UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

par

À une altitude de 30 m sur les premiers contreforts d’un plateau de la rive droite de la Dordogne se trouve, orientée plein sud, la partie résidentielle d’une villa antique, située ainsi hors de la zone inondable et abritée des vents du nord (Fig. 1).

Site de Montcaret
Fig. 1. Site de Montcaret (cl. F. Didierjean).

Le choix de l’implantation s’explique d’abord par la présence de deux résurgences aquifères importantes connues sous le nom de, Fons Conteau, et Fons Saint-Pey, (Fontaine Conteau, Fontaine Saint-Pierre) qui alimentaient directement l’établissement antique, et d’une troisième, la Fons des Fades (Fontaine des Fées) qui distribuait l’eau à ce que l’on peut considérer aujourd’hui comme la partie agricole de la villa, située à environ 400 mètres à l’est de la partie résidentielle.

L’habitat dominait la voie antique supposée entre Bordeaux et Périgueux1 dont la toponymie locale (“voie romaine”) a gardé le souvenir. Elle se trouvait également au débouché d’un axe secondaire nord-sud nommé “chemin de l’Espérit”, qui se situe à l’ouest de la route actuelle et mène du bourg au lieu-dit Nogaret. La proximité de l’intersection de ces deux axes a sans doute constitué un élément supplémentaire pour fixer la villa à cet endroit.

Les fouilles de la villa gallo-romaine de Montcaret ont débuté en 1922 après des sondages positifs réalisés en 19212, immédiatement après que le cimetière, qui entourait l’église, eut été désaffecté.

Entreprises par Pierre-Martial Tauziac, habitant de Montcaret (Fig. 2), sous le contrôle de Jules Formigé, Architecte en chef des Monuments historiques, elles se sont poursuivies jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939. Les fouilles s’arrêtent après ce conflit, personne n’ayant repris de travaux systématiques sur le site à la suite du décès de Pierre-Martial Tauziac survenu en 1941.

Portrait de Pierre-Martial Tauziac
Fig. 2. Portait de Pierre-Martial Tauziac (cl. Fonds Laurent).
Pierre-martial Tauziac avec ses quatre petits-enfants
Fig. 3. Pierre-Martial Tauziac avec ses quatre petits-enfants le jour de sa remise de la croix de la Légion d’Honneur. Pierre Laurent est le deuxième à partir de la gauche (cl. Fonds Laurent).

Un premier bâtiment construit pour protéger et présenter les mosaïques de la salle cruciforme fut élevé pendant le déroulement des fouilles3. Parallèlement, Jules Formigé faisait procéder à la restauration des structures qui venaient d’être dégagées. Malheureusement, il n’était pas alors dans les habitudes de noter la nature et l’emplacement des restaurations. Ainsi, ne sait-on pas dans quelle mesure tel vestige a fait l’objet d’une reprise. On sait seulement qu’”il a fallu procéder à une consolidation générale des murs qui s’écroulaient et se détruisaient rapidement” et “(qu’) on a établi plusieurs murs de soutènement”4. Nous verrons plus bas que cela pose aujourd’hui des problèmes, car l’ouverture de sondages en ce début du XXIe siècle nous a révélé que les travaux ne se sont pas toujours bornés à restaurer l’existant, mais qu’ils ont été parfois jusqu’à la (re)construction pure et simple de ce que l’on croyait alors avoir été la réalité antique5.

Formigé avait envisagé que le matériel archéologique trouvé à l’occasion des fouilles soit, en ce qui concernait les pièces les moins volumineuses, conservé à la Mairie de Montcaret6. En l’absence de textes réglementaires – la loi sur les fouilles archéologiques, qui traite, en particulier, de la dévolution du matériel trouvé en fouille, ne fut promulguée qu’en 1941 – elles le furent, en fait, au domicile de l’inventeur Pierre-Martial Tauziac. Celui-ci disposait déjà d’une collection archéologique personnelle commencée bien avant 1921 qu’il a ainsi, comme rien ne s’y opposait, tout naturellement complétée.

Après la guerre, Alyette Tauziac, fille cadette de l’inventeur, est nommée gardienne du site qu’elle présente aux visiteurs, avant de conduire ces derniers à son domicile pour leur présenter la collection de son père, qui avait conservé un caractère privé.

Elle chargera, par écrit, peu avant son décès en 1983, l’un de ses neveux, Pierre Laurent, d’assurer la donation de la collection7.

C’est, comme nous l’avons dit, dans le souci d’une meilleure présentation des vestiges au public et pour accueillir la collection Tauziac que le Ministère de la Culture (Direction du Patrimoine) a remplacé le premier bâtiment par une construction moderne, agrandie d’une salle d’exposition, pour présenter les pièces les plus significatives de la collection.

Nous nous proposons d’abord d’effectuer l’étude des espaces qui composent l’ensemble des vestiges afin d’établir comment ces espaces ont évolué et fonctionné les uns par rapport aux autres au cours du temps. Nous verrons, de plus, dans quelle mesure la partie résidentielle de cette villa peut être comparée à celles que l’on connait dans la région et participe de ce fait à la connaissance de ce type d’habitat propre à la période antique.

Notre étude s’étendra ensuite aux autres vestiges antiques identifiés, comme la pars rustica, la carrière antique et les voies de communication.

Enfin, nous tenterons de situer le site dans les différents contextes dans lesquels il s’est trouvé.

Notes

  1. Barrière 1939, 15.
  2. Formigé & Conil 1923-1938, 1933, 1.
  3. Projeté en 1927 (Formigé & Conil 1923-1938, 1927, 3, il est mentionné dans le rapport Formigé de 1930-1931, 2.
  4. Formigé & Conil 1923-1938, 1930-1931, 1.
  5. Les problèmes posés par les restaurations du site ont été étudiés à l’occasion d’une table-ronde sur la restauration et la présentation des villas au public (Berthault 2011, 173-186).
  6. Formigé & Conil 1923-1938, 1927, 3.
  7. Monsieur Pierre Laurent nous a présenté le document à l’occasion d’une de nos visites à son domicile.
ISBN html : 978-2-35613-384-7
Rechercher
Chapitre de livre
Posté le 31/01/2021
EAN html : 9782356133847
ISBN html : 978-2-35613-384-7
ISBN livre papier : 978-2-35613-386-1
ISBN pdf : 978-2-35613-385-4
ISSN : 2741-1508
3 p.
Code CLIL : 4117
licence CC by SA

Comment citer

Berthault, Frédéric, “Introduction“, in : Berthault, Frédéric, éd., La villa romaine de Montcaret. Une villa et son environnement dans le sud-ouest de la Gaule, Pessac, Ausonius éditions, collection DAN@ 1, 2021, 13-16, [en ligne] https://una-editions.fr/la-villa-montcaret-introduction [consulté le 1er février 2021].
doi.org/http://dx.doi.org/10.46608/dana1.9782356133847.2
Accès au livre La villa gallo-romaine de Montcaret (Dordogne). Une villa et son environnement dans le sud-ouest de la Gaule
Publié le 31/01/2021
Retour en haut
Aller au contenu principal