Le site de Lyon à la fin du VIe s. et au Ve s. p.C. : éléments de synthèse
Vestiges, organisation et caractéristiques du site
En l’état actuel des données, l’occupation de Lyon-Vaise, localisée dans la plaine du même nom, apparaît comme un habitat aggloméré, ouvert et étendu, dont les caractéristiques reconnues montrent une organisation qualifiée de “proto-urbaine” ou “d’atélo-urbaine” (Brun & Chaume 2013). Les vestiges, reconnus sur une quarantaine d’opérations d’archéologie préventive, se répartissent sur environ 300 ha1 et présentent une zone plus dense dans la partie sud de la plaine, sur une surface de plus de 70 ha (Fig. 1). Cependant, les nouvelles découvertes à l’extrémité nord de la plaine semblent confirmer l’extension de l’agglomération ou la présence d’un second pôle d’activité dans ce secteur.
La chronologie admise pour cette occupation couvre plus d’un siècle entre la fin du Ha D2 (vers 540/520 p.C.) et le dernier quart du Ve siècle p.C. (Bellon & Franc 2009 ; Carrara 2009). Toutefois, la relecture des données à la lumière des travaux récents, notamment concernant la datation des amphores massaliètes (Sourisseau 1997), paraît privilégier une occupation à partir de 510/500 p.C.2. D’ailleurs, une séquence majeure dans la chronologie des vestiges concerne plus particulièrement la première moitié et le troisième quart du Ve siècle p.C. Les occurrences les plus récentes placent l’abandon du site à la fin du Ve siècle3.
Les structures archéologiques et le mobilier permettent d’identifier des vestiges à caractère domestique associés à d’importantes traces d’artisanats spécialisés (métallurgies du fer et des alliages cuivreux : production de fibules ; travail de la corne et du textile, etc.) et à des aménagements agro-pastoraux plus limités. Plus d’une quinzaine de bâtiments, construits sur poteaux porteurs et/ou sablières basses, sont partiellement conservés à travers la plaine de Vaise. Ils permettent de restituer des habitats assez standardisés, de plan rectangulaire d’environ 8 m de long par 5 m de large, dont certains comportent un aménagement de blocs de gneiss disposés à plat formant un radier au sol de terre battue (Carrara et al. 2009) (Fig. 2). Dans certains cas, les constructions abritent des caves/celliers et des foyers domestiques à sole d’argile sur radier de galets. Les structures de stockage restent rares : seulement une dizaine de silos4 ont été mis au jour sur l’ensemble du site et deux greniers semblent pouvoir être distingués. Plus de 160 fosses sont identifiées à l’échelle de l’agglomération protohistorique et ont servi de dépotoirs en dernier lieu. Une vingtaine d’entre-elles présentes des morphologies particulières qui associées au mobilier qu’elles contenaient semblent attester de fonctions spécifiques : fosses-ateliers, fonds de cabanes, cave/ cellier, fosses de métier à tisser ou de tisserand. Ainsi, plusieurs fosses quadrangulaires, associées ou non à des trous de piquets et de poteaux, ont abrité des activités artisanales : métallurgie des alliages cuivreux, travail de la corne. D’autres structures fossoyées, de forme circulaire ou pseudo-circulaire, apparaissent plus spécifiquement attachées à la métallurgie du fer (fosses de travail de forgeron). Deux grandes fosses ovales, avec ou sans banquette, aménagées de nombreux trous de piquets et de poteaux paraissent liées à l’artisanat textile et pourraient avoir accueillies des métiers à tisser verticaux. Enfin, plusieurs petites fosses ovales semblent avoir eu une fonction domestique attachée au stockage des denrées : caves/celliers.
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La répartition des activités au sein de l’espace proto-urbain fait apparaître une zone centrale regroupant tous les types d’artisanats reconnus sur l’agglomération et des secteurs plus spécifiquement rattachés à une catégorie de production, notamment la métallurgie du fer. L’organisation des vestiges peut suggérer l’existence de quartiers ou d’îlots à vocation artisanale en parallèle à des zones à connotation plutôt domestique. Une orientation privilégiée des vestiges, axée sud-ouest/nord-est, est observée sur plusieurs sites et pourrait trahir une organisation plus large à l’échelle de l’agglomération (Fig. 3). Il est d’ailleurs intéressant de constater que cette orientation privilégiée correspond à celle de l’unique voie protohistorique identifiée à Lyon, rue Isaac. Cette dernière, remontant à la fin de l’âge du Bronze ou au tout début du Premier âge du Fer, est encore utilisée au Ha D2-D3 et forme la limite ouest d’une zone funéraire (Treffort 2014).
La confection de produits manufacturés parait dominante sur le site et permet d’identifier un centre artisanal et commercial dont le statut exact reste encore à préciser. Parmi les productions métallurgiques, la fabrication de fibules à timbales en alliages cuivreux, mais également en fer, de type Mansfeld F4A2 et dP4 (Mansfeld 1973), est attestée sur plusieurs ateliers (Carrara 2009 ; Carrara et al. 2013). L’absence de fouilles archéologiques sur le secteur du plateau de Loyasse ne permet pas de confirmer ou d’infirmer la présence d’une occupation de hauteur, d’une “acropole”. Seules les découvertes anciennes d’une statuette d’Hercule italo-étrusque datée du Ve siècle, d’une ou deux fibules italiques (fin VIIe-début VIe siècle) et d’une coupe grecque dans le secteur pourraient le suggérer (Perrin & Bellon 1997 ; Bellon & Perrin 2007). De même, les structures funéraires, contemporaines de l’habitat, demeurent encore peu connues dans l’environnement direct de Lyon5. Les principaux espaces funéraires mis au jour renvoient à des périodes plus anciennes, au Hallsttat C2 et D1, sur les sites de Gorge de Loup et de la rue du Mont-d’Or (Burnouf et al. 1989 ; Carrara et al. 2010). Les découvertes récentes de la rue Isaac sont venues renouveler cet aspect de l’occupation de la plaine en permettant la mise au jour d’un ensemble de six tumuli attribués au Ha C et Ha D1, associés à une quinzaine de tombes à dépôts de crémation en fosse attribués au Ha D3 et à La Tène A/ B1. Ces vestiges, bordant une voie protohistorique d’axe sud-ouest/nord-est, pourraient marquer la présence d’une nécropole plus vaste située dans la partie nord-ouest de la plaine de Vaise (Treffort 2014).
L’occupation se caractérise, en partie, par la découverte de nombreuses céramiques d’importations méditerranéennes rattachées au commerce et à la consommation de vin, qui permettent d’identifier un site-relais d’importance sur l’axe Rhône-Saône desservant le domaine hallstattien (Perrin & Bellon 1997 ; Bellon 2007 ; Bellon & Franc 2009). On a souvent voulu attribuer l’origine et le développement de l’agglomération à l’essor du commerce massaliète et de ses comptoirs bas-rhodaniens. Cependant, un autre scénario peut être envisagé : le commerce massaliote aurait pu profiter d’une dynamique d’expansion artisanale et économique indigène qui se serait développée au sein d’une agglomération préexistante (Milcent 2007 ; Biel 2007). Les deux hypothèses sont d’ailleurs complémentaires, l’amplification des échanges commerciaux et culturels avec le monde méditerranéen constituant plus un rôle stimulant qu’un élément déclencheur dans le phénomène de proto-urbanisation (Milcent 2007 ; Augier et al. 2007 ; Biel 2007). Néanmoins, si l’apparition de l’agglomération lyonnaise n’est peut-être pas à mettre au compte d’une influence massaliète ou grecque, son développement paraît intimement lié aux échanges à longue distance, de marchandises en provenance de la Méditerranée, et à la présence d’un hypothétique établissement méditerranéen au sein même de l’agglomération.
En l’état, force est de constater qu’il reste difficile de rapprocher Lyon des différents modèles d’habitats agglomérés connus, tant le site entretient des similitudes avec chacun d’eux : “résidences” ou “complexes” princiers de la culture du Jura, agglomérations ouvertes proto-urbaines de la culture de Golasecca et d’Italie du Nord, petites agglomérations ouvertes de Bragny-sur-Saône (Flouest 1995 ; Collet & Flouest 1997 ; Flouest 2009) ou de Hochdorf (Biel 1997), ou encore certaines agglomérations du Sud de la France comme Béziers (Ugolini et al. 1991 ; Olive 1997 ; Ugolini 2010) ou Arles (Arcelin 1995 ; Arcelin 2010). Néanmoins, c’est sans doute avec les faubourgs artisanaux de Bourges (Saint-Martin-des-Champs : Milcent 2007 ; Port Sec sud : Augier et al. 2012) ou de la Heuneburg (Aussensiedlung) que les analogies sont les plus proches. Les vestiges présents dans la plaine de Vaise ne pourraient constituer qu’un secteur d’un complexe beaucoup plus vaste, supposant ainsi une organisation polynucléaire. Pour l’heure, on ne peut trancher entre la reconnaissance d’une agglomération “proto-urbaine” ou “atélo-urbaine” isolée ou d’un faubourg artisanal et commercial appartenant à une “résidence” princière ou à un “complexe” princier.
Lyon demeure un site culturellement hallstattien qui semble se rattacher aux marges méridionales de la culture du Jura. C’est sans doute en prenant en compte le territoire environnant l’agglomération proto-urbaine, au sein d’une étude globale6, que nous parviendrons à mieux saisir ces spécificités ou ces points de convergence avec les modèles existants.
Quelques aspects du mobilier métallique lyonnais
Les dernières fouilles préventives effectuées depuis 20077 ont considérablement changé la vision que l’on avait jusqu’alors de l’importance du petit mobilier métallique présent sur le site, où l’on compte aujourd’hui plus de 1 170 fragments d’objets métalliques identifiés pour un NMI de plus de 639 objets individualisés.
Les cent-trente-quatre fragments de fibules mis au jour permettent de comptabiliser un minimum de 77 individus à Lyon-Vaise (Fig. 4). Parmi les types identifiés, on note la présence d’une fibule à pied relevé et ornement riveté du type Mansfeld F3 (Gorge-de-Loup, Bellon et al. 1991 fig. 9 n°3), de deux type dZ3 sur les fouille de Berthet I et de la rue du Mont d’or, une fibule en alliage cuivreux et en fer, bien que fragmentaire, est assez complète pour déterminer son appartenance à un type F3 ou dZ3. Sont également identifiés, une fibule type F2 ou imitation d’un type “Golfe du Lion”, un type Mansfeld F1 et un type P2 à Horand I (Bellon & Perrin 1992, Fig 14 n°5-6). Une fibule peut appartenir à un type à pied ornithomorphe (tête de canard) ou à pied relevé décoré (type F2). Cependant, la majorité des identifications concernent les fibules à timbale des types F4A2 (33 exemplaires) et dP4 (10 individus), largement majoritaires sur les sites de Lyon (Fig. 5, 6). Quelques arcs, ressorts et ardillons de très petites dimensions pourraient également s’accorder avec la présence, non assurée, d’exemplaires du type Weidach (Mansfeld type P4). Six fibules apparaissent plus exotiques : quatre du type “Golfe du Lion”, une fibule a navicella (ou kahnfibel type K de Mansfeld) et une fibule de type la Certosa.
Le profil des fibules de Lyon ne présente pas de différences majeures avec celui des sites du domaine hallstattien centre-occidental (Dubreucq 2013), en cela ils s’intègrent pleinement à la sphère culturelle hallstattienne/laténienne du Ve siècle p.C. Cependant, la présence de fibules à timbales présentant des types d’arc inhabituel, associée à plusieurs fibules de type “Golfe du Lion”, dont certaines sont des imitations locales, pourrait renvoyer à des espaces culturels plus méridionaux.
La vingtaine d’épingles inventoriées à Lyon constitue un ensemble assez homogène par leurs formes et leurs dimensions, dont se démarquent quelques individus. Les longueurs varient de 34 mm à 96 mm pour les exemplaires complets. Les formes graciles se caractérisent par des têtes peu développées, voire inexistantes, se distinguant à peine du corps de l’épingle et sont surtout soulignées par des incisions ou de fines cannelures (Fig. 7, Tuileries I n° 3, n° 16, n° 80 et n° 117, Horand I et II). Les têtes prennent le plus souvent des formes globulaires, sphériques ou bulbeuses. Ce type d’épingle fine et gracile à petite tête globulaire est assez fréquente dans le domaine hallstattien occidental notamment à Vix (Chaume 2001, 158, Pl. 40 n° 737, n°740), à Bourges (Augier et al. 2012, 128, fig. 147 n° 3559), dans la tombe 32 du tumulus de Courtesoult (Piningre, dir. 1996, fig. 77 n° 1), à Bragny-sur-Saône (Feugère & Guillot 1986, fig. 23 n°1-2 et n°5), à Tournon-sur-Rhône (Collombet 2013), à Salins-les Bains ou à Messein (Dubreucq 20013). Quelques exemplaires, plus massifs, à tête “vasiforme” ou “en tonnelet” s’intègrent parfaitement au corpus des formes que l’on peut rattacher aux contextes du Ha D3-LT A. Certains apparaissent même caractéristiques de LT A1 (Milcent 2007, 198-199).
Une soixantaine de parures annulaires se répartissent entre bracelets, anneaux de jambe/cheville, armilles, torques et bague/anneau (Fig. 8). La grande majorité des 32 bracelets, et des 6 anneaux de cheville ou de jambe identifiés comportent des joncs filiformes ou grêles, de section pleine semi-circulaire, circulaire ou ovoïdale, le plus souvent sans décor. Dans de nombreux cas, la fragmentation du mobilier ne permet pas de déterminer s’il s’agit de parures à joncs ouverts ou fermés. Néanmoins plusieurs types de systèmes d’ouvertures-fermetures sont identifiés : bracelets fermés à jonc ininterrompu, bracelets à fermeture rivetée, bracelets fermés à système d’ouverture simple par emboîtement à goujon ou par crochets, bracelets ouverts à interruption simple et amincie des extrémités, bracelets ouverts à extrémités terminées par des tampons plus ou moins marqués. Les différents types identifiés renvoient à une chronologie comprise entre le Ha D3 et LT A. Quelques rares fragments de joncs et un tampon se rapportent à des torques.
Une douzaine de fines armilles comportent des sections circulaires, ovalaires, semi-circulaires ou elliptiques/rubanées de 1 mm de diamètre et moins. Les quelques exemplaires lyonnais sont le plus souvent inornés (Bellon et al. 1991, fig. 9, n°8). Une armille issue de la fouille de la rue du Mont d’Or présente un décor d’incisions transversales et parallèles groupées deux par deux, se développant sur tout le jonc. Trois autres sont ornées d’incisions transversales continues et irrégulières ou de groupes d’incisions transversales et parallèles (environ 5 à 6) sur 3 mm, espacés de plages vides sur 2 mm. Si les armilles sont caractéristiques des ensembles funéraires du Ha D1-D2 dans le Jura et en Bourgogne (Piningre & Ganard 2004, 260), il n’en demeure pas moins qu’elles sont omniprésentes sur les sites d’habitat du Ha D3-LT A. On peut signaler leur présence en grand nombre sur les sites de Mancey (LT A1), Posieux “Chatillon-sur-Glâne” (Ha D2-LT A1) (Dubreucq 2013), sur la forge de Tournon-sur-Rhône (Ha D3-LT A) (Collombet 2013) ou encore à Bragny-sur-Saône (Ha D3-LT A) (Feugère & Guillot 1986). On les rencontre en Gaule méridionale dans des contextes datés du deuxième quart du VIe s. à la première moitié du Ve s. p.C. (Feugère & Guillot 1986).
Une agrafe de maintien d’armilles est un petit passant en tôle de bronze rubanée et recourbée afin de former un système d’attache ouvert. Il est orné sur sa face supérieure d’une série d’incisions obliques et entrecroisées. Ce type de passant est destiné à regrouper un lot d’armilles portées en brassard. Ils sont bien attestés dans le Sud de la France ou les Alpes du Sud dans des contextes compris entre 600 et 450 p.C. : sur la nécropole de Peyraude (Gard) (Dedet & Gauthey 1994), sur l’habitat de “La Liquière” à Calvisson (Gard) (Py et al. 1984) ou encore sur la forge de Tournon-sur-Rhône (Ardèche) (Collombet 2013). L’exemplaire du “28 quai Paul Sédallian” est très proche d’un des deux exemplaires du site de “La Liquière” comportant un décor très similaire. De même, au moins deux attaches mises au jour au Puech de Mus (Aveyron), présentant les mêmes caractéristiques, proviennent de l’habitat supérieur fin Ve/IVe s. p.C. dans lequel on trouve beaucoup d’objets résiduels antérieurs du Ve s. (renseignements aimablement communiqués par Philippe Gruat). Cet objet, dont les comparaisons directes se situent dans le domaine méridional, pourrait donc constituer un élément “importé” depuis le Sud de la France ou du moins copié d’après des modèles méridionaux.
Huit tiges à œillet et à extrémité bouletée se rapportent à des pendeloques ou des passe-lacets, également dénommées aiguillettes, majoritairement produits en alliage cuivreux (Fig. 9). Un seul exemplaire fabriqué en fer est recensé parmi le mobilier lyonnais. La destination de ces objets reste ouverte. Si en contexte funéraire l’interprétation de passe-lacets peut être retenue pour certains exemplaires découverts par paire près des pieds du défunt, la grande variété de morphologie ou de contexte de découverte ne permet pas de généraliser cette identification. D’autres propositions de détermination telles qu’amulettes ou pendeloques ornementales peuvent aussi être proposées (Piningre & Ganard 2004 ; Dubreucq 2013). Deux types sont déterminables à Lyon. Un type court et gracile, de 32 à 37 mm de long, présente un corps filiforme à bords parallèle ou légèrement fusiforme de section circulaire de 1,5 mm de diamètre. L’extrémité est systématiquement terminée par un bouton plus ou moins circulaire. Le second type plus long, de 47 à 50 mm, présente une section circulaire légèrement plus importante qui atteint 2 mm de diamètre et ne semble pas posséder d’extrémité bouletée. L’un des exemplaires présente cependant un décor de stries terminales (Fig. 9, Horand I 1993 n°10).
Même si la chronologie de ces éléments paraît assez large, avec notamment des pièces issues de couches datées du Ha D1 ou du Ha D2 à la Heuneburg (Piningre & Ganard 2004, 295 ; Dubreucq 2013, 190 ; Milcent 2007, 199-200), la plupart des occurrences se rattachent au Ha D3 et à LT A ancienne, notamment en contexte funéraire (Piningre & Ganard 2004, 295 ; Milcent 2004, 236). De nombreux sites occupés à la transition entre le Premier âge du Fer et Second âge du Fer ou à La Tène A fournissent ce type de pendeloque : Vix (Chaume 2001), Messein “Camp d’Affrique”, Bourguignon-les-Morey “Camp de César”, Salins-les-Bains “camp du Château”, Chassey “le Camp” (Dubreucq 2013), Bourges “Saint-Martin-des-champs” et “Port Sec Sud” (Milcent 2007 ; Augier et al. 2012). Au même titre que les fibules à timbale ou que certaines parures annulaires, ce type d’objet semble emblématique de la période du Ha D3-LT A. Bien que la répartition de ces passe-lacets soit centrée sur le Jura et la Bourgogne, les découvertes de Lyon et de la moyenne vallée du Rhône (Crest-Bourbousson (26), Tournon sur Rhône (07), Soyons (07) et Loriol-sur-Drôme (26)) attestent d’une large diffusion vers les marges méridionales du domaine Nord alpin occidental. Cette diffusion vers le sud de la France est confortée par les découvertes du Puech de Mus à Sainte-Eulalie-de-Cernon (Aveyron), où deux individus sont présents (Gruat et al. 2007, 202 fig. 23) ou encore par un exemplaire en or à Séverac-le-Château “Les Fonds” (Aveyron) daté entre 525 et 425 p.C.
De nombreux outils, instruments et ustensiles se rapportent aux activités artisanales, domestiques ou vivrières ayant eu cours sur le site. Ainsi, on recense dix-sept aiguilles liées aux travaux de couture, trois tranchets sans doute liés au travail des peaux, trois hameçons doubles témoignent d’une activité halieutique ; trois limes, un ciselet, un ciseau et une pince renvoient aux métallurgies du fer et/ou des alliages cuivreux. Les couteaux demeurent relativement bien attestés sur l’agglomération de Lyon-Vaise. Ainsi, un couteau de grande taille (19,4 cm) présent sur la fouille de Horand I (Bellon & Perrin 1992) est identique aux couteaux dits de “cuisine” du type 1 de Dubreucq, dont le dos est rectiligne et le fil de la lame légèrement convexe. L’usage de ce modèle pouvait être multifonctionnel : trancher, émincer, portionner (Dubreucq 2013). Deux exemplaires, mis au jour sur le site de Berthet / Cottin (Ramponi & Bellon 2004), pourraient appartenir à un type similaire à celui de Horand I. Bien que fragmentées, ces pièces conservent des longueurs de 15 et 12,5 cm. Le fil de leur lame semble légèrement convexe ou rectiligne et leurs formes rappellent certains exemplaires de Bragny-sur-Saône (Feugère & Guillot 1986, 185-186, fig. 28 n° 5 et 6). Deux fragments de couteaux de tailles moyennes, à dos rectiligne et languettes pour le manche, accompagnaient un coutelas à lame courbe sur le site de la “rue des Tuileries”. Les 4 fragments de lames et de manches mis au jour rue “du Mont d’or” paraissent appartenir, pour trois d’entre eux, à des individus de petit et moyenne dimension à lame droite, pouvant correspondre à des couteaux d’office (type 2 de Dubreucq adapté de Sievers ; Dubreucq 2013, 75-76). Le quatrième fragment est une extrémité de languette de manche dont la terminaison est identique à celle du coutelas de la rue des Tuileries. Sa forme, et sa taille plus importante préfigurent un couteau de grande taille sans doute de type 3 (couteau à désosser). Enfin, sur le site de “Vaise Industrie Nord”, un dernier fragment conserve une languette de manche avec départ de lame à dos convexe appartenant à un grand couteau, sans doute à lame courbe, d’un modèle similaire à celui du “quai Paul Sédallian” ou de la “rue des Tuileries”.
Le mobilier céramique d’importation
Une quarantaine d’opérations archéologiques ont permis la mise au jour de vestiges attribuables à la fin du Premier âge du Fer, mais toutes n’ont pas révélé la présence de mobiliers d’origine méditerranéenne (Fig. 10). Avec près de 7 260 tessons de céramiques importées, pour plus de 45 130 tessons de céramique indigène, ce matériel représente un pourcentage moyen de 13,8 % du nombre de restes, à l’échelle de l’agglomération8 (Fig. 11, 12). Lyon apparaît ainsi comme le site septentrional de culture hallstattienne livrant la plus grande quantité de matériel importé. Même si les chiffres restent modestes en comparaison des occupations présentent sur les rivages de Méditerranée occidentale, ils se rapprochent néanmoins de ceux de la région nîmoise (Py 1990), les taux de céramique importée baissant rapidement dès que l’on s’éloigne du littoral.
Les amphores massaliètes
Les amphores massaliètes, avec 72 % du nombre de restes, représentent l’essentiel des céramiques importées (Fig. 13, 14). Plus de 5 150 fragments permettent d’identifier près de 160 conteneurs sur l’agglomération hallstattienne, dont le contenu a, selon toute vraisemblance, été consommé sur place. À une exception près, l’ensemble des tessons présente une pâte fortement micacée. La fragmentation du mobilier rend difficile une attribution aux formes entières établies par G. Bertucchi (Bertucchi 1992), cependant quelques fonds suffisamment complets et quelques épaulements permettent de reconnaître la présence des types A-MAS 1, A-MAS 2a et 2b, et A-MAS 3 (Fig. 13, 14). C’est donc essentiellement sur les profils des lèvres d’amphores que repose l’identification du matériel lyonnais. Dans le cadre de cette étude, 125 bords ont été pris en compte parmi les différentes publications et rapports de fouilles (Burnouf et al. 1989 ; Bellon &Perrin 1990 et 1992 ; Perrin & Bellon 1992 et 1997 ; Bellon 2007 ; Bellon & Franc 2009 ; Carrara 2009), dont 78 sont attribués à un type d’après la typo-chronologie établie par Michel Py (Py 1978 ; Py et al. 2001). Leur distribution montre la prédominance du type 39 (32 exemplaires) juste devant le type 210 (25 exemplaires). Seulement 5 lèvres se rapportent au type 1, dont une non micacée, et une au type 1A11. Bien que faiblement représenté par rapport aux types 2 et 3, le type 4 est tout de même figuré par 12 individus12. Enfin, le type 513 demeure rarement identifié à Lyon (1 assuré et peut-être 2 autres exemplaires). Comme nous l’avons vu précédemment les amphores massaliètes constituent près des trois quarts du mobilier importé. Elles composent également plus de 99 % du nombre de restes du matériel amphorique et près de 89 % du NMI des conteneurs identifiés. Les productions étrusques et grecques ne représentent qu’une part marginale des effectifs, respectivement 9 % et 2 % du NMI, mais attestent d’une certaine diversification des importations
Concernant la chronologie de ces amphores, il est aujourd’hui avéré que l’apparition des productions à pâte micacée intervient aux alentours de 500 p.C. (Sourisseau 1997 ; Sacchetti & Sourisseau 2013), ce qui concerne la quasi-totalité des fragments d’amphores massaliètes mis au jour à Lyon. La chronologie des découvertes lyonnaises semble donc se placer postérieurement à l’extrême fin du VIe s. et concerne plus particulièrement le Ve s p.C. dans son intégralité.
La présence quasiment exclusive d’amphores à pâte micacée, les datations d’apparition et de diffusion des différents types de bords et les quantités respectives de chacun d’eux permettent de dresser une représentation graphique illustrant l’évolution chronologique et quantitative de la commercialisation des amphores massaliètes à Lyon, au cours du Ve s. (Fig. 15). Si son interprétation est sans doute à prendre avec quelques réserves, elle permet toutefois de mettre en évidence certaines grandes évolutions, en fournissant du même coup des indications précieuses sur la chronologie de l’occupation. Ainsi, on peut placer entre 510/500 et 480 p.C., l’arrivée significative des conteneurs massaliètes, matérialisée par 5 bords de type 1 et 25 de type 2. Un unique bord en pâte non micacée pourrait faire remonter l’arrivée des premiers conteneurs dans le dernier quart du VIe s., néanmoins le type peut perdurer jusque vers 475 p.C. Les 32 lèvres de type 3 (soit 41 % des bords identifiés) paraissent indiquer une nette augmentation des quantités de vin massaliète à partir de 480/475 p.C., et c’est sans doute dans le deuxième quart du Ve s. que l’intensité des échanges avec la cité phocéenne atteint son apogée. Le troisième quart du Ve s. voit un essoufflement des importations, c’est du moins ce que paraît indiquer le faible nombre de bords de type 4 (12 exemplaires, soit 15,4 %). L’unique lèvre de type 5 clairement identifiée attesterait une chute des importations d’amphores dans le dernier quart du Ve s. On peut s’interroger sur la signification de ces données : sont-elles liées aux aléas des flux commerciaux massaliètes ou dépendent-elles de la vitalité de l’agglomération (son développement, son expansion et son déclin) ?
La question des amphores massaliètes de Gorge de Loup
Au regard des recherches récentes, il faut sans doute aujourd’hui s’interroger sur quelques unes des datations proposées sur le site Gorge de Loup, associées à la présence d’amphore massaliète à pâte micacée. C’est notamment le cas d’une des palissades dont la date d’abattage du bois est placée vers 522 par l’analyse dendrochronologique (Orcel et al. 1993 ;
Verot-Bourrély et al. 1995). Or, sous cette structure est présent un bord d’amphore massaliète de type 2 en pâte micacée, apparaissant vers 500 p.C. La présence de cette lèvre de type 2 pose donc un problème de validité concernant l’une des dates permettant de remonter avant 510/500 p.C. l’occupation de l’agglomération de Lyon-Vaise (Bellon & Perrin 1990, 250).
Il en va de même pour la chronologie traditionnellement proposée pour la construction et l’abandon du grenier, qui s’appuie essentiellement sur la datation dendrochronologique d’une poutre calcinée, dont l’abattage est placé vers 523 p.C. Une installation de la structure est donc envisagée dans la fin du VIe s. pour un abandon intervenant dans le deuxième quart du Ve s. (Bellon & Perrin 1990).
Dans le cadre d’une datation du grenier de Gorge de Loup, les amphores, sans doute exportées plus rapidement pour leur contenu, paraissent un élément plus fiable que les seules coupes grecques, plus sujettes au phénomène de résidualité. La présence d’un peu moins d’un millier de tessons d’amphores exclusivement en pâte micacée constitue déjà un jalon chronologique pour placer l’utilisation de cette structure vers 500 p.C. La présence d’un seul bord de type 2 en pâte micacée fixe un terminus post quem à l’installation du grenier. La découverte de 8 amphores présentant un bord de type 3 illustre en revanche la pleine période de fonctionnement du grenier, soit après 480/475 p.C. Quant aux trois lèvres de type 4, elles pourraient constituer un terminus post quem pour l’abandon de la structure. Le type 4 apparaîtrait vers 460/450 av. pour J.‑C. Sourisseau et semble disparaître vers 400 p.C. (Py et al. 2001, 144-150). La présence de trois bords de ce type dans l’espace de stockage, qui compose le quart des amphores identifiées au sein de la structure et constitue le quart des exemplaires identifiés à l’échelle de Lyon14, doit se situer après 450 p.C. lorsque le type est bien diffusé, dans le troisième quart du Ve s. Sur la base de la présence exclusive d’amphores massaliètes à pâte micacée, des types et du nombre de bords représentés, nous proposerions plutôt une édification dans le 1er quart du Ve s., pour un abandon dans le troisième quart du Ve s. L’association de deux céramiques attiques, une coupe de type Bloesch C datée vers 525-480/475 p.C. et une coupe Vicup datée vers 480-450 p.C. (Bellon 2007, 17), ne semble pas incompatible avec la chronologie proposée. La datation dendrochronologique vers 523 p.C. apparaît donc problématique par rapport au mobilier archéologique. Doit-on voir dans ces décalages un phénomène de réutilisation de bois pour l’édification d’une partie des constructions de Gorge de Loup ?
Les amphores étrusques
Une douzaine de sites lyonnais révèlent la présence d’amphores étrusques, qui se limitent bien souvent à un ou deux tessons, trois à cinq maximum sur quelques sites (Horand I et II, Gorge de Loup). Pour l’heure, vingt-huit fragments (0,4 % du NR des importations à Lyon) permettent de reconnaître la présence d’au moins dix-sept amphores étrusques importées à Lyon15, en général associées aux productions massaliètes. Trois bords ont été identifiés au type A-ETR-416, mais l’un d’eux semble attribuable à un type A-ETR-4A (Ayala & Monin 1996, fig. 7 n°9 ; fig. 16). Une quatrième lèvre d’amphore étrusque provenant du site de la rue du Mont d’or appartient à un type 3C (Fig. 16). Enfin, une amphore de type 3A (Bellon et al. 2006) précédemment identifiée comme type 3B (Perrin & Bellon 1992, 420 ; fig. 1, n° 5) serait reconnue à partir d’une anse, sous une palissade datée par dendrochronologie de 537 p.C.
L’amphore A-ETR 3C est datée entre la deuxième moitié du VIe s. et le Ve s. À Lattes, de nombreux exemplaires appartiennent aux années 525-450 p.C., mais le type est encore largement présent dans la deuxième moitié du Ve s. (Py et al. 2001, 20-23). Le type A-ETR 4 n’apparaît pas avant le dernier tiers du VIe s. et se répand rapidement pour supplanter les autres formes à la fin du VIe s. et au Ve s. (Py et al. 2001, 23-28). L’amphore A-ETR 4A est datée à partir du troisième quart du Ve s. À Lattes, les découvertes du type 4A sont issues de niveaux datés à partir de 450 et constituent les plus anciennes attestations en Gaule (Py et al. 2001, 38-40).
Les amphores grecques
Quelques rares tessons attestent de l’importation d’amphores grecques orientales sur la plaine de Vaise. Deux fragments provenant de la fouille de la rue du Mont d’or appartiennent au type Samos-Milet (Fig. 16). L’un d’eux est un fragment d’épaulement avec départ du col qui conserve un ressaut correspondant au type A-GRE Sam5, daté vers 475-400 p.C. (Py & Sourisseau 1993, 44). Ces caractéristiques permettent d’identifier plus précisément un type S/1 de M. Lawall, sans doute une variante 2 datée vers 480-450 p.C., qui est marquée par un allongement du col où le ressaut est placé plus haut que dans la forme précédente (Sacchetti 2012, 85-90). Le contenu des amphores de type samien et milésien reste ouvert à discussion ; si elles ont pu contenir du vin ou d’autres produits, il semble qu’elles aient plus particulièrement été destinées au transport de l’huile d’olive (op. cit., 93). Rue Roquette, deux autres tessons, appartenant à un même conteneur, se rapportent très probablement à une amphore de type grec oriental. Il pourrait s’agir d’une amphore de type Solokha I, produite sur plusieurs sites de la côte anatolienne à partir du milieu du Ve s. et pendant tout le IVe s.17. L’identification de trois tessons appartenant à une production grecque avait déjà été envisagée sur le site de Horand II (Perrin & Bellon 1997, 160), ce qui pourrait porter le nombre total de fragments lyonnais à 7 pour un NMI de 3 conteneurs.
Les céramiques à pâte claire
Avec près de 1 630 tessons et 22,4 % du NR, les céramiques à pâte claire occupent la seconde place au sein du corpus des importations. Parmi celles-ci, certaines conservent des décors peints de bandes horizontales ou de motifs plus complexes. Les peintures préservées varient des tons bruns aux rouges et orangés ; un cas de peinture noire est attesté. Ces céramiques “claires peintes” appartiennent majoritairement aux productions dites “pseudo-ioniennes” dont les pâtes sont plus dures et la surface ornée de décors d’ondes ou de motifs de “style subgéométrique rhodanien” (Fig. 19). Elles sont présentent sur les sites de St-Vincent (Lascoux et al. 2009, 15-18, Pl. 7), du 10 rue Marietton (Ayala & Monin 1996, 54, fig. 7 n° 1-3), de la rue du Mont d’or (Carrara et al. 2009) et enfin de la rue Roquette. Les formes se rapportent presque exclusivement à des cruches, dont certaines de grande dimension, qui trouvent des comparaisons avec les exemplaires mis au jour sur le site drômois du Pègue. Quelques tessons appartiennent également aux productions peintes massaliètes, à décors de bandes horizontales orangées ou à ornements de disques noirs (rue du Mont d’or, fig. 19).
Le répertoire des formes en présence à Lyon s’articule autour de quelques grands types récurrents. Les bords, fonds et anses renvoient le plus souvent à des formes hautes et fermées, principalement des olpés et des cruches destinées au service du vin. Le type CL-MAS 543 est bien représenté notamment sur les sites de Gorge de Loup et de Horand III (Bellon 2007, 16, fig. 8). Il est également attesté par au moins 3 exemplaires rue du Mont d’or, un autre rue des Tuileries (Tuileries II), et un dernier rue Roquette. À Horand I, une anse plate et trois fonds appartiennent à des formes hautes de type cruches ou olpés (Bellon & Perrin 1992, fig. 10). Rue Marietton, trois bords et deux anses de cruches/olpés sont également signalés (Ayala & Monin 1996, 54, fig. 7 n° 6-8). De rares fragments appartiennent à des coupes ou coupelles en pâte claire. Un pied sur tige est présent sur le site de Horand I (Bellon & Perrin 1992, 280, fig. 10 n° 12). Un tesson caréné en pâte claire pourrait appartenir à un bol de type CL-MAS 332 (Bellon 2007, 16, fig. 8). Il s’agit d’une forme de tradition indigène, non attestée en contexte grec, mais représentée dans les productions régionales de la vallée du Rhône dites “sub-géométrique rhodanien”. Ce type, qui existe dès le milieu du Ve s., est plus rare à Lattes que dans l’intérieur des terres, mais est encore présent parmi les contextes de la fin du Ve et du IVe s. p.C. (Py et al. 2001, 657).
Les fouilles récentes de la rue des Tuileries (Tuileries I et Tuileries II), de la rue du Mont d’or et de la rue Roquette ont considérablement enrichi le corpus des céramiques à pâte claire (Fig. 17, 19) 18. Ces opérations archéologiques ont également permis la caractérisation d’un répertoire typologique plus varié. Sur les sites de la rue des Tuileries, en complément des cruches de type CL-MAS 543, des fragments d’olpés CL-MAS 521/522, produites à partir du milieu du VIe s. p.C. jusqu’à la fin du IIIe s. p.C., ont été identifiés. Le type de cruche 542a, qui présente un grand diamètre, et dont la production est située entre 525 et 350 p.C., a également été inventorié. Certains fonds sont par ailleurs tout à fait comparables à celui de la cruche de type 542a. Sur le site de la rue du Mont d’or, aux côtés des trois cols de cruche de type CL-MAS 543, on peut également signaler des types CL-MAS 527b et CL-MAS 542, ainsi qu’une olpé CL-MAS 521 et un type CL-MAS 521/522.
Sur ces trois sites, plusieurs tessons se rapportent à des coupes et permettent d’identifier cinq à six individus. Rue des Tuileries, des fragments de pieds coniques évoquent les coupes de type CL-MAS 423 ou 425. De plus, un petit fragment de bord déversé faisant un angle avec la vasque renvoie au même type de vase. Le type CL-MAS 423 est produit à Marseille dans le deuxième quart du VIe s., où il est encore courant dans la deuxième moitié du VIe s. Il se raréfie après 500 p.C., période où il est remplacé par le type 425. Il est fréquent dans les horizons anciens de Lattes principalement entre 525 et 475 p.C. (Py et al. 2001, 684-687). La coupe de type CL-MAS 425 est attestée à Lattes vers 500 p.C. Elle est présente pendant tout le Ve s. et est encore en usage au début du IVe s. (Py et al. 2001, 688-691). Un bord présent rue du Mont d’or appartient également à une coupe de la série CL-MAS 420 (CL-MAS 423 ou 425 ?). Sur le même site un second bord de coupe à bord convergent semble plus proche d’un type CL-MAS 237. La forme CL-MAS 237 est connue de la fin du VIe s. au début du IIe s. (Py et al. 2001, 646-649).
Parmi le répertoire des formes des pâtes claires massaliètes, se distingue la production de mortiers à pâte micacée dévolus à la préparation des aliments. Le site des Tuileries I a notamment permis la découverte de deux individus, alors que les sites de la rue du Mont d’or et de la rue Roquette en ont chacun fourni un exemplaire. Les mortiers restent peu courants à Lyon, seulement représentés par 6 individus parmi lesquels on peut reconnaître au moins cinq lèvres de type CL-MAS 623c (Bats 1993 ; Py et al. 2001). La datation du type CL-MAS 623c reste assez large, puisque attesté entre le VIe et le IVe siècle pour la variante 623c1 à laquelle appartiennent les récipients lyonnais (Fig. 20).
Les céramiques grises monochromes
Avec un peu plus de 370 fragments sur l’ensemble des sites lyonnais, la céramique grise monochrome ne représente que 5,1 % du mobilier d’importation. Les tessons permettent principalement d’identifier des coupes, quelques bols, et de rares cruches/oenochoés. Les coupes à bord rentrant, du groupe GR-MONO 2, sont particulièrement bien représentées avec les types GR-MONO 2c, 2b et la variante fermée à lèvre retroussée 2f (Py 1993 ; Arcelin-Pradelle 1984). Quelques coupes carénées du groupe GR-MONO 3, plutôt du type 3c ou d, sont également présentes (Bellon 2007, 16-17, fig. 9). Trois bords décorés au peigne d’ondes parallèles incisées sont présents sur le site de Gorge de Loup et appartiennent vraisemblablement au type GR-MONO 3a (Bellon 2003b, 85). Les coupes sur pied GR-MONO 5 sont attestées sur le site de Horand I avec un fond et un pied conique appartenant à un type 5c ou 5d (Bellon,
Perrin 1992, 280-281, fig. 10 n° 19 et 20). Les oenochoés ou les cruches, plus exceptionnelles, sont attestées par des fragments de panses, de fonds et d’anses pseudo-bifides notamment sur les sites de Gorge de Loup (Bellon et al. 1986, 49, fig. 2 a), de la rue Sgt M. Berthet (Bellon 2007) et de Horand I (Bellon 1992).
Rue des Tuileries, les 66 tessons de céramique grise monochrome permettent d’isoler 7 coupes, dont certaines sont comparables aux types 2f à lèvre retroussée, produits entre 575 et 400 p.C. (Py 1993 ; Arcelin-Pradelle 1984). Une oenochoé ou cruche est également représentée par un fragment d’anse pseudo-bifide sur le chantier des Tuileries II, portant ainsi ce type de vase à 5 ou 6 individus identifiés à Lyon. Enfin, rue du Mont d’or, une coupe carénée GR-MONO 3c ou 3d et une coupe à bord rentrant de type GR-MONO 2c (Fig. 21) ont été identifiées parmi un ensemble modeste de 10 fragments.
La céramique grecque à vernis noir et à figure rouge.
Soixante-quatre tessons de vases grecs à vernis noirs, dont certains comportent des décors de figures rouges, constituent près de 1 % du nombre de restes des céramiques importées mises au jour à Lyon. Ils permettent d’estimer la présence d’au moins 33 récipients sur l’agglomération hallstattienne. Le répertoire des formes concerne principalement des coupes et des skyphos, vases à boire liés au service du vin, mais quelques fragments permettent également d’attester la présence de cratères, d’une unique lampe et d’éventuels lécythes (Bellon 2007).
Parmi les vases identifiés, une probable coupe-skyphos à bande peinte, provenant de la fouille de Horand I, constitue la forme la plus ancienne parvenue à Lyon, datable de 540-530 p.C. (Bellon & Perrin 1992, 279-280 ; Perrin & Bellon 1997, 161). Une coupe à vernis noir de “type C” produite vers 525-480 p.C. est identifiée sur le site de Gorge de Loup. Une coupe de type “Vicup”, datée de 480-450 p.C., était associée au récipient précédent dans le grenier de Gorge de Loup (Bellon 2007). Un tesson de coupe à vernis noir, comportant un décor incisé d’arceau reliant des palmettes estampées, est daté vers 450-425 p.C. (Bellon & Perrin 1992, 279-280). Les caractéristiques d’une coupe de type “Castulo cup” (Py et al. 2001, 355-360), sur le site de Horand III, semblent situer sa production à la fin du Ve s. (Bellon 2007). À Gorge de Loup, deux tessons à figures rouges sont attribués aux années 430-425 p.C. (Burnouf et al. 1989). Sur la fouille de la rue Sgt. Michel Berthet, une coupe à figure rouge est datée vers 470-460 p.C. et la qualité d’exécution du dessin d’un autre fragment semble plus caractéristique de la première moitié du Ve s. (Bellon 2007).
Concernant les découvertes plus récentes (Fig. 22), le site des Tuileries I a livré trois tessons à vernis noir de forme indéterminée. La dizaine de fragments de la fouille des Tuileries II se répartissent entre deux fosses-ateliers. L’une des fosses a livré neuf petits fragments d’une coupe conservant un vernis noir de bonne qualité. La seconde structure a permis la mise au jour d’un fragment d’anse à vernis noir pouvant également appartenir à une coupe. Rue du Mont d’or, dix fragments appartiennent à trois ou quatre coupes. L’un des tessons, à figure rouge, appartient à une coupe à pied sur tige. Il montre un décor représentant le drapé du vêtement d’un personnage prenant sans doute place au centre d’un médaillon intérieur. Du sol et de la couche de démolition du bâtiment 113 (Carrara et al. 2009), proviennent sept fragments de céramique grecque à vernis noir, dont un bord, une carène et un pied sur tige pouvant appartenir à une ou deux coupes de type C (525-480/475 p.C.). Le pied pourrait également se rapporter à une coupe de type Vicup (480-460 p.C.). Enfin, la fouille de la rue Roquette a livré trois tessons à vernis noir, dont une anse de coupe et une lampe. Le vernis de ce dernier objet, peu adhérent mais de bonne qualité, pourrait renvoyer à une imitation de production attique (pseudo attique massaliète ?). La forme et le profil du fragment se rapprochent d’un type Howland 20, daté vers 500-460 p.C. (Howland 1958, 43-44). La présence d’une pièce de luminaire de tradition grecque apparaît comme un élément exceptionnel, puisque pour la première fois attesté à Lyon. Pour Daniela Ugolini, bien que largement exportée et imitée à partir du VIe s., ce type d’objet est plutôt rare et sa présence s’observe le plus souvent en milieu colonial grec. Son utilisation semble donc liée à un fort degré d’hellénisation et reflète des relations commerciales et culturelles privilégiées avec le monde grec (Ugolini 1993).
Si certaines céramiques grecques peuvent appartenir au dernier tiers du VIe s., la majorité d’entre elles s’inscrivent dans le Ve s. (Fig. 23). Les éléments les plus anciens sont d’ailleurs issus de contextes archéologiques datables de la première moitié du Ve s.19. De même, la datation des coupes de type C (525-480 p.C.) peut être étendue jusqu’au début du deuxième quart du Ve s., période durant laquelle elles sont encore fréquentes en Occident (Py et al. 2001, 350-352).
Les apports des céramiques importées à la compréhension du site
Les céramiques importées comme marqueurs de circuits commerciaux
L’importance des céramiques méridionales et méditerranéennes présentes à Lyon semble démontrer le rôle prépondérant de l’agglomération lyonnaise dans le réseau d’échanges à longue distance, et plus particulièrement dans le circuit commercial massaliète à destination du nord de la Gaule. Le positionnement géographique du site à la confluence du Rhône et de la Saône, non loin des débouchés de voies de communications alpines et au départ de plusieurs voies terrestres vers le Massif Central et vers le Centre de la France, a sans doute favorisé son expansion économique. Si les découvertes lyonnaises témoignent de l’arrivée de marchandises en grandes quantités, une partie non visible et non quantifiable de ces produits n’a dû que transiter par l’agglomération. À moins de quatre-vingt kilomètre à l’ouest, le site de Chambéon / Magneux-Haute-Rive (Loire) a fourni plusieurs fragments d’amphores massaliètes, dont un bord de type 3 (Treffort 2009). Ces découvertes constituent un indice permettant de restituer une des voies de redistribution possibles depuis la plaine de Vaise vers le Centre de la France. Les découvertes régionales de mobiliers importés témoignent de l’implication de Lyon dans la diffusion locale de ces marchandises, notamment en direction de l’Est lyonnais et les agglomérations ouvertes à caractère agro-pastoral de Vénissieux et de Saint-Priest (Bellon & Franc 2009 ; Nourissat 2009 ; Ramponi 2009 ), et peut-être plus à l’Est vers le site de Larina et le pied occidental des monts du Bugey (Hières-sur-Amby “grotte de La Chuire”, Isère ; Ambérieu “Grotte du Gardon”, Ain). De même, cette redistribution a également concerné le Sud-Ouest de Lyon20.
Une large majorité des importations concerne les productions massaliètes ou d’obédiences massaliètes, mais quelques tessons et d’autres objets plus rares (flacon en verre, fibule…) montrent que des produits grecs, étrusques et nord-italiques parviennent à Lyon. Participent-ils pour autant au même circuit commercial ? Différents cas de figure peuvent être envisagés notamment au travers du cas des amphores étrusques, peu représentées sur le site. Le premier cas de figure pouvant expliquer la sous-représentation d’amphores étrusques par rapport aux amphores massaliètes est d’ordre chronologique. Les amphores étrusques auraient pu parvenir à Lyon à une date plus haute, avant l’arrivée des productions massaliètes et leur période de domination sur le commerce étrusque. On peut toutefois objecter à cette interprétation la coexistence de tessons des deux productions sur les mêmes fouilles et au sein des mêmes structures. De plus, la production des types de conteneurs étrusques identifiés est contemporaine, ou peut se superposer partiellement, avec celle des amphores de Marseille. Une seconde hypothèse induirait l’existence de deux circuits commerciaux différents, par leur voie de communication et leur intensité : un principal, massaliète, privilégiant l’axe rhodanien ; un secondaire, étrusque, transitant par les voies alpines via le domaine nord-italique. Mais là encore on pourrait contester cette hypothèse par la présence d’importations étrusques dans la moyenne vallée du Rhône (Perrin & Bellon 1992 ; Bellon et al. 2006) et la présence d’un comptoir étrusque à Lattes. Pour S. Verger et A.-M. Adam, les relations à longue distance entre Europe tempérée et Méditerranée, au Premier âge du Fer, ont privilégié deux grands axes de circulation empruntant, l’un des voies transalpines, l’autre la vallée du Rhône prolongée par la Saône et les affluents de celle-ci. Mais il faut désormais abandonner la proposition d’une répartition “entre un commerce grec empruntant le couloir rhodanien et un commerce étrusque, privilégiant les voies alpines” qui ne semble “pas correspondre à une réalité sans doute beaucoup plus complexe”, de même qu’une distribution par produit (amphores et céramiques attiques) ne semble pas être effective (Adam & Verger 2009, 110). L’étude récente de C. Bellon et de ses co-auteurs confirme la circulation à longue distance des productions étrusques dans la moyenne vallée du Rhône et aux portes de l’Auvergne, qui se superpose à celle des produits massaliètes. En revanche, la question concernant les traces d’un commerce étrusque ou d’une redistribution de produits étrusques via le réseau massaliète reste ouverte (Bellon et al. 2006). Ceci amène l’hypothèse d’une circulation plus complexe où les produits massaliètes seraient favorisés tout en permettant la commercialisation d’autres marchandises (grecques et étrusques), le commerce de la cité phocéenne supplantant progressivement celui étrusque à la fin du VIe s. et au Ve s. Plus qu’un indicateur d’itinéraires ou de circuits commerciaux, la faible proportion d’amphores étrusques par rapport aux productions massaliètes, ne pourrait d’ailleurs être que le résultat de l’expansion économique et commerciale de Marseille. Ce constat peut être fait sur de nombreux sites septentrionaux ou méridionaux21. Néanmoins, au vu de la rareté des découvertes d’origine nord-Italique ou étrusque sur l’agglomération protohistorique lyonnaise, par rapport à d’autres sites tel que Bragny-sur-Saône (Flouest 2009), il semble que le réseau transalpin, par l’entremise du domaine de Golasecca, n’ait pas eu la même intensité (ou importance) pour Lyon, et que ce soit la voie commerciale empruntant le sillon rhodanien et les relations avec le domaine massaliète qui aient été privilégiées.
Pour J.-P. Morel “Lyon semble avoir eu, de par sa situation géographique, une vocation éminente à s’ériger en emporion intérieur ou en centre de redistribution” (Morel 2007). De par ces importations, Lyon semble avoir tenu un rôle fondamental parmi les sites-relais septentrionaux, pouvant s’élever en centre ou en comptoir commercial intermédiaire du commerce méditerranéen (Brun 2007), au même titre qu’Arles avec qui il forme des portes d’entrée sur l’axe Rhône/Saône (Morel 2007). Lyon semble donc avoir pleinement participé à la diffusion des produits méditerranéens au centre desquels le vin massaliète fait l’objet d’une véritable exportation jusqu’à Lyon et au-delà. On pourra objecter qu’un peu moins de 160 amphores massaliètes, une vingtaine d’amphores étrusques et 3 conteneurs grecs, négociés et consommés à Lyon à l’échelle d’un siècle, représentent à peine deux amphores importées par an et ne relèvent pas d’un réel commerce. Mais nous rappellerons que ce chiffre, de près de 5 200 fragments pour environ 180 conteneurs toutes catégories confondues, n’est qu’un échantillon à mettre en perspective avec les caractères particuliers de ces découvertes qui s’inscrivent dans un contexte de fouille préventive urbaine22. De même, depuis les colloques de Lattes en 1989 (Bats 1990) et de Marseille en 1990 (Bats et al. 1992), on peut constater la multiplication des découvertes d’amphores massaliètes et étrusques sur des sites datés du Ha D3 / LT A dans la vallée du Rhône, notamment entre Drôme et Ardèche, mais également plus à l’intérieur des terres vers le massif central ou la région Centre, vers Grenoble ou le cours supérieur du Rhône (Brun 1992, 197 fig. 6 ; Brun & Chaume 1997 ; Durand 2001 ; Milcent 2004, 303-322 ; Milcent 2007, 285 fig. 34 ; Bellon et al. 2006 ; Treffort 2002 et 2009). Pour P.-Y Milcent, les réseaux d’échanges au Ve s., de par leurs cadres et leurs intensités, prirent une tournure proprement commerciale (Milcent 2007, 287).
Lyon ou les sites participant à la diffusion des produits massaliètes, et plus largement des produits méditerranéens, ont dû centraliser les marchandises avant de les redistribuer ou d’assurer leur transit à destination des résidences princières septentrionales ou d’autres sites secondaires. On peut envisager un rôle équivalent, pour ces sites-relais, dans les flux de marchandises nord/sud résultant des contreparties commerciales versées par le Nord à destination du Sud. Lyon pourrait donc se positionner au centre d’échanges mettant en jeu des réseaux sud/nord et également nord/sud (contreparties aux produits massaliètes). Mais force est de constater que les traces de ces flux nord/sud restent difficiles à appréhender à Lyon, même si quelques céramiques à décors peints ou modelés d’origine septentrionale pourraient révéler de tels courants, auxquels il faut également associer la circulation de personnes.
Les importations méditerranéennes comme marqueurs de mixité ethnique et de mutations socio-culturelles
Si les mobiliers d’importation témoignent de circuits commerciaux plus ou moins soutenus, ils confirment également une importante consommation locale de produits méditerranéens, où prédomine la triade amphore, olpé/cruche et coupe, liée au transport, au service et à la consommation de vin. Le statut de site de consommation, point d’arrivée de marchandises importées, ne doit pas être sous-estimé par rapport à son rôle de centre de redistribution. Cette consommation de vin, que l’on relie habituellement à une pratique touchant principalement aux élites ou à l’aristocratie, ne semble cependant pas réservée à une caste privilégiée à Lyon. C’est du moins ce que tend à prouver la répartition des découvertes dans des secteurs aux vocations artisanales, domestiques ou agro-pastorales, au premier abord modestes. On peut donc s’interroger sur le ou les types de populations qui ont eu accès à ces marchandises “exotiques” à Lyon et qui les consomment : des indigènes, artisans ou commerçants ayant suffisamment de moyens pour se les procurer, ou encore des étrangers, commerçants méridionaux, plus accoutumés à ce type de consommation.
La découverte de mortiers massaliètes (6 exemplaires) permet de formuler deux hypothèses. D’une part, leur présence pourrait démontrer, aux côtés du vin, l’évolution des habitudes alimentaires d’une partie de la population indigène, ainsi qu’une certaine “appropriation culturelle” de cette dernière, avec l’utilisation de vases destinés à des préparations culinaires et des assaisonnements de tradition méditerranéenne. La rareté de cette vaisselle pourrait, d’autre part, constituer un indice attestant la présence d’une population plus spécifique, d’origine méridionale, implantée à Lyon-Vaise, qui reproduirait les modes alimentaires de leur région d’origine. La présence d’une amphore grecque de type Samos-Milet, ayant pu potentiellement contenir de l’huile d’olive, ne donne que plus de poids à cette hypothèse. À ce propos, Patrice Brun proposait pour expliquer la relative richesse en amphores du site “que des Méridionaux, consommateurs habituels de cette boisson, transportaient et gardaient peut-être dans leurs entrepôts de Lyon ou de Bragny leur réserve personnelle, destinée à leur propre consommation et à la dégustation sur place pour leurs partenaires commerciaux” (Brun 1997, 327). Les deux hypothèses concernant l’existence d’une population d’origine méridionale ou d’une “méditerranéisation” d’une partie de la population indigène (Morel 2007 ; Bellon 2007) pourraient d’ailleurs être complémentaires, comme le suggère la découverte d’autres types de mobiliers.
La présence d’une lampe, dont l’utilisation reflète un fort degré d’acculturation, amène également à s’interroger sur l’origine des occupants ayant utilisé ce type d’éclairage à Lyon, indigènes hellénisés ou commerçants grecs.
L’apport des mobiliers non-céramiques et des prélèvements archéologiques
L’instrumentum méditerranéen ou d’origine méridionale
Divers objets plus rares, dont l’origine n’est pas locale, semblent participer à la circulation des marchandises et/ou des personnes. Ainsi deux fibules traditionnellement dites “ibéro-languedociennes”, de type “Golfe du Lion” (Tendille 1978), ont été mises au jour sur l’agglomération hallstattienne (Fig. 16, n° 1-2). La forme de ces fibules, à arc rubané, pied relevé supportant un appendice biconique, et présentant un ressort bilatéral asymétrique, est caractéristique des productions de la Gaule du Sud23. Il pourrait s’agir d’objets importés circulant en même temps que les céramiques massaliètes ou, plus vraisemblablement vu les quantités, d’objets arrivés à Lyon par l’intermédiaire des personnes qui les portaient. Ce type de fibule a également suscité la fabrication d’imitations locales sommaires sur l’atelier de forge de la rue des Tuileries (Fig. 16, n° 3 ; Carrara 2009). Cette fabrication d’un type de fibule “méridionale” pourrait démontrer un certain goût pour les produits d’origine méditerranéenne de la part des populations locales.
Trois tores ou pesons de tisserands en céramique24 de forme annulaire reprennent une forme connue plutôt dans le Sud de la France et dans le domaine méditerranéen (Fig. 24, n° 13-14). Cette forme de peson, façonnée dans l’argile ou retaillée dans des panses d’amphore ou de dolium, est bien connue sur les sites méridionaux dans des contextes chronologiques du VIe s. au IIIe s., notamment à Lattes (Raux 1999, 461 et 465 ; Gardeisen & Raux 2000, 94-98) ou sur le site de La Liquière près de Nîmes (Py 1990, 454-458). Des pesons de forme et de taille similaires sont notamment attestés par des représentations sur les céramiques peintes dans le monde grec qui confirment leur utilisation pour le tissage et montrent la possibilité technique de cet emploi (Py 1990, 457). C.-A. de Chazelles cite également un peson circulaire façonné, à Béziers, d’un diamètre de 8 cm pour une épaisseur de 2 cm comportant une perforation unique près de sa périphérie, daté de la première moitié du Ve siècle. Sa forme et ses dimensions peuvent le rapprocher des pesons grecs circulaires notamment d’Athènes, où ces types sont présents aux VIe et Ve s. (de Chazelles 2000, 121). Dans ce cas, le système de perforation, donc de suspension, diffère légèrement de nos exemplaires, même si la taille et la forme restent similaires. De même, deux disques façonnés sont présents à Mailhac et à Montlaurès (10 cm de diamètre 2,5 à 3 cm d’épaisseur), mais hors contextes datés (op. cit.). Ils présentent une perforation centrale similaire aux pesons de Lyon. Il faut également signaler la présence de nombreux objets identiques, par leur forme et leurs dimensions, en Slovénie sur le site de Dolenjske Toplice25. Cette forme de peson apparaît caractéristique d’un type méridional, dont les trois exemplaires de Lyon-Vaise constituent, à notre connaissance, les spécimens les plus septentrionaux identifiés à ce jour. Le caractère artisanal de ces objets plaide en faveur d’éléments parvenus sur le site par l’intermédiaire des personnes qui les utilisent, sans doute des méridionaux si l’on se fie à la répartition des découvertes.
Sur les sites des Tuileries I et de la rue Roquette, deux petits cylindres constitués d’une tôle de plomb roulée correspondent à des lests (Fig. 24, n° 4-5). Ces objets sont bien connus à Lattes, où ils étaient utilisés pour lester les filets de pêche ou les lignes. Ils ont aussi pu être destinés à des filets pour la chasse au petit gibier (Feugère 1992 ; Rivalan 2010). Les exemplaires les plus précoces de Lattes proviennent de contextes chronologiques datés vers 450-425 et 400-375 p.C. (Raux 1999, 475-476, fig. 21, n°877-883 ; Rivalan 2010, 730-732). La fréquence des découvertes semble indiquer une utilisation plus courante et plus ancienne de ces éléments en Gaule du Sud.
La présence de trois fragments de vases à parfum, appartenant à des balsamaires rhodiens en verre bleu sur noyau d’argile, témoigne de pratiques méditerranéennes liées à la toilette (Fig. 24, n° 6-7). Le fragment provenant de la rue des Tuileries, de couleur bleu foncé, est décoré de deux filets parallèles de verre opaque : l’un bleu ciel, l’autre jaune. Un fragment identique avait déjà été découvert sur le site de Gorge de Loup (Bellon et al. 1986, 247, fig. 2 C). Un troisième exemplaire similaire provient d’un des sites de la rue du Docteur Horand (Bellon 2003b). Ce type de vase est produit entre la deuxième moitié du VIe et le Ve siècle p.C. (Feugère & Guillot 1986, 176-178). Les importations méridionales appartiendraient à une phase ancienne, entre 510/500 et 480/470 p.C. (Feugère 1989). En lien avec ces découvertes, il faut également signaler la présence d’au moins deux petits instruments en alliage cuivreux, d’une longueur totale d’une douzaine de centimètres, dont une extrémité se termine par une spatule ou un cuilleron (Fig. 24 n° 11-12). Un troisième fragment pourrait appartenir au même type d’objet (Fig. 24 n° 10). Il paraît s’agir d’objets liés à la toilette et aux cosmétiques, spatule à fard ou cuillère à parfum (?), dont la forme rappelle certains instruments de l’antiquité romaine. Le manche de section circulaire possède dans certains cas une terminaison de forme sphérique précédée par une moulure annulaire. Un objet identique est présent sur le site de “Port sec sud” à Bourges, et provient d’un contexte archéologique et chronologique similaire : un quartier artisanal du Ve s. Il est également identifié comme une spatule à fard et constitue pour l’heure le seul parallèle septentrional aux exemplaires de Lyon (Augier et al. 2012, 130, fig. 150). Ce type de spatule est en revanche mieux attesté dans le domaine méridional où A. Rivalan inventorie une dizaine d’exemplaire se répartissant entre deux types distincts (Rivalan 2011, 418-420, fig. 236).
Deux épingles présentent une forme particulière et s’écartent du profil habituellement constaté à Lyon pour ce type de mobilier (Fig. 24 n° 15-16). Ces épingles doubles ont une forme tout à fait originale qui paraît exotique. Elles sont constituées à partir d’une fine tige de section circulaire appointée à ces deux extrémités et recourbée afin de former un U comportant deux pointes parallèles de même longueur. Les sommets sont pour l’une arrondi simple et pour l’autre étranglé formant un épaulement et une boucle sommitale. Ce type de forme demeure peu répandu. Il semble absent des ensembles de mobilier dans le domaine hallstattien centre-occidental, mais est bien attesté dans le Sud de la France où l’on compte un corpus de 11 exemplaires présentant quelques variantes dans la finition de la tête : arrondie simple, arrondie et aplatie, étranglée créant une boucle. Trois épingles de ce type sont notamment présentes sur le site du Pègue (26). Ces exemplaires correspondent aux d’épingles de type 5.1 définit par Benjamin Girard-Millereau, daté vers 550-450 p.C. (Girard-Millereau 2010, 346 et fig. 329) ou aux épingles bifides de Michel Py, datées vers 525-475 p.C.
Aux vues des données bibliographiques, les épingles doubles ou bifides semblent typiques du Sud de la France avec une “concentration” plus particulière en Languedoc et au Pègue (26). Les deux exemplaires de Lyon apparaissent comme les exemplaires les plus septentrionaux recensés. Elles posent clairement la question de l’origine d’une partie de la population installée dans le secteur nord de la plaine de Vaise. Question qui est à mettre en relation avec les découvertes des fours de potiers du “28 quai Paul Sédallian”.
Une broche à rôtir, en fer, est constituée par une longue tige (36 cm conservés), de section carrée (de 7 à 8 mm de côté), dont une extrémité est pourvue d’une petite spatule plus ou moins losangique ou ovale servant sans doute d’élément de préhension (Fig. 24, n° 17)). La pointe de l’objet est manquante. Hormis l’absence de perforation dans la spatule terminale l’exemplaire de Lyon est très proche de celui de Salins-les-Bains rapproché d’exemplaires italiques (Dubreucq 2013, 77-78 et Pl. 31 n°8). De même, notre exemplaire semble se rapporter au type BA-3131 de DICOBJ (Py coord.) à tête ovale aplatie ou renflée, daté entre 475 et 100 a.C. Un exemplaire provenant du dépôt métallique de la “fouille 47” du Cayla de Mailhac, daté vers 475/450-425 p.C., est similaire à celui de Lyon (n°86, fig 60, Beylier et al. 2016). Il s’agit d’une broche à rôtir à tête plate arrondie non perforée et de section carrée de la tige, que A. Beylier rapproche du type III de C. Kohler. Ces pièces sont fréquentes dans le domaine italique aux VIe-Ve s. a.C., mais également en Grèce, dès le VIIIe s. a.C. (Beylier et al. 2016, 183-185, fig. 60). Ces broches à rôtir demeurent assez rares en contexte d’habitat dans le monde hallstattien occidental (Dubreucq 2013, 77-78) et ne sont pas plus répandues en France méridionale (Rivalan 2011, 150-153, fig. 84). Il faut cependant relativiser cette dernière remarque. En France méridionale, si leur présence demeure rare en contexte funéraire et ancien (2 exemplaires de la tombe 420 de Grand Bassin 1 à Mailhac, vers 700-650 p.C.), le nombre d’occurrences, bien que restreint, semble croitre en contexte d’habitat au cours du VIe et Ve siècle : 5 exemplaires à Lattes, 5 ou 6 exemplaires au Cayla de Mailhac, 1 à Nîmes “Moint Cavalier”, 1 à Saint-Blaise et 1 à Saint-Rémy-de-Provence (données Dicobj, Py coord. ; Beylier at al. 2016 ; Rivalan 2011 ; Girarad-Millereau 2010)
Ce type d’objet apparait particulier et rare pour les contextes chronologiques de la fin du Premier âge du Fer. Il semble lié à des sphères sociales élevées et à des pratiques de consommation ritualisées dans le cadre du banquet, que l’on peut également retrouver dans des contextes de dépôt rituel (Beylier et al. 2016). Au début de l’âge du Fer, ces objets originaires du monde grec, italique et oriental semblent diffusés vers les contextes occidentaux. Aux vues des comparaisons établies, nous avons tout lieu de penser que la broche à rôtir de “Lyon-Vaise-Industrie” constitue un objet, ou du moins une forme d’objet, importé du domaine méditerranéen.
Enfin, deux dés en os de forme parallélépipédique constituent des objets exceptionnels pour cette période et sous nos latitudes (Fig. 24, n° 8-9). Ils pourraient attester, dès la première moitié du Ve s. p.C., de l’adoption d’une pratique sociale méditerranéenne : le jeu26. L’un des exemplaires est très probablement d’origine étrusque ou nord-italique. Il est de forme parallélépipédique rectangle et les différentes faces sont ornées d’ocelles qui créent des chiffres disposés à l’opposé : 1 et 2, 3 et 4, 5 et 6. Cet élément est également particulièrement bien poli. Ce dé montre de fortes similitudes avec les découvertes faites dans les tombes celtiques de Bologne et de son territoire, où figurent plusieurs de ces objets (Vitali 1992). Le second dé est plus grossier, de forme parallélépipédique allongée. Il n’est inscrit que sur ses quatre grandes faces de simples points réalisés par enlèvement de matière, représentant les chiffres 3, 4, 5 et 6. Le 1 et le 2 ne sont pas représentés, les deux petites faces restant lisses. Ce dé, non poli, présente un éclat qui semble être survenu pendant la confection d’un point de la face 4. Il pourrait donc s’agir d’un objet en cour de fabrication, raté et rejeté, ce qui expliquerait le fait que deux faces soient restées vierges et qu’il n’ait pas subi de polissage27. Ces objets témoignent d’un degré d’échanges et de contacts avec le monde méditerranéen dépassant largement le cadre commercial.
Une partie des différents éléments que nous venons de passer en revue, par leur rareté, leur caractère particulier ou leur vocation domestique, semblent plutôt attachés au déplacement et à l’installation d’individus pérégrins qui ont pu accompagner la circulation des marchandises méditerranéennes. Ils pourraient également avoir été rapportés, pour partie, par des indigènes ayant effectué des déplacements dans des contrées étrusques ou grecques, ou du moins sous leurs influences. Ces mouvements, d’artisans ou de mercenaires gaulois, sont d’ailleurs attestés par les textes antiques pour la période qui nous intéresse.
Indices de transferts technologiques et d’introduction de plantes et d’animaux d’origine méditerranéenne
On peut également se demander si le commerce à longue distance en favorisant la multiplication des contacts entre cultures méditerranéenne et celtique n’a pas permis, ou du moins facilité, la transmission d’éléments moins perceptibles par l’archéologie que des amphores ou des objets en métal. La présence d’étrangers d’origine méditerranéenne a probablement permis la circulation et le transfert d’idées, de technologies et de savoirs, ainsi que l’introduction de plantes et d’animaux d’origine méridionale (Milcent 2007, 287-288), que l’on peut partiellement entrevoir au travers des découvertes lyonnaises.
Le travail de la corne largement attesté à Lyon peut également relever de ce large mouvement de contacts et pourrait évoquer des transferts de compétences technologiques méditerranéennes ou d’origine méditerranéenne (Bellon, Perrin 1997, 161 ; Milcent 2007, 267). La multiplication des découvertes, qui concernent sept sites, démontre la forte implantation de cette activité. Elle est révélée par des concentrations de chevilles osseuses sciées, principalement de bovins, attestant la récupération de la matière cornée à des fins artisanales (découpes transversales et longitudinales) : 289 restes au métro Gorge-de-Loup (31 cornes), près de 301 à Horand I-IV (89 cornes), 243 au 16-28 rue des Tuileries et 24 (12 cornes) rue du Mont d’or. On peut restituer un débitage destiné à obtenir des troncs de cône et des plaquettes rectangulaires ou trapézoïdales de 60-70 mm de long par 40-50 mm de large. Cette matière brute une fois ouvragée pouvait servir d’élément ornemental : placage et incrustation. Il semble que cet artisanat puisse être le résultat d’un transfert technologique venant d’Etrurie, mais la démonstration reste à établir (Argant 1996 ; Perrin & Bellon 1997 ; Kuntz et al. 2000).
Parmi les restes de faune mis au jour sur les sites hallstattiens de la plaine de Vaise, on relève par ailleurs la présence régulière d’ossements de coq domestique (Argant 1996, 53 ; Argant 2001). L’introduction de cet animal sur l’agglomération peut traduire un des nombreux transferts effectués dans le cadre des échanges à longue distance. En effet, ce gallinacé d’origine orientale fait alors son apparition sur quelques sites particuliers du nord-ouest des Alpes à la fin du VIe et au Ve s p.C. (Brun 2007 ; Milcent 2007 287-288).
Aux trois coquillages méditerranéens déjà signalés à Lyon, deux fragments de bivalves marins et un murex pourpre (Murex brandaris) (Bellon 2007 ; Bellon & Franc 2009), il convient désormais d’ajouter la découverte d’un quatrième mollusque, un bucarde28, dans le comblement d’une des fosses-ateliers du site des Tuileries II. Il ne semble pas que ces différents éléments, mis au jour dans des contextes de rejet, aient fait l’objet d’une exploitation artisanale (pourpre, nacre,…). Si dans le cas du murex la curiosité de la forme a pu justifier son importation, il ne faut pas exclure que ces quatre coquillages aient pu être importés tout simplement pour leur chair. En effet, si dans le domaine septentrional ce type de découverte concerne quelques habitats privilégiés ou des contextes funéraires du Ha D3 et de LT A (Bellon 2007), la consommation de coquillages est largement avérée dans le domaine méridional
(Columeau 1991). À Lattes, les coquillages consommés plus tard en abondance sont déjà présents dans les échantillons des IVe-IIIe s. p.C. On retrouve notamment le Murex brandaris parmi les spécimens ayant fait l’objet de telles pratiques au moins vers 350 p.C. (Brien-Poitevin 1992). Ces découvertes, même si elles demeurent exceptionnelles, pourraient confirmer l’existence de modes alimentaires empreints d’exotisme à Lyon. Elles témoignent surtout de l’ampleur des échanges et des contacts avec le domaine méditerranéen, qui permettraient l’importation de denrées rares et périssables.
Sur plusieurs fouilles lyonnaises29, les études carpologiques ont mis en évidence des traces d’ers (Vicia ervilia), une légumineuse d’origine méridionale. Cette espèce pourrait être considérée comme une mauvaise herbe des récoltes et sa culture dans le Rhône supérieur n’a pas encore pu être démontrée30. Néanmoins, sa présence n’apparaît pas occasionnelle puisqu’elle est identifiée sur chacune des études réalisées à Lyon, certes en proportions réduites. Il pourrait s’agir là aussi d’un élément introduit par le biais des échanges avec le domaine méridional (Milcent 2007 287-288).
Ces objets, carporestes et restes osseux demeurent très discrets voire anecdotiques, cependant leur présence paraît confirmer des pratiques sociales, artisanales, culinaires et agro-pastorales originaires du monde méditerranéen, ou du moins plus courantes dans ses régions. Au-delà de l’aspect purement commercial, ces éléments révèlent l’ampleur des échanges ou des transferts ayant pu s’opérer depuis le domaine méridional. Ils témoignent également d’une agglomération indigène largement ouverte aux relations avec la culture méditerranéenne.
Conclusion
À la lumière des mobiliers lyonnais et des nombreuses découvertes d’amphores archaïques qui jalonnent la vallée du Rhône et de la Saône (et au-delà, plus à l’intérieur des terres), Lyon paraît avoir joué un rôle d’importance dans la circulation et le commerce des produits méditerranéens au Ve s. Le site peut s’ériger en tête de pont septentrionale du négoce massaliète et en centre de redistribution de réseaux commerciaux à longue distance. Si l’on se réfère aux réexamens récents de la documentation issue du domaine hallstattien, ce sont plus de 160 amphores qui ont pu potentiellement transiter par Lyon. Mais il faut bien admettre que les quantités relevées au-delà de la confluence Rhône/Saône restent limitées, mettant ainsi l’accent sur la consommation élevée de l’agglomération hallstattienne lyonnaise et sa vocation de point d’arrivée de produits méridionaux. La présence d’importations parmi les découvertes régionales, dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, confirme son implication dans la redistribution locale de produits méditerranéens, parmi lesquels on compte plus d’une vingtaine d’amphores massaliètes31. Les habitats agglomérés de Vénissieux et de Saint-Priest, considérés comme des sites satellites de Lyon (Ramponi 2009), semblent particulièrement profiter de cette redistribution, faisant apparaître les relations étroites qu’entretiennent ces habitats de statuts différents. Si l’on peut hisser Lyon en centre ou en comptoir commercial intermédiaire du commerce méditerranéen (Brun 2007), il n’en demeure pas moins que cette agglomération culturellement hallstattienne doit son origine à des phénomènes endogènes. Les élites locales auraient pu encourager les trafics de marchandises et l’installation de commerçants et d’artisans, en lieu et place de la plaine de Vaise, peut-être en créant l’équivalent d’une zone franche (Milcent 2007), d’un port de commerce (Baray 1997) ou plus probablement d’un établissement commercial dont la nature reste à définir (comptoir ?). En permettant l’installation d’un établissement commercial massaliète, sur leur territoire, il est probable que l’aristocratie locale s’assurait par la même occasion de revenus substantiels et d’une source d’approvisionnement en produits méditerranéens participant à la reconnaissance de leur statut.
Lyon, de par sa position géographique au débouché de la vallée du Rhône, une des voies privilégiées du commerce à longue distance, peut s’imposer comme une interface commerciale entre les mondes indigène et méditerranéen, à l’image de certains sites méridionaux.
Si les nombreuses céramiques méditerranéennes mises au jour à Lyon témoignent de l’existence d’un important site-relais, elles permettent également de pressentir d’autres phénomènes d’ordre socio-culturel et ethnique. Lyon semble apparaître avant tout comme un lieu privilégié de consommation de vin et d’arrivée de vaisselle méridionale. Cette consommation de vin sur le site, associée à la présence de vaisselle spécifique destinée à des préparations culinaires méditerranéennes (les mortiers) et à celle d’objets plus singuliers, pourrait attester la présence d’une communauté d’origine méridionale aux côtés de la population autochtone. La présence de commerçants marseillais ou plus largement méditerranéens, de manière ponctuelle, saisonnière ou pérenne, apparaît alors plausible. En effet, dans le cadre de sites-relais participant au commerce à longue distance des produits massaliètes et méditerranéens, une ou plusieurs personnes devaient très certainement assurer le suivi des marchandises (transbordement, stockage, redistribution) vers d’autres destinations32 (Baray 1997, 257). Au contact de ces marchands d’origine méridionale, qui, au-delà de faire transiter des produits, ont également véhiculé des modèles culturels, il est envisageable qu’une partie de la population indigène ait progressivement adopté certains us et coutumes méditerranéens. On peut se demander dans quelle mesure cette présence étrangère n’a pas favorisé et facilité l’accès aux produits importés de Méditerranée pour la population locale.
De même, la présence massive d’importations, associée aux contacts répétés avec les commerçants méditerranéens, a-t-elle pu avoir des incidences sur la société indigène ? Si l’on en juge par la répartition des découvertes lyonnaises, les artisans locaux ont eu accès à ces produits de “luxe”. Le développement de cette “nouvelle” catégorie sociale peut-il alors être imputé à l’essor des échanges commerciaux ? Il est intéressant de constater le rapport étroit qu’entretiennent des concentrations d’activités manufacturées et la présence (ou consommation) de produits importés sur plusieurs grands sites à vocation artisanale et plus particulièrement ceux liés aux métallurgies du fer et/ou des alliages cuivreux. On peut citer dans ces cas de figure les faubourgs artisanaux de Port-Sec et du quartier Saint-Martin-des-Champs à Bourges (Augier et. al. 2009 ; Augier et. al. 2012 ; Milcent 2007), les petites agglomérations ouvertes de Bragny-sur-Saône (Flouest 1995 ; Collet & Flouest 1997) ou de Hochdorf (Biel 1997), la forge de Sévaz “Tudinges” (Mauvilly et al. 1998), et plus récemment la forge de Tournon-sur-Rhône (Collombet 2013). Si l’on accepte que les destinataires privilégiés des produits importés de Méditerranée soient les élites, l’aristocratie ou les princes de Celtique, il faut sans doute admettre un statut particulier pour certains artisans hallstattiens ayant eu en partie accès aux mêmes marchandises. Constituée pour partie de nombreux artisans d’origine indigène et de négociants, la population de Lyon a bénéficié d’une aisance matérielle certaine qui se traduit notamment au travers des céramiques importées. La consommation de vin et un régime alimentaire teint d’exotisme (coq, coquillages, …) témoignent sans doute de ce statut valorisé au sein de la société celtique, qui a pu permettre aux artisans d’accéder à certains droits ou franchises vis-à-vis de l’aristocratie et du pouvoir central local, n’excluant cependant pas une dépendance économique (Milcent 2007, 257-258). La présence régulière et abondante d’importations sur les sites lyonnais ne pourrait-elle pas constituer le reflet d’une mutation structurelle de la société indigène qui permet à une frange de la population d’acquérir des biens réservés par le passé à l’élite ? Pour Michel Py, si l’on peut supposer que l’augmentation des échanges ait pu susciter l’apparition de marchands, et que leur enrichissement ait pu les amener en position sociale dominante ou privilégiée, des réserves s’imposent : “Bien que les échanges aient joué un rôle dans l’impulsion des changements constatés au Ve s., on doutera que les structures sociales et politiques des communauté indigènes, fondamentalement rurales, en aient déjà été changées, et que le commerce ait représenté un facteur direct et immédiat de transformation dans ce domaine” (Py 1990, 112). Cependant, on peut s’interroger sur l’impact qu’a eu ce développement commercial en dehors du cadre rural, dans celui d’une vaste agglomération à caractère proto-urbain où dominent des activités artisanales spécialisées, dont les capacités de production et les technicités dépassent largement le cadre de l’autosuffisance et de l’approvisionnement local.
Depuis le colloque de Chatillon-sur-Seine en 1993, le cas de Lyon et de ces importantes quantités d’amphores ou de céramiques méridionales paraît atypique. Il nous semble que seule une situation spécifique peut justifier une telle particularité. Cet état pourrait être lié aux caractéristiques de la population et de ses statuts socio-économiques : artisans indigènes à la condition sociale élevée et présence d’une importante communauté originaire du domaine méditerranéen. Des relations privilégiées établies avec le littoral méditerranéen, notamment avec la cité phocéenne par le biais d’un établissement commercial implanté à Lyon, peuvent également être envisagées pour justifier cette condition. Les deux hypothèses sont d’ailleurs fortement imbriquées. Ce caractère exceptionnel face aux importations méditerranéennes semble constituer l’une des particularités de l’agglomération, qui devrait permettre dans l’avenir de mieux l’appréhender par rapport aux modèles d’habitats agglomérés existants. Mais faudrait-il encore que la situation de Lyon corresponde à un modèle. Pour l’heure, l’importance et la diversité des activités artisanales associées à de nombreuses importations semblent faire du site une des places économiques majeures du domaine septentrional, dont on a du mal à concevoir, dans le contexte chrono-culturel de l’époque, qu’elle n’ait été sous l’autorité d’un pouvoir central fort (une maison princière ?).
Addendum
Depuis ce bilan, que nous dressions en 2016, de nouvelles découvertes sont non seulement venues enrichir les corpus de mobilier, mais ont également apporté des structures spécifiques qui permettent de revoir notre conclusion sous un nouvel angle et semblent répondre en partie à certaines de nos interrogations. En effet, en mars 2018, sept fours de potiers de tradition méditerranéenne ont été mis au jour sur le site du “28 quai Paul Sédallian” (fouille Eveha, sous la direction de A. Sergent). Ces derniers ont produit des céramiques claires peintes et des céramiques grises monochrome, aux répertoires de formes méridionales (étude G. Mazza, Eveha). Cette découverte semble confirmer la présence d’une population d’origine méridionale installée à Lyon au Ve siècle p.C. De même, certaines spécificités dans les formes de vases produits peuvent renseigner sur l’origine de cette population. C’est particulièrement le cas pour les plats à marli (GR-MONO 4) présents sur ce site, dont la production et la diffusion touchent principalement le Languedoc occidental et le Roussillon (Py et al. 2001, 1102-1104). Ce lien original entre Lyon et le Languedoc avait déjà été entrevu par l’intermédiaire de quelques fibules de type “Golf du Lion” dont le traitement particulier du ressort ne trouvait de comparaison que dans le secteur de Lattes. De même plusieurs nouvelles découvertes d’objets métalliques viennent renforcer ce lien étroit avec le domaine méridional occidental.
La possibilité qu’une partie de l’agglomération lyonnaise du Ve siècle ait abrité un comptoir commercial, lieu d’importation et de fabrication de produits méditerranéens, semble se confirmer. L’identification d’un emporion “grec” à Lyon apparait alors séduisante.
Il nous semble également que cette découverte devrait permettre une nouvelle approche du texte du Pseudo-
Plutarque relatant la fondation de Lyon (Goudineau 1989 ; Lucas & Decourt 1993) et les interprétations faites par Claude François Ménestrier en 1696 et après lui par le Père de Colona ou l’Abbé Jolibois en 1847 (Perrin, Bellon 1997 ; Perrin 2003). En effet, ces historiens lyonnais proposaient dès le XVIIe siècle et le XIXe siècle, sur la base de ce texte, de reconnaître à Lyon la fondation d’une agglomération urbaine par des “grecs ou des gaulois devenus grecs”, 300 ans avant la fondation de la colonie de Plancus ou dans le siècle qui suivit la fondation de Marseille. Certains d’entre eux proposaient également de reconnaître un lien avec l’oppidum de Cessero (Saint-Thibéry, Hérault, à 20 km de Béziers) à travers l’onomastique des personnages cités : Sésèroneos chassant du pouvoir Mômoros et Atépomaros.
Il est troublant que les découvertes archéologiques récentes abondent en ce sens et que ce lien avec le Languedoc-Roussillon, identifié par l’onomastique des noms des personnages cités dans le texte du Pseudo-Plutarque, se trouve en partie confirmé par le mobilier archéologique.
Il n’est pas question ici de vouloir faire de Lyon un site grec. L’agglomération de Vaise demeure culturellement hallstattienne par ses vestiges, sa céramique commune ou son mobilier métallique. Mais tout porte à identifier l’installation d’une population méridionale, au sein de l’établissement ou à proximité immédiate, participant activement au commerce et au développement du site. La présence d’un comptoir d’origine méridionale, voire massaliète, apparaît alors de plus en plus plausible.
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Notes
- Les vestiges se répartissent principalement dans la plaine de Vaise, en rive droite de la Saône, mais un site et quelques points de découvertes témoignent également d’une occupation contemporaine sur la rive gauche, aux pieds des pentes de la Croix-Rousse. De même, plusieurs sites dans les parties nord et nord-ouest de la plaine de Vaise qui paraissaient isolés par rapport au regroupement des découvertes initialement mentionnées semblent aujourd’hui former une zone dense d’occupation rassemblant les mêmes types d’activités artisanales et d’autres plus spécifiques (production de céramique).
- Trois datations dendrochronologiques réalisées sur les palissades et le grenier du site de Gorge de Loup (537, 522 et 523 p.C. ; Verot-Bourrély et al. 1995) et un vase grec provenant de la fouille de Horand I, peut être un skyphos à bande peinte des années 540-530 p.C., constituent les principaux éléments permettant de remonter au-delà de 510/500 p.C. la chronologie du site (Bellon, Perrin 1992 ; Perrin & Bellon 1997). Cependant, la majeure partie du mobilier mis au jour sur l’ensemble de la plaine de Vaise semble privilégier une datation autour de 500 à 400 p.C. C’est notamment le cas des 5 200 fragments d’amphores à pâte micacée, dont l’apparition ne paraît pas remonter au-delà de 500 p.C. (Sourisseau 1997). Ce constat est renforcé par la présence d’un seul tesson à pâte non micacée, appartenant à un bord de type 1, dont la diffusion depuis 540 p.C. peut courir jusque vers 475 p.C. (Py et al. 2001, 136-138). D’ailleurs, plusieurs datations dendrochronologiques peuvent être discutées et pourraient illustrer un phénomène de récupération du bois.
- La fouille récente de la rue du Mont d’or présente en effet deux phases d’occupations, l’une du Ha D3 / transition LT A, l’autre de LT A (A1 et A2). Quelques artefacts, répartis sur les sites de Gorge de Loup, de Horand I, de la rue du Mont d’or ou de la rue des Tuileries fournissent une datation dans la dernière moitié et la fin du Ve s. C’est notamment le cas d’une fibule de la Certosa, de tessons de céramiques grecques à figure rouge, d’une coupe de type “Castulo cup”, de bords d’amphores massaliètes de type 5, d’une amphore étrusque de type 4A ou encore d’un stamnos de type CL-MAS 571.
- La capacité totale de stockage représentée par ces structures est inférieure à 10 m3 ; leurs petites dimensions dans certains cas et leurs répartitions sur différents sites ne semblent pas témoigner d’une centralisation ou d’une gestion des excédents agricoles. Ces silos apparaissent plutôt comme de petites réserves domestiques, et ne permettent pas le stockage des réserves nécessaires à une grande agglomération telle que Lyon.
- Il faut sans doute relativiser cette dernière observation. Des structures funéraires du Ha D3 / LT A pourraient avoir été bouleversées dans la partie sud de la plaine de Vaise. La découverte isolée d’une fibule complète de type Mansfeld F4A2 (Bellon & Franc 2009, 130 fig. 14), dont les dimensions et le poids de 10,1 g paraissent hors norme, pourrait concorder avec un mobilier provenant d’un contexte funéraire bouleversé, du Ha D3-LT A1 (Bellon et al. 1997). On peut même envisager pour cette fibule, de caractère exceptionnel, une commande spécifiquement destinée à ce type de contexte.
- L’étude des vestiges hallstattiens a privilégié le territoire urbain de la ville actuelle d’une part et l’étude des agglomérations de l’est lyonnais (Vénissieux et Saint-Priest) d’autre part. Mais au regard de l’organisation de Bourges-Avaricum notamment, il faudrait aujourd’hui analyser l’occupation de Lyon à l’échelle de son territoire, en englobant les différents sites archéologiques datés du Ha D3-LT A dans un rayon de 25 km (Brun 1997 ; Milcent 2007).
- Rue des Tuileries, rue du Mont d’or, rue Roquette, Zac Vaise Industrie Nord, 28 quai Paul Sédallian.
- Ce pourcentage est également très variable en fonction des opérations archéologiques de 8 % à 18-20 % et plus dans certains contextes.
- La chronologie de ce type diverge selon les auteurs. Pour M. Py, elle couvre la fin du VIe et le Ve s., mais il semble plus courant dans la première moitié du Ve s. y compris dans les années autour de 500 p.C. Un arrêt de la production est envisagé vers 425 p.C. (Py et al. 2001, 142-144). Pour J.-C. Sourisseau le type 3 apparaît plus tardivement vers 480/475 p.C., cette dernière chronologie semble devoir être retenue aujourd’hui.
- Ils sont datés du dernier tiers du VIe s. à la première moitié du Ve s. sur la forme en toupie A-MAS 1 ; sur la forme sphérique A-MAS 2A ils sont attestés durant le Ve s. Une fabrication paraît probable jusque vers 440/430 (Py et al. 2001, 139-142).
- Spécifiques de la forme en toupie A-MAS 1, les bords de type 1 sont produits dans le dernier tiers du VIe s., vers 540-530 p.C. pour les pâtes non micacées et perdurent durant les premières années du Ve s. (Py et al. 2001, 136-138 ; Sourisseau 1997). Le bord de type 1A présente une chronologie similaire au type 1, vers 540-475 p.C. (Py et al. 2001, 138-139).
- Les bords de type 4 suscitent également des divergences concernant leur date d’apparition (Py et al. 2001, 144-150). Ils équipent presque exclusivement les amphores de forme sphérique A-MAS 2B. Une datation haute pour l’apparition du type dans le premier quart du Ve s. est proposée par M. Py, avec un début de production vers 490/480 p.C. et une disparition vers 400 p.C. Une datation basse pour l’apparition du type vers 460/450 p.C. est proposée par J.-C. Sourisseau (Sourisseau 1997, 30). L’étude des amphores des niveaux du Ve s. de Lattes montre en effet que le type est caractéristique de la seconde moitié du Ve s. et que son apparition se fait avant 450 av. (Gailledrat 2010).
- Les bords de type 5 équipent les amphores A-MAS 3 et 4. Le type apparaît dans le troisième quart du Ve s. ou peu après, vers 425 p.C. pour J.-C. Sourisseau et se développe jusqu’au début du IIIe s. (Py et al. 2001, 150-163).
- Une douzaine de bords de type 4 identifiés sur toute l’agglomération hallstattienne.
- Peut-être plus d’une vingtaine d’amphores, si l’on additionne les nouvelles découvertes à la quinzaine d’individus envisagés par C. Bellon (Bellon et al. 2006).
- Deux lèvres de type A-ETR 4 ont été précédemment identifiées : une au 9 rue du docteur Horand (Bellon & Perrin 1992), et une au 65 rue du Souvenir (identification G. Maza).
- Aimable identification de Federica Sacchetti.
- Tuileries I : NR 355, NMI 15 ; Tuileries II : NR 43, NMI 4 ; Mont d’or : NR 453, NMI 30 ; Roquette : NR 75, NMI 8.
- La coupe-skyphos à bande peinte, datée vers 540 p.C., provient d’une fosse (F60, Horand I) qui a, entre autres, permis la mise au jour d’une centaine de tessons d’amphores massaliètes à pâte micacée, de six tessons de céramique à pâte claire et d’un fragment de céramique grise monochrome. Parmi la céramique indigène, on compte également un tesson à décor plastique que l’on rattache habituellement à la transition HA D3/LT A ou à La Tène ancienne. La présence de ces différents tessons, notamment les amphores et le fragment de céramique à décor modelé, semble privilégier une datation de la structure postérieure à 500 p.C., sans doute dans la première moitié du Ve s. De même, la coupe de type C de Gorge de Loup (525-480 av.) provient du grenier dont le mobilier amphorique privilégie une datation dans les trois premiers quarts du Ve s. Les probables fragments de coupe(s) de type C de la rue du Mont d’or proviennent incontestablement d’un contexte de la première moitié du Ve s. et sont notamment associés à des fragments d’amphores massaliètes à pâte micacée et à un bracelet en alliage cuivreux de type Dun-sur-Auron daté de LT A ou de la transition Ha D3/LT A1.
- Un fragment d’amphore massaliète archaïque a été identifié à Saint-Laurent-d’Agny, sur une villa antique, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Lyon (renseignement oral M. Poux).
- Dans la région nîmoise, M. Py constate une récession des apports étrusques vers 525 qui diminuent progressivement au cours du Ve s. au profil du commerce massaliète qui domine alors sans concurrence (Py 1990, 104-105). J.-C. Sourisseau fait le même constat à Marseille même, où à partir de la seconde moitié du VIe s. et jusqu’au début du Ve s., la part des conteneurs étrusques s’effondre pour ne plus représenter que 15 %, puis 10 %, de l’ensemble des amphores (Sacchetti & Sourisseau 2013)
- Seulement 15 ha ont été sondés ou fouillés sur les 270 ha que compte la plaine de Vaise, soit 6 %, où moins de 8 ha ont permis la mise au jour de vestiges concernant l’occupation du Premier âge du Fer (chiffres extraits du SIG ALyAS du service archéologique de la ville de Lyon). Les vestiges ont subi de nombreuses perturbations : les constructions contemporaines ont entraîné la destruction d’une part importante des niveaux protohistoriques ; les divagations de paléochenaux dans la plaine ont largement entaillé le terrain et entrainé la disparition totale ou partielle de nombreux aménagements, etc. De même, une partie des vestiges ne sont que partiellement dégagés lors des opérations d’archéologie préventive et une partie d’entre eux n’a pu être atteinte. Il ne s’agit donc ici que d’un échantillon du mobilier qui a dû effectivement parvenir jusqu’à Lyon.
- Il est certain que ce type de fibule, à pied relevé et appendice conique, biconique ou sphérique, est un type répandu en Europe au VIe-Ve s. Mais les caractéristiques des découvertes lyonnaises trouvent leurs comparatifs les plus proches en Gaule méridionale, notamment à Latte sur le site de “la Cougourlude” ou sur les sites provençaux (Girard-Millereau 2010).
- Dimensions : Diam. : 69 à72 mm ; ép. : 20 à 25 mm ; Diam. orifice central : 21 à 22 mm. Poids d’un exemplaire complet : 134 g.
- Sur ce site, différents assemblages de mobilier associent systématiquement plusieurs de ces objets, identifiés comme “bobine d’argile rouge-brun”, à des pesons pyramidaux et des fusaïoles. Archeoloski Vestnik, acta archeologia XXVII, 1976, Lubiana 1977, 413, Pl. 91-93.
- Ce type d’objet pour des périodes plus récentes de l’âge du Fer pourrait également intervenir dans certaines pratiques cultuelles notamment la divination.
- Sur le site des Tuileries I, au sein de la même structure et sur des carrés de fouille limitrophes, ont également été découverts plusieurs éléments attestant du travail des matières dures animales et notamment une petite chute d’os sciée pouvant correspondre au débitage d’une forme rectangulaire liée à la fabrication de dés.
- Cet individu représenté par une valve gauche évoque les échanges avec le littoral. Toutefois, ce genre étant présent sur toutes les côtes, aussi bien méditerranéenne qu’atlantique, on ne peut pas exclure une provenance depuis l’Ouest ou le Nord. Néanmoins, dans le contexte lyonnais une provenance méditerranéenne semble pouvoir être privilégiée.
- Berthet I, Berthet II, Gorge-de-Loup, Tuileries II.
- Étude L. Bouby in Ramponi et al. 2004 ; étude C. Schaal In Maza et al. 2009.
- Un NMI de plus de vingt amphores massaliètes redistribuées localement peut être estimé à partir des découvertes de Larina (Hières-sur Amby, 38) (1 amphore, Perrin 1990), de La grotte de Gardon (Ambérieux-en-Bugey, 01) (1 amphore, Bellon, Perrin 1990), de Saint-Laurent-d’Agny (69), de Vénissieux (69) (Bellon & Perrin 1990 ; Ramponi 2009 ; Nourissat 2009 ; Joly 2001) et de Saint-Priest (69) (Ramponi 2009).
- Ce fait n’est pas une nouveauté et a été maintes fois abordé notamment par Luc Baray dans son essai de modélisation des “Port of Trade”. Pour Luc Baray, les échanges à longue distance ne prévoient pas l’existence d’intermédiaire “mais le convoyage des marchandises par les commerçants en personne ou leurs représentants…on peut trouver sur le lieu même du commerce…, d’autres commerçants servant d’agents pour le commerce à longue distance…”. De même, la présence de commerçants ou d’artisans d’origine étrangère est également suspectée à Bragny-sur-Saône ou à Vix (Flouest 2009, 130-131 ; Villard 1988, 339-340)