UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Les Panathénées sont la grande fête que célèbre Athènes en l’honneur de sa déesse tutélaire, Athéna. Cette fête avait lieu tous les ans, à la fin du mois d’Hékatombaion (1er mois de l’année attique, à cheval sur nos mois de juillet-août). Sa fondation est attribuée au roi mythique Érichthonios, ou parfois à Thésée, à moins que celui-ci ne se soit contenté de les réorganiser. On pense que, dans la réalité, cette fondation remonte au VIe s. a.C. La fête devait durer plusieurs jours et comportait une procession qui allait du Céramique au temple d’Athéna Polias sur l’Acropole, une fête nocturne avec des danses de jeunes filles et des concours sportifs en équipe.

En 566-565, le tyran Pisistrate institua que la fête adopterait une forme plus solennelle tous les quatre ans, afin de lui donner un prestige équivalent à celui des fêtes d’Olympie ou de Delphes. Sous cette forme (les Grandes Panathénées), elle comportait des concours hippiques, athlétiques et musicaux, avec des concurrents individuels et des équipes. La fête de nuit était agrémentée d’une course aux flambeaux. La procession se terminait par la remise à la déesse d’un péplos brodé, œuvre des Ergastines, jeunes filles sélectionnées parmi les familles de la cité et qui se consacraient pendant presque un an à sa confection ; ce péplos était traditionnellement orné d’une représentation de la Gigantomachie, et de taille suffisante pour servir de voile à la trière qui figurait dans la procession.

La frise ionienne du Parthénon évoque ce défilé, et montre bien que toute la population d’Athènes participait, chacun à sa place, à cet événement. Sculptée sur des plaques de marbre d’environ 1 m de haut et sur une longueur totale d’environ 160 m, elle était perchée à 12 m de hauteur sur les murs de la cella et sur les colonnes qui ouvraient celle-ci du côté est. Avec le peu de recul que permettait l’étroitesse du péristyle, elle devait être quasiment invisible du public. Ce sont les outrages du temps et son exposition dans les musées qui nous permettent de la contempler aujourd’hui. Sa composition est particulièrement originale : le défilé part de l’angle sud-ouest du temple en deux lignes quasiment parallèles qui se rejoignent au centre du côté est dans la scène de remise du péplos. Le début de la procession est très animé, avec la présence des cavaliers qui se préparent et s’efforcent de maîtriser leurs montures pour les faire participer en bon ordre. Peu à peu le cortège s’organise et devient plus solennel, englobant porteurs d’offrandes diverses et animaux du sacrifice conduits par les prêtres ou leurs assistants. Sur le côté est, après les officiels et les héros éponymes des tribus, s’avancent les Ergastines qui remettent le fruit de leur travail au prêtre qui le déploie devant l’assemblée des dieux, réunis pour la fête d’Athéna.

Le cortège rassemble ainsi, au-delà de tous les habitants de la cité, tous les êtres vivants de la création, depuis les animaux jusqu’aux divinités, en passant par les hommes et les héros. On a pu aussi le considérer comme une réponse politique à la grande frise de l’Apadana de Persépolis : au lieu du défilé monotone des peuples soumis apportant sous la contrainte au souverain perse les richesses dont il les dépouille, le cortège d’Athènes montre la contribution volontaire d’un peuple libre qui offre à sa déesse tutélaire un présent humble, dans lequel il a mis toute sa foi.

Lors des concours panathénaïques, les vainqueurs recevaient en prix des amphores remplies d’huile obtenue grâce à l’exploitation des oliviers sacrés de la déesse. Ces amphores, dites panathénaïques, contenaient chacune environ 36 litres d’huile. Le nombre attribué à chacun variait de 140 pour le vainqueur de la course de chars à deux pour le 2e du lancer de javelots contre un bouclier. Chaque fête nécessitait ainsi environ 1 500 amphores en tout. Elles étaient toujours décorées de la même façon : sur une face, entre deux colonnes, une représentation d’Athéna sous son aspect de Promachos (Combattante), debout, les jambes écartées, et brandissant sa lance ; sur l’autre face une représentation du concours récompensé. Au fil du temps, ces représentations ont légèrement varié (sens de marche d’Athéna, symboles perchés sur les colonnes, présence ou absence du nom de l’archonte éponyme), mais elles sont toujours restées exécutées dans la technique de la figure noire, bien après que cette technique a été abandonnée par ailleurs.

Rechercher

Comment citer

Muller-Dufeu, Marion (2022) : “Les Panathénées”, in : Lacroix, Audrey, éd., L’Antiquité est une fête, Actualités des études anciennes, le carnet scientifique de la Revue des Études Anciennes, Ausonius éditions, 75-77 [en ligne] https://una-editions.fr/les-panathenees [consulté le 23/03/2022]
Posté le 28/04/2022
EAN html : 9782356135001
ISBN html : 978-2-35613-500-1
Publié le 28/04/2022
ISBN livre papier : 978-2-35613-501-8
ISBN pdf : 978-2-35613-502-5
3 p.
Code CLIL : 3385; 3666
DOI : 10.46608/balade2.9782356135001.13
licence CC by SA

Contenu(s) additionnel(s) :

Retour en haut
Aller au contenu principal