Introduction
Au sein du phénomène princier hallstattien, Bourges est un cas singulier de par sa position géographique qui le place à l’extrémité ouest de la zone concernée (Fig. 1). Il se singularise également grâce à l’existence d’une célèbre référence littéraire qui fait mention d’un roi biturige du nom d’Ambigatus qui aurait vécu vers 600 a.C., c’est-à-dire au Hallstatt D1. Selon la légende, son royaume étant surpeuplé, il aurait décidé de segmenter son lignage en confiant une expédition à chacun de ses deux neveux : Ségovèse serait parti vers l’Italie où il aurait fondé Milan et Bellovèse se serait dirigé vers les sombres forêts de l’Europe centrale.
Alors qu’on ne peut que spéculer sur la réalité du récit légendaire rapporté par Tite-Live, l’abondance des données archéologiques permet d’attester aujourd’hui que plusieurs entités territoriales ont coexisté au Hallstatt D en Berry, de même dans les régions voisines, en Sologne et en Touraine. Les nombreuses fouilles préventives et les recherches récentes nous permettent désormais d’approcher la genèse du phénomène princier dans le Centre de la France, d’une part à Bourges où il a pris corps dans le courant du Hallstatt D, mais aussi à partir d’autres sites aristocratiques contemporains qui ne sont pas développés de la même manière.
La formation de l’entité biturige : potentialités agricoles et ressources minières
En région Centre, les fouilles archéologiques récentes ont montré que les riches terres agricoles situées dans le bassin de la Loire sont partagées entre plusieurs communautés aristocratiques du Hallstatt D et jusqu’à La Tène C1 (Fig. 2). Ces communautés existent en fait depuis le Néolithique final, période au cours de laquelle elles installent des fortifications sur les points topographiques les plus élevés1. Mais il faut attendre l’âge du Bronze final pour voir se dessiner dans le Berry une configuration territoriale relativement stable qui se maintiendra au cours de l’âge du Fer2. En effet, le sud du Berry se structure autour de plusieurs groupes d’habitats fortifiés et de nécropoles tumulaires qui s’étendent de Levroux (Indre) à Bourges (Cher) en passant par Issoudun (Indre). Ces groupes, qui pourraient correspondre à de petites entités aristocratiques, se maintiennent durablement dans l’âge du Fer, révélant un pouvoir territorial et foncier particulièrement fort3. Les communautés installées au sud du bassin de la Loire, entre les vallées du Cher et de l’Indre semblent s’être enrichies et développées grâce à une agriculture performante qui leur a permis de se maintenir dans leurs territoires jusqu’à la fin de l’âge du Fer et même au-delà4. En marge des activités agricoles, le développement des activités métallurgiques ne devient vraiment sensible en Berry qu’à La Tène C en particulier autour de Levroux dont l’agglomération de plaine est située sur les gisements du Sidérolithique qui s’étendent sur le plateau jurassique. Située en Champagne berrichonne comme Levroux, Bourges fait peut-être exception, car si son potentiel agricole est très élevé grâce aux terres calcaires bien drainées, l’abondance du fer dans les environs immédiats a dû jouer un rôle déterminant dans le choix du lieu puis dans le développement économique et politique du complexe princier. En effet, le Berry est connu pour sa richesse en fer, en particulier au nord-ouest de Bourges dans la forêt d’Allogny qui a révélé de nombreux ferriers antiques5. Ce gisement correspond au principal district minier du Berry, mis en valeur au cours de l’Antiquité mais il est possible qu’il le fût déjà à l’âge du Fer. Il n’est cependant pas le seul gisement convoité car au sud-ouest de Bourges, à La Chapelle-Saint-Ursin, des filons de pisolites exploités au XIXe siècle ont pu être repérés bien plus tôt. Régulièrement, les opérations d’archéologie préventive mettent en évidence l’exploitation du fer dès le Hallstatt dans différents secteurs du Berry : des vestiges d’exploitation du minerai à Cerbois près de Vierzon6, un site de réduction du Premier âge du Fer à Meunet-Planches (Indre)7, des traces de métallurgie à Soye-en-Septaine8 ou encore à Bourges même, où deux masses de fer brut ont été recueillies sur le site de Saint-Martin-des-Champs9.
Les grandes mines de fer des Bituriges ont attiré l’attention de César lors de son séjour à Avaricum à La Tène D210, la mention du général romain laissant supposer l’existence d’une exploitation minière de grande ampleur à cette époque. Mais les données archéologiques ne sont pas suffisantes aujourd’hui pour livrer une image claire de l’organisation de la production du fer chez les Bituriges au cours du Hallstatt et de La Tène.
En revanche, nous avons une bonne représentation de la gestion des ressources agricoles, en particulier dans la vallée de l’Indre. La zone la mieux connue se situe entre Levroux et Châteauroux, la vallée étant colonisée dès le Néolithique ancien. Jusqu’au Bronze final, le nombre d’habitats, de dépôts et de nécropoles s’accroît régulièrement. À la fin de l’âge du Bronze, les données archéologiques indiquent que la vallée de l’Indre et ses riches terroirs ont fait l’objet d’un contrôle permanent. Le nombre croissant d’exploitations agricoles révèle une progression démographique régulière du Néolithique à la fin de l’âge du Bronze11.
Au Premier âge du Fer, un changement du mode de gestion de ces terroirs annonce une réorganisation qui pourrait être liée à une mutation d’ordre politique : les nombreuses petites exploitations agricoles qui existaient au Bronze final semblent avoir été absorbées dans de plus grandes au Hallstatt12 (Fig. 3). À l’origine de cette réorganisation, ce sont probablement des aristocrates qui mettent en place les conditions d’une gestion plus efficace des terres de la vallée, avec l’objectif d’améliorer et d’augmenter les rendements agricoles. Ils semblent parfaitement atteindre leur but car à La Tène A et B, ces riches établissements agricoles possèdent des batteries de silos à Déols, Montierchaume et Liniez. Les grandes capacités de stockage de certains silos, en particulier à Montierchaume, attestent de la richesse agricole accumulée par les élites et du succès de la réorganisation amorcée au Hallstatt.
En Touraine, on observe un cas analogue à Sublaines (Fig. 4) où une communauté aristocratique se maintient presque sans rupture dans un terroir fertile depuis le Néolithique ancien jusqu’à La Tène C. Durant cette période, plusieurs habitats sont successivement agrandis et de riches nécropoles sont aménagées. À l’extrémité sud de leur territoire, les élites ont élevé deux tumuli de 40 m de diamètre, l’un au Bronze final, l’autre au Hallstatt D. Le terroir de Sublaines correspond à la Champeigne tourangelle, une région calcaire aux potentialités agricoles qui n’est pas sans rappeler la Champagne berrichonne où se trouve le site de Bourges.
Les exemples de Touraine et du Berry montrent que la richesse de ces communautés aristocratiques est fondée sur l’exploitation de la terre et en particulier sur la culture des céréales pour ce qu’on en sait. Mais ces groupes ont pu également capitaliser d’autres denrées alimentaires, végétales et animales pourvoyant un commerce à moyenne ou longue distance, attesté par des échanges bien connus dans le Berry, en particulier la céramique attique et les amphores de Marseille présentes à Bourges, mais aussi par un tesson à Liniez (Indre).
Les clans aristocratiques du Berry et de la Touraine se sont enrichis tout au long du Hallstatt et ils semblent avoir encore augmenté leur richesse au cours de La Tène A et B. Pourtant, l’évolution de ces entités aristocratiques laténiennes, épanouies entre les vallées de l’Indre et du Cher, ne conduit à l’émergence d’aucun complexe princier comparable à celui de Bourges. Ces clans sont indépendants les uns des autres et peuvent correspondre à des royaumes ou à des chefferies autonomes. Les clans aristocratiques du Berry évoqués à la page précédente semblent suivre le même schéma d’évolution entre l’âge du Bronze et le Hallstatt D, y compris le pôle de Bourges. Pourtant, seul l’un d’entre eux connaît un développement plus spectaculaire, alors que son histoire commence comme celle des autres : dès le Hallstatt B2-3, une série de sépultures privilégiées se concentre nettement au sud de Bourges (Fig. 5). Elles sont visibles sur les cartes entre Bourges et Levroux jusqu’au Hallstatt C. Puis au Hallstatt D, elles deviennent plus nombreuses et désignent nettement une zone au sud de Bourges. Ce groupe correspond essentiellement à des découvertes anciennes de sépultures de guerriers et de femmes richement parées. Ces tombes de femmes particulièrement honorées pourraient révéler le caractère matrilinéaire de la filiation au Hallstatt D1-2 comme l’a suggéré P.-Y. Milcent13. Malgré l’absence d’habitats contemporains, la présence de ces sépultures privilégiées révèle l’existence d’une ou de plusieurs communautés riches et déjà bien implantées à proximité de Bourges. Celles-ci pourraient correspondre à un royaume qui a existé au Hallstatt D1/D2, peut-être celui d’Ambigatus. Il précéderait de près d’un siècle la principale phase d’expansion de la résidence princière de Bourges et pourrait caractériser un royaume structuré et hiérarchisé dès cette phase14. Les données archéologiques indiquent que cette communauté se serait épanouie dans ce secteur du Berry depuis au moins le Bronze final. Elle s’est développée dans un territoire situé au sud de Bourges, dans la vallée de l’Yèvre en amont et en aval de Bourges, ainsi qu’au sud dans la vallée de l’Auron.
Topographie et paysage initial de Bourges
Le site de Bourges étant aujourd’hui couvert d’un tissu urbain, un travail visant à modéliser le paysage initial a été engagé afin d’alimenter une première réflexion en matière de topographie historique15. La méthode développée prend en compte une centaine de points documentés par des opérations d’archéologie préventive (diagnostics et fouilles), des sondages géotechniques et des mesures réalisées au pénétromètre à assistance numérique (PANDA©). La modélisation de ces données a permis de restituer le toit du substratum (calcaire, alluvions anciennes et récentes, colluvions, dépôts éoliens) dans un périmètre circonscrit au promontoire dominant la confluence de l’Yèvre et de l’Auron. Cette approche a permis de révéler l’existence de deux thalwegs aujourd’hui totalement comblés, localisés au sud-ouest et à l’est du centre historique (Fig. 6). Entre ces deux vallons, un espace de 200 m de large forme un passage étroit dans un secteur ou le promontoire se raccorde au plateau. Les éléments topographiques concordent ainsi avec la description de César lors du siège d’Avaricum16. En revanche, les données de fouilles sont encore insuffisantes sur le promontoire pour proposer une restitution des niveaux d’occupation de l’âge du Fer. Forts de ces nouvelles données, il serait intéressant de savoir si ces dépressions constituaient une démarcation naturelle de «l’acropole».
Par ailleurs, les découvertes localisées au nord de la résidence princière permettent de noter que l’habitat hallstattien se développe sur une moyenne terrasse alluviale formant une pente naturelle de 1,5 %, alors que la pente observée à partir des données de fouille atteint 4,5 % entre la terrasse et la plaine alluviale de l’Yèvre (Fig. 7). Ce dénivelé plus marqué ne semble donc pas naturel. En effet, dès le VIe s. a.C., des décaissements ont été pratiqués dans la terrasse alluviale afin d’accentuer le relief du promontoire. La fouille de la première phase d’occupation du Collège Littré est un bon témoignage de ces travaux d’envergure sans doute commandités par une instance politique capable de mobiliser des ressources humaines conséquentes. Une forte entame du calcaire a ainsi été mise au jour, formant une plate-forme régulière ayant servi à implanter les fondations sur sablières des bâtiments au statut privilégié17.
Chronologie du site de Bourges : des zones d’ombre et des avancées
Avant toute analyse, nous devons tenir compte des spécificités du site de Bourges. Ainsi, les fenêtres fouillées sur l’acropole hallstattienne sont très réduites et représentent une surface cumulée de 400 m² répartie de manière inégale entre le versant occidental et le sommet du promontoire. Par ailleurs, l’ensemble des opérations archéologiques entreprises dans le centre historique a livré une stratigraphie tronquée. C’est le cas par exemple, au 12 rue Béthune Charost où l’on note un passage abrupt entre les niveaux de La Tène A1 et ceux de l’Antiquité (IIe – IVe s. a.C.), qui brassent des «terres noires» de la fin du Second âge du Fer. De même, au Collège Littré18 et à l’emplacement de l’ancien hôtel Dieu19, les niveaux augustéens se superposent directement aux séquences du Hallstatt D2/D3 (Fig. 8).
Ces données disparates constituent à ce jour deux biais incontournables, impactant l’analyse de l’organisation et de l’évolution spatiale du complexe princier de Bourges, dont nous avons tenu compte lors de l’établissement de nos hypothèses développées ci-après.
Malgré cette situation particulière, l’étude des assemblages mobiliers a fait l’objet de plusieurs approches synthétiques qui méritent aujourd’hui d’être confrontées, afin de préciser la chronologie du site de Bourges.
Ainsi, après un premier phasage reposant exclusivement sur la datation des importations méditerranéennes20, les travaux de Pierre-Yves Milcent ont contribué à resserrer les datations reposant sur l’étude du mobilier métallique principalement issu de contextes funéraires21. Plus récemment, les résultats obtenus lors d’un doctorat ont permis de démontrer que la céramique constitue également un bon marqueur chronologique22. Les productions à paroi fine représentent notamment un quart de la vaisselle en terre cuite et comprennent trois groupes techniques, dont nous sommes en mesure de suivre l’évolution de la consommation.
Dans cette perspective, les récipients modelés peints au graphite apparaissent sur le site de Bourges dans les niveaux de la résidence princière du Hallstatt D2/D3 constituant en moyenne 26 % du corpus céramique. Il est également à noter que ces productions disparaissent brutalement des assemblages de La Tène A123. Ce groupe technique contribue donc à discriminer les occupations du Hallstatt final de ceux de La Tène ancienne.
Par ailleurs, les céramiques modelées peintes en rouge, ornées ou non de motifs de barbotine dont le style décoratif est souvent qualifié dans la littérature de «vixien», apparaissent dans les niveaux du Hallstatt D2/D3 de la résidence princière, mais également en milieu rural dans des habitats et des sépultures environnant le site de Bourges24. Ce groupe technique représente entre 0,1 % et 2,4 % des récipients. Dans le courant de La Tène A1, quelques rares tessons sont encore identifiés, mais leur proportion reste anecdotique et ne dépasse pas 0,1 %25.
Nous notons aussi qu’un groupe de céramiques façonnées au tour lent peintes en rouge avec ou sans barbotine apparaît dans le courant de La Tène A126. D’un point de vue stylistique, ces productions présentent des similitudes avec celles précédemment décrites. C’est également parmi cette catégorie qu’apparaissent des formes exceptionnelles que l’on peut presque considérer comme des pièces de maître, telles que des œnochoés en argile ou de grandes bouteilles à piédouche. L’ensemble le plus conséquent est issu des fouilles de Port-Sec sud27. Sur ce gisement, ces céramiques concernent 2 % de la vaisselle en terre cuite et permettent de sérier les lots attribués à La Tène A1 et ceux de La Tène A2.
Les céramiques façonnées au tour font également leur apparition sur le site de Bourges au Hallstatt D328. Ces découvertes concernent exclusivement les niveaux d’occupation de la résidence princière et représentent entre 0,5 % et 9 % des assemblages céramiques. Parmi les récipients de cette période on note également la présence de vases exceptionnels, comme le cratère du Collège Littré. Dans le courant de La Tène A1 ce type de production domine la vaisselle fine et représente entre 14,7 % et 55,8 % des corpus que ce soit à Bourges, mais également sur son territoire d’influence29. Le répertoire des formes évolue progressivement dans le courant de La Tène B, mais les productions façonnées au tour restent à peu près stables (30 % du corpus de gisement du chemin de Gionne, à Bourges).
La sériation du mobilier céramique permet désormais d’affiner la datation des phases d’occupation des contextes protohistoriques et ainsi de distinguer les niveaux du Hallstatt D3 de ceux de La Tène A1, ainsi que les contextes de La Tène A1 de ceux de La Tène A2. Fort de cette avancée, il apparaît désormais que les vestiges propres à la résidence princière sont datés du Hallstatt D2-D3, alors que les quartiers artisanaux semblent principalement émerger à La Tène A1. Ces données ouvrent de nouvelles perspectives quant à l’analyse de l’émergence, du développement et de la chute de la résidence princière et de son emprise sur le territoire.
Évolution d’un centre de pouvoir et d’un territoire
Un recensement des découvertes a été effectué dans une fenêtre de 20 km de rayon autour de Bourges, afin de répertorier les données entre les vallées de l’Yèvre et du Cher. Les informations sont issues d’un dépouillement systématique des rapports d’opération et de l’intégration des données de prospection aériennes et pédestres. Ce travail contribue à actualiser les données publiées entre 2004 et 2007 notamment par Laurence Augier, Olivier Buchsenschutz, Pierre-Yves Milcent et Ian Ralston, sans pour autant détailler les découvertes. L’objectif étant de percevoir et de modéliser l’évolution d’un territoire durant cinq siècles, entre la fin de l’âge du Bronze et le début du Second âge du Fer. Nous avons également fait le choix de ne pas tenir compte des découvertes hors contexte ou du matériel résiduel qui a pu être identifié dans les assemblages mobiliers.
Des habitats dispersés (Bronze final – Hallstatt C) (Fig. 9a)
Même si les découvertes les plus anciennes concernant l’âge du Bronze remontent au Bronze ancien avec la mise au jour sur la commune de Bourges d’un dépôt de lingots de cuivre de type spangenbarren30, nous avons choisi d’amorcer notre enquête au Bronze final. Pour cette période, nous avons dénombré 33 occurrences archéologiques, comprenant cinq enclos fossoyés de forme circulaire identifiés en photographie aérienne et pouvant être interprétés comme des tumulus arasés, dont la datation reste inconnue.
Il est intéressant de constater que les sites de hauteur ne semblent a priori pas cristalliser l’implantation humaine. En effet, les habitats se sont plutôt développés en plaine. Ils sont documentés par 14 points de découvertes, dont seul le gisement du Porteau a livré des bâtiments sur poteaux31. Ainsi, la majorité des vestiges se limite à des amas de mobilier ou des fosses polylobées témoignant de l’extraction de matériaux (argile, sable) sans doute mis en œuvre pour la construction de bâtiments, comme à Port sec sud32 et au Chemin de Gionne sur la commune de Bourges33 ou aux Grandes Varennes sur la commune de La Chapelle Saint Ursin34.
L’aire retenue présente également des sites funéraires principalement découverts au XIXe siècle. Il s’agit d’inhumations privilégiées de guerriers détenteurs d’une épée en bronze ou en fer attestant l’émergence d’une élite dès le VIIIe s. a.C. L’analyse de la répartition de ces armes en région Centre35, a permis de noter que Bourges se situe au carrefour de deux groupes culturels. Au nord-ouest se répartissent les porteurs d’épée en bronze trahissant des contacts avec le domaine atlantique et au sud-est sont implantés des porteurs d’épée en fer présentant des similitudes avec la Bourgogne, la Lorraine et l’Allemagne occidentale. La pratique de l’incinération est également documentée par la mise au jour d’une incinération en urne céramique dans les quartiers nord de Bourges, dont la datation est assurée par un 14C.
Par ailleurs, le milieu marécageux situé à la confluence entre l’Yèvre et l’Auron est fréquenté à la fin de l’âge du Bronze et donne lieu à la pratique de dépôts d’objets métalliques prestigieux (épée, rasoir villanovien). La présence de pieux en association avec l’une de ces découvertes au lieu-dit Les Près Leroy témoigne de la présence d’une structure cultuelle sans doute composée d’un ponton ou d’un édicule. Situé aux confins de deux cultures, certains auteurs ont même ici reconnu l’existence d’un sanctuaire de statut confédéral36[36].
Les dépôts d’objets sont également présents en milieu sec. Dans ce cas, il s’agit exclusivement de haches à douille identifiées à l’est de Bourges sur la commune de Sainte-Solange et à l’ouest de Bourges sur la commune de Marmagne37.
Émergence d’une agglomération centrée (Hallstatt D2-D3) (Fig. 9b)
Dans le courant du VIe siècle nous notons la multiplication des occurrences archéologiques, atteignant désormais au Hallstatt D2-D3, 31 mentions.
Les vestiges se concentrent à la confluence de l’Yèvre et de l’Auron et marquent l’émergence du complexe princier de Bourges alors documenté par cinq points localisés sur les pentes occidentales du plateau calcaire. Les niveaux d’une agglomération privilégiée sont alors marqués par l’établissement d’un habitat dense, érigé sur des terrasses artificielles. Les bâtiments sont construits sur sablières basses, dotés de sols en gravillon calcaire damé et de parois ornées d’enduit peint. L’implantation des édifices forme un ensemble structuré dont le parcellaire est maintenu pendant environ un siècle au cours duquel les bâtiments détruits par deux épisodes d’incendies sont strictement reconstruits aux mêmes emplacements. Ces niveaux d’occupation ont livré un riche mobilier comprenant entre autres des importations méditerranéennes, telles qu’une magnifique coupe attique à vernis noir38. La présence d’un « artisanat de cour » alimentant une économie de biens de prestige est également attestée par la découverte d’objets exceptionnels tel que le «cratère» en argile du Collège Littré39. À ce jour, aucun vestige d’une enceinte n’est attesté.
De petites unités d’habitation se répartissent dans la campagne environnant le site de hauteur. Les vestiges sont ténus et se limitent à des fosses de forme rectangulaire souvent interprétées comme des fosses-ateliers, alors que leur comblement comprend exclusivement des rejets domestiques. Il est alors envisageable que ces excavations aient plutôt servi de cellier ou de vide sanitaire à des bâtiments fondés sur sablières, dont l’ancrage peu marqué au sol a été détruit par des labours intensifs. Le maillage de ces occupations est très lâche et la répartition des habitats concerne principalement la vallée de l’Yèvre en aval de l’éperon. Parmi ces rares découvertes, les structures révélées au lieu-dit Carrière Pinoteau sur la commune de Marmagne ont livré une passoire en bronze40 aujourd’hui disparue, témoignant de la redistribution d’objets de prestige dans le territoire environnant l’agglomération hallstattienne. Il en va par ailleurs de même pour les productions de céramiques locales peintes constituant une vaisselle de table de qualité. La présence ou l’absence de ce mobilier constitue ainsi un indicateur permettant de hiérarchiser les habitats et de mesurer l’inféodation de l’agglomération hallstattienne sur un territoire, dont les limites sont encore difficiles à dessiner. Si l’on considère uniquement les habitats, la zone d’influence est attestée jusqu’à 10 km à l’ouest de Bourges. La fréquentation des franges orientales de l’agglomération de hauteur est également à envisager, grâce à l’identification de mobiliers hallstattiens découverts en contexte résiduel dans le comblement d’aménagements attribués à La Tène A. Ces observations ont été réalisées sur les sites de Saint-Martin-des-Champs ou Port Sec sud.
La répartition d’une quinzaine de tombes fastueuses forme pour cette période une première concentration à Bourges et une seconde au niveau de Saint-Denis-de-Palin à une vingtaine kilomètres plus au sud41. Les données funéraires contribuent ainsi à définir un territoire théorique, dont la limite sud ne semble pas dépasser vingt kilomètres, à moins que le groupe de Saint-Denis-de-Palin ait relayé l’influence du complexe princier en faisant allégeance aux élites de Bourges ?
Dans la continuité de la fin de l’âge du Bronze, la découverte d’un manche de poignard à antennes dans le lit du Moulon témoigne de la continuité de pratiques cultuelles en milieu humide et trahit des relations avec la région du Wurtemberg en Allemagne42.
La Tène A : la conquête d’un territoire (Fig. 9c)
Comme évoqué précédemment (cf. supra : 3), l’étude des assemblages céramiques ne permet pas à ce jour d’identifier formellement des niveaux d’occupation sur l’éperon. Néanmoins lors de la fouille du Collège Littré, la découverte hors contexte d’une fibule de La Tène A1 permet d’envisager une fréquentation des lieux43. Par ailleurs la conservation différentielle des séquences stratigraphiques, ne nous permet pas d’écarter l’éventualité d’une destruction des niveaux du Second âge du Fer lors de l’aménagement de la cité antique.
Nous avons toutefois la certitude que cette période est marquée par l’émergence d’une large zone investie par des ateliers artisanaux formant un tissu lâche et poly-aggloméré sans doute réparti le long des voies de communication terrestres et fluviales. Les espaces concernés semblent avoir été fréquentés au Hallstatt D2-3 car du mobilier de cette période a été identifié dans de très faibles proportions au sein des assemblages mobiliers de La Tène A144. Contrairement à l’époque précédente, le comblement des fosses-ateliers a livré des milliers d’objets manufacturés produits en série ainsi que des rejets témoignant du côtoiement de plusieurs artisanats (dinandiers, tabletiers, potiers, bronziers, forgerons)45. Ces occupations forment deux groupes dont l’extension maximale couvre 200 ha. Il s’agit d’une part d’un ensemble situé à proximité du plateau calcaire correspondant à l’est aux découvertes du quartier de Saint-Martin-des-Champs et d’autre part, au sud à ceux de l’ancien hôpital militaire de Baudens. La présence de thalwegs pouvait marquer une séparation naturelle entre ces secteurs artisanaux et le promontoire de confluence. Un deuxième groupe occupe un espace situé à l’est des marais de Bourges, délimité au sud par la vallée de l’Yèvre et au nord par le Langis. Il s’agit des découvertes de Port sec sud et nord. En dehors des éléments de topographie, il est à noter que la densité des ateliers et la concentration des importations sont plus importantes dans le premier groupe que dans le second46. Faut-il y voir des différences fonctionnelles ou politiques ? Rien ne nous permet aujourd’hui d’identifier des espaces privilégiés laissant penser que les élites aient pu y résider. Par ailleurs, la répartition des importations47 est homogène et laisse penser que les artisans ont bénéficié des retombées d’un commerce à longue distance fondé certainement sur le troc, mais reposant sur une économie plus large que celle des biens de prestige. Les flux de marchandises sont ainsi étendus à des produits manufacturés de moyenne valeur (éléments de parures, vaisselles en terre cuite et métallique, outils, tissus etc.) et à des denrées alimentaires (élevage du porc, céréales, etc.). L’apparition de cette nouvelle « caste » marque ainsi une étape dans la composition de ces groupes sociaux plaidant pour une société plus hiérarchisée.
Comme pour la période précédente, des habitats ouverts se répartissent dans la campagne autour de Bourges. La majorité de ces établissements ont une activité agro-pastorale, mais certains d’entre eux comme les gisements des Grandes Varennes sur la commune de La Chapelle-Saint-Ursin48 ou des Pierrots sur la commune de Soye-en-Septaine8 ont également livré des rejets artisanaux, témoignant dans le premier cas de la pratique d’une activité potière et dans le second cas de la métallurgie. Ces deux habitats étaient également intégrés au commerce à longue distance, car ils ont aussi livré quelques importations méditerranéennes (amphore massaliète et tessons attiques).
Disposant de plus de données qu’au Hallstatt, l’analyse de la répartition des importations et des céramiques façonnées au tour contribue à définir le territoire d’influence du complexe princier de Bourges, qui semble désormais délaisser la vallée du Cher au profit du bassin de l’Yèvre et de l’Auron. Ainsi, l’absence de ces mobiliers dans ces habitats pose la question de l’isolement de certains groupes sociaux. A contrario, la présence d’importations dans des habitats ruraux développant une activité artisanale révèle une allégeance de ces petites unités de production au site de Bourges.
Même si le nombre diminue, les tombes fastueuses sont encore attestées. Elles sont principalement réparties au sud de Bourges, sans doute le long de voies de communication. Le mobilier funéraire de trois sépultures permet de s’interroger sur l’origine ethnique des individus. C’est le cas par exemple d’une défunte sans doute originaire du nord de l’Italie dont l’inhumation a été exhumée route de Dun dans le courant du XIXe siècle49. Mais des origines moins lointaines sont également concernées notamment le Soissonais pour une sépulture découverte boulevard Auger ou le Limousin pour la tombe du petit Séminaire Saint-Célestin50. Il semble donc que des alliances politiques entre divers groupes sociaux se soient traduites par des mariages entre élites renforçant les liens entre des peuples partageant les mêmes intérêts.
Enfin, concernant les pratiques cultuelles, des silos désaffectés sont parfois utilisés comme réceptacle de dépouilles humaines. De telles découvertes ont été réalisées au sud de Bourges dans le quartier de Lazenay51 et sont suspectées pour le quartier des anciens établissements militaires44. Même si la symbolique nous échappe, elle paraît aller au-delà des simples gestes funéraires. En effet, le décharnement des dépouilles à l’air libre offrait la possibilité de prélever des pièces osseuses qui pouvaient participer au culte des ancêtre. Il est aussi envisageable que ces défunts aient pu servir d’intercesseur avec les divinités du monde chtonien.52.
La Tène B : retour à un territoire morcelé (reconquête d’un territoire rural) (Fig. 9d)
On dispose de très peu de données pour La Tène B. Il s’agit principalement de mobilier issu d’excavations creusées dans le calcaire, mis au jour lors de l’aménagement de l’Enclos des Jacobins53 ou formant un dépôt singulier au 34 rue Littré54. La densité de l’occupation n’a donc plus rien à voir avec celle de l’agglomération hallstattienne, mais les rares témoignages ne sont pas suffisants pour caractériser un habitat sur le plateau.
Ainsi, l’occupation semble plutôt se développer dans la campagne environnante au fil de la vallée de l’Yèvre et de l’Auron. Il ne s’agit pas d’une fondation ex nihilo, mais d’un réinvestissement d’anciens espaces. En effet, l’exemple de Port sec sud permet de démontrer que la zone artisanale est encore occupée. En revanche, la fonction de l’habitat est désormais tournée vers une activité agro-pastorale marquée par l’implantation d’une petite aire d’ensilage. Sur le gisement du Chemin de Gionne, la fonction du site reste inchangée, mais le nombre de silos augmente sensiblement55. Sur ce dernier site, la découverte de deux céramiques campaniennes permet de constater que les relations à longue distance ne sont pas totalement coupées, mais le volume des échanges n’a plus rien à voir avec la période antérieure.
Les contextes funéraires ne contribuent guère à compléter les données. Les tombes fastueuses disparaissent totalement au profit de petits groupes funéraires composés de tombes plates protégées par un enclos tel celui daté de La Tène B2-C1 mis au jour à quelques centaines de mètres plus au nord de l’habitat du chemin de Gionne, au sud de Bourges56. Il peut donc ici s’agir d’une concession familiale regroupant quatre individus.
Enfin, les découvertes de Port-Sec sud et du chemin de Gionne démontrent que la pratique de dépôts de corps humains en silo perdure et se développe57. Le dépôt de vases à libation associés à une ramure de cerf au 34 rue Littré témoigne également de la diversité des pratiques cultuelles58.
Modélisation de l’évolution d’un territoire : hypothèses et perspectives
Tenant compte de l’avancée des connaissances, de nouvelles hypothèses peuvent être proposées. Afin de mettre en exergue les mutations et le dynamisme du territoire, il nous a paru intéressant de synthétiser les données en les modélisant. La méthodologie employée est empruntée aux géographes et aux urbanistes afin d’analyser le «fait urbain» et d’alimenter des réflexions en matière de chronochorématique59. Les données topographiques développées ci-dessus sont ainsi transcrites sous forme de chronotypes permettant d’obtenir un instantané par période (Fig. 10).
Le chronotype n°1 marque l’émergence d’une élite guerrière au Bronze final dont le statut a pu se transmettre sur quelques générations au sein d’un même lignage. Le territoire est alors occupé par de petites unités d’habitations ouvertes à vocation agro-pastorale réparties de manière clairsemée à proximité des voies d’eau. La confluence de l’Yèvre et de l’Auron est alors le lieu de pratiques rituelles fédérant ponctuellement une population autour d’activités cultuelles. De même que ces dépôts en milieu humide, la découverte de dépôts de haches constituant des réserves métalliques témoigne de l’intégration de ce territoire dans un réseau d’échanges de matières premières (route de l’étain) et d’objets manufacturés avec des contrées plus ou moins lointaines.
Le chronotype n° 2 permet de noter que l’occupation se cristallise au Hallstatt D sur l’éperon de Bourges, à la croisée de voies de communication. Structuré et dense, cet habitat est le siège d’une élite qui contrôle une économie de biens de prestige en réunissant auprès d’elle une population capable d’entreprendre des travaux collectifs d’envergure et d’alimenter une économie à courte et longue distance. En périphérie de ce pôle politique et économique se développe un réseau d’habitats ouverts à vocation agro-pastorale. Certains d’entre eux approvisionnent sans doute l’agglomération en denrées alimentaires et matériaux divers et bénéficient en retour de la redistribution de biens de prestige.
Les chronotypes 3a et 3b correspondent respectivement à deux hypothèses concernant l’agglomération de Bourges à la Tène A1.
La première modélisation (chronotype 3a) part du postulat que les niveaux de La Tène A1 sont détruits. L’organisation du complexe princier apparaît alors comme bipartite. L’éperon serait encore investi par un habitat privilégié servant de siège aux élites, constituant comme pour l’époque précédente ce que l’on nomme classiquement une acropole60. En périphérie de ce pôle, au sud et à l’est d’un thalweg ayant sans doute marqué le paysage, émergerait un agrégat de hameaux répartis le long de voies de communication. Les activités de ces habitats sont massivement tournées vers l’artisanat, même si la présence de quelques silos et d’ossements animaux laisse aussi entrevoir des pratiques agro-pastorales. Rien en revanche ne permet de dire si ces deux pôles se complétaient ou se concurrençaient.
La seconde modélisation (chronotype 3b) repose sur l’hypothèse d’un déplacement de l’occupation dans la plaine alluviale. Comme noté précédemment, deux ensembles peuvent être distingués et forment ainsi deux pôles. À ce jour, les raisons qui auraient conduit à la désertion de l’acropole sont difficiles à cerner. Toutefois, le développement du commerce a pu constituer un facteur déterminant, entraînant le transfert de l’occupation dans la plaine alluviale en privilégiant l’accès aux voies navigables et aux ressources naturelles (bois, eau, argile, minerai). Le glissement de pôles de production dans des établissements ouverts a déjà été évoqué pour des sites tels que Bragny-sur-Saône, Sévaz ou la Heuneburg61. En dehors du domaine celtique, il apparaît qu’en Illyrie à la fin du VIIe siècle et au début du VIe s. a.C., l’implantation de comptoirs grecs a entraîné le développement des flux commerciaux et une modification de l’implantation des populations autochtones désertant les sites de hauteur au profit d’habitats bipolaires comprenant un espace fortifié et de faubourgs couvrant en moyenne 0,5 ha62. Pour en revenir au site de Bourges, si l’on tient compte des données archéologiques la composante sociale de ces unités regroupe des artisans et des colporteurs. Mais où pouvaient siéger les élites ? Même si l’identification de tombes fastueuses atteste leur existence, aucune indication ne permet de déceler leur présence au sein de ces nouveaux habitats, où les objets de prestige tels que les importations sont répartis uniformément. Ce schéma marque donc une rupture avec le modèle classique des résidences princières. Bourges au milieu du Ve s. a.C. adopterait une autre organisation que le site de Lyon semble également partager63. En effet, durant La Tène A1 se développe un habitat aggloméré dans la Plaine de Vaise dont l’activité est également tournée vers l’artisanat et le commerce au point de supposer qu’il s’agirait d’un lieu de transbordement de marchandises sur l’axe Rhône-Saône. Ces plaques tournantes commerciales, constituant des relais aux comptoirs des cités méditerranéennes64, émergent également ex nihilo le long de voies de communications. C’est le cas de Bragny-sur-Saône “Sous Moussière”65, de Hochdorf“Kertenmuseum”66, ou de Sévaz “Tudinge”67.
Le chronotype 4 permet de constater la chute d’un système politique, social et économique centré se traduisant par l’abandon d’un habitat aggloméré et l’émergence d’un habitat à vocation agro-pastorale dont les riches propriétaires thésaurisaient et redistribuaient les denrées alimentaires, notamment les céréales qui étaient alors stockées dans des silos organisés en batterie. Le commerce à longue distance n’est pratiquement plus représenté. Enfin, les pratiques cultuelles se développent68.
Conclusion
Le nouvel éclairage porté sur les étapes de développement de Bourges aide à revoir l’interprétation du site et d’envisager de nouveaux modèles pour l’agglomération de La Tène A1 avec l’implantation d’un habitat de plaine, dont l’activité principale est tournée vers la production d’objets manufacturés alimentant des flux commerciaux empruntant la vallée de l’Yèvre au détriment de celle du Cher. S’agit-il d’un port fluvial où transitent des productions méditerranéennes, des denrées, des matières premières mais également des hommes (esclaves, artisans, marchands) ? Quel lien existait-il entre ces chefferies complexes et les Cités-États du monde méditerranéen ? Ces pistes, qui reposent toutefois sur le postulat que les niveaux du début du Second âge du Fer sont ou non conservés, mériteront à l’avenir d’être confrontées aux résultats de nouvelles investigations archéologiques.
Au-delà des limites de l’agglomération, les données des fouilles préventives offrent la possibilité de porter l’analyse à l’échelle du Berry et dans la longue durée. Dans cette région, on obverse la formation de plusieurs entités territoriales dès le Bronze final. Elles révèlent la présence de clans aristocratiques attachés à des terroirs agricoles dont on peut suivre l’évolution jusqu’à la fin de l’âge du Fer. Bourges est l’une de ces entités et rien ne la distingue des autres jusqu’au Hallstatt D. Au moment où la résidence princière émerge, les établissements aristocratiques situés dans sa périphérie ne semblent pas perturbés et ils continuent à se développer de manière indépendante. De même, la fin des résidences princières ne les affecte pas davantage, ces établissements se maintenant au cours du Second âge du Fer. Regardée dans son environnement, la résidence princière de Bourges constitue un royaume parmi les autres, mais un royaume ayant choisi un modèle politique différent lui permettant de s’intégrer dans un réseau économique de niveau supérieur.
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Notes
- Krausz 2016, 52, fig. 11.
- Krausz 2016, fig. 18.
- Krausz 2020a.
- Krausz 2016, 282.
- Dieudonné-Glad 1992.
- Filippini 2015, 136.
- Dieudonné-Glad 2017.
- Fournier & Mercey 2016.
- Milcent 2007, 175‑188.
- César, Guerre des Gaules, 7,22.
- Krausz 2016, 226, fig.72.
- Krausz 2016, 282.
- Milcent 2004, 210.
- Krausz 2020b.
- Augier 2013 ; Fondrillon et al. 2013.
- César, Guerre des Gaules, 7,15.
- Augier et al. 2007, 25, fig.21.5.
- Augier et al. 2007, 25.
- Augier et al. 2007, 94, fig. 25.4.
- Gran-Aymerich & Almagro Gorbea 1993.
- Milcent 2004, 288‑294 ; Milcent 2007, 266‑269.
- Augier 2009 ; Augier 2012, 261‑269.
- Augier 2009, 362 ; Augier 2012, fig.84 D6 et fig.89.
- Augier 2009, 350 ; Augier 2012, fig. 84, D7 et D8 et fig. 90.
- Augier 2009, 358.
- Augier 2009, 360-361.
- Augier et al. 2012, 33‑52.
- Augier 2009, 350-352 ; Augier 2012, 283-288, fig. 91.
- Augier 2009, 358‑360.
- Milcent 2004, 289 ; Milcent 2007, 27-28, Pl.30-33.
- Fournier 1998, 21, fig. 3.
- Augier et al. 2012, 210-211.
- Buchsenschutz & Ralston 2001, 191‑200.
- Augier 2015, 67.
- Milcent 2004, fig. 64 ; Milcent 2007, 258.
- Milcent 2007, 268.
- Buhot de Kersers 1996, 280.
- Augier et al. 2007, 198 n°2.
- Augier et al. 2012, fig. 21‑24 ; Augier & Pauly 2014, 206.
- Milcent 2004, 478.
- Milcent 2010, fig. 18 ; Buchsenschutz & Ralston 2010, fig. 12.
- Milcent 2004, 256.
- Augier et al. 2012, fig. 21-27, n° 11.
- Milcent 2007, 265.
- Augier et al. 2009.
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- Augier 2015.
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