Le district de Samut, dans le désert oriental égyptien, se situe à mi-chemin d’une route commerciale entre Edfou, dans la vallée du Nil, et Bérénikè, un port sur la Mer Rouge, dans une zone où se trouvent des mines d’or1. Son exploration a eu lieu entre 2014 et 2016, conduite par la mission archéologique française du désert oriental (MAFDO), dirigée par Bérangère Redon (CNRS, HiSoMA) et Thomas Faucher (CNRS, Iramat, Orléans)2.
La mission a choisi d’étudier le district pour mieux comprendre l’exploitation des mines d’or dans le désert oriental, d’une part, et le contrôle du désert égyptien et des routes commerciales dans cette région sous les Ptolémées, d’autre part. Deux zones ont fait l’objet de trois campagnes de fouilles entre 2014 et 2016 : une zone qui n’a pas de nom sur les cartes topographiques, mais que nous appelons Samut Nord, où des installations liées à l’extraction de l’or (forge, aires de concassage, moulins) ont été identifiées de part et d’autre d’un filon de quartz aurifère ; une deuxième zone, en plaine, Bi’r Samut, où se trouvait un fortin construit autour d’un puits. Les campagnes de 2014 et 2015 à Samut Nord montrent que les installations sont plus anciennes que le fortin en plaine et qu’elles ont été assez vite abandonnées : une seule phase d’occupation a été identifiée (probablement moins de dix ans) et très peu de sources écrites ont été retrouvées3. À Bi’r Samut, en revanche, environ 1260 ostraca ont été découverts dans les dépotoirs et dans les pièces du fortin lui-même, ainsi que des monnaies et de nombreuses céramiques. Tous ces éléments convergent pour indiquer que le fortin était en activité pendant la deuxième moitié du IIIe siècle a.C. et qu’il a peut-être été abandonné au moment de la révolte de la Thébaïde, en 207/206 a.C.4
Ce corpus nouveau et encore largement inédit est intéressant pour la question du multilinguisme. La pluralité des écritures dans les ostraca révèle une cohabitation linguistique à l’intérieur du fortin ; l’onomastique enrichit le tableau en révélant une importante variété ethnique ; enfin, les textes nous apportent de nouvelles données sur les populations du désert que côtoyaient les habitants du fortin, en particulier les Trôgodytes et les Blemmyes, encore mal connus pour l’époque ptolémaïque.
Trois langues ont été identifiées dans les ostraca de Samut : araméen, grec et égyptien démotique. L’araméen est la langue la moins représentée, mais les trois ostraca et les quinze inscriptions incisées dans cette langue ont été trouvés dans les trois lieux où l’on a découvert des textes à Bi’r Samut : dans le dépotoir nord, dans le dépotoir ouest et à l’intérieur du fortin (fig. 1)5.
Il est encore trop tôt pour établir une chronologie assurée entre les différents dépotoirs et les pièces du fort, mais l’ostracon araméen du dépotoir nord (inv. 131) date d’une couche assez ancienne, et celui qui a été trouvé dans la pièce 21 (inv. 606) du fortin provient d’une couche d’abandon. Ces ostraca ont tous été trouvés dans des niveaux où se trouvaient des ostraca grecs et démotiques. Pour le démotique, 640 ostraca ont été enregistrés. Il s’agit majoritairement de comptes et d’inscriptions sur jarre (tituli picti), mais il y a également quelques fragments de lettres. La présence d’ostraca démotiques est une nouveauté par rapport à l’époque romaine où les fortins qui ont été fouillés dans le désert oriental n’ont livré que des ostraca en grec, en latin et en nabatéen6. Les ostraca grecs découverts à Samut s’élèvent à 540 : il s’agit majoritairement de lettres, mais il y a aussi beaucoup de comptes et de tituli picti7. Enfin, 38 ostraca contiennent du grec et du démotique : 7 sont des textes bilingues et les autres semblent être des remplois.
Les différentes écritures de ces textes posent la question de l’identité des scribes et des destinataires. Pour le grec, l’emploi du pinceau, dans certains cas (inv. 78), peut suggérer que le scribe est un Égyptien qui n’utilise pas l’outil normalement utilisé pour écrire les lettres grecques, le calame, outil clairement utilisé, en revanche, dans d’autres exemples. L’inv. 502 est une lettre, en grec, écrite au pinceau et expédiée par un Égyptien, Chaieuris, à un autre Égyptien du nom de Poèris. Les cas d’une correspondance en grec entre deux Égyptiens sont cependant rares8. Du côté démotique, dans les seize lettres où les expéditeurs sont conservés, il s’agit toujours d’Égyptiens ; parmi les destinataires des dix-huit lettres où les noms sont conservés, six ont des noms grecs : Taurinos (inv. 571), Mélas, le scribe contrôleur de l’économe (inv. 985), Dionysios (inv. 632), Diodôros (inv. 221), Apollônios (inv. 1000) et Axiothéa (1102).
Égyptophones et hellénophones se côtoient, donc, dans le fortin de Bi’r Samut, et ce multilinguisme est confirmé par l’onomastique qui permet d’entrevoir une variété ethnique et multiculturelle, sans doute multilingue, plus large encore.
Un bilan de la richesse onomastique des ostraca de Samut est, à ce jour, prématuré car la lecture et l’identification des anthroponymes est parfois complexe. Néanmoins, il est assuré que les noms égyptiens et grecs prédominent. Les noms égyptiens les plus fréquents sont les noms formés sur le dieu faucon Horus : Hôros, Harpaèsis (transcrit de différentes manières en grec). D’autres noms comme Panas ou Pétosiris reviennent aussi fréquemment.
Pour les noms grecs, Apollônios et Ptolémaios reviennent le plus souvent, ce qui n’est pas surprenant. Le nom de Taurinos, qui n’était pas encore attesté en démotique, se retrouve dans plusieurs ostraca démotiques9. Quelques noms cyrénéens comme Iasôn, Barkaios ou Ammônios, apparaissent dans les ostraca démotiques10. Dans le cadre d’un fortin militaire, ceci n’est pas surprenant : beaucoup de Cyrénéens se sont, en effet, enrôlés dans l’armée de Ptolémée Ier pour fuir des troubles politiques11. Avec les Macédoniens, c’est l’ethnique le plus représenté chez les clérouques dans le Fayoum au IIIe siècle a.C.12
Des anthroponymes sémitiques sont attestés (Abietes, Aramaios, Asery, Nathan) que nous serions tentés de mettre en rapport avec les textes araméens, mais l’araméen pouvait également servir de langue de communication à d’autres populations, en particulier aux Arabes. Hélène Cuvigny a d’ailleurs relevé une dizaine d’anthroponymes arabes dans les ostraca grecs. Dans les ostraca démotiques, les noms d’‘Abdou (ʿbṱw) et d’‘Abd-Ba‘al (ʿbṱ-bʿlȝ) pourraient être d’origine arabe13. Un ostracon grec mentionne l’ethnique “l’arabe du désertˮ pour un certain Emrous (inv. 578, 5)14. La désignation d’“arabeˮ dans l’Antiquité a été très étudiée et le terme semble aussi imprécis en Égypte qu’ailleurs. Il peut s’agir d’une désignation ethnique, pour une personne qui vient effectivement de l’Arabie à l’est du Nil ou de quartiers arabes en Égypte, d’une désignation culturelle pour une personne ayant un mode de vie nomade, d’un statut fiscal particulier, ou encore d’un métier (garde, ou berger)15. Ici, la précision “arabe du désert” semble cependant renvoyer à une désignation ethnique : cette attestation est unique en grec, mais on la trouve en démotique dans un papyrus du Ier siècle a.C. où un certain Wylw (sans doute le nom arabe Wa’il16) est désigné comme Hgr n pȝ tw17. Dans l’ostracon grec de Bi’r Samut, et contrairement aux autres Arabes mentionnés dans les papyrus ptolémaïques contemporains (papyrus de Zénon, ou registres fiscaux du Fayoum18) qui ont souvent des noms égyptiens, parfois grecs, il s’agit d’un Arabe au nom arabe. Enfin, la mention de chameaux et de “grands de 10ˮ ou dékadarchai dans les ostraca de Bi’r Samut pourrait être liée à des groupes arabes structurés19.
De nombreux anthroponymes n’ont pas encore été identifiés, et renvoient sans doute à d’autres ethnies : Aouissa (ȝwyssȝ), Ast (ȝst), Ata (ȝtȝ), Brouga (Brwgȝ), Khen (Ḫn), Semy (Smy), Sebelehm (Sblhm)20. Une telle richesse onomastique est attendue dans le contexte d’un fortin qui servait de station dans le désert, et où il y avait beaucoup de passage. On aimerait également rapprocher l’onomastique du contexte minier où se trouve le fortin. Agatharchide de Cnide, un géographe qui a vécu à la cour de Ptolémée VI-VIII, à la fin du IIe siècle a.C., a donné des informations sur l’exploitation de l’or dans la région, rapportées par Diodore de Sicile, indiquant que les prisonniers de guerre livrés au travail des mines “sont entourés de gardiens choisis parmi des soldats étrangers et qui ne parlent pas la même langue qu’eux ; si bien que personne ne peut corrompre l’un de ces surveillants, en conversant ou en nouant quelque relation amicale avec lui.ˮ21 Néanmoins, pas plus les ostraca de Bi’r Samut que ceux de Samut Nord ne mentionnent le travail de l’or, ni la présence de mineurs ou de prisonniers. Les principales préoccupations que l’on peut lire dans nos textes, aussi bien grecs que démotiques, sont des préoccupations liées à la nourriture (l’orge et le blé), à l’eau et au transport, au bois également (et au charbon de bois en particulier). De plus, l’étude archéologique de la mine de Samut Nord a montré que le filon n’était plus exploité au moment où le fortin de Bi’r Samut était en activité. Quant aux quelques anthroponymes présents dans les tituli picti de Samut Nord, ils sont surtout égyptiens. Un banquier avec le nom carien de Mys apparaît également (inv. 305)22.
À défaut de soldats étrangers parlant des langues étrangères, les ostraca de Bi’r Samut mentionnent des ethnies particulières : les Trogôdytes (dans les ostraca grecs) et les Blemmyes (dans les ostraca démotiques). Les Trogôdytes apparaissent dans dix ostraca, dont trois ont été découverts dans la même unité stratigraphique du dépotoir ouest. Ces documents sont des lettres de versement de bière (inv. 675), émis pour Harpaèsis τρω(γοδύτηι) “Trôgodyteˮ23. C’est le seul ostracon où un Trôgodyte est nommé, et il porte un nom égyptien. Plusieurs mentions de Trôgodytes apparaissent dans les sources papyrologiques à l’époque ptolémaïque24.
Dans un registre de dépenses journalières (1), un Trôgodyte porte un nom grec (Dôriôn), l’autre un nom dont l’origine n’est pas connue (Salès) ; on trouve également une famille de cinq Trôgodytes dans un registre fiscal du Fayoum (5). Dans les autres textes, il est question des “Trôgodyte(s)ˮ ou “duˮ Trôgodyte (2-4, 6-9). Le terme peut, comme la désignation d’arabe, renvoyer à une fonction plutôt qu’à une désignation ethnique : plusieurs Trôgodytes sont des convoyeurs de marchandises (1, 4) et d’autres apparaissent dans des contextes militaires (6, 8, 9). Un reçu pour une banque à Thèbes (8) est émis par Apollônios qui est “interprète (ἑρµενεύς) des Trôgodytesˮ25. Le texte du reçu est cependant rédigé par un officier militaire, parce qu’Apollônios ne sait pas écrire en grec. Cette fonction d’interprète pose la question de l’ethnicité. L’on sait peu de choses sur la langue des Trôgodytes : Pline l’Ancien (VI 169) en parle quand il explique le nom de l’île Topazos dans la mer Rouge, en indiquant que le verbe τοπάζειν, qui donne son nom à l’île, signifie “chercherˮ dans la langue des Trôgodytes, parce que l’île est souvent perdue dans les brumes et recherchée par les navigateurs (XXXVII, 108). Plusieurs inscriptions sur le temple du Panéion à Kanaïs, dans le désert oriental, sont des actions de grâce de voyageurs remerciant le dieu d’être revenus sains et saufs du pays des Trôgodytes. Mais ce pays n’est pas clairement délimité par les géographes grecs qui l’ont décrit26. L’identification précise des Trôgodytes est malaisée du fait des confusions chez les auteurs anciens : dans le désert oriental, Agatharchide mentionne des Trôgodytes, au sein desquels il distingue les Koloboi, qui pratiquent une circoncision qui relève de la mutilation (III, 32, 4), les Mégabares qui ont un armement spécifique (III, 33, 1) et les Bolgioi qui ont émigré vers d’autres régions pour fuir la chaleur (I, 37, 8). Chez Strabon, on trouve la mention de Trôglodytes-Arabes (I.1.3 et I.2.34) et chez Pline l’Ancien (VI, 168), la mention d’Asarei ou Abasei (selon les traditions manuscrites), des “Arabes ensauvagés par leur union avec des Trôglodytesˮ, ou encore de Trôglodytes Nabatéens (XII, 98)27. Ce relevé, non exhaustif, permet de voir que, derrière les Trôgodytes se cache une complexité ethnique difficile à clarifier mais qui fascinait déjà les Anciens.
Les ostraca démotiques apportent, quant à eux, dix-sept nouvelles mentions de Blemmyes (Blhm.w/Brhm.w)28. Ces occurrences apportent de nouvelles données sur ce peuple relativement bien connu pour les époques romaine et byzantine à cause de leur opposition aux Romains (surtout entre 250 et 500 p.C.), mais moins attesté avant cela29. Les textes de Bi’r Samut (11 comptes, 5 lettres, 1 ordre de versement) sont majoritairement fragmentaires. Dans tous les exemples, les Blemmyes sont désignés de façon collective (“lesˮ Blemmyes), sauf dans trois cas où des noms sont donnés : Harpaèsis (inv. 226, 4), Ta-?30 (inv. 1026, 3), et Pa-Brha(?)31 (inv. 1041). Harpaèsis est peut-être le Trôgodyte mentionné dans un ostracon grec (inv. 675)32.
Des Blemmyes sont attestés dans six papyrus démotiques à l’époque ptolémaïque. La première occurrence se trouve dans un contrat de mariage de 219 a.C., provenant d’Edfou33. Le marié, Harmais, fils d’Harpaèsis, est désigné comme “Blemmys né en Égypte”, et il épouse une femme dont le nom est égyptien, Taèsis. Le fils d’Harmais, Pabous, dont le contrat de mariage a également été conservé, est, quant à lui, désigné comme un Mégabare né en Égypte34. Or, selon Agatharchide, les Mégabares font partie des Trôgodytes. Un autre Blemmys né en Égypte, Chenstothès fils d’Harpaèsis, est mentionné dans un autre contrat de mariage, provenant de Pathyris et daté de 152 a.C.35 Cette précision “Blemmys né en Égypteˮ est sans doute plutôt un statut social ou professionnel qu’une désignation ethnique, et comme pour les Trôgodytes, les commentateurs associent la désignation à une fonction militaire36. Néanmoins, le nom d’Harpaèsis dans ces familles blemmyes fait écho au Blemmys/Trôgodyte du même nom mentionné dans deux ostraca de Bi’r Samut37. Des Blemmyes apparaissent aussi, à plusieurs reprises, dans un compte de vin d’Edfou, de 132/131 a.C., mais les contextes sont lacunaires38. Les trois autres occurrences ptolémaïques ne sont pas datées précisément39. Le terme grec de Blemmyes apparaît dans des sources littéraires de l’époque ptolémaïque : chez Théocrite, poète à la cour de Ptolémée II, dans sa septième Idylle : Pan est menacé, s’il n’accomplit pas son vœu, d’être envoyé dans le désert en été, chez les Éthiopiens les plus éloignés, sous le rocher des Blemmyes. Ératosthène, cité par Strabon, mentionne les Blemmyes avec les Mégabares et indique qu’ils sont “sujets des Éthiopiensˮ40. Ces mentions montrent que les Blemmyes étaient connus dès le IIIe siècle a.C., connaissance provenant sans doute des expéditions de Ptolémée II dans cette région, dans le cadre de la chasse aux éléphants, ou bien en vue de découvrir les sources du Nil.
Trôglodytes et Blemmyes sont désignés par Strabon comme des “nomades, peu nombreux et peu belliqueux, même si les Anciens les ont jugés tels, parce qu’à la façon des brigands ils ont souvent attaqué des gens sans défense.ˮ (XVII, 1, 53). Plus tard, Pline l’Ancien décrit les Blemmyes comme n’ayant “pas de tête, la bouche et les yeux sur la poitrineˮ (V, 46), description qui a, par la suite, nourri l’imaginaire des savants41. Les Blemmyes mentionnés dans les ostraca de Bi’r Samut ne viennent pas confirmer la description de Pline l’Ancien, mais une lettre démotique donne peut-être raison aux Anciens contre Strabon, en illustrant les relations tendues entre Blemmyes et Égyptiens dans le désert oriental :
[Thot]omous salue Pachnoumis. Les Blemmyes sont venus ici le soir du 30 Choiak. Ils devaient être 13. Ils ont frappé Panas en disant : “Donne du pain!”, (mais) il ne leur en a pas donné. Ils sont venus près de la pierre (à meule) tandis que j’étais en train de moudre. Ils ont pris 10 chénices de farine42.
La lettre a été trouvée à Bi’r Samut, expédiée d’un lieu qui n’est pas précisé, mais qui était sans doute un campement, où se trouvait peu de monde. Les Blemmyes arrivent en bande de treize hommes et réclament à manger. Faute de pain, qui n’était sans doute pas encore cuit, puisque l’auteur de la lettre était en train de moudre la farine, les Blemmyes emportent moins de 10 kg de farine. Le fait que les Blemmyes n’emportent pas le blé lui-même montre qu’ils sont en quête d’une nourriture prête à être consommée, et qu’ils sont, avant tout, poussés par la faim. L’Égyptien Panas, qui, dans cette lettre, se fait frapper par les Blemmyes, est peut-être l’homme du même nom qui, dans un ostracon grec, donne du blé à des Trôgodytes43.
Pour conclure, ce corpus nouveau des ostraca de Bi’r Samut est prometteur pour la question du multilinguisme dans le désert égyptien. L’approfondissement de l’étude permettra de s’interroger sur les interactions entre les scribes qui écrivent en araméen, en égyptien et en grec ; d’identifier les personnes qui vivent dans le fortin ou aux alentours, et celles qui y sont de passage ; enfin, d’interpréter les rapports que ces personnes entretenaient entre elles, et, en particulier les liens entre Grecs, Égyptiens et peuples nomades, Blemmyes/Trôgodytes, et Arabes, qui recevaient des denrées (bière et céréales) et participaient peut-être au transport des caravanes44.
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Notes
- Je remercie L. Aguer, W. Clarysse, H. Cuvigny et B. Redon pour leur relecture et les corrections qu’ils ont eu la gentillesse d’apporter à cet article. La mise à jour de cet article a bénéficié des résultats inédits du projet ERC Desert Networks, dirigé par B. Redon. Ce projet a reçu un financement du Conseil Européen de la Recherche (ERC) dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne (grant agreement 759078) : https://desertnetworks.huma-num.fr
- Pour plus d’informations sur la mission, voir : http://desorient.hypotheses.org. Voir également Redon & Faucher 2014, 2015, 2016 et 2017, ainsi que Redon B., 2016 [2017].
- Redon & Faucher 2020.
- Veïsse 2004, 20.
- A. Lemaire est en charge du déchiffrement, de la transcription et de la traduction de ces textes.
- Quelques rares tituli picti en démotique ont également été retrouvés (H. Cuvigny, communication personnelle).
- H. Cuvigny (CNRS, IRHT) est en charge de la publication de la documentation grecque avec Laura Aguer et Bérangère Redon.
- Peut-être deux sur la soixantaine de lettres grecques où expéditeurs et destinataires sont conservés : 888 (de Pétéarpèkis à Paous ?) et inv.
- Le nom de Taurinos était cependant déjà attesté en démotique dans le toponyme Pȝ-ʿ.wy-n-Twrynws “village de Taurinosˮ : P.LilleDem. II 9 + SBXVIII 13635 (TM 4458), 10 ; P.LilleDem. II 10 (TM 4459), 10-11 ; P.LilleDem. II 11 (TM 4460), 9 P.LilleDem. II 56+59 (TM 4485), 9 ; P.LilleDem. II 62 (TM 4490), 9 ; P.LilleDem. II 66 (TM 4493), 9.
- Clarysse 1998, 1-13.
- Mueller 2006, 178 ; Fischer-Bovet 2014, 167, n. 37.
- Fischer-Bovet 2014, 175.
- D’autres anthroponymes sont en cours d’identification avec l’aide d’Ahmad al-Jallad.
- Cuvigny 2020.
- McDonald 2009, 290-292. Cuvigny 2014, 170-171 ; Briquel-Chatonnet 2004, 28-29 ; Honigman 2002, 43-72.
- Attesté dans la documentation arabe safaïtique : voir Honigman 2002, 51.
- P. Lüddeckens dem. 2, 2 (éd. Lüddeckens 1988, 52-53 / TM 8531) : Wa’il est également “serviteur d’Horus, maître de Hebenou (dans l’Hermopolite)ˮ.
- P.Count 30. Voir P.Count, II, 159-161.
- Voir Honigman 2002, 61 ; Chaufray 2020a, 138 et Cuvigny 2020.
- Pour une liste plus détaillée, voir Chaufray 2020b, 87.
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- O.Samut 4 (TM 706211). Les textes de Samut Nord sont publiés dans Chaufray & Redon 2020.
- Ce texte est publié dans Chaufray 2022, n° 3 (TM 786067).
- Sur la confusion entre Trôgodyte et Trôglodyte, voir Pierce 2012, 228-231.
- Sur cet Apollonios, voir Rochette 1995, 61-67.
- Voir Pierce 2007, 41-42.
- Voir Pierce 2012, 227-237.
- Sur l’équivalence entre βλέµυες et Brhm, voir Černý 1958, 203-205. La publication de ces textes est prévue dans Chaufray 2022.
- Updegraff 1988, 44-67.
- Il s’agit ici d’une femme : la première partie de son nom Ta-, “Celle deˮ devrait être suivie du nom d’une divinité que je n’arrive pas à identifier.
- Étant donné que Brhȝ est suivi du préfixe Pa-, “Celui deˮ, il devrait s’agir du nom d’une divinité : peut-être s’agit-il d’un dieu blemmys ?
- Sur l’équivalence entre les deux ethnies, voir Cuvigny 2020.
- P.Hausw. 6 (TM 8487), 1.
- P.Hausw. 15 (TM 8488), 1. Voir La’da 2002, 308.
- P.Ehev. 36+P.Ryl.Dem. 16 (TM 309), 5.
- Cf. P.Ehev., p. 238.
- Le nom d’Horus était-il ressenti comme proche d’une divinité honorée par cette ethnie ? Voir Updegraff 1988, 60, n. 96.
- P.Carlsberg 9 (TM 100059).
- Un livre des morts en hiéroglyphes mentionne une femme blemmys (P. Turin inv. 1816 / TM 101255), et un ostracon démotique de Thèbes mentionne un Blemmys (O. Toronto dem. D 169, cf. Černý 1958, 204). Dans le Papyrus Dodgson (TM 43648), des accusations sont portées contre plusieurs personnes sur l’île de Philae, et l’une de ces personnes est accusée d’avoir bu du vin avec des Blemmyes.
- XVII, 1, 2 : les Éthiopiens sont, pour Strabon, les habitants de l’État méroïtique.
- Des Blemmyes avec des yeux et une bouche sur le ventre apparaissent dans les mappemondes médiévales, parmi les peuples des marges : voir, par exemple, la Psalter Map (British lib., ms. Addd. 28681 f°9v°), ou encore la mappemonde d’Hereford, au XIIIe siècle.
- Inv. 711, 1-7 (cf. Chaufray 2022, n° 1, TM 786065). Je remercie M. Chauveau de son aide dans le déchiffrement du texte.
- Inv. 821, 6-7.
- La découverte, dans le fortin, de céramique dite “du désert oriental” (Eastern Desert Ware), connue jusqu’ici seulement pour l’époque romaine comme production des Blemmyes est une autre preuve des contacts entre ces peuples à Bi’r Samut : cf. Gates-Foster 2022.