En définitive, Nathalie nous aura permis de voyager dans les Hauts-de-France et ses marges, ainsi que dans des contrées plus chaudes et ensoleillées : du Soudan à l’Égypte, et ce au gré de thématiques scientifiques qui l’auront guidée durant toute sa carrière d’archéologue/égyptologue et de céramologue. Reconnue par ses collègues de l’Inrap pour ses précieuses études céramiques de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer, mais aussi par la communauté internationale des spécialistes de l’Égypte prédynastique, Nathalie aura finalement eu une carrière bien remplie, riche de découvertes et d’amitiés.
Aux termes de cet ouvrage, nous souhaitons prendre un ton plus personnel pour vous raconter “notre” Nathalie, au même titre que ses collègues qui ont préfacé cet ouvrage. En effet, nous tenons à dire également à quel point Nathalie a été une source d’inspiration pour ses jeunes collègues que nous étions alors…
Le premier à l’avoir rencontré est Samuel ; il suit de près ses traces et la seconde depuis peu dans la direction du site de Tell el-Iswid. La deuxième, Mathilde, porte un regard admiratif sur ses qualités scientifiques et humaines. La dernière, Jade, lui est reconnaissante de l’avoir inspirée, mais pas seulement.
“D’aussi loin que je me souvienne, ma rencontre avec Nathalie, alias ʻBubu’, remonte
à 2006. J’étais alors missionnaire à l’Institut français d’archéologie orientale,
étudiant dans sa remarquable bibliothèque aux mille et un ouvrages d’égyptologie…
La genèse de notre rencontre a, comme qui dirait, quelque chose de… mystique ! Je
ne peux passer sous silence cette anecdote dont découlent les fondements d’une grande
partie de ma vie professionnelle et certaines amitiés aujourd’hui essentielles.
En ce mois de mai 2006, j’étais donc au Caire où je consacrais alors du temps à mes
recherches dans le cadre de mes études doctorales. C’était un jour où le khamsin avait décidé de s’inviter dans la capitale égyptienne. L’atmosphère extérieure était
devenue orangée et quasi opaque. Ce vent de sable soufflait tant et si bien que, soudainement,
des fenêtres de la bibliothèque s’ouvrirent brusquement. Ce jour-là, la personne qui
travaillait en face de moi n’était autre que Béatrix Midant-Reynes, amie et collègue
de longue date de Nathalie. Ensemble, elles venaient d’enchaîner plusieurs décennies
de fouilles sur les mémorables chantiers d’Adaïma et Khom el-Khigan. À la vue du sable
qui s’engouffra dans la salle de lecture, Béatrix et moi-même nous précipitâmes pour
refermer les fenêtres, après quoi s’engagea une conversation. Béatrix partant quelques
jours après avec Bubu sur le site de Tell el-Iswid pour une première prospection,
elle me proposa que nous nous retrouvions tous les trois à leur retour afin d’envisager
ma venue l’année suivante sur ce tout nouveau chantier. Et c’est ainsi que huit jours
après leur mission, les deux complices m’invitèrent à dîner sur le roof-top du Sémiramis,
l’affaire se concluant autour d’un verre ou deux. Le Prédynastique, un doux rêve…
Béatrix et Bubu m’ont permis de le réaliser. Après cette première rencontre, nos chemins
se croisèrent à de nombreuses reprises. D’abord, Nathalie m’ouvrit les portes de l’Inrap
en Hauts-de-France où je multipliais les contrats tout en poursuivant ma thèse de
doctorat, avant de m’ouvrir sa porte pour une amitié fidèle qui désormais dure depuis
presque 20 ans, partageant les bons comme les mauvais moments, mais le plus souvent
les bons sur le toit-terrasse de notre mission de fouille à Abou Hariz, ou bien au
coin d’un feu de bois, ou encore sur les bords de la piscine au Suchet. Aujourd’hui,
on poursuit notre petit bout de chemin ensemble en territoire picard comme sur les
rives du Nil ! Finalement, je dois beaucoup à Bubu et l’en remercie très sincèrement.”
Samuel

“Et voilà… tu vois bien où j’en suis rendu d’avoir eu cette drôle d’idée… Si j’étais
tout à fait honnête, je m’arrêterais là, car, je sais que tu sais. Il est difficile
d’exprimer combien les silences peuvent être d’une mutuelle compréhension. Les demi-mots,
les demi-dits, les phrases finies par l’un ou l’autre de cette équipe que tu as su
souder autour de toi. Comment exprimer aux autres, ceux qui ne parlent pas le ʻBubu’ ?
Comment expliquer que des expressions comme ʻtu bâilles… bois de l’eau !’ ont pu devenir
culte ?
Bubu a ce sentiment d’être deux, entre le Nord et le Sud, l’âge du Bronze et le Prédynastique,
la recherche et le préventif. En réalité, elle est cette personne qui unit, par la
méthode, sa rigueur et le partage. Elle est : un cerveau brillant dans une personnalité
discrète ; un esprit d’analyse fin et une timide invétérée ; elle peut restituer des
espaces dans le temps et des poteries dans leur volume, mais elle est incapable de
trouver le nord… Une professionnelle reconnue et une personne inspirante. Sa pensée
en arborescence nécessite parfois d’emprunter le cerveau des autres, et on lui prête
avec plaisir car on sait qu’il nous sera rendu élevé, dans les deux sens du terme
cultivé et grandi.
C’est un plaisir de travailler avec toi depuis toutes ces années ; d’autres défis
nous attendent et nous trouverons bien une terrasse pour faire le ʻpoint’…”
Mathilde

“J’ai fait la connaissance de Nathalie lorsque j’ai rejoint l’équipe de Tell el-Iswid
en 2014. C’est elle qui a donné un tournant à ma carrière lorsque, me disant que je
devais trouver mon propre rôle au sein de l’équipe de Tell el-Iswid, elle m’a proposé
que je me forme à la technologie céramique à Nanterre, chez Valentine Roux. C’est
ainsi qu’a commencé notre étroite collaboration sur les données égyptiennes prédynastiques,
ainsi que certaines de mes incursions dans ses études sur les traditions céramiques
de l’âge du Bronze.
Ce qui m’a toujours fasciné chez Nathalie, c’est sa passion pour l’archéologie et
sa capacité à toujours l’aborder avec un esprit curieux et ouvert, sans jamais céder
aux aprioris. Elle a un esprit vraiment adaptable qui n’a pas peur de changer d’avis,
sans s’arrêter aux théories qu’elle a pu avoir par le passé ou aux méthodes qu’elle
a pu adopter durant sa carrière. La preuve en est qu’à l’approche de la retraite,
elle n’a aucun problème à adopter une nouvelle approche d’étude, l’approche technologique,
laquelle nécessite beaucoup d’efforts, de formation et surtout un changement total
de paradigme mental.
Nathalie, une personne à l’âme très sensible et profonde, pour moi elle est toujours
un grand exemple de ce qu’un archéologue devrait être, et je lui suis reconnaissante
pour l’amitié sincère, discrète et solide qui nous lie désormais.”
Jade
