Les vestiges visibles aujourd’hui forment un vaste ensemble, d’une longueur de 79 m d’est en ouest pour une largeur de 56 m du nord au sud (Fig. 4)1. Cet espace est organisé autour d’une cour sur deux niveaux, qui sont en fait contemporains, pour s’adapter à la dénivellation formée par le flanc du coteau2. Ainsi, deux des ensembles se trouvent-ils sur la terrasse basse, alors que l’ensemble majeur de réception est situé sur la terrasse haute.
D’une façon générale, il faut voir, dans ce groupe de constructions, l’habitation d’un grand propriétaire terrien de l’époque romaine qui vivait au milieu de son domaine, sa villa. Ce domaine était composé, outre l’habitation proprement dite, d’un vaste territoire agricole qui devait dans la mesure du possible se suffire à lui-même mais aussi dégager des surplus dont la vente permettait alors d’acheter ce que le domaine ne pouvait vraiment pas fournir et, surtout, enrichissait son propriétaire. Sur ce domaine se trouvaient donc des bâtiments agricoles, un pressoir, des chais, des ateliers artisanaux. Éloignés bien souvent de la pars urbana, l’habitation proprement dite, ils n’ont pas toujours été retrouvés ce qui, comme nous le verrons, n’est pas les cas à Montcaret, où la pars agraria de la villa est parfaitement située.
Les grandes habitations du Bas-Empire et de la fin de l’Antiquité étaient généralement constituées dans le sud de la Gaule d’un ensemble de vastes et riches bâtiments organisés autour de cours centrales. C’est en présence d’un tel complexe que nous nous trouvons aujourd’hui sur le site de Montcaret.
Autour d’un espace central (1) – une cour selon toute vraisemblance – entouré par un système de galeries (2-3-4/5), se développent deux groupes de pièces au sud et à l’ouest. Au sud, on ne peut que le supposer (6) à partir des structures 6a et 6b en partie visibles, accolées à un espace 6c. Le reste des constructions se trouvait alors à l’est sous l’église actuelle. À l’ouest, l’ensemble est formé d’un groupe de salles (8 à 13) qui ont évolué dans le temps pour former dans son dernier état une vaste salle à abside, à laquelle vient s’associer, à l’ouest, une plus petite de forme cruciforme (14). Au nord-ouest de ce groupe unifié s’ajoutait une dernière pièce dont on ne distingue qu’une abside (15).
Au sud du site se développe une galerie (7), doublée peut-être d’une terrasse (7 bis).
Au sud-est, desservi par un espace (16), se trouve un ensemble thermal (17 à 24) dont on distingue particulièrement la piscine froide du dernier état (18).
Malheureusement, il n’a pas toujours été possible de relier, dans le temps, ces différentes parties entre elles et, par conséquent, de présenter l’ensemble de cette pars urbana par état. Sur la base des relations d’antériorité et de contemporanéité entre les murs d’un même secteur, nous avons pu déterminer des phasages pour les différentes parties. Mais pour pouvoir rattacher au même état des structures éloignées les unes des autres, il aurait fallu disposer de niveaux continus, qui les auraient reliées, ou avoir pu comparer le matériel archéologique retrouvé lors des premières fouilles. En l’absence de ces éléments, cela n’a pu être réalisé.
La cour centrale (1)
Nous commençons l’étude de l’habitat par cet espace, car il conditionne le reste du bâti qui s’organise autour de lui. Il est encadré par un système de trois galeries, à l’ouest, au sud et à l’est, sans qu’on sache comment ce dernier se développe exactement vers le nord. Nous verrons à l’occasion de l’étude particulière des galeries que les murs de celles-ci s’étendent dans cette direction et passent sous la route, qui borde aujourd’hui le site. Les différents travaux d’aménagement qu’a connus cette route, et que nous avons surveillés, ne nous ont pas vraiment permis de voir ce qu’avait été la réalité antique. Nous n’avons pas aperçu de retours. Au contraire, nous avons pu retrouver de l’autre côté de la route des vestiges dans le prolongement des constructions du site ; vestiges qui semblent ainsi montrer que cet espace s’étendait, effectivement, vers le nord.
Bien que Jules Formigé indique que ce secteur n’a pas été réellement fouillé mais seulement décapé en surface3, nous pensons que sa fonction fut toujours celle d’une cour car, ni Pierre-Martial Tauziac lors des fouilles4, ni J. Coupry, qui a pratiqué un sondage profond en son centre lorsqu’il était Directeur des Antiquités historiques d’Aquitaine5, ne semblent avoir retrouvé de structures bâties à cet endroit (Fig. 5).
Dans un premier état (État 1), cette cour n’est bordée de galeries que sur deux de ses côtés, à l’ouest et au sud (galeries 2 et 3). C’est dans un état ultérieur que viendra s’ajouter la galerie 4 qui, elle-même, sera, ensuite, doublée par la galerie 5. C’est ce que l’étude des galeries va maintenant montrer.
Les galeries
Organisées autour de l’espace central, elles structurent l’ensemble des constructions qui se positionne par rapport à elles. Comme nous l’avons dit, les galeries ouest et sud sont mises en place dès l’État 1 de la pars urbana, parallèlement aux constructions qui vont s’appuyer sur elles. Les autres galeries se développeront par la suite.
La galerie ouest bordant la cour (2)
C’est la galerie contre laquelle s’adosse l’ensemble d’apparat, vestibule et grande salle, puis, plus tardivement, à son extrémité nord, le porche qui constituera une sorte de retour.
D’orientation nord-sud, elle possède une longueur de 15,75 m pour une largeur de 3,30 m6.
À son extrémité sud, elle débouche sur la galerie sud (3) par un seuil en pierre (S1), constitué de deux pierres plates de 28 cm d’épaisseur pour une largeur de 92 cm à l’ouest et de 26 cm x 85 cm à l’est, situé à la base du mur M11 contemporain (Fig. 6). Ce seuil a été retrouvé à -10 cm du sol actuel à l’occasion du sondage 02-02 (Fig. 7), réalisé en 20027 (Fig. 8).
Une photo de fouille ancienne montre que des aménagements existaient dans la partie sud de la galerie. Ils pourraient laisser penser qu’il y avait un escalier permettant de rattraper le dénivelé entre les galeries 2 et 3.
En outre, une autre photo (Fig. 9) montre la présence d’un mur dans le prolongement du mur M7 et de la sépulture médiévale située à son extrémité est. Ce mur barre la galerie. Aurait-il pu servir d’appui à un escalier placé dans la partie inférieure de la galerie qui se serait poursuivie ensuite en pente douce dans la partie située au nord du mur ? De son côté, le plan de J. Doreau fait état, en pointillé, donc possible, d’un mur situé dans le prolongement de M14. Le sondage 08-13 effectué dans la galerie G2 avait donc pour but de retrouver l’existence d’éventuelles marches qui auraient permis de passer du niveau inférieur de la galerie au niveau supérieur sur lequel se trouve le portique. Nous n’avons pas aperçu de telles traces. Le fait de ne pas les avoir retrouvées laisse-t-il supposer que le passage d’un niveau à l’autre s’effectuait totalement en pente douce ? Et quelle fonction peut-on, dès lors, attribuer au mur, qui barre la galerie, dans le prolongement du mur M7 et à celui, prolongation, à l’est, du mur M14, restitué par J. Doreau sur son plan ?8 Une hypothèse possible consiste à considérer que le mur restitué par J. Doreau déterminait un espace qui aurait desservi, d’une part l’espace 10c et d’autre part un escalier prenant appui sur le prolongement de M7.
La galerie sud de la cour (3)
Le mur M11 de cette galerie (3) est chaîné avec le mur M13 de la galerie ouest (Sondage 03-36) et appartient au même État 1. D’une largeur de 3,15 m, la galerie (3) mène jusqu’à l’autre extrémité du site en passant sous la route située devant l’église, puis sous le bras nord du transept de ce même édifice. Là, elle débouche directement, sans mur de fermeture, sur un espace extérieur que nous ne connaissons pas (Sondage 02-04). Quand la galerie (4) sera construite, elle ouvrira sur cette dernière. Enfin, le sondage 02-05 nous montre qu’avec la mise en place de la galerie (5), elle sera fermée par le mur M40 et qu’en revanche un passage va être pratiqué dans le mur M11 pour accéder de cette galerie à la galerie (5).
Son mur sud M16 sert d’appui à une longue construction (6) qui semble se prolonger sur toute sa longueur ; c’est ce que l’on peut supposer du fait que le mur M16 et le mur M75, complètement à l’est, sont chaînés (Sondage 02-04) et doivent appartenir à un vaste quadrilatère, qu’on ne peut que supposer car il est, aujourd’hui, recouvert par l’église.
L’extrémité ouest ouvre d’abord, elle aussi, sur un espace extérieur (Sondage 02-02). Le mur M16 fait retour avec M22b (sous-jacent à 22 a) et non avec le mur M22a qui sera construit plus tard (Sondage 02-10) (Fig. 10).
Avec la construction de l’état final de la grande salle d’apparat, la galerie est prolongée dans ce secteur par un escalier qui s’appuie à l’ouest sur le mur M12 de l’abside à pans coupés et sur les murs M11 et M15, pour déboucher à l’intérieur de la salle.
Les galeries est de l’espace central (4)
D’une longueur visible d’environ 28 m, la galerie (4) se raccorde, dans sa partie centrale, à la galerie (3) et est doublée d’une autre galerie mosaïquée (5). Mais nous ne possédons aucun moyen pour situer la mise en place de ces galeries et, par conséquent, les rattacher à un état précis de la partie ouest de la pars urbana. On peut seulement supposer que, logiquement, le dernier état de la galerie (5) est contemporain de la dernière salle d’apparat.
La mise en souterrain du réseau électrique en 1989 aux abords de l’église protégée au titre des Monuments historiques, nous avait permis de constater que les vestiges des murs M40 et M41 de cette galerie passaient sous la route établie au nord du site et se retrouvaient sous le trottoir disposé de l’autre côté de celle-ci ; à -10 cm pour le mur M40 et à -80 cm pour le mur M419. Selon Jules Formigé cette galerie aurait présenté deux niveaux de sol successifs : l’un constitué de mortier et pierre, l’autre dallé de plaques de marbre10. Au sud, la galerie fait retour avec le mur M47 (Sondage 07-40). Nous n’avons pas trouvé trace d’un passage depuis cette galerie vers la galerie (7). Cela dit, nous n’avons retrouvé que les fondations du mur M47 : peut-être ce passage existait-il à un niveau supérieur ?
Un croquis de Conil11 montre, par ailleurs, la présence d’une sépulture médiévale installée dans le mur. Celle-ci est peut-être la cause de la disparition d’un seuil éventuel à son emplacement. Nous verrons que la liaison de cette galerie avec la galerie (7) nous oblige pratiquement à restituer un accès entre l’une et l’autre galerie.
La galerie (5), qui double à l’ouest la galerie (4), était une galerie ouverte sur une colonnade dont on distingue encore les bases de colonne. Cette colonnade débouchait au nord sur un décrochement. Les murs M42 et M43 de ce décrochement sont liés (Sondage 03-25) et M43 se prolonge, lui aussi, sous la route.
Une photographie prise lors des premières fouilles montre que le mur M44 semble s’appuyer contre le mur M43 et a empiété plus ou moins sur la cour. En revanche, le sondage 03-26 a révélé que le mur M45 du plan ne semblait avoir aucune réalité archéologique. Ce “mur” est constitué de moellons empilés qui doivent provenir des fouilles. Se pourrait-il, cependant, que cet empilement reprenne une réalité antérieure ?
Le tapis de sol polychrome visible dans la galerie 5 est assez incomplet. Il devait, comme pour les autres galeries, en couvrir la totalité (Fig. 11). Les fragments conservés permettent d’en décrire la trame. Il présente un quadrillage de lignes de fleurettes, à quatre pétales noirs et rouges, non contiguës, sur fond blanc12. Chaque espace, déterminé par les lignes de fleurettes, est occupé par un nœud de Salomon centré, inscrit dans un carré noir. Le bandeau de raccord au mur est constitué d’une ligne de tesselles noires, d’une double rangée de rouges, d’une double rangée de jaunes et terminé par une double ligne de tesselles blanches. Ce pavement semble assez tardif, il peut être placé entre la fin du IVe siècle et le Ve siècle13.
La salle d’apparat (13)
Ses dimensions impressionnantes – sa surface est de 330 m2 – en font la plus vaste salle de toutes les villas du sud-ouest connues aujourd’hui14.
La salle de réception proprement dite, aux proportions imposantes, est une vaste pièce d’une longueur de 23,50 m pour une largeur de 15,80 m dotée à son extrémité sud d’une abside semi-circulaire de 9,90 m de diamètre (Fig. 4). Elle est précédée d’un vestibule au nord (9) profond de 4,70 m auquel s’ajoute une colonnade (8) dont on a retrouvé le soubassement à l’occasion du sondage 02-11.
L’état qu’il est donné de voir constitue l’état final de cette salle. Elle a évolué au cours du temps et recouvert les vestiges de structures antérieures qu’il est encore possible d’apercevoir.
État 1 (Fig. 12)
À l’origine, durant le Haut-Empire si l’on se fonde sur le matériel archéologique trouvé dans les fouilles Tauziac et mentionné dans les carnets Conil15, semble s’élever, sur un substrat protohistorique (début La Tène III) retrouvé à l’occasion du sondage profond 02-03, un premier ensemble rectangulaire limité par les murs M2 à l’est, M7 au nord, M9 à l’ouest et M11 au sud.
Ce quadrilatère (10) de 11,10 m d’ouest en est pour 7,40 m du nord au sud est formé de trois pièces à l’intérieur desquelles on trouve des aménagements, qui se rattachent à des états postérieurs (Fig. 4).
Cet espace faisait partie d’un même programme de construction avec les galeries (2) et (3). Le mur intérieur M14 est, en effet, lié au mur M2 (Sondage 10-01) ce qui laisse entendre qu’il en est de même pour les murs M7 et M11 du même ensemble que nous n’avons pu sonder pour des raisons techniques. L’espace 6 appartient à ce premier état. M11 et M22a sont liés (Sondage 02-02), de même M16 et M22a (Sondage 02-10), et M20 et M22b (Sondage 02-09).
Nous ne savons pas, par ailleurs, s’il y avait la possibilité d’accéder directement de la galerie (2) à cet ensemble de pièces. Nous avons seulement évoqué plus haut, sur la base du plan Doreau, l’existence d’un possible dégagement à l’extrémité sud de la galerie, depuis lequel on aurait pu pénétrer dans l’espace (10)16.
État 2 (Fig. 13)
À l’ouest de ce premier noyau, vient s’accoler sur le mur M9 l’espace (11) (Fig. 4) formé par les murs M10, M28a en retour et M11b (Sondage 06-39) prolongement de M11. Cette pièce, d’une longueur nord-sud de 5,35 m pour une largeur de 4,40 m, conserve encore les pilettes du chauffage de type hypocauste dont elle était munie. Le sondage 08-12 a permis la mise au jour, au nord du mur M10, d’une structure formée de 4 plaques de terre cuite rubéfiées de 58 cm de large pour une longueur conservée de 50 cm. Ces plaques de terre cuite constituent les restes d’un praefurnium (Pr1). Le conduit de ce dernier traversait le mur M10 en son milieu (Fig. 14). Les 2 plaques de terre cuite les plus au nord ont été en partie détruites par le mur M7, postérieur, venu les sectionner.
Le mur M28a, à l’ouest de cette salle, possédait des tubuli qui permettaient à la chaleur du sous-sol de s’échapper vers l’extérieur en chauffant préalablement le mur.
On peut encore en voir des vestiges restaurés. La partie basse de ce mur (Us. 11 802) est aujourd’hui toujours couverte d’un enduit de couleur brun-rouge (US. 11 803) (Fig. 15).
État 3 (Fig. 16)
Au nord de l’ensemble 10, vient s’appuyer contre le mur M7 une pièce (9a) (Fig. 4), constituée par les murs M2 à l’est, M5 et M6 au nord, M77 à l’ouest (Sondage 02-03). La liaison entre les murs M6 et M77 n’avait pu être vue en 2002, car elle était couverte par une mosaïque du dernier état de cet espace 9. À l’occasion de la dépose de celle-ci en 2008 pour restauration, il nous a été possible de l’observer (Sondage 08-07).
Cet espace, de 11,10 m sur 2,75 m, dégagé lors du sondage 02-01 (Fig. 17), présentait, lui aussi, les vestiges de pilettes, dont certaines bases étaient encore en place. Le mur M6 était percé d’un passage dont le sol est situé au même niveau que le fond de l’hypocauste. Constitué de 3 plaques de terre cuite rectangulaires, il permettait de chauffer cette pièce à partir d’un praefurnium (Pr2), matérialisé au nord par une zone entièrement rubéfiée.
Il convient de noter que le mur M77 ne se trouve pas dans l’exact prolongement du mur M9, mais légèrement décalé vers l’ouest et donc qu’il a fallu prolonger le mur M7 par un mur M7b, lié au prolongement 28b du mur M28. Ces deux prolongements ont eu pour conséquence l’agrandissement vers le nord de l’espace 11 et la destruction du praefurnium Pr1. On relève également que le mur M6 ne rejoignait pas directement le mur M2, car nous avons noté qu’il s’arrêtait par une pierre d’angle au niveau du mur M4. Cet aménagement est en tout point comparable à ce qu’on a vu au niveau de Pr2 et nous nous posons la question de l’existence possible d’un autre praefurnium Pr3 qui aurait, lui aussi, chauffé l’espace 9. Mais nous n’en avons plus la trace directe, car le mur M4 est venu ultérieurement s’installer à cet emplacement. Le mur M7, au sud, est percé par un passage de 40 cm, dans l’exact prolongement nord-sud de l’ouverture du praefurnium Pr2 repéré au niveau du mur M6. On peut supposer qu’il s’agissait là d’un moyen de chauffer la salle 10 ; mais il n’est pas possible de savoir de quelle manière. Dans son article, Jules Formigé relève l’existence de “deux portes (qui) mettaient en communication la salle I (= la grande salle à abside) et le vestibule”17. Si l’on considère que l’un de ces passages puisse être celui qui se trouve dans le prolongement du praefurnium Pr2, on peut alors penser qu’il existait un autre passage d’air chaud dans le mur M7 (la seconde “porte” de Formigé). Ce passage pourrait alors se trouver dans le prolongement du praefurnium Pr3 supposé et nous ne l’aurions pas vu, faute d’avoir eu le temps de pratiquer un sondage à cet emplacement du mur M7. Il y aurait alors eu deux praefurnia au nord de l’espace 9a, qui auraient chauffé ce dernier puis, par l’intermédiaire de deux passages dans le mur M7, les salles 10a et 10b.
Peut-être convient-il de considérer les éléments situés à l’intérieur de la pièce 10a comme une partie des vestiges d’un système de chauffage. Ce système de chauffage aurait pu également être en relation avec la salle 11, puisque le praefurnium Pr1 était alors abandonné et détruit par le mur M7. Dans les premières publications de la villa cet aménagement est nommé “soufflerie” et est rattaché à un système de chauffage considéré comme contemporain du dernier état du bâtiment18. Les sondages réalisés dans ce secteur ont montré que toutes ces structures sont d’époque contemporaine et ne possèdent aucune infrastructure antique (Sondages 03-27 et 03-28). On ne peut que conjecturer que les restaurateurs ont reconstruit, comme ils l’imaginaient avoir été, une structure en ruine, déjà reprise et transformée à l’époque antique, qu’ils n’ont pas comprise. Du reste, un cliché ancien, présenté dans les documents regroupés par Pierre Grimal en 1948, montre le très mauvais état de conservation de ces structures lors de leur mise au jour19. On peut se demander toutefois si ces vestiges de nature indéterminée ne pourraient pas constituer les restes d’une chambre d’hypocauste à canaux qui aurait eu pour fonction de transmettre la chaleur dans le reste de l’espace 10 et dans l’espace 11. Si c’était le cas, il faudrait alors considérer que l’État 3 de la salle d’apparat se rattache déjà au Bas-Empire, s’il faut en croire les auteurs qui ne font pas apparaître en Gaule ce type de chambre à canaux avant cette époque20.
Un sondage profond, réalisé dans l’angle sud-ouest de l’espace (Sondage 02-03) (Fig. 19), a mis au jour du matériel céramique du second âge du Fer. Il montre que le bâtiment romain s’est implanté à un emplacement déjà occupé à la fin de La Tène II/début de La Tène III.
Ce sondage, par définition limité, ne nous a, malheureusement, pas permis, en revanche, de distinguer des structures qui auraient pu se trouver en relation avec le matériel céramique.
État 4 (Fig. 20)
Cet état consiste en la mise en place d’une grande salle rectangulaire déterminée par les espaces 10 et 11, complétée au nord par un vestibule (9) et au sud d’une abside à pans coupés (12).
Les structures antérieures des espaces 9, 10, 11 sont arasées pour ne faire place qu’à un seul ensemble. Cependant, un petit espace 9c, délimité par les murs M2, M3, M4 et M5, s’installe sur la fondation de M6. D’une largeur de 3,40 m pour 1,23 m de profondeur, il s’accole aux murs M2 et M3. Nous n’avons pas déterminé vraiment sa fonction. Il semble peu probable qu’il s’agisse d’un local technique. Peut-être s’agit-il de la base d’un escalier intérieur qui pourrait, dans ces conditions, permettre d’accéder à un étage ?
Le sol 2 (entre les US 11101 et 11103) (Stratigraphie Fig. 19) de l’espace 9, semble n’avoir été constitué que par un mortier de couleur rose (US 11102) (Fig. 21). La fouille n’a de fait pas relevé la présence de tesselles qui auraient pu représenter la trace de la présence d’une mosaïque dès cette époque.
Comme on l’a dit, à cet ensemble vient s’ajouter, au sud, une abside à pans coupés à l’extérieur, mais semi-circulaire à l’intérieur, d’un diamètre de 5,95 m. Le dessin du plan général (Fig. 4) ne reflète pas la place réelle de cette abside par rapport au mur M11. En fait, elle divise le mur M11 en trois parties à peu près égales. Mais le “canal” postérieur nord-sud, qui la jouxte à l’ouest, est venu amputer une partie de l’épaisseur initiale de son mur. Le relevé présente ainsi le pan ouest de cette abside aminci ; ce qui donne l’impression qu’elle n’est pas du tout centrée par rapport au mur M11.
Le même phénomène s’est, du reste, produit avec la construction du “canal” qui passe au sud de cette structure, en la rasant, là encore, en partie.
Une photographie de fouille montre qu’un autre “canal” traverse le mur M11 et débouche dans l’abside (Fig. 22).
Perpendiculairement au mur M11, vient s’attacher un muret M8b, aujourd’hui disparu, qui prolongeait vers le sud le mur M8. À ce muret, s’accrochent encore les restes du sol du “canal”. Nous reviendrons infra sur ce que nous croyons être la destination et la fonction de ces murets et “canaux”.
La forme particulière, à pans coupés extérieurs et semi-circulaire à l’intérieur, de cette structure, nous apporte un indice chronologique important pour la datation. À l’occasion, en effet, de la mise en place du réseau de tramway de Bordeaux, W. Migeon a dégagé en 2001 un tel ensemble à pans coupés à l’extérieur et abside semi-circulaire à l’intérieur. Cette abside appartient à un édifice situé juste au nord de la cathédrale actuelle, parallèlement à celle-ci, et pourrait avoir été le premier groupe épiscopal de Bordeaux21. Les monnaies retrouvées sous le sol de cette abside s’étendent de la fin du IIIe siècle (Tétricus, Maximien Hercule), au début du IVe (Constantin) et la plus récente a été frappée dans un atelier gaulois entre 351 et 353. C’est donc au plus tôt dans le courant de la seconde moitié du IVe siècle qu’il faut situer ce bâtiment de Bordeaux, précieuse indication en ce qui concerne la salle de Montcaret, qui présente une structure identique dans la forme. On sait que cette forme a été importée d’Italie. On la trouve également dans la villa de Plassac (Gironde) à la même période (fin du IVe siècle/début du Ve)22. La villa de Bapteste à Moncrabeau (Lot-et-Garonne) offre aussi une salle à abside similaire, qu’il est possible de dater de la fin du IVe siècle23. Enfin dernièrement dans son rapport de fouille, B. Fages mentionne, à Séviac (Gers), une telle salle à abside à pans coupés extérieurs et semi-circulaire à l’intérieur, qu’il place, sur la base d’un trésor monétaire retrouvé à proximité, au dernier tiers du IVe siècle24.
Ainsi, faudrait-il considérer que ce type de salle à abside à pans coupés, auquel appartient la salle de Montcaret, est à dater, tout au moins pour notre région, de la seconde moitié du IVe siècle.
État 5 (Fig. 23)
C’est l’état de la pars urbana au cours duquel cette demeure aristocratique prend des dimensions grandioses et une décoration propre à cette grandeur.
La salle précédente est pratiquement doublée en surface en s’agrandissant vers le sud et en développant une abside semi-circulaire de 9,90 m de diamètre et d’une surface d’environ 77 m2, soit plus du double de l’abside de l’état antérieur.
Des restes de mosaïques, qui couvraient son sol, indiquent le niveau de circulation final. Le mur ouest M28 de cette grande salle est doublé d’un muret M28(bis), sur lequel devait reposer le sol. Sous ce niveau, on note l’existence d’un sous-sol formé de caissons séparés par des “canaux”. Dans la partie nouvelle (13), au sud de la salle, ces caissons sont réguliers, cloisonnés par les “canaux” qui se coupent à angle droit. Dans les espaces déjà bâtis de cette vaste salle, les caissons sont constitués en complétant les infrastructures préexistantes par des ajouts qui viennent s’appuyer sur ces dernières. C’est le cas, en particulier, du muret M8b perpendiculaire au mur M11 mentionné précédemment, qui se trouvait dans l’abside à pans coupés (Fig. 22).
On s’est interrogé sur la fonction de ces “canaux”, interprétés par les premiers fouilleurs, et d’autres par la suite, comme des canaux de chauffage permettant de chauffer la salle par le passage d’air chaud dans son sous-sol.
Il faut dire que les premiers fouilleurs avaient retrouvé, comme on l’a dit supra, dans l’espace 10a, des structures qu’ils avaient associées à un système de chauffage. Ils avaient donné aux vestiges de cet espace 10a le nom de “soufflerie” en expliquant que le rôle de celle-ci était de constituer un courant d’air permettant une meilleure circulation de l’air qu’il fallait pulser dans toute cette vaste salle par l’intermédiaire des “canaux” situés entre les caissons25.
Contre cette interprétation, nous dirons d’abord que nous n’avons jamais rencontré ce type de chauffage dans le monde romain. Le chauffage par canaux apparaît au Bas-Empire mais les conduits de chauffage de cette époque sont beaucoup moins hauts et beaucoup moins larges26 que ceux-ci, qui possèdent des dimensions d’environ 1 m pour la hauteur et une moyenne de 80 cm pour la largeur. Nous avons même, maintenant, la confirmation qu’il ne peut s’agir, comme nous le pressentions, de canaux de chauffe, suite à l’opération préventive menée par M.-N. Nacfer au nord-ouest du site27. Cette dernière a, en effet, retrouvé à cet endroit la partie sud d’une salle (15), déjà rencontrée par Pierre-Martial Tauziac. Cet espace avait été ensuite rebouché, car situé en contrebas de la route qui, faute de talutage si l’on conservait la pièce, risquait de s’affaisser avec le passage répété des véhicules. Cette salle, dotée d’une abside semi-circulaire, était donc du même type architectural que celui de la grande salle. Elle était, par ailleurs pourvue d’un chauffage dont on a retrouvé un canal de chauffe le long précisément de l’abside (Fig. 24). Ce canal, identique à ceux généralement décrits pour la même période, possédait ici une largeur d’environ 50 cm. On ne voit dès lors pas pourquoi deux salles, contemporaines, à proximité immédiate l’une de l’autre, auraient présenté deux types de chauffage différents, dont l’un totalement inconnu pour le monde romain.
Cela dit, il reste à déterminer la fonction de ces structures sous-jacentes et porteuses du sol de circulation. Nous n’avons, personnellement, jamais rencontré de tels vestiges auparavant. En ce qui nous concerne, nous proposons de considérer ces “canaux” plutôt comme des vides sanitaires, installés sous le sol de la grande salle à abside pour isoler cette dernière de l’humidité. Ces vides sanitaires sont placés entre des caissons dont le rôle est, alors, de supporter le sol de la salle située au-dessus. Nous reviendrons du reste ci-après sur cette question de l’humidité dans ce secteur de la pars urbana. Quant aux “structures” de la “soufflerie” des auteurs du début du XXe siècle, nous pensons, comme nous l’avons dit ci-dessus, qu’il s’agit de vestiges d’un état antérieur qui ont été, soit arasés, soit plutôt réutilisés au même titre que d’autres structures appartenant aux états précédents, comme supports du sol de la grande salle à abside.
Si, comme nous l’envisageons, ce système original s’avère bien avoir été le résultat de la recherche d’une solution pour résoudre un problème d’humidité, voire même d’envahissement par l’eau, il devient particulièrement intéressant car il rompt avec les autres solutions développées pendant l’Antiquité pour résoudre les problèmes de remontée d’humidité dans les habitats ou le drainage des sols. Nous connaissons, en effet, l’utilisation des coquilles d’huitres pour former des radiers de sols compacts et drainants28. L’emploi d’amphores renversées, comme celles de type Dressel 20 employées dans les grands entrepôts de Saint-Romain-en-Gal, pour empêcher, ou tout au moins limiter, la progression de l’eau par capillarité, est aussi attesté29. De même pour assainir des sols, la pose de drains, ou à nouveau d’amphores allongées, emboîtées les unes dans les autres – à l’image de ce qu’on a retrouvé sur le site des “Aiguières” à Fréjus30 ou celui de “la rue Malaval” à Marseille, avec des amphores hispaniques31 – sont des méthodes également reconnues.
Ici, il semble qu’une solution double ait été mise en place pour répondre à la question de la remontée d’humidité mais aussi à la circulation en sous-sol, de possibles arrivées d’eau. Du reste, Conil constate que le sol “accuse une pente de 0,15 m à 0,18 m de l’ouest à l’est”32. Compte tenu de sa vision selon laquelle il s’agit d’un système de chauffage, il pense que cette pente à été réalisée pour permettre une meilleure circulation de la chaleur sous le sol de la grande salle25. Selon notre interprétation personnelle du système, cette pente prend toute son importance pour l’évacuation d’eau arrivant par l’ouest. Or, c’est justement au nord-ouest de la salle d’apparat que débouche l’arrivée de l’eau en provenance de la Fontaine Saint-Pierre, source qui approvisionnait la pars urbana de la villa. De même, nous verrons infra que tout le système d’écoulement des eaux de surface est orienté dans le sens ouest-est. Particulièrement important, ce système laisse, par ailleurs, supposer l’existence d’un véritable problème de gestion de l’eau, au moins, dans cette partie de l’habitat.
Le mur M11 est doublé d’un petit mur M15 est-ouest. Ce petit mur vient s’appuyer sur le pan est de l’abside à pans coupés de l’état antérieur. Contre le mur M11, nous avons retrouvé les traces de marches (Sondage 02-08). Elles indiquent qu’un escalier de 3,10 m sur 2,30 m débouchait dans la grande salle et permettait alors d’accéder directement de la galerie (3) à l’intérieur de celle-ci. On passait de la galerie (3) à l’escalier par l’intermédiaire du seuil que nous avons retrouvé (Fig. 8) S2) et il faut considérer que la reconstruction de l’élévation du mur M2 à cet endroit par les restaurateurs est abusive. On constate que l’architecte a conçu la grande salle de manière à ce que l’escalier, et, partant, la galerie (3) débouchent en son milieu. Nous verrons plus tard, pour le dernier état de cette salle, que le prolongement vers l’ouest de la galerie 3 et de cet escalier constituera l’axe de la salle cruciforme qui va s’adjoindre à la grande salle. En vis-à-vis de cet escalier, et en sous sol de la salle cruciforme (14) sur le mur M28, on découvre l’existence de deux piles de brique P1 et P2 (Fig. 25) encadrant un passage.
Ce dernier a été bouché dans un second temps. En avant de ce passage le sol (Sm) est bétonné et laisse penser de ce fait qu’il était aménagé. Nous proposons l’hypothèse selon laquelle il pouvait s’agir d’un accès (par l’intermédiaire, là aussi, d’un escalier ?) depuis l’extérieur vers l’intérieur de la grande salle, à un moment où la salle cruciforme n’était pas encore construite. Cet accès aurait alors constitué le pendant, à l’ouest de la grande pièce, de celui reconnu à l’est, qui venait de la galerie 3.
En regardant attentivement le plan relevé par J. Doreau, on remarque qu’un mur M17 a été bâti contre l’abside à pans coupés, au sud de celle-ci. Ce mur s’étend sur toute la largeur de la grande salle. Le sondage 10-02 montre qu’à l’ouest il est lié au mur M28 et qu’il fait, par conséquent, partie du programme de construction de la grande salle et aurait pu participer au support du sol de cette dernière.
Dans ces conditions, il faut envisager que le sous-sol de cette grande salle n’a pas toujours présenté la forme qu’on lui connaît actuellement et peut-être qu’il s’agissait tout d’abord d’un espace totalement comblé. C’est peut-être seulement à la suite de déboires causés par les eaux et l’humidité afférente, que la grande salle aurait été munie d’un sous-sol doté de vides sanitaires entre des caissons, supports du sol, et que le mur M17 ayant perdu sa fonction de support et mal placé dans la nouvelle configuration caissons-vides sanitaires, aurait été arasé. On notera que le petit caisson ouest situé à l’entrée de l’abside n’est pas lié mais s’accole au pilier ouest de celle-ci, et qu’il n’était, par conséquent, pas prévu dans le programme initial de la construction de l’abside. C’est un ajout postérieur. Et il y a là, semble-t-il, un élément supplémentaire montrant que cette grande salle à abside a connu deux états différents : un état sans caissons, suivi d’un état qui en était pourvu.
Cela dit, ce mur M17 présente, tout au moins à l’endroit où il est raccordé à M28, une largeur de 82 cm, qui peut paraître particulièrement importante pour jouer le rôle de simple support de sol, et on peut se demander s’il n’a pas eu, au préalable, une autre fonction.
Le suivi de travaux d’adduction d’eau effectué sur la rue au nord du site en 199533, nous avait permis d’entrevoir la partie nord/ouest du mur M1 montrant qu’il n’y avait pas d’angle avec le mur M28 et qu’à cet emplacement se trouvait un passage (Fig. 26).
On a dit que la pars urbana se développait sur deux niveaux. On notera que la grande salle se trouve sur le niveau supérieur et qu’on y accède depuis la cour centrale et les autres bâtiments qu’elle domine, par des escaliers, s’imposant ainsi dès l’abord par rapport au reste de l’édifice. La grandeur et la majesté de cette imposante salle, qui était mosaïquée, précédée d’un vestibule qui, lui-même, devait également posséder un pavement décoré de tesselles sur toute sa surface, avait selon toute vraisemblance une fonction d’apparat et permettait au grand propriétaire de recevoir dignement. Cette pièce, toute en longueur, terminée par une vaste abside, dans laquelle pouvait se tenir le maître des lieux, répondait totalement à la place que ces grands aristocrates, souvent très proches, tel Ausone, du pouvoir, tenaient dans la société, et à l’image qu’ils voulaient donner d’eux-mêmes. Les marbres de différentes couleurs, les enduits peints, comme les chapiteaux de colonne ou de pilastre34, dont les fouilles ont révélé de nombreux fragments, ajoutaient encore à la magnificence que la situation d’une telle salle, son volume ainsi que ses mosaïques lui procuraient déjà.
État 6 (Fig. 27)
C’est au cours de cet état, que la salle cruciforme (14) vient s’ajouter à la grande salle à abside et nous allons maintenant traiter simultanément ces deux espaces, qui vont se développer conjointement et former un ensemble cohérent.
La salle cruciforme (Fig. 28), donc, vient s’accoler à l’ouest de la grande salle. Ses murs M29 et M35 ne sont, en effet, pas chaînés avec le mur M28 de la grande.
Cette pièce est composée, à son extrémité ouest, d’un chevet plat de 3,75 m de largeur et, sur ses côtés sud et nord, de deux absides semi-circulaires de 2,50 m de diamètre, qui se font face. Le bras est de cette croix possède les mêmes dimensions que le bras ouest, qui lui est symétrique par rapport aux deux bras absidiaux. Les seuils des ces quatre espaces sont de 3,40 m. D’après les fouilleurs, deux ouvertures “de 1,26 m environ” (de part et d’autre d’un pilier central ?) permettaient le passage de cette salle à la grande salle17. Cette pièce était entièrement mosaïquée, mais ses mosaïques ont été endommagées en partie par des sépultures médiévales encore en place aujourd’hui qui les ont perforées et par l’installation en 1827 du lavoir, à l’origine de la découverte du site, mais dont la construction s’est néanmoins poursuivie en utilisant, d’une façon très pragmatique, pour le fond de celui-ci, ce sol mosaïqué fort bienvenu35.
Comme nous l’avons déjà évoqué, on remarquera que la salle cruciforme est bâtie juste au milieu du mur latéral de la grande salle à abside si nous considérons que l’espace (9) est bien un vestibule indépendant de cette grande salle. Et nous constatons, comme nous l’avons dit, que l’axe de cette salle cruciforme passe par l’escalier qui mène à la galerie (3) et se trouve dans l’exact prolongement de cette galerie. Ce qui implique une réflexion architecturale d’ensemble de la part du constructeur, lorsqu’il s’est agi d’adjoindre cette pièce à la plus grande.
Cette salle était, dans un premier temps, chauffée, si l’on se fonde là encore sur les tubuli intégrés dans les murs, tout autour de cette pièce. À ces tubes de chauffe s’ajoute l’ouverture dans le mur ouest d’un passage. Ce passage pouvait alors avoir pour fonction de conduire l’air chaud en provenance d’un foyer extérieur vers cette salle (Fig. 29).
Ce “passage” est dans un second temps obstrué et condamné par un important caniveau “cimenté”36, extérieur au bâtiment, fait de tuiles de 40 cm de large posées à plat (Fig. 30). Ce caniveau longe le mur M32 et présente une double pente. La pente nord se dirige dans cette direction et le caniveau (C2) contourne l’abside nord pour s’ouvrir, vers l’est, sur un espace constitué de grandes plaques de terre cuite. Cette structure de grandes plaques se rétrécit à son autre extrémité et donne sur un nouveau caniveau (C3). Ce dernier longe le vestibule 937, traverse la galerie (2) et débouche dans l’espace 1. Là, il longe le mur M13 de la galerie (2) du nord au sud sans que l’on sache ensuite comment il se poursuivait dans l’Antiquité, compte tenu de sa reprise totale à l’époque contemporaine. Au sud, depuis le milieu du mur M32, le caniveau (C4) contournait l’abside sud et s’ouvrait sur le même type de structure de grandes plaques de terre cuite rencontré au nord. À son autre extrémité, cette structure de grandes plaques se resserrait, elle aussi, pour déboucher sur un nouveau caniveau (C5), qui contournait l’abside de la grande salle, puis s’écoulait vers l’est où il allait vraisemblablement rejoindre le caniveau nord-sud décrit plus haut.
Nous ne savons pas vraiment comment interpréter les deux structures de grandes plaques de terre cuite placées au nord-est et au sud-est de la salle (Fig. 30).
Nous pensons qu’il peut s’agir d’espaces de rétention d’eau pour contenir un trop-plein qui ne pourrait pas être absorbé par le caniveau, pourtant important, en cas de trop forte arrivée d’eau. Le trop-plein d’eau s’accumulerait ainsi dans ces espaces aménagés à cette fin. Puis, avec l’arrêt de la cause du trop-plein, l’espace de rétention se viderait peu à peu. On notera que si cette interprétation est juste, elle renforce l’hypothèse de l’existence d’un problème de gestion de l’eau, évoquée ci-dessus, contraignant sur ce site.
Il est possible d’accéder sous le sol mosaïqué restauré de la salle cruciforme. Ce sous-sol est, pour les neuf-dixièmes, rempli de terre. Il ne semble pas, ni selon les photos anciennes qui nous sont parvenues, ni selon les notes de Conil, qu’il ait été fouillé38. Il subsiste aujourd’hui un vide d’une cinquantaine de centimètres entre la dalle de béton contemporaine du sol de la pièce et la surface de la terre. Mais il reste à déterminer si le sol actuel se situe au même niveau que celui antique retrouvé lors de la fouille. Si nous nous fondons sur les photographies anciennes, il semble bien que le niveau d’aujourd’hui corresponde à peu de choses près au niveau retrouvé alors. Malgré les conditions difficiles de progression sous cette dalle, nous avons pu observer le mur qui ferme l’abside nord et lie les fondations des murs M33 et M35. Ce mur vient buter contre ces fondations à l’aplomb des pilastres de l’abside dont on distingue les bases (Fig. 31).
Ainsi cette salle aurait-elle connu deux niveaux de sol successifs : un premier niveau, en relation avec les bases de pilastres actuellement en sous-sol, et un autre niveau plus élevé de 40 à 50 cm, à l’image du sol actuel. Des tranchées ont été réalisées par les premiers fouilleurs le long des murs. En particulier, comme le montre le cliché, à l’aplomb des bases des pilastres de la salle, de même qu’à l’aplomb de la bouche de ce que nous considérons comme un praefurnium. C’est encore le cas à la hauteur de ce qui constitue une liaison entre cette salle et la grande salle à abside (Fig. 26). On relève, nulle trace en sous-sol de la base des tubuli aperçus dans la salle. Pas de trace, non plus de canaux de chauffe. Tous ces éléments ont-ils été détruits au cours de la fouille ou au cours des restaurations/reconstructions qui sont particulièrement visibles sous forme de piliers de béton et de murs de soutènement en brique dans ce sous-sol. Mais ont-ils, seulement, eu le temps d’exister vraiment ?39
En tout état de cause, il faut considérer que la salle cruciforme a connu deux états, 6A et 6B, consécutifs. Une première période (6A) où la pièce est dotée d’un possible praefurnium situé à l’ouest du mur M32. Le sol de cette salle aurait alors été construit en fonction des bases des pilastres placés aux angles. Dans un second temps (6B) le praefurnium aurait été condamné au profit d’un caniveau (C2-C4) et le niveau de sol, peut-être remonté, plus ou moins à son niveau actuel.
Il est tentant par ailleurs de relier le remaniement de cette salle, dû aux problèmes occasionnés par l’eau, au remaniement subi par la grande salle à abside pour des raisons apparemment identiques. Ainsi, la grande salle aurait-elle pu, comme on l’a dit, connaître un état au sous-sol formé de terre, à l’État 5, et un état au sous-sol doté de vides sanitaires et de caissons durant la période 6B, tandis que la salle cruciforme, construite ultérieurement, aurait été bâtie au cours de ce qu’on a nommé l’État 6A et aurait subi ses transformations, rendues nécessaires par la présence de l’eau, lors du même État 6B que la grande salle à abside.
On nous permettra d’insister sur la question de la gestion de l’eau à cet endroit pour constater qu’elle semble avoir constitué pour le propriétaire un problème capital, qu’il a fallu gérer sans ménagement. Il a conduit, en effet pour la salle cruciforme, à supprimer un chauffage par canaux, qu’il aura, dès lors, été nécessaire de remplacer par un chauffage intérieur de type braséros, au profit de caniveaux extérieurs, larges et profonds, auxquels on a adjoint ce que nous croyons être des bassins de rétention d’eau. Pour la grande salle, il a nécessité de réaménager tout son vaste sous-sol en dotant ce dernier de vides sanitaires entre des caissons/supports40.
Il faut faire état d’une curieuse structure installée dans le mur M28 qu’on aperçoit depuis le sous-sol intérieur de la grande salle liée au pilier P1 (Fig. 32). Elle est située au niveau du passage (Sm) qui menait, à l’ouest, de l’extérieur à l’intérieur de la salle pendant l’État 5. Unie au pilier P1 de la figure 22, on pourrait croire qu’elle est en relation avec lui. Elle présente un fond en cul-de-four et fait penser à un four à pain tel que celui de la boulangerie Or. II, 8 d’Herculanum41.
La question est de savoir à quelle époque cette petite construction fonctionnait.
L’accès à l’arrière de celle-ci est possible, même si dans des conditions difficiles, puisque en sous-sol de la salle cruciforme. L’imbrication entre la structure et le pilier (Fig. 32b) semble indiquer que le pilier est venu s’installer dans la structure, qui aurait appartenu à une aire de service antérieure, et l’a détruite. Celle-ci aurait – située à l’ouest de l’abside à pans coupés – fonctionné, par conséquent, pendant l’État 4. L’agrandissement de la grande salle à l’État 5 aurait été la cause de sa destruction par le pilier P1, qui faisait alors partie de l’entrée ouest de cette nouvelle salle. Certes, cette entrée était une entrée de service, mais il semble bizarre que cette boursouflure autour du pilier ait été conservée ainsi.
En ce qui concerne la fonction de la salle cruciforme, la disposition tripartite de ses alvéoles et son débouché direct sur la grande salle de réception, nous invitent à y voir un triclinium, une salle à manger pour le petit groupe d’invités proches du propriétaire des lieux. Les triclinia à trois absides passent, contrairement aux triclinia à une seule, pour des pièces d’apparat, réservées pour les grandes occasions42. Ce qui s’accorderait parfaitement avec le rôle que souhaitait faire jouer le propriétaire des lieux à la grande salle.
Un lit de repas pouvait parfaitement être placé dans chacune des trois branches situées autour de l’espace central resté dégagé pour le service, qui s’effectuait facilement depuis la salle de réception. Cet espace central pouvait également être utilisé pour accueillir un spectacle43. Du reste, les tapis mosaïques conservés, les bandeaux et les guirlandes barrant l’entrée des alvéoles confirment s’il en était besoin la délimitation et la différenciation qu’on a voulu donner aux différents espaces de cette pièce (Fig. 33).
Comme les premiers fouilleurs44, nous pensons qu’il faut restituer l’existence d’un portique (8) au nord du vestibule (9) (Fig. 34).
Le sondage 02-11, réalisé à l’angle nord-est de celui-ci, a montré que le mur M1 vient buter contre le pilier situé à l’extrémité du mur M2 de la galerie 2 (Fig. 35).
C’est l’étroitesse de la surface (2,65 m), laissée libre entre le mur M3 du vestibule et le mur M1, qui nous fait attribuer la fonction de portique à cet espace. Mais nous ne savons pas s’il convient de rattacher ce portique (8), situé en avant du vestibule (9), à un sous-état de l’État 5 ou à un état ultérieur (État 6).
Nous avons proposé d’associer le caniveau C3 au remaniement de la salle cruciforme, qui aurait vu la suppression de son praefurnium au profit des aménagements que constituent le caniveau C2 et l’espace de rétention d’eau, mais nous ne pouvons pas savoir si sa mise en place est antérieure, contemporaine ou quelque peu postérieure à l’édification du portique.
Les pavements mosaïqués (Fig. 36)
Le pavement mosaïqué du triclinium se présente sous la forme de quatre panneaux situés autour d’un tapis central (Fig. 37).
Ils sont séparés de ce dernier par une ligne de triangles superposés, alternativement jaune et rouge. Le tapis central offre, sur un fond blanc, une composition orthogonale de paires tangentes de peltes adossées, alternativement couchées et dressées, déterminant des intervalles cordiformes. Les peltes colorées à base de rouge et de jaune cernées de noir, possèdent un triangle à l’apex. Ce type de décor est visible à la villa de Séviac dans un contexte de la seconde moitié du IVe45. À l’est et à l’ouest, on trouve un décor constitué d’une composition en quadrillage de coussins et de cercles adjacents bordé d’une tresse et d’un bandeau blanc (Fig. 38).
Ce type de composition datable du IVe siècle est peu courant en Aquitaine. Les deux absides sont ornées de manière identique par une composition orthogonale d’écailles colorées alternativement en jaune et rouge de manière à faire apparaître un décor de chevrons. Elles sont bordées par une tresse.
À l’État 6 la salle d’apparat présente un pavement polychrome conservé en partie, localisé contre le mur ouest (Fig. 39).
Il s’agit d’une composition répétitive et orthogonale de carrés et de losanges adjacents. Les losanges sont décorés par des fleurons longiformes à deux pétales (ou feuilles en fuseau). Certains carrés présentent un décor de fleuron composé de quatre lotus alternativement jaune et rouge séparés par des pétales lancéolés. La bordure est constituée d’une ligne de demi-cercles sécants et tangents, déterminant des ogives et des écailles. Ce type de mosaïque est présent à la villa de Lalonquette (Pyrénées atlantiques) dans un contexte du début du Ve siècle46. Dans la partie centrale de cette grande pièce subsiste un lambeau de mosaïque qui a été placé à la même altimétrie que la mosaïque précédente mais dont le registre diffère totalement avec la présence d’une tresse en arc de cercle (Fig. 40). Ce dernier fragment est isolé et il est difficile de définir son articulation avec le précédent observé à l’ouest. Il peut correspondre tout simplement aux restes d’une mosaïque appartenant à un état antérieur et repositionnée lors des restaurations de la première moitié du XXe siècle.
Auguste Conil mentionne dans un de ses carnets un fragment de mosaïque de 33 cm qui aurait été retrouvé près de l’abside de la grande salle d’apparat et qui pourrait appartenir à la bordure de la mosaïque de cette salle47. La découverte a été faite par le fossoyeur Ménard avant la désaffectation et le déplacement du cimetière. Conil reste prudent dans son commentaire compte tenu de l’imprécision de l’endroit de la découverte effectuée à l’occasion du creusement d’une tombe.
Le vestibule (9) est décoré dans son état final d’un tapis de sol polychrome qui présente un décor géométrique matérialisé par des octogones adjacents déterminant des carrés (Fig. 41).
Une grande majorité des octogones est décorée par un fleuron à huit pétales en fuseau. Le bandeau de raccord est constitué d’une large bande de tesselles jaunes séparée du tapis principal par deux lignes de trois filets, rouges et jaunes.
La salle du nord-ouest (15)
Elle se trouve placée entre la salle cruciforme et la route qui borde le site au nord (Fig. 4). Elle a été à peine fouillée, car elle disparaît justement sous la route (Fig. 42).
L’abside de cette salle avait été mise au jour par Pierre-Martial Tauziac et rebouchée pour des raisons de sécurité. Seule une petite partie de l’abside avait été conservée et protégée par l’ancien bâtiment qui faisait fonction d’espace muséal. Cette salle a été retrouvée par M.-N. Nacfer à l’occasion de la construction de l’espace muséal actuel27.
Le mur M36 de l’abside présente un diamètre intérieur de 5,30 m et se poursuit par un mur ouest-est (M37) construit en petit appareil, conservé sur 70 cm de hauteur et sur une longueur de 3,50 m. À son extrémité est, il est chaîné avec un mur nord-sud (M38) qui s’enfonce sous la route. Au milieu de ce mur et à sa base s’ouvre un conduit maçonné, d’orientation elle aussi nord-sud, dont on ignore la fonction (Figs. 42, 43).
Le fouilleur se demande s’il appartient à un système de chauffage ou un système de ventilation. On peut également formuler l’hypothèse d’un passage pour l’eau (évacuation ? aqueduc ?), puisque la source que constitue la fontaine Saint-Pierre se trouve juste au nord. En faveur de la première hypothèse, on notera que ce conduit débouche sur le prolongement du caniveau C1, qui longe l’abside de cette pièce ; caniveau dont les eaux sont recueillies par le “trop-plein/bassin de rétention” situé au nord de la salle cruciforme et vont rejoindre, avec celles du caniveau C2, le caniveau C3. En faveur de la seconde hypothèse, il convient de faire remarquer que, lorsque les travaux d’assainissement ont eu cours tout au long de la route qui surplombe le site un fragment de canalisation a été extrait de la tranchée48. Il s’agit d’un bloc longitudinal en pierre, réutilisé, percé d’une gouttière (Fig. 44).
Une des surfaces longitudinales présente, en effet, les traces de ce qui dut être un ancien décor géométrique. Ce bloc, d’environ 30 cm de large pour 25 cm de haut, est creusé à sa surface supérieure d’un canal d’écoulement semi-circulaire d’une largeur de 10 cm. On notera à ce propos que d’autres fragments de ce même type de canalisation sont conservés également sur le site, mais n’en proviennent peut-être pas tous. Ils sont en calcaire et présentent pour deux d’entre eux des encoches à l’une de leurs extrémités, ce qui permettait de les ajuster bout à bout en évitant au maximum les déperditions d’eau. Un des fragments, identique à celui retrouvé à l’occasion des travaux d’adduction d’eau effectué sur la rue au nord du site en 1995, est représenté par Conil dans ses carnets et considéré également par lui comme une “canalisation”49. Les dimensions portées par Conil sur son croquis font état de 25 cm pour la base de la canalisation. Dès son rapport de 1923, Conil signale cet “aqueduc en pierre qui relie une fontaine voisine” en précisant que le secteur n’est pas encore fouillé50.
Les deux hypothèses (évacuation et aqueduc) ne s’opposent pas. Mais il n’est pas possible aujourd’hui de savoir exactement comment elles s’organisaient l’une et l’autre.
Un conduit de chauffage longeait la paroi interne de l’abside qui présentait des tubuli verticaux (Fig. 43). C’est ce canal de chauffe, rappelons-le, qui a conforté notre idée selon laquelle les “canaux” de la grande salle à abside 13 n’étaient certainement pas des conduits de chauffage, compte tenu de leur taille, mais plutôt des vides sanitaires. Ce conduit-ci était fermé par une couverture de tuile et le tout recouvert par un sol mosaïqué. Cette mosaïque est conservée sous forme de lambeaux, car elle a été perforée par des sépultures, mais aussi parce qu’une partie de celle-ci avait été déposée à la suite des fouilles Tauziac et replacée sur un support (Fig. 45).
Elle a, aujourd’hui, retrouvé sa place d’origine et se dresse à la verticale de la partie sud de l’abside, qui a été à nouveau intégrée au bâtiment muséal. En ce qui concerne cette mosaïque restaurée, l’opération archéologique aura ainsi permis de retrouver son emplacement originel dont on avait totalement perdu le souvenir.
Différents fragments de cette mosaïque sont de types connus. Ils représentent une composition orthogonale de paires tangentes de peltes adossées, alternativement couchées et dressées, déterminant des intervalles cordiformes. Les peltes colorées à base de rouge et de jaune et cernées de noir, offrent un triangle à l’apex. Le bandeau de raccord est caractérisé par une sinusoïde noire, les ondulations jaunes ou rouges sont ornées de denticules (Fig. 46).
Évolution de la zone de réception de la Pars Urbana et de son fonctionnement par rapport au reste des bâtiments (Fig. 47)
Finalement, il nous est possible de proposer un schéma général de la progressive évolution de la salle d’apparat au cours du temps et de ses relations au sein de l’ensemble des bâtiments.
On assiste tout d’abord (État 1) à la mise en place, au début de l’Empire51 d’un ensemble quadrangulaire, composé des espaces (10a), (b) et (c), bâti au cours du même programme architectural que les galeries (2) et (3). Un passage permettait l’accès entre ces deux galeries et c’est vraisemblablement par l’est qu’on accédait à l’ensemble (10), qui ouvrait alors sur la galerie (2), peut-être en (10c) (voir description galerie (2) et figure 6).
À ce premier ensemble, vient s’ajouter, à l’ouest (État 2), l’espace (11a) qui est chauffé par un hypocauste à pilettes. L’accès devait être le même que précédemment, d’autant que les secteurs au nord (espaces [9b] et [11b]) étaient alors occupés par les praefurnia.
À l’État 3, l’espace (11a) s’accroit de l’espace (11b). Parallèlement, se développe l’espace (9a).
Lors de l’état suivant (État 4), l’espace (9b) s’ajoute à l’espace (9a) pour former une seule et même structure (9). Dans le même temps, l’abside à pans coupés (12) vient s’accoler aux espaces (10) et (11). La monumentalité et l’axialité de cette grande salle à abside commandait qu’il soit possible d’y pénétrer par sa façade nord, même si, pour des raisons pratiques, on avait conservé une entrée latérale par la galerie (2).
Par la suite, les constructions s’agrandissent encore de l’espace (13) (État 5), qui présente une abside circulaire, puis (État 6) de l’espace (14) (triclinium), qui vient compléter à l’ouest la grande salle. L’espace (8) (portique), au nord, s’intègre à l’un de ces deux derniers états.
En ce qui concerne les circulations – dont la recherche, rappelons-le, est à l’origine des campagnes de sondages que nous avons réalisées pour tenter d’expliquer comment fonctionnaient les différentes parties de ce vaste ensemble entre elles – il ressort que les corps de bâtiments étaient indépendants les uns des autres. Et il apparaît que les déplacements de l’un à l’autre étaient réalisés en empruntant les galeries situées autour de l’espace central, galeries sur lesquelles ouvraient les bâtiments.
Les murs de l’ouest (Fig. 48)
Le mur orienté nord-sud n’apparaît pas sur le plan Doreau. Nous connaissions son existence suite à des travaux d’entretien opérés en 196852 et nous l’avons retrouvé à l’occasion des opérations préventives réalisées préalablement à la reconstruction de l’espace muséal53. Il s’agit d’un mur bien appareillé, qu’on peut considérer comme parallèle à l’axe de la grande salle à abside54. Nous pensions que ce mur nord-sud pouvait être la construction la plus à l’ouest de la pars urbana et constituer de ce fait soit un mur de clôture, soit un mur de soutènement de terrasse. Des travaux d’assainissement réalisés en 199455 montrent qu’un autre mur lui est perpendiculaire et nous ne pouvons déterminer s’il s’agit d’un nouveau mur de soutènement ou d’une construction qui prolongerait la pars urbana. Aujourd’hui, compte tenu de l’existence des voies de circulation, qui encadrent cette partie du site, il n’est pas possible de confirmer ou d’infirmer nos hypothèses.
La construction sud (6)
Contre la galerie (3) vient s’aligner au sud une construction (6) (Fig. 4) dont il est difficile de savoir aujourd’hui quelle forme celle-ci présentait exactement. La route qui passe devant l’église, d’abord, et l’église elle-même ensuite, nous empêchent d’envisager exactement la nature de ce bâti.
À l’ouest, les murs M16 et M20 (Fig. 4) font retour sur une colonnade. Les sondages 02-09 et 02-10 nous ont permis, en effet, de retrouver la base de colonne à chaque extrémité contre ces murs (Fig. 49).
Nous sommes en présence des vestiges de deux salles jumelles (6a) et (6b), délimitées à l’ouest par le mur M18 (Fig. 4). En revanche, nous ne savons pas comment elles se prolongent à l’est. Une largeur de 4,58 m est à peu près la même pour ces deux espaces dont le sol était constitué d’un béton de tuileau ; espaces qui se sont installés entre les murs M16 et M20 (le mur M18 s’appuie au nord et au sud contre ces murs).
Ultérieurement, les extrémités ouest des murs M16 et M20 seront arasées pour permettre d’accéder à la galerie (7). Le sol de circulation de ce passage nord-sud les recouvrira.
À l’est, le mur M16 et le mur M75 sont liés, comme nous l’avons vu à l’occasion de la description de la galerie 4. En revanche, il ne nous a pas été possible d’accéder à l’intersection des murs M75 et M20 qui se trouve sous un bâti contemporain, contrefort pour le chevet de l’église.
Comment s’organisait ce vaste espace, et quelle pouvait être sa fonction ? Il est bien difficile de le dire. Il pourrait s’agir de pièces d’habitation pour le propriétaire et les siens à proximité de la grande salle d’apparat, comme de salles à usage utilitaire (cuisine, réserves,…). Le sol, bien construit des espaces (6a) et (6b), aurait pu nous faire pencher en faveur de la première hypothèse s’il avait révélé par ailleurs des traces de mosaïques. Il convient de noter, en effet, que la salle (15), située au nord de la grande salle à abside et mosaïquée, est ainsi plus propre, tout au moins en ce qui concerne le dernier état de l’habitat, à recevoir les appartements du propriétaire et de sa famille. En ce qui concerne une éventuelle fonction de stockage, nous verrons infra que la pars rustica liée à cette partie résidentielle de la villa est bien évidemment susceptible de présenter ce type de fonction. Néanmois, il est tout aussi concevable que l’espace (6) ait pu présenter des pièces, propres à conserver des denrées, plus proches du lieu de cuisson et de préparation des repas du propriétaire et de sa famille.
La galerie sud (7)
Un passage est aménagé dans le mur M20 entre les murs M18 et M22b pour accéder à une nouvelle galerie (7) (Fig. 4) d’une largeur de 4,15 m, formée des murs M20 et M21. Elle constitue, d’ouest en est jusqu’à l’espace thermal, une grande entité, qui s’étend sur environ 40 m, à l’instar de la galerie (3), avec laquelle, du reste, elle encadre la construction 6. Un unique tapis mosaïqué formé d’écailles se retrouve ainsi à son extrémité ouest, le long du mur sud de l’église et à l’est de l’absidiole sud de celle-ci.
À l’est, le mur M46 fait retour avec le mur M21 (Sondage 07-41) et vient s’accoler au mur M47 de la galerie 4 (Sondage 07-40).
Le prolongement 16 à l’est de cette galerie est indépendant de celle-ci. Pierre-Auguste Conil a bien noté, du reste, que les mosaïques de l’un et l’autre espace, ne sont pas au même niveau11. Nous sommes alors déjà dans la partie thermale de la pars urbana.
La grande galerie (7) était entièrement recouverte par un pavement mosaïqué polychrome, comme en témoignent les nombreux éléments conservés sur toute sa longueur. Le secteur 7d présente les éléments les plus cohérents et, dans un souci de lisibilité vis à vis du grand public, a été restitué dans son ensemble (Fig. 50).
Il s’agit d’une composition orthogonale d’écailles. Les écailles colorées alternativement en jaune et rouge font apparaître un décor en chevrons. Le bandeau de raccord est constitué d’une sinusoïde noire, les ondulations jaunes ou rouges sont ornées de denticules. Cette mosaïque ressemble en tout point à celles qui ornent les absidioles du triclinium (14) et, de ce fait, appartenir au même programme décoratif.
La terrasse (7bis)
Nous proposons de faire de cet espace, large de 6,30 m, une terrasse qui double au sud la galerie (7)56. Le mur M57 constituerait alors un mur de soutènement, hypothèse que pourrait corroborer l’existence du mur M80, avec lequel il est chaîné (Sondage 08-14). Ce mur M80 aurait alors une fonction de renfort pour le mur M57. Le mur M56 ne constitue pas le retour de M57. Que ce soit au nord de M57 (Sondage 03-03) ou au sud de ce mur (Sondage 03-08), le mur M56 s’appuie sur M57, ce qui laisserait supposer que le mur M57 se poursuit à l’est vers la piscine. En outre, M56 vient également s’appuyer sur le mur M21 (Sondage 03-02).
La zone thermale
Elle se situe au sud-est du site, mais nous n’en voyons aujourd’hui qu’une petite partie. Le reste se trouve sous la route qui borde le site à l’est et même de l’autre côté de cette voie, comme des travaux affectant le sous-sol ont permis à Max Sarradet de le constater57 (Fig. 51).
C’est une zone qui a beaucoup évolué et cela rapidement. On remarque, en effet, à l’occasion de l’étude des villas que les thermes sont des bâtiments en perpétuel renouvellement. Plus que des questions de mode, nous croyons qu’il s’agit de problèmes d’entretien. On peut penser que les questions d’humidité dues à l’eau et à la vapeur posaient des problèmes de conservation et qu’il était nécessaire de reprendre les constructions dans des délais assez courts. Cet enchevêtrement des structures, qui se sont succédé rapidement, pose, du reste, un problème pour l’étude, toujours délicate à réaliser, de ce type de bâtiment58.
Cette évolution rapide de l’ensemble thermal ne nous permet pas, non plus, de lier vraiment ses différents états à ceux du reste de la pars urbana, qui se sont, selon toute vraisemblance, maintenus plus longtemps.
Tels qu’on les voit à présent, ces thermes se limitent à la conservation d’une belle piscine froide (18) et à tout un ensemble de vestiges antérieurs auxquels elle se superpose. Cet espace thermal jouxte la galerie (7) et son “prolongement” (16), qui permettent un accès. Cet accès est, soit direct, percé dans le mur M21, soit indirect, par l’intermédiaire du “prolongement” (16) ; constructions qui n’appartiennent pas, comme on l’a vu ci-dessus, aux premiers états de l’habitation. Or, on peut raisonnablement penser que des thermes ont fonctionné dès les débuts de la villa. On en vient ainsi à se demander si l’espace thermal a toujours été situé dans ce secteur. Ou peut-être s’est-il simplement étendu tardivement vers l’ouest, comme pourrait le laisser supposer le mur M57, qui se prolonge vers la piscine froide. Ainsi les restes des anciens thermes se trouveraient-ils avec les vestiges situés sous la route et de l’autre côté de celle-ci.
Thermes : État 1 (Fig. 52)
Cette première phase se trouve particulièrement occultée par les structures postérieures. Seule une petite zone au sud qui a, semble-t-il, moins connu de reprises ultérieures, nous a offert la possibilité d’approcher ce qui a pu constituer une partie de cet état.
Il est constitué par le mur nord-sud M52. On soupçonne qu’il fonctionne avec le mur M57 de la terrasse, qui, comme on l’a vu, se prolonge au delà de M56. Et, ce, autant, bien évidemment, qu’on puisse en juger, puisqu’il ne nous a pas été possible, en raison de la présence de la piscine (18), d’effectuer un sondage de vérification. La terrasse aurait alors été plus grande vers l’est que ce qu’il est donné de voir aujourd’hui.
C’est peut-être au niveau ou à proximité de la jonction des deux murs M52 et M57 qu’aurait pu se trouver l’entrée des thermes, auxquels on aurait alors accédé par l’extrémité est de la terrasse (7 bis). Ce qui nous a incité à rechercher un accès à cette terrasse depuis la galerie (7).
Le mur M52 se prolonge vers le sud du site sous l’appellation de M117. Il est bordé à mi-distance par une petite abside fermée M70 sur le devant. Cette dernière pourrait avoir été l’emplacement d’une baignoire. Il ne subsiste de celle-ci que les moellons de fondation et tout ce qu’il est possible d’en voir est une reconstitution contemporaine. Nous avions, dès le début, émis des doutes quant à la réalité de toute cette ancienne partie des thermes, car les reconstructions contemporaines portaient sur des moellons eux-mêmes posés directement sur le sol. En fait, il faut considérer que les moellons sont ceux des fondations antiques et les seuls vestiges retrouvés par les fouilleurs, que les murs, à une date indéterminée, aient été arasés ou qu’ils aient été épierrés. La fouille aurait été effectuée jusqu’à la base des fondations par Pierre-Martial Tauziac et les restaurateurs, pour reproduire ce qu’ils considéraient comme l’ancienne réalité, auraient remonté sur ces bases encore en place, les murs que nous voyons aujourd’hui.
Thermes : État 2 (Fig. 53)
La physionomie générale des thermes ne change pas, du moins en ce qui concerne la partie qu’il nous a été possible de voir. C’est au cours de cet état que le mur M56 est construit de part et d’autre du mur M57. Il forme avec M52 ce qui pourrait constituer un hall d’entrée des thermes avec peut-être fonction d’apodyterium. Cet ensemble serait fermé au sud par le mur M58. On notera que la fonction possible d’apodyterium de cette structure incite à formuler l’hypothèse d’un accès direct aux thermes depuis la galerie (7) (Sondage 07-41) (Figs. 54, 55).
En ce qui concerne la chronologie relative, on remarquera que le mur M56 vient s’appuyer sur le mur sud M21 de la galerie (7) et que, par conséquent, l’État 2 des thermes est postérieur à la construction de cette galerie.
Thermes : État 3 (Fig. 56)
L’État 3 voit les thermes s’agrandir, au sud, de deux espaces, au détriment de l’abside/baignoire des états précédents. Le grand quadrilatère le plus à l’ouest (20) (Fig. 57), formé des murs M59, 60, 61 et 62 qu’on peut encore voir, est une construction curieuse puisque les murs reposent directement sur un radier assez large, lui-même lié au mur par un lit de mortier rose, qui matérialise une semelle aussi bien à l’extérieur (Sondages 03-18, 03-19) qu’à l’intérieur de la structure (Sondage 03-20) (Fig. 58).
Il semble que ce bâtiment ait été construit directement sur un petit radier et que par la suite la base des structures ait été remblayée, donnant l’impression d’une absence de fondation.
Par sa forme, ce quadrilatère pourrait s’apparenter à une piscine froide, ce que pourrait laisser penser la trace d’un escalier sur l’intérieur du mur M59 (Fig. 59).
Formigé, à nouveau, signale la présence de fragments de mosaïque à l’intérieur de cet espace59.
Au sud de cette construction, se trouve un petit bassin (21), sans fondation, dont le mur M63 vient s’accoler au mur M61. Il présente en outre, dans son état actuel, une forme bizarre, non cohérente, en arc de cercle prolongé par un mur droit (Fig. 60).
D’après une ancienne photo de fouille (fonds Laurent) et les carnets Conil60, ce prolongement correspond à une reconstruction du début du XXe siècle, dont la restitution est tout à fait fantaisiste, on ne sait pourquoi (Fig. 61).
Formigé évoque, pour cette structure, “des restes d’hypocauste et des traces de foyer”59. Nous n’avons rien vu de tel ; peut-être s’agissait-il de vestiges qui appartenaient au comblement.
La fouille des espaces 19 et 20 a fourni des “restes de mosaïques”59, mais il n’est pas possible aujourd’hui, de dire de quoi il s’agit.
Thermes : État 4 (Fig. 62)
Lors de cette phase des thermes, le balnéaire se restreint, notamment avec l’abandon de l’espace (20) que nous avions proposé, précédemment, être une piscine froide. Le mur M56 forme alors la limite ouest de l’ensemble thermal et la limite sud serait constituée de l’alignement des murs M67 et M72. Dans l’angle sud-ouest formé par les murs M67 et M69, se trouve une petite baignoire. Sur le terrain, on est étonné de voir que celle-ci semble suspendue en l’air. Il s’agit d’une conséquence des choix effectués par les restaurateurs, qui ont souhaité la conserver en place, mais poursuivre la fouille du secteur. Pour ce faire, ils ont bâti en sous-œuvre, pour la soutenir et retenir les terres sur lesquelles elle reposait, un mur qu’ils ont descendu au fur et à mesure de la progression des fouilles. Sur le fond en tuileau de ce petit bassin, ainsi que sur les parois, étaient disposés des carreaux de marbre, encore partiellement en place aujourd’hui, même si le fait de n’être pas protégés des intempéries nuit à leur bon état de conservation (Fig. 63).
Le possible “apodyterium” de l’état précédent disparaît au profit de plusieurs salles, dont on ne peut déterminer, ni les limites et encore moins les fonctions. Quoi qu’il en soit, l’ensemble thermal semble se développer prioritairement vers l’est à cette époque.
Il nous faut maintenant évoquer l’espace (16), qui prolonge à l’est la galerie (7) (Fig. 4). Plus étroit qu’elle (3,50 m au lieu de 4,15 m), il est venu s’implanter postérieurement, comme le montrent les murs M48 et M49, qui s’appuient contre le mur M46 (Sondages 08-01 et 08-03).
Bien qu’occupé par une sépulture en coffre d’époque médiévale, l’accès de la galerie vers cet espace est bien visible. Il convient, selon nous, de rattacher ce dernier à l’ensemble thermal et non de le considérer comme un simple prolongement de la galerie (7). Nous savons qu’il se prolonge sous la route : Jules Formigé le mentionne dans son article61. Dans son rapport de 1932, celui-ci précise même qu’”on relève la présence d’un mur de séparation”62. Le creusement d’une tranchée effectué en 1957 dans la propriété située à l’est de la route, ainsi que des travaux d’adduction d’eau surveillés en 1962 par Max Sarradet, Conservateur de Monuments historiques, réalisés sur le même côté est de cette route, ont confirmé l’existence de vestiges et le retour vers le sud du mur M4863. L’espace (16) est couvert d’une mosaïque au motif différent de celui du pavement retrouvé à l’est de la route, qui présentait, d’après Conil, des motifs végétaux64. Cette mosaïque pourrait peut-être appartenir à la salle contiguë à la piscine (18) et ainsi constituer le pavement du possible frigidarium de l’ensemble thermal.
L’espace (16) peut très bien être considéré comme une entrée pour les thermes, et éventuellement former, de ce fait, une sorte d’apodyterium. La mosaïque qui en décore son sol peut être rattachée chronologiquement à celle de la piscine froide, confortant l’hypothèse d’une mise en place tardive de cette structure nord (Fig. 64).
Cette mosaïque assez bien conservée a été récemment restituée dans son ensemble. Elle présente une composition orthogonale de scuta (hexagones), ornés d’un fleuron longiforme à deux pétales bicolores, à extrémités concaves flanqués de peltes gris65. Les carrés ainsi définis sont ornés d’un nœud de Salomon inscrit dans un carré gris délimité par une rangée de tesselles noires. Le bandeau de raccord est constitué de demi-cercles sécants et tangents déterminant des ogives et des écailles.
Cette mosaïque appartient au dernier état du balnéaire. La chronologie de celle-ci est à envisager dans le courant du Ve siècle.
Thermes : État 5 (Fig. 65)
Dans leur dernier état, les thermes se réduisent encore dans leur partie ouest, sans qu’il soit possible évidemment de dire s’il s’agit d’une réduction globale de l’ensemble ou s’il s’agit du déplacement vers l’est qui se poursuit à cette période.
Des vestiges de cet état, il ne nous reste actuellement que cette très belle piscine froide (18) de 4,10 m de côté, qui rappelle la “piscine” de l’État 3 (Fig. 66, 67).
Les parois verticales de ce bassin sont recouvertes en partie basse de plaques de terre cuite, surmontées de plaques de marbre. Une banquette couverte de carreaux de terre cuite occupe la paroi est. Cette banquette permettait de s’asseoir, mais également de descendre facilement dans la piscine. Muni d’une seule marche, ce bassin n’était guère profond.
Le fond, mosaïqué, est constitué d’une série de petits panneaux séparés des parois de la piscine, non par une bande de raccord mosaïquée comme on aurait pu s’y attendre, mais par des carreaux de terre cuite66.
La mosaïque nous est parvenue presque intégralement. Il s’agit d’un quadrillage en bandes de tresses déterminant un échiquier de 16 cases et présentant un décor multiple. Chaque carré offre un décor figuratif dont le thème général est le milieu aquatique67. On trouve ainsi des représentations de poissons, des céphalopodes (calmars et seiches) et des coquillages, notamment des huîtres. Ce pavement appartient au dernier état de la villa. Il est à placer dans le courant du Ve siècle.
Jules Formigé fait état dans sa communication au 102e Congrès archéologique de France de la présence de canalisations d’évacuation en bronze68. Ces dernières ont, aujourd’hui, disparu.
Enfin, il faut noter que lors des fouilles effectuées en 1932 sous la route bordant le site à l’est, un élément de mosaïque polychrome a été mis au jour (Fig. 68).
Il semble avoir été retrouvé à l’emplacement de l’espace thermal. Le bandeau de raccord est constitué d’une tresse. Le champ présente l’amorce d’une couronne de laurier composée de gerbes de trois feuilles de couleur claire et de feuilles intercalaires rouges. Au centre se développe vraisemblablement une composition centrée de huit fleurs alternant un lotus et une fleur arrondie. Cet élément de tapis de sol peut être daté du IVe siècle.
On voit qu’il était singulièrement difficile de comprendre l’évolution du secteur thermal de cette pars urbana ; non seulement à cause des restitutions particulières effectuées comme pour le reste du site, mais aussi à cause de la vue seulement partielle que l’on peut voir aujourd’hui. B. Fages relève qu’à Séviac, la partie thermale représente le quart de la superficie totale de la pars urbana69. On constate que les thermes de la Villa des Abbés de Sorde-l’Abbaye dans le département des Landes couvrent pratiquement tout un côté de l’édifice70. Les vestiges retrouvés de Montcaret ne représentent pas une telle proportion. Toute la partie chaude, voire tiède, de ces bains nous échappe, cachée par la route ou la piscine froide du dernier état. Aucune des structures balnéaires que nous avons pu rencontrer, n’avait de lien avec un système de chauffage. Nous n’avons vu ni aire ou canal de chauffe, ni tubuli. Nous n’avons aperçu que des composantes de frigidaria, qu’il s’agisse de piscines ou de petits bassins. Nous n’avons connaissance de la présence d’une partie chauffée dans ce secteur que par le croquis d’une brique-claveau figurée dans les notes d’Auguste Conil71.
De même, nous ne pouvons évoquer la question de l’approvisionnement en eau de ces thermes. Nous n’avons pas retrouvé les canaux d’alimentation nécessaires à celui-ci. Nous savons seulement que des tuyaux d’évacuation en plomb ont été mis au jour à l’occasion des fouilles Tauziac.
Les limites de la Pars Urbana (Fig. 69)
Limite ouest
L’ensemble constitué par la salle cruciforme (14) et la salle à abside (15) ne semble pas marquer la limite ouest de la pars urbana. En effet, lors de différents travaux réalisés à l’occasion de l’édification de l’espace muséal et de l’assainissement afférent, deux murs ont été mis au jour. Le premier orienté nord-sud est situé à proximité de la salle (14). Le second orienté est-ouest est perpendiculaire au premier et prolonge l’axe de cette même salle. Il est actuellement difficile de savoir si ces deux murs étaient liés et d’en définir la fonction, qui pouvait être celle de soutènement des terres supérieures.
Limites sud
L’exécution d’une tranchée exploratoire avant la construction des salles d’accueil et d’exposition du nouvel espace muséal, nous a permis de mettre au jour 2 niveaux de sépultures recouverts par des remblais Tauziac72. Lors de ce sondage nous avons rencontré une excavation remplie de moellons de petit appareil. Nous n’avons pas tout de suite compris de quoi il s’agissait. Mais des interstices libres de terre existaient encore entre les moellons nous indiquant que l’excavation était “récente”. Nous l’avons interprétée comme un sondage Tauziac (pour déterminer la limite sud-ouest du site ?) au résultat négatif, qu’il aurait rebouché ensuite avec des matériaux pris sur le site.
La limite sud-est du site peut être fournie par les anciennes photos de fouille, qui montrent l’arrêt des fouilles effectuées par Pierre-Martial Tauziac. Et l’on peut supposer, comme pour la partie sud-ouest, que ce dernier a arrêté ses recherches à l’interruption des structures.
Limite est
À l’est, les murs du couloir (16) et ceux des thermes se prolongent sous, et au delà, de la route où l’on a même retrouvé les restes d’une mosaïque. En l’absence de sondage dans cette zone, il n’est pas possible d’avoir une réelle idée de la manière dont se présentent les vestiges. Nous connaissons, grâce à Max Sarradet, l’existence d’un retour au-delà de cette route qui borde le site (Fig. 51). Ce retour pourrait-il marquer la limite est de la partie résidentielle de la villa ? Ce n’est pas certain. Au nord, malgré une tranchée le long et à l’est du mur M41, les fouilles de Pierre-Martial Tauziac n’ont donné lieu à aucune découverte mais nous ne savons pas s’il faut voir dans ce nouvel espace une autre cour ou la limite de la pars urbana.
Limite nord
On sait qu’au nord les murs se poursuivent au-delà de la route, mais les maisons en place sont un obstacle à la connaissance du développement réel de la pars urbana de ce côté là. Certains propriétaires évoquent la présence de mosaïques chez eux. Mais il ne nous a jamais été possible de les voir, ni de pouvoir observer si les fondations ou les caves de ces édifices gardaient la marque de l’existence de murs antiques.
On peut tenter, avec les éléments retrouvés lors des différents travaux, et par comparaison avec ce que nous savons de l’organisation d’autres grandes villas du sud-ouest, de proposer une restitution de ce qu’a pu être la partie nord de cet ensemble.
On connait la partie sud de la cour (1) et on sait que les murs des galeries (2), (4), (5) qui encadrent cette dernière se prolongent. Il est alors possible de fournir à titre d’hypothèse un plan de la façon dont aurait pu se présenter le reste de la cour, avec un vestibule qui ouvre sur l’extérieur, à l’image d’autres villas connues73. À l’exemple notamment de celles de Bapteste à Moncrabeau et de Grandfond à Castelculier (Lot-et-Garonne) ou de Séviac à Montréal du Gers, nous savons que ces grands édifices possédaient un vestibule imposant précédé d’une entrée monumentale qui permettait d’accéder directement de l’extérieur au péristyle de la cour carrée. On note, par ailleurs, que la position de ces entrées se trouvait généralement distante, voire à l’opposé, de l’ensemble thermal qui constituait, avec les activités serviles installées autour (manutentions diverses, chauffe, fumées) la zone de la pars urbana la moins esthétique extérieurement. Dans ces conditions, il est tentant d’imaginer une telle disposition à Montcaret, où une aile nord, éloignée des thermes du sud-est, aurait fait retour en direction du mur ouest de la salle (15) pour clore la cour de 30 m de côté . C’est dans cette aile nord que l’entrée principale de la villa aurait été aménagée.
Bien évidemment, il ne s’agit là que de suppositions, mais elles permettent de proposer une vision possible de ce qu’était cette grande demeure de maître dans son ensemble.
Datation
La chronologie absolue pose quelques problèmes. Nous ne disposons pas toujours pour établir celles-ci d’éléments chronologiques toujours bien situés. Ils ne nous autorisent pas à dater chaque structure précisément. Nous avons, en revanche, eu parfois la chance de mettre au jour à l’occasion des sondages profonds des éléments céramiques. Nous possédons également les relations stratigraphiques que nous avons pu définir entre les différentes constructions. Enfin, nous avons à notre disposition les résultats des différentes études de matériel que l’on trouvera dans le catalogue de cet ouvrage (sommaire). Ces dernières nous permettent de préciser l’évolution de l’ensemble monumental au cours des différentes périodes.
Le sondage profond 02-03 réalisé dans l’angle sud-ouest de l’espace (9a) a révélé la présence de céramique gauloise du Ier siècle a.C. dans le substrat dans lequel les murs M7 et M77 sont venus s’établir, indiquant l’existence d’une occupation humaine dès cette époque. Le matériel des fouilles Tauziac, en particulier les fragments d’amphores de type Dressel 1A (infra), corrobore cette datation du début de La Tène III.
Les couches profondes de l’habitat gallo-romain avaient livré, à l’occasion des fouilles Tauziac, de la céramique commune74, des monnaies75 et de la céramique sigillée76 qui permettent de préciser l’occupation du site au cours du Haut-Empire.
En effet, la céramique sigillée fait état de la présence de sigillée tarnaise produite dès le deuxième quart du Ier siècle et les monnaies les plus anciennes sont du premier quart de ce même siècle. En revanche, la céramique commune ne nous autorise pas à remonter au-delà du milieu du Ier siècle. C’est donc autour de cette dernière date que nous proposons de situer la construction des premiers bâtiments en pierre de cet ensemble. En ce qui concerne la villa du Gèu à Labastide-d’Armagnac (Landes), J.-P. Bost fixe à partir du mobilier retrouvé, l’apparition de l’établissement à cette même époque entre 40 et 60 p.C.77
Il semble important de noter l’existence d’un hiatus entre l’occupation proto-historique du Ier siècle a.C. et les premiers niveaux antiques. On s’interroge sur cet intervalle de temps qui nous paraît assez long. Y a-t-il eu un simple déplacement de l’habitat sur le site ou un abandon total du site puis sa réoccupation ultérieure ? Les sondages, d’une surface trop limitée, n’ont peut-être tout simplement pas permis d’identifier les constructions en matériau léger.
Ensuite, nous nous fondons sur la sigillée lézovienne qui fait son apparition en Aquitaine à partir de la seconde moitié du IIe et la présence de céramique commune datée du IIIe siècle pour évoquer la pérennité de l’occupation du site pendant le Haut-Empire78.
L’étude des monnaies montre une baisse du monétaire dans la seconde moitié du IIIe siècle, que l’on doit pouvoir lier à la crise que connait alors le monde romain, mais sa présence confirme toutefois la continuité de l’occupation des lieux.
En ce qui concerne les structures, on sait que le système de chauffage à pilettes est le premier type utilisé dans l’architecture romaine et qu’il date du Haut-Empire, et, dans le cas de Montcaret, on a vu que le système de chauffage par canaux s’appliquait à des ensembles installés postérieurement. De ce fait, on peut placer les constructions munies de chauffage à pilettes, et bien sûr celles qui leur sont antérieures, dans le courant du Haut-Empire ; soit l’ensemble constitué par les secteurs 10 et 11 (Fig. 4) (États 1 et 2).
Nous pouvons déterminer l’occupation du Bas-Empire et de l’Antiquité tardive grâce à la construction des bâtiments à abside, qui font, alors, leur apparition. Elle se caractérise d’abord par la salle à abside à pans coupés qu’on a située, par comparaison avec des édifices de facture identique à Bordeaux et dans la région proche, dans la seconde moitié du IVe siècle. En ce qui concerne la grande salle d’apparat à abside circulaire, on a vu que le même type de mosaïque de l’État 6 de cette salle était présent à la villa de Lalonquette dans un contexte du début du Ve siècle46. La construction de cette vaste salle d’apparat (État 5) se situe ainsi chronologiquement entre le bâtiment à abside à pans coupés de la seconde moitié du IVe siècle et le remaniement de l’État 6, soit au tout début du Ve siècle. Cette période de magnificence de la pars urbana de Montcaret est à peu de choses près identique à celle de Séviac que B. Fages étend entre le quatrième quart du IVe siècle et le milieu du Ve siècle79.
Ce qu’il est possible de nommer l’état final du site est caractérisé par les changements de modes de vie au sein des bâtiments que traduit l’abandon de la piscine froide dont l’espace est toutefois toujours occupé puisque la trace d’un feu et des cendres ont été retrouvées sur la mosaïque80. Une hache d’arme franque a été mise au jour sur le site à proximité de la piscine froide du dernier état des thermes. Elle est datée de la première moitié du Ve siècle81. En ce qui concerne le mobilier céramique, les amphores82 et la céramique estampée tardive (DSP)83 couvrent le Ve et le VIe siècles. Les fragments architectoniques de qualité, retrouvés sur le site, confirment une occupation des lieux tout au long de l’Antiquité tardive84, tout comme les chapiteaux réutilisés dans le chœur roman de l’église actuelle85. Ainsi, malgré l’absence de relations précises entre les bâtiments et le matériel archéologique, et donc de datations absolues pour les constructions, nous pouvons subdiviser et répartir les vestiges en notre possession au sein des deux grandes périodes de l’Empire romain. De plus, le matériel archéologique nous assure d’une occupation pérenne de l’établissement antique au moins dès le milieu du Ier siècle p.C. et jusqu’au VIe siècle.
Du point de vue de l’architecture, le Haut-Empire se caractérise, par un habitat assez restreint – même si l’on ne sait pas comment il pouvait se développer au nord du site – si l’on se fonde sur les structures conservées, qui s’appuient sur deux galeries perpendiculaires. Le Bas-Empire s’exprime sous la forme d’un vaste ensemble organisé autour d’un important espace central doté d’une entrée monumentale.
La structure en “L”86 du Haut-Empire est formée d’un bâtiment à galerie de façade de 80 m de long orienté est-ouest, avec une aile en retour d’angle d’une longueur de 33 m, à laquelle il faut adjoindre vraisemblablement un premier espace thermal séparé de l’unité d’habitation principale.
À cette première habitation succède au Bas-Empire un important ensemble centré sur une vaste cour carrée à péristyle, qui dessert, sur un côté, de prestigieuses salles de réception, sur un autre, une aile vouée à l’habitat et au service, un riche espace thermal et, sur le côté nord, une vraisemblable entrée monumentale.
À l’issue donc de ces campagnes de sondages et de prospections et de l’étude du matériel des fouilles Tauziac, nous avons été à même de revoir, à la lumière des progrès réalisés par l’archéologie depuis le milieu du siècle dernier, la lecture que les fouilleurs avaient faite de ces vestiges et que les restaurateurs ont imprimé d’une façon durable dans le paysage, brouillant la vision du visiteur ou du lecteur cherchant à comprendre l’organisation des structures qu’il a sous les yeux ou sur le plan des vestiges.
Notre tâche n’a pas été facilitée par la quasi-absence de matériel archéologique retrouvé en place à l’occasion de nos travaux. Celui-ci aurait pu nous procurer des indications chronologiques plus rigoureuses pour les diverses structures bâties et ainsi nous permettre de mieux cerner les datations que nous proposons. Nous croyons cependant avoir pu fournir une image de l’évolution de cette partie résidentielle de la villa de Montcaret, et, malgré nombre d’incertitudes encore, avoir donné ainsi de celle-ci une vision plus en accord avec ce que l’on sait aujourd’hui du passé et plus proche, par conséquent, de la réalité antique.
L’établissement de Montcaret que nous venons, ainsi, d’étudier présente des caractères déjà rencontrés dans l’étude d’autres habitats aristocratiques antiques du sud-ouest de la Gaule. Nous proposons de voir, maintenant, dans quelle mesure les caractères de la partie résidentielle de cette villa, qu’on discerne, se rapprochent ou se distinguent des autres sites aquitains.
Choix de l’implantation
Montcaret se trouve situé à flanc de coteau et domine la rivière qui coule en contrebas. Ce site est implanté à proximité du croisement de deux voies terrestres : l’importante route ouest-est de Bordeaux à Périgueux par Bergerac et un chemin nord-sud, qui franchit la Dordogne et le met directement en relation avec cette rivière. Ce type de situation se retrouve en Aquitaine où plusieurs villas sont ainsi construites à flanc de coteau (Villa Bapteste de Moncrabeau – Lot-et-Garonne – ou celle plus proche du Palat à Saint-Émilion), ou à faible hauteur, au pied desquelles s’étend la vallée d’un cours d’eau. Dans la vallée de l’Arrats (Gers et Tarn-et-Garonne), C. Petit-Aupert a constaté que sur 34 villas dénombrées, six seulement se trouvaient en fond de vallée. Toutes les autres étaient en position élevée, même si trois d’entre elles étaient installées seulement sur des terrasses87. Cette disposition, qui privilégie la vue panoramique sur les alentours et la présence du soleil toute la journée, est particulièrement appréciée, et donc recherchée, si l’on en croit les auteurs anciens88. En outre, la proximité des voies de passage, fluviales ou terrestres, était conseillée pour l’acheminement vers les agglomérations des denrées pondéreuses (céréales et vin, par exemple) produites par le domaine89. C’est le cas, en particulier, des villas de Plassac (Gironde) en bordure de l’estuaire de la Gironde ou de Loupiac (Gironde) sur les bords de la Garonne.
À Montcaret, l’édifice d’époque romaine s’est installé sur un site préalablement occupé à la période précédente, avec, on l’a vu, un possible décalage dans le temps. On ne sait, du reste, pas si cette occupation antérieure était le fait d’un établissement agricole laténien, comme c’est souvent le cas. La surface du sondage, qui nous a permis de retrouver de la céramique de la fin du second âge du Fer, était, comme on l’a fait remarquer, trop faible pour que nous ayons pu distinguer les structures d’un bâtiment. Cette constatation a été évoquée, il y a déjà quelques temps par Albert Grenier90. Elle vient d’être à nouveau observée dans une région proche de la nôtre par un travail récent sur la Saintonge à l’âge du Fer. Il s’avère que 14 sites témoins, identifiés comme gallo-romains seulement, se sont révélés avoir été précédemment des établissements de la fin de La Tène, masqués par l’occupation postérieure91. L’installation d’un riche habitat gallo-romain à l’emplacement d’un édifice gaulois préalable semble ainsi avoir été une constante importante, sinon totale, sur notre territoire. Et le site de Montcaret paraît entrer dans ce dernier cas de figure.
Plan général
Les villas tardives d’Aquitaine semblent toutes, autant que la fouille non exhaustive de la plupart le laisse supposer, être organisées autour d’espaces centraux. Ces espaces (cours ou jardins) sont bordés de galeries à péristyle contre lesquelles s’appuient les bâtiments. Contrairement aux villas du nord de la Gaule formées sur le modèle de la galerie-façade ouverte vers l’extérieur, la villa tardive du sud-ouest est fermée sur elle-même. Seul un passage, du reste monumental, la relie à l’extérieur. On remarquera que même en ce qui concerne la villa de Pont d’Oly à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques), coupée en son milieu par un cours d’eau, le Néez, les deux bâtiments qui se font face, et qu’on pourrait éventuellement considérer comme à galerie-façade, semblent, au vu du plan général, former en réalité, un ensemble fermé traversé par une rivière92.
Organisation des bâtiments
Les différents ensembles, suffisamment fouillés pour présenter un plan relativement complet, montrent que les bâtiments de la pars urbana s’organisent autour d’un espace central, voire de plusieurs, qu’il s’agisse des salles de réception, des salles d’habitation ou des salles destinées au service. Un des côtés du péristyle, qui entoure cet espace central, est souvent bordé par l’ensemble des pièces dévolues à la réception des hôtes. Il s’agit de la salle de réception proprement dite, qui est d’une taille imposante et présente à l’époque tardive des architectures particulières dotées d’absides polygonales puis circulaires. Quand elles sont de dimensions importantes comme à Montcaret, ces salles ne sont pas placées perpendiculairement au péristyle comme c’est le cas pour la plupart des villas, mais longitudinalement à celui-ci93. Elles sont accompagnées d’un riche décor architectural à chapiteaux et de mosaïques de sol. Auprès de cette vaste pièce se trouve généralement, quand on peut l’identifier, la salle à manger. Il est possible d’interpréter ainsi les formes triconques, qui répondent à la définition d’un triclinium en permettant, par leur configuration, d’installer des lits de repas. La salle à trois bras rectangulaires de Fauroux-Sas-Marty (Tarn-et-Garonne) présente, en plus de cette disposition tripartite, un décor mosaïqué constitué d’un pavement dans chacun des bras. Comme à Montcaret, ces pavements sont délimités par un bandeau et des guirlandes qui barrent l’entrée des bras et confirment, s’il en était besoin, la délimitation et la différenciation que l’architecte a voulu donner aux différents espaces de cette pièce94.
Sur le côté qui jouxte l’ensemble de réception, on trouve un groupe de salles de tailles diverses qui peuvent, elles aussi, avoir reçu un pavement de mosaïque ou un décor d’enduits peints. Elles sont alors destinées à l’habitat privé du maître et de sa famille.
Les salles affectées au service sont généralement plus petites et se distinguent des autres par un manque de décor.
Pratiquement toutes ces parties résidentielles disposent d’une galerie-belvédère qui offre un vaste panorama sur les alentours qu’elles dominent.
Enfin, les thermes sont situés sur un des côtés mais, sinon à l’opposé, tout au moins relativement éloignés du secteur de réception pour, sans doute, éviter les nuisances dues au bruit et aux fumées générés par cette zone d’activités. Ils peuvent s’appuyer directement sur la totalité de la galerie comme à Sorde-l’Abbaye-Maison des Abbés (Landes) ou sur une partie seulement comme pour la villa de Lalonquette (Pyrénées atlantiques), ou celle de Castelculier (Lot-et-Garonne).
Les thermes de Montcaret, tout au moins ce qu’on peut en supposer, sont constitués de pièces de plan rectangulaire qui permettent le déroulement complet de la pratique du bain : déshabillage dans l’apodyterium, l’échauffement dans la pièce tiède (tepidarium), le bain chaud dans le caldarium et le bain froid final dans le frigidarium, qu’on soit repassé ou non par le tepidarium95. Contrairement à des balnéaires, complètement mis au jour, celui de Montcaret n’a été que très partiellement dégagé. Les fouilles sur ce secteur ne révèlent pas franchement une organisation du type de celui de la Maison des Abbés à Sorde-l’Abbaye, qui se présente selon un plan linéaire. À partir des éléments du bâti que nous avions à notre disposition, nous avons au contraire proposé, au moins en ce qui concerne l’État 3 et l’État 5 des thermes que nous pouvons le mieux appréhender, la restitution d’un plan symétrique. Mais sans aucune certitude, compte tenu de la superficie restreinte du secteur thermal, qui a été fouillée. Peut-on, dans ces conditions, préciser un itinéraire pour le baigneur ? R. Rebuffat constate qu’un plan symétrique est mieux adapté à un itinéraire continu96. Par conséquent, l’itinéraire du baigneur serait plutôt, à Montcaret, du type continu que du type rétrograde pour lequel le baigneur doit revenir sur ses pas. La piscine froide indique sans qu’on ait à se poser de question, que nous sommes en présence, au moins, d’un frigidarium à piscine97. Mais il est, on en conviendra, difficile d’aller plus avant dans les rapprochements avec d’autres établissements. La surface limitée des fouilles de cette partie de la pars urbana et la conservation in situ de la piscine froide du dernier état ne nous auront pas vraiment permis de comparer cet ensemble thermal aux types de thermes qui ont déjà été étudiés pour l’Aquitaine98.
L’emprise des structures reconnues couvre une superficie d’environ 700 m², ce qui place Montcaret parmi les plus grands ensembles thermaux privés d’Aquitaine99 malgré l’importance limitée que cette emprise représente pour l’ensemble de l’édifice.
Nous ne pouvons évoquer la question de l’approvisionnement en eau de ces thermes. Il ne semble pas qu’une source, située au droit de l’établissement thermal, ait alimenté ce dernier. En revanche, nous avons suffisamment insisté sur la surabondance que procurait la Fontaine Saint-Pierre, pour penser que cette résurgence, à elle seule, pouvait satisfaire les besoins de toute la partie résidentielle de la villa.
Cette profusion aurait, du reste, été à l’origine de l’organisation de type original que nous avons rencontrée sous le sol de circulation de la grande salle d’apparat sous la forme de vides sanitaires séparant des caissons. Nous n’avons pas retrouvé de semblables structures ailleurs. Il nous semble bien, en effet, que les infrastructures de la grande salle d’apparat aient eu une fonction d’assainissement, voire même d’évacuation des eaux déversées par la Fontaine Saint-Pierre à l’occasion des forts orages que connait la région.
Quoi qu’il en soit ce type de constructions est un unicum. À ce jour, il est propre à la seule villa de Montcaret. Et s’il s’agit bien d’un aménagement à des fins d’assainissement, il rompt totalement avec les modèles généralement rencontrés dans le reste du monde romain.
Décor et luxe
Du point de vue du décor, la villa de Montcaret montre un emploi important de la mosaïque de pavement. Les tesselles de ces mosaïques sont constituées avec divers matériaux dont la plupart sont des roches d’origine régionale, voire locale. On constate, en effet, que les salles principales, comme la salle de réception, son vestibule ou le triclinium ont leur sol totalement mosaïqué. Mais on note, de surcroit, que les galeries sont, elles aussi, recouvertes de tapis couvrants sur toute leur longueur, pourtant très souvent d’une grande étendue. Les thermes présentent également une grande profusion de mosaïques et les pavements retrouvés dans le secteur thermal de Montcaret, qu’il s’agisse du couloir d’accès, de la mosaïque encore située sous la route ou celle des animaux marins de la piscine froide, laissent penser que cette villa devait posséder, hormis les salles réservées au service, de tels sols, dans sa totalité. Les vestiges du décor de marbre sont moins nombreux. Leur utilisation dans les fours à chaux a primé sur leur sauvegarde. Toutefois, comme sur d’autres sites d’Aquitaine, on a retrouvé à Montcaret des chapiteaux, des chapiteaux de pilastre, des fûts de colonne, des éléments de plinthes. Ces quelques restes, qui nous sont parvenus, ou ceux conservés en place dans la baignoire (22) (Fig. 4) de l’avant-dernier état des thermes, témoignent, d’abord, de leur présence, ensuite de leur qualité et, enfin, de leur diversité dans les couleurs. Ils proviennent des Pyrénées dont l’avantage pour l’Aquitaine, est d’être, non seulement une source d’approvisionnement proche, mais aussi d’offrir une palette de couleurs variée.
Les grandes villas que sont Séviac, la villa Bapteste de Moncrabeau ou celle de l’Arribère deus Glisias de Lalonquette, mieux dégagées, ne montrent pas un visage différent et sont décorées de la même manière. On relèvera, particulièrement, en ce qui concerne le décor architectural de ces villas tardives, la place tenue par les colonnes dont les fûts sont en marbre et non des éléments de terre cuite empilés recouverts de stucs imitant ce matériau. Ces colonnes sont surmontées de chapiteaux, eux aussi en marbre. Ceux de Montcaret, retrouvés ou sauvés car remployés dans le chœur de l’église, témoignent de l’importance donnée aux éléments décoratifs à cette époque. Dans tous ces édifices, les chapiteaux sont de type corinthien pour la plupart, même si ces derniers ne sont pas toujours du type canonique, avec trois zones de feuillages exubérants, comme c’est le cas à Montcaret et à la villa du Gleyzia d’Augreilh à Saint-Sever (Landes)100.
Le luxe apparait aussi avec les artéfacts céramiques mis au jour. Qu’il s’agisse de céramique sigillée pendant le Haut-Empire ou de céramique dérivée de sigillée paléochrétienne101. La consommation de produits ultramarins (garum des amphores de Byzacène et vin de Palestine)102 confirme la recherche de l’excellence de la part des propriétaires du lieu. Du point de vue du confort, si ce n’est du luxe, il nous faut mentionner la grande quantité de verre à vitre retrouvée en fouille103.
Les vestiges retrouvés de la pars urbana de Montcaret trouvent, ainsi, leur équivalent parmi les autres grandes villas du sud-ouest. Cette grande demeure se distingue, toutefois, par quelques éléments comme sa salle de réception, qui est la plus vaste connue pour la région. Mais là s’arrête son originalité : la forme de la salle, rectangulaire et dotée d’une abside axiale, est d’un type identique à celui d’autres salles du sud-ouest. La mosaïque aux animaux marins, répartis dans un quadrillage de tresses, de la piscine froide constitue, également, un cas unique. Mais la présence de mosaïques d’animaux marins, dans des espaces liés à l’eau, est connue par ailleurs.
Cette pars urbana s’intègre ainsi parfaitement dans le corpus général des villas du Bas-Empire et de l’Antiquité tardive du sud-ouest de la Gaule. Elle ne semble faire exception que par une adaptation particulière, rendue nécessaire, selon toute vraisemblance, par les problèmes de l’eau (larges et profonds caniveaux, bassins de rétention, sous-sol aménagé en caissons séparés par d’importants vides sanitaires), auxquels le propriétaire a dû faire face.
On peut même considérer que la villa fut à cette époque la propriété d’un grand personnage, représentant de l’élite de la société. On a pris, en effet, l’habitude d’attribuer à des membres de l’aristocratie de l’Antiquité tardive, la propriété des villas qui, à cette époque, présentaient certains caractères significatifs suggérant la richesse d’un propriétaire. Il s’agit des éléments, qui traduisent le développement monumental et le déploiement du luxe dans les villas104. Parmi ceux-ci, on a ainsi retenu l’agrandissement des espaces de réception, celui des balnéaires et la mise en place d’entrées majestueuses, qui tendent vers une véritable monumentalisation de l’ensemble105. Il faut y ajouter les embellissements dus à l’emploi de la mosaïque, à l’utilisation du marbre pour l’architecture (colonnes et chapiteaux) et la décoration. Personnellement, nous y joignons également la consommation de produits de bouche importés, que les amphores traduisent. En effet, compte tenu de la valeur de ces produits, seule une élite favorisée peut se les procurer.
La villa que nous venons d’étudier répond à tous ces critères. Non seulement par l’évolution de son imposant secteur voué par le propriétaire à la réception de ses hôtes, mais aussi en ce qui concerne l’agrandissement des thermes et le décor général de tout l’établissement. Cette évolution participe, du reste, d’un schéma général pour toute la région Aquitaine, qui a fait passer certaines villas de l’état de simples habitats ruraux au début de la période antique à celui de véritables palais campagnards à la fin de l’Antiquité, tandis que les autres établissements disparaissaient lorsque leur domaine était absorbé par les premières. Ces somptueuses villas traduisent la réussite économique et sociale des élites et ont eu pour conséquence, du fait de l’importance de leur bâti et de leur empreinte sur la campagne alentour, de marquer durablement notre paysage.
Galerie
Notes
- Le fond de plan a été réalisé en 1972 par J. Doreau, alors directeur du Bureau d’Architecture antique du sud-ouest. Toujours valable, il constituera tout au long de notre étude, notre document de travail.
- Berthault 1993, 288 ; Berthault 1994, 33.
- Formigé & Conil 1923-1938, 1938, 1.
- Une photographie ancienne montre que P.-M. Tauziac avait fait réaliser une tranchée dans ce secteur dont les résultats se sont révélés négatifs. Nous tenons à cette occasion à remercier à nouveau Madame P. Laurent, épouse de Monsieur Jacques Laurent, donateur de la collection, qui, très attachée à une publication exhaustive du site et de la collection Tauziac, a fait effectuer des retirages de la documentation photographique en sa possession et nous les a très aimablement offerts.
- Nous n’avons connaissance de ce sondage que par du matériel céramique retrouvé dans des cartons et par un courrier du 30 avril 1956 de Jacques Coupry au conservateur des Bâtiments de France, conservé au Service régional de l’Archéologie.
- Toutes les dimensions données au long de notre exposé ont été mesurées “dans œuvre”. Cela dit, les murs ont été reconstruits et ne reflètent pas obligatoirement l’exacte réalité antique. Il faut donc considérer que nos chiffres peuvent présenter une imprécision de l’ordre de 10 cm par rapport à cette réalité. Ils ne sont fournis au lecteur que dans l’intention de lui donner un ordre de grandeur. En outre, les dimensions sont exprimées en mètres (m) à partir de cette longueur et en centimètres (cm) en deça.
- Les sondages sont numérotés de la manière suivante : le premier nombre correspond à l’année de sondage ; le second au numéro du sondage de l’année. Ils renvoient aux rapports de fouille Berthault & Jacques 2002b, Berthault & Jacques 2007 (pour l’année 2003), Berthault 2010 (pour les années 2008 et 2010).
- Nous souhaitions effectuer un sondage à cet emplacement supposé, situé plus au nord que le sondage 08-13, mais n’avons pu le réaliser faute de moyens et de temps.
- Berthault 1989c.
- Formigé 1941, 189. Information que nous n’avons pas vérifiée par un sondage.
- Conil, Carnet 10, 24.
- Balmelle 2001, 240, note 215.
- Balmelle 2001, 260.
- Balmelle 2001, 162.
- Les fouilles récentes n’ont permis de retrouver que très peu de mobilier antique en place.
- Comme nous l’avons dit en introduction, faute de moyens financiers et de temps (les 19 sondages de la 3e et de la 4e campagne ont été réalisés d’une manière non continue en 72 jours par une seule personne, non subventionnée, tout au long de l’année 2008 et pendant deux semaines en 2010) nous ne pouvons parfois que proposer des hypothèses que nous n’avons pu vérifier.
- Formigé 1941, 186.
- Conil 1935, 293 ; Formigé 1941, 186.
- Formigé & Conil 1923-1938, pl. 4, Fig. 8.
- Degbomont 1984, 118.
- Migeon 2006, 117.
- Bost & Monturet 1998, 48.
- Jacques 2006, 98.
- Fages 2011, 43.
- Conil 1935, 293.
- J.-M. Degbomont cite les dimensions de 28×40 cm à Saalburg (Degbomont 1984, 122). Les dimensions d’un canal de chauffe de la domus de l’Hôpital Saint-André à Bordeaux sont de 15 cm de large pour 38 cm de haut (Massan 1996, 14). Au château de Moulis (Gironde), un relevé des structures antiques retrouvées fait état de canaux de chauffe d’une largeur de 25 cm environ sauf au débouché du praefurnium où le canal est de 50 cm puis va se rétrécissant (Nacfer 1997). Les conduits de chauffe de la salle polygonale de la villa de Séviac (État 3 A du dernier tiers du IVe siècle) sont profonds de 60 cm pour 30 cm de large (Fages 2011, 55).
- Nacfer 1997.
- Bardot 2011, 928.
- Desbat 1982, 44 et Fig. 24.
- Goudineau & Brentchaloff 2009, 27 et Fig. 44.
- Moliner 2004, 168 Fig. 109 et 169.
- Conil 1935, 290.
- Suite à l’appel du personnel du site, qui apercevait des vestiges dans les tranchées.
- On ne connait malheureusement pas l’endroit exact où ces éléments ont été retrouvés. L’étude de ces fragments architectoniques a été réalisée par D. Tardy et se trouve dans la seconde partie de ce volume.
- Formigé 1942, 182.
- Conil Carnet 7, 48.
- Il passe sous le portique 8, si celui-ci est déjà construit. Ce que nous ne pouvons pas déterminer.
- La page de garde du Carnet n°10 montre une coupe de la salle cruciforme et de la grande salle. Alors que le sous-sol de cette dernière est rendu avec ses caissons et ses canaux, le sous-sol de la salle cruciforme apparaît comblé.
- Formigé note qu’ “on a fait une première recherche sans résultat pour retrouver l’hypocauste de la salle à absides” (Formigé & Conil 1923-1938, 1930-1931, 1, §7).
- Pour l’anecdote, on signalera que l’architecte du nouvel espace muséal a rencontré le même problème concernant l’eau et le bâtiment, une fois construit, s’est vu systématiquement inondé à l’occasion des forts orages que connaît cette partie du département de la Dordogne. Nous avons dit en introduction que la pars urbana de la villa s’était installée à cet endroit car à proximité de deux résurgences importantes du plateau calcaire. Ces résurgences importantes deviennent considérables en cas d’orage et conduisent, nous en sommes témoin, à d’énormes débordements que les constructeurs du XXe siècle ont canalisé du mieux qu’ils ont pu, comme avaient dû s’y résoudre leurs prédécesseurs romains.
- Monteix 2010, 155, Fig. 74.
- Morvillez 1995, 16.
- Id.
- Formigé évoque ce porche (Formigé 1941, 190).
- Balmelle 1987, 180 n° 299.
- Balmelle 1980, 127-129 n° 121 ; planches LXVI-1 et LXVII
- Conil Carnet 12, 22.
- C’est à l’occasion de la découverte de celui-ci que j’ai été appelé par le personnel du site (voir note 34).
- Conil, Carnet 11, 42.
- Conil 1923, 4. Note : ce rapport est signé P. A. Conil – P. A. pour Pierre-Auguste – alors que nombre des articles de cet auteur sont signés A. Conil).
- Nous verrons plus bas, dans le paragraphe qui concerne la datation de cet ensemble, les dates absolues que nous proposons sur la base du matériel archéologique retrouvé.
- Coupry 1969, 360.
- Berthault & Rimé 1995.
- Je l’avais triangulé, pour le reporter sur le plan Doreau, à partir de deux piliers de l’ancienne salle muséale qui devaient être réutilisés dans la nouvelle construction et que je pouvais par conséquent reporter eux aussi sur le plan. Il m’a fallu retourner le lendemain au Service régional de l’Archéologie pour régler des questions administratives. À mon retour, le surlendemain, j’ai pu constater que le mur était remblayé et que les piliers avaient disparu : l’architecte avait jugé qu’il valait mieux, pour des raisons de solidité du nouvel édifice, les remplacer par d’autres ! Cela dit, le mur a été conservé et se trouve sous les réserves de l’actuel bâtiment. Il pourra peut-être un jour figurer sur les plans de la villa.
- Travaux pour lesquels je n’ai pas été appelé, mais dont je possède des clichés réalisés par Madame Bertoni, alors membre du personnel du site.
- Jules Formigé (rapport 1937, 2) émet la même hypothèse.
- Coupry 1963, 524-525.
- L’étude des nombreux remaniements des thermes de la villa de Castelculier (47) en témoigne (Jacques 2006).
- Formigé 1941, 188.
- Conil Carnet 13, 30
- Formigé 1941, 189.
- Formigé 1932, 3, in : Formigé & Conil 1923-1938.
- Coupry 1959, 385 et Fig. 12 ; Coupry 1963, 524-525.
- Conil, Carnet 10, 37.
- Balmelle 2001, 257.
- À Montcaret, les restaurations s’apparentent plus à des reconstructions qu’à des restitutions mais elles le sont à l’identique en ce qui concerne les matériaux et l’on peut penser qu’il s’agissait bien de carreaux de terre cuite.
- Balmelle 2001, 300.
- Formigé 1941, 183.
- Fages 2015, 144.
- Cabes 2015, 186 Fig. 5b.
- Conil, Carnet 12, 4.
- Berthault 1992.
- Jacques 2006, 83 Fig. 4 ; 94 Fig. 10.
- On se reportera à l’étude de C. Carponsin-Martin (infra).
- Étude réalisée par J.-P. Bost (infra).
- Étude effectuée par T. Martin (infra).
- Bost et al. 1984, 659-667.
- Ces datations fondées sur le matériel des fouilles anciennes sont assurées mais restent malheureusement générales car le matériel n’a pas été expressément situé lors des opérations.
- Fages 2015, 147.
- “surtout à l’ouest, (…) comme si l’on avait allumé un bûcher à sa surface” (Conil, Carnet 11, 48a).
- Étude de F. Stutz (infra).
- Cf. étude ci-après (infra).
- Étude de S. Soulas (infra).
- Ce matériel a été étudié par D. Tardy (infra).
- Cabanot 1993, 205.
- Mais peut-on parler de structure en L alors que l’on ne sait pas, comme on l’a dit, si des structures ne se développaient pas au nord ? Dans ce dernier cas nous serions en présence d’une structure en U, plus compatible avec les plans des villas du Haut-Empire en Aquitaine (C. Petit-Aupert, dir., Habiter en Aquitaine, Catal. d’exposition, 2018).
- Petit 1989, 62.
- Palladius, Traité d’agriculture, 1.8.2 ; Sidoine Apollinaire, Carmen, 22.
- Caton, De l’agriculture, 1.3.
- Grenier 1934, 796.
- Landreau 2004 ; Landreau et al. 2009, 263.
- Garmy 1991, 105, Fig. 78.
- Balmelle 2001, 176.
- Balmelle 2001, 247 Fig. 135.
- Rebuffat 1991, 1-7.
- Id., 7.
- Bouet 2003a, 22.
- Bouet 2003b, livre 2.
- Balmelle 2001, 179.
- Cabanot 1994, 48-50.
- Voir les études de T. Martin (infra) et de S. Soulas (infra).
- Infra, étude des amphores du site.
- Conil 1984, 88.
- Balmelle et al. 2001, 206.
- Balmelle & Van Ossel 2001, 544-545.