et souvent invisibles entre les phénomènes naturels, et vers l’exploration des dynamiques des sociétés passées.
Abstract
This book highlights the profound change in the nature of geography between the late eighteenth century and the mid-twentieth century. Those who called themselves geographers in the 1760s were almost exclusively concerned with how to describe the world and its intellectual foundations. In the eighteenth century, geographical publications represented what could be seen and measured, and they were characterised above all by universal geographies, manuals of field surveying and cartography, and maps drawn by comparison with written or graphic sources. But the debate over the size and shape of the earth, between Cassini and Newton’s followers, showed the limits of representation. The transition to more modern concerns was difficult, as evidenced by the poor reception of the geography course at the Ecole Normale and the rejection of the last son of the Cassini family by revolutionary and post-revolutionary science. This phase undoubtedly gave rise to the current of hostility to all theory that persisted in French geography for over a century. The wars mobilised the discipline for a generation, encouraging it but also influencing its direction. The geographers of the time were struggling to make sense of their world at a time when public interest was turning towards the study of society and spatial planning, towards the dynamic and often invisible interactions and interconnections among natural phenomena, and towards the exploration of the environment.
Cet ouvrage a été soutenu financièrement par le laboratoire TREE
(TRansitions Energétiques et Environnementales), UMR 6031 de l’UPPA.