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Signification sociale et implications des importations grecques et étrusques pour les sociétés “princières” nord-alpines du Premier âge du Fer

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Introduction

Les données accumulées par l’archéologie sur une vaste zone couvrant approximativement le plateau suisse, le quart sud-ouest de l’Allemagne et le quart nord-est de la France montraient déjà, dans les années 1950, que les sociétés installées là aux VIe et Ve s. a.C. avaient reçu des objets fabriqués dans les cités méditerranéennes, en plus grand nombre, non seulement qu’auparavant, mais aussi que durant les deux siècles suivants. Ces objets se concentraient dans des tombes et des agglomérations de caractère le plus souvent monumental, érigées et utilisées pendant la même période. Une telle corrélation chronologique et spatiale suggérait que des changements politiques dans le sens d’une complexité accrue s’étaient alors produits, liés aux contacts entretenus avec les cités-États grecques et étrusques en plein développement. Diverses interprétations en ont été proposées. Des débats très vifs ont eu lieu, fondés sur des courants de pensées antagonistes qu’il est indispensable d’interroger en résistant aux sirènes des effets de mode passagers. Nous en rappelons d’abord les aspects les plus saillants. Nous insistons, ensuite, sur quelques points méthodologiques et théoriques, avant de traiter la question, centrale ici, des importations méditerranéennes et de leur signification dans le contexte de la Celtique nord-alpine. Il s’agira de préciser le système d’organisation des échanges, en mettant l’accent sur l’importance des transferts de connaissances aux yeux des élites indigènes. 

Rappel des théories précédentes

L’archéologie traditionnelle s’est très logiquement inspirée d’emblée de deux modèles historiques pour définir les sociétés “princières” : celui des royaumes mycéniens et celui des principautés d’origine médiévale. Les concepts de “tombes princières” et de “résidences princières” sont clairement issus des découvertes de Heinrich Schliemann à Mycènes en 1876. Dès l’année suivante, en effet, Eduard Paulus (1803-1878), responsable du “Bureau de la Statistique et de la Topographie” du royaume du Wurtemberg et auteur de la première carte archéologique de cet État – présentée en 1858 lors du colloque annuel de la société des antiquaires allemands (Kreienbrink 2007) – a qualifié de “princières” les tombes qu’il venait de mettre au jour à Hundersingen, au lieu-dit Giessübel, sur la rive gauche du Danube. Ces tombes sous tumulus, riches en pièces d’orfèvrerie, se trouvaient tout près de la 
Heuneburg, site de hauteur préhistorique non encore daté avec précision à l’époque (Kimmig 1989). Mais il convient de ne pas s’y tromper ; il ne s’agit pas de la simple transposition d’un modèle élaboré à partir des exemples grecs. Schliemann, lui-même, n’a fait qu’appliquer aux données mycéniennes une conception qui allait de soi pour un Allemand et compatible avec les sources homériques. L’unification de l’Allemagne, en effet, n’était pas encore achevée à cette époque et se composait d’une marqueterie de royaumes, de duchés et de principautés.

Chez Schliemann, comme chez Paulus, la notion de “prince” était employée au sens large de princeps signifiant “premier”, détenteur d’un statut élevé, grand seigneur. Homère chantait ces princes achéens, dont le plus puissant était appelé roi. Pour le fouilleur de Mycènes, c’était d’abord le caractère ostentatoire du tombeau qui suggérait un tel statut. Le mot “princier” est souvent encore utilisé de la même façon, c’est-à-dire pour une tombe individuelle renfermant un dépôt funéraire exceptionnellement somptueux. C’est avant tout une qualification métaphorique, tout comme celle de “royale”, parfois utilisée aussi pour la société en question. L’appellation de chefferie complexe, selon la typologie de Johnson et Earle (1987), mieux définie que celle de principauté, serait préférable, mais certains usages traditionnels restent difficiles à remplacer. Il est, en tout cas, nécessaire de valider la hiérarchie qui place au niveau suprême les sépultures dites princières des VIe et Ve s. a.C., dans la mesure où elles sont définies par la présence d’au moins une pièce d’importation grecque ou étrusque, même si des tombes pourtant aussi monumentales et riches, dont celles, voisines de la Heuneburg, du Giessübel ou du Hohmichele, n’en possédaient pas.

Le modèle des “résidences princières” a été formalisé en 1969 par Kimmig et repris par plusieurs auteurs, avec des nuances, toutefois, sur les critères de définition. Kimmig, lui-même, avait modifié sa proposition initiale ne retenant plus que trois critères dans ses écrits ultérieurs (Kimmig 1991) : la position sur une voie naturelle principale ; l’existence de tombes princières à proximité immédiate ; la présence d’objets méditerranéens. Fischer (1973), pensant qu’il convenait de réserver le qualificatif “princier” aux individus reposant dans les tombes à importations méditerranéennes, a introduit l’idée d’une hiérarchie à l’intérieur même de l’élite sociale. Dans une perspective analogue, Dehn (1974) a divisé les sites fortifiés du Ha D en trois catégories : les places fortes de refuge temporaire ; les résidences de chefs, ou de seigneurs locaux (Herrensitze) ; les centres de pouvoir politique ou résidences princières 
(Fürstensitze). Ces hiérarchies de structures archéologiques impliquaient une hiérarchie sociale à trois niveaux : un niveau ordinaire, un niveau de chefs subalternes et un niveau de chefs suprêmes exerçant leur pouvoir depuis leur citadelle fortifiée.

Frankenstein et Rowlands (1978) ont fait progresser le sujet sur deux points : d’une part, ils ont repris la notion de cadeau diplomatique développée par Fischer (1973) à partir des sources textuelles de l’antiquité grecque et ont proposé d’y voir une économie du don ou des biens de prestige, ce qui permettait de mieux comprendre la logique et la portée des contacts avec les méditerranéens ; d’autre part, ils ont mis en œuvre une méthode quantitative et spatiale pour repérer la hiérarchie interne des tombes de l’élite sociale. Härke (1979) a analysé, de façon détaillée, l’aspect territorial du phénomène princier en mobilisant les moyens de la géographie humaine, ce qui a permis d’obtenir des indices sur la taille des principautés, c’est-à-dire sur l’échelle d’intégration atteinte par ces formations sociales. Pensant que les résidences princières se divisaient en trois niveaux, en fonction de leur importance au sein du réseau de sites, il a notamment présenté une application des polygones de Thiessen qui tenait compte de cette pondération. Il manquait un essai de validation de ces territoires ; ce que l’un d’entre nous a tenté (Brun 1988). L’examen de la répartition de certaines parures, en particulier le décompte des types de fibules les plus représentés, aboutit à un faisceau d’indices convergeant vers l’idée d’une fonction économique centrale des résidences princières, notamment de leur rôle de plateforme de redistribution au sein de leur territoire théorique respectif. Il devenait de la sorte envisageable de proposer comme critère de définition, outre la fonction politique, la fonction économique centrale de ces établissements.

Le modèle n’est pas resté figé ; loin de là. Dès les années 1970, une rafale d’études en a précisé, ou modifié l’interprétation (Pauli 1972, Fischer 1973, Dehn 1974, Kimmig 1975, Frankenstein, Rowlands 1978, Härke 1979, Wells 1980). Toutes mettaient l’accent sur l’importance des contacts avec les sociétés plus développées de la zone méditerranéenne dans le processus d’émergence et dans le fonctionnement des centres dits princiers. Puis, sous l’influence du courant de pensée postmoderniste ou postprocessualiste, les effets du “stimulus” gréco-étrusque ont été assez radicalement remis en question par certains au début des années 1980 (Bintliff 1984, Godsen 1985). Ensuite, tandis que des chercheurs poursuivaient dans cette contestation (Dietler 1989, Eggert 1989, Pare 1991, Parzinger 1991), d’autres reconnaissaient à leur tour le caractère déterminant, bien que non exclusif, des contacts méridionaux en procédant à une application systématique du modèle de l’économie-monde (Brun 1987, Cunliffe 1988, Nicholson 1989).

Quant à la fonction de ces habitats, le rôle économique a été très fréquemment avancé. Joffroy (1960), Megaw (1966), Kimmig (1969), Zürn (1970), Kimmig & Gersbach (1971), Fischer (1973), Rowlands (1973) ont vu très tôt dans ces établissements des postes de commerce, des centres de distribution primaire, impliqués dans le réseau commercial méditerranéen. Les preuves d’un travail sur place de l’ambre et du corail ne laissaient aucune ambiguïté et la qualité de certains produits métalliques et céramiques suggérait la présence d’artisans très spécialisés. L’étude de S. Champion (1982) sur le corail allait dans le même sens, montrant que la distribution de cette matière importée de la Méditerranée se trouvait concentrée autour des résidences princières et supposait la présence d’ateliers sur ces sites sous le patronage du “prince”. La fonction politique se trouvait clairement formulée chez Kimmig (1969) et a été admise par la plupart des auteurs. T. Champion (1982) a proposé de considérer l’ensemble de ces principautés contiguës comme des peer polities selon Renfrew, c’est-à-dire comme des entités politiques en compétition tout en restant interdépendantes ; une interaction nécessaire à la survie commune et donc à l’explication de leur déclin commun. L’un d’entre nous a aussi souligné que les principautés formaient un système ; plus exactement un sous-système du système-monde européen (Brun 1987, 1992). En somme, la plupart des auteurs voyaient dans les résidences princières de véritables capitales multifonctionnelles. Frankenstein et Rowlands (1978) ont, avec le modèle de l’économie des biens de prestige, explicité l’interrelation du pouvoir économique et du statut social. Wells (1980) a repris l’idée de Polanyi (1957) concernant l’enchevêtrement des fonctions sociales dans les sociétés ignorant l’économie de marché ; le “prince” y est le principal représentant indigène dans les relations avec les étrangers. Wells (1980) a précisé que seul ce qui pouvait renforcer la stratégie traditionnelle de pouvoir parvenait en Europe tempérée. Dietler (1990) a, pour sa part, insisté sur la relation qui pouvait exister entre le processus de consommation des boissons alcoolisées, importées ou non, et l’économie politique. Une dynamique propre à cette zone a été suggérée d’emblée par Kimmig (1969), mise en application et discutée par Frankenstein et Rowlands (1978), puis par Brun (1987) et Chaume (2001). Malgré sa faible durée, le phénomène voit, en effet, des “centres princiers”, en contact avec les cités-États méditerranéennes, se développer et décliner de façon un peu décalée les uns par rapport aux autres, avant que de nouvelles prémices émergent plus loin vers le nord.

Questions méthodologiques et conceptuelles

Outre les problèmes méthodologiques bien connus, qui rendent les données archéologiques et les théories anthropologiques difficiles à articuler, la sous-évaluation du phénomène des “résidences princières” relève largement d’un préjugé dévalorisant vis-à-vis du niveau de complexité des sociétés protohistoriques. Généralement fondée sur des analogies ethnographiques ou historiques pourtant peu comparables, cette perspective minimaliste conçoit ces sociétés comme si elles étaient repliées sur elles-mêmes et fonctionnaient en circuit fermé, hormis l’intervention de migrants, de loin en loin. Or, le monde celtique était ouvert sur l’extérieur, fournissant notamment de l’étain aux Grecs, qui en avaient un besoin crucial à cette époque ; raison pour laquelle l’activité commerciale à longue distance peut être considérée comme une des fonctions dominantes, avec celles de centre politique et religieux, des “résidences princières”. L’incertitude majeure porte toujours sur l’échelle d’intégration politique : les pôles “princiers” étaient-ils seulement des centres de communautés locales plus riches que leurs voisins, ou correspondaient-ils à des sortes de capitales politiques pour des ensembles fédérant plusieurs communautés ? (Brun & Chaume 1997). Des indices archéologiques d’une intégration au moins économique ont été détectés, mais nous n’avons pas de preuves décisives de l’existence d’un pouvoir hiérarchisé, rayonnant sur une cinquantaine de kilomètres en moyenne pour ce qui concerne le domaine hallstattien occidental. Cependant, la distribution spatiale et la hiérarchie fonctionnelle des sites suggèrent un modèle de ce type, à moins qu’elle ne résulte d’un hasard bien improbable.

Les investigations, appliquées au territoire théorique de la principauté hallstattienne de Vix, ont démontré la pertinence de ces différents niveaux d’intégration territoriaux (Chaume 2001, 350, 351, fig. 232 ; Chaume 2020a, 358, fig. 21.11, 359).

Ajoutons aussi que les sources écrites dont nous disposons à propos de phénomènes princiers analogues et contemporains, comme en Ukraine (Rolle 1980), stipulent l’existence d’organisations politiques dotées de plusieurs niveaux hiérarchiques intégrés.

Parmi les opposants postmodernistes, rares sont ceux qui ont proposé une explication globale des données disponibles. Pour Dietler (1990), ces dernières sont compatibles avec une exploitation grecque limitée aux zones côtières, à partir desquelles les biens se diffuseraient graduellement vers l’intérieur. Dans cette hypothèse, le nombre d’objets, ou de sites qui en recèlent, devrait logiquement décroître avec la distance à partir des cités grecques ou étrusques. Or, les courbes indiquent, sans exception, au moins un pic à une distance intermédiaire (Brun 1996). Ce qui montre que la diffusion ne s’est pas effectuée de proche en proche, par une longue chaîne de communautés locales, mais qu’elle était, au contraire, contrôlée par des centres redistributeurs. Pour Bintliff (1984), plus radical encore que Dietler, les importations méditerranéennes n’ont joué aucun rôle significatif sur le monde nord-alpin. En d’autres termes, les changements sociaux observables se seraient opérés de façon indépendante. Les objets grecs ou étrusques ne seraient, selon lui, que des curiosités exotiques, offertes par des chefs établis plus près des cités méditerranéennes. Or, il se confirme que la diffusion ne correspondait pas à la courbe de régression que suppose cette explication. Le creux de la courbe de diffusion des importations, entre les centres émetteurs et les centres redistributeurs ne peut, en effet, s’expliquer par les reliefs trop inhospitaliers des Alpes  et par l’épaisse accumulation sédimentaire de la vallée du Rhône entre Arles et Lyon qui les rendraient inaccessibles, puisqu’il se poursuit encore au delà, plus au nord, sur une centaine de kilomètres. D’autre part, il n’existe aucun cas d’une croissance équivalente du niveau et de l’échelle d’intégration dans les marges nord-occidentales encore plus éloignées des cités-États méditerranéennes (îles britanniques et pourtour de la Baltique). De telles situations devraient pourtant, si elles pouvaient exister indépendamment de centres urbains comme le prétend Bintliff, se traduire par des configurations similaires de sites parfois très riches ou monumentaux, bien que dépourvus de pièces grecques, étrusques ou phéniciennes. Or, ce n’est pas ce qu’on observe. De tels phénomènes de complexification politiques résultaient donc, bien plus probablement, de contacts établis avec ces cités-États méditerranéennes.

Les propositions alternatives ont pour particularité d’être partielles et par conséquent insuffisantes. Sherratt (1995) a montré avec humour les lacunes tant documentaires que théoriques de ces postures hypercritiques, dans les milieux anglophones. Sur le continent, elles n’ont été contestées que sur des points de détail. Verger, par exemple, (1995, 1997) n’a pas remis en question l’émergence, au VIe s. a.C., de formations sociales plus hiérarchisées qu’auparavant et en relation avec des États méditerranéens. Il ne s’est écarté du modèle initial qu’à propos de l’évolution ultérieure de ces formations, au cours du Ve s. a.C. Alors qu’une nette convergence de données chronologiques permet d’envisager un effondrement des unités politiques dominées par les personnages enterrés fastueusement à proximité de leur citadelle-capitale, à la fin du Ha D3 – un effondrement provoqué, peut-être, par la concurrence d’autres intermédiaires, au sein du système transeuropéen d’échanges à longue distance (Brun 1987, 1997) –, pour Verger, deux réseaux distincts se seraient trouvés en compétition, dès le début du Ve s. a.C. : le premier, le plus ancien, reliant les colonies grecques d’Italie du sud aux puissantes principautés hallstattiennes ; le second, qui allait l’emporter après le premier quart du Ve s. a.C., des aristocraties d’Italie du nord avec d’autres situées dans le centre-est de la France. Les membres de ce dernier se distingueraient par l’usage de pratiques funéraires communes, en particulier l’incinération en urne métallique, et par la forme urbaine des sites dominants : Bragny-sur-Saône et surtout Bourges. La différence majeure de la thèse de Verger est, somme toute, que la complexité politique ne diminuerait pas ; les changements de rites funéraires, mais aussi l’abandon des citadelles, ne traduiraient que des changements de conception du pouvoir, du territoire et des relations diplomatiques. Olivier (2000), apparemment plus radical, a déployé un appareil critique très nourri pour contester que les sociétés en question étaient hiérarchisées et formaient système avec les États méditerranéens. Les raisons alléguées couvrent un vaste champ qui s’étend du vocabulaire et des soubassements idéologiques qu’il induirait, jusqu’à l’incapacité irrémédiable, selon lui, de l’archéologie à tenir quelque discours historique que ce soit. Il propose, pourtant, des interprétations étonnamment conformes à celles qu’il fustige : les “résidences princières” étaient bien des “centres de pouvoir” et l’augmentation du commerce avec des sociétés plus complexes avait bien entraîné le développement de rapports de domination entre tribus, ou à l’intérieur même des communautés. L’écart qu’il recherche pour se distinguer se résume, en réalité, à peu de choses :

  • Les sociétés hallstattiennes étaient fondamentalement “primitives”, c’est-à-dire “contre l’État”, même si, concède-t-il, leur hiérarchisation apparente semble bien aller de pair avec une mise en cause du modèle égalitaire ancestral, à la fin du VIe s. a.C.
  • Les importations méditerranéennes étaient irrégulières et peu abondantes.

Le parti pris se montre donc, là aussi, résolument primitiviste, bien qu’assez proche, en réalité, de ce qu’il prétend démolir. Les critiques épistémologiques et idéologiques extrêmes qu’il assène s’avèrent d’autant plus décalées et dépourvues de pertinence. Une contradiction analogue se perçoit dans un article des Mélanges pour H. Reim, où M. Eggert (2007) revient sur la question de la classification des sociétés et propose de ranger la société hallstattienne dans le type 
Stammesgesellschaft (Eggert 2007, 286), c’est-à-dire des sociétés tribales avec à leur tête des Big Men. Sous la plume d’Eggert, cette opinion n’est pas nouvelle mais il la réaffirme avec force dans son exposé liminaire. On relève cependant, au fil de son analyse, et sous la pression de faits nouveaux comme les découvertes de l’habitat extérieur de la Heuneburg et celles du plateau supérieur du mont Lassois à Vix, non seulement des hésitations par rapport à ses prises de positions précédentes sur le sujet mais aussi en filigrane un certain effritement dans ses convictions qui, toutefois, ne va pas jusqu’au reniement. En effet, s’il admet que l’hypothèse d’une chefferie est envisageable pour caractériser la société hallstattienne (Eggert 2007, 288) ; il ne renonce pourtant pas à considérer les élites hallstattiennes comme des Big Men alors que ces deux notions s’excluent l’une l’autre. L’existence de Big Men est, en effet, incompatibleavec une société du type chefferie où les chefs exercent un pouvoir coercitif ce qui n’est pas le cas du Big Man (Godelier 1991). 

Il reste que ces contributions critiques témoignent d’un vrai problème : nous connaissons mal, en effet, le degré de représentativité des données observables aujourd’hui, par rapport à la réalité de ce lointain passé. Cette difficulté affecte tout particulièrement les vestiges de pratiques funéraires. Nous savons, en effet, par l’histoire ancienne et l’ethnologie, le caractère trompeur de ces données (Brun 2004) :

  • L’absence de tombes riches ou monumentales ne signifie pas forcément l’absence de hiérarchie sociale.
  • Une société très différenciée peut avoir traité ses dominants morts avec faste, tout en ne laissant aucune trace au sol, donc détectable aujourd’hui.
  • Une société très différenciée peut avoir traité ses dominants morts dans la plus grande sobriété, pour des raisons idéologiques, notamment religieuses.
  • Une tombe luxueuse peut honorer quelqu’un d’autre qu’un potentat, comme un héros par exemple (Morris 1987).

Il est, par conséquent, difficile de saisir le niveau de complexité sociale, à partir de vestiges sujets à des choix principalement idéels. Les sites d’habitats, en revanche, sont plus difficilement interprétables comme des investissements uniquement idéologiques ; surtout lorsqu’il s’agit de grosses agglomérations exerçant une fonction de centre territorial. Leur abandon généralisé sur un court laps de temps implique très probablement une désintégration politique.

L’hypothèse selon laquelle les principautés sont polarisées par des lieux centraux, a également subi des critiques, en particulier parce qu’elle est censée plaquer un schéma artificiel et exogène (Gras 2000). Or, l’usage d’un modèle globalisant n’implique en aucun cas de gommer les différences individuelles et micro-sociales. En effet, par définition, un modèle n’est pas une reconstitution de la réalité. C’est un schème transposant la réalité en quelques lignes de force jugées déterminantes à une échelle donnée. Seul peut être légitimement critiqué l’usage que tel ou tel chercheur fait d’un concept. Le recours aux modèles reste, évidemment, indispensable. Les erreurs à ne pas commettre dans leur utilisation ont été suffisamment répertoriées dans des manuels d’économie, de géographie (Claval 1980), de sociologie ou d’histoire, ainsi que dans plusieurs ouvrages d’archéologie (Clarke 1968; Gardin 1979), pour qu’il soit besoin d’y revenir. Il faudrait savoir renoncer à l’opposition binaire, ressemblances versus dissemblances, parfaitement artificielle dans la plupart des cas, et la repenser en prenant en compte les différences de degré et de niveau qui dépendent de l’échelle d’observation choisie.

À propos de l’économie-monde de Fernand Braudel, c’est-à-dire du système-monde d’Immanuel Wallerstein, il convient d’insister sur le fait que son application à l’âge du Fer ne résulte pas d’une simple transposition suggérée par des analogies approximatives, comme certains veulent le croire. Elle procède d’une confrontation avec les données. Comme on l’a vu plus haut, les critiques formulées envers le modèle en vigueur soit portent sur une caricature du modèle en question (son apparence “moderniste” en particulier), soit émanent d’une utilisation de données trop partielles. Il faut aussi souligner ici combien rares sont les archéologues dont les connaissances englobent l’ensemble du continent, et que ce sont, justement, ceux-là mêmes qui éprouvent le besoin d’un outil théorique du type du système-monde. Ce dernier demeure, à vrai dire, le seul qui permette de rendre compte des interrelations entre des sociétés de niveaux de développement différents sur de très vastes espaces et dont le gradient de complexité s’est élargi à partir du néolithique. Il faut certes enrichir, perfectionner, voire corriger les propositions de Karl Polanyi, Marcel Mauss, Louis Gernet, Fernand Braudel et autres, mais il faut d’abord bien les connaître et éviter de penser ou laisser penser qu’il est possible de s’en passer, et que l’effort de destruction vaut l’effort de proposition.

Il se trouve que l’intuition de Paulus et la thèse de Kimmig, jugées exagérées par la plupart des critiques, étaient en dessous de la réalité. Les données récentes suggèrent que les centres “princiers” se rapprochaient, au moins pour trois d’entre eux, des caractéristiques urbaines ; phénomène que l’on pensait n’avoir émergé, en Europe tempérée humide, que deux siècles plus tard. La surprise est venue du site de la Heuneburg à Hundersingen. Nous savions que des installations existaient hors les murs, au pied de la colline, depuis la reprise des fouilles sur les tertres du Giessübel : ceux-ci avaient été érigés sur les ruines de grands bâtiments ; d’où l’hypothèse d’un faubourg, chez Kimmig. Mais nous avons appris, à la suite des sondages réalisés sur l’environnement du site – lui-même cerné par les tombeaux de probables dirigeants – au début des année 2000, que l’occupation s’était en réalité étendue au Ha D1 sur plus de 50 ha, au nord de la forteresse. De surcroît, une levée de terre, vestige d’une délimitation défensive attribuée jusque-là au Moyen Âge, en raison de ses dimensions impressionnantes, datait du Hallstatt final et protégeait une partie de la zone basse au pied de la colline, elle-même fortifiée (Kurz 2008). Une situation analogue se dessine à Vix avec les dernières découvertes, notamment celles au lieudit le Breuil (Chaume 2020, 2021).

Les sites de la Heuneburg, Vix et Bourges révèlent probablement l’existence d’un système en cours d’urbanisation, loin de la Méditerranée, dès la fin du VIe s. a.C. Cela signifie que l’hypothèse des principautés centralisées, jugée d’un actualo-centrisme excessif, n’allait pas assez loin en termes de complexité politique. Ces formations politiques n’en ont pas moins été éphémères ; les unes plus que les autres, mais n’excédant guère un siècle pour les plus durables. Ces groupements de plusieurs milliers de personnes, en un même lieu, pendant quelques dizaines d’années, impliquent une organisation territoriale et sociale déjà sophistiquée. Mais l’échec de cette tentative – un échec qui ne sera surmonté que trois siècles plus tard – indique la fragilité de ces formations sociales nord-alpines ; bel exemple de la non-linéarité de l’histoire de cette complexification sociale que parachève l’actuelle globalisation mondiale. Cette étape de la recherche archéologique montre qu’il convient de se méfier, non pas des idées, mais de leur usage, surtout lorsqu’il est pauvre et en particulier binaire. 

Les importations : modalités et signification

Pour la plupart des auteurs, les importations grecques et étrusques faisaient donc l’objet d’un type d’échange qui prenait la forme de dons. Ces cadeaux diplomatiques créaient une dette ; elle impliquait, par conséquent, un contre-don. Cette proposition, difficilement contestable devant les spectaculaires pièces de vaisselles de banquets découvertes et sachant que les partenaires indigènes en question ne disposaient pas encore de monnaies adaptées aux échanges marchands, doit, selon nous, être conçue dans un sens large, à savoir que les objets de luxe servaient à flatter les potentats locaux afin d’obtenir la possibilité de procéder à des échanges plus diversifiés dans les deux sens. Tout comme pour les ressources convoitées par les Grecs et les Étrusques, au premier rang desquelles nous plaçons des métaux et des esclaves, il convient ainsi d’envisager logiquement dans l’autre sens, outre les prestigieux services de banquets, des biens dont les traces archéologiques demeurent difficiles à percevoir. La coïncidence entre le développement de l’urbanisation et de l’étatisation dans les zones grecques et italiques et la forte croissance temporaire du nombre d’importations dans la zone nord-alpine a conduit plusieurs auteurs à proposer un modèle systémique (Frankenstein & Rowlands 1978, Härke 1979, Wells 1980, Brun 1987, Cunliffe 1988). Cette approche a fait l’objet de réactions de types postmodernistes (Bintliff 1984, Godsen 1985, Dietler 1989, 1990, Eggert 1989) qui se sont imposées comme le main Stream, le courant dominant de l’opinion durant les années 1990. Il se caractérise par une attitude hypercritique, jugeant excessif le niveau de complexité organisationnelle prêté à ces sociétés et s’élevant contre une conception centralisée, hiérarchisée, systémique des formes d’organisations protohistoriques. Les hypothèses alternatives de ce courant de pensée reposaient pourtant sur des propositions le plus souvent impossibles à valider. Parmi ces propositions, la dévalorisation de la notion de “résidence princière”, faisant de ces sites des établissements d’un niveau beaucoup plus ordinaire, aucun palais n’ayant encore été découvert sur les sites en question. Dans la même veine, les importations devaient être considérées comme issues d’échanges de proche en proche, ou via quelques caravanes exceptionnelles (Rolley 1997). Pour certains, les formations politiques ne s’étaient pas désintégrées au milieu du Ve s. a.C., malgré l’abandon des centres “princiers” (Verger 1995, Milcent 1999). Plus récemment, on a même dénié toute emprise territoriale à ces sites de hauteur fortifiés ; ils n’auraient constitué que les nœuds majeurs (type gateways) d’un réseau d’échange à longue distance (Nakoinz 2010).

En réponse à ces conceptions minimalistes, l’un de nous (Chaume 2007) est revenu plus en détail sur ces questions, soulignant que si les aristocraties hallstattiennes, et par voie de conséquence leurs sociétés dans leur ensemble, étaient dépendantes des sociétés méditerranéennes, cette forme de dépendance ne pouvait en aucun cas se comparer à une situation coloniale. Il convient ainsi de refuser l’idée d’une exploitation directe des communautés hallstattiennes par les sociétés méditerranéennes, même si, bien entendu, les “besoins” de l’aristocratie hallstattienne en biens de prestige impliquaient la contribution de leur société tout entière pour fournir les contreparties échangées. Le modèle de “l’économie des biens de prestige” demeure un concept explicatif cohérent pour ce type de situation. Les élites exerçaient leur pouvoir dominant sur leurs subalternes mais étaient tenues, pour maintenir cette relation sociale, de redistribuer des quantités de biens de prestige, suffisantes pour que leur statut social soit reconnu dans un premier temps, maintenu par la suite. Des biens de prestige d’origine méditerranéenne, manufacturés ou non, comme les métaux précieux ou l’ambre, par exemple, endogènes ou non, faisaient ainsi partie, de longue date, de ce processus de stratification sociale. Parmi les biens exogènes, bien que nord-alpins, il a été mis en évidence l’existence de contacts suffisamment forts entre le Bade-Wurtemberg, le Jura et la Bourgogne pour qu’ils aient pu participer à ces stratégies de pouvoir (Chaume 2001, 97, fig. 79, 103, fig. 84 ; 2004, 99, fig. 23). Les contacts se manifestent aussi bien sous la forme d’objets luxueux que d’insignes du pouvoir d’apparence plus courante comme certains types de fibules (Kahnfibeln et Schlangenfibeln de type S4 de Mansfeld).

Parmi les fonctions assignables aux importations méditerranéennes, nous avons retenu la légitimation dynastique lors de cérémonies grandioses (moyens de distinction), de même que la symbolisation du pouvoir et de ses bases (accès à des partenaires prestigieux), autant de moyens d’enrichissement pratique et symbolique. Nous pouvons tenter maintenant de préciser ce dernier point en utilisant les catégories rassemblées et théorisées par Renfrew et Bahn (1991) à partir des travaux de K. Polanyi (1957) (Fig. 1). Écartons d’abord celles qui ne nous semblent pas recevables :

  • L’échange de proche en proche : l’éloignement des biens s’opère par échanges successifs de territoire à territoire. Cette catégorie induit une courbe régressive linéaire des pièces importées, or elle ne l’est pas, comme on l’a vu, même le long des canaux de circulation (vallée du Rhône et cols alpins) par où ces objets ont forcément transité.
  • L’échange sur une place centrale de marché : il est direct entre égaux qui se rencontrent hors de leur territoire respectif. Or, aucune place de marché indépendante n’est attestée durant l’âge du Fer ; en particulier durant la période et dans les sociétés nord-alpines en question.
  • L’échange via un Port of trade : les deux partenaires envoient leurs émissaires respectifs procéder à l’échange sur une place centrale située hors de la juridiction de chacun. L’un de nous a analysé récemment le modèle de Port of Trade et a conclu qu’il était inapplicable à la situation des “résidences princières” (Chaume 2021).

D’autres catégories théoriques paraissent bien plus probables :

  • L’échange selon le principe de la réciprocité : l’un des partenaires rend visite à l’autre, chez lui ou bien sur leur frontière mutuelle, où ils échangent leurs produits respectifs. Ce cas de figure ne pourrait, toutefois, être retenu qu’à la marge, car, si des potentats grecs ou étrusques ont pu diriger en personne des caravanes jusqu’aux résidences princières, la distance est ici trop grande pour que l’armateur soit allé à la rencontre des dirigeants indigènes ; le principe de la réciprocité de Polanyi s’applique plutôt, en général, aux échanges entre voisins.
  • L’échange médiatisé par une enclave coloniale : une cité-État envoie des émissaires pour installer une colonie près d’indigènes pour échanger. Ce cas pourrait, en effet, correspondre à celui du site de Lyon “Vaise” où l’exceptionnelle quantité d’amphores et de céramiques grecques ordinaires suggère la présence de Grecs à demeure, mais il ne permet pas d’expliquer l’ensemble de la répartition des objets importés.
  • L’échange selon le principe de la redistribution sur une place centrale : L’un des partenaires verse quelque chose à une tierce personne (en guise de tribut par exemple) ; l’autre échange avec cette dernière pour obtenir des biens dont ceux fournis par le premier. Ce système s’avère le plus probable, les centres princiers ayant la capacité de percevoir sous forme de taxes ou de tributs, auprès de leurs subalternes ou d’étrangers dominés, ce que demandaient les cités-États (des métaux et des esclaves en particulier).
  • L’échange effectué par des intermédiaires indépendants (freelance middlemen). Au moins, dans certains cas, des intermédiaires indépendants semblent bien avoir fait le lien ; des opérateurs de la culture de 
    Golasecca notamment, en particulier à Bragny, au confluent de la Saône et du Doubs, où la présence de Golasecciens est tout à fait vraisemblable (Chaume à paraître).
  • L’échange effectué par un émissaire commercial envoyé par l’un des partenaires à l’autre. Ce cas de figure a dû aussi exister, en toute logique, mais nous ne disposons d’aucun indice concret pour l’étayer.
Sélection des types d’échanges intercommunautaires d’après le schéma de C. Renfrew et P. Bahn (1991).
Fig. 1. Sélection des types d’échanges intercommunautaires d’après le schéma de C. Renfrew et P. Bahn (1991).

La somme des informations aujourd’hui disponibles confirme bien le caractère enchevêtré des aspects économiques, politiques et idéologiques jusque dans les relations avec les cités-États. Le niveau économique atteint par les sociétés nord-alpines rendait possible le dégagement de la richesse nécessaire aux obligations d’un pouvoir politique complexe en termes de redistribution clientéliste. Symétriquement, le caractère urbain des sociétés grecques et étrusques leur imposait d’élargir considérablement leurs réseaux d’approvisionnement en nourriture, matériaux de construction, énergie (animaux et esclaves), ou marques de distinction (véhicules, parures, parfums, mets et boissons raffinés, personnel domestique et ouvrier, divertissements et informations).

Il s’agissait de relations systémiques entre des partenaires de niveaux certes inégaux, mais qui n’avaient rien à voir avec celles d’un modèle capitaliste de type exploiteur et colonial (Wallerstein 1974), c’est-à-dire un modèle centre/périphérie stricto sensu. Il ne s’est évidemment produit ni hellénisation, ni imitation passive. Tous les partenaires du système d’échanges ont été influencés dans leur mode de vie ; non pas passivement, mais de manière délibérée. Les sociétés en question – plus exactement leurs principaux décideurs ont sélectionné ce qui pouvait leur être profitable dans leurs stratégies de pouvoir (Braudel 1979). Des facteurs internes déjà en place depuis l’âge du Bronze, tels qu’une organisation aristocratique et militaire, des territoires centralisés, une économie plus autonome produisant des surplus exportables (fer, laine, sel, salaisons), étaient évidemment nécessaires pour que s’exerce une influence plus forte encore de ces facteurs externes (Brun 1987). 

La sous-estimation des énormes pertes documentaires subies sur la plupart des sites archéologiques explique l’image trop primitive et simpliste que nombre d’auteurs ont à l’esprit à propos des sociétés nord-alpines. Un exemple très significatif est le site du XVe s. a.C., d’Elp (Pays-Bas) qui constitue l’archétype de la ferme ordinaire (long bâtiment bipartite – logement des humains avec étable dans le prolongement – grenier sur pilotis, enclos à bétail) de l’âge du Bronze et du Premier âge du Fer en Europe nord-occidentale. Les structures archéologiques de cet établissement occupé pendant 25 à 30 ans, n’ont livré qu’une petite poignée de tessons de poterie à l’évidence non représentatifs statistiquement de la vaisselle utilisée pendant un quart de siècle par ses habitants. Il s’avère, par conséquent, indispensable de réévaluer d’une façon générale la quantité des objets découverts sur les sites archéologiques, a fortiori pour les importations, dont les vaisselles grecques et étrusques découvertes dans ces régions. C’est, en effet, à cette aune qu’il convient d’estimer la présence de cette céramique peinte, fabriquée à Athènes même, et de ces amphores retrouvées sur les sites nord-alpins (Sacchetti 2016). Il est bien sûr impossible de calculer précisément le pourcentage de perte. Mais il faut garder à l’esprit que cette perte est forcément très élevée en raison des nombreux processus destructifs qui se sont conjugués (érosion anthropique et naturelle, rareté des possibilités de piégeage, donc de conservation des détritus épars, les fosses ne restant jamais longtemps ouvertes, en dehors des dépôts délibérés d’objets). En milieu sec, la déperdition de la documentation matérielle serait de l’ordre de 90 %, à en croire les évaluations de Renfrew et Bahn (1991). La céramique, plus résistante à l’érosion que la plupart des autres vestiges, se révèle pourtant manifestement très inférieure en quantité à ce dont avaient eu besoin les occupants des sites. Les corrections appliquées à la céramique locale doivent être, a fortiori, amplifiées pour les céramiques d’importation lointaine.

Le tableau actualisé des comptages de céramiques importées que nous avions réalisé (Brun & Chaume 2013) avec l’aimable collaboration de plusieurs collègues, montrait la croissance importante de la quantité de fragments de céramiques et d’amphores grecques découverte dans la zone des centres princiers. Durant les vingt dernières années, le nombre de fragments de céramique attique découverts dans la zone des “résidences princières” a plus que doublé (de 441 à 1042) et celui des amphores a été presque multiplié par trois (de 872 à 2500 env. – Sacchetti 2016), même en ne prenant pas en compte le site exceptionnel de Lyon “Vaise” où les effectifs ont doublé également (de 27 à 61 fragments de céramique attique et de 2 550 à 4 900 fragments d’amphores) (Fig. 2). Cette croissance, qu’il faut bien sûr réévaluer en tenant compte de l’énorme perte documentaire, résulte des fouilles plus larges qui ont pu être effectuées ces dernières années. Elle confirme que ce trafic intéressait les sites politiquement majeurs et des sites de transit commercial, alors même qu’il n’y a jamais eu autant de sites de types différents, en particulier de niveau très ordinaire, fouillés pour cette période (Fig. 3). Des importations ont continué de parvenir dans cette zone durant encore un demi-siècle, mais la plupart n’ont fait alors que la traverser pour arriver entre les mains de partenaires installés plus au nord-ouest : en Champagne et surtout dans l’Hunsrück-Eifel. Ces nouveaux partenaires ont déposé in fine ces objets importés, désormais très majoritairement étrusques, contrairement à la période antérieure durant laquelle les produits grecs étaient prédominants, dans des tombes de manière presque exclusive. Leur répartition spatiale plus aléatoire diffère beaucoup de celle, nettement groupée, des sites à importations de l’étape précédente (Sacchetti 2021). Elle suggère une dimension plus restreinte des territoires politiquement autonomes et une moindre complexité politique. Les tombes à importations se montrent d’ailleurs moins ostentatoires. Tout cela indique un changement important du système d’échanges : plus opportuniste, plus variable et probablement plus fragile ; en tout cas déclinant. Cette inflexion annonce les deux siècles de turbulences qui ont suivi dans le monde celtique.

Augmentation, au cours des vingt dernières années, du nombre de fragments de céramiques et d’amphores grecques du Hallstatt D dans la zone des “résidences princières”.
Fig. 2. Augmentation, au cours des vingt dernières années, du nombre de fragments de céramiques et d’amphores grecques du Hallstatt D : à gauche, sur la zone des “résidences princières” ; à droite, sur le site de Lyon “Vaise”.

Avec les importations grecques et étrusques, on ne perçoit très probablement que la partie appréhendable aujourd’hui des échanges interculturels. La répartition de ce qui a été conservé, retrouvé et publié montre qu’elles aboutissaient de préférence, d’une part dans les établissements les plus importants au plan politique et même entre les mains des élites suprêmes qui les emportaient jusque dans leur tombe, et d’autre part dans les établissements-relais situés sur des carrefours hydrographiques : Lyon près du confluent de la Saône et du Rhône, Bragny sur celui du Doubs et de la Saône. Ces cadeaux diplomatiques supposaient sans doute des contreparties plus que rentables justifiant l’investissement très coûteux et risqué qu’impliquait, forcément, l’envoi de caravanes. Toutefois, même en tenant compte de la large répartition et du nombre relativement important de ces cadeaux, aussi spectaculaires que difficiles à convoyer, ceux-ci n’ont vraisemblablement pas suffi, à eux seuls, pour obtenir des élites indigènes toutes les ressources escomptées.

Cette déduction manque, bien sûr, de données concrètes. Remarquons pourtant que le problème se pose dans les mêmes termes que pour les échanges qu’ont entretenus, à la même époque, les Grecs avec les Thraces ou les Scythes. Bien que beaucoup plus fournies que pour la Celtique nord-alpine, les sources textuelles disent, en effet, ce qui intéressait les Grecs dans ces régions : du blé, du poisson séché, du sel, du miel, du lait, de la viande, des peaux et des esclaves, mais sont beaucoup moins précises sur les contreparties. On s’appuie donc, là aussi, sur les seules découvertes archéologiques d’importations grecques en Thrace ou en Scythie pour penser que les Grecs offraient en échange des bijoux, des objets manufacturés et des céramiques de luxe aux dirigeants indigènes.

Cette imprécision des sources textuelles et matérielles explique le recours précoce aux catégories proposées par Polanyi (1957) pour décrire les types d’économies traditionnelles. Il a distingué trois catégories : l’économie de marché (market economy)l’économie administrée (administrated economy) et l’économie du don (gift economy). Cette dernière s’inspirait, bien entendu, des travaux de Malinowski (1922) et de Mauss (1923-1924) sur les pratiques de don et de contre-don, notamment la kula des îles Trobiand et le potlatch de la côte ouest du Canada. Elle correspondait assez bien aux observations ethnologiques et aux récits des auteurs de l’antiquité. Polanyi (1944) pensait, fondamentalement, que l’instauration d’une économie de marché avait constitué une rupture radicale par rapport à celle du don. L’idée était séduisante, non seulement parce que les oppositions binaires sont simples, donc intellectuellement plus confortables, mais aussi parce qu’elle est apparue à beaucoup, durant la période de décolonisation et de rejet à la fois du capitalisme et du marxisme, comme une troisième voie possible. Une lecture plus attentive des sources anthropologiques et historiques laisse pourtant apparaître que le don ne pouvait être le mode d’échange unique dans les sociétés nettement hiérarchisées qui ont partout précédé l’émergence de l’État. Le don y jouait certes un rôle crucial dans les relations entre les membres de l’élite sociale, en particulier pour les échanges inter-sociétaux, mais la masse des transferts de biens ne s’opérait pas sous cette forme. Cela se discerne bien dans les poèmes homériques ou chez Hésiode, par exemple, comme l’a montré J. Zurbach : “La notion de don au sens maussien est un instrument d’analyse efficace pour un certain nombre de transferts de biens connus dans les poèmes homériques. Il s’agit essentiellement des cadeaux d’hospitalité et des biens matrimoniaux. Dans d’autres cas, le don n’existe pas, ainsi dans le commerce ou entre l’ouvrier agricole et le propriétaire ; et dans d’autres encore, il n’est que l’habillage d’une exploitation souvent violente, ainsi que les modes de prélèvement le montrent” (Zurbach 2010, 78).

Carte des importations grecques et étrusques en France, au nord d’une ligne Grenoble-Périgueux.
Fig. 3. Carte des importations grecques et étrusques en France,
au nord d’une ligne Grenoble-Périgueux.

Dans les relations entre les cités-États étrusques et grecques d’une part, et les entités nord-alpines politiquement autonomes de l’autre, la formule du don et du contre-don reste l’hypothèse nécessaire, mais non suffisante évidemment pour rendre compte de l’ensemble du processus. Les produits méditerranéens importés retrouvés en fouille, aussi spectaculaires soient-ils, n’étaient sans doute pas susceptibles à eux seuls de décider les souverains nord-alpins à fournir les ressources espérées. Il fallait qu’ils trouvent dans ces relations un intérêt bien supérieur. Plusieurs indices paraissent très significatifs à cet égard :

  • La très rentable nouvelle espèce domestique que forment le coq et la poule (œufs et viande) et le savoir-faire nécessaire à leur élevage, apparaissent précisément en contexte princier au nord des Alpes.
  • La nouvelle boisson alcoolisée qu’est le vin se perçoit dans le même contexte à travers les fragments d’amphores ; la vigne ayant peut-être même fait l’objet de tentatives de plantations, suggérées par des pépins de raisin, tôt mises en échec par la péjoration climatique survenue dans la seconde moitié du Ve s. a.C.
  • Les transferts de technologie comme le tour de potier, apparu sur la plupart des “résidences princières”, ou les remparts de briques crues de la Heuneburg et de Vix, représentent deux techniques exigeant une logistique que seules des organisations sociales très complexes étaient en mesure d’entretenir.
  • Et, peut-être surtout, les savoirs que les Grecs, grands navigateurs et relais des avancées réalisées plus tôt au Proche et Moyen-Orient, avaient sur le monde, ont forcément été prisés par les élites nord-alpines. Ces connaissances touchaient à des domaines cruciaux: stratégies militaires, observations astronomiques, réflexions philosophiques, œuvres mythologiques et représentations figuratives subséquentes (les développements de l’art celtique s’avèrent, en tout cas, sans ambigüité à cet égard) (Brun & Ruby 2008).

L’importance réelle de ces indices a été sous-estimée en raison du déclin de la complexité organisationnelle subie par ces sociétés au milieu du Ve s. a.C. Cet effondrement a logiquement affecté la plupart de ces apports à des degrés divers, en particulier en termes de visibilité archéologique. La poule et le tour, apparus d’abord dans les centres “princiers”, se sont fortement raréfiés. L’approvisionnement en vin a cessé ; les amphores ont en effet disparu très vite pour ne réapparaître à cette latitude qu’au IIe s. a.C.

Par ailleurs, la construction du rempart de type méditerranéen suppose un maître d’œuvre très expérimenté, mais surtout un entretien plus constant, donc coûteux, qu’un rempart de tradition locale. On tendait à considérer le fameux exemplaire de la Heuneburg comme un cas unique, on sait depuis peu qu’un rempart du même type a existé à Vix (Chaume 2020, 2021 ; Chaume et al. 2021), mais cette rareté, pour importante à souligner qu’elle soit, ne doit pas masquer le fait que les fouilles soignées de remparts restent beaucoup trop limitées pour affirmer que cette technique a peu été usitée. À cela s’ajoute le fait que l’on a abandonné l’occupation de sites de hauteur fortifiés dans toute cette zone au même moment. Même si le transfert technologique avait réussi, il n’aurait pas pu faire souche. Les autres connaissances qui ont dû séduire, pensons-nous, les élites nord-alpines sont, bien entendu, difficiles à estimer pour des sociétés qui n’ont laissé aucun texte, hormis les emprunts évidents des motifs orientalisants relayés par les Grecs et les Étrusques dans l’art celtique.

Il convient en somme, non pas de se dresser contre le don, en jetant le bébé avec l’eau du bain, mais de le concevoir dans un contexte global, sans télescoper les différentes échelles de fonctionnement des échanges. Les échanges de dons sont les indispensables clés diplomatiques et politiques pour obtenir l’agrément des gouvernants. Cela apparaît clairement chez Homère, mais aussi chez Hérodote : 

“Lorsque les Ichthyophages furent arrivés d’Éléphantine, Cambyse leur donna ses ordres sur ce qu’ils devaient dire, et les envoya en Éthiopie avec des présents pour le roi. Ils consistaient en un habit de pourpre, un collier d’or, des bracelets, un vase d’albâtre plein de parfums et une barrique de vin de palmier. (…) Les Ichthyophages, étant arrivés chez ces peuples, offrirent leurs présents au roi, et lui parlèrent ainsi : ‘Cambyse, roi des Perses, qui désire ton amitié et ton alliance, nous a envoyés pour en conférer avec toi : il t’offre ces présents, dont l’usage le flatte le plus.’”. (Hérodote, Histoire, 3.20-21). 

Pour un domaine plus proche encore de notre sujet puisqu’il concerne les Phocéens, l’historien grec du Ve s. a.C. a écrit :

“Les Phocéens sont les premiers chez les Grecs qui aient entrepris de longs voyages sur mer, et qui aient fait connaître la mer Adriatique, la Tyrrhénie, l’Ibérie et Tartessos (…). Étant arrivés à Tartessos, ils se rendirent agréables à Arganthonios, roi des Tartessiens (…). Les Phocéens surent tellement se faire aimer de ce prince, qu’il voulut d’abord les porter à quitter l’Ionie pour venir s’établir dans l’endroit de son pays qui leur plairait le plus ; mais, n’ayant pu les y engager, et ayant dans la suite appris d’eux que les forces de Crésus allaient toujours en augmentant, il leur donna une somme d’argent pour entourer leur ville de murailles. Cette somme devait être considérable, puisque l’enceinte de leurs murs est d’une vaste étendue, toute de grandes pierres jointes avec art. C’est ainsi que le mur des Phocéens fut bâti.” (Hérodote, Histoire, 1.163). 

Il laisse ainsi évaluer la portée de la part affective (“se faire aimer”), immatérielle, de ces relations, et de ses retombées très concrètes, quoi qu’il en soit.

Tentons, dès lors, de préciser le plus possible le système de relations et d’échanges entre le dirigeant d’une entité politique de la zone des “résidences princières” et une cité-État grecque ou étrusque, en distinguant les principaux partenaires non seulement extérieurs, mais aussi intérieurs (Fig. 4). Les entités politiques en question, appelées couramment “principautés” pour ne pas rompre avec la tradition, correspondent à la chefferie complexe de la typologie sociale de Johnson et Earle (1987). Le chef souverain de ces vastes territoires politiquement autonomes d’une cinquantaine de kilomètres de rayon résidait sur un site de hauteur fortifié à proximité duquel s’élevaient les tertres funéraires monumentaux des membres de sa dynastie. Il exerçait son pouvoir sur un territoire dont la superficie nécessitait qu’il disposât de chefs subalternes dans les secteurs plus éloignés, probablement les dirigeants des anciennes chefferies simples qui s’étaient fédérées pour former un ensemble plus puissant. Il recevait des caravanes dont les armateurs étaient des Grecs ou des Étrusques qui chargeaient des convoyeurs d’établir et d’entretenir les relations en offrant des vaisselles de luxe, du vin, du corail et des connaissances (informations, conseils, distractions, etc.). Le souverain accédait, de la sorte, à leurs souhaits par des contre-dons au premier rang desquels, probablement, des métaux (étain, cuivre, or, mais aussi fer de bonne qualité) et des esclaves, ainsi vraisemblablement que des peaux, des fourrures, des salaisons, du miel ; toutes choses de forte valeur ajoutée, se conservant longtemps et assez faciles à transporter sur de longues distances, des chemins tortueux et des cours d’eau irréguliers. Des établissements relais commerciaux se sont développés dans les vallées, à proximité des confluences majeures pour ce trafic sud-nord et nord-sud. C’est sur de tels sites, placés, bien entendu, sous l’autorité du souverain, que l’on trouve la grosse majorité des amphores : 932 à 1400 fr. à Bragny (Sacchetti 2015), 4900 à Lyon (Carrara et al. 2021), alors qu’ils demeurent moins abondants sur les centres de pouvoir eux-mêmes ; peut-être parce que ces contenants étaient plus difficiles à transporter par voie terrestre, le contenu étant, par conséquent, transvasé en majorité dans des outres pour franchir les lignes de crête et parvenir aux centres fortifiés (Sacchetti & Isoardi 2017 ; Sacchetti 2021).

Schéma du système de relations et d’échanges entre une chefferie complexe et une cité-État grecque ou étrusque.
Fig. 4. Schéma du système de relations et d’échanges entre une chefferie complexe et une cité-État grecque ou étrusque.

Pour satisfaire ses précieux partenaires au sein de ces réseaux “internationaux”, le souverain se tournait vers ses subalternes, vers ses homologues des autres chefferies complexes et vers les leaders de chefferies simples situées plus au nord-ouest. Selon les cas, les modalités d’échanges étaient évidemment différentes. Vis-à-vis de ses subalternes, le souverain procédait à la redistribution que son rôle impliquait, mais celle-ci comportait peu d’importations méditerranéennes : uniquement des parures de facture locale, parfois réhaussées de matières exotiques. Pour obtenir des vassaux les ressources nécessaires aux contre-dons destinés aux Méditerranéens, il percevait  des tributs et des taxes, et prélevait une partie des productions du terroir. En raison de la distance, on peut exclure le blé, le bois ou le bétail, produits que seuls, probablement, les Scythes peu éloignés des côtes livraient aux Grecs des comptoirs de la Mer Noire.

Les relations entretenues avec les souverains des autres chefferies complexes qui appartenaient à la même grande province culturelle oscillaient probablement entre l’alliance, fondée sur la pratique du don et du contre-don qui s’étendait souvent dans des cas analogues à des échanges matrimoniaux, et le conflit.

Pour les chefferies simples, l’accès aux biens d’origine méditerranéenne passait par le souverain de la chefferie complexe ; ce dernier, procédait comme avec ses homologues, bien que d’une manière, probablement, moins regardante sur les moyens. Les éléments qui alimentaient les échanges avec les cités-États étaient logiquement à peu près les mêmes avec une préférence plus marquée encore pour les esclaves et les métaux des massifs anciens : nord-ouest du Massif central, massif armoricain et massif schisteux rhénan. Les moyens pour se les procurer étaient peut-être aussi plus fréquemment de l’ordre des raids guerriers. Les chefs de cette périphérie nord-occidentale recevaient, en guise de dons, des objets manufacturés, parures et armes, fabriqués par des artisans métallurgistes de la cour des souverains des chefferies complexes.

Conclusion

Le modèle des échanges tel que nous venons de l’exposer tient compte des données disponibles, dans un souci de parcimonie des hypothèses. Il met plus particulièrement l’accent sur deux aspects insuffisamment soulignés dans le passé. Il s’agit d’abord de la complémentarité de différentes pratiques d’échanges et d’approvisionnement, même si le modèle du don se confirme comme étant une condition sine qua non de ces interactions transculturelles et entre entités politiques de niveaux inégaux de complexité organisationnelle. C’est ensuite l’importance sans doute très minorée des connaissances acquises de cette manière par les élites de sociétés continentales plus enclavées que celles des côtes maritimes et éloignées de la zone la plus développée techniquement, économiquement, politiquement et militairement de l’Eurasie occidentale. Ces connaissances ont probablement été très attractives en apportant des savoir-faire plus performants dans divers domaines d’activité, mais aussi en donnant à percevoir un monde beaucoup plus vaste, divers, inattendu et ouvrant, par conséquent, sur des rêves d’exploration, de conquête, de dépassement de soi.

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ISBN html : 978-2-35613-382-3
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Article de colloque
Posté le 20/07/2021
EAN html : 9782356133823
ISBN html : 978-2-35613-382-3
ISBN livre papier : 978-2-35613-360-1
ISBN pdf : 978-2-35613-359-5
ISSN : 2741-1508
15 p.
Code CLIL : 4117 ; 3385
licence CC by SA

Comment citer

Brun, Patrice, Chaume, Bruno, “Signification sociale et implications des importations grecques et étrusques pour les sociétés ‘princières’ nord-alpines du Premier âge du Fer”, in : Brun, Patrice, Chaume, Bruno, Sacchetti, Federica, éd., Vix et le phénomène princier, Actes du colloque de Châtillon-sur-Seine, 2016, Pessac, Ausonius éditions, collection DAN@ 5, 2021, 337-352, [en ligne] https://una-editions.fr/signification-des-importations-grecques-et-etrusques-pour-les-societes-princieres [consulté le 23 juillet 2021].
doi.org/10.46608/DANA5.9782356133823.20
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Illustration de couverture • Vix en 3D (©Jochen Stuhrmann, Hambourg) ; Char de Vix (©Jochen Stuhrmann, Hambourg).
Publié le 20/07/2021
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