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Gabriel (Louis Laurent Marie) de Mortillet (1821-1898) : de la micro-histoire à une sociologie de la construction intellectuelle de l’archéologie préhistorique et de ses pratiques en Europe

par

“C’est du choc des idées que naît la lumière. Je suis donc grand partisant [sic] de la discussion, c’est elle qui éclaire la science1”.

Au cours du XIXe siècle l’archéologie des temps préhistoriques commence à se définir en répondant, sur le terrain et dans les cénacles savants, à la question première de la haute antiquité de l’Homme. Les débats sont parfois houleux, des réticences se font jour, entre autres dans les milieux académiques où certaines certitudes affichées et les champs disciplinaires bien établis, comme la géologie, n’entendent pas céder facilement une place à des idées qui puisent tout autant du côté des sciences naturelles que de l’archéologie.

Analyser ce qui se joue alors revient à mettre au jour un processus complexe, aux contextes intriqués, multifactoriel. À l’évidence, il ne s’agit pas que de science et le phénomène n’est pas moins social, politique et philosophique2. C’est dans un environnement bouillonnant, matrice de la fabrique de la pensée et des pratiques, tant scientifiques que politiques, que la construction intellectuelle et matérielle de l’archéologie des temps antéhistoriques se développe. Elle suit des trajectoires enchevêtrées, tout autant individuelles que collectives, dont aujourd’hui encore on ne perçoit que les éléments les plus macroscopiques. Parmi les facteurs qui ont contribué à façonner, orienter parfois baliser ce long parcours à la fois intellectuel et méthodologique, l’élaboration précoce, par les acteurs eux-mêmes, d’un récit historiographique à but de légitimation est un point central3.

Ces travaux ont alors envisagé la naissance et le développement de l’archéologie préhistorique dans la perspective d’un récit positiviste, sans en avoir contextualisé les démarches, les méthodes. Au mieux mettent-ils l’accent sur les aspects ardents et parfois irrévérencieux de l’intrusion de la préhistoire face au statu quo scientifique des grandes institutions académiques. On présente souvent cette “gestation” comme une lutte titanesque aux allures presque manichéennes. Le regard romantique voire héroïque posé sur cette émergence teint l’histoire et l’historiographie de la discipline dès sa conception, comme nous venons de le souligner. Ce biais est sans doute en partie tributaire du positivisme et du matérialisme scientifique bien partagés dans certains milieux savants de l’époque4. La nécessité de légitimation et d’approbation de nouvelles démarches, de nouveaux concepts et objets d’étude pour la compréhension de l’histoire humaine et de sa relation avec la nature poussa les acteurs mêmes de cette nouvelle discipline à s’ériger au rang de défenseurs de leur science. Chaque nouvelle avancée, qu’il s’agisse d’une découverte archéologique ou paléontologique, est alors rapportée comme une conquête disciplinaire et une victoire contre l’obscurantisme, qu’il soit métaphysique, théologique ou simplement conservateur. Ces étapes sont volontiers relatées, voire ré-évoquées, dans les réunions scientifiques et colloques, en particulier lors des séances d’ouverture des congrès internationaux d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques. Ces moments collectifs sont ainsi transformés en manifestation identitaire, en temps de propagande scientifique, parfois teintée de politique, et de rappel historique d’un processus d’affirmation alors encore en construction5.

Si cette historiographie précoce et fournie a été à l’époque un moyen tant nécessaire qu’utile pour justifier et en même temps légitimer la place, le rôle et l’autonomie de la discipline naissante, voire celle de ses acteurs, il s’agit aujourd’hui d’analyser rétrospectivement l’ensemble des facteurs politiques, sociologiques et culturels sous-jacents. De fait, après une espèce de hiatus qui a suivi le livre princeps d’Annette Laming-Emperaire6, depuis les années 1990, plusieurs thèses de doctorat d’histoire7, des ouvrages importants, des colloques et articles8 ou des expositions9 montrent un intérêt de la part de la communauté scientifique historienne et préhistorienne européenne pour l’historiographie de la préhistoire10. Des chercheurs, issus d’horizons scientifiques divers, se sont donné les moyens de dépasser les lacunes d’une simple narration historique pour se pencher sur la complexité et la richesse de la construction de la discipline. Ces travaux, qu’ils soient internalistes ou externalistes, ont marqué un regain d’intérêt de la communauté scientifique, en France et dans le reste de l’Europe, pour l’histoire et l’épistémologie de la préhistoire et plus largement de l’archéologie. L’examen des concepts, des faits, des méthodes, des institutions et des acteurs de cette science s’inscrit aujourd’hui dans une démarche résolument pluridisciplinaire en mesure de rendre compte de la diversité des questions vives et de leur “essence humaine”. L’appropriation de ces questions, aujourd’hui érigée en domaine d’étude, a marqué une rupture et a permis d’ouvrir la réflexion à une véritable contextualisation intellectuelle et sociale de la discipline en prenant en considération les trajectoires collectives et individuelles, entre micro-histoire et macro-histoire, en dépassant les limites intrinsèques d’une simple approche biographique. Il est donc aujourd’hui possible de rendre compte de la complexité et de la richesse des échanges et des pratiques savantes qui ont précédé et accompagné la naissance de la discipline, puis orienté son développement. Cet ouvrage a cette ambition à travers la figure de Gabriel de Mortillet, restituée en son temps.

Une sociologie du penser et du faire de l’archéologie
des temps “antéhistoriques” 

L’origine de l’archéologie antéhistorique résulte de la synthèse de problématiques communes ressortissant à des domaines et à des traditions de recherches très différents, qui puisent leurs racines dans un substrat universaliste11 et une priorité donnée à l’activité de terrain. Elle est pratiquée par des chercheurs appartenant à des champs et statuts parfois extrêmement distincts (historiens, philologues, ethnologues, anthropologues, médecins, paléontologues, géologues ou naturalistes, prêtres) et ceci jusqu’à sa reconnaissance institutionnelle et disciplinaire officielle au niveau européen. Celle-ci est entamée pour partie au début du XXe siècle12 et s’est poursuivie parfois tardivement, comme en France où l’Université a rechigné à l’accepter (diplômes, chaires) et l’État a différé sa patrimonialisation13. Les vestiges matériels du passé étaient alors analysés sous des angles de vue très divers, se recoupant d’une façon complexe et suivant des objectifs épistémologiques qui parfois n’étaient pas tout à fait les mêmes pour l’ensemble de ces savants. De nouvelles formes de collaborations, de procédés, de débats et de méthodes commencent alors à émerger au sein et à l’extérieur des cercles académiques officiels et des sociétés savantes14. Des tendances et des courants conceptuels structurent ces différents éclairages. À l’“archéogéologie” de Jacques Boucher de Perthes succède, après l’affaire de Moulin Quignon de 186315, un règne presque sans partage d’une approche chrono-typologique teintée d’évolutionnisme soutenue par Mortillet. Ce double mouvement permet à l’archéologie pré- et protohistorique de se détacher des pratiques et des réflexions antiquaires et historiques, tout en se dotant progressivement d’une méthodologie et d’une démarche propres bien que débitrices des sciences naturelles. Le paradigme géologique et la reconnaissance par la preuve, entre autres, vont marquer le développement de ces études.

L’année 1859 est retenue par convention historiographique comme point de cristallisation6 des questionnements scientifiques autour de l’antiquité de l’Homme. Ce tournant tient d’une convergence non hasardeuse de faits, de découvertes, de jeux institutionnels et de démarches proprement naturalistes conjuguées avec celles issues des sciences humaines16. Une fois la reconnaissance internationale établie, sur les deux rives de la Manche, et académique (Société géologique de France, Académie des sciences, Muséum national d’histoire naturelle) des découvertes opérées en vallée de la Somme, à Amiens et à Abbeville, l’archéologie préhistorique commence à s’approprier un récit historique. Le langage et la classification naturalistes en composent le discours et les principes de la stratigraphie paléontologique lui offrent ses dimensions à la fois temporelles, spatiales et méthodologiques. La nécessité de prouver la haute antiquité de découvertes de plus en plus nombreuses marque fortement la pensée et la démarche de la préhistoire naissante, alors encore inscrite dans des cadres conceptuels non univoques et pas universellement acceptés : du positivisme au matérialisme scientifique en passant par un créationnisme évolutionniste.

Mais à côté de savants jouissant d’un statut ou de titres institutionnels (professeurs, médecins, ingénieur et géologues par exemple), ce sont divers amateurs et personnalités, aux marges de la cohorte académique officielle, qui ont tout autant contribué à la construction intellectuelle de la discipline à une échelle nationale et internationale. Situés à l’extérieur du cercle “officiel”, ils sont issus de milieux disparates et sont généralement actifs au sein de sociétés savantes locales, naturalistes, historiques ou archéologiques. Bartolomeo Gastaldi, par exemple, est une éminente figure de la préhistoire italienne, membre de la Société géologique de France et du Club alpin italien17. Une autre catégorie d’amateurs se distingue, celle des hommes d’Église qui, en France mais aussi en Italie, contribuent largement à l’avancement de la recherche archéologique bien que cela puisse paraître à première vue paradoxal18. C’est bien cette troupe hétéroclite, où des acteurs tant différents que complémentaires coexistent et interagissent, qui a largement œuvré au façonnement théorique et méthodologique de la discipline.

En ce sens, les relations et les interactions entre ces divers pionniers de l’archéologie préhistorique, leur inscription politique et/ou religieuse, leur statut social, leurs usages et rituels de sociabilité, leur production scientifique, la dynamique des collections et leurs voyages scientifiques sont autant de critères discriminants à prendre en compte aujourd’hui pour procéder à une analyse réaliste des processus de définition, de production du savoir et des pratiques scientifiques au XIXe siècle. Le décryptage de ce réseau complexe, diversifié, ramifié et évolutif – au fil des réunions, des publications, des découvertes mais également des événements et des enjeux politiques à l’échelle nationale et internationale – est une démarche nécessaire sinon essentielle. En mettant au jour des éléments sous-jacents, comme les parcours des acteurs, leurs idées et les interactions de divers ordres à l’œuvre, cette démarche permet d’éclairer des considérations épistémologiques, d’évaluer la production scientifique et matérielle (fouilles, musées, collections, restauration et moulages) et par conséquent d’en apprécier l’héritage patrimonial. Pour mettre en lumière ces paramètres de la configuration des savoirs, il est donc important d’étudier les relations formelles et informelles entre les différents protagonistes à une échelle non strictement nationale, tout en les repositionnant chacun dans leur contexte politique. Pour ce faire, les sources composent une vaste base documentaire (presse généraliste et d’opinion, publications scientifiques et de vulgarisation, archives, etc.) qui est aujourd’hui de mieux en mieux connue. Elle fournit des informations essentielles, entre autres sur la naissance de certaines démarches et courants de la pensée scientifique, mais aussi sur la construction de la discipline elle-même et rétrospectivement sur les attendus actuels.

Les archives sensu lato, longtemps négligées, contribuent à restituer les diverses dimensions de la recherche scientifique à différentes échelles. Elles constituent aujourd’hui des vecteurs qui orientent l’analyse historique et participent d’une histoire matérielle des sciences19. Les lettres échangées à titre personnel et institutionnel, les registres, les inventaires, les pièces des collections (étiquettes, marquages, doubles pour compléter les collections ou illustrer cours et réunions scientifiques, etc.), les papiers de terrain (carnets de voyage, de fouille, cahiers intimes), tout comme les marginalia qui enrichissent les publications ou les dispositifs muséographiques composent une vaste source première d’information. Elle éclaire les contextes de production, l’apport individuel à l’élaboration des concepts fondamentaux et à leur transmission. Ces documents et le croisement des sources permettent de retracer et restituer dans leur contexte les différentes voies et aspects de l’émergence de la construction de l’archéologie préhistorique. L’objectif est alors de privilégier une forme d’immersion dans l’époque et une lecture qui laisse aux acteurs mêmes de cette construction le rôle de premier plan – étant entendu que ceux-ci ont été eux-mêmes “producteurs de contextualisations de leurs propres actions”20 – et, dans un système de contextualisations multiples, successives et intriquées, peu importe le statut qui leur a été accordé à l’époque ou aujourd’hui21.

Mortillet, préhistorien et voyageur scientifique sans frontière

Toute recherche historiographique et archéologique s’inscrit dans un cadre chronologique précis et prend en compte un événement jouant le rôle de fil conducteur dans l’étude. Dans cette perspective, cet ouvrage se structure autour d’un élément catalyseur majeur de la scène scientifique française et internationale : la vie et l’œuvre de Louis Gabriel Laurent Marie de Mortillet. Au-delà du prétexte biographique, il s’agit bien d’interroger un temps et un mode d’élaboration de la connaissance scientifique, marqués par des sociabilités savantes et amicales, et un idéal d’internationalisme.

Parce que sa vie et son œuvre ont influencé à différents titres toute une génération de préhistoriens et protohistoriens français et étrangers, suivre le parcours de Mortillet permet d’éclairer des choix qui ont influé sur les processusde développement de la discipline, tout en repositionnant et en contextualisant certains de ses acteurs.

Ingénieur et géologue de formation, étudiant militant républicain et athée à Paris, Mortillet devient, dès les années 1860, l’une des personnalités les plus éminentes de l’archéologie préhistorique en France et à l’étranger. Son parcours intellectuel, son engagement politique (socialisme, radicalisme, matérialisme et sans doute franc-maçonnerie), ses périples (exil politique puis voyages scientifiques), ses expériences sur le terrain et dans les musées, son rapport aux collections, ses positions institutionnelles, tout comme ses nombreuses publications22, son activité éditoriale ou sa vaste correspondance permettent d’esquisser une image argumentée de la recherche en préhistoire dans le second XIXe siècle.

Ce portrait a, entre autres spécificités, de ne pas se cantonner au territoire de la France. Le vaste réseau de relations que tisse précocement Mortillet, dès ses années parisiennes, nous est resté grâce à une dense correspondance qui permet une immersion dans les débats qui ont animé l’émergence et l’affirmation de la préhistoire. Au-delà, ses voyages, sa production écrite et ses relations épistolaires font vivre son idéal d’internationalisme scientifique et politique. Il s’incarne dans une communauté scientifique dynamique et fortement interconnectée qui choisit de porter le fer idéologique dans les cénacles savants et dans la presse scientifique tout autant que dans la grande presse. Par ce fait, ils permettent à des concepts et à des principes qui, jusque-là, étaient réservés aux seuls cercles intellectuels d’entrer dans la réalité sociale. La diffusion rapide et internationale de l’information scientifique et de ses controverses participe pleinement à l’ouverture de l’archéologie, et en particulier à celle de la préhistoire, à l’ensemble de la société. La préhistoire n’est pas qu’une affaire de science, elle devient un sujet de société, un possible vecteur de changement social en bouleversant quelques idées bien établies.

Au cours de la phase parisienne de sa vie (1839-1864), le jeune Mortillet forge sa personnalité ainsi que ses convictions politiques et scientifiques. Fervent anticlérical et très proche du mouvement socialiste, il mène parallèlement à ses études une action politique extrêmement active, éditant des pamphlets, des revues, dirigeant des associations militantes, participant aux émeutes de 1848 et luttant pour une instruction publique, laïque, gratuite pour tous. Dès septembre 1845, il fonde L’Ami du peuple, publication mensuelle animée par une contestation violente de la politique “bourgeoise” française, un positionnement ouvertement socialiste et une volonté de propagande populaire :

“Les prolétaires ont conscience de leurs droits, ils les réclament, ils les veulent, ils les auront : la justice et la force est à eux. Voilà donc la cause d’une révolution23.”

L’année suivante, sous le pseudonyme de Manival, il collabore à la rubrique scientifique de L’Almanach populaire, puis en 1847 et 1848 à la Revue Indépendante, fondée par Pierre Leroux, Louis Viardot et Georges Sand, au Représentant du peuple qui devient Le Peuple : journal de la République démocratique et sociale alors dirigé par Pierre-Joseph Proudhon24, à La Réforme de Ferdinand Flocon. Au printemps 1848, il fonde un très éphémère Club central de l’agriculture “dans le but de défendre tous les intérêts agricoles”. Dans le panorama des oppositions au régime, ces revues, brochures et pamphlets contribuent non seulement à la propagande politique mais préparent également les esprits aux bouleversements et événements de 184825.

Sa lutte pour une instruction publique du peuple et son engagement en faveur de la libre pensée s’affichent à nouveau avec force en 1849 dans une série de onze brochures réunies sous le titre de Politique et socialisme à la portée de tous aux objectifs affirmés : “Nous nous proposons de passer en revue et de combattre toutes les indignes calomnies que les monarchiens répandent sur les socialistes.” Dans ces pages, Mortillet s’exprime avec ferveur sur l’actualité politique allant de la contestation du régime au soutien des théories socialistes inspirées de Proudhon (“Histoire du Drapeau rouge” – fascicule 1 –, ou bien “la Propagande c’est la révolution” – fascicule 3), au droit du travail en passant par le combat contre la peine de mort. Il laisse toujours une place importante à la politique étrangère et ceci depuis le premier numéro de L’Ami du Peuple (1845), selon une attitude partagée alors par d’autres revues républicaines françaises telles que La Réforme, La Revue Indépendante, L’Almanach populaire, Le Peuple, et la Libre Pensée entre autres. Mortillet accorde une attention particulière à l’Italie, alors marquée par les révolutions du Risorgimento qui aboutiront en 1861 à la première unification du pays. Sa brochure Politique et socialisme à la portée de tous vaut à Mortillet d’être traduit le 23 juin 1849 devant la cour de la Seine “pour attaque contre le principe de la propriété et pour provocation au vol non suivie d’effet”26 “à raison de la publication d’une brochure portant en tête le triangle égalitaire, et divisée en trois chapitres intitulés : 1° Droit au vol ; 2° Droit à l’assistance ; 3° Droit au travail”27. Il est condamné par défaut à deux mois de prison, 2 000 francs d’amende et les exemplaires de la brochure saisis sont détruits.

Cet engagement politique et social est aussi à portée internationaliste, dimension qui sera une des caractéristiques de sa future œuvre scientifique. Certains indices sont perceptibles dès ses premières années de formation. En effet, lorsqu’il n’est encore qu’un jeune étudiant qui suit des cours au Muséum national d’histoire naturelle, puis au Conservatoire des arts et métiers, il se trouve dans les lieux où le débat scientifique est le plus animé, en particulier en ce qui concerne le principe d’origine antéhistorique de l’Homme. Entre les positions conservatrices de Léonce Élie de Beaumont, dont le magistère à l’Académie des sciences s’inscrit dans la lignée de principes définis par Georges Cuvier, et celles du Muséum plus favorables aux thèses de Jacques Boucher des Perthes, les sentiments de Mortillet ne sont alors pas faciles à déterminer. C’est aussi dans ces institutions qu’il rencontre vraisemblablement un certain nombre de futures grandes personnalités politiques et scientifiques italiennes comme les ingénieurs-géologues Felice Giordano, Bartolomeo Gastaldi et Quintino Sella, élèves étrangers à l’école des Mines de Paris, et le géologue Giovanni Capellini, auditeur libre à l’école des Mines et au Muséum28. À cette époque, son réseau international semble se mettre en place ; celui-ci viendra à son aide lors de son exil hors de France, lui apportant un soutien politique et scientifique, reposant entre autres sur des solidarités maçonniques29.

La période 1850-1864, celle de son expatriation forcée, paraît à plusieurs égards la plus riche, car dense et diversifiée. Ses séjours en Savoie entre Chambéry et Annecy (1850), puis à Genève chez Carl Vogt et de nouveau à Annecy (1852-1859) l’amènent au musée de Chambéry, puis à ceux d’Annecy et de Genève. En Suisse puis en Italie, à Peschiera del Garda puis à Milan (1859-1863), il supervise des travaux hydrauliques et géologiques pour la construction de voies ferrées (Lausanne-Fribourg puis en Italie). À cette époque, le goût de la presse et de l’activisme ne l’a pas quitté puisqu’il fonde en 1859 un hebdomadaire politique et scientifique L’Italie Nouvelle – devenu en 1860 L’Italie – dont le siège est à Turin. Mais surtout, au cours de ces années, le jeune ingénieur-géologue se prend de passion pour la Préhistoire. Il en est de même de ses amis, dont le Suisse Édouard Desor, les Italiens Giovanni Capellini, Bartolomeo Gastaldi et Antonio Stoppani, tous gravitant alors autour des sociétés naturalistes ou étant professeurs de géologie. Certains d’entre eux sont également engagés en première ligne dans les luttes de libération de l’Italie du joug austro-hongrois, comme l’abbé Stoppani ou l’abbé Chierici, prêtre libéral et préhistorien futur fondateur du premier musée italien de paléoethnologie en 1870 puis en 1875, du Bollettino de Paletnologia Italiana30. Les excursions sur le terrain permettent à Mortillet de constituer et de faire vivre son réseau, que ce soit en Suisse, puis surtout en Italie du Nord autour de lacs morainiques en compagnie de Desor et de Stoppani, lors de l’étude de tourbières et marnières lombardes avec Gastaldi, de celles de la plaine du Pô avec Pigorini, Stoppani et Chierici31. La découverte puis l’exploration des stations lacustres lui offrent la matière de sa première production scientifique tournée exclusivement vers la préhistoire, analysée sous tous ses aspects. Il fournit des comptes rendus détaillés et des notes aux revues et groupements académiques entre 1860 et 1863, notamment à la Società Italiana di Scienze Naturali ou à la Société d’Histoire de la Suisse Romande. Leur rapide diffusion lui donne une place dans les débats et les comparaisons relatifs à ces anciennes industries et communautés humaines. Très vite, la volonté de partager ces découvertes à une échelle plus large, couplée à la nécessité de prouver la haute antiquité de l’Homme conduisent Mortillet à fonder la Revue scientifique italienne,publiée à Turin et en langue française. Par sa structuration et ses objectifs scientifiques affichés, elle se présente comme une préfiguration de la future revue Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme : Bulletin des Travaux et Découvertes concernant l’Anthropologie, les Temps Anté-Historiques, l’Époque Quaternaire, les Questions de l’Espèce et de la Génération spontanée,fondée deux ans plus tard à Paris à son retour en France. Ces deux revues se caractérisent par une chronique des événements, des découvertes et des publications survenues en France et en Europe fondée sur la reprise d’informations fournies par différents correspondants. Les faits contribuant à démontrer l’existence de l’Homme à la préhistoire y trouvent une place de choix sous la forme d’articles, de lettres, de notices ou d’observations diverses relatant les découvertes ou interprétations adressées par les chercheurs.

Le retour en France en 1864 représente une étape où le jeune préhistorien consolide et met en pratique ses activités politiques et scientifiques précédentes. Il rentre riche d’une collection archéologique personnelle réunie pendant son séjour en Italie et muni d’un réseau de contacts durables avec les plus éminents naturalistes et paléontologues suisses et italiens. L’une des caractéristiques de cette étape dans la vie de Mortillet est son action en faveur de la création de points d’ancrage qui vont se révéler décisifs pour la jeune communauté préhistorienne européenne et sa structuration dans une perspective internationaliste. La création des Matériaux (volume I, première année septembre 1864-août 1865) lui offre une revue qui suit et oriente l’actualité de la recherche. De même, sa contribution essentielle à l’organisation du premier Congrès international de Paléoethnologie ouvre la voie aux Congrès d’anthropologie et archéologie préhistoriques où, jusqu’à la Première Guerre mondiale, vont se discuter découvertes, méthodes et concepts. Ce congrès est conçu et mis en œuvre par Mortillet avec la complicité des collègues italiens et suisses, en premier lieu celle de Giovanni Capellini, titulaire depuis 1861 de la première chaire de géologie à Bologne, et surtout celle d’Édouard Desor32. L’acte de fondation signé le 21 septembre 1865 à La Spezia, lors d’une réunion extraordinaire de la Société italienne des sciences naturelles, section de Préhistoire, aboutira l’année suivante sous l’autorité de Desor à l’organisation, à Neuchâtel, du premier Congrès international consacré aux sciences antéhistoriques. Cet événement aux allures de manœuvre politique33 marque, par son désir d’élaborer des synthèses transnationales, et ses maîtres d’œuvre, l’émancipation des études préhistoriques à la fois hors de la dimension régionale de la recherche et surtout des contraintes et des jeux d’influence propres aux institutions disciplinaires préexistantes.

Ces moyens de formalisation et de diffusion de l’archéologie préhistorique constituent les nouveaux instruments de cristallisation des idées et de consécration progressive de la connaissance de l’Homme des origines. Lieux d’échanges, de convergence, de débats animés, de rencontres et de sociabilité, les congrès internationaux ont eu un rôle de catalyseur de premier plan pour l’ensemble de cette nouvelle communauté scientifique participant pleinement à son autonomisation et à sa légitimation sur le plan scientifique et politique. Les réunions, tenues chaque année dans un pays différent34, permettent de faire le point sur les découvertes, en les examinant parfois même directement sur le gisement lors d’une excursion, tout en gardant toujours un regard international et comparatiste. Comme toute réunion de ce type, elles offrent aux participants l’opportunité de nouer des nouveaux contacts, d’être reconnus dans leurs recherches et de faire fructifier leur réseau relationnel.

Identifier, classer, dater et exposer :
la systématisation des temps antéhistoriques

Les musées tout comme les expositions universelles, en particulier celles qui se tiennent à Paris concomitamment à des sessions des congrès – entre autres celles de 1867 et 1878 –, offrent d’autres cadres institutionnels dans lesquels la discipline va se confronter au grand public et au milieu politique. Les collections occupent une place majeure dans ce dispositif. Les vitrines des salles de l’histoire du travail où s’alignent des centaines de pièces, originales ou copies, se veulent autant de preuves tangibles de la démonstration préhistorienne : les temps antéhistoriques ont existé, les artéfacts attestent de la présence de l’Homme à ces époques, la grande diversité géographique des gisements exposés confirme son caractère universel, la préhistoire en tant que science et les préhistoriens en tant que chercheurs démontrent leur légitimité et celle de leurs conclusions scientifiques.

Mortillet occupe une place essentielle dans cette configuration. En 1867, au moment de l’exposition, il joue les rôles de concepteur de congrès, d’exposant, de délégué du département de la Savoie, de chroniqueur, de congressiste et de pourvoyeur de collections35. Acteur décisif du mouvement de structuration de la toute nouvelle communauté préhistorienne, il est aussi l’un de ceux qui, par ses écrits et mots d’ordre, consacrent le principe de libre circulation des objets. En toutes choses scientifiques ou de collections il faut penser grand : la science ne peut avoir de frontières et de petits propriétaires. Il encourage la pratique d’achat, de don ou d’échange des objets mis au jour, qu’il s’agisse d’originaux ou de copies, afin de constituer des ensembles permettant d’asseoir les théories, de construire des chronologies comparées par exemple. Surtout, favoriser la circulation des pièces revient à stimuler celle des idées dont elles sont les supports matériels :

“Il faut laisser l’initiative privée agir comme bon lui semble ; il faut respecter le droit de propriété de chacun. C’est le seul moyen de stimuler les recherches, de sauver bien des trésors, de répandre le goût des sciences et des études. Les collections particulières finissent toujours par aller en partie compléter les collections publiques. Si une portion passe à l’étranger, est-ce un grand mal ? Pas du tout !… C’est plutôt un bien. Pensez-vous que l’Italie, la Grèce, l’Égypte, l’Assyrie seraient aussi connues, aussi étudiées, aussi visitées par les archéologues si les richesses archéologiques de ces divers pays ne s’étaient pas répandues un peu partout ? La liberté de commerce stimule l’industrie, la liberté de collectionner stimule également la science. Rien n’est bon, rien n’est fertile, rien n’est stimulant comme la liberté36.”

La circulation des pièces (ventes, dons, échanges) occupe une place centrale dans le processus cognitif et dans les débats scientifiques37. En France, à partir de 1867, Mortillet va par ailleurs accentuer le rôle central et gnoséologique conféré aux collections en fondant sur elles un cadre typologique et chronologique d’interprétation des “civilisations” préhistoriques. L’influence de sa “classification industrielle” sera décisive sur la préhistoire européenne38, tant sur le plan conceptuel que sur l’organisation des musées. Celle du tout nouveau musée des Antiquités nationales39 en est l’illustration et un modèle pour d’autres institutions muséales.

Mortillet va marquer de son empreinte ce musée en y organisant la présentation de la préhistoire dans une perspective progressiste et comparative. Par son entremise et profitant de son propre réseau, une riche collection d’objets préhistoriques illustre la préhistoire française et étrangère et l’exposition des premiers dépôts italiens est assurée dès l’ouverture du musée40. En 1868, après sa nomination officielle comme attaché41, il cède au musée une partie de sa collection personnelle qui “contient tous les types désirables comme terme de comparaison. Elle peut à elle seule servir d’introduction à une galerie archéologique. Enfin elle répond à toutes les exigences de l’enseignement le plus complet”42. Parmi ces objets se distinguent des pièces réunies lors de ses investigations scientifiques en Italie, comme des céramiques et du mobilier lithique des terramares et des stations lacustres du Piémont, de la Lombardie et d’Emilie43. Au fil du temps, son fils Adrien et lui finiront par reconstituer une nouvelle collection personnelle de référence en préhistoire et ethnologie grâce à l’implication de plusieurs intermédiaires et vendeurs de leur réseau international. Sa dispersion entre le Pitt-Rivers Museum et l’Academia Sinica de Taipei illustre la fragilité de tels ensembles, vulnérabilité consubstantielle à une pratique fondée sur la circulation des pièces44. Mortillet, grâce à ses correspondants, contribue également à enrichir les collections du musée. Dans les lots entrés au musée entre 1868 et 1873, se trouvent entre autres des moulages de Mercurago appartenant à la collection personnelle de B. Gastaldi (collection Valentino) et cédée au musée à la fin de l’exposition universelle de Paris, ainsi qu’une série des céramiques provenant des terramares, fruit d’échanges avec le musée de Parme datant de 186845.

En 1871, Mortillet participe au congrès international de Bologne. À cette occasion, il resserre ses liens avec ses collègues italiens, achète plusieurs lots de pièces, dont certaines acquises auprès du neveu de l’abbé Giani et de Biondelli provenant de Golasecca – cette collection compte aujourd’hui 362 pièces46 – ; cette session, avec celle de Stockholm en 1874, est surtout celle qui marque un moment parmi les plus importants pour la protohistoire européenne et plus particulièrement pour celle de l’Italie et de la France. Pendant cette réunion très spectaculaire (présidée par le comte Giovanni Gozzadini, organisée par Giovanni Capellini, 400 inscriptions et près de 200 participants), les grandes nécropoles de Villanova, Golasecca, Marzabotto et La Certosa sont érigées au rang de repères chronologiques et culturels pour la périodisation de l’âge du Fer italien et une première présence gauloise y est reconnue par Mortillet et Desor47. Le savant français s’implique dans les débats sur l’articulation des temps préhistoriques et notamment la transition entre l’âge du Bronze et celui du Fer, objet de discussion depuis le congrès de Copenhague (1869). Il prend part aussi aux discussions concernant la jonction avec les temps historiques illustrés par les grandes nécropoles italiennes. Fin connaisseur de l’actualité de la recherche et des découvertes italiennes, Mortillet avait déjà avancé et argumenté la chronologie des principaux gisements. Il identifiait, au sein de l’âge du Fer, un premier âge du Fer plus ancien illustré par les découvertes de Golasecca succédant aux occupations de l’âge du Bronze, matérialisé par les stations lacustres et terramares de Lombardie, Piémont et Émilie, et antérieur aux éléments étrusques et romains48. Cette proposition est présentée dans deux articles publiés dans la Revue Archéologique en 186549 puis dans son ouvrage Le signe de la croix avant le christianisme50. Deux autres articles publiés en 1865 et 1866 dans les mêmes supports détaillent l’encadrement chronologique de Golasecca qui anticipe brillamment celui de Castelfranco présentée officiellement lors du colloque de Stockholm en 187451. Pour construire cette première périodisation des temps protohistoriques, Mortillet s’appuie sur une étude méticuleuse et comparée des décors, matériaux et objets examinés sur place et en partie intégrés et classés dans sa collection personnelle entre 1863 et 1866 (lots d’objet de la collection Golasecca auprès du neveu de l’abbé Giani son inventeur, lots de mobilier donnés par Pigorini et Chierici, objets récoltés pendant ses prospections et observés chez des collectionneurs privés). Six ans avant le congrès de Bologne, il conclut que les sépultures :

“Les plus anciennes appartiennent au premier âge du fer. Antérieures à la domination étrusque, elles montrent tout au plus quelques traces de l’influence de cette nation. Elles remontent donc à plus de sept siècles avant notre ère.

Viennent ensuite des monuments funéraires dont les analogues se rencontrent en Gaule, et qui ont précédé la domination romaine.

Enfin apparaissent les tombes romaines parmi lesquelles il faut ranger le cimetière de Vergiate qui a servi jusque vers la fin du quatrième siècle de notre ère. Il contient les cendres d’une population industrielle et agricole qui avait encore conservé des souvenirs d’avant la conquête52.”

Cette chronologie relative est correctement intégrée non seulement dans le cadre chrono-culturel d’Italie du nord, mais elle s’ouvre également vers des comparaisons avec les contextes suisses, français et jusqu’au Caucase :

“L’ornementation des grandes urnes cinéraires au moyen de triangles formés par une ligne coupant une série de lignes parallèles, ornementation symbolique éminemment caractéristique de l’âge du bronze, qu’on retrouve à cet âge dans les marières [sic] de l’Emilie [sic], comme dans les stations lacustres de la Suisse et même jusque dans le Caucase, ainsi qu’on peut en juger par la fibule en bronze suivante copiée de M. Lerch [croquis]. La présence de petits ronds, souvent concentriques, avec un point central, autre dessin symbolique de l’époque du bronze, prouvent que les traditions de cette époque étaient encore très en vigueur. Les tombes décrites appartiennent donc à la première époque du fer, à la période antéhistorique de ce métal53.”

Le congrès de Bologne avec ses sessions, son exposition et ses visites n’est donc pour Mortillet qu’une heureuse confirmation. La mise au jour d’éléments gaulois à Marzabotto et à La Certosa, tout récemment découverte, ne pouvait que renforcer son classement, tout en aiguisant davantage les intérêts du musée des Antiquités nationales sur les filiations culturelles entre les deux versants des Alpes54. Dans ce contexte, l’acquisition de plusieurs lots de pièces originales et de copies par Mortillet, pendant et après le congrès, a pour intention de conforter ses conclusions mais aussi de positionner le musée sur ces questions :

“Pendant le congrès il y a eu à Bologne une exposition italienne d’archéologie préhistorique. Cette exposition a été vraiment remarquable par l’abbondance [sic] et la variété des objets. Je suis entré pour parler avec plusieurs exposants […] j’ai obtenu de nombreuses promesses entre autres de MM. Serrabelli, moulages de pierre et de bronze d’Imola ; Bonucci silex diversements [sic] travaillés des Abruzes [sic] ; Spano antiquités variées de Sardaigne. […] La nécropole de Villanova a donc été admise par le Congrès comme type de l’époque de transition. Il était fort important pour le musée de St. Germain de posséder des objets de cette époque de transition. […] Je suis donc allé en Lombardie, où il existe, dans les environs de Golasecca des tombes analogues à celles de Villanova55.”

Cet exemple illustre l’importance scientifique et muséographique, tant pour le chercheur que pour l’institution qui l’accueille, de réunir une collection la plus exhaustive possible et au plus proche des derniers développements de la science, y compris à des fins comparatistes. Dans cette perspective, les pratiques de reproduction, de restauration d’objets, tout comme la réalisation d’une documentation graphique, thématique ou spécifique, sont à considérer comme une démarche intégrée de la discipline en voie de développement. Le recours aux fac-similés n’est alors pas considéré comme une activité trompeuse, mais bien au contraire comme une pratique légitime d’étude d’objets archéologiques à part entière, échangés à des fins scientifiques et muséographiques. La présence d’un nombre important de pièces en plâtre ou de galvanoplasties dans les collections des musées illustre cette démarche.

Au musée de Saint-Germain, la mise en place d’un atelier de moulages, le recrutement de personnes dédiées à ces fonctions, ainsi que l’inclusion dans les projets de la commission d’organisation du musée de la production de moulages démontrent que le recours massif à ce procédé était l’un des moyens nécessaires pour enrichir le musée et l’une des conditions de la réévaluation scientifique permanente des collections et des réflexions56 ; toute occasion était opportune pour acheter des originaux ou en faire faire des reproductions57. Les moulages sont essentiels comme témoignages venant en appui aux interprétations, comme en atteste l’envoi par Capellini à Mortillet d’un moule dont il s’est servi pour ses expérimentations. Pour démontrer la préhistoire de l’Homme, Capellini a recours à une série de pièces paléontologiques, retrouvées sur les rivages de la Toscane et associées aux gisements ayant également livré des outils en silex. Ces ossements présentent des “entailles” qui seraient selon lui d’origine humaine. Après des expérimentations à l’aide de divers outils pour reproduire ces traces sur des os frais de dauphin, il envoie à son ami Mortillet, plutôt sceptique, un moule blanc pour qu’il puisse lui-même se livrer à cet exercice expérimental et vérifie l’origine humaine de ces entailles58.

Conclusion
Mortillet en révélateur d’une histoire sociale
et contextualisée de la préhistoire

La dimension à la fois géologique (stratigraphie), technologique (fabrication intentionnelle) et typologique (valeur chronologique) qui caractérise non seulement les démarches des pionniers de la préhistoire mais qui influence également l’organisation et l’exposition des collections et des concepts trouve en Gabriel de Mortillet l’un de ses meilleurs porte-drapeaux. Ses conceptions scientifiques, fondées sur un matérialisme sans compromis, une loi universelle d’un progrès linéaire et mâtinées de politique59, orienteront pendant plusieurs décennies l’archéologie européenne, dans ses débats et ses pratiques. La publication du Préhistorique en 1883 semble à la fois consacrer et figer ses conceptions, en particulier sur le plan de la méthode et sur des questions alors vives. Bien sûr, d’aucuns contesteront ce magistère, dénonçant l’esprit de système de Mortillet, tout comme l’intransigeance de ses convictions en particulier en ce qui concerne sa doctrine chrono-typologique, voire ses partis pris philosophiques qui viennent perturber la rigueur de sa pensée. Armand de Quatrefages estime ainsi que

“La méthode ethnographique a bien certains avantages. Elle permet d’embrasser tous les temps et tous les lieux ; elle est très commode pour distinguer et grouper les types divers d’armes, d’ustensiles ou d’outils inventés par l’homme ; et, dans notre Europe occidentale, si ardemment explorée depuis plusieurs années, on peut assez souvent l’appliquer, sans grave inconvénient. Mais elle confond deux choses distinctes : la classification et la chronologie. Dans les cas douteux, elle n’apporte sur les questions de temps aucun enseignement réel et conduit aisément à l’erreur.

Ce qui se passe de nos jours et chez nous-mêmes devrait faire réfléchir ceux qui ont en elle trop de confiance. On sait, par exemple, le rôle qu’a joué la poterie dans plus d’une discussion. Or, tandis que nous fabriquons à Paris nos merveilleuses porcelaines de Sèvres, on fait encore, me disait Lartet, des poteries à la main dans quelques vallées écartées du Midi de la France. Voilà qui pourrait bien embarrasser un jour les archéologues de l’avenir. Il y a plus : deux populations entières, quoique étant en relations habituelles, peuvent, l’une pratiquer fort bien l’art du potier, l’autre agir comme si elle l’ignorait entièrement60.”

Marcellin Boule, rappelant la nécessité épistémologique d’être prêt à réviser ses conclusions, dénonçant chez Mortillet une propension à s’affranchir des principes hérités des sciences naturelles et, implicitement, de la réalité des gisements :

“En France, notamment, on a dressé des tableaux des classifications dont les divers termes sont établis de façon nette, tranchée, mais qui, tout en restant immuables, ne cadrent guère avec les vues exprimées par la plupart des géologues des autres nations. […] Il faut bien le dire, les préhistoriens qui étaient, il y a vingt ans, d’habiles naturalistes, se confinent aujourd’hui dans l’Archéologie pure et paraissent considérer comme résolues les questions d’Anthropologie quaternaire. […] Les problèmes relatifs à l’existence de l’homme pendant l’époque quaternaire et ceux relatifs à cette époque considérée en elle-même sont si nombreux et si difficiles, qu’on ne peut les croire résolus après quelques efforts ayant abouti à une classification, si parfaite qu’elle puisse paraître au premier abord. Je crois que le premier devoir d’un naturaliste est de s’attendre, avant même de les avoir formulées, à faire, un jour ou l’autre, mais sans regret, le sacrifice de ses conclusions61.”

D’autres encore pourraient être appelés à la barre de l’accusation, dont les supérieurs hiérarchiques de Mortillet au musée de Saint-Germain-en-Laye. À Alexandre Bertrand qui affirme qu’il

“peut y avoir en géologie une loi immuable pour la succession des terrains de toute l’écorce du globe, terrains primaires, terrains secondaires, tertiaires et quaternaires ; il n’existe point de loi semblable applicable aux agglomérations humaines, à la succession des couches de la civilisation. Affirmer que toutes les races ont passé nécessairement par les mêmes phases de développement et parcouru tous les états sociaux que la théorie veut leur imposer, serait une très grave erreur62.”

Salomon Reinach voit, concernant les questions de classification, une erreur dans le fait d’“admettre, a priori et sans preuves, l’uniformité du progrès industriel ; c’est appliquer, par un véritable paralogisme, la méthode géologique à l’histoire des premières civilisations63”.

Effectivement, Mortillet n’est pas homme de consensus. Son activisme au sein de la mouvance du matérialisme scientifique, dont le projet est tout autant politique, philosophique, social que scientifique, est à la fois un moteur et un frein à son activité59. Son refus de toute métaphysique en fait le héraut d’un absolutisme laïciste, transformant et transposant dans la “paléoethnologie” la lutte anticléricale des républicains de la Troisième République64. Mais, au-delà des aspérités, des impasses et des subjectivités de l’homme et de son œuvre, le choix fait dans le présent ouvrage d’aborder l’histoire de la préhistoire par sa face biographique, permet d’atteindre un peu à une réalité scientifique et sociale préhistorienne depuis les terrains du nord de la France65 jusqu’aux reconfigurations du début du XXe siècle (reconnaissance des sépultures et de l’art pariétal paléolithiques, révision de la succession des cultures paléolithiques après la bataille aurignacienne). L’ensemble des contributions publiées ici montre la fécondité historiographique de l’étude des acteurs et des facteurs personnels, politiques, historiques qui, à travers Mortillet, ont concouru au développement de la discipline.

En réunissant une diversité d’approches historiques, archéologiques, sociologiques et épistémologiques, cet ouvrage permet de retracer à la fois la construction de l’archéologie en tant que discipline et, plus largement, le contexte et les enjeux de sa formation. Dans ce sens, l’étude du substrat politique, religieux, culturel et social dans lequel s’implante consciemment ou inconsciemment la réflexion scientifique autour de l’homme préhistorique est un élément gnoséologique de premier ordre. Le parcours personnel, politique et scientifique de Mortillet ouvre une voie privilégiée pour explorer la complexité des origines de la discipline et ceci dans une dimension qui s’inscrit d’emblée dans une perspective internationale. Cette approche permet aussi de confronter cet itinéraire individuel avec d’autres trajectoires individuelles et réalités cette fois régionales comme les études publiées dans ce volume et consacrées aux archéologues Guillaume-Joseph Bailleau66, Paul Guégan67, François Daleau68. La diversité d’échelles, de thèmes et d’acteurs abordés, tout comme le recours aux sources primaires reflète le foisonnement des facteurs et des forces en jeu, mais aussi les partis les plus actuels de l’historiographie de la préhistoire.

À l’échelle de l’individu, l’étendue des activités de Mortillet et tout particulièrement celles liées à son travail au sein du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye trouvent leur traduction concrète dans la diversité des collections mais aussi des archives qui y sont aujourd’hui conservées. Celles-ci forment le double de papier du Mortillet gestionnaire de collections et muséographe69. Fort de l’expérience acquise à Genève et Annecy, il tient à jour le registre d’inventaire dès 1867, procède aux enregistrements, souvent par lots, et parfois accompagne les entrées de dessins et de commentaires scientifiques, notamment pour les lots échangés ou acquis à travers son propre réseau. La politique d’échanges introduite par Mortillet représente un atout pour la politique d’accroissement du musée, elle accélère également le rythme de l’enregistrement, nécessitant la mise en place d’un registre spécial. Les collections, tout autant que l’organisation des vitrines, des salles et des parcours lui ont offert l’opportunité précieuse de transposer dans la matérialité des vestiges du passé et dans un cadre institutionnel de premier ordre ses propres conceptions et convictions ; la muséographie devenait alors elle aussi une démonstration militante, ancrée dans un matérialisme scientifique sans concession et résolument progressiste70. Dans ce cadre, mais aussi parce que la nécessité de crédibilité des sciences préhistoriques interdisait de laisser un quelconque espace aux doutes ou à la falsification, la vérification de l’authenticité conduisit à une vigilance constante à l’égard du régime d’administration de la preuve. On pense ici bien sûr à l’affaire de Moulin Quignon15, mais aussi à la fraude des silex taillés de Breonio à l’origine d’une longue controverse, résolue seulement au début du XXe siècle71.

La contribution de Mortillet à l’échelle nationale et internationale dans l’élaboration d’une science des origines de l’Homme, tant sur le plan conceptuel que méthodologique, se mesure également au fil de ses publications, de ses affiliations institutionnelles et politiques qui traduisent ses multiples échanges intellectuels, ses voyages et ses activités de terrain commencées en Italie. Cet internationalisme scientifique et militant stimule la confrontation dynamique et la diffusion des théories, des pratiques et des systèmes de classification, mais aussi le mouvement des objets. L’examen des débats liés à ces questions offre l’opportunité de saisir, de l’intérieur et avec précision, plusieurs problématiques en relation avec cette dimension transnationale. Il en est ainsi de l’articulation d’une première chronologie relative de l’âge du Fer, qui se veut d’emblée européenne, bien que teintée parfois de revendications nationales voire locales dans le choix des nomenclatures72. De même, la recherche d’un langage scientifique commun et international, sous le double objectif de faciliter les échanges et d’actualiser à échelle internationale l’état des connaissances par le recensement par périodes des nouvelles découvertes, est un sujet récurrent pour les préhistoriens de la fin du XIXe siècle. L’étude du projet d’une cartographie partagée et de légendes communes met en lumière cette quête idéelle d’un consensus dépassant les revendications nationales tout autant que son échec73. Des traces sont également perceptibles dans des institutions muséales européennes, quitte à exacerber des polémiques locales, comme dans la genèse des musées espagnols et de leur rapport dialectique avec les pouvoirs politiques74.

En définitive, cet ouvrage, issu du colloque international “Préhistoire et anthropologie entre science, philosophie, politique et internationalisme : À propos de Gabriel de Mortillet”, organisé à Saint-Germain-en-Laye et à Paris les 20 et 21 novembre 2021 à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gabriel de Mortillet, souhaite contribuer de façon originale et pluridisciplinaire à l’histoire et à l’épistémologie de l’archéologie. L’ambition n’est pas ici de se livrer à un acte mémoriel ou à une simple étude de cas biographique, mais bien de mettre en lumière la richesse de l’histoire des hommes, de leurs idées, de leurs découvertes et de leurs interactions qui ont contribué à différents titres au développement de la Préhistoire et, par-là, de permettre d’apprécier à sa juste valeur l’héritage intellectuel et patrimonial d’un de ses acteurs majeurs.


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Notes

  1. Lettre de G. de Mortillet à G. Chierici, 26 mai 1876. Bibliothèque municipale de Reggio Emilia, 14/3, n. 761.
  2. Kaeser 2000, Blanckaert 2001, Trigger 2006, 77-110, Cicolani 2008, Hurel & Coye 2011.
  3. Voir, par exemple, Hamy 1870, Cartailhac 1896.
  4. Hammond 1980, Harvey 1984, Desmet 1996, Kaeser 2001, Morel 2017.
  5. Hurel & Vialet 2006, Cicolani 2008, Kaeser 2001, 2010, Lejars 2019.
  6. Laming-Emperaire 1964.
  7. Richard 1991, Coye 1993, Kaeser 2002, Hurel 2004.
  8. Grayson 1983, Richard 1992, Coye 1997, Ducros & Ducros 2000, Blanckaert 2001, Kaeser 2002, L’archéologie 2006, Hurel 2007, Schlanger & Nordbladh 2008, Sommer 2008, Venturino Gambari & Gandolfi 2009, Hurel & Coye 2011, Blanckaert 2011, Tarantini 2012, Demoule 2014, Cremaschi et al. 2020, etc.
  9. Quelques expositions se sont distinguées par leur volonté de construire ou d’intégrer un discours historiographique dont le but n’était pas de légitimer ou de valoriser une problématique archéologique actuelle dans un dispositif présentiste proposant un regard rétrospectif et péjoratif sur la science du passé : Vénus et Caïn, figures de la préhistoire, 1830-1930 (musée d’Aquitaine, 2003), Sur les chemins de la préhistoire : l’abbé Breuil, du Périgord à l’Afrique du Sud (musée d’art et d’histoire Louis-Senlecq de l’Isle-Adam 2006, musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France 2006-2007), L’imaginaire lacustre (Laténium, 2008-2009), Mythique Préhistoire (musée départemental de Solutré 2010-2011), L’âge du faux (Laténium, 2011-2012), Arkeo : quand l’homme construit son passé (musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Joseph Déchelette, 2014) Pompei e l’Europa. 1748-1943 (musée national d’archéologie de Naples, 2015), Retour à Moulin Quignon (musée Boucher de Perthes d’Abbeville, 2018-2019), Entre deux eaux : La Tène, lieu de mémoire (Laténium, 2022-2023), La Somme des préhistoires (Musée de Picardie à Amiens, 2024).
  10. Initié entre 1990 et 2010, ce mouvement s’est accéléré depuis. L’augmentation du nombre de thèses de doctorat consacrées à l’histoire de la préhistoire en est un bon indice (Manias 2008, Dubois 2011, Lanzarote Guiral 2012, Defrance-Jublot 2016, Cataldi 2019, Favin-Lévêque 2021).
  11. Trigger 2006, Richard 2008, Blanckaert 2011, Tarantini 2012.
  12. De Pascale 2008, Venturino Gambari & Gandolfi 2009, Hurel & Coye 2011, Tarantini 2012.
  13. Hurel 2007.
  14. Blanckaert 2011.
  15. Hurel & Coye 2016.
  16. Hurel & Coye 2011, Hurel & Potin 2018.
  17. Gran-Aymerich 1998, Landes 2009, Cicolani & Lorre 2009, Gambari & Venturino Gambari 2009.
  18. Pizanias 2011, Defrance-Jublot 2011, Cicolani 2019, Cicolani & Lorre 2020, Cremaschi et al. 2020.
  19. Schlanger & Nordbladh 2008.
  20. Feuerhahn 2017, 26.
  21. Kaeser 2008.
  22. Mortillet 1901.
  23. Mortillet 1845, brochure Troisième révolution, 6.
  24. Castleton 2015 ; Bnf GR FOL LC2-1663.
  25. Bouchet et al. 2015.
  26. Drujon 1879, 323.
  27. Gazette des tribunaux 1849, 863.
  28. Cicolani 2006, 2008, Gambari & Venturino Gambari 2009.
  29. Cicolani 2008, 2014, Cicolani & Lorre 2009.
  30. Desittere 1988, Cicolani 2019, Cremaschi et al. 2020.
  31. Cicolani 2014, 2019.
  32. Kaeser 2010, Cicolani 2008, Vasseur dans cet ouvrage.
  33. Kaeser 2010.
  34. Les sessions furent annuelles de 1866 (Neuchâtel) à 1869 (Copenhague), puis elles connurent une périodicité plus aléatoire ensuite jusqu’à la 14e session de 1912 (Genève).
  35. Vasseur dans ce volume.
  36. Mortillet 1873.
  37. Chew 2008, Cicolani & Lorre 2009, Hurel 2011, Lorre dans ce volume.
  38. Coye 2005, Schwab dans ce volume.
  39. Par commodité ce musée sera appelé sous cette dénomination tout au long de cet article, étant entendu que celui-ci porte le nom de musée d’Archéologie nationale depuis 2009.
  40. Lorre 2015, 2017, Cicolani & Lorre 2019, Schwab dans ce volume.
  41. Cicolani & Lorre 2009, Lorre dans ce volume.
  42. Mortillet 1868, 14.
  43. Cicolani 2019.
  44. Roux dans ce volume.
  45. Mortillet 1869b, Cicolani & Lorre 2009, 170-172, Cicolani & Lorre 2020.
  46. Cicolani 2006, 10-12 et 17-18, Lorre & Cicolani 2009, 19-24, Cicolani 2014, 23-36.
  47. Coye & Provenzano 1996, Cicolani 2006, 2014, Lejars 2019, Olivier dans cet ouvrage.
  48. Cicolani 2006, 2014.
  49. Mortillet 1865a, 1865b.
  50. Mortillet 1866b.
  51. Mortillet 1865c, 1866a, Cicolani 2006, 2014.
  52. Mortillet 1866a, 58.
  53. Mortillet 1865c, 467-468.
  54. Lorre & Cicolani 2009, Cicolani 2014.
  55. Lettre de G. de Mortillet à A. Bertrand, 1er novembre 1871, Archives du MAN.
  56. Proust 2017, 214-217.
  57. Lorre 2001.
  58. Cicolani 2008.
  59. Hurel dans ce volume.
  60. Quatrefages 1886, VI.
  61. Boule 1888, 129-131.
  62. Bertrand 1884, 21.
  63. Reinach 1889, 95-96.
  64. Defrance dans ce volume.
  65. Pagli et al. dans ce volume.
  66. Angevin dans ce volume.
  67. Quatrelivre & Morinière dans ce volume.
  68. Groenen dans ce volume.
  69. Jouys-Barbelin dans ce volume.
  70. Lorre, Schwab dans ce volume.
  71. Tarantini dans ce volume.
  72. Olivier dans ce volume.
  73. Frénéat & Wirth dans ce volume.
  74. Garcia Alonso, Olcina Lagos dans ce volume.
ISBN html : 978-2-35613-552-0
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Article de colloque
EAN html : 9782356135520
ISBN html : 978-2-35613-552-0
ISBN pdf : 978-2-35613-554-4
ISSN : 2741-1508
16 p.
Code CLIL : 4117; 3494;
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Comment citer

Cicolani, Veronica, Hurel, Arnaud, Lorre, Christine, “Gabriel (Louis Laurent Marie) de Mortillet (1821-1898) : de la micro-histoire à une sociologie de la construction intellectuelle de l’archéologie préhistorique et de ses pratiques en Europe”, in : Cicolani, Veronica, Lorre, Christine, Hurel, Arnaud, dir., Le printemps de l’archéologie préhistorique. Autour de Gabriel de Mortillet, Pessac, Ausonius Éditions, collection DAN@ 11, 2024, 13-28 [en ligne] https://una-editions.fr/mortillet-de-la-micro-histoire-a-une-sociologie-de-la-construction-intellectuelle-de-larcheologie [consulté le 17/07/2024]
doi.org/10.46608/DANA11.9782356135520.4
Illustration de couverture • • Gabriel de Mortillet, excursion aux carrières de Chelles (Seine-et-Marne) en 1884 (Fonds photographique ancien, fondation Institut de paléontologie humaine, Paris)
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