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Le “phénomène princier” et les importations méditerranéennes entre approches théoriques et données archéologiques : essai de modélisation des contacts à longue distance dans l’intérieur européen

par

Ce n’est pas parce qu’un instrument d’analyse n’existe pas à une époque donnée qu’on doit se priver de l’utiliser : autant vaudrait renoncer à toute étude scientifique.
(Bresson 2008, 141)

Avec la théorisation de W. Kimmig en 1969 le “phénomène princier” allait naître et avec lui un débat controversé qui a concerné tant la complexité des sociétés du Premier âge du Fer européen, que la signification des importations méditerranéennes qui en partie le caractérisent1. L’ensemble des spécialistes de la Protohistoire européenne considère qu’il importe de progresser dans la connaissance des échanges qui ont caractérisé cette phase historique en gagnant en précision dans l’acquisition et l’analyse des données archéologiques. Depuis quelques années, la disponibilité d’une quantité grandissante de données, par le développement d’importants programmes de recherche et l’accroissement de l’action de l’archéologie préventive, permet d’apporter des réponses, ou pour le moins des précisions, à certains questionnements, par exemple par une quantification plus précise des objets, ou par des études sur des séries plus larges et étendues à l’échelle d’un territoire donné, ou encore par une meilleure détermination de l’origine des produits grâce à l’affinement des recherches spécialisées et le recours à des méthodes d’analyse empruntées aux sciences dures. Toutefois, certaines interrogations (comme l’ensemble des biens impliqués et les formes prises par l’échange) demeurent toujours sans réponses précises et, compte tenu de leur complexité et de l’invisibilité pour l’archéologie d’une partie des données ou des aspects historiques qui devraient apporter ces réponses, force est de se demander si elles peuvent être appréhendées de manière exhaustive par les outils traditionnels de cette science.

Afin de faire avancer la question cet essai de modélisation souhaite repousser les limites de la méthode empirico-inductive fondement de la science archéologique en intégrant dans le débat une méthode hypothético-déductive.

Il ne sera sans doute pas inutile de rappeler qu’un modèle est un outil de compréhension des phénomènes et des concepts. Il ne prétend pas expliquer de manière accomplie la réalité historique. Au contraire, il constitue une représentation simplifiée et provisoire de toute ou partie de cette réalité. Le recours à ce type d’outil intellectuel permet alors d’accéder à une compréhension partielle, et d’un niveau d’approximation le plus satisfaisant possible, d’un phénomène complexe dont un certain nombre de composantes, par leur propre nature, demeurent inaccessibles.

Comme tout modèle théorique, cette proposition repose sur l’observation de données factuelles et prouvées par l’application de la méthode empirique de l’archéologie, mais partielles, limitées à une catégorie d’importations choisie en tant que partie observable d’une réalité plus globale. Cette catégorie, représentée en l’occurrence par les amphores de transport, a été choisie parce que les données issues de son analyse récente sont vérifiées et ont été obtenues par une étude directe de l’ensemble de la série, rigoureuse quant à l’application d’une unique méthodologie et étendue à l’ensemble du domaine nord-alpin sur la longue durée (du Ha D1 au La Tène A). Il s’agit d’un test d’application qui pourra être reproduit sur l’ensemble des catégories observables par l’archéologie, en premier lieu les céramiques importées contemporaines de ces amphores. L’application de cette méthode à cet ensemble mobilier permettra de disposer d’un corpus de données vérifiées plus important, mais nécessite l’implication d’une équipe pluridisciplinaire et la mise en œuvre d’un programme conséquent. Cette démarche rassemblant plusieurs chercheurs est en cours sous la forme d’un focus sur la moyenne vallée du Rhône.

Un probable système de contacts composé : contact diplomatique et contact économique “à longue distance”

En prolongeant les résultats principaux des synthèses archéologiques et des analyses théoriques au sujet des relations entre sociétés méditerranéennes et non méditerranéennes, en premier lieu celle extrêmement poussée de C. Pare, qui se situe dans la continuité de K. Polanyi et de C. Renfrew2, cet article propose de mettre en évidence que nous sommes face non à un phénomène homogène de contact inter-sociétale mais à deux types de contacts, distincts bien que liés, voire, compte tenu de leur imbrication, composés. Une grande partie des critiques avancées à la question des relations entre le Nord et le Sud au premier âge du Fer et des positions parfois très discordantes qui en résultent, reposent sans doute sur le fait de ne pas avoir bien discriminé les deux types de contacts. Il ne sera alors pas superflu de préciser les termes de la question.

La circulation de mobilier métallique (récipients et parures prestigieux d’origine étrusco-italique et, en moindre mesure, grecque) d’une part, et le commerce de produits autres (de première nécessité souvent périssables) parfois accompagnés par des céramiques (comme il est possible de l’observer régulièrement dans les cargaisons complètes des épaves) d’autre part, reflètent l’existence de deux types de contacts qui constituent les composantes d’un seul système. Ces composantes peuvent être synthétisées de la manière suivante (Fig.  1).

Les deux types de contacts à longue distance entretenus entre l’espace méditerranéen et l’espace européen intérieur au Premier âge du Fer. Ils constituent un “système de contacts composé”.
Fig. 1. Les deux types de contacts à longue distance entretenus entre l’espace méditerranéen
et l’espace européen intérieur au premier âge du Fer. Ils constituent un “système de contacts composé”.
  • Composante A du système. La première composante est propre à des relations diplomatiques établies dès le Ha C, phase des premières présences d’objets métalliques d’origine méditerranéenne3, et puis entretenues dans le temps à l’échelle des élites. Pour l’expliquer il a été fait appel à la notion économique de “don et de contre-don” comme forme de contrat social4.

Selon certains auteurs le mode de transmission des biens pourrait être celui de proche en proche, réalisé par étapes et par transferts respectant les limites territoriales des groupes ethnico-culturels5, mais la plupart des auteurs s’accorde, à juste titre, sur un mode de transmission de type direct, réalisé sur la longue distance, résultat de contacts personnels entre les élites à finalité diplomatique6.

  • Composante B du système. L’autre composante est liée à une nécessité vitale, de subsistance (obtention de biens de première nécessité). Elle est propre à des relations utilitaires, d’ordre économique et commercial. D’abords profitables aux promoteurs du contact, selon l’échelle des opérations et notamment si elles impliquent la redistribution de la part de l’élite locale, elles peuvent le devenir pour une plus large partie de la société.

Le première composante du contact (A), dont l’archéologie peut rendre compte grâce à la nature non périssable des indicateurs (mobilier métallique et de prestige), constitue pour C. Pare la partie émergée de l’iceberg des relations sud-nord7. Par un contrôle constant et centralisé de la part du pouvoir dominant, de type étatique d’un côté et sans doute du type de la “chefferie complexe” de l’autre8, elle a permis la liaison entre les sociétés et les groupes et préparé puis maintenu les conditions politiques et sociétales nécessaires à l’établissement de la seconde composante du contact.

Cette seconde composante (B), est plus difficile à appréhender dans sa globalité à cause de la complexité de ses indicateurs et est presque invisible pour la science archéologique car elle concerne en grande partie des biens périssables ou consommables. Elle devient plus visible grâce à un nombre limité de marqueurs représentés par des contenants non périssables de certains produits de première nécessité (comme les amphores et les dolia) et par des céramiques d’accompagnement. Ce type de contact est introduit puis assuré dans le temps par l’établissement du premier type de contact.

L’un et l’autre participent d’un tout unique, l’échange utilitaire, économique et commercial, étant la ou une des finalités du contact diplomatique. Puisqu’ils sont simultanés et interdépendants, ils peuvent être définis comme une forme composée de don et d’échange, dont l’existence a été récemment formalisée par l’anthropologie sociale suivant la tradition d’A. Testart dans sa critique du don9.

Dans le cas de l’Europe centre-occidentale, la pratique du don et du contre-don diplomatiques, sans doute dans un cadre cérémoniel marqué par la consommation de boissons alcoolisées, devait servir à créer la liaison inter-sociétale ou à en renforcer une déjà existante. Grâce aux alliances ainsi nouées, à ces “contrats” plus ou moins formels, établis au départ aux frontières culturelles et territoriales, les échanges de denrées de première nécessité pouvaient être organisés sur la longue distance. Ce type de contact diplomatique avec laMéditerranée est en place dans le domaine nord-alpin dès le VIIe s. a.C. Il reflète indirectement l’existence, dès cette phase (Ha C), d’un contact à finalité économique.

Entre la deuxième moitié du VIe et le Ve s. a.C. (extrême fin du Ha D1-Ha D3), au moment du développement du phénomène princier, on assiste pour la première fois à l’augmentation de la visibilité de la deuxième composante du contact. Elle est rendue perceptible pour l’archéologie par l’apparition de nouveaux indicateurs, comme les amphores et les céramiques, biens impérissables qui accompagnent un échange globalement “plus massif” de biens périssables ou consommables et témoignent de courants commerciaux plus importants par voie terrestre10.

Pour atteindre un niveau d’organisation suffisant pour mobiliser des volumes et des moyens plus importants sur la longue distance par voies intérieures, deux conditions venant des deux partenaires du système ont dû être réunies, et elles l’ont été autour du milieu du VIe a.C. :

une concentration marquée du pouvoir politique, territorial et économique de certaines élites hallstattiennes, nécessaire pour exploiter et mobiliser de manière collective les ressources naturelles et humaines d’un vaste territoire et rendre disponibles à l’échange le surplus de produits12. Un facteur économique (une capacité de production accrue à la fin de l’Archaïsme) et un facteur politique (le nouvel équilibre établi en Méditerranée occidentale suite à la bataille d’Alalia, vers 540 a.C.)13 concomitants ont été les bases pour ce changement d’orientation du commerce grec également vers des zones de l’intérieur très éloignées des côtes, parmi lesquelles le domaine nord-alpin14.

Le commerce méditerranéen, grec et étrusque, entre le Ha C et la fin du Ha D1 reposait probablement sur une initiative individuelle et indépendante (sous la forme de la préxis aristocratique de type homérique). Dans ces conditions, le volume et les types de marchandises pouvant être mobilisés étaient limités. L’effort logistique et économique indispensable pour atteindre la longue distance par voie terrestre nécessitait des investissements trop importants même pour les individus les plus riches. Les traces archéologiques de cet échange, plus réduit, sont donc plus faibles.

La nouvelle forme d’organisation assumée par l’initiative commerciale méditerranéenne vers 540 a.C., avec le partage de zones de contrôle maritime, est en revanche de type collectif et administré. Elle est promue par un groupe qui, sous l’égide d’une autorité commune (comme dans le cas de la cité-état de Massalia), est en capacité de structurer un complexe réseau territorial d’acheminement pour pouvoir atteindre la longue distance par voies intérieures. La stabilité des itinéraires sera aussi assurée, plus tard, par la création de comptoirs (comme à Lyon “Vaise”)15, sur le modèle de l’emporía méditerranéenne mais pratiquée à l’intérieur. Grâce à la mobilisation d’un volume plus important de biens et d’une variété plus grande de marchandises, cette nouvelle organisation a, à la fois augmenté le profit des groupes au pouvoir, et étendu le bénéfice du contact au plus grand nombre grâce à la redistribution de la part des élites (Fig.  2).

Visibilité par l’archéologie de l’une et de l’autre composante du système de contacts composé. La composante B est moins lisible lorsque le volume des échanges est moindre. C’était le cas avant 540 a.C. env.
Fig. 2. Visibilité par l’archéologie de l’une et de l’autre composante du système de contacts composé.
La composante B est moins lisible lorsque le volume des échanges est moindre. C’était le cas avant 540 a.C. env.

Le besoin, cause première de la connectivité à longue distance

Déjà le Pseudo-Xénophon (Constitution des Athéniens, 2.11-13), vers 420 a.C., puis Isocrate (Panégyrique, 4.42) et Platon (La République, 2.11.369b-370e), vers 380 a.C., soulignent que les facteurs essentiels du commerce à longue distance sont l’inégalité de distribution des ressources naturelles et le besoin qui en découle.  Les penseurs de l’Antiquité grecque devancent ainsi la position qui sera celle des mercantilistes de l’âge moderne16, des théoriciens de l’avantage du commerce international17 et des défenseurs de la théorie des avantages comparatifs18, théorie qui depuis sa formalisation n’a jamais pu être démentie. Tous ces théoriciens mettent l’accent sur l’intérêt de chaque partenaire à l’échange “international” dans tous les cas, même dans le cas extrême de plus faible productivité d’un des partenaires pour tous les produits qu’il est susceptible d’offrir.

À ces considérations sur l’intérêt de l’échange international quelle que soit la condition de départ des systèmes productifs impliqués, il conviendra d’ajouter une réflexion ultérieure sur l’instabilité des économies productives de la Protohistoire et du début de l’Antiquité. Les conditions écologiques, notamment l’instabilité climatique dans le temps, ainsi que les techniques de production de l’époque, ne permettaient pas d’assurer un niveau de production permettant de subvenir de manière régulière aux besoins de la population19.

Dans cette situation de besoin intrinsèque et d’instabilité périodique, chaque région se trouvait de ce fait, à tour de rôle, en situation de déficit, ce qui l’obligeait à trouver temporairement à l’extérieur les ressources lui permettant de subsister20.

Cette propension obligée à la communication est ce que P. Horder et N. Purcell définissent comme “connectivité”21. Selon A. Bresson, alors l’économie de l’Antiquité grecque, de la fin de l’Archaïsme et de l’époque classique, était une économie où la connectivité était généralisée et couvrait aussi toutes les formes d’échange : des produits plus modestes échangés à l’échelle micro-régionale jusqu’aux plus lointains échangés à travers la Méditerranée22. Cette approche systémique a été proposée pour la première fois par P. Brun par l’application du modèle de l’économie-monde aux sociétés du Premier âge du Fer23.

La complexité du besoin et de la dépendance réciproque

Admettant que le contact à longue distance soit stimulé principalement par le manque, qui est le facteur déterminant du besoin, la définition de ce qui est le propre du manque et du besoin n’est pas pour autant absolue. Au contraire, elle est relative au niveau social puisque la demande des couches populaires porte surtout sur les produits de première nécessité et celle des élites également sur les produits de luxe24.

De ce fait, le manque-besoin peut être défini comme un phénomène complexe, qui dépasse le simple échange de produits différents et se traduit par la demande extérieure globale d’une entité institutionnelle (cité-état ou chefferie complexe), ou plus généralement d’une société. De ce fait, il implique l’absence ou la pénurie de différents types de “biens” : produits bruts et de première nécessité, objets finis et de luxe, mais aussi services et alliances politiques qui permettent l’obtention d’avantages économiques.

C’est dans un souci de prendre en compte l’ensemble des besoins constituant le moteur de l’échange à longue distance, que des biens “non mesurables” par la recherche archéologique seront ici considérés à côté des biens “mesurables”.

Les termes de l’échange à longue distance : des catégories empiriques aux catégories conceptuelles de biens échangés

Si l’idée d’une dépendance réciproque des sociétés méditerranéennes et non méditerranéennes est retenue, et de ce fait la notion de l’intérêt mutuel de l’échange en fonction de plusieurs niveaux de besoin, quelles sont les demandes et les contreparties avérées de cet échange, puisqu’attestées par l’archéologie ? Quelles sont celles potentielles, quoiqu’invisibles par l’archéologie, puisque correspondant à un besoin vraisemblable et en mesure de provoquer l’échange “international” ?

Il est bien connu que les biens impliqués de manière avérée, du côté des sociétés méditerranéennes, sont les produits finis issus de l’artisanat céramique et des métaux. Ces produits, de haute ou moyenne qualité, ont amené la recherche à se concentrer dès le début sur leur statut de biens de prestige et de cadeaux diplomatiques. Toutefois, si la possible valeur de cadeau diplomatique d’une pièce comme le cratère de Vix, ou des premières et plus isolées importations de bronzes, notamment étrusques et italiques, peut être envisagée, il faudrait s’interroger sur la vraisemblance d’une telle interprétation vis-à-vis de produits de moyenne qualité, voire courants, qui constituent en fin des comptes le gros des produits importés recensés sur les sites hallstattiens des VIe et Ve s. a.C.

Plus récemment la présence d’autres produits d’échange a été mise en évidence par une étude plus poussée et globale des amphores commerciales grecques et étrusques de l’intérieur européen. Ces produits n’avaient pas complètement retenu l’attention des chercheurs qui se sont intéressés au phénomène princier.

La première raison à ce manque d’intérêt repose sans doute sur leur nature de “biens de non prestige”. Aussi vite associées au vin, les amphores ont été reliées à la pratique sociale de la consommation collective de boissons psychotropes et dépouillées de tout intérêt économique. N’ayant fait l’objet d’aucune quantification, datation et détermination typologique, elles avaient été interprétées par certains auteurs comme des arrivages ponctuels et expliqués par une circulation aléatoire et une transmission de proche en proche depuis Marseille jusqu’aux sites plus reculés de l’Europe centre-occidentale.

Une autre raison qui peut être évoquée est que la spécialisation demandée par leur étude, déjà rare parmi les protohistoriens de la Méditerranée et les antiquisants, n’est pas répandue chez les spécialistes de la Protohistoire européenne. Des essais de synthèse avaient été réalisés à partir de l’étude de la documentation des sites de Châtillon-sur-Glane25 et de la Heuneburg26. Toutefois l’analyse qui avait été effectuée sur l’ensemble des sites du complexe nord-alpin n’était pas directe et était de ce fait imprécise.

L’étude spécialisée qui a été réalisée depuis, menée de manière directe sur chacun des sites concernés du domaine nord-alpin, a précisé les quantifications, les déterminations typologiques et des lieux de production ainsi que les datations. Comme il sera détaillé plus loin, elle a permis de modifier entièrement la perspective de ces importations (cf. infra et Fig.  6, 7, 8, 9).

Concernant les produits transportés dans ces contenants, bien qu’il soit normalement admis qu’il s’agit de vin, la présence d’autres substances est loin d’être exclue. Les sources littéraires, les découvertes de l’archéologie sous-marine et plus en général des contextes humides ou anaérobiques, confirment une pluralité d’utilisations des amphores des périodes archaïques, et cela dès leur première utilisation. Loin du système de production de type préindustriel qui sera celui de l’économie romaine, la production du monde méditerranéen archaïque, où l’augmentation du volume des produits mobilisés justifie depuis peu un éloignement des circuits traditionnels côtiers, ne pouvait pas être suffisamment rentable pour justifier l’utilisation d’un contenant spécifique à chaque production au sein d’un même territoire. En d’autres termes, si la célèbre équivalence forme de l’amphore-produit transporté de M. Gras est valable pour l’économie romaine, elle est sans doute difficilement applicable à l’économie grecque ou étrusque archaïque27. L’application de plus en plus extensive de l’archéologie biomoléculaire28 confirme du moins une utilisation polyvalente de l’amphore archaïque une fois introduite dans le circuit commercial. Les produits issus de l’exploitation des ressources ichtyologiques (poissons et coquillages), forestières (résine et poix) et des arbres fruitiers (vin et huile mais aussi olives, raisin et fruits secs) sont attestés grâce à des témoins archéologiques, archéométriques et littéraires et, contrairement aux idées reçues, ils pouvaient être transportés dans un même type d’amphore.

Le problème des produits contenus dans les amphores, produits de nature consommable et dégradable, rappelle qu’il est indispensable de considérer qu’à côté d’objets finis de nature pérenne, des biens périssables ou consommables, et de ce fait non mesurables, doivent avoir été également impliqués dans ce système d’échange à longue distance.

Du côté de la Méditerranée les céréales, tant de la Plaine du Pô que du Midi de la France, pourraient par exemple entrer en ligne de compte.

Pour le domaine nord alpin bien sûr, comme plusieurs auteurs l’ont dit, l’étain atlantique peut être évoqué à titre d’hypothèse, mais aussi le sel gemme du Jura, les ressources forestières de l’ensemble de la région tempérée, le bétail et produits dérivés (cuirs et tissus) et les esclaves (Fig.  3).

Les potentielles “catégories empiriques” de l’échange entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au premier âge du Fer.
Fig. 3. Les potentielles “catégories empiriques” de l’échange entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au premier âge du Fer.

La possible circulation d’autres produits qui n’auraient pas laissé de trace a été bien sûr évoquée à plusieurs reprises29, mais faute de démontrabilité, puisque pour les relations entre la Méditerranée et le domaine nord-alpin ils manquent autant les traces archéologiques que les textes, cette possibilité n’a jamais vraiment été développée et formalisée dans un système.  Même C. Pare, qui avait bien mis en avant en l’argumentant l’argent du sud-est de l’Espagne, l’or et l’argent des Balkans et les céréales de l’Étrurie padane comme possibles contreparties au commerce grec à longue distance dans ces autres régions de l’intérieur, avait renoncé à préciser la question au sujet du domaine nord-alpin. “Il est souvent impossible ou extrêmement difficile d’identifier l’objectif du commerce grec avec l’intérieur européen. Cependant, dans la péninsule balkanique, le sud-est de l’Espagne et la Plaine du Pô nous pouvons suggérer les produits dont il s’agit, c’est-à-dire le grain et les métaux précieux” (Pare 1997, 272).

Face aux limites de la recherche archéologique à l’égard de ce qui ne s’est pas conservé et n’a pas été confié à la tradition littéraire, deux solutions se présentent : soit on se limite à l’approche traditionnelle basée sur la méthode de la classification typologique rigoureuse des données de terrain et on renonce de fait à la réflexion sur les relations entre la Méditerranée et l’Europe en tant que phénomène de contact complexe, soit on change de perspective et d’outils de réflexion faisant appel à une méthode mixte, capable d’intégrer les données existantes et celles hypothétiques.

Dans ce cas, le problème de la nature précise d’une partie des produits impliqués dans l’échange, soit des catégories empiriques, devra être mis temporairement de côté à la faveur d’une analyse, insatisfaisante sans doute mais devenue possible, par catégories conceptuelles. Quatre catégories conceptuelles de biens potentiellement concernés peuvent être définies (Fig.  4).

Les quatre “catégories conceptuelles” de biens échangés entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au Premier âge du Fer.
Fig. 4. Les quatre “catégories conceptuelles” de biens échangés entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au Premier âge du Fer.
  • Biens durables en tant que tels (cat. 1). Ce sont des biens qui ne se consomment pas en une seule utilisation ou rapidement mais dont l’utilité se maintient dans le temps. La matière dont ils sont constitués en permet la conservation à long terme. Il s’agit des objets finis, pour lesquels, faisant appel à la célèbre définition de “vases-marchandises”30 on pourrait parler d’“objets-marchandises”.
  • Biens consommables mais transportés dans des contenants durables (cat. 2). Les biens qui peuvent être consommés, alimentaires ou pas mais dans tous les cas périssables, dont les vases-récipients, comme amphores de transport et dolia, constituent les marqueurs archéologiques indirects.
  • Biens consommables (cat. 3). Les biens qui peuvent être consommés, détruits ou dénaturés par l’usage qui en est fait. Telles sont les ressources naturelles, minérales (minerais, métaux bruts, sel gemme, et tout produit tiré du sol) et biologiques (forêts, pêcherie, bétail, espèces végétales spontanées)31 ; les produits issus de leur transformation (produits agricoles, viande, peaux, laine, conserves de poisson).
  • Biens immatériels (cat. 4). Ces biens concernent la mise à disposition d’une capacité technique ou intellectuelle. Rentrent dans cette catégorie les “services” dus à l’activité des hommes libres ou des entités politiques mais aussi les accords et alliances permettant l’obtention d’avantages économiques. L’énergie produite par le travail des esclaves, des “outils animés” d’après la définition d’Aristote (Éthique à Nicomaque, VI, chap. VIII-XIII), pourrait également rentrer dans cette catégorie.

Des biens-mesurables et des biens-non mesurables : le modèle pyramidal des échanges

De ces catégories, seule la première est mesurable directement par l’archéologie, la deuxième l’est indirectement, et les deux dernières sont plus rarement ou pas du tout quantifiables.

Sans rentrer dans le complexe débat des économistes (se partageant entre primitivistes et modernistes) relatif à l’économie du monde archaïque32, pour évaluer l’importance de chacune de ces catégories dans le volume global de l’échange, nous partirons du postulat de base que dans tout système économique, primitif, archaïque ou moderne, la nécessité première d’une société consiste en l’approvisionnement de ce qui est nécessaire à la vie, ce que les Grecs appelaient le bíotos. Pour un historien et théoricien politique d’époque hellénistique comme Polybe (4.38.4-5), les besoins indispensables de l’existence sont assurés par le bétail et les esclaves. Le reste appartiendrait au superflu33.

Dans notre approche le bíotos correspond aux catégories des biens consommables, des biens non tangibles et, en moindre mesure, des biens consommables transportés dans des contenants durables (catégories 2 à 4).

Les biens durables, que j’ai appelés aussi produits finis ou objets-marchandises, ne sont alors que des objets de complément et de ce fait des épiphénomènes par rapport au besoin principal qui pousse au contact à longue distance. Il suffit de se retourner vers les contextes sous-marins, qui permettent de pousser les limites d’accessibilité de l’archéologie, pour vérifier que la céramique, qui est pourtant considérée comme un marqueur si important dans les contextes terrestres, ne constitue jamais la partie majeure de la cargaison d’un bateau commercial mais plutôt un simple “accompagnement” de la cargaison principale34. Pourquoi n’en serait-il pas de même dans le cas du commerce terrestre ?

Il est vraisemblable que les catégories de 2 à 4 ont constitué la grande majorité des biens échangés entre sociétés méditerranéennes et celles non méditerranéennes, alors que les objets-marchandises seulement une partie marginale des échanges.

Faisant appel à la métaphore symbolique de l’iceberg déjà évoquée par C. Pare, cette approche peut être restituée sous la forme d’un modèle pyramidal (Fig. 5).

Modèle pyramidal des échanges : application de la variable proxy représentée par les produits avérés et quantifiables de l’échange (biens de catégorie 1 et 2).
Fig. 5. Modèle pyramidal des échanges : application de la variable proxy représentée par les produits avérés et quantifiables de l’échange (biens de catégorie 1 et 2).

Les biens durables (catégorie 1) correspondent à l’apex encore visible, appréciable et mesurable de manière directe à travers la quantification des exemplaires conservés.

La base reste “immergée”, puisqu’elle concerne les biens consommables et les biens non tangibles (catégories 3 et 4), non perceptibles et appréciables par la recherche archéologique.

Les biens consommables mais échangés dans des contenants durables (catégorie 2) se trouvent dans une position intermédiaire puisque, d’un côté il demeure possible de les étudier en partie de manière indirecte à travers l’analyse des restes de leurs emballages, mais de l’autre côté il est très probable qu’une partie plus ou moins importante de ces mêmes biens ait été transportée dans des contenants périssables, et qu’elle ne soit donc pas mesurable par l’archéologie.

Le postulat de départ du modèle est qu’une forte augmentation de l’arrivée de produits finis/objets-marchandises méditerranéens et de contenants commerciaux indique une augmentation du volume global des biens échangés entre les sociétés méditerranéennes et non méditerranéennes. La variation du flux des importations méditerranéennes encore observables et quantifiables par l’archéologie (catégories 1 et 2) est ainsi la variable proxy35 de la variation de flux de l’ensemble des demandes et contreparties qui ne sont plus visibles (catégories 3 et 4). Le recours à la notion de variable proxy est légitime puisque, pour qu’une variable puisse être considérée comme une bonne proxy, elle doit avoir une corrélation étroite, non nécessairement linéaire mais simplement positive ou négative, avec la variable inobservable et incommensurable d’intérêt36.

Le recours à la modélisation et à la variable proxy permettent de prendre en compte l’inobservable et d’analyser les fluctuations, dans le temps et dans l’espace, de l’ensemble de ces relations à longue distance. La condition de son application est que les traces archéologiques appréciables soient quantifiées selon une série de paramètres fixes.

La quantification est depuis peu disponible pour les contenants commerciaux non périssables (catégorie 2), l’étude sur les amphores de transport ayant été réalisée sur la totalité du domaine nord-alpin et pour l’ensemble de la période. C’est donc sur les amphores qu’un premier test d’application du modèle a été réalisé. Il ne concerne alors pour le moment qu’une partie des biens visibles des contacts à longue distance. Pour que les résultats puissent être pris en compte dans une analyse plus globale du système des contacts à longue distance, il sera nécessaire de quantifier l’ensemble des biens constituant l’apex de la pyramide, soit la catégorie 1.

L’analyse multivariable et multiscalaire des contacts à longue distance : l’exemple des amphores

L’étude qui a été réalisée sur les amphores et qui permet de les employer dans le modèle peut être définie comme multivariable et multiscalaire puisque, d’une part elle implique plusieurs variables, et d’autre part elle a pour but d’appréhender l’organisation des échanges en les étudiant à différentes échelles : locale (au niveau du site), régionale (au niveau du complexe nord-alpin) et continentale (au niveau de l’espace euro-méditerranéen archaïque).

Les quatre paramètres d’analyse appliqués aux amphores qui peuvent être retenus comme autant de variables à prendre en compte dans l’étude des autres biens mesurables pour qu’ils puissent également être intégrés au modèle sont : le temps ; l’espace ; la quantité ; la distance.

La variable temps/espace : les quatre phases du contact à longue distance

La détermination quantitative des occurrences et la précision de leur datation, sur la base des chronologies bien définies sur les sites de production ou de départ des marchandises vers l’intérieur, ont permis de définir le moment principal d’importation d’amphores au sein de chaque site. La dyschronie observée entre les sites a permis de mettre en évidence quatre phases majeures d’importations d’amphores dans l’ensemble du domaine nord-alpin et dans la vallée du Rhône (Fig.  6).

La détermination quantitative des occurrences chronologiques pour chaque site du domaine nord-alpin a mis en évidence que le moment principal d’importation d’amphores se situe, selon les sites, dans quatre des phases distinctes. Ici les sites emblématiques pour chacune d’entre elles.
Fig. 6. La détermination quantitative des occurrences chronologiques pour chaque site du domaine nord-alpin a mis en évidence que le moment principal d’importation d’amphores se situe, selon les sites, dans quatre des phases distinctes. Ici les sites emblématiques pour chacune d’entre elles.

Ces phases impliquent, non seulement des périodes différentes, mais aussi des sites et des secteurs régionaux distincts. Jusqu’à présent elles n’avaient pas été perçues, ce qui a participé à restituer une impression de non complexité du système.

Le modèle complexe de répartition qui en ressort actuellement prend en compte les variables du temps et de l’espace (Fig.  7).

Les quatre phases d’importation d’amphores dans l’intérieur européen au premier âge du Fer (550-400 av. J.-C.) : intervalles chronologiques et espaces géographiques concernés.
Fig. 7. Les quatre phases d’importation d’amphores dans l’intérieur européen au Premier âge du Fer (550-400 av. J.-C.) : intervalles chronologiques et espaces géographiques concernés.
  • Phase 1 : 550/540-510 a.C. (fin du Ha D1 et Ha D2). L’importation d’amphores apparaît à partir de la fin du Ha D1 et se diffuse pendant une partie du Ha D2 dans une zone du domaine nord-alpin comprise entre le sud-ouest de l’Allemagne (au carrefour des vallées du Rhin et du Danube) et l’Est de la France (Jura – entre la Saône et la haute vallée du Rhône).

Elle concerne un nombre limité d’établissements, dont les principaux sont La Heuneburg et Salins “Camp du
Château”. Elles sont documentées sans une moindre mesure à Vix, où elles sont concentrées au lieu-dit “Le Renard” sans doute dans un contexte de remploi. Seuls quelques indices non précisément datables suggèrent l’implication dans le réseau d’échange de l’habitat princier de Châtillon-sur-Glane dès cette phase.

Les produits importés viennent à 97,60 % du Sud de l’Italie (Calabre ionienne) et laissent ouverte la possibilité d’un double acheminement, depuis le Sud de la France et depuis le Nord de l’Italie37. Les productions étrusques et massaliètes non micacées dans cette phase restent marginales.

  • Phase 2 : 510-490/480 a.C.  (transition du Ha D2 au Ha D3). Pendant la fin du Ha D2 et le début du Ha D3, sans abandonner les vallées du Rhin et du Danube, les importations d’amphores s’étendent vers la vallée de la Seine et concernent un plus grand nombre de sites.

Elles pleinement Vix et concernent des aires plus étendues du Nord-Est de la France (Bourguignon-lès-Morey et Illfurth “Britzgyberg”) et du Sud-Ouest de l’Allemagne (site princier de Münsterberg, à Breisach, et de Sersheim dans le secteur du site princier du Hohenasperg) mais désertent La Heuneburg. Seuls des tessons isolés remontant à cette phase ont été découverts à Lyon “Vaise” et dans deux sites de la moyenne vallée du
Rhône.

Un basculement majeur des choix des produits se réalise à partir de ce moment-là : 98 % des amphores sont de production et provenance massaliètes (types Py 1 et Py 2 dans la pâte micacée). D’autres productions (Lesbos à pâte grise et Corinth type A) se retrouvent de manière très ponctuelle.

  • Phase 3 : 490/480-450 a.C.  (fin du Ha D3). Au cours de la fin du Ha D3 les importations d’amphores commencent à délaisser le secteur nord-alpin des vallées du Rhin et du Danube et investissent surtout l’axe Rhône-Saône. La région du Berry commence à être également concernée. Il s’agit d’un changement majeur dans le réseau de diffusion des amphores qui intervient à partir du milieu ou de la fin du premier quart du Ve et qui s’accentue surtout vers le milieu et dans la deuxième moitié du siècle. Les sites qui importent des amphores dans les deux premières phases cessent de les importer et, de l’autre côté, un secteur plus large s’active, atteignant vers l’ouest la vallée du Cher (Bourges) et s’étendant vers le sud au confluent Rhône-Saône (Lyon “Vaise”) et jusque dans la moyenne vallée du Rhône (au confluent avec l’Ardèche et la Drôme). Cette nouvelle zone de diffusion des amphores n’implique pas seulement des résidences princières, indiquant une concentration de pouvoir, comme Bourges, mais également des sites de plaine, tels que Bragny-sur-Saône, Lyon et d’autres sites de la moyenne vallée du Rhône où le taux d’importations atteint 11-16 % (ce qui est comparable à Lyon – 14 %), contre moins de 7 % sur les sites ruraux et moins de 1 % des sites princiers de la phase précédente et, pour cette phase, de Bourges.

Les amphores attestées sont majoritairement massaliètes (types Py 3 et Py 4). Des productions de Grèce de l’Est (Samos-Milet, Clazomènes et Chios) sont très ponctuellement attestées.

  • Phase 4 : 450-400 a.C. (LT A). Les importations d’amphores dans le domaine nord-alpin occidental proprement dit prennent fin dans la deuxième moitié du Ve siècle, en n’étant plus présentes à cette période que dans la moyenne vallée du Rhône. De manière désormais marginale, elles atteignent Bragny-sur-Saône (où elles sont en forte décroissance par rapport à la phase précédente) et très ponctuellement les vallées du Cher et de la Vienne, le plateau suisse et, vers l’est de l’Europe continentale, la Bohême.

Les productions attestées dans la vallée du Rhône sont de manière prépondérante celles de Marseille (type Py 5) mais d’autres productions (types Samos-Milet et du Nord de l’Égée) sont documentées dans les zones marginales.

La variable quantité/distance : les deux possibles modèles de connectivité à longue distance

À partir de l’analyse spatiale qui a été réalisée, il est possible de pousser plus loin l’observation en introduisant une nouvelle variable : celle de la quantité en relation à la distance du littoral.

Dans le cas d’un fort éloignement par voie terrestre des points de départ et d’arrivée de l’échange, comme dans le cas en question, l’intérêt de l’observation de cette variable de la quantité ne réside pas tellement dans sa valeur absolue, mais plutôt dans sa valeur relative à la distance au lieu d’approvisionnement. Pour le cas spécifique des amphores, il a été possible de montrer qu’au moins dans la grande majorité des cas, il s’agissait du littoral du Sud de la France38 (Fig. 8, 9).

Carte de répartition des productions d’amphores documentées dans le domaine nord-alpin et dans la moyenne vallée du Rhône (en haut) et lieux de fabrication (en bas).
Fig. 8. Carte de répartition des productions d’amphores documentées dans le domaine nord-alpin et dans la moyenne vallée du Rhône (en haut) et lieux de fabrication (en bas).
La diversité des facies d’importations d’amphores du Sud de la France et du Nord de l’Italie permet d’avancer des hypothèses sur les itinéraires empruntés. En bleu l’itinéraire depuis le Sud de la France ; en rouge le double itinéraire, depuis le Sud de la France et/ou depuis le Nord de l’Italie.
Fig. 9. La diversité des facies d’importations d’amphores du Sud de la France et du Nord de l’Italie permet d’avancer des hypothèses sur les itinéraires empruntés.
En bleu l’itinéraire depuis le Sud de la France ; en rouge le double itinéraire, depuis le Sud de la France et/ou depuis le Nord de l’Italie.

La prise en compte de la relation quantité/distance revêt une importance majeure pour deux raisons :

  • pour expliquer le déséquilibre souvent souligné entre les quantités d’importations enregistrées sur le littoral méditerranéen et celles attestées dans l’intérieur européen ;
  • pour interpréter précisément et pertinemment le type de diffusion au sein du domaine nord-alpin lui-même.

Pour ce qui est du premier point, souvent soulevé par les opposants de l’application des théories des économistes dans le cas en question, les études menées sur le secteur littoral ont en effet permis de constater que la diffusion des amphores archaïques diminue brusquement dès un rayon de quelques dizaines de kilomètres de la côte39. Cette diminution s’accompagne d’une moindre décroissance des céramiques importées40. La même observation a été faite pour la période antique41.

L’explication de la décroissance rapide des amphores vers l’intérieur est liée à la fonction même des amphores. Contenants spécifiques du transport de pondéreux, elles sont conçues pour être acheminées par voie maritime. D’autres contenants, plus légers et moins fragiles comme tonneaux en bois, outres en cuir et sans doute sacs, leur sont logiquement préférés lors des transports terrestres ou même par voies d’eaux intérieures, comme en témoigne l’histoire du transport du vin dans le Midi encore à des époques récentes (Fig.  10). Les épaves à dolia d’époque romaine et la diffusion de l’utilisation du tonneau (invention préromaine !) même au sein du transport maritime, témoignent par ailleurs de cet effort de rationaliser les contenants.

Barques à vin - Toulouse, 1ère moitié du XXe siècle (© Musée de la Batellerie). Des contenants plus légers et moins fragiles, comme tonneaux en bois, outres en cuir et sacs, devaient être préférés aux amphores lors des transports terrestres et par voies d’eaux intérieures.
Fig. 10. Barques à vin – Toulouse, 1ère moitié du XXe siècle (© Musée de la Batellerie). Des contenants plus légers et moins fragiles, comme tonneaux en bois, outres en cuir et sacs, devaient être préférés aux amphores lors des transports terrestres et par voies d’eaux intérieures.

Au sujet des quantités échangées dans l’intérieur il est nécessaire de souligner les problèmes techniques et structurels du transport de lourdes charges, et donc de grandes quantités. Que ce soit par voie terrestre ou fluviale, ce type de transport nécessite la mise en place de stations de relais pour les animaux (que ce soit pour l’attelage ou pour le halage), l’aménagement de ports et chemins est sujet à l’instabilité politique du territoire. Tout cela est bien différent par rapport au transport maritime et au transport terrestre sur des courtes distances dans la bande littorale42.

De ce fait, il n’y a rien de surprenant à ce que la quantité d’amphores, aussi bien que les quantités de produits échangés tout court, diminue en s’éloignant de la Méditerranée, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit de longues distances, dépassant de loin les quelques dizaines de kilomètres de l’arrière-pays immédiat. Le coût du transport vers l’intérieur augmente proportionnellement à la distance. On en revient ainsi au deuxième point évoqué, soit l’importance d’évaluer la relation quantité/distance dans l’analyse de la diffusion au sein du domaine nord-alpin.

En étendant le modèle de l’arrière-pays proche à l’arrière-pays lointain on obtiendrait un modèle théorique de décroissance linéaire et graduelle depuis le littoral (Fig.  11a).

Décroissance des amphores depuis le littoral au premier âge du Fer : modèle théorique attendu et modèles avérés par la documentation archéologique.
Fig. 11. Décroissance des amphores depuis le littoral au premier âge du Fer : modèle théorique attendu et modèles avérés par la documentation archéologique.

Or, les données archéologiques révèlent pour les amphores une autre réalité. Un contraste évident entre une “diffusion à proximité des côtes”, abondante et régulière, limitée au littoral du Sud de la France (Provence et Languedoc) ainsi qu’à son arrière-pays immédiat43, et une “diffusion à longue distance des côtes”, non seulement plus limitée en termes de quantités, pour les raisons évoquées plus haut, mais surtout discontinue en termes de distribution géographique44.

Le modèle qui en ressort pour l’intérieur est un modèle de concentration intermittente et de diminution non graduelle en relation à la distance, les zones de concentration correspondant souvent aux secteurs les plus éloignés des côtes.

Si on étend cette observation sur la longue durée, deux zones distinctes de diffusion à longue distance du littoral se mettent en évidence en correspondance avec deux moments historiques. Elles reflètent probablement deux modes de connectivités différents.

  • Zone 1. La première correspond aux bassins versants de la Seine, du Rhin et du Danube dans les phases d’importation d’amphores 1 et 2 (540-490/480 a.C.), ce qui coïncide avec le phénomène princier du Hallstatt final (Fig.  11b).
  • Zone 2. La deuxième correspond à l’axe Rhône-Saône (ainsi qu’à d’autres voies mineures d’acheminement depuis le Sud de la France) dans les phases d’importation d’amphores 3 (490/480-450 a.C.), qui coïncide avec la période de l’effondrement du phénomène princier, et 4 (450-400 a.C. – LT A) (Fig.  11c).

Cependant, une troisième zone commence à se dégager en Europe centre-orientale vers la fin de la période observée.

  • Zone 3. Elle correspond à la région de la Bohême dans la phase d’importation d’amphores 4 (450-400 a.C. – LT A). En l’état actuel de recherches elle est absolument marginale en termes d’importation d’amphores de transport, surtout si comparée aux deux autres zones Toutefois, comme il s’est avéré parfois dans le reste de l’Europe continentale et également dans le Nord de l’Italie, cet état pourrait être dû à une méconnaissance de ce type de mobilier, largement inhabituel dans l’intérieur.

Pour ce qui concerne les importations d’amphores vers l’intérieur, dans le domaine nord-alpin, d’abord, et dans la vallée du Rhône, par la suite, on est loin du modèle de l’échange de proche en proche opéré par transferts successifs de territoire à territoire grâce à quelques convois exceptionnels, proposé par la plupart des détracteurs des théories de l’échange complexe entre Sud et Nord au Premier âge du Fer. Ce modèle d’échange limité au sein d’un réseau indigène s’applique sans doute davantage aux sites de la bande littorale, comme il l’a été proposé45. Dans le domaine nord-alpin, au contraire, nous sommes en présence de destinations ciblées qui sous-entendent des choix précis, ce qui implique l’existence de stratégies de contact finalisées à l’obtention d’avantages économiques et/ou politiques et reposant sur un réseau organisé et contrôlé par l’autorité dominante.

Pour une première conclusion

La proposition de modélisation testée pour les amphores, et que nous proposons de tester pour l’ensemble des produits visibles de l’échange, permet de s’abstraire de la nature spécifique des biens objet de l’échange à longue distance entre la Méditerranée et l’Europe centre-occidentale, la plupart étant invisibles par la recherche archéologique, pour remonter à des catégories conceptuelles, des supercatégories permettant de continuer à développer la réflexion sur ces contacts.

Le recours à la notion statistique de variable proxy favorise l’observation des fluctuations de l’ensemble de ces contacts, sous réserve que les marqueurs archéologiques encore observables et mesurables soient étudiés de manière systémique et analysés par une méthode multivariable et multiscalaire qui prenne en compte les variables du temps, de l’espace et de la quantité selon la distance au littoral ou de la zone de départ des marchandises vers l’intérieur.

Les résultats de l’application de ce protocole à la recherche menée sur les amphores, à l’échelle de l’ensemble du domaine hallstattien occidental et sur un siècle et demi correspondant à un moment de changement majeur, suggèrent que l’idée d’une concentration d’importations méditerranéennes liée à une concentration de pouvoir, celui des principautés celtiques, doit être précisée. Cela va dans le sens de la lecture que W. Kimmig donnait de son propre modèle trente ans après sa première formulation : un modèle qui se devait d’être démontré et précisé46.

Plusieurs zones de concentration d’importations, selon des phases, et donc “plusieurs concentrations de pouvoir économique”, très probablement socialement et politiquement différentes, semblent en effet avoir existé entre la fin du Hallstatt et le début de la période de La Tène.

Zone 1 des contacts à longue distance d’après le marqueur des amphores (phases d’importation 1 et 2 – 550/540-490/480 a.C.)

Entre le milieu du VIe et le tout début du Ve siècle a.C., au moment de l’épanouissement du phénomène princier, deux complexes territoriaux, économiques et politiques éloignés de plusieurs centaines de kilomètres par voie de terre semblent s’attacher à l’organisation d’un système d’échange sur des grandes distances capable de mobiliser une quantité plus importantes de biens, non seulement qu’auparavant (VIIe -milieu VIe s. a.C.) mais aussi que durant les deux siècles suivants (IVe-IIIe s. av. J.-C.).

L’initiative d’un tel changement, temporaire, au sein du système de contact en place depuis le Ha C, doit être probablement attribuée au partenaire méditerranéen, et notamment à Massalia. Il s’est agit d’un essai de reproduction vers l’intérieur du système commercial de type collectif et réglementé qui se met en place à ce moment même dans le contexte maritime de la Méditerranée occidentale, déterminant, pour la première fois, des zones de partage commercial entre Grecs, Étrusques et Puniques.

Le Nord de l’Italie, qui constitue l’autre secteur clé dans les relations entre l’Europe centre-occidentale et la Méditerranée au sens large, voire le premier du point de vue chronologique, selon l’indicateur des amphores de transport et des céramiques grecques, n’est sans doute pas concernée par un échange ainsi organisé.

Située dans la partie continentale de l’Italie, et donc elle-même territoire de l’intérieur, cette région est également, et à la même période, cible du commerce grec à longue distance vers l’intérieur, commerce très certainement en quête de ravitaillements de céréales (biens de catégorie 3) (Fig.  4) par la voie adriatique et la riche Plaine du Pô47.

Les sites du système étrusco-padan centré sur Felsina, qui participent d’une culture très proche de celle de la Grèce, dans cet échange semblent avant tout consommateurs et non médiateurs des biens égéens, comme le montre tant la répartition des amphores grecques que celle des céramiques attiques48. Concentrés dans les sites proprement étrusques du réseau, ces deux indicateurs d’un échange plus massif par voies intérieures délaissent les régions golasecchienne et vénète et, en l’état, ne sont pas à même de démontrer un transit important de ces produits en direction du piémont et des cols des Alpes.

De plus, le Nord de l’Italie par la chaîne des Alpes est certes directement connecté au cœur de l’Europe continentale, tant occidentale qu’orientale, mais il l’est par une voie non aisée à franchir pour un commerce de pondéreux tel celui dont il est question.

Les principaux marqueurs en Europe continentale d’échanges en provenance du Nord de l’Italie, dès le VIIe et encore jusqu’au Ve s. a.C.49, sont éminemment constitués par de la vaisselle en bronze et d’autres petits objets métalliques, attestés par ailleurs dans les deux sens50. Bien qu’indicateurs de contacts significatifs et ininterrompus, ils ne relèvent pas exactement du même phénomène. Ces objets constituent sûrement la preuve indirecte (composante A du système de contacts composé) (Fig.  1a, b) d’une initiative commerciale mais celle-ci (composante B), en termes d’organisation, encore au Ve s. a.C., est restée sans doute plus proche de la préxis que de l’emporía vers l’intérieur.

Selon certains auteurs l’organisation du commerce transalpin serait témoignée par des marqueurs de type personnel, ceux portés par les “négociateurs” de la culture de Golasecca51. À ces communautés du nord-ouest de l’Italie a été reconnu depuis longtemps le rôle d’intermédiaires commerciaux entre les Étrusques padans et les Celtes transalpins, du moins pour la période de La Tène A, en vertu de la contiguïté géographique de leurs régions (notamment par le Tessin), de la structuration en réseau du territoire golasecchien dans le piémont alpin comme possible prolongement du système commercial étrusco-padan, et aussi en vertu d’une proximité linguistique qui aurait favorisé leur rôle de médiateurs52.

Ce type d’approche, bien que nécessaire pour une analyse globale, tend toutefois à engendrer une confusion entre indicateurs de commerces et indicateurs de circulations des hommes53.

Pour revenir aux amphores, aucune preuve de leur passage par voie alpine ne subsiste à l’état actuel à l’exception de la phase 1 (550/540-510 a.C.), où les amphores gréco-occidentales archaïques de La Heuneburg ne permettent pas de trancher, puisque ces types d’amphores sont attestés tant dans le Sud de la France, où ils sont majoritaires à ce moment, que dans le Nord de l’Italie, où ils sont également documentés bien qu’en moindres quantités54 (Fig.  8, 9).

Nous rappellerons alors qu’un doute a aussi été émis par Shefton, B. B. à propos de la voie d’acheminement des céramiques grecques les plus anciennes de La Heuneburg55, non attiques et datables autour du milieu du VIe s. a.C., alors qu’il n’hésite pas à attribuer le full-flow period des importations attiques du site (troisième quart du VIe s. a.C.), ainsi que les importations céramiques des autres sites princiers (plutôt datables de la transition Ha D2/D3), à l’activité de Marseille grecque56.

En revanche, à partir des années autour de 500 a.C., dans la phase 2 (510-490/480 a.C.) qui correspond au véritable moment de concentration d’amphores dans les principautés celtiques (cf. supra), les types d’amphores importés dans le complexe nord-alpin sont parfaitement comparables à ceux de Marseille. Le facies des importations d’amphores de la Méditerranée occidentale et celui du bassin nord-adriatique sont parfaitement différenciés, ce qui réduit la marge d’erreur57. Les types importés en Europe continentale à partir de la fin du VIe a.C. ne sont pas (massaliètes micacées) ou presque pas attestés (étrusques) dans le Nord de l’Italie58 (Fig.  8, 9). Pour rappel, cette région ne fabrique pas d’amphores et les productions d’Étrurie tyrrhénienne ne sont pas importées dans la vallée du Pô, qui par l’Adriatique participe d’un circuit d’échange de type pleinement égéen, comme j’ai déjà eu l’occasion de le mettre en évidence. De la même manière, les productions de Marseille et plus généralement de la Méditerranée occidentale, ne remontent pas le bassin adriatique, montrant un partage des réseaux d’échange entre mer Tyrrhénienne et mer Adriatique qui se confirmera également à la période romaine.

Pour ce qui est de l’échange à longue distance depuis le Sud de la France, les données issues de l’étude des amphores montrent que, à ce moment, le domaine nord-alpin n’est pas le dernier tronçon d’un système d’échanges et de distribution continu, axé sur l’emporía méditerranéenne et diffusant vers l’arrière-pays à partir de Marseille et son territoire (sa chora et l’arrière-pays proche exploités directement et nécessaire au fonctionnement de ce système). Il participe d’un autre système, autonome, organisé sur le modèle de l’emporía méditerranéenne, mais pratiquée à l’intérieur. Au sein de chacun de ces deux systèmes, celui du littoral et celui de l’intérieur, distincts et très éloignés, la stratégie des contacts, les finalités de l’échange et la valeur même des marchandises ne sont pas les mêmes.

Dans le domaine nord-alpin, la répartition intermittente des biens transportés en amphores, leur diminution non graduelle depuis la côte, et le choix discontinu de produits, différents selon les sites, semblent relever de relations à très longue distance visées de manière précise dans un réseau territorial structuré et connecté par des pôles politiques et économiques qui fonctionnent en tant que pairs59. Actifs dans leurs relations réciproques et capables d’assembler et mobiliser les moyens matériels et humains nécessaires, ils doivent tirer des bénéfices mutuels en recherchant l’échange.

Ce réseau territorial d’échanges à très longue distance peut être représenté par un réseau de points équivalents connectés de manière directe. C’est un réseau économique multicentré, de type linéaire ou maillé, selon que l’on admette ou pas l’existence de connexions latérales entre les sites principaux (Fig.  12a).

La “connectivité” à longue distance entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au premier âge du Fer : les possibles modèles selon les phases.
Fig. 12. La “connectivité” à longue distance entre l’espace méditerranéen et l’espace européen au premier âge du Fer : les possibles modèles selon les phases.

Il est normalement admis que les principales contreparties “empiriques” de cet échange devaient être représentées par les métaux, notamment l’étain et le fer (minerai et produits finis), mais les preuves archéologiques de cette hypothèse sont difficiles à rassembler.

Une explication à cette difficulté pourrait être que le rôle des sites princiers résidait davantage dans le contrôle du réseau d’échange. Ni l’exploitation, ni les activités de production ne se faisaient en leur sein. Elles étaient réalisées au sein du vaste territoire soumis à leur contrôle60.

Zone 2 des contacts à longue distance d’après le marqueur des amphores (phases d’importation 3 et 4 – 490/480-400 a.C.)

Une autre zone de concentration d’amphores se distingue dès les premières décennies du Ve s. a.C. et caractérise l’ensemble du siècle. Les importations d’amphores délaissent les secteurs lointains des bassins versants de la Seine, du Rhin et du Danube, antérieurement les plus intégrés, pour se répartir de manière plus suivie le long de l’axe Rhône-Saône, depuis Marseille au moins jusqu’au secteur de Bragny-sur-Saône.

Quant à leur voie d’acheminement, il faut souligner que le facies complexe d’importations d’amphores égéennes documenté dans le Nord de l’Italie est inconnu le long de l’axe Rhône-Saône dans tout le courant du Ve s. a.C., tout comme il l’est dans l’ensemble du Sud de la France. Presque exclusivement les productions de Marseille grecque pénètrent le long de cet axe majeur et d’autres voies mineures de la Celtique, confirmant la tendance déjà observée dans le domaine nord-alpin des principautés hallstattiennes dès le passage du VIe au Ve s. (cf. supra phase 2).

Pour ce qui est des importations céramiques, les productions de la région de Marseille (grise monochrome et pâte claire) accompagnent ce flux, bien sûr, depuis le Sud de la France, alors que pour ce qui est des céramiques proprement grecques (attiques), la voie de transmission vers l’intérieur n’est pas bien précisée61. Le parcours transalpin ne peut être complètement exclu notamment pour les céramiques attiques qui vers la fin du premier quart du Ve s. a.C. ont rejoint le plateau suisse, compris entre le Jura et les Alpes62, et la Suisse orientale63.

S’agissant des amphores, les sites impliqués dans le système d’échanges depuis le Sud de la France à ce moment ont perdu le caractère “princier” des pôles continentaux de la phase précédente et se caractérisent plutôt en tant que petits et moyens centres producteurs à vocation métallurgique64. Seuls le site de plaine de Lyon “Vaise”65 et, en dehors de l’axe Rhône-Saône (le principal mais probablement pas l’unique), celui de Bourges66 se distinguent pour leur caractère de centres politiques et économiques. Ils offrent certes un plus large panel d’importations par rapport aux autres sites, mais le contexte d’activité métallurgique y est aussi confirmé.

La nouvelle relation entre les deux grands complexes, méridional et septentrional, partenaires de l’échange structuré et administré sur la longue distance se réalise d’une manière différente. L’aire de distribution depuis la Méditerranée est réduite à un intérieur plus proche et la répartition se fait de manière plus capillaire, se dirigeant vers des sites caractérisés par des niveaux hiérarchiques variés.

Une telle diffusion, spatialement plus continue et socio-économiquement plus déséquilibrée, s’éloigne du modèle des pôles équivalents échangeant d’égal à égal et se rapproche davantage d’un réseau de type arborescent depuis le pôle de Marseille et le littoral vers des pôles de l’intérieur qui agissent d’égal à égal et, comme Lyon et Bragny-sur-Saône, constituent des sites charnière (Fig.  12b). Ce deuxième modèle admet l’existence, à côté de ces pôles principaux, de pôles intermédiaires, les centres producteurs, qui bénéficient des courants d’échange à longue distance, soit directement (cela reste à définir)67, soit par l’intermédiaire de sites majeurs, relais stratégiquement placés dans le réseau de circulation qui joueraient le rôle de référents territoriaux et établiraient à leur tour d’autres réseaux locaux de redistribution68.

C’est à ce moment que des “catégories empiriques” de biens, représentés par les produits de l’artisanat métallurgique hallstattien, semblent plus visibles par rapport à la période précédente. Elles peuvent être introduites dans le modèle comme contreparties du commerce grec massaliète permettant de descendre le niveau de la partie émergée de la pyramide des échanges.

Zone 3 des contacts à longue distance d’après le marqueur des amphores (phase d’importation 4 – 450-400 a.C.)

Dans la seconde moitié du Ve s. a.C., une troisième zone émerge dans le secteur nord-alpin oriental. Elle est trop éloignée géographiquement de la vallée du Rhône (le principal axe de pénétration des amphores en ce moment) et surtout elle en est séparée par un vaste secteur d’absence d’importations d’amphores. Elle ne peut pas être reliée à cet axe d’échange ni au phénomène décrit pour la zone 2. Outre la facilité d’accès à ce secteur centre-européen oriental depuis le Nord de l’Italie, la typologie des amphores attestées se détache des productions documentées à l’ouest et se rapproche des facies nord-adriatique et égéen contemporains.

En l’état actuel des découvertes, concernant les amphores, cette zone serait limitée à la région de Prague. Toutefois, il faut souligner que la Bohême et la Moravie à la période de La Tène A (et plus précisément dès 480 a.C.) ont été plus généralement atteintes par un circuit d’importations de céramiques attiques très probablement acheminées depuis le bassin nord-adriatique69. Il est légitime d’imaginer que les amphores de la région de Prague intègrent ce même système. La présence de mobilier céramique grec dans les bassins des fleuves Adige et Brenta, en Trentin-Haut-Adige (céramiques à figures noires de Sanzeno)70, pourrait témoigner de l’emprunt de ce parcours des Alpes italiennes orientales depuis le Caput Adriae dès la fin du VIe s. a.C.

• • •

Les phénomènes économiques, d’augmentation de la fréquence et du volume des échanges, en connexion avec le phénomène princier du Hallstatt final, doivent être expliqués. La répartition sûrement dirigée des amphores, et sans doute de la céramique attique71, permet de mettre en évidence ce que les autres indicateurs d’échanges n’avaient pas réussi à démontrer72.

Une des conditions à la mise en œuvre d’un plus important effort commercial à grande distance vers l’intérieur continental était la réalisation du changement politique dans les régions de l’intérieur visées par la demande d’échanges. Au Hallstatt final, pour la première fois, dans le domaine nord-alpin la complexité sociale a dépassé le niveau de la chefferie simple et la concentration considérable de pouvoir par quelques élites a permis la mobilisation de matières premières, de biens et de moyens humains suffisants pour répondre à l’échange au sein d’un réseau territorial désormais hiérarchisé et donc organisé.

L’autre condition de cette montée en puissance temporaire a été l’initiative prise par les sociétés méditerranéennes, et notamment par les Grecs de Massalia. Elle s’est réalisée vers le milieu du VIe s. a.C. puisque les conditions économiques et politiques nécessaires (la productivité suffisante de la chora de Massalia et une meilleure organisation politique collective de l’échange suite à Alalia) étaient désormais réunies pour pouvoir amplifier l’effort commercial vers l’intérieur.

Suite à l’effondrement du phénomène princier, cette initiative commerciale plus forte, déserte le domaine nord-alpin proprement dit et est redirigée vers les nouvelles entités politiques de la Celtique prenant appui sur des relais majeurs situés sur les voies de communications principales et organisant ainsi l’échange de manière plus continue dans le territoire intérieur.

Reste à mieux définir l’ensemble du réseau de contacts non touché par ces dynamiques majeures et par le marqueur du volume plus important d’amphores et de céramiques.

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  • Tsetskhladze, G. R. et de Angelis, F., éd. (1994) : The Archaeology of Greek Colonisation. Essays dedicated to Sir John Boardman, Oxford.
  • Tzochev, C., Stoyanov, T. et Bozkovaéd, A., éd. (2011) : Patabas II: production and trade of amphorae in the Black Sea, Sofia.
  • Upton, G. et Cook, I. (2002) : Oxford Dictionary of Statistics, Oxford.
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Notes

  1. Cf. Brun et al. (2021), article introductif à ce volume.
  2. Pare 1997, 176 ; Polanyi 1977, 94-95 ; Renfrew 1972.
  3. Adam 1996 ; Chaume 2001.
  4. Frankenstein & Rowlands 1978.
  5. Rolley 1990 ; Eggert 1997 ; 2010. Il s’agit de la position maintenue encore à présent par une partie des spécialistes de la Méditerranée protohistorique et antique.
  6. À partir de : Kimmig 1969 ; Wells 1980 ; Nicholson 1989. Cette interprétation a très tôt intégré une approche de type systémique : Brun 1987 ; Cunliffe 1988.
  7. Pare 1997, 263.
  8. Brun & Chaume 2013 ; 2021b.
  9. Testart 2007 ; Darmangeat 2017.
  10. Pare 1997, 264 ; Tchernia 2011, 126.
  11. Baray 1997 ; Brun 1997.[/efn_note. Cet élargissement de la base territoriale et la concentration de pouvoir qui y est liée se sont produits pour la première fois en Europe centrale au passage du Hallstatt moyen au Hallstatt final ;

    la réorganisation du mode de l’échange maritime grec par le passage de la préxis, un échange du type aristocratique, individuel et indépendant (pour lequel tant les notions de don et contre-don que celle de commerce-piraterie sont centrales) à l’emporía, un commerce collectif et organisé par une cité-état11Mele 1979.

  12. Bats 2012 ; 2013 ; Sacchetti 2016b.
  13. Pare 1997.
  14. Carrara et al. 2021.
  15. Montchrestien 1615.
  16. Smith 1776.
  17. Ricardo 1817.
  18. Bresson 2008, 135.
  19. Le fait que le terme sitos, “grain” en grec ancien, ait également le sens de “repas”, montre l’importance des céréales dans l’alimentationdesGrecs. Cela n’a pas empêché de nombreuses cités grecques, notamment Athènes au VIe-IVe s. a.C., de développer une politique commerciale de recherche de nouveaux marchés de céréales (en Étrurie padane, en Mer Noire et en Égypte par ex., comme les sources littéraires l’attestent). La production céréalière locale se révélait parfois incapable de couvrir les besoins de la population (Fantasia 2016).
  20. Horder & Purcell 2000.
  21. Bresson 2007, 86-87 ; 2008, 134-140.
  22. Brun 1987.
  23. Bresson 2008, 144-145.
  24. Lüscher 1996.
  25. Van de Boom & Pape 2000.
  26. Cf. Lawall 2011 pour la Méditerranée orientale préromaine.
  27. Pour l’Europe centrale, Rageot et al. 2019 ; Mötsch et al. 2019 ; Rageot 2021.
  28. Morel 1983, 550-560 ; 1995, 54, 62-63 ; Nicholson 1989 ; Brun 1997 ; Pare 1997 ; Rolley 1997.
  29. Vallet & Villard 1961, 312.
  30. Deshaies & Merenne-Schoumaker 2014.
  31. Viglietti 2011, pour l’exemple de la complexité des positions sur la Rome archaïque.
  32. Bresson 2008, 147.
  33. Parker 1992, 16 ; Tchernia 2011, 128.
  34. En statistique, un proxy est une variable qui n’est pas directement pertinente en tant que telle mais qui est utilisée à la place d’une variable non observable ou alors incommensurable.
  35. Upton & Cook 2002 ; Cafiero 2012.
  36. Pour le Sud de la France : Sourisseau 1997; Sacchetti & Sourisseau 2013. Pour le Nord de l’Italie : Sacchetti 2012 ; 2013. Cf. infra et note 38.
  37. Sacchetti 2016a. Comme mis en évidence, Marseille et le Sud de la France sont d’abord concernées par le commerce étrusque tyrrhénien (entre vers 600 et vers 500 a.C.). Puis, vers 510/500, un véritable monopole de la production locale (qui démarre vers 540 a.C.) s’impose sur le marché occidental (de la Ligurie-Côte d’Azur à l’Espagne). L’Adriatique (qui alimente le marché étrusque padan et de là tout le Nord de l’Italie) présente un facies similaire à celui de la Méditerranée orientale. Les amphores de Marseille et étrusques-tyrrhéniennes y sont absentes. Par ailleurs cette répartition d’influences et de flux commerciaux a été observée également pour la période romaine. La ligne de démarcation entre les deux espaces semble être constituée par les Apennins (ligne de partage des eaux entre les bassins du Pô et du Tibre).
  38. Garcia 1990 ; Py 1990.
  39. Une décroissance moins importante pour les céramiques que pour les amphores s’explique par le plus grand nombre de céramiques transportables dans un chariot (Tchernia 2011, 126-129).
  40. Excepté le cas de l’importation massive d’amphores gréco-italiques et Dressel 1 en Gaule centrale et en Gaule du Nord entre le milieu du IIe et le milieu du Ier s. a.C. (exceptionnelle seulement vers la fin du IIe s. a.C.), les amphores ne pénètrent en général pas à plus de quelques dizaines de kilomètres de la côte et deviennent rarissimes au-delà (Bonifay 2004, 451 ; Tchernia 2011, 125). Cette phase de “l’âge du vin”, partiellement expliquée par la mise en œuvre de cérémonies rituelles comportant le “sacrifice d’amphores” (Poux 2004, 393 ; Tchernia 2011, 359-359), correspond à la mise en place temporaire d’une économie de marché.
  41. Bresson 2007, 86-95.
  42. Morel 1990, 285.
  43. Sacchetti 2016a.
  44. Bats 1992 ; 2015.
  45. Kimmig 1997.
  46. Pare 1997.
  47. Sacchetti 2013, 267-268 ; Casini 2015, 29 ; Wiel-Marin 2015, 50.
  48. Shefton 1988 ; 1995.
  49. Chaume 2001.
  50. Adam et Verger 2009 ; Cicolani 2013 ; 2017 ; 2019.
  51. de Marinis, éd. 1988 ; Nicholson 1989 ; Rolley 1990 ; Brun 1997 ; Gambari 2004 ; Cicolani & Gambari 2021.
  52. L’existence d’imitations transalpines de fibules de tradition nord-italique (ex. Ruffieux & Mauvilly 2015, 173 ; S. Casini, communication orale) invite en outre à la prudence.
  53. Sacchetti 2013, 39-48, 270.
  54. Böhr & Shefton 2000, 34, cat. 14-15 (coupe de la Grèce de l’Est et lydion) et cat. 16.
  55. Shefton 1989, 217 ; 1994, 68 ; Böhr & Shefton 2000, 34 ; Pape 2000 ; M. Guggisberg communication orale 2016.
  56. Sacchetti & Sourisseau 2013 ; Sacchetti 2015.
  57. Sacchetti 2013, 270.
  58. Sacchetti 2016a.
  59. Bauvais et al. 2021.
  60. Böhr & Shefton 2000, 35 ; M. Guggisberg communication orale 2016.
  61. Ruffiuex & Mauvilly 2015 – Yverdon-les-Bains, Sévaz, Bussy, Posieux/Châtillon-sur-Glane.
  62. Brem & Lüscher 1999 ; Schmid-Sikimic & Bigler 2005 – Üetliberg et Baar-Baarbourg, dans les cantons de Zürich et de Zoug.
  63. Maza et al. 2016 ; Sacchetti 2016a, pour la vallée du Rhône ; Ruffieux & Mauvilly 2015, fig. 9, pour la Suisse et le sud de  l’Allemagne.
  64. Carrara et al. 2021.
  65. Milcent éd. 2007 ; Augier, Buchsenschutz et Ralston éd. 2008 ; Augier et al. 2012.
  66. Sacchetti et al. en préparation.
  67. Bresson 2008, 145.
  68. Böhr & Shefton 2000, p. 35 ; Shefton 2001 ; Bouzek & Dufková 2015.
  69. Cavada 1990.
  70. Shefton 2000. Ce qui a été proposé pour la phase d’importation des figures noires attend d’être vérifié pour l’ensemble de la période.
  71. Eggert 1997, 290.
ISBN html : 978-2-35613-382-3
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Article de colloque
Posté le 20/07/2021
EAN html : 9782356133823
ISBN html : 978-2-35613-382-3
ISBN livre papier : 978-2-35613-360-1
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ISSN : 2741-1508
25 p.
Code CLIL : 4117 ; 3385
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Comment citer

Sacchetti, Federica, “Le “phénomène princier” et les importations méditerranéennes entre approches théoriques et données archéologiques : essai de modélisation des contacts à longue distance dans l’intérieur européen”, in : Brun, Patrice, Chaume, Bruno, Sacchetti, Federica, éd., Vix et le phénomène princier, Actes du colloque de Châtillon-sur-Seine, 2016, Pessac, Ausonius éditions, collection DAN@ 5, 2021, 311-335, [en ligne] https://una-editions.fr/le-phenomene-princier-et-les-importations/ [consulté le 23 juillet 2021].
doi.org/10.46608/DANA5.9782356133823.19
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Illustration de couverture • Vix en 3D (©Jochen Stuhrmann, Hambourg) ; Char de Vix (©Jochen Stuhrmann, Hambourg).
Publié le 20/07/2021
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